L’ONU, l’humanitaire et la sécurité

[Par Jean-Jules LEMA LANDU]

Le monde, en dépit de l’absence de conflagration, depuis 1945, n’est pas un long fleuve tranquille. Un pavé, jeté dans son immense cours, peut créer un effet papillon, qui affecte toute l’humanité. Lire la suite

MDJ, rencontre avec trois journalistes syriens : «Que ce soit au Soudan ou en Syrie, c’est le peuple qui doit appeler au changement»

[Par Lisa Viola ROSSI]

Mercredi 1er juin, en fin d’après-midi. La Maison des journalistes accueillait trois journalistes syriens de l’opposition, Jawad Sharbaji, rédacteur en chef de « Enab Baladi » et Sultan Jalabi, de l’agence de presse indépendante « Smart News » (les deux sont actuellement en résidence en Turquie) et Abo Bakr Al-Haj Ali, correspondant de guerre pour « Al-Jazira », « Reuters », « Middle East Eye » et « Vice News » (actuellement en résidence en Jordanie).

13Les trois journalistes ont été invités en France par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI), dans le cadre du programme d’invitations des journalistes étrangers. Ils étaient accompagnés par Kamel Sassi du MAEDI, guide et interprète.

Deux reporters étaient également attendus à la MDJ, mais ils n’ont pas malheureusement pu partir de Turquie et du Liban à cause des problèmes liés à leurs visas : il s’agit d’Absi Smeisem, rédacteur en chef de l’hebdomadaire « Sada Alsham » (en résidence en Turquie) et de Dima Wannous, « Orient TV » (en résidence en Liban).

Cette visite, organisée par la Direction de la communication et de la presse du Ministère, a pour objectif de tisser des liens avec ces journalistes, tout en les familiarisant avec l’environnement de travail de la presse en France.

23Lors de leur passage à la MDJ, les trois invités ont pu échanger avec des résidents et l’équipe de la MDJ : des Afghans, des Yéménites, des Soudanais, des Syriens, des Burundais ont pu raconter en quelques mots les raisons de leur exil et leur situation actuelle en tant que professionnels réfugiés toujours mobilisés pour la liberté de la presse et le respect des droits fondamentaux.

« Nous sommes toujours prêts à rencontrer des jeunes, comme dans le cadre de l’opération Renvoyé Spécial – a soutenu Mohmed Al Asbatt, journaliste et écrivain soudanais – pour témoigner de notre expérience d’intellectuels et faire connaitre même les belles choses de nos pays».

11« Probablement nous n’avons pas fait assez pour faire passer une image positive de nos pays. Aujourd’hui la Syrie est devenue tout simplement synonyme de Daesh », a convenu Sultan Jalabi. Après trois jours de visites dans plusieurs rédactions françaises, Jawad Sharbaji a commenté : « Nous sommes très surpris par le fait que le dossier syrien ne prend pas beaucoup d’espaces dans les médias que nous avons pu visiter jusqu’ici. Nous croyions que les Français pensaient à nous davantage, même parce qu’ils exportaient des problèmes… . Mais il s’agit d’un avis personnel », a souligné Sharbaji.

3Lors de cet échange, était présente aussi la journaliste syrienne Lina Mouhammade, résidente de la MDJ, qui est intervenue pour répliquer : « Il ne faut pas condamner les médias français pour négligence. Ils ont un agenda à suivre. Le problème est à nous, en tant que journalistes de l’opposition syrienne, car nous sommes juste considérés en tant qu’individus appelés « journalistes-citoyens ». Cela est dû au fait que nous n’avons pu créer une agence de presse officiellement reconnue qui puisse parler au nom de l’opposition. Bien sûr, il y a eu des tentatives, mais il ne faut pas cacher qu’il y a des empêchements d’origine politique ».

« Que ce soit au Soudan ou en Syrie, c’est le peuple qui doit appeler au changement » a finalement conclu Al Asbatt. Pour cette raison la voix des journalistes comme des blogueurs exilés représente une richesse fondamentale pour la France, pays d’accueil : une voix alternative à médiatiser et à soutenir de plus en plus, comme la MDJ essaie de faire depuis sa fondation.

 

La compréhension culturelle entre les réfugiés et leur pays d’accueil

[Par Mortaza BEHBOUDI]
Photos du site : www.jrsfrance.org

En ce moment, nous pouvons voir la traite d’êtres humains vers l’Union Européenne, la plupart d’entre eux sont des réfugiés syriens, irakiens, africains et afghans, mais la question est de savoir comment ils communiquent avec les gens des pays d’accueil… Et comment ils peuvent se comprendre les uns les autres. Bien sûr, il y a différentes langues et traditions.

