20 juin 2014 : La blue note d’Achou pour la Journée mondiale des réfugiés

Blue note (Visuel papier découpé)

– Adjim Achou DANNGAR –

Pour la Journée Mondiale des Réfugiés, 20 juin 2014.

Blue note par Adjim DANNGAR

 

France-Rwanda : relations en dents de scie

[Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais]

Le 7 avril de chaque année, date-anniversaire du génocide rwandais, en 1994, le « Kwibuka » (se souvenir, en français) prend les dimensions d’une grande journée historique, où se mêlent sentiments de douleur et volonté de renforcer le processus de catharsis. Lors du 20e anniversaire cette année, le président Kagamé en a profité pour désigner les « complices » de cette tragédie. Parmi les coupables : la France, la Belgique et la communauté internationale.

Le 7 avril 2014, journée officielle de commémoration de Kwibuka20 (se souvenir), au stade Amahoro, où a eu lieu le discours du président Paul Kagame.  [Photo tirée par Pscholastiquemukasonga.net]

Le 7 avril 2014, journée officielle de commémoration de Kwibuka20 (se souvenir), au stade Amahoro, où a eu lieu le discours du président Paul Kagame.
[Photo tirée par Pscholastiquemukasonga.net]


Ce n’est pas la première fois – c’est devenu une rengaine – que la France est pointée du doigt par le Rwanda pour sa collaboration, supposée, avec les génocidaires hutus. Depuis, les relations entre Kigali et Paris se sont brouillées, connaissant des moments de répit et d’autres de tensions extrêmes, jusqu’à dicter, en 2006, la rupture des relations diplomatiques.
Qu’en est-il au juste ? Depuis vingt ans, selon les circonstances, on assiste toujours au même scénario : le Rwanda accuse, la France nie en bloc. De part et d’autre, on s’est même employé à démontrer la « vérité », à travers les commissions d’enquête parlementaire. Apparemment, rien n’y a fait. L’opacité sur des faits majeurs du dossier est restée intacte, tel que l’assassinat du président hutu Habyarimana, dans l’avion détruit par un missile, la veille du génocide, sous le ciel de Kigali. On considère cet acte, auquel on associe aussi la main de la France, comme l’élément déclencheur du génocide.

Paul Kagamé [Photo tirée par yfcrwanda.com]

Paul Kagamé [Photo tirée par yfcrwanda.com]

Dans le livre « La nuit rwandaise. L’implication française dans le dernier génocide du siècle », de Jean-Pierre Gouteux, paru en 2002, l’auteur enfonce le clou : «  Ainsi, les enfants des écoles apprendront que Mitterrand est le président sous le règne duquel la République française a soutenu un Etat génocidaire ».
Toutes ces affirmations (sans preuves) appellent au moins trois questions essentielles : les militaires français étaient-ils présents au Rwanda avant et pendant le génocide ? Comment ont-ils participé au génocide ? Les relations entre le Rwanda et la France finiront-elles par s’apaiser ?
Les militaires français étaient présents à Kigali, dans le cadre de vieux accords de coopération signés, en 1962, entre le premier président rwandais Kayibanda et le général de Gaulle. Ils étaient là à la demande du président Habyarimana pour former l’armée rwandaise, en lutte contre le FPR (Front Populaire Rwandais), aujourd’hui au pouvoir à Kigali. Arrivés au Rwanda alors que le génocide était déjà en cours, les militaires de l’opération « Turquoise » pouvaient-ils opérer au grand jour ? Sur tout cela, le doute plane. Quant aux relations, en dents de scie, entre la France et le Rwanda, les derniers développements du dossier laissent penser que l’on est encore loin de la lune de miel entre les deux protagonistes.
Au fait, quand le président Kagamé, qui a renoncé à apprendre le français, assena dans la langue de Molière, le 7 avril, cette formule : « les faits sont têtus », ce n’était pas pour amuser la galerie. C’était plutôt une façon de dire, avec force, que la France fut complice du génocide rwandais.

