Festival de Cinéma de Douarnenez, ce mardi en photos

[Crédit photo de notre envoyé spécial à Douarnenez, Muzaffar SALMAN]

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Douarnenez, troisieme jour : les images de Muzaffar Salman

[Photo de notre envoyé spécial à Douarnenez, Muzaffar SALMAN]

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Festival de cinéma de Douarnenez : Focus sur les peuples

Par nos envoyés spéciaux à Douarnenez : Larbi GRAÏNE (redacteur) et Muzaffar SALMAN (photographe)

Ce compte rendu est la réunion de plusieurs articles parus dans Kezako, le journal du festival de cinéma de Douarnenez (auquel nous contribuons). Le festival se poursuit jusqu’au 30 août, avec à l’affiche des centaines de films, des expositions, des concerts et des conférences.
Une équipe de journalistes bénévoles, venue d’un peu partout, s’attelle quotidiennement à alimenter les colonnes de Kezako. Lequel Kezako est la transposition phonétique de « qu’est-ce qui », dit en occitan « qu’es aquo ». Pour faire breton, on a donc choisi d’utiliser les K et les Z à la place des QU et des S.

 

Hiandjing Pagou Banehote, sculpteur kanak

Hiandjing Pagou Banehote [Photo crédit : Muzaffar Salman]

Hiandjing Pagou Banehote [Photo crédit : Muzaffar Salman]

 Il a la sculpture « dans le sang » et il croit au pouvoir des sorciers. Il s’est réveillé un jour alors qu’il avait 35 ans et a commencé à sculpter du bois sans avoir été jamais à l’école. Son père lui avait dit que « si tu es un héritier de cet art, tu n’as pas besoin d’apprendre », C’est que la sculpture dans la société canak relevait jusqu’à une époque récente plus du symbolique et du communicatif que de la marchandisation qu’on lui connaît aujourd’hui. Hiandjing Pagou Banehote, 50 ans a débarqué à Douarnenez avec dans ses bagages une sculpture sur bois « pour sceller les liens d’amitié entre les êtres humains de l’hémisphère sud et de l’hémisphère nord ». Demain, du reste, à 14 h 30, la salle de l’Auditorium où est attendue une délégation de kanak, verra la projection de La Tête d’Ataï, un film réalisé en Nouvelle Calédonie par Mehdi Lallaoui. Hiandjing parle de sa société avec passion. On y lit de la fougue dans ses yeux étincelants. S’il s’affirme « indépendantiste », il prévient néanmoins qu’on ne peut y parvenir sans « être soi-même indépendant ». Pour lui il y a trop d’injustices en Nouvelle-Calédonie. Il s’en prend aux Caldoches (Calédoniens blancs) descendants de bagnards, composant aujourd’hui la classe dominante. « Si il ne se passe rien, s’il n’y a pas de guerre chez nous, c’est grâce au code coutumier qui est bien ancré dans la société et au fait que le respect des anciens est encore opérant » fait-il valoir. Le clan représente pour Hiandjing Pagou Banehote un repère identitaire fort. A ses dires, il a vécu dans une société aussi bien matriarcale que patriarcale. Sa grand-mère avait de la poigne et commandait à la tribu. Un proverbe kanak énonce « sans la femme, il n’y a pas d’homme ». Dans la coutume, il revient à l’homme de prendre la parole mais c’est la femme qui analyse ensuite et c’est elle qui, à la maison, propose les solutions aux problèmes. Tout dans les propos de notre Kanak, se réfère à la cosmogonie locale. Il est impossible qu’un autre ressortissant puisse avoir le même prénom que le sien. Car le système de pré-nomination est établi sur la base d’un lexique animalier couplé à une « signalisation » territoriale qui permet de renouveler les prénoms sans risque de les voir se répéter. Hiandjing Pagou Banehote signifie « la maison du petit poisson de l’ancien guerrier ». Tout un programme.

