République Démocratique du Congo : le pouvoir de Kinshasa, un régime indécrottable !

En fin mandat depuis décembre 2016, le pouvoir de Kinshasa semblait être bousculé par une série des manifestations lancées récemment par le Comité laïc de coordination (CLC). En désaccord, les contestataires ne demandaient qu’une seule chose : l’ application intégrale de l’accord politique de «Saint Sylvestre». Une préoccupation dont le régime de Kabila tente d’ ignorer en occultant les perspectives de la tenue prochaine des élections en République démocratique du Congo. Un déni encore étayé par le communiqué tenu ce lundi 12 mars  à Kinshasa par le CLC suspendant momentanément ses marches dites pacifiques.

Ce jour-là, les villes de Kinshasa, Kisangani, Mbandaka et Lubumbashi vibraient au rythme des contestations au pouvoir en place. Banderoles en mains, pancartes arborer et dénonçant le régime de Kabila, on y  voit une foule hostile répartie simultanément dans différents coins du pays.

Nous sommes dimanche le 25 février 2018, cette marche dite «Pacifique» a été initiée à l’appel  du Comité laïc de coordination, un organe ressemblant différents mouvements citoyens en vue de barrer la route au chef de l’état congolais, Joseph Kabila, dans sa volonté de briguer un nouveau mandat.

Aussitôt les forces de l’ordre ont vite dispersé les manifestants à jets de gaz lacrymogènes et tirs des balles à caoutchouc, à en croire les sources policières. En réalité, on pouvait observer les bavures policières ou des hommes en uniformes notamment à Kinshasa, où un jeune activiste et militant, Rossy Tshimanga a été tué.

Un mort de plus qui s’y rajoute à une dizaine des victimes recensées lors des précédentes marches tenues le 31 décembre 2017 et le 21 janvier 2018 sur l’étendue de la République.

Pourquoi une marche “pacifique” ?

Pourquoi tant des morts aussi innocents ? La réponse à cette question exige un flash-black afin de savoir, comment en est-on arrivé là ? Tout débute en décembre 2016, le président Kabila est arrivé à la fin de son second mandat. En fin stratège, il laisse planer un doute quant à son avenir politique. Allait -t-il se représenter ou pas? Il se mue et ne dit rien. Sauf que la Constitution ne l’autorise pas à briguer un nouveau mandat. De quoi aurait-il peur?

Il dirige le pays depuis 2001. Il connaît (pour ne pas dire il maîtrise) le pays. Il connaît les acteurs politiques qui viennent le voir de jour tout comme de nuit. En plus de cela, la main de la bénédiction des puissances extérieures ne l’a pas encore quittée. Il cogite sur la méthode à procéder pour contourner cette restriction constituante. Avec l’appui de la commission nationale électorale indépendante, (CENI), un alibi est vite trouvé. On parle alors des moyens financiers qui font défaut. Quelle insulte !

Pour apaiser les acteurs politiques, cette fois-là, avec le concours de l’Eglise catholique, un accord est signé en date du 31 décembre 2016, ayant comme conditions, la tenue d’élections dans un an, c’est-à-dire en décembre 2017. En outre, une mesure de décrispation en procédant à la libération des prisonniers politiques.

Une opposition corrompue renforce le mouvement catholique

Un an après, nous sommes en décembre dernier, rien ne semble inquiéter Joseph Kabila qui se comporte comme un père fouettard dans l’indifférence générale. En effet, il renforce sa légitimité. Il nomme les premiers ministres, qui à leur tour se prosternent à ses pieds. Les premiers ministres viennent de l’opposition. Une opposition fragilisée et corrompue. De ce fait, ils sont soumis à la volonté du Pouvoir.

Pour sauver le pays, l’Eglise catholique renaît de ses cendres tel un phénix et réalise avoir été enroulé dans la farine en décembre 2016. Une série des manifestations est programmée, à l’instar des marches dites pacifiques, réprimées dans le sang. Les contestataires sont muselés. Les plus chanceux partent en exil, les malheureux tombent sous les balles de la dictature.

Au regard de ce qui précède, et, avec la suspension des marches qui consistaient à mettre la pression sur le régime de Kabila, ce dernier sort vainqueur de la première manche qui l’opposait au triomphe de la volonté du peuple, incarné par le CLC.

 

La Turquie resserre le contrôle du web avant la journée mondiale contre la cyber-censure

Le 12 mars marque la dixième Journée mondiale contre la cyber-censure organisée par Amnesty International et Reporters sans frontières. Consacrée à attirer l’attention sur la censure de la liberté d’expression sur Internet, la Journée mondiale contre la cyber-censure vise à “rallier tout le monde en faveur d’un Internet unique sans restrictions”, selon un communiqué de RSF.

Alors qu’il existe une longue histoire internationale de censure et de réglementation gouvernementale dans les médias télévisés, audiovisuels et imprimés, Internet demeure un moyen d’exprimer librement une opinion et de la communiquer au monde entier. Internet a servi de refuge à ceux qui souhaitent rester anonymes et exprimer leurs opinions personnelles, sans aucun contrôle gouvernemental.

Cependant, à mesure que le 12 mars se rapproche, de nombreux rapports internationaux soulignent la censure commanditée par des gouvernements sur Internet.

Du Sri Lanka à la Chine…

Le mercredi 7 mars, il a été signalé que des responsables du Sri Lanka avaient bloqué divers réseaux de médias sociaux à la suite de violences anti-musulmanes. Facebook, Instagram, Viber et WhatsApp ont été quelques-unes des plates-formes bloquées dans la région centrale du pays, où la violence religieuse a commencé à bouillir depuis lundi.

