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Burundi : L’ancien Ministre de la défense plaide coupable devant la cour suprême

[Par Yvette MUREKASABE]

Le général Cyrille Ndayirukiye (g) arrive à la Cour suprême déportée à 102 kms de Bujumbura, le 18 décembre 2015 © STRINGER / AFP

Le général Cyrille Ndayirukiye (g) arrive à la Cour suprême déportée à 102 kms de Bujumbura, le 18 décembre 2015
© STRINGER / AFP

« Je plaide coupable ». Procès des putschistes de mai dernier, ce lundi, à Gitega, devant la cour suprême: le général Cyrille Ndayirukiye à la barre : ”je plaide coupable” a-t-il-déclaré et d’ajouter : « Je ne pouvais pas rester bras croisés alors que la police était en train de tuer la population pendant que le président Nkurunziza jouait au football et que les soldats en attente d’un déploiement au sein de l’Amisom en Somalie, semblaient indifférents »
L’ancien ministre de la défense et n°2 de la tentative de coup d’état des 13 et 14 mai, préfère se défendre seul au cours de cette audience publique très attendue. C’était la première fois qu’il allait être entendu sur le fond, la cour avait récusé ses avocats dont maître Bernard Maingain, avocat du baron belge qui suit de près la crise sociopolitique que traverse le Burundi depuis huit mois. Il avait refusé ceux commis d’office par la juridiction.

Le respect de l’accord d’Arusha. 
Le général, pour sa défense a déclaré : « Notre objectif était de faire respecter l’accord de paix d’Arusha et la constitution ». Il a par ailleurs réitéré sa requête à la cour : la confrontation avec le ministre de la défense de l’époque actuellement en cavale ou l’actuel chef d’état major général de l’armée. Selon lui, ils avaient planifié ensemble le coup d’état avant qu’ils ne changent de camp. Il a ajouté que lui et ses codétenus refusaient de porter le chapeau tout seuls. Reste à savoir si la cour suprême fera venir à la barre les deux personnalités militaires citées ci-dessus ? L’opposition burundaise, les familles des victimes et toute la population burundaise touchée par la crise politique que connaît le pays depuis Avril 2015 ont salué le courage et la dignité dont a fait preuve le Général major Cyrille Ndayirukiye au cours de cette audience publique.

 

Burundi : Pierre Nkurunziza, un « va-t-en en guerre » !

[Par Diane HAKIZIMANA]

Dans son discours à la nation, le président Pierre Nkurunziza cache mal sa détermination à en découdre avec tous ceux qui sont contre son 3e mandat.

Faisant allusion à la tentative de dialogue entre le gouvernement Nkurunziza et ses opposants (pour la plupart ils sont sous mandat d’arrêt international lancé par Bujumbura), dans la ville d’Entebbe en Ouganda lundi dernier, le Président Nkurunziza avec dédain, dans son discours, indique qu’il ne pourra point négocier avec ses opposants car, selon le propos du président burundais, « leur place est en prison». Nkurunziza est même prêt à défier les forces de maintien de la paix que l’Union Africaine préconise de déployer au Burundi.

Des policiers burundais à Musaga, le 20 juillet 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Des policiers burundais à Musaga, le 20 juillet 2015. © Jerome Delay/AP/SIPA

Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (source :  peaceau.org)

Le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (source :
peaceau.org)