 

De l’intersexe avec Ins A Kromminga

Un intersexe [Photo crédit : Muzaffar Salman]

Un intersexe [Photo crédit : Muzaffar Salman]

 L’intersexe s’invite à la galerie Miettes de baleine sous forme d’une exposition de dessins qui « peuvent s’assembler comme dans une bande dessinée, imbriqués les uns dans les autres » selon Ins A Kromminga, l’auteur de cette manifestation, un Allemand de 44 ans, intersexe et graphiste de son état,qui de sa haute stature regarde ses œuvres après les avoir disposé de façon à ce qu’elles soient vues en même temps dans leur ensemble et dans le détail selon qu’on s’approche ou on s’éloigne du mur sur lequel elles sont collées. De ces dessins sourd une colère, une révolte, plutôt contre la médecine. Les titres sont révélateurs : « Girl-monster or boy monster », « Medical Porno » , « Prader » qui épingle la corporation des docteurs et des toubibs, dont on souligne pour la première fois les accointances avec la société dans laquelle elle évolue. Pour Ins Kromminga « la médecine ne devrait pas trouver des solutions pour les personnes intersexe », soutenant que c’est là le rôle de la société. Les dessins de Kromminga donnent à voir du reste les organes génitaux qui interrogent les opérations chirurgicales comme pour en souligner le ridicule. Tantôt la médecine intervient pour raffermir un sexe mâle, tantôt pour étouffer dans l’œuf un soupçon de féminité « tout dépend de la largeur du pénis » ironise Kromminga. « Il ne faut pas nous confondre avec les androgynes. L’androgynie relève de l’apparence et non de l’être » analyse-t-il. L’intersexe est un état dont on hérite dès la naissance. Je milite pour qu’on sois reconnus pour ce que nous sommes. Et Kromminga de déplorer « c’est en fait notre existence en tant qu’être humain qui est remise en cause ». Que pense-t-il du mariage gay ? Un haussement d’épaules s’ensuit, de l’air de dire « ça ne concerne que les gays ». D’après lui « avec les personnes intersexes « la question de marier qui avec qui ? » se pose. En Allemagne, on commence à aborder le dossier de l’intersexe mais ça bute sur la question de l’identité des uns ou des autres ». « c’est plus facile qu’on est gay, car le couple gay est censé être du même sexe » souligne-t-il. Pour lui, le problème des intersexes concerne l’ensemble du monde occidental et non seulement l’Allemagne. « Je suis un homme, je vis avec un autre homme qui a un vagin, grâce à mes papiers masculins j’ai fait un mariage gay mais officiellement et juridiquement, on n’existe pas en que tels . Notre sexe est indéfinissable nous ne sommes ni hommes ni femmes, nous sommes ce que nous sommes » explique un ami français de Kromminga.

 

Les Messagers de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura

Si pour Paul Valéry, « toutes les guerres sont absurdes », celle que raconte les Messagers, film documentaire de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura est tout simplement l’histoire d’une guerre innommable. C’est l’un des immigrants camerounais rescapé de la mort qui fait cette comparaison avec la guerre. Une sombre épopée aiguillonnée par un désir d’Europe qui fait traverser aux Subsahariens, déserts, monts et vaux. Beaucoup n’y arriveront jamais, ils sont avalés par la mer et peuvent avoir une sépulture si leur corps vient à être repêché. Le Maroc et l’Espagne se partagent les rôles. Le second refoule les candidats à l’émigration clandestine d’une manière « conforme aux normes internationales » du moins c’est ce que s’efforce de soutenir le représentant de la garde civile espagnole, tandis que le premier, peut tuer ceux ou celles qui n’ont pu se faufiler entre les mailles des barbelés. « Si on me refoule, je remonte jusqu’à ce que je rentre, qu’importe le temps que ça va prendre » lance avec défi un de ces migrants coincé au Maroc.

Les Messagers, film documentaire de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura, produit par Marie-Odile Gazin, The Kingdom en association avec Périphérie, France, 2014, 70 mn.

37e édition du Festival de Cinema de Douarnenez

Peuples de l’Indonésie et sexualité pour interroger l’identité.

[Par Larbi GRAÏNE, envoyé spécial à Douarnenez]

Douarnenez s’apprête à abriter du 22 au 31 août 2014 son festival de cinéma dont c’est la 37e édition. Cette année ce sont les peuples de l’archipel indonésien, Timor-Leste et Papouasie qui sont à l’honneur. Gouel Ar filmù pour parler en breton, réunit plus de 190 œuvres cinématographiques dont une trentaine produits dans l’année en Bretagne. Tous les films sélectionnés pour cette manifestation traitent de la thématique des cultures minorées et des peuples autochtones. Trois ou quatre films ont été réalisés entièrement en langue bretonne sur la trentaine du « grand cru » dédié au pays de Nominoë et de Pontcallec.