Soiree Jrs pour les refugies

Être un réfugié et un journaliste c’est ce qui a fait mon histoire et a également fait ma vie. Mon but : mieux comprendre et savoir plus.
L’auteur du livre Middlesex, partage l’opinion suivant avec nous: «peut-être la meilleure preuve que la langue est patriarcale est qu’elle simplifie les sentiments que je voudrais avoir à ma disposition ; des émotions hybrides complexes.»

Mortaza Behboudi

Mortaza Behboudi (photo : MDJ)

Alors permettez-moi de raconter mon expérience et mon histoire. Je vis en France comme réfugié politique. Quand je suis arrivé à Paris, j’ai commencé à communiquer avec les gens en anglais, j’ai cherché le bureau de la protection des réfugiés des Nations-Unies et j’ai demandé l’asile, puis afin de trouver un endroit pour vivre, heureusement, j’ai été mis en contact avec la Maison des journalistes à Paris par le HCR et j’ai pris un rendez-vous.
Lors de l’entrevue, des personnes ont essayé de parler anglais avec moi, de me questionner si gentiment. Après une semaine, elles ont accepté que je vive à la Maison des journalistes et m’ont aussi aidé à engager la procédure de demande d’asile auprès du bureau de l’immigration. Pendant les démarches de demande d’asile, je pouvais parler anglais lorsque j’étais invité dans les familles françaises. Je n’oublierai jamais ces jours où elles m’ont questionné sur ma nourriture et ma boisson préférées ainsi que sur les traditions de mon pays et lorsqu’ils ont essayé d’apprendre ma langue pour communiquer avec moi.
J’ai décidé d’apprendre le Français pour communiquer avec les gens, ce qui n’était pas facile, je me suis rappelé la citation de Mandela : “si vous parlez à un homme dans une langue qu’il comprend, cela ira droit vers sa tête. Si vous lui parlez dans sa langue, cela ira droit dans son cœur. »

Langue et Culture
12688267_1685810348361692_3247283130615087445_nLe langage est un pouvoir pour les réfugiés qui veulent commencer une nouvelle vie dans un nouveau pays et ce pouvoir est parmi les plus fortes puissances humanistes que nous avons et pouvons utiliser pour le bien général.
La diversité est un résultat naturel des différentes nations, des sexes, des valeurs, des traditions mêlées. Au lieu de célébrer ce beau mélange, la haine parle ou la langue choisit de diviser les gens. Au lieu de célébrer la dissidence et la puissance de chaque individu à prendre la parole, les gens sont punis pour avoir leurs opinions. Bien qu’il existe des caractéristiques psycholinguistiques que tous les humains partagent, l’apprentissage des langues et de l’enseignement est toujours intégré dans les structures culturelles et sociales.
Le multilinguisme est non seulement une caractéristique d’un individu polyglotte mais il est également une caractéristique des sociétés. Dans la plupart des pays du monde, le multilinguisme est la norme sociétale. Les pays sont de plus en plus multilingues, tant en termes de proportion de locuteurs, que de nombre de langues parlées. Cela peut aider les réfugiés à communiquer avec les gens dans les pays d’accueil.
Je me suis toujours considéré comme un anglophile. J’ai appris l’anglais à un très jeune âge, lu Shakespeare et suivi les médias depuis mon adolescence. Ce étant précisé, vivre dans un pays étranger est une expérience complètement différente que de simplement lire quelques livres et regarder quelques programmes.