Depuis les attaques perpétrées contre 4 camps de militaires par les hommes armés non identifiés et les répressions qui ont suivis le 11 décembre dernier à Bujumbura, la communauté internationale s’est réveillée et a pris conscience du risque que court le Burundi. A cet effet, le Conseil de Paix et de Sécurité a voté une résolution pour l’envoi d’une force régionale le 18 décembre dernier, comme le prévoit la charte de l’Union Africaine dans des circonstances graves comme les crimes de guerre ou les génocides. Des bilans controversés font état de plusieurs centaines de personnes tuées le week-end du 11 décembre. Le gouvernement burundais a parlé, à travers le porte-parole de l’armée Gaspard Baratuza, de 87 personnes tuées, certaines organisations des Droits de l’Homme ont dénoncé des cas d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations arbitraires, de torture, et certaines parmi ces organisations commencent à parler de l’existence des fosses communes. Les agents de l’ordre auraient enterré les jeunes dans ces fosses dans le but de fausser le bilan réel des victimes. Les personnes visées par le pouvoir Nkurunziza dans ces répressions seraient surtout des jeunes issus des quartiers qualifiés de « contestataires » du 3e mandat de Nkurunziza. En majorité ce sont de jeunes tutsis, et plus d’un craignent une dérive génocidaire.
La clique Nkurunziza aurait tendance à justifier ses excès par des raisons ethniques. Là on s’en tient aux termes utilisés pas les autorités dirigeantes burundaises dans leurs discours. Le président du sénat n’a pas hésité à utiliser des termes comme « passer à l’action », « travailler », « pulvériser », « mettre le paquet », etc. autant de termes tirés du registre lexical qui rappellent les temps forts des massacres au Burundi dans les années 1993 et surtout le génocide du Rwanda voisin en 1994. Et les témoignages à Bujumbura affirment que les forces de sécurité nationale, surtout l’unité spéciale de protection des institutions (API), n’hésite pas à extraire de leurs domiciles et à exécuter les jeunes juste du fait de leur appartenance ethnique.

Nkurunziza défie les forces de l’Union Africaine

Des soldats de la mission Africaine de Prévention et de Protection au Burundi (crédits photo : france24.com )

Des soldats de la mission Africaine de Prévention et de Protection au Burundi (crédits photo : france24.com )

« Si une fois elles s’avisaient à franchir les frontières burundaises sans respecter notre souveraineté, nous sommes prêts à répliquer », c’est dans ces termes que Pierre Nkurunziza prévoit la réplique de Bujumbura face à la force MAPROBU, Mission Africaine de Prévention et de Protection au Burundi de l’Union Africaine. Bujumbura ne ménagera également aucun effort pour continuer les négociations avec les opposants du 3e mandat du président Pierre Nkurunziza, surtout ceux réunis au sein du Conseil National pour le respect d’accord d’Arusha et la restauration d’un Etat de droit au Burundi (Cnared), selon Nkurunziza. Lesdits opposants faisant référence à l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation signé en aout 2000, pour décrier ce mandat, « ne méritent que la prison », selon le chef de l’Etat Burundais. Les leaders de ce conseil sont par ailleurs sous mandat d’arrêt international. Le gouvernement Nkurunziza estime qu’Entebbe, sous l’égide du président ougandais Yoweri Kaguta Museveni, n’a été qu’un échec, « …, pour nous, nous avons clairement indiqué au facilitateur que nous n’allons pas cautionner, ni légitimer les putschistes, ni le mouvement putschiste », a précisé le ministre des relations extérieures burundais, Alain Nyamitwe. Ce dernier et son patron accusent l’opposition d’être l’auteur du coup de force avorté de mai dernier. Bujumbura ne répondra donc plus au rendez-vous du 6 janvier prochain à Arusha où étaient prévues les prochaines négociations. Les faits démontrent que le président Nkurunziza a déjà sacrifié le peuple burundais pour sauvegarder son mandat car, ni la communauté internationale, ni l’Union Africaine encore moins ses opposants ne semblent l’impressionner. Et sur terrain, tous les indices annoncent les prémices d’une guerre civile. Les habitants (surtout les jeunes) des quartiers urbains dits « contestataires » (Musaga, Nyakabiga, Cibitoke, Mutakura, Jabe) sont les premières victimes des représailles des forces de l’ordre burundaises. Le pouvoir estime que les insurgés (Bujumbura n’ose pas parler de rebelles) proviennent de ces quartiers qui se sont investis dans les manifestations contre le 3e mandat de Pierre Nkurunziza depuis avril dernier.

Burundi, un face à face financier avec l’UE

[Par Yvette MUREKASABE]

Le 8 décembre à Bruxelles, une délégation de 18 personnes envoyées par le Burundi participera aux consultations prévues par l’article 96 de l’accord de Cotonou de l’Union Européenne.