«Nous aurons toujours Paris»

[Par Jesús ZÚŇIGA, journaliste cubain]

Traduit de l’espagnol au français par Marta Alvarez Izquierdo
Article original en espagnol Zuniga_es

Marine Le Pen, leader du Front National, lors de la victoire aux européennes

La leader du Front National, Marine Le Pen, vue comme nouvelle Jeanne D’Arc, lors de la victoire aux européennes (frontnational27.com)

C’est confirmé. En France, les élections européennes ont été un véritable séisme politique. Il ne s’agit pas d’une vague bleue ou rose, mais plutôt d’un véritable tsunami bleu Marine qui, ce dimanche, est passé au dessus des principaux partis politiques traditionnels de la Vème République en France, et du Président François Hollande en particulier qui, depuis son arrivée au pouvoir en 2012, a déçu presque tout le monde.

Avec 24,85% des voix selon les chiffres définitifs du Ministère de l’intérieur français, la victoire du Front National (le parti d’extrême droite) lors des élections européennes qui viennent d’avoir lieu fait du FN le premier parti politique de France ainsi que le grand vainqueur de ces élections à dimension européenne.

Même si la victoire du parti d’extrême droite de Marine Le Pen n’est pas une surprise puisque différents sondages d’opinion publique l’avaient anticipée depuis plusieurs semaines, son ampleur est surprenante et devient un avertissement, encore un pour François Hollande dont la gestion du pays n’est approuvée que par 11% des français. Il est aujourd’hui le Président le plus impopulaire de la Vème République, conséquence de ses médiocres démarches économiques (malgré ses promesses), mais aussi dû à un taux de chômage élevé pour les standards nationaux : 10,2%. Le déclin du mode de vie français et l’avancée de l’extrême droite, allant jusqu’à se placer en première force politique pour la première fois dans l’histoire, ce n’est pas une mince affaire.

La France est un des six pays fondateurs de l’Union Européenne. Il s’agit de la quatrième puissance économique du G-8 après les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, ou de la cinquième si l’on tient compte de la Chine. Avec 68 millions d’habitants, elle représente seulement 1% de la population de la planète, mais elle détient 3,1% du PIB mondial. Il s’agit du troisième pays récepteur d’investissements étrangers, le deuxième fournisseur de services, le deuxième exportateur de produits agricoles et agroalimentaires, la quatrième puissance commerciale (quatrième exportateur et cinquième importateur), et elle occupe la cinquième place en ce qui concerne la production industrielle. C’est, de plus, la première destination touristique du monde. Et pourtant, la crise économique, politique et culturelle que subit le pays a poussé ses habitants à « s’asseoir sur le divan » : les français voient comment leur fameuse qualité de vie s’évanouit, une véritable histoire de succès social difficilement comparable. Dans une société dans laquelle on conçoit le débat public comme un des « beaux arts », la désaffection politique s’enracine.

En France, de la même façon que dans le reste de l’Europe, les populismes recueillent les fruits du mécontentement, du chômage grimpant, et des conséquences d’une effrayante crise économique qui a laissé derrière elle beaucoup de victimes et provoquée le divorce entre les hommes politiques et les citoyens.

Marine Le Pen, probablement la politicienne avec le plus d’habileté pour percevoir les ressentis de la rue, a pris le relais du FN en 2011, et a depuis constamment recyclé le discours populiste d’extrême droite du parti, en arrivant même à le rendre acceptable pour l’extrême gauche, en plagiant même certains fameux intellectuels anti-globalisations qui ne partagent pas les thèses du Front National. Résultat : Essor incontrôlable du FN et effondrement du Parti socialiste (13,98% des voix).