L’édition de cette année outre qu’elle fait la part belle aux peuples de l’Indonésie, où l’on y parle plus de 600 langues, s’ouvre sur les trans/intersexuels, oui ce n’est pas une erreur, le festival intègre la communauté de gens pour qui la sexualité ne correspond guère aux catégories habituelles de féminité et de masculinité. « C’est une minorité basée sur le corps dont le sexe indéterminé pousse la médecine à prescrire des opérations en vue de produire un sexe unique, or ces opérations sont vécues comme une véritable torture » dénonce l’anthropologue Claude Le Gouil, président-adjoint du festival que nous avons joint par téléphone. Six films sur l’intersexe vont être projetés dans ce festival qui présente la particularité de ne pas être une compétition récompensant des œuvres. La plupart de celles-ci, remarque-t-on, sont accessibles aux malentendants car Douarnenez s’allie également au monde des sourds. « Le festival a pour objectif, entre autres, de confronter les points de vue, voire les revendications culturelles pour comparer, aller à la découverte d’autres peuples et échanger autour des langues » indique Le Gouil. Loin de la langue de bois, ce festival culturel ne cache pas ses visées politiques. Parlant des personnes intersexe et trans, les rédacteurs du site du festival estiment que « c’est du fait même de leur existence qu’elles nous questionnent sur nos identités, révèlent les fabrications sociales et les rapports de pouvoir qu’elles nous interrogent sur la notion même d’identité : définir les personnes par leur genre, leur classe ou leur race, c’est les maintenir (nous maintenir toutes et tous) dans les rôles de soumission et de pouvoir ! ».

Un festival ami des peuples opprimés

Le festival de Douarnenez poursuit ainsi sa trajectoire de manifestation culturelle déployant son égide protectrice sur les cultures bafouées de par le monde. Rroms, Tziganes voyageurs, peuples du Caucase, du Liban, peuples berbères de l’Afrique du Nord, Aborigènes d’Australie, mais aussi peuples diasporiques d’Europe où, entre autres, éclot cette étrange langue juive qu’est le yiddish, peuples du Caucase, peuples des Caraïbes, peuples de l’Arctique, tous ont déjà eu leur place dans les précédentes éditions. Le cinéma s’offre même le concept de « grande tribu » un espace forgé au fil des ans entre participants qui ont eu le temps de s’accorder sur des dimensions esthétiques qu’il importe de bonifier ou sur l’importance de la portée politique très vite noyée sous le flot d’une actualité dense. En fait la grande tribu c’est un coup de projecteur sur des œuvres remarquables dont on n’avait pas su mettre en exergue le caractère inédit. Font écho également aux projections de films, des rencontres politiques, des expositions, des concerts de musique, un coin librairie où l’on peut découvrir la littérature en lien avec le sujet, un coin jeune public où les enfants peuvent trouver leur compte.

Le breton, langue véhiculaire d’une palabre

Les organisateurs ont tenu cette fois-ci à faire du breton, la langue d’une palabre programmée chaque matin. Cette initiative est considérée comme « un acte politique fort » parce que, assurant à cette langue « une place autre que symbolique ».

Dans son éditorial au catalogue promotionnel de ce grand événement que va abriter la Bretagne, Valérie Caillaud, présidente du festival soulève la question de la culture locale. Après avoir relevé nombre de conflits qui agitent en ce moment certains points du globe, notamment en Palestine, en Syrie, au Mali, en Centre-Afrique, en Libye, et en Thaïlande… jusqu’en Ukraine aux portes de la Communauté Européenne « Plus près de nous, cette année, écrit-elle a vu la Bretagne secouée par des mouvements pour le moins confus au nom de l’identité bretonne ». Et de s’interroger « N’est-ce pas là, encore, une façon d’en appeler à une appartenance culturelle au nom d’intérêts moins louables? Que faut-il espérer du nouveau découpage régional ? Quel avenir pour la culture en Bretagne ? ». La présidente du festival fait du reste grief à l’édile de Grigny qui aurait expulsé le 9 juillet dernier des familles Roms pour occupation illégale d’un terrain dénommé la Folie. Et plus loin Valérie Caillaud d’ajouter « au cours de ces trente-sept dernières années, combien de fois les peuples minorisés sont venus témoigner au Festival de Cinéma de Douarnenez de tels agissements des pouvoirs politiques, niant la culture, donc la liberté de l’Autre, au nom de profits mercantiles et au nom d’une pernicieuse mondialisation ».