Pierre Nkurunziza 2

Pierre Nkurunziza (source: rfi.fr)

Le gouvernement burundais accepte ce face à face avec l’Union Européenne après avoir été invité par la commission il y a de cela un mois. Ces consultations peuvent découcher sur des sanctions à l’endroit du Burundi en cas d’échec.

L’ambassadeur de l’Union Européenne à Bujumbura a accepté de donner 45 millions Fbu (monnaie locale du Burundi) pour frais de voyage et de séjour au ministre des finances du budget et de la privatisation. Ce dernier avait adressé une requête aux vingt-huit pays de l’Union Européenne suite aux difficultés financières que connaît le pays.

Les relations sont tendues entre le pouvoir de Bujumbura, la capitale du Burundi, et l’Union Européenne depuis que le chef de l’état Pierre Nkurunziza a brigué un troisième mandat illégitime.

Actuellement, Nkurunziza accepte de négocier de crainte de voir l’Union Européenne suspendre son aide financière, premier donateur du Burundi. Un pays en crise dont plus de 50% du budget dépend de l’étranger.

BELGIUM EU NEW COMMISSION BUILDING

La Commission européenne à Bruxelles (source: conseil-economique-et-social.fr)

Après plus de huit mois de crise politique, ce petit pays de l’Afrique de l’Est continue de s’engouffrer dans l’isolement suite à l’entêtement de ses dirigeants. Ce mercredi 3 décembre, l’Association des parlementaires européens partenaires d’Afrique (AWEPA ) a fermé ses portes à Bujumbura: « Il est impossible de développer des programmes avec un parlement issu d’élections qui ne remplissent pas les standards démocratiques reconnus internationalement », regrette Lydia Maximus sénatrice belge de l’AWEPA. Le Burundi perd un autre partenaire important de longue date.

Burundi, l’aide de l’ONU est indispensable

[Par Yvette MUREKASABE]

Des tueries sur la population de la capitale Bujumbura ont lieu de manière quotidienne. Les quartiers qui ont manifesté contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza sont dans le collimateur des forces de sécurité depuis huit mois.

Pierre Nkurunziza

Pierre Nkurunziza (source: voaafrique.com)

Cinq personnes dont un policier ont été tuées dans la nuit du 1 au 2 décembre, dans la zone de Cibitoke à Bujumbura. Pierre Nkurukiye, le porte-parole de la police Nationale, dit que trois  habitants du quartier de Mutakura ont été décapités, qu’ils auraient été exécutés ailleurs et jetés dans ce quartier. Quant au policier, il indique qu’il est tombé dans une embuscade à Mutakura et que des échanges de tirs ont eu lieu. Le sixième cadavre d’un jeune homme a été retrouvé à Cibitoke et les circonstances de sa mort reste inconnues.

A ce bilan s’ajoute le corps d’une jeune fille de la commune Musaga retrouvé dans la matinée du mercredi 2 décembre. Cette situation sécuritaire qui se dégrade inquiète de plus en plus la société civile Burundaise. La Ligue des droits de l’homme Iteka se dit indignée par ces crimes commis par le gouvernement de Pierre Nkurunziza : « L’état doit garantir la sécurité de tout citoyen burundais, il est regrettable de voir des gens qui avaient été arrêtés par les services de sécurité être retrouvés par la suite assassinés » .

opposants au régime prennent à parti miltaires

Des opposants au régime prennent à parti des militaires (source: lemonde.fr)

Les partis de l’opposition et la société civile Burundaise demandent à l’ONU d’envoyer dans les plus brefs délais les troupes onusiennes pour arrêter cette criminalité sans précèdent du régime de Pierre Nkurunziza. Ce cri d’alarme vient après que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon ait proposé au conseil de sécurité de l’ONU le 30 novembre trois options pour sortir le Burundi de la crise: une mission de maintien de la paix sous mandat de l’ONU, une mission politique spéciale ou bien l’apport d’une équipe de soutien chargée de la promotion d’un dialogue politique entre le gouvernement et l’opposition.