Les rapports de la pression chinoise sur les cyber-plateformes internationales pour censurer leur contenu ont augmenté au cours des derniers mois. L’automne dernier, un homme a été arrêté en Chine pour avoir exprimé ses opinions sur le président chinois, Xi Jinping, à ses amis via la plate-forme de messagerie américaine, WhatsApp. Il a été accusé d’avoir insulté le gouvernement chinois et le Parti communiste.

… en passant par la Turquie

En Turquie, le président Erdogan utilise Internet comme outil de censure et de propagande.

Si le gouvernement constate que quelque chose posté sur Internet est critique envers le président, la personne responsable du partage de l’information peut être emprisonnée et la publication peut être interdite. Wikipedia est actuellement interdit en Turquie. Il y a également des rapports sur Twitter et YouTube qui sont régulièrement bloqués ou des comptes fermés à cause de blagues critiques envers Erdogan et son régime.

“Je pense que le gouvernement n’était pas content de l’information diffuser en Turquie, notamment lors d’une opération menée dans le sud de la Turquie avec les Kurdes et l’armée turque”, selon l’un des journalistes turcs résidents à la Maison des journalistes.

L’internet libre révèle des secrets étatiques

La lutte d’Erdogan pour le contrôle a commencé avec un scandale de corruption qui a secoué la Turquie en 2013. Des allégations de pots-de-vin impliquant le Premier ministre Erdogan, son fils et plusieurs autres ministres ont été révélées après que des conversations téléphoniques qui ont été divulguées sur YouTube.

Après avoir été secoué et fragilisé par cette affaire, la réaction d’Erdogan fut de devenir plus autoritaire. Il mena une répression contre les journalistes en publiant des articles sur le scandale et en augmentant la pression sur les médias pour qu’ils auto-censurent des informations.

La dernière vague d’actions de censure est venue en réponse à Adnan Oktar, prédicateur de télévision par satellite qui diffuse son message par satellite, câble et Internet. Les fonctionnaires du gouvernement trouvent que son point de vue sur les questions religieuses est offensant et souhaitent fermer son programme, y compris sa cyber présence.

Plus qu’une cyber-censure, une répression omniprésente sur internet

Cependant, nombreux sont ceux qui pensent que M. Oktar n’est qu’un prétexte pour une nouvelle réglementation expansive sur Internet, récemment proposée fin février.

RTÜK est une institution publique qui réglemente, censure et sanctionne les émissions de télévision et de radio. Dans le passé, RTÜK a interdit les programmes de “BBC World Service” aussi bien que le film “Sex and the City 2”, à cause de la sécurité nationale et de ce qui est considéré comme des comportements immoraux.

Le projet de loi exigerait que des sites comme YouTube et Netflix Turkey soient autorisés par RTÜK. L’article 73 stipule que RTÜK se verrait conférer le pouvoir de bloquer, retirer ou censurer tout contenu jugé “contraire à la sécurité nationale [et à] l’ordre moral du pays”, y compris sur les comptes personnels de médias sociaux. Beaucoup ont soutenu que ce projet de loi donnerait à RTÜK le pouvoir de censurer la page ou la vidéo sur Internet qu’ils veulent.

Le but ultime est de renforcer l’emprise du gouvernement sur la liberté d’expression. Internet restant l’un des derniers refuges pour les journalistes qui veulent s’exprimer et partager des informations. La liberté de parole effraie le régime.

“C’est la chose la plus importante, Internet. Même s’ils essaient de le contrôler, ils ne peuvent pas contrôler tout Internet, vous pouvez toujours trouver un moyen de publier ce que vous voulez “, explique un journaliste turc. Mais c’est à vos risques et périls. Rappelons que la Turquie détient le record de journaliste en prison, et sinon c’est l’exil.

Les VPN et d’autres stratégies permettent l’anonymat sur Internet et de créer un espace de partage d’opinions et d’informations. “Dans le monde, il y a de la censure et de l’oppression sur les médias, mais d’un autre côté. Ce n’est pas parce que le système est gratuit pour les journalistes, mais parce que nous utilisons la technologie.”

Est-ce qu’on peut censurer internet ? Ce qui semblait impossible est de plus en plus réel, la Turquie n’étant qu’un exemple parmi d’autres. 

Benoît Hamon: «La politique étrangère française n’est pas plus altruiste que les autres»

Benoît Hamon appelle à la mise en place d’un “visa humanitaire au niveau européen”. L’ancien candidat à la présidentielle participait à la Convention nationale sur l’accueil et les migrations les 1er et 2 mars à Grande-Synthe. Il a vivement critiqué la circulaire de Collomb. Entretien.

Vous appelez à la mise en place d’un visa humanitaire au niveau européen. Pensez-vous que la France a le pouvoir de mener un tel projet ?

Macron fait le contraire de ce qu’il avait annoncé lors de sa campagne présidentielle. Candidat, il a vanté l’attitude d’Angela Merkel qui avait ouvert les frontières allemandes pour accueillir des réfugiés et les intégrer. Une fois au pouvoir, le Président de la République Française ne fait pas le centième de ce que Madame Merkel a fait. Pire, il restreint les libertés publiques. Il restreint les droits des demandeurs d’asile, c’est-à-dire ceux qui fuient un conflit politique.