L’orientation culturelle et les défis
12299201_1521912138119543_862614603708741678_nLorsque les réfugiés embarquent pour le dangereux, souvent mortel, voyage vers l’Europe, beaucoup d’entre eux sont conscients qu’ils devront accepter des lois et des modes de vies différents, ceux du monde occidental.
Le défi des différences culturelles, cependant, ne peut pas être une question urgente pour ceux qui veulent désespérément survivre à la sauvagerie des zones de guerre. Néanmoins, c’est un élément essentiel pour façonner leur futur succès dans leur pays d’adoption. Sans une évaluation courageuse et honnête de la question de la culture, ces réfugiés « chanceux » peuvent non seulement être victimes potentielles de racisme et de haine mais également faire face à un avenir incertain et malheureux.
Historiquement, la dynamique des attentes culturelles a toujours été réduite par les deux parties, les nouveaux colons et les nations accueillantes. A quelques différences culturelles peu profondes sur des aspects relativement insignifiants, comme les habitudes alimentaires et l’exposition ou la dissimulation de la chair des femmes.
Le fossé culturel implique des questions beaucoup plus profondes, allant de la subtilité du langage corporel et du contact visuel à des actions plus manifestes, comme s’engager avec la communauté locale et développer un sentiment d’appartenance.
Bien que mon histoire en France ne soit pas des plus joyeuses, je vois néanmoins des actes de bonté et de bonnes personnes. Je suis fier d’être né Afghan et je continuerai à me battre pour les histoires à raconter, parce que l’isolement est l’outil qui fait barrage à la communication.
La communauté internationale dans son ensemble a un rôle à jouer pour relever les défis de la migration mondiale et la crise des réfugiés, y compris la crise qui touche actuellement l’UE. Le terme de « réfugié » peut couvrir beaucoup de réalités. Les politiciens, les travailleurs
humanitaires, les universitaires et la presse abordent souvent le mot sous des angles différents, les idées, rôles et responsabilités qu’implique ce terme. Ces points de vue divergents alimentent le débat mondial sur la meilleure façon de gérer et de protéger les réfugiés, qui coûtent plus de 14 millions d’euros.
“Comprendre les problèmes auxquels sont confrontés les réfugiés – et ceux qui luttent pour les protéger – dépend de l’exactitude d’une définition juridique. » Cette définition détermine qui bénéficie des protections, à la fois physique et juridique, que les organismes nationaux et internationaux ont mis au point pour traiter avec des victimes poussées par les conflits et la persécution. Ils jouent également un rôle crucial dans les efforts pour recueillir et interpréter les statistiques sur les réfugiés.
La plupart des pays ont été prêts à accueillir des réfugiés en temps de crise L’idée est de réunir les grandes institutions et les groupes de la société civile à travers le monde. Afin de mobiliser leurs ressources pour soutenir les gouvernements, les autorités locales et les prestataires spécialisés pour aider et protéger les réfugiés d’ici 2020. Et d’aller plus loin en apportant plus de sécurité aux réfugiés dans les pays d’accueil. Beaucoup de
gens veulent contribuer à leur donner des aliments, un hébergement et des informations en communiquant par le langage corporel car la plupart d’entre eux ne peuvent pas comprendre les langues et traditions en vigueur.

Les enfants réfugiés et les familles
9559_1700833320192728_1177949670823147014_nFournir des soins pour les enfants réfugiés et leurs familles est à la fois stimulant et enrichissant. Les familles réfugiées proviennent de cultures qui peuvent différer de manière fondamentale des pays d’accueil. Il peut aussi y avoir des différences importantes dans les sous-groupes de cultures liées au sexe, au statut socio-économique, et l’appartenance ethnique. Ces différences peuvent avoir une incidence sur:

• La compréhension de la santé physique et mentale
• Les croyances au sujet du meilleur traitement possible
• Attentes des résultats du traitement

Afin de fournir les meilleurs soins possibles, les personnes qui viennent en aide doivent faire des efforts pour comprendre et respecter la culture des familles de réfugiés. Elles améliorent leur compétence culturelle quand elles font ce qui suit :

• Lire afin de connaître les informations de base sur leur pays et leur culture d’origine.
• Utiliser un interprète qui connaît la culture, ainsi que la langue (un médiateur culturel). Les interprètes peuvent aider les personnes qui viennent en aide, à comprendre les nuances subtiles de mots ou d’expressions particulières.
• Faire des efforts pour apprendre et respecter la compréhension et l’interprétation des symptômes. Tels que demander: “Pourquoi pensez-vous vous sentir de cette façon ?”

Seriez-vous capable de l’expliquer ?

• Essayez d’évaluer si les symptômes représentent des moyens culturellement acceptables pour exprimer la détresse de la santé mentale. Encore une fois cela peut être aussi simple que de demander “Connaissez-vous quelqu’un d’autre qui a eu les mêmes problèmes ?”
• Faire des efforts pour expliquer les symptômes de santé mentale sans stigmatisme, et reconnaître les difficultés extrêmes que les enfants et leurs familles ont vécu.
• Faire attention aux aspects culturels de traumatismes et d’autres facteurs de stress vécus par les réfugiés. Il est également important de reconnaître que les différences individuelles jouent un rôle clé dans l’expérience.
• Facilité d’accès aux ressources multilingues qui représentent les langues les plus couramment parlées parmi les réfugiés pour eux.