Non seulement elle est un des leaders politiques les plus appréciés par ses compatriotes, mais en plus, Marine Le Pen et le FN détiennent en ce moment 14 mairies et 71 départements en France. « Il y a six ans, on pensait qu’on était mort » déclarait-elle sur BFMTV le dimanche 25 mai. On estime que 38% de ses électeurs appartiennent à la classe ouvrière, et même si cela semble incroyable, ils sont en train de gagner des sympathisants parmi les français issus de l’immigration, surtout des jeunes, d’après les résultats que le parti a eu à Marseille et dans le nord. Et ceci est dangereux car la recette économique et sociale de Marine Le Pen pour « sauver » la France est de freiner l’immigration, mettre en place le protectionnisme et abandonner l’euro et l’Union Européenne.
En pensant à 2017, le véritable objectif de madame Le Pen, certains pensent déjà qu’une répétition de l’épisode de 2002 afin d’empêcher la victoire du FN ne serait pas insensée, même si sa performance lors des élections du dimanche 25 mai n’a provoquée aucune réaction collective en France.

Si la classe politique européenne et française ne réagit pas, même si la droite conservatrice et la gauche social-démocrate sont toujours majoritaires à Bruxelles, Marine le Pen démentira Bogart dans « Casablanca » : « Nous aurons toujours Paris ». Et si cela se produit, comme il dit à Bergman : « On le regrettera, peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas demain, mais bientôt, et pour toujours. ».

En fin de comptes, la France a toujours été un laboratoire de l’avenir. Pour le bien et pour le mal.

Journalistes exilés, un plus à la presse française : Interview à Darline Cothière

[Par Benson SERIKPA]

Ils sont plus de 270 journalistes exilés à être hébergés, accompagnés et soutenus par la Maison des journalistes (MDJ) depuis sa création en 2002. Darline Cothière, directrice de cette institution nous a accordé cet entretien à la faveur de la participation de la MDJ à la deuxième édition de l’opération « Paris aime ses kiosques ». Elle évoque la mission de la MDJ et revient sur le chemin parcouru par elle et son équipe en trois ans de fonction, tout en annonçant les perspectives. Mais, point d’orgue de son intervention, l’importante contribution apportée par les journalistes de la MDJ aux médias français dans le traitement de l’information au plan international.

Darline Cothière, directrice de La Maison des journalistes

Darline Cothière, directrice de La Maison des journalistes
© Photo Jean-François Deroubaix

Quel bilan faites-vous de cette première participation de la MDJ à la deuxième édition de l’opération « Paris aime ses kiosques » qui s’est tenue il y a quelques jours au bord de la Seine ?

“Il est vrai que l’opération « Paris aime ses kiosques » a pour objectif de mettre en avant les différents kiosques de la capitale française. En prenant part pour la première fois à la deuxième édition de cette manifestation, il s’agissait pour la MDJ de mettre en avant le travail des journalistes exilés, des journalistes qui prennent d’énormes risques pour nous tenir au courant des événements qui se déroulent dans leur pays d’origine. C’est grâce au travail de ces femmes et hommes de bonne volonté confrontés à des régimes totalitaires et liberticides que nous parviennent les informations nécessaires à mieux appréhender le monde dans lequel nous vivons. Ces journalistes nous servent en quelque sorte à prendre la température du monde. Nous pouvons dire que notre participation a eu un impact positif au vu des réactions du public présent à notre kiosque situé Place du Colonel Fabien habillé pour l’occasion aux couleurs de la MDJ”.

À ce sujet, comment les journalistes exilés sont-ils admis à la MDJ?

“Avant toute chose, il faut préciser que la MDJ n’intervient pas directement dans les pays où le droit d’informer n’est pas respecté : nous faisons uniquement l’accueil en France. Nous sommes d’ailleurs la seule structure du genre qui existe dans le monde. Pour être accueilli et soutenu par l’association, il faut que la personne justifie dans un premier temps de sa situation professionnelle. Il faut qu’elle soit journaliste et ait été sévèrement réprimée. (Ce n’est pas du genre : “Je suis journaliste de passage en France et si je restais…” Non, ce n’est pas du tout la philosophie de l’institution).Malgré tout, l’admission à la MDJ n’est pas systématique. On traite les dossiers au cas par cas, en fonction de l’urgence dans laquelle se trouve le journaliste et de son degré d’engagement dans la presse qui lui a ou non valu des persécutions et des menaces dans son pays d’origine. Sont donc reçus les journalistes seuls, célibataires, et non les familles car la structure n’est pas appropriée pour ce genre de public. Il est arrivé que des journalistes répondant à ces critères d’admission n’aient pas pu être hébergés, dans quel cas nous pouvons au minimum leur offrir de collaborer avec nous. En effet, la MDJ n’est pas uniquement un centre d’hébergement : c’est aussi un cadre où les journalistes exilés peuvent se retrouver et où ils peuvent continuer à publier des articles via notre journal en ligne « L’œil de l’exilé » (www.loeildelexile.org)”.