Et au-delà de tout cela, le gouvernement d’Emmanuel Macron met en ordre de bataille l’administration française pour les empêcher d’accéder à leurs droits avant même qu’ils puissent rentrer dans des procédures. La France est aujourd’hui condamnée par les Nations Unies et par le Défenseur des Droits. C’est une vraie régression démocratique. Il ne faut pas attendre grand-chose de la France aujourd’hui.

Beaucoup de demandeurs d’asile sont issus de pays riches en ressources minières dirigés par des dictateurs. La politique étrangère française arrive-t-elle à allier défense des intérêts stratégiques, aide au développement et soutien des oppositions dans ces pays?

La politique étrangère française n’est pas plus altruiste et philanthrope que n’importe quelle autre politique étrangère. Forcément, il est plus simple de défendre ses intérêts économiques avec des dictatures. Si le jeu de la démocratie fonctionnait dans la plupart des pays avec lesquels on travaille, on peut supposer qu’il y aurait une forme de réappropriation par les peuples souverains de leurs ressources minières et de leur mise en concurrence, ce serait la fin de la chasse gardée pour les grands industriels français.

Il subsiste aujourd’hui une attitude très paternaliste de la France à l’égard de certaines nations africaines, car on ne parle pas de l’Afrique du Sud comme on parle d’autres pays africains aujourd’hui. Ceci ne veut pas dire que c’est éternel, ni que toutes les élites africaines sont à la hauteur des défis posés à leur nation.

Comment la France peut-elle remédier à cette situation?

Il faut œuvrer pour une nouvelle alliance internationale humaniste, progressiste et citoyenne. Les clés du renouvellement de la gauche au sens international du terme, c’est justement de s’appuyer sur les sociétés civiles, arabes en particulier. En dépit des phénomènes de contre-révolution qui ont fait taire des protestations assises sur un vrai mouvement populaire et citoyen, il subsiste aujourd’hui des forces avec lesquelles on doit entrer en dialogue. C’est ça la vraie fonction des oppositions, ici en France et en Europe. Nous devons dialoguer avec ces forces plus ou moins clandestines ou officielles qui existent sous une forme citoyenne, sociale ou politique, que ce soit en Afrique ou dans le monde arabe.

C’est le cas par exemple du mouvement “You Stink” au Liban, qui dénonce justement la corruption de la politique libanaise et le système confessionnel. Le mouvement plaide la nécessité de sortir d’un système qui piégeait les citoyens dans le choix des candidats en fonction de leur confession. Il incite les citoyens à s’intéresser à l’intérêt général et à refuser la corruption. Voilà un partenaire évident pour la grande coalition internationale sur laquelle nous travaillons.

Benoit Hamon et Damien Carême (maire de Grande-Synthe)

Des demandeurs d’asile issus de pays avec lesquels la France entretient de bonnes relations peinent à obtenir leur statut de réfugié. Si vous aviez été élu président, quelle aurait été votre politique pour allier valeurs de la république et diplomatie ?

La diplomatie peut défendre les intérêts de son pays sans pour autant s’asseoir sur ses valeurs et ses principes. S’il est avéré qu’une personne est pourchassée au nom de ce qu’elle pense, de son orientation sexuelle ou de sa religion et qu’elle ne peut plus vivre en sécurité, elle est en théorie éligible à l’asile pour les motifs qu’elle fuit.

L’Ofpra (Office Français de Protection des Réfugiés et Apatrides) a la responsabilité d’instruire cela. Tout en maintenant le dialogue, il faut être exigeant avec nos partenaires, notamment dans toute l’Afrique subsaharienne et le Maghreb. On peut se dire “nous pensons que dans cette situation-là, les décisions que vous prenez sont contraires à nos principes”. Est-ce que ça va faire changer les choses? Je n’en sais rien. Aujourd’hui on est sur une forme de non-dit en permanence.

Une Voix forte s’est élevée au Nord !

“I AM A REFUGEE”

Premier jour de la Convention Nationale sur l’Accueil et les Migrations a Grande-Synthe. Juste après les restitutions des ateliers qui sont fait par mes confrères de la Maison des Journalistes et moi-même, j’ai entendu une chanson. Sous les lumières de la salle de concert de Palais du Littoral Grande-Synthe, des centaines de personnes avait chanté en même temps avec le groupe HK et les Saltimbanks: Refugee, I am a Refugee…

Nous avons déjà dit tous ensemble : “Je suis Charlie”. Pas seulement les français, le monde entier a repris ce slogan. “Nous sommes tous des Arméniens” fut scandé en Turquie après l’assassinat de Hrant Dink en 2007.  Cette fois, dans le froid d’une nuit d’hiver particulièrement glaciale à Grande-Synthe, nous avons proclamé : “Je suis Refugee”.

Durant deux jours, élus, acteurs de la société civile, acteurs institutionnels, chercheurs, étudiants, journalistes, curieux,  personnes migrantes et réfugiés se sont réunis à Grande-Synthe.

Un atelier autour de l’hospitalité

J’avais la chance de participer à l’un des ateliers : “(re)penser les hospitalités: initiatives d’élues en tant que “grand témoin”.

Pendant cet atelier, 9 intervenants ont expliqué leurs expériences de l’accueil. Une des intervenants, Pauline Saget, a souligné que contrairement à la rhétorique de peur qui domine la société et qui est utilisée par les politiciens populistes de l’Europe,  “la migration est une chance”.

