«Nous aurons toujours Paris»

[Par Jesús ZÚŇIGA, journaliste cubain]

Traduit de l’espagnol au français par Marta Alvarez Izquierdo
Article original en espagnol Zuniga_es

Marine Le Pen, leader du Front National, lors de la victoire aux européennes

La leader du Front National, Marine Le Pen, vue comme nouvelle Jeanne D’Arc, lors de la victoire aux européennes (frontnational27.com)

C’est confirmé. En France, les élections européennes ont été un véritable séisme politique. Il ne s’agit pas d’une vague bleue ou rose, mais plutôt d’un véritable tsunami bleu Marine qui, ce dimanche, est passé au dessus des principaux partis politiques traditionnels de la Vème République en France, et du Président François Hollande en particulier qui, depuis son arrivée au pouvoir en 2012, a déçu presque tout le monde.

Avec 24,85% des voix selon les chiffres définitifs du Ministère de l’intérieur français, la victoire du Front National (le parti d’extrême droite) lors des élections européennes qui viennent d’avoir lieu fait du FN le premier parti politique de France ainsi que le grand vainqueur de ces élections à dimension européenne.

Même si la victoire du parti d’extrême droite de Marine Le Pen n’est pas une surprise puisque différents sondages d’opinion publique l’avaient anticipée depuis plusieurs semaines, son ampleur est surprenante et devient un avertissement, encore un pour François Hollande dont la gestion du pays n’est approuvée que par 11% des français. Il est aujourd’hui le Président le plus impopulaire de la Vème République, conséquence de ses médiocres démarches économiques (malgré ses promesses), mais aussi dû à un taux de chômage élevé pour les standards nationaux : 10,2%. Le déclin du mode de vie français et l’avancée de l’extrême droite, allant jusqu’à se placer en première force politique pour la première fois dans l’histoire, ce n’est pas une mince affaire.

La France est un des six pays fondateurs de l’Union Européenne. Il s’agit de la quatrième puissance économique du G-8 après les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, ou de la cinquième si l’on tient compte de la Chine. Avec 68 millions d’habitants, elle représente seulement 1% de la population de la planète, mais elle détient 3,1% du PIB mondial. Il s’agit du troisième pays récepteur d’investissements étrangers, le deuxième fournisseur de services, le deuxième exportateur de produits agricoles et agroalimentaires, la quatrième puissance commerciale (quatrième exportateur et cinquième importateur), et elle occupe la cinquième place en ce qui concerne la production industrielle. C’est, de plus, la première destination touristique du monde. Et pourtant, la crise économique, politique et culturelle que subit le pays a poussé ses habitants à « s’asseoir sur le divan » : les français voient comment leur fameuse qualité de vie s’évanouit, une véritable histoire de succès social difficilement comparable. Dans une société dans laquelle on conçoit le débat public comme un des « beaux arts », la désaffection politique s’enracine.

En France, de la même façon que dans le reste de l’Europe, les populismes recueillent les fruits du mécontentement, du chômage grimpant, et des conséquences d’une effrayante crise économique qui a laissé derrière elle beaucoup de victimes et provoquée le divorce entre les hommes politiques et les citoyens.

Marine Le Pen, probablement la politicienne avec le plus d’habileté pour percevoir les ressentis de la rue, a pris le relais du FN en 2011, et a depuis constamment recyclé le discours populiste d’extrême droite du parti, en arrivant même à le rendre acceptable pour l’extrême gauche, en plagiant même certains fameux intellectuels anti-globalisations qui ne partagent pas les thèses du Front National. Résultat : Essor incontrôlable du FN et effondrement du Parti socialiste (13,98% des voix).

Non seulement elle est un des leaders politiques les plus appréciés par ses compatriotes, mais en plus, Marine Le Pen et le FN détiennent en ce moment 14 mairies et 71 départements en France. « Il y a six ans, on pensait qu’on était mort » déclarait-elle sur BFMTV le dimanche 25 mai. On estime que 38% de ses électeurs appartiennent à la classe ouvrière, et même si cela semble incroyable, ils sont en train de gagner des sympathisants parmi les français issus de l’immigration, surtout des jeunes, d’après les résultats que le parti a eu à Marseille et dans le nord. Et ceci est dangereux car la recette économique et sociale de Marine Le Pen pour « sauver » la France est de freiner l’immigration, mettre en place le protectionnisme et abandonner l’euro et l’Union Européenne.
En pensant à 2017, le véritable objectif de madame Le Pen, certains pensent déjà qu’une répétition de l’épisode de 2002 afin d’empêcher la victoire du FN ne serait pas insensée, même si sa performance lors des élections du dimanche 25 mai n’a provoquée aucune réaction collective en France.

Si la classe politique européenne et française ne réagit pas, même si la droite conservatrice et la gauche social-démocrate sont toujours majoritaires à Bruxelles, Marine le Pen démentira Bogart dans « Casablanca » : « Nous aurons toujours Paris ». Et si cela se produit, comme il dit à Bergman : « On le regrettera, peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas demain, mais bientôt, et pour toujours. ».