À quel type de soutien ces journalistes ont-ils droit une fois admis à la MDJ?

“Dans un premier temps, nous leur offrons une assistance administrative pour les aider à constituer de façon adéquate leur dossier de demande d’asile auprès de l’Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides (OFPRA).. Le statut de réfugié est reconnu aux journalistes que nous accueillons dans 98% à 99% des cas, parce qu’il est évident qu’ils subissaient des persécutions dans leur pays. Nous offrons également une assistance psychologique pour ceux qui en ont besoin, que l’exil a fragilisé. (Il y a des personnes qui ont subi des traumatismes psychologiques assez importants). Nous travaillons donc pour cela avec un psychologue bilingue (français/anglais). Nous recevons également l’aide d’un travailleur social qui reçoit les journalistes quotidiennement et les accompagne dans toutes leurs démarches administratives. Enfin, nous leur fournissons un soutien plus professionnel, en leur permettant via notre site internet de continuer à faire leur travail”.

Arrive-t-il à la MDJ d’accueillir des journalistes d’une même origine dont les opinions sont divergentes?

“La MDJ étant apolitique, nous recevons parfois des journalistes exilés venant d’un même pays et de sensibilité politique différente. Nous accueillons les journalistes exilés quelle que soit leur sensibilité politique. Quel que soit le régime politique qu’il a soutenu, tout journaliste menacé dans l’exercice de ses fonctions est le bienvenu à la MDJ. Ce qui importe pour nous, c’est de recevoir un professionnel de la presse qui est pourchassé ou persécuté dans son pays parce qu’il a mis la plume dans la plaie, pour emprunter l’expression d’Albert Londres. Ce n’est donc pas tant la couleur politique du journaliste qui nous intéresse que son travail et son engagement”.

Avez-vous déjà vécu des cas où certains de vos « pensionnaires » continuaient à être menacés?

“Oui, il y a environ cinq ans. Une journaliste soudanaise nous avait rapporté avoir été suivie jusqu’à la MDJ par un groupe proche des autorités de son pays. (Mais, pas plus que ça. Hormis ce cas, jusqu’à ce jour, nous n’avons pas connu de persécution majeure ici sur nos journalistes exilés). C’est le seul cas du genre, même si nous ne sommes pas à l’abri de telles situations. C’est pour cela que nous ne faisons pas de politique, que nous ne prenons pas parti  : nous cherchons à nous protéger et à protéger les journalistes exilés”.

La rencontre de Kabir Hamayun, un journaliste bangladais, avec les élèves du lycée Honoré Romane à Embrun (13 mars 2013).

La rencontre de Kabir Hamayun, un journaliste bangladais, avec les élèves du lycée Honoré Romane à Embrun (13 mars 2013).

Les soutiens financiers de la MDJ ne peuvent-ils pas influencer le fonctionnement de cette structure?

“Jusqu’ici, nous avons réussi à fédérer tous les soutiens. Je ne veux pas dire que c’est un choix stratégique, ce serait par trop cynique ; le projet en lui-même est fédérateur. Nous recevons des soutiens financiers des médias français toutes tendances confondues, presse écrite, radio, télé… Les activités de la MDJ rallient tous ces acteurs. D’ailleurs, nous avons donné à chacune de nos chambres le nom d’un média de la presse française. Nous bénéficions aussi de l’aide de la mairie de Paris, qui nous loue les locaux que nous occupons à un prix dérisoire. L’Union européenne nous soutient également financièrement. Nous avons également à nos côtés la Société civile des auteurs multimédia (SCAM), Presstalis… Depuis mon arrivée à la tête de cette institution en 2011, j’essaie par ailleurs de développer d’autres partenariats avec des organismes européens et internationaux. Le café de la presse de Turin, le Comité de Protection des journalistes, par exemple, viennent de nous rejoindre. L’idée serait de fédérer toutes ces institutions et organisations autour de nos différentes activités et missions”.