Une autre intervenante, Myriam Laidouni Denis, a rappelé un fait simple parfois oublié : “avant d’être des étrangers, les réfugiés sont avant tout des êtres humains”. Nous devons donc trouver la réponse à la question : “Comment peut-on être heureux ensemble ? Puisque nous tous sommes tous dans le même bateau.”

D’autres participants ont soulevé des problématiques récurrentes. Parmi eux, Philippe Bouyssou qui pendant son tour de parole, a appelé l’Europe et l’état français à “prendre sa responsabilité” devant la crise d’accueil des réfugiés. Violaine Carrere valorise dans son discours toutes les initiatives et les manifestations qui sont réalisées par des petites organisations et qu’il est absolument nécessaire de rendre visibles. “La médiatisation, c’est porter à la connaissance du grand public des événements qu’ils ne connaissent pas et qui pourtant existent”.

A la fin de cet atelier, j’ai eu la chance de travailler avec deux étudiants de l’École Supérieure de Journalisme de Lille, Margot Turgy et Bado Vincent, avec qui j’ai préparé un résumé des moments les plus importants de cette réunion. Vous pouvez découvrir notre travail par ce lien.

Au cœur du débat sur l’immigration : un accueil catastrophique ?

A Grande-Synthe, le deuxième jour a été consacré aux tables rondes. La thématique de cette deuxième table ronde “l’accueil des migrants et des réfugiés en France”.

Pour animer ce débat : Catherine Wihtol de Wenden – Politiste et directrice de recherche CNRS (CERI – Sciences Po) ; Aurélien Taché – Député LREM et l’auteur des 72 propositions pour modifier la politique d’intégration ; Benoit Hamon – Fondateur du mouvement Génération.s et ancien candidat à l’élection présidentiel 2017 pour le parti socialiste ; Pierre Laurent – Secrétaire national du Parti Communiste Français ; Patrick Doutreligne – Président de ADOMA, anciennement nommée la Société nationale de construction de logements pour les travailleurs.

Dublin: “Une vision myope”

Madame Wihtol de Wendenmet met en lumière les recherches sur l’accueil en France. Or, les migrants sont “très mal accueillis” et ce n’est pas nouveau, la France accueille mal les migrants depuis longtemps. Cependant, “mal accueillir” les étrangers ne diminue pas les chiffres des demandeurs d’asile en France.

Monsieur Doutreligne, Président d’ADOMA, a beaucoup critiqué cette hospitalité en soulignant que “le premier accueil est catastrophique”. Qui plus est, ce premier accueil est aggravé par la réglementation de Dublin  qui ne fonctionne pas.

Comment peut-on renvoyer les réfugiés en Grèce ou en Italie, deux pays foudroyés par des crises économiques et politiques successives ? “C’est “une vision myope” aux conséquences dangereuses”.

Monsieur Doutreligne a également critiqué les nouvelles lois de migration proposées par le gouvernement français du Président Emmanuel Macron. Il considère ces lois controversées comme “répressives”. Il critique les propositions et constate que durant l’élection présidentielle, les positions du candidat d’En Marche étaient beaucoup plus ouvertes qu’aujourd’hui. En conséquence, la loi de migration a été beaucoup critiquée. En particulier, la diminution  de la durée lors d’une demande d’asile. Bonne initiative en soi, mais quels sont les moyens accordés à l’OFPRA pour accélérer les processus ? Cette information n’est pas communiquée.

A la fin de ces prises de paroles, le Président d’ADOMA a souligné l’importance de l’apprentissage du français comme facteur primordial d’intégration.

Améliorer la loi sur l’immigration

Monsieur Laurent du Parti Communiste constate que la mondialisation a renforcé une inégalité entre les gens. “Il faut améliorer la loi” et “il est faux de dire la France n’est pas près de faire ce qu’il faut faire”.

Ancien candidat de l’élection présidentielle en 2017, Benoit Hamon est aussi contre la loi. Benoit Hamon dénonce cette loi qui ne sert pas les besoins de la société. Elle suit une opinion qui est créé par la peur. Découvrez ici l’interview exclusive de Benoit Hamon sur la politique étrangère française et l’accueil des migrants.

Devant toutes les critiques par rapport a la loi, Aurélien Taché, auteur des propositions pour le gouvernement français en exercice, n’a pas répondu aux critiques. Il partage le constat sur l’immigration, particulièrement les problèmes d’accueil.  Cependant, Aurélien Taché n’a pas défendu ses propositions et nous sommes donc restés sur une critique actuelle au lieu de débattre de la pertinence des solutions proposées.

A la fin de toutes les tables rondes, Monsieur le Maire de Grande-Synthe, Damien Careme a pris la parole : “C’est juste un départ. On va combattre contre le racisme et les préjugés”.

Pendant la convention, un manifeste réalisé dans une dynamique d’être ensemble et réunissant les associations, les ONG et les élus a été publié. C’est à découvrir ici

Les lois anti-espionnage australiennes “criminalisent tous les aspects du journalisme”

Des sanctions pénales draconiennes” – “un pas de plus vers le totalitarisme” – “le Stalinisme rampant”

Le projet de loi sur la Sécurité Nationale australienne qui a pour sujet l’espionnage et des Ingérences Étrangères suscite de nombreuses réactions. Le document de 304 pages à découvrir ici contient des plans pour réviser et amender les lois précédentes. L’objectif ? Limiter les menaces pesant sur la sécurité nationale australienne.