Festival de cinéma de Douarnenez, pour plus d’informations : www.festival-douarnenez.com

Zambie-France : Homophobie, une persécution aux divers degrés

[Par John Chitambo Lobe]

Les persécutions contre les homosexuels représentent près des trois-quarts des discriminations sexuelles en Afrique. Selon des chiffres concordants d’organisations non gouvernementales (ONG), plusieurs centaines de lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres sont régulièrement harcelés sur le continent, pour le seul motif de leur orientation sexuelle. À des degrés divers, pouvant aller jusqu’à la mort.

Photo tirée de http://www.osisa.org/

Photo tirée de http://www.osisa.org/

Dans cette ambiance délétère, la Zambie du président Michael Sata élu en 2011 mérite une mention spéciale. Selon l’association LGBT Rights in Zambie, la police de ce pays d’Afrique australe, pas un jour ne se passe sans que la police de ce pays d’Afrique australe interpelle des personnes soupçonnées d’homosexualité. Cette persécution légale s’accompagne d’un rejet social des homosexuels, qui sont considérés par la religion, leurs familles et communautés comme étant des personnes anormales, satanistes ou possédés par des démons. Faire son coming out dans ces conditions revient systématiquement à risquer la prison, l’homosexualité étant considérée comme un crime à la fois contre la loi et contre la nature humaine.
Deux jeunes homosexuels zambiens ont récemment été jetés en prison. Plusieurs autres ont été interpellés par la police et placés en garde à vue par la police. Cette nouvelle salve de la répression qui sévit dans ce pays n’a pas épargné même les activistes des droits de l’homme qui défendaient les droits des homosexuels !

La Zambie est officiellement une nation chrétienne d’après la Constitution de 1996. Plus de 90 % des Zambiens sont chrétiens, catholiques et protestants, pendant qu’une minorité pratique l’Islam et d’autres religions. C’est dans ce contexte d’exaltation religieuse que ce pays d’environ 14 millions d’habitants a acquis la réputation de l’Etat le plus répressif envers les homosexuels dans le monde.
Et même si les responsables religieux, chrétiens et musulmans en l’occurrence rejette chacun sur le culte de l’autre la responsabilité de la dégradation des mœurs, tous s’accordent à placer l’homosexualité en tête des pratiques jugées déviantes.Pour les responsables du culte musulman, les homosexuels sont des chrétiens, parce que leur religion proscrit et punit sévèrement cette pratique. Les chrétiens leur rétorquent, bible en main, que Dieu a interdit l’homosexualité. On est cependant en droit de leur demander que si Dieu, Allah, Jéhovah comme ils le prêchent a créé le monde et tous ce qui y vit comme ils le prêchent, n’est-ce pas lui qui a aussi créé les homosexuels ? Sinon, d’où seraient-ils venus ? Y aurait-il donc un deuxième créateur qui aurait façonné les homosexuels ?

En second lieu, si ces religieux prêchent vraiment l’amour du prochain comme ils le prétendent, les homosexuels ne méritent-ils pas d’être aimés comme nos prochains?
La situation en Zambie est emblématique du sort qui est réservé aux homosexuels dans de nombreux pays africains. Où l’on na même pas besoin d’invoquer la religion pour remettre en cause leur droit d’exister. Au Cameroun où l’homosexualité est punie de cinq ans de prison, Eric Lembembe, un gay militant a été torturé à mort l’année dernière. Son seul crime était d’avoir une orientation sexuelle contraire à une prétendue culture africaine.

Au-delà de l’Afrique et des autres régions du monde où l’on persécute les homosexuels, on pourrait penser que les pays égalitaires, à l’instar des nations européennes, des Etats-Unis ou de l’Afrique du Sud qui protègent leurs droits soient pour eux des havres de paix. Erreur. Même ici, leur situation reste difficile, voire critique, et le chemin à parcourir est encore long, pour qu’ils soient perçus par tous comme des citoyens à part entière. En France par exemple, des homosexuels subissent habituellement des traitements humiliants qui n’ont que peu à envier à ce qui se passe en Zambie.