Lors de la fête annuelle de la MDJ du jeudi 24 avril dernier à Paris, vous avez annoncé quelques innovations dans le cadre des différentes missions et activités de la MDJ. Quelle est la particularité de ces innovations?

“Un des programmes que nous avons mis en place à la MDJ s’appelle « Renvoyé spécial ». Il s’agit de rencontres organisées entre lycéens et journalistes exilés, qui se déroulent partout en France. Pour la rentrée scolaire prochaine, nous comptons lancer un nouveau programme à l’étranger baptisé « Presse 19 », qui se déroulera dans plusieurs villes européennes. L’objectif est de faire découvrir aux jeunes d’autres pratiques journalistiques, d’autres réalités socio-économiques et culturelles”.

Quelle est la valeur ajoutée des journalistes que vous accueillez ?

“Les journalistes que nous accueillons sont une source d’informations incontournable pour les journalistes français. Ils connaissent très bien la région du monde dont ils sont originaires, ont les bons contacts et détiennent souvent des informations inédites. A la MDJ, il est facile de se rendre compte du décalage qui peut exister entre les informations publiées dans la presse française et celles que détiennent les journalistes exilés. Cela ne remet pas en cause le travail des journalistes français, il est bien normal qu’ils ne saisissent pas forcément certains aspects ou nuances relatifs aux sujets qu’ils traitent, qu’ils ne traduisent donc pas dans leurs articles. C’est en cela que le travail de décryptage de l’information effectué par les journalistes de la MDJ quand ils sont sollicités par les médias français est précieux. On peut alors apprécier leurs compétences et leur expertise dans le traitement de l’actualité internationale”.

Les journalistes de la MDJ arrivent-ils à s’intégrer dans le secteur des médias français le temps de leur exil?

“Il est très difficile pour les journalistes de la MDJ d‘intégrer le milieu des médias français, qui est très compliqué. Les journalistes que nous accueillons sont des professionnels confirmés dans leur pays respectif, ils ont pu occuper de hautes responsabilités dans leur rédaction ou organe de presse avant de se retrouver en exil, mais ils n’ont pas la pratique du métier en France ni la culture médiatique française, nous dit-on. Autant d’arguments qui font que l’intégration des journalistes que nous recevons à la MDJ est très difficile. C’est pour pallier cette situation que nous leur demandons de redéfinir leur projet professionnel en vue d’une reconversion, tout en les invitant à garder leur activité journalistique à travers notre journal « L’œil de l’exilé ». Qu’ils viennent de la presse écrite, de la radio, de la télé ou de la web presse, tous peuvent publier sur notre site internet, nous faisons de la place à tout le monde. Nous envisageons désormais de faire participerons journalistes exilés à des ateliers de formation professionnelle, de sorte qu’ils puissent également enrichir leur pratique journalistique”.

Passeport universel : une idée révolutionnaire

[Par Makaila NGUEBLA]

C’était deux jours avant le score « coup de tonnerre » du Front National aux élections européennes. De nombreux militants associatifs et des responsables politiques étaient mobilisés ce vendredi 23 mai afin de plaider pour le passeport de citoyenneté universelle. Cela fait trois ans que la Fondation France Libertés, le mouvement Emmaüs International et le mouvement UTOPIA militent pour ce projet. Loin des programmes nationalistes de l’extrême droite, ce passeport humaniste a pour vocation de résoudre l’épineuse question de la liberté de circulation et de favoriser le droit à la résidence dans le monde.