La plupart des familles de réfugiés prend la décision difficile de se réinstaller dans un pays étranger pour le bien de leurs enfants, en quête de sécurité et d’opportunités. Comme tous parents, ils espèrent que la vie de leurs enfants sera meilleure que la leur. Pourtant, les réalités quant à l’éducation des enfants dans un nouveau pays, sont difficiles, non seulement à cause de la barrière de la langue, de l’emploi, des changements de rôle de la famille mais également de l’acculturation plus rapide de leurs enfants. Les parents réfugiés arrivent dans les pays d’accueil avec l’envie et le dévouement d’élever leurs enfants, mais parfois ces compétences doivent être contextualisées selon les pays d’accueil, les normes de la parentalité.
La supervision, les méthodes de discipline, les interactions parents-école, les questions de sécurité, de santé et de nutrition peuvent avoir des interprétations différentes dans des cultures variées. Les mères de nouveaux arrivants et les pères comptent sur les compétences parentales dont ils sont les plus familiers: ceux de leur pays d’origine.
D’autres services de soutien des familles peuvent aider les réfugiés dans l’intégration et le fonctionnement quotidien, tels que le développement de l’alphabétisation, les soins adaptés à la culture des enfants, des services de préservation de la famille, le développement de mariage, et la programmation du lien parent-enfant. Comme la plupart des familles de réfugiés éprouvent une certaine forme de séparation de la famille, les services suivants prennent également en charge le fonctionnement familial général et de la résilience: aider les familles à faire face aux changements provoqués par la séparation; aider les parents à établir la tutelle légale pour les enfants non-biologiques dans leurs soins; et aider les familles à se réunir avec des parents, soutenir le fonctionnement global de la famille.
Comme indiqué couramment par un adolescent, les jeunes réfugiés et immigrants sont “bénis avec la tâche difficile’’ de développer leur identité tout en intégrant deux cultures. Ainsi que cette citation le suggère, les jeunes réfugiés font face à ce défi, mais ils sont munis
de deux cultures pour les aider à faire la transition inévitable de la jeunesse à l’âge adulte.

13062444_1719984344944292_7991217853958885721_nLes jeunes réfugiés
Les tâches qui attendent les jeunes réfugiés sont diverses: l’équilibre entre les deux cultures, le travail et l’éducation des responsabilités simultanées, face à la scolarité interrompue, la culpabilité du survivant, ou la séparation de membres de la famille.
Certains parents et les jeunes réfugiés peuvent éprouver une plus grande tension entre générations durant l’adolescence et peuvent bénéficier de services qui offrent aux adolescents des activités productives et un sentiment d’appartenance tout en renforçant le lien parent-enfant. La définition du comportement parental approprié varie selon la culture et la communauté, ce qui nécessite l’éducation des réfugiés et des immigrants sur les pays d’accueil.

La sensibilité culturelle et les jeunes réfugiés
Après leur arrivée dans les pays d’accueil, ils tentent de connaître la culture et les traditions, mais nous parlons des premiers jours, comme je les ai vécus, où il est difficile de communiquer et de comprendre. L’apprentissage des compétences de vie et l’implication dans la société permettront d’améliorer les compétences d’autonomie. Les familles d’accueil vont accroître la sensibilisation et l’utilisation des compétences culturellement cohérentes par rapport à la parentalité. Elles permettront d’augmenter la participation et la sensibilisation des événements et des activités culturelles pour les jeunes réfugiés et accueillera également des membres de la communauté, comme les enseignants, les employeurs, les avocats et les juges vont accroître la sensibilisation et la compétence culturelle.

Conclusion
Il est important de comprendre que la culture n’a jamais été un phénomène statique. Les coutumes et le comportement social d’un peuple ou d’une société particulière sont en constante évolution. Comprendre la chronologie de la diversité culturelle du pays d’origine de l’un est la première étape vers le succès dans tous les pays d’accueil, car il protège contre les préjugés ou le rejet de la culture locale.
La langue est un pouvoir de communication pour les réfugiés qui veulent commencer une nouvelle vie dans un nouveau pays et ce pouvoir fait partie des plus fortes solutions humanistes que nous pouvons utiliser pour mieux comprendre, pour en savoir plus, pour améliorer les connaissances et les compétences de vie.
Tout ceci constitue une expérience difficile et écrasante pour les réfugiés de toutes les origines culturelles. Les personnes qui leur viennent en aide, remplissent des fonctions essentielles car elles aident les réfugiés à identifier leurs points forts, à prendre parti, à faire la transition et de trouver des façons d’honorer les traditions culturelles et religieuses tout en s’adaptant à un nouvel environnement socio-culturel.

Travailler avec les réfugiés musulmans implique à la fois des défis particuliers et une satisfaction morale. Parmi les réfugiés musulmans les milieux culturels et les approches de la pratique religieuse varient considérablement. Leur compréhension du monde et leur place évoluent, poussées par une combinaison complexe de facteurs culturels et religieux. Le défi pour les personnes qui viennent en aide, est de comprendre les points forts à prendre en compte et de répondre aux besoins de chaque individu; la récompense est de voir les solutions créatives que chaque individu trouve pour s’adapter et s’intégrer aux pays d’accueil.
Ce que j’ai écrit ici fournit des informations sur la culture, les coutumes et les traditions qui peuvent influer sur la compréhension des réfugiés musulmans. Je suggère des moyens afin de les aider à intégrer ces croyances, ces coutumes et ces traditions avec succès dans leur nouvelle vie et leur pays d’accueil.
J’espère que les informations et les suggestions données ici permettront de faire en sorte que le travail, des personnes qui viennent en aide, devienne plus efficace et gratifiant.