Cependant, l’envoi de casques bleus n’a pas été une option privilégiée par le Secrétaire général de l’ONU. Dans sa correspondance, Ban Ki-moon recommande au Conseil d’adopter pour l’instant la troisième possibilité.

Burundi, l’envoi d’une force d’interposition est plus qu’urgent

[Par Yvette MUREKASABE]

Suite aux attaques et assassinats dans la capitale du Burundi, Bujumbura, mais aussi ailleurs, le porte-parole du chef de l’opposition Agathon Rwasa, Aimé Magera, estime que l’envoi d’une force d’interposition est plus qu’urgent.

aimé magera

Aimé Magera (source: iwacu-burundi.org)

 

La nouvelle spirale de la violence au Burundi inquiète Agathon Rwasa et son camp. Dans une déclaration sortie ce 15 novembre, Aimé Magera, son porte-parole, condamne le recours à la violence pour résoudre une crise fondamentalement politique.

Depuis peu, observe-t-il, la crise politico-sécuritaire qui sévit dans le pays prend une tournure de plus en plus dramatique. Outre des corps sans vie qu’on retrouve un peu partout, raconte M. Magera, des attaques et contre-attaques meurtrières pourtant jamais revendiquées sont signalées. Leurs cibles et les victimes civiles, indique-t-il, se comptent déjà par centaines, surtout à Bujumbura.

Pour lui, le modus operandi des acteurs rappelle tristement les dix ans des exécutions extrajudiciaires orchestrées contre des militants du FNL, fidèles à Agathon Rwasa. A la seule différence que celles-ci tendent désormais à s’étendre sur tout le territoire et sans exclusion.

Aimé Magera regrette qu’aucune explication convaincante de la part des Autorités ne soit jusque-là donnée alors que des cadavres jonchent les rivières, les lacs et les rues de la capitale.

Il apparait donc, selon M. Magera, que le gouvernement n’est plus capable d’assurer la sécurité de ses citoyens et celle des ressortissants étrangers. « Demain », lâche-t-il, « ce sera trop tard », compte tenu des répressions musclées et aveugles de l’armée et de la police dans la capitale burundaise.

Le porte-parole de M. Rwasa n’y va pas par quatre chemins : « On ne le dira donc jamais assez, le troisième mandat maudit, illégal et inconstitutionnel de M. Nkurunziza est le seul nœud de la crise burundaise et de la nouvelle spirale de la violence. »

Aimé Magera dément les accusations selon lesquelles M. Rwasa se serait rallié à la cause du régime Nkurunziza et les magouilles du Cndd-Fdd : « Ceux qui le disent étaient curieusement associés au pouvoir dans la chasse aux FNL, il n’y a pas longtemps. Jamais, Agathon Rwasa ne transigera au respect de la parole donnée, encore moins à la Constitution du pays et à l’Accord d’Arusha. »

M. Magera estime que plus de trente-cinq ans de lutte dont vingt-neuf de lutte armée pour un Etat de droit suffisent pour bien comprendre que le FNL ne peut jamais cautionner un coup de force : « Nous sommes toujours prêt à combattre politiquement toute dictature quels que soient sa couleur ou ses mobiles. » Et de signaler que son camp est au courant d’un plan peaufiné en vue d’éliminer physiquement le leader historique des FNL : « Le pouvoir doit mesurer toutes les conséquences nationales qu’un tel acte pourrait produire au cas où il est consommé. »

Contre un nationalisme « viscéral » et « hypocrite »

Selon Aimé Magera, aucun Etat, aucune personnalité étrangère, personne donc, n’a incité Pierre Nkurunziza à violer la Constitution et les Accords d’Arusha, seulement son propre entourage. Ainsi, il juge ridicules et honteuses toutes les accusations virulentes que le Pouvoir formule à l’endroit du gouvernement belge, des personnalités d’une grande renommée internationale comme l’Eurodéputé Louis Michel, Samantha Power, l’ambassadeur des Etats-Unis auprès des Nations Unies, et d’autres.