Dernier exemple en date, la tentative d’intimidation doublée d’humiliation subie le 8 août dernier par un jeune homme homosexuel, dans un bureau de l’association France Terre d’Asile, de la part d’autres réfugiés venus comme lui d’Afrique. Parce qu’il arborait un look féminin, avec chaussure, pantalon, coiffure et boucles d’oreille, marchait en se déhanchant comme une femme, on lui a crié dessus, en lingala, la langue du Congo : « Pédé! Pédé! Pédé! Tu fais la honte de notre culture africaine » « Quelle abomination !» ont poursuivi ceux qui semblaient être des Nigériens. « La honte de l’homme noir ! Si tu étais en Afrique tu serais mort », ont pronostiqué les Ivoiriens! Chacun y est allé de son dialecte : bambara, soninké, etc. Le jeune homme n’a eu d’autres recours que de prendre fuite !
Cet exemple vient s’ajouter aux cas malheureusement trop nombreux des agressions dont sont l’objet les homosexuels en France. Un pays qui est pourtant allé très loin dans la reconnaissance de leur égalité citoyenne, en leur accordant le droit au mariage.

On ne doit donc jamais cesser de marteler que l’homosexualité n’est qu’une orientation sexuelle, qu’elle n’a rien d’anormal ni de diabolique et que parmi les hommes qui ont positivement influencé le monde, figurent de nombreux homosexuels. Les droits de l’homme n’ont pas de nationalité et la mobilisation doit continuer en faveur des homosexuels, quelle que soit leur pays. Dans la rue, par le biais des médias, à l’Onu, ce combat doit continuer. A l’échelle de l’univers. Et dans ce sens, la décision de l’Union européenne d’accorder l’asile politique aux homosexuels persécutés dans leurs pays mérite d’être saluée.

 

Affaire Christine Tasin : a-t-on encore le droit de critiquer les religions ?

[Par René DASSIE’]

Christine Tasin la présidente de l’association Résistance républicaine a été condamnée pour avoir déclaré que « l’islam est une saloperie » par le tribunal de Belfort. Une sanction qui semble réintroduire le « délit de blasphème ».

Christine Tasin [Photo tirée de Liberation]

Christine Tasin [Photo tirée de Liberation]

Frapper au portefeuille pour islamophobie. Le tribunal de Belfort a condamné vendredi à 3000 euros d’amende dont 1500 avec sursis Christine Tasin, ex-prof de lettres classiques et fondatrice de Résistance Républicaine, une association anti-islam, pour incitation à la haine raciale.

Cette agrégée de lettres classiques qui collabore également à Riposte Laïque un site dédié à la lutte contre l’islamisation de la France et dirigé par son compagnon, ancien typographe et ex-délégué syndical CGT à la Tribune était poursuivie par des associations musulmanes, pour avoir qualifié l’islam de « saloperie », devant un abattoir mobile installé pour le sacrifice rituel de l’Aïd el-Kébir à Belfort. L’échange avait été filmé et est toujours disponible sur [YouTube].
« Oui je suis islamophobe et alors ? La haine de l’islam, j’en suis fière. L’islam est une saloperie (…), c’est un danger pour la France », déclarait-elle alors face à des membres de la communauté musulmane et de la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI) lesquels lui répondent que son discours était motivé par la « haine de la religion » et le « racisme ». D’où la plainte de la CRI.
« On peut néanmoins se réjouir que le parquet ait décidé de sanctionner la militante d’extrême-droite, là où d’autres s’en étaient sortis sans problèmes. C’est lors de ces procès qu’il est donné l’occasion de reconnaître publiquement l’islamophobie comme un phénomène réel », se félicite [islamophobie.net].