En fin de comptes, la France a toujours été un laboratoire de l’avenir. Pour le bien et pour le mal.

Qui a dit que nous voulions rentrer en Palestine ?

Article de Mohammed Sha’ban, palestinien-syrien
Traduit de l’arabe au français par Aline Goujon
Article publié en arabe sur www.alaraby.co.uk

La distance qui me sépare de la Palestine me paraît si grande, autant qu’est éloignée la libération de la Palestine des intentions de ceux qui parlent en son nom. Le dernier moyen grâce auquel nous avions une idée de notre éloignement par rapport à la Palestine était celui que nous ont communiqué nos grands-parents : le nombre de nuits qu’ils avaient passées à dos d’âne ou, au meilleur des cas, de cheval.

Cartoonist : Hani Abbas

Cartoonist : Hani Abbas

Jusqu’à un beau jour de l’année 2008 où un ami m’a fait connaître le logiciel Google Earth, qui existait alors déjà depuis environ trois ans. Il se trouve que le logiciel avait récemment été enrichi d’un nouvel outil permettant de mesurer la distance entre un point et un autre de la surface de la Terre.
Je me suis mis à tester cette invention stupéfiante, en choisissant des lieux au hasard, parfois entre plusieurs États, d’autres fois entre plusieurs continents. Jusqu’au moment où j’ai appris, pour la première fois, la distance entre notre maison du campement de Yarmouk, au sud de Damas, et mon village palestinien occupé (Firim, dans la région de Safed) : 97 kilomètres seulement.
Quatre-vingt-dix-sept kilomètres qui m’ont conforté de plus en plus dans l’idée que nous sommes tout aussi colonisés que la terre, et m’ont fait prendre conscience de l’étendue du territoire que nous perdons à la suite de chaque discours ou sommet arabe au cours duquel est évoquée la Palestine.
Nous atteignons aujourd’hui le soixante-sixième anniversaire de la Nakba (défaite palestinienne contre Israël), dans un climat manifeste d’indifférence et de négligence concernant cet événement. Pire, les réfugiés palestiniens sont traités de la façon la plus ignoble, dans les pays frères-ennemis. Leurs pièces d’identité ne sont pas reconnues, voire, dans de nombreux endroits, ceux qui possèdent de tels papiers font l’objet de soupçons ou sont considérés comme des criminels, ce qui les conduit à être expulsés ou emprisonnés. Les exemples de tels cas ne manquent pas.
Oui, cela fait longtemps que nous avons quitté le pays pour la première fois, mais, pour ceux qui n’ont pas encore compris, je déclare à messieurs les acteurs du conflit israélo-arabe (gelé) :
Moi, citoyen palestinien réfugié pour la quatrième fois en 28 ans (en Syrie, Libye, Syrie à nouveau, au Liban, et à présent en France), bien qu’appartenant à la troisième génération depuis la Nakba et ignorant tout de la géographie des pays, je continue à plaisanter avec mon ami en lui disant : « Chez vous, à Safed, le sol de la ville est pavé de dalles », et lui me répond : « Chaque nuit, la mer est criblée de balles, chez nous, à al-Tira ».
Non, nous ne voulons plus rentrer en Palestine, parce qu’en réalité elle ne nous a jamais quittés.

 

Dans la carte ci-dessus, l’itinéraire le plus rapide entra Yarlouk et Safed conseillé par Google Heart. Au même temps, vous pouvez vois le vrai distance entra les deux villes : juste 97 Km.

Dans la carte ci-dessus, l’itinéraire le plus rapide entra Yarmouk et Safed conseillé par Google Earth. Au même temps, vous pouvez voit le vrai distance entra les deux villes : juste 97 Km.

 

 

 

 

Passeport universel : une idée révolutionnaire

[Par Makaila NGUEBLA]

C’était deux jours avant le score « coup de tonnerre » du Front National aux élections européennes. De nombreux militants associatifs et des responsables politiques étaient mobilisés ce vendredi 23 mai afin de plaider pour le passeport de citoyenneté universelle. Cela fait trois ans que la Fondation France Libertés, le mouvement Emmaüs International et le mouvement UTOPIA militent pour ce projet. Loin des programmes nationalistes de l’extrême droite, ce passeport humaniste a pour vocation de résoudre l’épineuse question de la liberté de circulation et de favoriser le droit à la résidence dans le monde.

makaila4

Le ton était ferme et solennel vendredi matin à l’Hôtel de Ville de Paris.
Tour à tour, les intervenants ont pris la parole afin de plaider pour la même cause: le droit au passeport de citoyenneté universelle. Ce document hautement symbolique permettrait de décloisonner les frontières.
Une idée revendiquée par l’Organisation pour une Citoyenneté Universelle (OCU), fondée par Emmaüs International, France Libertés – Fondation Danielle Mitterrand et le Mouvement Utopia. Le projet de ces associations françaises de défense du droit des étrangers est fortement soutenu par la maire de Paris en personne, Anne Hidalgo, ambassadrice de l’OCU. La femme politique est d’ailleurs elle-même originaire d’Espagne et détentrice de la double nationalité française et espagnole. Elle n’a pas pu être là, mais elle était représentée par Hermano Sanchez Ruivo, conseiller de Paris et du 14ème arrondissement.