Il se demande si c’est aujourd’hui, pendant ces dix ans de pouvoir, que le pouvoir du Cndd-Fdd se rend compte que la Belgique l’a colonisé : « Il n’a qu’à assumer pleinement la responsabilité des massacres à caractère politique et l’échec de sa gouvernance catastrophique depuis dix ans. »

En revanche, il se dit satisfait des mesures déjà prises par la communauté internationale, à travers des résolutions fermes du Conseil de sécurité des Nations Unies en vue d’aider les Burundais à sortir de cette crise qui n’a fait que trop durer : « Notre satisfaction est d’autant plus grande que ces résolutions rencontrent l’assentiment de l’Union Africaine. »

Autre satisfaction, continue-t-il, c’est la toute dernière décision du Conseil de sécurité des Nations Unies, issue d’un projet de résolution soumis par la France et qui demande à M. Nkurunziza d’accepter les pourparlers de paix entre tous les protagonistes à l’extérieur du pays : « Cette requête devrait siffler la fin de la récréation. C’est un signal fort, celui selon quoi le monde entier refuse de soutenir son gouvernement autoproclamé. »

C’est pourquoi, analyse-t-il, Pierre Nkurunziza doit accepter que le dialogue soit la seule et unique voie salutaire afin de mettre en place des institutions consensuelles à l’issue desquelles des élections inclusives doivent être organisées.

M. Magera appelle à la cessation des discours de haine ethnique ouvertement entretenus par certains hauts responsables, proches et fidèles au régime de Bujumbura.

Le camp Rwasa se dit disposé à apporter sa part à l’organisation, à l’agenda, au contenu, au déroulement et au suivi-évaluation de tout le processus de dialogue interburundais piloté par la médiation internationale.
Toutefois, dans l’attente d’une médiation fiable, à même de rassurer tous les protagonistes du conflit, le porte-parole d’Agathon Rwasa recommande le déploiement d’une force internationale d’interposition pour éviter que le pire ne se produise.

La réouverture immédiate, inconditionnelle de l’espace politique et de tous les médias indépendants, gages d’une vraie démocratie et d’une démocratie épanouie, conclut Aimé Magera, s’impose.

Burundi : La fin de l’âge d’or de la liberté de la presse

[Par Yvette MUREKASABE]

Radio Populaire AfricaineAntoine Kaburahe, un journaliste chevronné, est le directeur des publications du groupe de Presse Iwacu. Iwacu est le seul organe de presse qui a tenu jusqu’à aujourd’hui, après la destruction des autres médias indépendants du Burundi. Cette destruction a eu lieu la nuit du coup d’état manqué contre le président Pierre Nkurunziza, ce dernier étant contesté par les partis de l’opposition et la société civile pour avoir brigué un troisième mandat illégitime.

Après ce black-out médiatique, plus de soixante journalistes Burundais ont été contraints à l’exil, certains d’entre eux étant dans le collimateur de la justice burundaise. Le procureur général de la République a émis une demande d’extradition de Bob Rugurika, directeur général de la radio RPA, ainsi que de Patrick Nduwimana, responsable de la radio Bonesha FM, et de Gilbert Niyonkuru, journaliste à la Radio Publique Africaine.

Dans la photo, Christian THIBON, historien, Serge NIBIZI, journaliste burundais et Antoine KABURAHE, journaliste et directeur du groupe de presse IWACU

Dans la photo, Christian THIBON, historien, Serge NIBIZI, journaliste burundais et Antoine KABURAHE, journaliste et directeur du groupe de presse IWACU

Le 13 octobre dernier, le journaliste Christophe Nkezabahizi de la Radio-Télévision nationale du Burundi a été tué avec toute sa famille.

Des arrestations arbitraires et abusives ainsi que des actes de tortures à l’endroit des journalistes sont monnaie courante à Bujumbura.