On peut reprocher à Christine Tasin qui avait organisé l’apéro saucisson-pinard et les «Assises contre l’islamisation de l’Europe», aux côtés du Bloc identitaire, un mouvement d’extrême droite, la violence de ses écrits qui frisent parfois la paranoïa vis-à-vis de la religion de Mahomet. Au quotidien, Mme Tasin et les adhérents de son mouvement ignorent le pacifisme de l’immense majorité des musulmans, et ne rapportent que les méfaits des plus extrémistes d’entre eux, qui constituent une infime minorité. Cependant, l’interprétation juridique des propos qui l’ont conduit devant la barre est, sauf erreur, inédite et ne peut manquer d’étonner, au vu de la jurisprudence récente.

Belfort, le tribunal de grande instance. [Photo tirée de belfortains.fr]

Belfort, le tribunal de grande instance. [Photo tirée de belfortains.fr]

Car, pour requérir sa condamnation, le parquet de Belfort a estimé que ses propos étaient de « nature à susciter le rejet des musulmans en les désignant comme un danger pour la France ». Une confusion évidente entre la critique d’un livre religieux et la stigmatisation de ceux qui adhèrent à son contenu. Or, il y a une douzaine d’année, le tribunal correctionnel de Paris avait interprété de manière totalement opposée des propos similaires tenus par l’écrivain Michel Houellebecq. Dans une interview publiée dans la revue Lire peu après la parution de Plateforme, son roman qui traite à la fois du tourisme sexuel et de l’Islam, l’auteur avait déclaré que «La religion la plus con, c’est quand même l’islam», ajoutant qu’il avait été «effondré» à la lecture du Coran. Alors que des associations du culte musulman demandaient sa condamnation, le procureur de la République, avait estimé que les propos de Michel Houellebecq visaient l’islam et non les musulmans. Une position sur laquelle s’était alignée la 17e chambre correctionnelle de Paris, présidée par Nicolas Bonnal, laquelle avait statué qu’«Ecrire que ‘l’islam est la religion la plus con’ ne revient nullement à affirmer ni à sous-entendre que tous les musulmans devraient être ainsi qualifiés». L’écrivain avait été relaxé.
Cinq ans plus tard, en 2007, le journal satirique Charlie Hebdo avait pareillement été déclaré non coupable, à l’issue de son procès dans l’affaire des caricatures de Mahomet. «Dans une société laïque et pluraliste, le respect de toutes les croyances va de pair avec la liberté de critiquer les religions, quelles qu’elles soient», avaient expliqué les juges, tout en rappelant que le blasphème n’est plus réprimé en France.
Si la loi sanctionne en effet lourdement les injures envers les personnes « à titre de leur appartenance, ou non appartenance religieuse », la liberté d’expression et la laïcité autorisent à l’opposée tout un chacun à critiquer ce que d’aucuns considèrent comme sacré, c’est-à-dire la religion. Car celles-ci sont « des idéologies comme d’autres, et injurier une idéologie, un système de pensée, n’est pas insulter les personnes qui y adhèrent », comme l’expliquait il y a quatre ans dans une interview accordée à [Metro news] Jean Boulègue, ancien professeur de Paris I et spécialiste de l’histoire africaine.
Le « délit de blasphème », en vigueur dans certains pays musulmans comme le Pakistan, a en effet été aboli en France en 1791. Seul le code pénal de l’Alsace et la Moselle sanctionne encore deux délits de cette nature, dont celui de « blasphème publique contre Dieu » en vertu d’un héritage de l’annexion entre 1871 et 1918 par l’Empire d’Allemagne. Toutefois, la dernière application par la justice y remonte à 1957.
Pour autant, du procès de Jacques Richard pour l’affiche de son film « Ave Maria » à celui de Christine Tasin, plus de vingt procès ont été intentés depuis 1984 contre les injures envers une religion. C’est l’intégrisme et l’épiscopat catholiques qui ont initié ce mouvement auquel se sont jointes les associations musulmanes. « La stratégie des partisans du rétablissement du délit de blasphème a été de tenter de faire confondre par les tribunaux l’injure envers une religion et l’injure envers les personnes qui y adhèrent. Ceci rétablirait, de fait, le délit de blasphème », analysait Jean Boulègue.
Jusqu’à l’affaire Tasin, la position de la justice française avait presque invariablement été de rejeter toute action assimilable au délit de blasphème. C’est pour cela que la condamnation dont elle a été l’objet constitue une régression et pourrait créer un dangereux précédent.