« La ville de Paris porte en son sein depuis des milliers d’années, cette idée de mobilité et d’accueil. Elle s’implique parce qu’elle est la ville où habitent des milliers de personnes. » a-t-il déclaré au nom d’Anne Hidalgo. Et d’ajouter : «  L’idée de Passeport universel et l’idée de citoyenneté universelle pourraient simplifier tellement la vie de milliards de personnes ».
Plusieurs militants associatifs se sont également exprimés pour expliquer les raisons de leur engagement au sein de l’Organisation pour la Citoyenneté Universelle (OCU).

Jean Christophe de la fondation France Libertés a expliqué que son association visait à favoriser la libre circulation dans le monde entre les personnes.
Dans un contexte où l’ouverture des frontières fait peur en Europe et attise des crispations, David Flacher, porte-parole du mouvement UTOPIA a expliqué que la migration avait des avantages aussi bien pour les pays d’accueil que pour les pays d’origines des migrants. Il a ainsi appellé à la tenue sous l’égide des Nations unies d’une conférence internationale sur la libre circulation et à une politique migratoire humaniste et réaliste.

Les membres de l’Organisation pour la Citoyenneté Universelle (OCU)

Les membres de l’Organisation pour la Citoyenneté Universelle (OCU)

Jean Rousseau, président d’Emmaüs International, a pour sa part fustigé la politique migratoire des pays européens, dénuée selon lui de réflexion et incapable de protéger les personnes.
« Il faut que se construise un espace pour repenser les débats sur les migrations » a ajouté de son côté, Nathalie Pere Marzano, déléguée d’Emmaüs International.

La journée s’est terminée par une remise à titre symbolique de passeports de citoyenneté universelle à des personnalités politiques ou des artistes pour leur engagement en faveur de la citoyenneté universelle. Un moment particulièrement émouvant
Parmi les bénéficiaires: le député européen Daniel Cohn-Bendit. Les larmes aux yeux, il a appelé à l’ouverture de la tête et des coeurs. L’homme politique a vécu une situation d’apatride durant quatorze ans, c’est-à-dire sans nationalité ni pays.
Les autres « citoyens du monde »: l’écrivaine Taslima Nasrin, Rona Hartner, artiste franco-roumaine, Reza Deghati, reporter-photographe, Tiken Jah Fakoly, artiste ivoirien et Miguel Angel Estrella, pianiste argentin.

Tous ont déclaré être honorés et avoir retrouvé leur dignité individuelle et collective par la délivrance de ce passeport de citoyenneté universelle.

Cissokho Ansoumana, porte-parole des sans-papiers

Cissokho Ansoumana, porte-parole des sans-papiers

Cissokho Ansoumana, porte-parole des sans papiers avait reçu l’année dernière ce passeport de citoyenneté universelle, c’était lors de la première édition. « Seul l’Etat de l’Equateur reconnaît ce passeport et autorise à ses détenteurs de rentrer sans visa. » a-t-il fait remarquer, étonné.

Les organisateurs de l’événement ont lancé un appel pour que les participants fassent connaître le passeport de citoyenneté universelle auprès des élus et des mouvements altermondialistes.

Une campagne sera menée à travers le monde auprès des représentants diplomatiques, des institutionnels et des organisations internationales pour étendre l’initiative à l’échelle planétaire.

Congo, le viol est devenu banal : Chouchou Namegabe à l’Oeil de l’exilé

[Propos recueillis par Larbi GRAÏNE]

Mme Chouchou Namegabe qui se définit comme journaliste « formée sur le tas » se bat depuis des années pour mettre fin au viol des femmes en République démocratique du Congo (RDC). Elle a crée 26 clubs radiophoniques pour initier les femmes rurales au journalisme radio à même de leur permettre de répercuter la voix des victimes. Elle dénonce le silence des médias internationaux sur cette question. Nous l’avons rencontrée à Bordeaux lors de la cérémonie de la remise du prix Albert Londres le 12 mai dernier. Entretien.

Photo par afemsk.blogspot.fr

Photo par afemsk.blogspot.fr

L’Œil de l’exilé – Vous dénoncez le viol sur les femmes utilisé comme arme de guerre, selon vous qui en sont les auteurs ?