Référence:

Le site UNHCR – L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés

 

 

Journée de la liberté de la presse : quatre grands journalistes primés

[Par Elyse NGABIRE]

Le 2 mai, à la veille de cette commémoration, Reporters sans frontières s’est associé à la Mairie de Paris pour décorer quatre professionnels des médias pour leur courage, leur combat dans la promotion de la liberté d’expression et celle de la presse.

©Elyse Ngabire

©Elyse Ngabire

18h30, au Théâtre du Rond-Point, 8ème Arrondissement de Paris. Reporters Sans Frontières et la Mairie de Paris avaient convié les professionnels des médias et leurs amis.

« Les combats du journalisme », c’est le thème qui a été retenu cette année. Et la raison est simple. Selon Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters Sans Frontières, cette dernière décennie, la liberté de la presse a régressé de façon très déplorable partout dans le monde. Des journalistes sont menacés, arrêtés, torturés, emprisonnés ou tués en Afghanistan, Iran, Erythrée, Burundi, Turquie, etc. Les chiffres sont alarmants : RSF a recensé plus de 800 journalistes assassinés durant la dernière décennie. Pourtant, regrette-t-il, les Nations Unies sont au courant de cette situation catastrophique et de bonnes résolutions en faveur de la protection des journalistes sont adoptées par différents organes de l’ONU.

Le problème, raconte M. Deloire, c’est qu’elles ne sont jamais mises en application malgré l’alerte lancé par le secrétaire général des Nations Unies lui-même : « Dans son rapport, Ban Ki Moon a reconnu que le système de protection des journalistes est un échec. »

Malgré cette absence de détermination de la part des organisations onusiennes à s’investir, RSF ne lâche pas : « Nous allons nous impliquer pour que ce droit international soit appliqué et que tous les Etats soient mis devant leur responsabilité fixée. »

Même son de cloche chez Michaëlle Jean, secrétaire général de la Francophonie : « Il n’est pas normal que les organes de l’ONU attendent que RSF et d’autres associations de défense des droits des journalistes le réclament. »

Pour elle, il est temps de faire pression sur les chefs d’Etats et de gouvernements : « L’Organisation Internationale de la Francophonie est à vos côtés. »

©Elyse Ngabire

©Elyse Ngabire

La détermination face à la démission

Malgré le désengagement ou la démission des institutions onusiennes pour protéger les journalistes, ces derniers restent engagés et déterminés. En témoigne la dernière enquête sur les évasions fiscales, l’une des plus belles histoires du journalisme d’investigation : le Panama Papers.

Quatre journalistes chevronnés d’investigation, dont l’ex-présentatrice vedette de France 2, Elise Lucet, étaient invités. Et c’est sur leurs témoignages que la soirée a été ouverte.

Sans toutefois révéler leurs secrets professionnels, ils ont partagé avec le public leur expérience pour aboutir à cette triste réalité qui a sidéré le monde entier.  Ils sont regroupés au sein de l’International Consortium of Investigating Journalism, une organisation créée en 1997 et dont le siège se trouve à Washington Dc. Cette rédaction virtuelle comprend 180 journalistes répartis sur 150 pays.

« Aucun des grands défis qui hantent l’humanité notamment la corruption, l’extrême violence, etc. ne sera résolu sans les journalistes », fait remarquer le secrétaire général de RSF.

Le grand moment

Il est 19 h 45min quand le grand moment arrive : l’hommage officiel aux héros de la liberté d’expression et de la presse.

Quatre journalistes, du moins pour ceux qui sont présents, montent un à un sur la scène.

Nargues Mohammadi, iranienne, condamnée à six ans de prison pour avoir livré des informations à la presse étrangère, son mari l’a représentée.

Antoine Kaburahe,  qui vit en Belgique depuis qu’il a été accusé  d’être impliqué dans l’affaire du coup d’Etat du 13 mai 2015.

Lotfullah Najafizada, directeur de Tolo News, une chaîne afghane. Il a été retenu pour avoir dénoncé le viol des enfants par des rebelles talibans. Le 20 janvier 2016, sa chaîne est  visée par un attentat perpétré contre un bus qui transportait le personnel. Bilan : six journalistes et leur chauffeur tués et plusieurs blessés.