 

 

Focus sur l’Ukraine, un reportage collectif

[Par Marta Fallani,  John Chitambo Lobe et Behzad Qayomzada, René Dassié]

Une image de la guerre civile à Donietsk  (Juillet 2014)

Une image de la guerre civile à Donietsk
(Juillet 2014)

Ukraine, les images d’une guerre oubliée :

L’article de Marta Fallani

Mardi 5 août, la Rédaction de la Maison des journalistes a reçu Marina Bodrichenko, porte-parole du Collectif citoyen pour la paix en Ukraine (http://frudialogue.wordpress.com/), venue apporter son témoignage sur la guerre civile dans le Sud-Est de l’Ukraine.

Activiste russe d’origine ukrainienne, Marina Bodrichenko vit en France depuis sept ans.
Le Collectif citoyen pour la paix en Ukraine dans lequel elle milite s’est donné pour mot d’ordre d’ “appeler les médias européens, russes et ukrainiens à une couverture plus objective et suivie de la crise ukrainienne”.

Marina arrive à la Maison des journalistes avec un grand sac en papier. Elle en sort des grands panneaux sur lesquels sont collées des dizaines de photos. Maisons détruites, personnes qui tentent de s’en échapper, une vielle dame assise dans son salon désormais dévasté. Et puis, des enterrements, des mères qui pleurent devant des cercueils blancs, des hommes qui serrent dans leurs bras les corps sans vie d’enfants.

Ce sont des images de la guerre. Les photos arrivent de Donetsk, la région du sud-est de l’Ukraine, où habite une minorité de Russes, parmi lesquels les « rebelles » qui s’opposent au gouvernement qui a pris le pouvoir à Kiev. Ces images sont très récentes. Les dernières photos datent le 27 juillet 2014. Cependant, on ne les voit pas dans les journaux occidentaux. « Internet est plein de vidéos d’amateurs, de photos prises par les gens du lieu. Moi-même je traduis souvent les vidéo du russe, mais je n’en trouve aucune trace dans la presse occidental », s’étonne Marina Bodrichenko.

Samedi 2 août, le collectif, des activistes des ONG humanitaires, des citoyens ukrainiens, russes et français, ont manifesté à Paris pour demander un “cessez-le-feu immédiat”. Cette date a été choisie exprès, pour rappeler le « massacre d’Odessa » du 2 mai 2014. Ce jour-là, 38 « rebelles » pro-russes avaient été tués, lors d’une guérilla organisée par des groupes d’extrême droite qui soutiennent le gouvernement de Kiev.

Jusqu’à présent, aucune investigation internationale n’a été ouverte pour identifier les auteurs de ce massacre. « Ce qui se passe dans le Sud-Est de l’Ukraine est une véritable guerre civile », analyse Mme Bodrichenko, qui dénonce par ailleurs la « manipulation des informations par l’occident », désireux de « garder l’équilibre politique actuel » au détriment des civils. Selon les données publiées par les autorités russes et considérées comme fiables par l’OTAN, 730.000 Ukrainiens auraient fui le conflit pour se réfugier en Russie.

Crèdit photo L: isa Viola Rossi

Crédit photo L: isa Viola Rossi

L’interview à Marina Bodrichenko :

Propos recueillis par John Chitambo Lobe et Behzad Qayomzada

Vous avez crée le premier collectif de citoyens russes et ukrainiens à Paris. Pourquoi ?

Manifester, dans quel but ?

Par rapport à votre prochaine manifestation publique, où, quand et comment aura-t-elle lieu?

Qu’est-ce que vous pensez de l’opinion publique française ?  

En ce qui concerne les enjeux de ce conflict, quel est votre avis ?

