Occupation à la fac pour défendre les droits des migrants

Au 2e et 3e étage du bâtiment A de l’université Paris 8, des étudiants ont réquisitionné des salles pour offrir aux migrants un logement temporaire. Les nombreux tags présents à l’étage témoignent de la volonté de changement dans la conception de la politique migratoire française, au côté de l’hashtag « J’y suis, j’occupe », on peut lire “Refugiee Welcome”. Une opportunité pour eux, surtout à la vue des chutes de neige et du froid qui a frappé la capitale ces derniers jours.

La salle d’art plastiques s’est transformé en bureau de communication et sert à entasser les vêtements, gels douches et nourriture récoltés pour subvenir aux besoins des migrants. Originaire du Soudan, d’Erythrée ou de Guinée, ils sont entrés dans l’université par petits groupes, accompagnés des étudiants pour ne pas éveiller les soupçons. Alertés par leurs conditions de vie et encouragés par les étudiants sans papiers de l’université, les élèves ont décidé de leur offrir un toit et ont entamé un bras de fer avec la direction.

Leurs revendications : la régularisation des migrants et une offre d’hébergement pérenne.

Université Paris VIII occupé

Dans le couloir qui mène à la salle A 280, un tableau fait office d’agenda où l’on sollicite des étudiants et des professeurs pour donner des cours de français, organiser un match de football et des cours d’arts martiaux. L’un des migrants, originaire du Maroc, a passé 8 ans en Italie avant de rejoindre la France. Aujourd’hui il s’attèle dans la cuisine pour préparer des plats pour la communauté et réalise des tours de garde le soir.

Les élèves de Paris 8 engagés dans ces actions avaient demandé à la directrice de l’université de prendre contact avec le Président de l’OFPRA et le Préfet de Seine Saint Denis pour donner suite à leurs réclamations mais ils n’ont toujours pas obtenu de réponse. Selon eux, ils peuvent compter sur le soutien de la majorité des élèves de l’université ainsi que de certains enseignants qui ont signé des pétitions encourageant le mouvement.

L’étudiante que nous rencontrons a arrêté ses cours pour s’occuper à temps plein du projet. Elle reçoit des journalistes, participe au pôle cuisine et distribue des tracts.

Au soir du 7 février, une nouvelle assemblée générale aura lieu, réunissant peut-être encore près de 80 élèves. En coordination avec les migrants, ils planchent sur leurs revendications et traduisent ce qui s’y dit en arabe et en anglais.

Un banquet pour les exilés

Depuis le 30 janvier, l’un des bâtiments de l’université Paris VIII à Saint-Denis est occupé par un groupe de militants et une cinquantaine de réfugiés issus de divers horizons.

En ce froid jeudi de février se tenait un banquet organisé par les militantes et les militants dans les couloirs de la faculté pour parler des conditions d’accueil des réfugiés en France. Les étudiants de la faculté traversent cette brume invisible de saveurs dans la hâte de manger. Certains curieux s’arrêtent pour regarder les affiches, d’autres se servent une assiette de lentilles aux légumes et au riz, en se posant sur l’une des tables de classe réquisitionnée pour l’occasion.

La quinzaine de vigiles se rapproche peu à peu. Eux aussi semblent attirés par l’odeur qui fait crier les ventres. Mais les transmissions incessantes de leurs talkies-walkies viennent trahir leurs intentions. Au garde-à-vous, entourant les tables, ils laissent néanmoins le banquet se faire. Ce rassemblement non violent à l’image de l’initiative réunit différents profils. ‘’Vous voulez manger avec nous ? Dans la solidarité ?’’, lancent certains étudiants aux vigiles, amusés. Entre les vas-et-viens des badauds et nous, le temps semble s’être suspendu. Dans la cuisine, on continue à s’activer pour finir de cuire les légumes. ‘’J’ai passé la nuit à la préparation’’ raconte l’un des militants venu de l’Est de la France pour soutenir l’action. Main dans la main, les réfugiés et les étudiants ont ainsi préparé le banquet pour fédérer autour de la questions des exilés.

Une annonce vient alimenter les conversations ‘’la faculté ferme à 15h parce qu’il n’y a plus de chauffage dans le quartier, les cours reprennent lundi’’. Les suspicions commencent, des petits groupes se forment pour en discuter. Pour certains, c’est le signe d’une évacuation prochaine. Déjà on se mobilise pour que, ce week-end, le mouvement ne faiblisse pas et qu’il y ait suffisamment militants sur place pour témoigner en cas d’une éventuelle expulsion.

‘’Mobilisation ce soir. On continue la lutte’’ marquera la fin des festivités.

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