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Le ton était ferme et solennel vendredi matin à l’Hôtel de Ville de Paris.
Tour à tour, les intervenants ont pris la parole afin de plaider pour la même cause: le droit au passeport de citoyenneté universelle. Ce document hautement symbolique permettrait de décloisonner les frontières.
Une idée revendiquée par l’Organisation pour une Citoyenneté Universelle (OCU), fondée par Emmaüs International, France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand et le Mouvement Utopia. Le projet de ces associations françaises de défense du droit des étrangers est fortement soutenu par la maire de Paris en personne, Anne Hidalgo, ambassadrice de l’OCU. La femme politique est d’ailleurs elle-même originaire d’Espagne et détentrice de la double nationalité française et espagnole. Elle n’a pas pu être là, mais elle était représentée par Hermano Sanchez Ruivo, conseiller de Paris et du 14ème arrondissement.

« La ville de Paris porte en son sein depuis des milliers d’années, cette idée de mobilité et d’accueil. Elle s’implique parce qu’elle est la ville où habitent des milliers de personnes. » a-t-il déclaré au nom d’Anne Hidalgo. Et d’ajouter : «  L’idée de Passeport universel et l’idée de citoyenneté universelle pourraient simplifier tellement la vie de milliards de personnes ».
Plusieurs militants associatifs se sont également exprimés pour expliquer les raisons de leur engagement au sein de l’Organisation pour la Citoyenneté Universelle (OCU).

Jean Christophe de la fondation France Libertés a expliqué que son association visait à favoriser la libre circulation dans le monde entre les personnes.
Dans un contexte où l’ouverture des frontières fait peur en Europe et attise des crispations, David Flacher, porte-parole du mouvement UTOPIA a expliqué que la migration avait des avantages aussi bien pour les pays d’accueil que pour les pays d’origines des migrants. Il a ainsi appellé à la tenue sous l’égide des Nations unies d’une conférence internationale sur la libre circulation et à une politique migratoire humaniste et réaliste.

Les membres de l’Organisation pour la Citoyenneté Universelle (OCU)

Les membres de l’Organisation pour la Citoyenneté Universelle (OCU)

Jean Rousseau, président d’Emmaüs International, a pour sa part fustigé la politique migratoire des pays européens, dénuée selon lui de réflexion et incapable de protéger les personnes.
« Il faut que se construise un espace pour repenser les débats sur les migrations » a ajouté de son côté, Nathalie Pere Marzano, déléguée d’Emmaüs International.

La journée s’est terminée par une remise à titre symbolique de passeports de citoyenneté universelle à des personnalités politiques ou des artistes pour leur engagement en faveur de la citoyenneté universelle. Un moment particulièrement émouvant
Parmi les bénéficiaires: le député européen Daniel Cohn-Bendit. Les larmes aux yeux, il a appelé à l’ouverture de la tête et des coeurs. L’homme politique a vécu une situation d’apatride durant quatorze ans, c’est-à-dire sans nationalité ni pays.
Les autres « citoyens du monde »: l’écrivaine Taslima Nasrin, Rona Hartner, artiste franco-roumaine, Reza Deghati, reporter-photographe, Tiken Jah Fakoly, artiste ivoirien et Miguel Angel Estrella, pianiste argentin.

Tous ont déclaré être honorés et avoir retrouvé leur dignité individuelle et collective par la délivrance de ce passeport de citoyenneté universelle.

Cissokho Ansoumana, porte-parole des sans-papiers

Cissokho Ansoumana, porte-parole des sans-papiers

Cissokho Ansoumana, porte-parole des sans papiers avait reçu l’année dernière ce passeport de citoyenneté universelle, c’était lors de la première édition. « Seul l’Etat de l’Equateur reconnaît ce passeport et autorise à ses détenteurs de rentrer sans visa. » a-t-il fait remarquer, étonné.

Les organisateurs de l’événement ont lancé un appel pour que les participants fassent connaître le passeport de citoyenneté universelle auprès des élus et des mouvements altermondialistes.

Une campagne sera menée à travers le monde auprès des représentants diplomatiques, des institutionnels et des organisations internationales pour étendre l’initiative à l’échelle planétaire.