Dans la majorité des cas, les viols sont commis par les FDLR (Forces démocratiques et de libération du Rwanda). Ces troupes sont celles-là mêmes qui avaient commis le génocide du Rwanda. Elles avaient été débarquées au Congo avec armes et munitions avec la bénédiction de la communauté internationale. Ceux qui usent de violence comme arme de guerre contre les femmes ont des idées derrière la tête : pousser la population à quitter les endroits qui regorgent de minerais ou qui renferment des terres fertiles. Derrière cette extermination par le viol de toute une communauté, il y a une cause économique profonde.
Les guerres sont connues comme étant des moments où explosent les viols, est-ce à dire que dans votre pays ces viols présentent quelque chose de spécifique ?
Absolument. Il ne s’agit pas seulement de viol. Si c’était du viol uniquement on n’aurait pas eu recours à la destruction du vagin de la femme. Au début, je pensais que les militaires commettaient ces viols pour assouvir un désir sexuel comme cela arrive en période de guerre, mais ce n’est pas le cas. Les témoignages que nous recueillons sont horribles. Les violences s’accompagnent d’atrocités à premières vues incompréhensibles. On procède de la sorte, pas pour tuer. Après avoir commis leur forfait, les soldats introduisent des branches d’arbre dans le vagin de ces femmes jusqu’à les faire hurler de douleur, ils y introduisent aussi de l’essence et mettent le feu jusqu’à brûler l’utérus. Ensuite ils éteignent le feu avant de laisser leurs victimes se tortiller dans leurs blessures. Le viol est utilisé comme technique de stérilisation pour détruire l’origine même de la vie, on va jusqu’à boucher l’orifice par lequel l’enfant vient à la vie. Des mères de familles de trois ou quatre enfants ont subi le même sort. Pis, elles voient leurs gosses abattus, découpés en morceaux avant d’être obligée d’en manger la chair. Ces actes abjects visent à punir par le biais des femmes les futures générations. On viole même les bébés. Une petite fille qui vient de naître, qui ne connait même pas ce qu’est la vie, on l’a détruit. C’est ignoble, incompréhensible. Et cela dure depuis 20 ans. Des milliers de femmes ont subi ces viols. D’après les dernières statistiques officielles, en moyenne quatre femmes par jour subissent des agressions sexuelles. Vous savez, il n’y a pas d’établissements psychiatriques à même de prendre en charge ces victimes et je me demande quel sera l’avenir de cette population.
Que font les autorités face à ces énormités ?
Les autorités disent qu’elles sont conscientes du problème. Mais la population n’est pas protégée. Il y a plusieurs groupes armés qui opèrent à l’est de la république démocratique du Congo (RDC, NDLR). On en a identifié 36 à peu près. Parmi eux, il y a des groupes armés étrangers et des milices locales qui font la même chose à cause de l’impunité. Mais la majorité de cas de viol, est le fait des groupes armés étrangers. Tout le monde se tait, c’est une question taboue, même si les victimes commencent à parler, à dénoncer en faisant du bruit dans les médias. Il y a une grande banalisation qui s’est installée autour de la question. Finalement au Congo, ce n’est plus considéré comme un crime. A cause de l’impunité, les civils imitent désormais les groupes armés et en viennent à perpétrer la même violence. Pourtant la grande force des Nations-unis dépêchée au Congo (l’ancienne Monuc, rebaptisée Monusco (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo, NDLR) avait en 2010 un effectif de 17 000 hommes. Je ne comprends pas comment cette grande force si bien équipée et si professionnelle, si je puis dire, n’a pas su arrêter ce fléau.

Qu’en est-il de la police et des services de sécurité congolais ?
Comme vous le savez, il y a eu à l’est de la république démocratique du Congo plusieurs guerres à répétition, les rebelles avaient occupé des territoires, ce qui a fait que le pays avait été coupé en plusieurs morceaux. Il y a eu des moments où les autorités ont perdu le contrôle de la région orientale du Congo à cause de cette occupation. Des armées étrangères s’y déployaient dont la rwandaise, l’ougandaise, la burundaise, etc. Au final, la guerre au Congo a impliqué 11 pays, qui sont en fait tous les pays limitrophes. Il y a des territoires qui sont contrôlés par des milices, la police et l’armée n’y sont pas présentes, c’est pourquoi la population est vouée à son triste sort. Elle n’a personne pour la protéger. S’y ajoute le fait que l’armée congolaise est constituée d’un mélange d’éléments divers venus de partout. Il y a eu brassage, mixage, et intégration des rebelles et des violeurs d’hier, tous ces gens perpétuent ces crimes.