Le rêve d’empire soviétique de Vladimir Poutine : 

L’opinion de René Dassié

Nostalgique de la puissance soviétique, Vladimir Poutine avait qualifié l’effondrement de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ». Et même s’il avait tempéré en ajoutant que « Ceux qui ne regrettent pas la disparition de l’URSS n’ont pas de cœur, mais ceux qui voudraient la refaire n’ont pas de tête », le maître des destinées de la Russie depuis quatorze ans n’a jamais caché son ambition de refaire de son pays une puissance internationale.
Exit donc la résurrection du Grand Empire, eu égard à l’impossibilité de remettre en cause la souveraineté de la plupart des Etats qui s’en sont détachés il y a un peu plus de deux décennies.
Vladimir Poutine qui sait pouvoir compter sur une forte majorité de l’opinion publique russe qui désormais approuve sa politique diplomatique dans la construction de l’Union eurasienne, sorte d’URSS light capable de faire face à l’Union européenne, à la Chine et aux Etats-Unis. Il s’agit en somme d’un bloc géopolitique autour de son pays, rassemblant la Russie et la plupart des républiques issues de l’URSS. Avec l’économie libérale, mais pas la démocratie et les droits de l’homme.
L’acte de naissance de ce bloc à caractère économique, bâti sur le modèle de l’Union européenne a pris la forme d’un traité signé le 29 mai dernier par trois Etats fondateurs, la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie. D’autres États qui ont fait partie de l’Union soviétique ont aussi exprimé leur désir de rejoindre ce projet qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2015. Il s’agit notamment de l’Arménie, du Kirghizistan et du Tadjikistan.
Dans la stratégie de M. Poutine, les accords diplomatiques ne constituent pas le seul ticket d’entrée dans ce nouveau club. Le président russe veut pouvoir compter sur les pressions, y compris militaires, pour parvenir à ses fins.
Il y a eu ainsi l’invasion de la Crimée, venant après celle de l’Ossétie du Sud en 2008 sous le prétexte officiel de défendre les Russes ethniques ou porteurs d’un passeport russe, dans ces anciennes Républiques soviétiques.
Il y a maintenant l’Ukraine, qui goûtait au pluralisme démocratique depuis la Révolution orange de 2004 et dont une partie du territoire a sombré depuis quelques mois dans un conflit meurtrier, entre l’armée régulière et des séparatistes pro-Russes. Vladimir Poutine que les Occidentaux accusent d’attiser ce conflit verrait dans l’Ukraine, eu égard à sa population, ses infrastructures industrielles et son agriculture, un des piliers du nouvel édifice régional qu’il entend bâtir.
« A l’époque soviétique, il était tout simplement impossible d’imaginer que l’Ukraine et la Russie puissent être des Etats différents (…). Mais cela est arrivé. Et quand la Crimée s’est soudainement retrouvée dans un autre Etat, la Russie a senti qu’on l’a non seulement volé, mais carrément pillé. Et qu’est-ce qu’a fait la Russie ? Elle a baissé la tête », déclarait-il dans un discours d’une heure devant des parlementaires des deux chambres réunies, et en présence de nombreuses personnalités russes, lorsqu’il signait, le 18 mars dernier, le traité d’intégration de la Crimée à la Russie.
En Occident, les visées hégémonistes de Vladimir Poutine passent mal. Les Etats-Unis ont clairement exprimé leur opposition à la création d’une Union eurasienne pilotée par Moscou. « Cela ne portera pas le nom d’URSS. Cela portera le nom d’union douanière, d’Union eurasiatique etc., mais ne nous y trompons pas. Nous en connaissons les buts et nous essayons de trouver le meilleur moyen de le ralentir ou de l’empêcher», laissait déjà entendre fin 2012 l’ex Secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton.
Réagissant au conflit dans l’est de l’Ukraine dans lequel ils voient la main cachée de Vladimir Poutine, l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis ont pris de nombreuses sanctions économiques contre la Russie. Notamment le gel des avoirs et une interdiction de voyager concernant des proches de Vladimir Poutine. L’UE a aussi décidé d’interdire de nouveaux investissements dans l’exploitation du pétrole, du gaz et des minerais en Crimée et à Sébastopol ainsi que dans les infrastructures des projets de transports et de télécommunications de la région. Des sanctions que le président américain, Barack Obama, a promis d’accroitre.
Pour de nombreux analystes, ces sanctions non seulement ne suffiraient pas à faire fléchir le président russe, mais pourraient s’avérer contre-productives. M. Poutine a répliqué, en sortant sa vieille arme de l’embargo sur les produits agroalimentaires en provenance des pays condamnant sa position. Son premier ministre, Dimitri Medvedev a de son côté menacé d’interdire le survol du territoire russe pour les compagnies aériennes effectuant des liaisons entre l’Europe et l’Asie via la Sibérie, la route la plus courte.