Altermondes : Partenaire de la MDJ / L’œil de l’exilé

Altermondes : Conférence-débat Médias & Citoyens en images

[Photos de Muzaffar SALMAN, 15 septembre 2014]

Altermondes - Médias&Citoyens [Photo crédit : M. Salman]

Altermondes – Médias&Citoyens [Photo crédit : M. Salman]



larbigraineLe Front National et le vote immigré

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Larbi GRAINE : Altermondes n° 39 / Septembre 2014]

 

cherifdialloAntiijihad : La sécurité et la liberté

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Sékou Chérif  DIALLO : Altermondes n° 40 / Décembre 2014]

 

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Boko Haram : Non au silence !

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Marciano Romaric Kenzo Chembo : Altermondes n° 41 / Mars 2015]

 

MAprofil

Loi sur le renseignement Déception chez les réfugiés

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Marie Angélique Ingabire : Altermondes
n° 42 / Juin 2015]

 

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Daesh Menace sur l’Asie Centrale

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Sadegh Hamzeh :  Altermondes n°43 / Septembre 2015]

 

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Attentats de Paris: la compassion vis-à-vis de la France divise les Africains

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par René Dassié :  Altermondes n°44 / Décembre 2015]

 

 

Elyse-NGABIREBurundi : Paroles, paroles de la Communauté Internationale ? 

[Chronique / L’œil de l’exilé / Par Elyse Ngabire :  Altermondes n°45 / Mars 2016]

 

 

Paris aime ses kiosques : Le kiosque du 19ème aux couleurs de la Maison des journalistes

[Par Carole Attioumou-Serikpa]

Le kiosque de place colonel Fabien dévoué à la MDJ

Le kiosque de place colonel Fabien dévoué à la MDJ

Le kiosque de la place Colonel Fabien du 19ème Arrondissement a revêtu les couleurs de la Maison des journalistes (MDJ) dans le cadre de l’opération « Paris aime ses kiosques », ce jeudi 15 mai 2014. Ainsi, ceux qui feront le détour sur ce site verront le logo de la MDJ, c’est-à-dire, un carré rouge sur lequel il est imprimé en lettres noires et blanches « La Maison des Journalistes » en presque toutes les langues du monde. Cette deuxième édition à laquelle prend part la MDJ, vise à célébrer les kiosquiers de la capitale française, un peu en perte de vitesse du fait du développement accru des nouvelles technologies de l’information, et à montrer la place qu’ils occupent dans le secteur des médias. Ce qui a été relevé dans les différentes interventions des participants dont celle de Darline Cothière, Directrice de la MDJ. Elle a par ailleurs, gratifié l’auditoire de l’expérience de la maison qu’elle dirige, en matière d’accueil, d’assistance et d’accompagnement des journalistes exilés.

Pour sa part, Fatima Fourn, kiosquière de la place Colonel Fabien du 19ème, a fait observer que l’avènement des TICS ont effectivement entraîné de nombreux problèmes dans ce métier qu’elle exerce depuis plus d’une décennie. Conséquence directe, a-t-elle révélé la fermeture de 55 kiosques dans la région parisienne. C’est pourquoi, Fatima a salué cette initiative. Qui, à l’en croire, pourrait susciter un nouvel engouement chez les lecteurs.

Johnny Bissakonou, journaliste centrafricain en exil en France, raconte son expérience

Johnny Bissakonou, journaliste centrafricain en exil en France, raconte son expérience

Stéphane Bribard, Directeur de la Communication externe de Presstalis, partenaire de la MDJ, notamment sur le projet « Renvoyé spécial» a, quant à lui, réitérer sa confiance et son engagement vis-à-vis de cette institution. Et Jonnhy Bissakonou, journaliste centrafricain exilé, pensionnaire de la MDJ, intervenant à son tour, a édifié le public sur les raisons de sa présence en France. Ce journaliste blogueur, élu parmi les 100 héros de l’information, tout en rendant hommage à Camille Lepage, photojournaliste française assassinée le mardi 13 mai dernier en Centrafrique, s’est prononcé une fois de plus sur la question de la liberté de la presse et d’expression dans son pays.

La MDJ participe pour la première fois à l’opération « Paris aime ses kiosques », initiée par Mediakiosk en avril 2013.