Cependant, beaucoup d’organisations ont condamné le gouvernement australien car elles l’accuse de réprimer et de saper le droit des médias à rendre compte au public. L’Organisation Australienne du Renseignement de Sécurité (ASIO) soutient que les menaces d’espionnage étranger sont plus élevées qu’elles ne l’étaient pendant la guerre froide. Or, pour contrer ces menaces, l’ASIO a plaidé en faveur d’une augmentation des lois sur la sécurité nationale. L’ASIO est la principale organisation de renseignement de l’Australie. Son engagement est apolitique, libre de toute partialité ou influence. Cette loi est tout de même soutenue par le Parti libéral australien, culturellement conservateur.

Contenu du projet de loi

Le projet de loi propose des définitions fortement critiquées car “trop générales” et “délibérément vagues”. Elles ciblent les journalistes, les membres du personnel et les dénonciateurs. Par exemple, selon l’article 101, sous la rubrique “Secret”, le projet de loi stipule qu’ “une personne traite des informations si elle reçoit, obtient, recueille, possède, enregistre, copie, altère, dissimule, communique, publie ou fait disponible l’information”. Il sera donc interdit de “traiter” les informations qui potentiellement violent ce projet de loi.

Cette partie de la loi “criminalise toutes les étapes de l’information … et implique des risques criminels pour les journalistes, les autres rédactions et le personnel de soutien”, selon les Joint Media Organizations (JMO), constitués de quatorze grands médias australiens.

De lourdes peines de prison, aussi bien pour les lanceurs d’alerte que pour les journalistes

Le projet de loi propose une peine de quinze ans pour les infractions de communication. Les infractions consistant à «traiter» des informations en violation du projet de loi entraînent des peines de cinq ans d’emprisonnement. La peine d’emprisonnement maximale de vingt-cinq ans d’emprisonnement se trouve au paragraphe 91.1 (2), pour les personnes jugées «imprudentes quant à savoir si leur conduite portera atteinte à la sécurité nationale».

Les peines d’emprisonnement actuelles pour les infractions à l’article 70 de la loi de la criminalité de 1914 sont d’une durée maximale de deux ans. Les infractions à l’article 79 de la même loi entraînent une peine de six mois à un maximum de sept ans.

Quelles organisations australiennes sont protégées par cette loi ?

Selon un groupe de rapporteurs spéciaux des Nations Unies, la définition “d’informations intrinsèquement préjudiciables” comprendrait des informations relatives à divers organismes de réglementation australiens. Ces agences, comme la Commission australienne de la concurrence et de la consommation, l’Australian Therapeutic Goods Administration et la Commission Australienne des Valeurs Mobilières et de l’Investissement, ont peu à voir avec la sécurité nationale. Ces définitions sont considérées comme un outrage dans la régulation de ce que l’information peut ou ne peut pas être publiée.

Les informations déjà publiées et publiées dans la sphère publique ne pourront être signalées que si le gouvernement australien autorise l’information. Si le gouvernement n’a pas autorisé l’information, les journalistes peuvent être condamnés à des peines d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à quinze ans, conformément au paragraphe 122.1 (2) du projet de loi.

Rien dans le projet de loi n’indique qu’il faut savoir que l’information en possession est considérée comme une «information intrinsèquement préjudiciable» à poursuivre.

Le projet de loi décrit les défenses disponibles contre les violations potentielles, cependant les organisations du droit et les groupes de défense des droits humains ont considéré ces défenses comme faibles et sans signification réelle, laissant les journalistes et leurs collègues à risque de prison pour faire leur travail.

Réponse des médias australiens

Comme on pouvait s’y attendre, la réponse des médias australiens n’a pas été accueillante. Les soumissions au Comité mixte du renseignement et de la sécurité du Parlement, disponibles en ligne, montrent que sur 36 communications de particuliers, d’organisations nationales et d’organisations internationales, une écrasante majorité est négative et critique à l’égard de l’amendement.

Les Joint Media Organizations ont soumis une analyse approfondie du projet de loi au secrétaire du Comité parlementaire mixte du renseignement et de la sécurité à la fin du mois dernier. Invoquant les défenses proposées pour violation du projet de loi ainsi que les définitions juridiques «étroites et subjectives», vexantes et inquiétantes, le JMO a décrit ce qu’il considère comme des «problèmes graves» dans le projet de loi et les recommandations proposées.

L’identité des dénonciateurs anonymes serait également menacée en vertu d’une nouvelle intersection avec la Loi sur les télécommunications (Interception et accès).

“Les pouvoirs conférés par la loi TIA d’accéder aux métadonnées des journalistes pour identifier une source de dénonciateur – en violation de l’obligation du journaliste de protéger l’identité d’une source confidentielle – peuvent être utilisés pour identifier les sources dans ces circonstances”, selon le JMO.

Les organisations de médias ont déclaré que les conséquences du libellé du projet de loi et des peines d’emprisonnement proposées «intimident les organes de presse d’être les premiers à publier en leur imposant tous les fardeaux – menant à un refroidissement considérable du journalisme d’intérêt public». “Le résultat est qu’un examen juste et un rapport d’intérêt public est de plus en plus difficile”.

Réponse internationale

Alors que le projet de loi prétend «réformer les infractions au secret du Commonwealth, en garantissant qu’elles criminalisent adéquatement les fuites d’informations nuisibles tout en protégeant la liberté d’expression», les organisations des Droits De l’Homme partout dans le monde ont condamné le projet de loi.