Six mois viennent de s’écouler, du 13 mai au 13 novembre 2015 , et c’est l’histoire d’une régression, la fin de l’âge d’or de la liberté de la presse au Burundi.

 

 

Burundi : Nuit sanglante au sud de la capitale Bujumbura

[Par Yvette MUREKASABE]

Neuf personnes ont trouvé la mort la nuit de samedi à dimanche dans la commune urbaine de Kanyosha. Le faits se sont produits au cours de l’attaque d’un bar vers 20 heures. Les habitants de cette localité qualifiée de contestataire – pour cause de troisième mandat du président Pierre Nkurunziza – accusent la police d’être responsable de cette attaque.

Un policier burundais à Bujumbura se rend sur le lieu d'une attaque à la grenade, le 21 juillet 2015. (AFP PHOTO / CARL DE SOUZA)

Un policier burundais à Bujumbura se rend sur le lieu d’une attaque à la grenade, le 21 juillet 2015. (AFP PHOTO / CARL DE SOUZA)

«Ils étaient tous en tenue policière et ils nous ont intimé de nous coucher et ont commencé à nous tirer dessus».

Freddy Mbonimpa

Freddy Mbonimpa

Le maire de la ville de Bujumbura, Freddy Mbonimpa reconnaît la mort de sept personnes et parle d’un groupe d’assaillants portant des habits de policiers qui auraient donc commis ces tueries.

Ces tueries ont eu lieu quelques heures avant l’expiration de l’ultimatum du chef de l’État Pierre Nkurunziza, lancé le 2 novembre. Il appelait les jeunes des quartiers contestataires à déposer les armes, menacés subir des représailles de grande ampleur. Pierre Nkurunziza,le président du Sénat burundais et le premier vice-président ont abondé dans la même direction : «Lancer une action dans les quartiers qui contestent le troisième mandat président Pierre Nkurunziza pour mettre fin à la rébellion».

Certains quartiers de la capitale Bujumbura se sont vidés avant l’expiration de cet ultimatum. Les habitants se sont déplacés vers les communes de la ville et ce dimanche les forces de l’ordre ont commencé à effectuer des fouilles.

(Source : Jeune Afrique)

(Source : Jeune Afrique)

Le délai de l’ultimatum passé,la tension est très tendue dans la capitale. La population craint le pire. Au cours de la semaine dernière seulement, le bilan des victimes s’est accru. Un homme a été abattu par un policier le 6 novembre dans le quartier de Mutakura.
Un défenseur des droits humains a échappé de justesse à la mort dans à une attaque chez lui à Bujumbura, il y a deux mois.

Paul Kagame (source : conakryplanete.info)

Paul Kagame (source : conakryplanete.info)

Le président rwandais Paul Kagame se dit inquiet de la situation sécuritaire chez son voisin burundais. C’était vendredi soir, à 24 heures de la fin de l’ultimatum de son homologue burundais aux « insurgés » qui contestent sa réélection. Lors de ce discours, Paul Kagame s’est indigné des agissements des dirigeants burundais qui « massacrent leur population du matin au soir ».
Le Conseil de Sécurité des Nations-Unies s’est réuni le lundi 9 novembre sur la situation du Burundi. La France a exhorté la communauté internationale à mettre fin aux violences qui secoue ce pays depuis avril dernier.
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La France a pris l’initiative de la résolution sur le Burundi qui sera débattue au cours de cette semaine. Cette résolution condamne les violences et leurs auteurs et propose des sanctions contre ces derniers. L’ambassadeur adjoint de la France auprès des Nations-Unies, Alexis Lamek, a jugé «particulièrement inquiétantes» les violences et les discours de haine dans cette région d’Afrique centrale. Il est temps que le Conseil de Sécurité « prenne ses responsabilités », « il faut agir », a lancé l’ambassadeur adjoint de la France auprès de l’ONU, Alexis Lamek. « Nous nous souvenons de ce qui s’est passé dans le Rwanda voisin, il y a 21 ans », a rappelé son homologue britannique. « Nous ne devons pas laisser l’histoire se répéter », a insisté Mattyhew Rycroft.