La médaille a été aussi décernée à Can Dundar, rédacteur en chef de Cumhuriyet, un journal turc très influent. M.Dündar a été choisi pour avoir dénoncé le soutien de la Syrie envers les rebelles islamistes et la collaboration de l’Union européenne avec Recep Tayyip Erdogan contrairement aux valeurs démocratiques. Emprisonné, il n’a pas pu se présenter à la remise des médailles. Sa femme l’a représenté.

Les médailles de protection et de citoyenneté d’honneur

Pour Patrick Klugman, adjoint du maire en charge des relations internationales et à la Francophonie, il est regrettable que Paris soit presque la seule ville européenne à se doter d’une structure comme La Maison Des Journalistes (MDJ) qui accueille des professionnels des médias exilés.

Citant Victor Hugo, M. Klugman estime que le genre humain a le droit sur Paris : « Au-delà des quatre lauréats qui portent la médaille de Paris, tous ceux qui exercent ce métier et courent un danger doivent pouvoir trouver soutien et refuge à Paris. » Et d’annoncer que bientôt 20 logements seront disponibles pour permettre à la MDJ d’accueillir des journalistes.

D’après Anne Hidalgo, maire de Paris qui avait rehaussé de sa présence à cette soirée, ces médailles font des quatre lauréats des citoyens d’honneur de Paris. Espérons que les médias du monde, comme la ville, ne sombreront pas.

On peut lire sur ces médailles la devise de la ville de Paris : « FLUCTUAT NEC MERGITUR » qui se traduit : « Il est battu par les flots, mais ne sombre pas. »

 

Afrique : autres temps, la France, autres votes ?

[Par Jean-Jules LEMA LANDU]

C’est depuis plus de deux décennies qu’existe le multipartisme en Afrique et que les élections s’y déroulaient. Mais, jusqu’il y a peu, celles-ci se résumaient à la pratique sinon des tricheries ouvertes, du moins à celle du vote obligatoire pour les dictateurs ou, alors, au fait de l’ignorance totale du sens de l’acte que posait l’électeur. Désormais, ce courant semble avoir rencontré des vents contraires, imposant au navire la direction vers un autre cap.

(source : aps.dz)

(source : aps.dz)

Dans un bilan à mi-parcours sur des scrutins qui ont eu lieu, en 2015, nous avons décerné, en novembre dernier, un satisfecit sur l’ensemble des opérations. Avec, toutefois, cette nuance qui voulait montrer que les contestations exprimées ici et là, accompagnées de tensions et de violence, « participaient des douleurs d’enfantement d’une Afrique nouvelle ». Nous pensons être en droit d’exprimer le même thème de satisfaction, mesurée, pour la série qui vient de se clôturer, en avril, 2016. En attendant la grande boucle avec le Gabon, en août, et la RD Congo, en novembre.

Quid de cette nouveauté, en éclosion ? Quels en sont les facteurs endogènes, d’un côté, et les influences exogènes, de l’autre ? La « neutralité » supposée de la France, considérée, jadis, comme l’ « ange tutélaire » des dictateurs, a-t-elle ou non sa part d’explication dans ce contexte précis ?

Le chiffre est impressionnant : sur 2 ans, 15 pays auront voté pour choisir leurs dirigeants, dont 10 sont d’anciennes colonies françaises. Dans ce cas-là, le mot démocratie peut être prononcé. Même sans panache. Car, dans l’ensemble, seuls le Burundi et le Congo ont droit à un bonnet d’âne, en raison de la mort d’hommes en masse, qui leur est imputable. C’est donc une évolution notable, par rapport au passé.

La raison est, d’abord, interne. Sans statistiques précises, la résorption accélérée de l’analphabétisme et l’appropriation de la révolution numérique en font des facteurs majeurs. L’Afrique vit au rythme du « village planétaire » de Mc Luhan, plongée dans la magie des « réseaux sociaux ». Un journaliste canadien résume cette réalité par l’image de la « houe et du téléphone portable » que porte, depuis, un simple cultivateur africain. D’où le réveil de la jeunesse, dans des mouvements citoyens, à l’instar de « Y’en a marre » au Sénégal, désormais vent debout contre la dictature. Corollaire ? L’extinction des dictateurs.

En externe, il y a également un changement d’environnement. Les mœurs politiques ont partout évolué. En France aussi, où la « Françafrique », qui régissait tout à la « maison Afrique », à sa guise, semble ne plus être d’actualité. C’est comme si l’Elysée, depuis un temps, a commencé à garder ses distances par rapport à la politique interne de l’Afrique. Mais, la polémique, entre ceux qui voient toujours la main de la France dans le drame du continent et les partisans d’Achille Mbembe, est encore loin d’être tranchée. Pour le penseur camerounais, « la France n’est pas notre ennemie, et nous ne sommes pas ses laquais. Il faut assumer notre indépendance en bonne intelligence avec les grandes puissances ».