Vous avez donc créé une association qui regroupe les femmes des médias pour briser l’omerta qui pèse sur ces violations des droits humains…
Oui, nous avons conscience cependant que nous ne pouvons faire le travail du gouvernement. Notre rôle est de faire passer l’information. En tant que journaliste, on dispose de ce pouvoir. On a réfléchi à comment faire bénéficier ce pouvoir aux femmes pour faire entendre leurs voix. On leur a donné la parole et tendu le micro. Nous sommes toutes des journalistes formées sur le tas, faute d’école de formation en journalisme viables et professionnelles. On développe cependant des techniques de formation et de renforcement de nos capacités entre nous-mêmes. On profite des opportunités qui se présentent. Au cas où des journalistes sont de passage, nous organisons avec eux des stages au profit de nos journalistes apprenties. Nous travaillons surtout avec des femmes vivant en milieu rural car c’est à ce niveau qu’il y a beaucoup de problèmes. Notre objectif est de faire d’elles les porte-voix des victimes, et de leur faire jouer le rôle de relais auprès des autres femmes. Elles sont regroupées dans des noyaux clubs d’écoute, et elles reçoivent des cours sur toutes les thématiques possibles comme le journalisme, les droits humains, la démographie, la bonne gouvernance. La première chose qu’on a faite pour elles, c’est leur faciliter l’accès à l’information. On s’était rendu compte que la radio était l’apanage de l’homme. Les femmes n’y avaient pas le droit. Nous les avons dotées d’un poste récepteur car une personne informée n’est pas d’un même niveau qu’une personne qui ne l’est pas. Aujourd’hui ces femmes peuvent approcher les autorités. Elles partagent l’information, écoutent, échangent avec les autres.

Pourquoi avoir choisi la radio ?
C’est l’unique moyen que nous avons là-bas. La presse écrite n’y est pas très développée, vu que la majorité de la population est analphabète, il y a plus de 80 % de gens illettrés. Nous produisons des émissions radio, et nous payons pour qu’elles soient diffusées, c’est la voix des femmes que nous portons très loin.

Vous avez souligné l’aspect programmé, planifié de ces violences sur les femmes, à qui exactement vous faites allusion ?
Je pense que la responsabilité des pays voisins et des grandes compagnies est engagée. Vous pouvez vérifier sur internet en allant sur la bourse des matières premières, le Rwanda était le premier exportateur du coltan, lequel est le minerai qui sert à la fabrication des composants électroniques, notamment dans la téléphonie. Ils utilisent le viol comme arme de guerre afin de décimer toute une communauté et s’accaparer des ressources minières que renferme son territoire. Il y a un rapport qui a été publié par les experts des nations-unies qui détaille l’identité de ces compagnies. Cela dit, je me demande pourquoi les médias internationaux se murent dans le silence. Ils n’évoquent plus ce fléau qui détruit le Congo, alors qu’il s’agit d’un génocide planifié. Le viol a été décrété par l’ONU comme un crime contre l’Humanité. Plusieurs résolutions sur la lutte contre les sévices sexuels ont été adoptées par l’organisme onusien. Mais on peut regretter le fait qu’elles ne soient pas contraignantes. Malheureusement, on ne voit aucune action venir arrêter tout cela. Si les médias en parlaient, si une documentation importante se constituait là-dessus, on s’attaquerait à la vraie cause, car il faut une investigation sérieuse, bien fouillée, à même de changer les politiques.

L’Exode : de Pharaon à… Bachar el-Assad

[Par Ahmad BASHA]

Traduction de l’anglais par Aline GOUJON

Article publié en arabe sur Orient-news.net

Version anglaise traduite par Anne-Marie MCManus : The Exodus

 

سفر الخروج The Exodus from abou naddara on Vimeo.

La guerre est ainsi faite : elle modifie nos frontières émotionnelles habituelles et ouvre à la cruauté humaine des possibilités infinies de s’exprimer. Avec la guerre qui s’intensifie à chaque instant, les Syriens continuent de chercher, dans leur quotidien, tout ce qui peut leur apporter ne serait-ce qu’un sentiment minime de chaleur ou de sécurité. L’isolement profond extirpe les peurs personnelles de leurs cachettes. Elles deviennent alors un sentiment collectif, partagé, à la fois moteur et passif, qui s’installe sous la forme d’un large spectre dont le cœur bat indubitablement là-bas, sur les terres syriennes. Mais entre la Syrie intérieure, chaque jour davantage réduite au silence, et l’extérieur du pays, où s’entassent les valises des réfugiés, exilés, émigrés, expatriés et autres, les plus petits détails doivent bien passer, et insuffler aux vivants comme aux morts le vague sentiment que le froid qu’ils ressentent aux extrémités s’apparente à la mémoire, et que celle-ci, réciproquement, ressemble au froid.

Même le terme « tragédie » semble trop faible pour refléter l’étendue des destructions quotidiennes, qu’il s’agisse de vies, de villes, d’enfants, mais aussi des esprits. L’ombre de l’espoir s’estompe à mesure que l’aiguille représentant le bilan des victimes s’élève. L’aiguille tremble à chaque fois qu’un obus hostile heurte le mur où s’est réfugiée la peur et les réduit tous deux en ruines. Mais toujours la cruelle aiguille demeure affamée et repart à zéro, renvoyant le peuple faire la queue pour du pain, afin d’en faire une cible plus facile pour un habile pilote.