Un groupe de rapporteurs spéciaux des Nations Unies du Conseil des Droits De L’homme a transmis ses commentaires au Comité parlementaire mixte du renseignement et de la sécurité. Ils ont soumis un cadre de révision du projet de loi conformément aux normes relatives aux droits de l’homme, comme indiqué à l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que l’Australie est tenue de respecter.

Selon le mémoire, les infractions créées dans le projet de loi, de même que les définitions trop générales, «portent indûment atteinte au droit à la liberté d’expression».

La présentation des Nations Unies soulève une préoccupation selon laquelle la simple expression d’une opinion sur une question jugée «fondamentalement préjudiciable» entraînerait une violation et une peine d’emprisonnement subséquente. Human Rights Watch a soumis une vérification de l’amendement proposé, affirmant que le projet de loi criminalisent «les actions légitimes des dénonciateurs, des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme».

La présentation de HRW souligne l’importance des lanceurs d’alerte dans une démocratie, et à quel point il est essentiel de protéger leurs droits. En révélant l’inconduite du gouvernement, un comportement contraire à l’éthique ou des violations de la responsabilité, les dénonciateurs jouent un rôle crucial dans la responsabilité du gouvernement.

Une censure analogue au régime autoritaire ?

Décrivant l’amendement proposé comme «suivant les étapes de pays répressifs tels que le Cambodge et la Turquie», le HRW affirme que les lois d’espionnage ont été utilisées pour intimider et censurer les journalistes et les activistes qui critiquent le gouvernement dans des régimes oppressifs.

Les licences de diffusion de deux stations de radio diffusant des programmes étrangers (Voice of America, Radio Free Asia (RFA)) ont été révoquées en 2017, et deux journalistes de RFA ont été accusés d’espionnage pour avoir fourni des informations à la compagnie de radio.

Un cinéaste australien, James Ricketson, a été emprisonné par des responsables cambodgiens et détenu pendant près de neuf mois. Il a été détenu sous des accusations d’espionnage en juin dernier.

En 2016, des responsables turcs ont arrêté et inculpé deux journalistes, Can Dündar et Erdem Gül, pour espionnage, pour avoir publié un reportage et des photographies sur des obus de mortier, des lance-grenades et des munitions trouvées dans un camion turc en Syrie en 2014.

Les soumissions du Centre des droits de l’homme, de l’Australian Lawyers Alliance, du Law Council of Australia, des Australian Lawyers for Human Rights, du Comité international de la Croix-Rouge et de la Croix-Rouge australienne et de Digital Rights Watch soulèvent des préoccupations similaires.

Reporters Sans Frontières a aussi publié une déclaration condamnant l’amendement. Ils déclarant que l’aspect le plus préoccupant du projet de loi est “la définition qui est faite de l’espionnage, qui ne consisterait pas à transmettre des informations classifiées, mais simplement à recevoir”.

 

Si ce projet de loi est adopté, la menace d’être emprisonnée est réelle, et a déjà un précédent dans le monde, selon le Centre des Droits de l’Homme. “Ce type de législation n’a pas sa place dans une démocratie, le gouvernement doit rester ouvert et la liberté d’examiner le gouvernement nécessitent d’être maintenus, et ceux qui exposent des actes répréhensibles doivent être soutenus et protégés”. On constate aisément que l’esprit de la loi est difficilement compatible avec les Droits De l’Homme et la liberté d’expression. 

Comment naissent les télévisions algériennes privées ?

La majorité des rapports et autres études parus ces dernières années sur la situation de la presse en Algérie mettent l’accent sur l’émergence de la presse en ligne et des chaînes de télévisions privées. Elles soulignent également le fait que cette évolution a induit le recul de la presse traditionnelle qui connaît une érosion galopante de ses ventes et de son audience. Mais le sujet dont on parle beaucoup moins concerne les entreprises propriétaires des nouvelles chaines de télévision. Hormis quelques cas, comme celui du groupe Haddad, d’Echourouk et d’Ennahar TV, on ne dispose pas d’informations sur les profils des nouveaux patrons.

Pourtant la question revêt son importance, car la liberté de la presse pâtit souvent de la proximité entre les médias et les puissances d’argent. Mondialisation oblige, on peut dresser un parallèle avec le système médiatique qui prévaut dans certains pays d’Europe. L’entreprise économique qui se taille des empires médiatiques y est soupçonnée souvent de contrôler l’action du gouvernement.

En Algérie, c’est le gouvernement qui est soupçonné de contrôler l’entreprise économique. Et pour cause, dans ce pays, la sphère économique dominée par la rente pétrolière se confond presque avec la sphère politique. Chaque baronnie dispose de ses capitaines d’industrie dont il serait vain de tenter de démêler l’écheveau des interactions entre les réseaux d’affaires et les réseaux étatiques.

La chaîne privée Ennahar TV, dirigée par Mohamed Mokaddem alias Anis Rahmani a eu l’exclusivité de diffuser les images des otages lors de la prise d’assaut par les terroristes islamistes du complexe gazier d’In Amenas, dans le Sahara algérien.

Le Courrier International du 19 juin 2013 rapportait que “certains s’interrogent sur les relations entre les Mokeddem et les forces de sécurité, qui ont longtemps dicté la politique du pays”. Tout compte fait, ces baronnies s’arrangent pour ménager la place qu’aux seuls acteurs dont elles s’assurent au préalable de leur loyauté. Elles écartent, en revanche, tous les prétendants qui présentent une certaine aisance financière et qui sont susceptibles de manifester de la résistance. C’est ainsi que peut s’expliquer l’échec du rachat par l’industriel Rebrab du groupe de presse El Khabar et de la chaîne de télévision KBC.