Si les dictateurs, d’un côté, se raréfient et que les « Françafricains », de l’autre, disparaissent, il y a lieu de dire que les dernières élections africaines ont été « bonnes ». Puisque sans ingérence, faute d’inhibiteurs et de collusion.

 

 

 

L’oeil de l’exilé : quand le journal existait en version papier

Le journal L’Oeil de l’Exilé a été créé pour la première fois l’année de la création de la Maison des journalistes, en 2002. A l’époque, Internet était tout juste en phase de démocratisation.

L’Oeil de l’Exilé a existé version papier, et ce dans ses 5 premiers numéros. Nous avons retrouvé les archives du journal, qui sont à votre disposition ci-dessous en version PDF.

L'oeil de l'exilé, premier numéro - Novembre 2002

L’Oeil de l’exilé, n°1 – Novembre 2002

SOMMAIRE DU N°1

.VIE EN FRANCE
Les frustrations des journalistes étrangers……..2
Les Algériens face à l’asile territorial………………2
.REPORTAGE
Chateau Rouge,
l’autre France d’en bas…………………………………..3
.SORTIR
Victor Hugo ressuscité…………………………………..4

Editorial du numéro 1 – Novembre 2002.
“Bonne lecture!
Voici le n°1 de l’Oeil de l’exilé, le journal de la Maison des journalistes où résident, en attente de leur statut de réfugié politique, des confrères de sept pays.
Point commun de ces trajectoires toutes différentes : la passion du journalisme et la violence d’Etat qui les a contraints à fuir et à demander l’asile à la France.
L’Oeil de l’exilé travaille sur ce fil commun pour nous offrir, par-delà la diversité des histoires de chacun, un regard original sur la société française par des gens de plume qui ne sont là que depuis quelques mois.
Bonne lecture.
La Maison des journalistes”

L'Oeil de l'exilé, n°2 - avril 2003

L’Oeil de l’exilé, n°2 – avril 2003

SOMMAIRE DU N°2

. POINT DE VUE
La France serait-elle malade de son immigration…..2
. REPORTAGES
Homeless…………………………………………………………2
Les Africains ont peur de
la violence dans les écoles……………………………………3
. MORAL
Journalistes africains :
allo la JAFE ?………………………………………………….. ..4
. DEMENAGEMENT
La Maison des journalistes
migre à Paris………………………………………………………4

Editorial du numéro 2 – Avril 2003.
“Un étrange pays!
Tous journalistes, ils, elles, viennent de Birmanie, du Tchad, du Bangladesh, du Congo, d’Algérie ou du Cameroun. Arrivés en France depuis quelques semaines, quelques mois, il, elles, portent sur leur terre d’asile un regard surpris. L’Oeil de l’exilé, c’est la découverte d’une autre culture avant que les habitudes n’effacent les premières impressions.
La Maison des journalistes”

L’Oeil de l’exilé, n°3 – août 2003

L’Oeil de l’exilé, n°3 – août 2003

Editorial du numéro 3 – Août 2003

“D’abord un toit!
Avant de monter la Maison des journalistes avec Philippe Spinau, nous avons interrogé des journalistes réfugiés pour savoir ce qui leur avait le plus manqué à leur arrivée en France. Et la réponse était toujours la même, d’abord un toit, ensuite parler, être écouté et entendu. Un toit c’est ce que nous avons voulu proposer à ces confrères arrivés sans bagages aussi divers que Cuba, la Birmanie, la Biélorussie ou le Congo. Quant à parler, cela s’est fait tout seul. Au sein de la Maison des journalistes, les histoires se racontent, les expériences s’échangent. C’est ce que veut montrer L’Oeil de l’Exilé. Ce travail en commun de journalistes dont le pays, la culture, l’histoire divergent mais qui ont deux points communs: la passion de leur métier et la nouvelle vie d’exilés qu’ils vont mener parmi nous. Au nom des résidents de la Maison des journalistes, merci aux médias qui ont cru en cette Maison et l’ont financée aux côtés du Fonds Européen pour les réfugiés, merci à la ville de Paris qui a mis à la disposition de la MDJ les locaux du 35 de la rue Cauchy, merci à tous ceux et notamment à la région Ile de France, qui ont contribué au financement des travaux et merci à Reporters sans frontières qui s’est impliqué sans hésiter dans cette nouvelle activité pour la défense de la liberté de la presse.”
Danièle Ohayon

 

L'Oeil de l'exilé n°4 - février 2004

L’Oeil de l’exilé, n°4 – février 2004

SOMMAIRE DU N°4

.REVES D’EXILES……………1,2 et 7
Ils viennent d’arriver. Sans statut, sans travail, leur vie est bien difficile. Et pourtant, ils rêvent…
.HISTOIRES REUSSIES…….3 – 6
Ils ont rêvé eux aussi. Aujourd’hui, ils ont construit leur vie en France. Portraits de quatre anciens réfugiés…
.POINTS DE VUE…………….8
Deux regards sur l’exil et les songes. Entre possible et impossible choix.