Quoi que soit ce que l’on convient –vainement– d’appeler la vie, elle est toujours prodigue de surprises. Elle étale devant nous des fragments d’histoires sur les enfants de la guerre et ses victimes, et c’est comme si l’espoir qui était né en nous pendant la première année de la révolution syrienne nous punissait et anéantissait la légitimité de notre rêve. La violence, dont les images s’accumulent sous nos yeux, atteint sa troisième année, laissant ses victimes en proie à des cauchemars qui les plongent dans le désarroi le plus total, cauchemars qui ont tôt fait de revenir commettre leurs péchés. Alors, la vision elle-même devient le péché – ou peut-être est-ce l’exact opposé. Il est difficile de mettre un nom sur tout cela, mais on peut tout à fait le rapprocher de l’histoire de ce petit garçon d’Alep qui apparaît dans le court‑métrage intitulé « L’Exode », récemment mis en ligne par le collectif de cinéastes Abounaddara.

Le scénario est le suivant : un enfant syrien, « le héros du film », qui doit avoir dix ans tout au plus, a entendu une rumeur selon laquelle il pourrait trouver le salut (« l’Europe ») en traversant la mer, mais aussi y réunir sa famille et ainsi la délivrer de l’enfer de la guerre qui frappe son pays. Il parvient à Alexandrie et se prépare pour la dernière étape de son voyage, la traversée en mer. Mais la malédiction le poursuit et, le jour précédant son départ, il change d’avis et appelle sa mère, lui disant qu’il ne veut plus partir et souhaite revenir parmi les siens.

Qu’est-ce qui l’a poussé à revenir sur sa décision ? Cet enfant triste, embarrassé face à la caméra, raconte son histoire avec peine. Dès le début du film, il explique avec son accent d’Alep et sa voix tremblotante, que son enfance lui a été dérobée. Il semble dénoncer, à quiconque le regardera : nous avons grandi trop vite, ou peut-être sommes-nous déjà vieux.

Aujourd’hui, il n’est en rien étonnant qu’un enfant aille à Alexandrie confronter son destin, celui de sa famille et sa propre enfance à l’immensité de la mer, où, s’il ne se noie pas, il sera touché par les tirs des garde-côtes. Il parait idiot de chercher des raisons logiques qui auraient conduit la famille à prendre une telle décision. Il faudrait donc replacer les choses dans leur contexte, mais la localisation n’est nullement indiquée, on ne sait pas où a eu lieu l’entretien avec le jeune garçon d’Alep, et s’il est finalement retourné ou non auprès de sa famille. Ces précisions ne sont peut-être absolument pas importantes. La seule certitude est qu’il est revenu sur sa décision après avoir fait un rêve.

Apparenter ce qu’a vécu l’enfant du film « L’Exode » à une histoire relève du luxe littéraire, et ce pour une unique raison : la violence exercée par el-Assad est bien pire que tout ce que peut concevoir l’imagination humaine. Parmi les récits de « L’Exode », beaucoup rappellent ceux que l’on trouve dans le Coran. Devant « L’Exode », on est assaillis par des visions façonnées par l’horreur du drame permanent. Dans « L’Exode », un enfant assis, vêtu de sa djellaba rayée, dit haut et fort : désormais, il n’y a plus de lois.

Le tragique, dans « L’Exode », nait à mesure que l’histoire prend forme dans l’esprit du spectateur, tant le non-dit l’emporte sur les faits rapportés. Si, admettons, le garçon avait réussi à traverser la mer et à parvenir de l’autre côté sain et sauf, cela aurait rendu le film plus palpitant, ou bien lui aurait conféré un ton plus mélodramatique. Mais au lieu de cela, nous nous surprenons à nous contredire en qualifiant d’œuvre cinématographique ce court film, fragment de vies opprimées, ou à tenter de trouver la frontière entre nos sentiments de confusion et d’empathie. Cela n’enlève en rien à sa valeur artistique, mais contribue à communiquer les émotions des réalisateurs, hantés par toute la terreur qu’ils ont imaginée et vue auparavant –qui agitera aussi l’esprit du spectateur – et qui les a poussés à décider de faire ce film. Car ce sont eux qui ont œuvré à transmettre cette histoire dont le héros est un jeune garçon qui a échappé à la mort à maintes reprises : une fois de la brutalité d’un pharaon, une deuxième fois en arrivant indemne à Alexandrie, et à nouveau (mais non pour la dernière fois) par son récent rêve.

Il n’est pas indispensable de couvrir l’écran de sang pour que les paroles aient un impact, ni de décrire la violence, de montrer cadavres, cercueils et blessés, ou encore de faire résonner les pleurs et les lamentations. Il suffit d’un enfant qui parle pendant trois minutes face à la caméra pour qu’un documentaire incarne la terrible réalité, avec sa symbolique, son intensité et sa cruauté. Ainsi, l’intervalle dans lequel on hésite à qualifier ces quelques images de film documentaire pourrait bien être la condition suffisante et satisfaisante pour définir tout documentaire réalisé en temps de guerre.

