Au printemps, faisons le bilan !

On me dit que, parfois, il ne faut pas hésiter à procéder à un dépôt de bilan pour mieux redémarrer ensuite. En attendant son éventuel dépôt, faisons donc ensemble le bilan du monde.

Le mangeur de bambou que je suis a beau être en résidence dans un zoo, en France, il n’en est pas moins attentif aux bruissements de la planète… et probablement avec une plus grande acuité qu’un citoyen banal, vous savez : cet homme de la rue que les télévisions interrogent à propos de tout et qui n’a généralement rien à dire.

N’attendez pas de la pauvre bête que je suis qu’elle analyse le globe et ses habitants au travers de statistiques aussi gaies et limpides qu’un tableau de Pollock. Non. Je vais simplement extraire toute la moëlle de la réalité via quelques échantillons d’humanité bien choisis.

Trois exemples éloquents

Ainsi le patron (élu…) de mon pays, la Chine, vient de faire voter un truc malin : désormais il peut donc se représenter « ad vitam aeternam » comme disait l’un de mes cousins qui vit dans les jardins du Vatican. Tout va bien.

Par ailleurs, on me dit que les Kurdes ne cessent d’être bombardés par ceux qui s’en sont servis pour lutter contre l’Etat Islamique. Les voici remerciés. Tout va bien.

Enfin, j’apprends qu’aux USA, en moyenne, une soixantaine d’établissements scolaires subissent des attaques armées chaque année. Donald (pas celui de Disney, l’autre) ne paraît pas en être troublé. Tout va bien.

Et je pourrais ainsi continuer mon énumération jusqu’à demain matin mais rien que d’y penser ça me hérisse le poil. Comme dirait Vladimir, Tsar de toutes les Russies, fraîchement réélu : TOUT VA BIEN. Suis-je clair, nom d’un bambou ?

Crédit : Sylvie Howlett

Yuan Meng

(Traduction de Denis PERRIN)