Cet exemple illustre le rapport de force entre l’économie rentière et l’économie de production. L’homme qui a pu reprendre, à coup de millions d’euros, le groupe électroménager français FagorBrandt, ne peut s’offrir une chaîne de télévision chez lui. Mais il arrive aussi que les détenteurs de la décision commettent des erreurs d’appréciation en octroyant un agrément à un média dont ils n’auront pas remarqué à l’avance le caractère ingérable. Au moment venu, la sentence tombe comme un couperet : la télévision incriminée est fermée. C’est ce qui est arrivé à El Watan TV et à Al-Atlas TV.

“Depuis l’ouverture du champ audiovisuel, nous assistons au sacre du sensationnalisme et de la médiocrité. La majorité écrasante des chaînes de télévision privées caressent dans le sens du poil le conservatisme ambiant et reproduisent les préjugés négatifs les plus réducteurs de la société algérienne” déplore Abdou Semmar, rédacteur en chef du site électronique Algériepart et animateur d’émissions télé.

Incarnant en Algérie la nouvelle génération de journalistes initiés aux multimédias, Abdou Semmar a réalisé la gageure de devenir un des personnages les plus populaires de la profession alors que ce privilège était réservé aux journalistes de football. Une des émissions qu’il animait sur Beur TV en décembre de l’année écoulée a soulevé un tollé général.

Sur le plateau, un invité insolite : Saïd Djabelkhir, un chercheur en théologie islamique remettait en cause l’authenticité de certains hadiths (dits) du prophète Mohamed. Des menaces de mort n’ont pas alors tardé à pleuvoir sur la rédaction. Il y a trente ans, traiter d’un tel sujet relevait du domaine de l’impossible. Pourtant l’idéologie de l’islam fondamentaliste paraît avoir accompli ces dernières années des progrès notables dans le pays. C’est sans doute, l’émergence au niveau international de Daech qui cristallise une forme religieuse rédhibitoire ; qui a dû rendre possible un tel débat.

La société algérienne, certes est bloquée par des pesanteurs sociales intenses, mais les couches les plus modernisées peuvent espérer avoir trouvé la brèche suffisante pour provoquer, à plus ou moins brève échéance, les transformations allant dans le sens qu’elles souhaitent.

Les blogueurs, témoins des aspirations des minorités

La montée en puissance de l’Internet, a favorisé le journalisme des blogueurs. A l’affût de ce qui se passe dans leur entourage, ils montre un état d’esprit qui continue d’étonner. Amroune Layachi, militant des Droits de l’Homme et auteur du blog hogra en Algerie (Injustice en Algérie) en est venu à cette forme d’expression après un parcours des plus chaotiques.

Ancien cadre des impôts, il fut victime d’une cabale qui le conduira à faire un séjour en prison. Très remonté contre ses détracteurs, cet ancien fonctionnaire a certainement dû prendre la mesure de la passion fusionnelle et passionnelle que vouent les autorités, voire également une partie de la société algérienne, à l’égard de la cause palestinienne. Un tantinet impertinent, Amroune Layachi va prononcer ce qui s’apparente à une “auto excommunication symbolique” en demandant publiquement au ministère des Affaires étrangères de lui accorder l’autorisation de changer de nationalité au profit d’Israël.

Il expliquera plus tard, que c’était “un coup de gueule pour attirer l’attention sur lui”. Dans sa petite ville de M’sila, à 250 km au sud-est d’Alger, son blog s’est intéressé, aux athées, un sujet, relève-t-il dont aucun journal ne veut alors que le phénomène existe réellement.

“J’ai été le premier à aborder l’affaire de la secte des Ahmadites avant même qu’Amnesty international ne s’empare du sujet” confie-t-il. Son blog a également dénoncé la profanation du cimetière juif local “de la part de la mafia du foncier”. En 2016, le bloggeur doit affronter une condamnation émanant de la Justice pour offense au président de la République sur Facebook et le blog Hogra.centerblog.

Soutenu par la Ligue algérienne des Droits de l’Homme dont il était membre à l’époque, le bloggeur s’en sortira avec une amende de 80 millions de centimes (5700 euros environ). Mais les bloggeurs n’ont pas tous le parcours de Layachi. Aucune association ne peut leur venir en aide, ils sont contraints d’activer à leurs risques et périls. “Les bloggeurs dérangent. Le pouvoir judiciaire s’abat sur eux pour étouffer leurs voix” observe Abdou Semmar. Pour lui “la liberté d’expression est encore plus contrôlée par rapport à l’ancienne presse écrite”.

Il énumère les noms des bloggeurs emprisonnés dont un décédera : Mohamed Tamalt “mort en prison dans des conditions très floues en décembre 2016”, Merzoug Touati, animateur du blog Alhogra et Youcef Ould Dada bloggeur de Ghardaïa “qui ont diffusé une vidéo de ce qui semble être un flagrant délit de vol commis par des officiers de police”. “Les pages Facebook sont devenues de véritables médias où les informations qui ne peuvent paraître dans la presse classique sont diffusées à une large échelle” analyse le journaliste d’Algériepart.