 

Paris aime ses kiosques : Le kiosque du 19ème aux couleurs de la Maison des journalistes

[Par Carole Attioumou-Serikpa]

Le kiosque de place colonel Fabien dévoué à la MDJ

Le kiosque de place colonel Fabien dévoué à la MDJ

Le kiosque de la place Colonel Fabien du 19ème Arrondissement a revêtu les couleurs de la Maison des journalistes (MDJ) dans le cadre de l’opération « Paris aime ses kiosques », ce jeudi 15 mai 2014. Ainsi, ceux qui feront le détour sur ce site verront le logo de la MDJ, c’est-à-dire, un carré rouge sur lequel il est imprimé en lettres noires et blanches « La Maison des Journalistes » en presque toutes les langues du monde. Cette deuxième édition à laquelle prend part la MDJ, vise à célébrer les kiosquiers de la capitale française, un peu en perte de vitesse du fait du développement accru des nouvelles technologies de l’information, et à montrer la place qu’ils occupent dans le secteur des médias. Ce qui a été relevé dans les différentes interventions des participants dont celle de Darline Cothière, Directrice de la MDJ. Elle a par ailleurs, gratifié l’auditoire de l’expérience de la maison qu’elle dirige, en matière d’accueil, d’assistance et d’accompagnement des journalistes exilés.

Pour sa part, Fatima Fourn, kiosquière de la place Colonel Fabien du 19ème, a fait observer que l’avènement des TICS ont effectivement entraîné de nombreux problèmes dans ce métier qu’elle exerce depuis plus d’une décennie. Conséquence directe, a-t-elle révélé la fermeture de 55 kiosques dans la région parisienne. C’est pourquoi, Fatima a salué cette initiative. Qui, à l’en croire, pourrait susciter un nouvel engouement chez les lecteurs.

Johnny Bissakonou, journaliste centrafricain en exil en France, raconte son expérience

Johnny Bissakonou, journaliste centrafricain en exil en France, raconte son expérience

Stéphane Bribard, Directeur de la Communication externe de Presstalis, partenaire de la MDJ, notamment sur le projet « Renvoyé spécial» a, quant à lui, réitérer sa confiance et son engagement vis-à-vis de cette institution. Et Jonnhy Bissakonou, journaliste centrafricain exilé, pensionnaire de la MDJ, intervenant à son tour, a édifié le public sur les raisons de sa présence en France. Ce journaliste blogueur, élu parmi les 100 héros de l’information, tout en rendant hommage à Camille Lepage, photojournaliste française assassinée le mardi 13 mai dernier en Centrafrique, s’est prononcé une fois de plus sur la question de la liberté de la presse et d’expression dans son pays.

La MDJ participe pour la première fois à l’opération « Paris aime ses kiosques », initiée par Mediakiosk en avril 2013.

Prix Albert Londres : Philippe Pujol et un trio sur le podium

[Par Larbi GRAÏNEenvoyé spécial à Bordeaux]

Le prix Albert Londres 2014, le plus prestigieux des prix francophones, a été décerné lundi 12 mai à quatre journalistes. Il s’agit de Philippe Pujol, du quotidien local « La Marseillaise » et de trois réalisateurs d’un reportage télé tourné en Afghanistan et au Pakistan et diffusé par France 2. Ce trio est formé du Pakistanais Taha Siddiqui et des Français Julien Fouchet et Sylvain Lepetit. Philippe Pujol, qui s’est vu donc attribué le prix de la presse écrite est un spécialiste des faits divers, le jury l’a choisi pour sa série de dix articles « Quartiers Shit » parue sur « La Marseillaise » tout au long de l’été 2013. Présidé par la journaliste Annick Cojean, le Jury a, cette année, opté pour Bordeaux quant à la remise du prix, cette ville ayant été l’un des ports d’où est parti Albert Londres pour réaliser ses reportages, dont beaucoup ont ciblé l’Afrique. L’édition de cette année est dédiée à l’ancienne présidente du Jury, Josette Alia, décédée le 1er mai dernier.

Philippe Pujol reçoit le prix Albert Londres

Philippe Pujol reçoit le prix Albert Londres (Nicolas Tucat/AFP)

Avant l’entame de la cérémonie de remise du prix qui devait se dérouler en fin de journée, on a écorché un peu et ce, devant un parterre d’étudiants de l’Institut de journalisme de Bordeaux Aquitaine (IJBA) la profession journalistique, comme on en a souligné également ses vertus. Il a fallu surtout coller à l’esprit de celui auquel la cérémonie est dédiée: Albert Londres et au prix qu’il a inspiré et dont la grave sentence : « mettre la plume dans la plaie », a été mise au fronton d’une série de conférences qui s’est étalée de 9h du matin jusqu’aux coups de 18 heures. Pour Annick Cojean, la cérémonie de remise de ce prix « est pour nous (journalistes, NDLR) une journée de dialogue ». En tout cinq conférences étaient au menu de cette manifestation, laquelle a tenté de rendre compte des conditions de la pratique du métier de journaliste sur une aire géographique s’étendant de la Syrie au Canada en passant par le Congo, la France et la Chine.

La Syrie, un conflit périlleux pour les gens des médias.
Jean-Pierre Perrin journaliste à Libération, spécialiste du Moyen- Orient et Michel Moutot, journaliste à l’AFP, ont essayé à propos de la Syrie de répondre à la question de savoir «comment couvrir le conflit le plus meurtrier pour les journalistes ? ». Les deux hommes ont séjourné à plusieurs reprises dans ce pays et le récit qu’ils en ramènent décrit une situation chaotique, insaisissable et opaque, faite de crimes à huis-clos. « On est toujours dans l’ignorance, on ne voit pas ce qui se passe au niveau même de l’opposition. On parle d’Abou Bakr Baghdadi, personne ne sait qui est-il, personne ne connait son âge, ni son lieu de naissance, je voudrais en faire un portrait, mais c’est impossible. C’est le miroir inversé de Ben Laden qui raffolait de passer sous les caméras, lui, il apparait toujours encagoulé, c’est l’homme qui n’existe pas. Le secret est voulu par toutes les parties» regrette sur un ton amère Jean-Pierre Perrin pour qui le régime d’Assad « est à l’affût du moindre écrit ». Telle que décrite, la Syrie apparait comme une citadelle imprenable. En mars 2012, Michel Moutot a tenté de regagner le territoire syrien à partir de la Turquie, mais sans succès alors que l’agence AFP pour laquelle il travaille dispose d’un bureau à Damas. Perrin, a, quant à lui, essayé en 2011 de se frayer un chemin vers ce pays, à partir du Liban, mais sa tentative n’aboutit pas. Par la suite, une organisation lui propose de l’y emmener moyennant la somme de 1200 dollars, mais Perrin décline l’offre. Il a préféré revenir quelques mois après, au moment où la 3e ville de Syrie, Homs, était devenue l’épicentre de la révolution. A l’époque, il avait été hébergé par un paysan sur la frontière libano-syrienne. Et de confesser qu’il avait fait la rencontre d’une célèbre journaliste américaine, Marie Colbin, « plus organisée que moi », qui, en cherchant, elle aussi à faire un reportage en Syrie, avait été mise au courant de l’existence d’un tunnel sous-terrain qui conduisait jusqu’à la ville insurgée. Le journaliste français a donc emboité le pas à l’Américaine. S’il a pu parvenir à Homs, il en sera toutefois expulsé quelques jours plus tard par le même tunnel. Michel Moutot a expliqué comment une agence comme l’AFP est obligée de recourir au système D pour continuer à informer. Selon lui, du fait des dangers que présente la situation, l’agence depuis janvier 2013 a décidé de ne plus envoyer personne sur le front. Les informations que l’agence peut collecter a-t-il ajouté, sont recueillies auprès d’un réseau de correspondants communicant sur Skype. Et d’ajouter « ils savent qu’ils sont écoutés, mais ça reste faisable, les gens le font par militantisme, ils veulent informer sur leur pays ». D’après lui « il n’y a qu’un tiers ou un quart de ce qu’on reçoit qui soit fiable ». Il reconnait l’important rôle joué par l’observatoire syrien des droits de l’Homme qui a-t-il souligné contrôle un réseau de 230 correspondants dont beaucoup de médecins. « On sait qu’il n’est pas neutre, (l’Observatoire, NDLR) puisqu’il s’oppose au pouvoir, mais on fait ce qu’on peut » a-t-il dit.

Les copies des pigistes refusées.
Pour ne pas encourager les pigistes à prendre des initiatives consistant à couvrir des événements dangereux que les rédactions elles-mêmes refusent de couvrir, les journaux commencent à rejeter les papiers commis par des pigistes qui ont été de leur propre chef sur le théâtre des opérations. Si les rédactions acceptent les papiers des pigistes, elles auront alors du mal à justifier le refus d’envoyer un journaliste permanent explique-t-on.

Le témoignage bouleversant d’une journaliste congolaise.
En plus d’une communication sur la mafia du Québec faite par la journaliste à radio Canada, Marie-Maude Denis, dont nous publierons l’interview accordée à l’œil de l’Exilé dans les prochains jours, une autre communication a attiré particulièrement l’attention, c’est celle de la journaliste du Congo démocratique, Chouchou Namegabe, qui a dénoncé «  Le viol » utilisé «  comme une arme de guerre » par des groupes armés rebelles. (Nous publierons prochainement l’interview qu’elle nous a accordée). Ces sévices sexuels d’une horreur abominable sont pratiqués a-t-elle détaillé même sur des bébés de deux ans. Pour perpétrer des viols sur les femmes, des raids prennent pour cible des villages. Certaines femmes ont été forcées, après avoir été violées, de faire acte de cannibalisme en mangeant la chair de leurs petits enfants tués devant elles avant d’être découpés en morceaux. Pour lutter contre cette monstruosité derrière laquelle se profile l’image hideuse de multinationales trop intéressées par les ressources minières que renferment les terres, cette journaliste-courage de la radio a crée 26 clubs radiophoniques dont elle a confié la gestion à des femmes du cru, formées sur le tas pour devenir journalistes. Depuis lors celles-ci s’occupent d’informer via les ondes sur l’état de leur village et signaler en temps réel tout mouvement suspect des bandes armées.