Plus de 50 chaînes de télés

Avec plus de ses 50 chaînes “privées » (voir le site Satexpat qui récapitule les fréquences par satellite et par pays), le paysage télévisuel algérien donne l’impression d’être riche et diversifié. Pourtant cette configuration ne suscite guère d’enthousiasme auprès des acteurs qui caressent le rêve de lancer une télévision digne de ce nom. S’apprêtant à lancer une chaîne d’expression berbère, la TQ5 Média, un groupe d’émigrants kabyles au Québec préfère lancer le projet depuis la terre d’accueil.

La mire de cette nouvelle chaîne est apparue sur les écrans le jour de l’an berbère, correspondant au 12 janvier 2018. La constitution algérienne révisée en 2016 a consacré le berbère comme langue nationale et officielle à côté de l’arabe. Mais les données sur le terrain ne présagent pas d’un changement notable de politique.

“Cela nous aurait coûté beaucoup moins cher de lancer la chaine à Alger qu’au Québec” nous confie Rachid Ait-Ali Oukaci, directeur de communication de TQ5 Média. Le sigle TQ5 est un acronyme qui fait explicitement référence à taqbaylit (kabyle), le chiffre 5 renvoyant lui-même à un symbolisme berbère ancien. “L’idée ne nous a même pas effleurés de nous adresser aux autorités algériennes. De toutes façons, nous n’aurions jamais osé, il n’y a pas de démocratie ni de liberté d’entreprendre. Rien que d’entendre le mot kabyle, ils vont nous sortir tout un arsenal d’obstacles” soutient-il.

L’émigration kabyle en Europe et depuis les années 2000 au Québec, a tendance à se constituer en une bourgeoisie extraterritoriale dont une partie du capital économique fait retour à la région natale. Depuis peu, grâce à l’arrivée dans ses rangs d’un personnel universitaire, elle a commencé à s’initier aux techniques de lobbying. Ce qui explique le succès d’un certain berbérisme.

Ce n’est pas un hasard si la première chaîne de télévision privée d’expression berbère, Berbère télévision a vu le jour dans l’année 2000 à Paris. Le courant islamiste algérien n’a pas réussi à produire quelque chose de comparable. Sans doute parce que, porté par son idéologie, il est prêt à se diluer dans l’espace mythique d’un Orient fantasmatique.

Certes, on lui attribue une chaîne télé Al Magharibia qui émet à partir de Londres, mais le lien entre la diaspora londonienne et l’Algérie n’est pas du tout probant. Le budget de lancement de TQ5 Média est évalué à 850.000 $. Les promoteurs préconisent de rassembler cette somme grâce à des campagnes de dons et l’actionnariat. “Il est plus facile de lancer une TV au Mali qu’en Algérie” ironise Ait-Ali Oukaci. “Ils ne veulent pas qu’on sorte de la religion, nous, on veut parler de science, de technologie, d’environnement et d’économie, tout cela leur fait peur” tonne le responsable de TQ5 Média.

Ce dernier se défend de mettre en place une télévision du MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, NDLR). Et d’expliquer : “Notre effort est axé sur la Kabylie mais nous espérons un effet boule de neige qui va inciter les autres communautés berbérophones à prendre exemple sur nous. A terme cela donnera, j’en suis convaincu, naissance à un audiovisuel berbère”.

Fais le ménage dans ta chambre !

Billet du panda Yuan Meng

Fais le ménage dans ta chambre !

En tant que panda exilé en France, j’ai des trucs à dire sur ce que je vois. Tout panda que je suis, je ne me contente pas de mâcher mon bambou et de laisser aller. Ben, non ! Maintenant c’est de mon avenir qu’il faudrait causer.

Je l’ai encore indiqué l’autre jour à un élu de la Nation qui est venu me rendre visite (c’est la mode de venir me voir, surtout quand il y a des caméras) : “Faudrait songer à réfléchir à mon avenir tout même. Je ne vais pas rester là jusqu’à ce que mort s’ensuive… et puis ça ne me dit rien d’être un jour renvoyé en Chine, de toute façon”.

Prisonnier comme un panda dans parc

Il a paru surpris, le gars. Je l’ai dérangé juste avant l’heure de l’apéro. Excuses. Il m’a demandé de quel droit je me permettais d’avoir une opinion sur mon propre sort. Je lui ai répondu que son sort à lui aussi m’inquiétait : j’ai peur que la surdité et l’aveuglement ne finissent par le neutraliser, de sorte qu’il se retrouve lui-même enfermé dans son handicap, comme un panda dans un parc, tu vois.

Dans la même chambre

Je lui ai dit : “on habite dans la même chambre, on est dans la même barque…” tout ça, tout ça… des banalités, quoi … mais bon, il n’a pas eu l’air de saisir. Je ne voudrais pas que vous pensiez que je comptais alors baisser les bras, aussi poilus soient-ils. Alors j’ai conclu : “commence par faire le ménage dans ta chambre et tu verras qu’il y aura de la place pour nous deux…c’est ça le problème : le ménage…Si tu optes plutôt pour la construction d’un mur devant ta porte (je sais que tu y songes)  tu vas te retrouver emprisonné… une fois encore : comme un panda au zoo”.  

Du business garanti

Et puis j’ai ajouté : “ensuite, quand tu m’auras aussi enseigné ta langue, tes us et tes coutumes, je te serai enfin utile, sois en certain. Je ne suis pas une larve : je suis un panda. Même enfermé, d’ailleurs, j’apporte déjà du business à ton pays, non ?”.

Je lui aurais bien pondu un dessin mais je n’ai pas encore appris. T’as un crayon, nom d’un bambou ?

Crédit : Sylvie Howlett

Yuan Meng

(Traduction de Denis PERRIN)