Editorial du numéro 4 – Février 2004

“Moi aussi, je rêve, ma parole!
“I have a dream”. Cette phrase prononcée il y a une trentaine d’années par Martin Luther King, apôtre noir américain de la non violence, trouve toute sa signification aujourd’hui encore. Surtout quand on sait que chacun, au plus profond de son être, nourrit des rêves, parfois utopiques, parfois chimériques.

L’important est d’avoir l’espoir de réussir un projet. Je fais un rêve moi aussi. Sans avoir l’espoir d’y accorder trop d’importance, je rêve quand même. Je dirais que mes rêves se mêlent à mes ambitions. Je rêve, ma parole!
J’ai longtemps rêvé d’une carrière au cinéma : être actrice, réaliser des films de fiction ou des documentaires. Ecrire un roman, être publiée et lue.
Une exilée face à son destin, caresse malgré tout le désir de réussir.
Loin d’être pessimiste, je suis pragmatique. Mais pour l’instant, l’essentiel est d’avoir un abri où être en sécurité. Et où je puisse laisser libre cours à mes rêves en hexagone.”
Maguy

L’Oeil de l’exilé, n°5 – mai 2004

SOMMAIRE DU N°5

.PARCOURS DU COMBATTANT……..4-5
Un contrat d’accueil et d’intégration est maintenant proposé aux réfugiés.
.CONNAITRE LA LOI……………………6-7
Asile intérieur, protection subsidiaire, étude de la nouvelle loi.
.LIBRE EXPRESSION……………………8
Ils sont journalistes mais aussi poète ou caricaturiste.

 

 CENSURE

De Rédouane ATTAOUI
Poète journaliste

La Liberté au regard morne
Vient saluer le catafalque
Les balles tuent à chaque borne
Et tout s’écrit sur papier calque

Glissez l’article entre les pages
Et signez les procès-verbaux
La Mort attend dans les virages
Pleurez, pleurez sur nos tombeaux !

Cachez-nous ces cartes de presse
Que nos tyrans ne sauraient voir !
Nos plumes que l’espoir caresse
Sont prohibés par le Pouvoir

La liberté et la terreur
Ne feront jamais bon ménage !
Avant d’aller chez l’imprimeur
Signez “Censure” en bas de page!

“Once they were here” de Wareth Kwaish: une place d’honneur dans un triptyque sur la dignité

[Par Johanna GALIS]

Dans la salle tamisée du cinéma Luminor, situé dans l’une de ces rues sinueuses du quartier du Marais, le Festival International du Film des Droits de l’Homme s’est déroulé pendant les premiers jours du mois d’avril. Mettant l’accent sur différents types de répression, il a déplacé son objectif sur les quatre coins du globe, avec un but majeur : celui de replacer au centre de l’attention le besoin de dignité de ses personnages.

 

Affiche du Festival International du Film des Droits de l'Homme (FIFDH)

Affiche du Festival International du Film des Droits de l’Homme (FIFDH)

Samedi 9 avril, un triptyque de trois courts métrages était diffusé dans la matinée, avec comme thématique principale l’oppression – quand l’espace en tant que tel, ici la ville, devient cette pieuvre prête à happer ceux qui échappent à une force d’attraction représentée sous forme de diktats. Ces strictes injonctions prennent forme dans différents pays : la Russie, la Chine et l’Irak, et sont véhiculées à travers des mœurs qui s’étendent sur un large spectre spatial.

Victory Day © festival-droitsdelhomme.org

Victory Day © festival-droitsdelhomme.org

Dans le court-métrage Victory Day d’Alina Rudnitskaya, une parade militaire située dans la Russie de Poutine sonne le glas de la peur de plusieurs couples homosexuels, confortablement installés chez eux – un paradoxe à noter ici, tant une certaine harmonie se dégage de ce qu’ils ont pu créer dans leur espace privé, contrairement à l’espace public où les lois répressives contre leur union font rage.

Underground © festival-droitsdelhomme.org

Underground © festival-droitsdelhomme.org

Dans Underground du belge Maxime Bultot, le regard du spectateur parcourt les chemins étriqués de logements souterrains pékinois à la superficie d’environ 4 à 5 mètres carrés, et suit l’obstination d’une jeune chinoise souhaitant devenir actrice, locataire de l’une de ces chambres et fraîchement arrivée dans la ville.

Le  dernier court-métrage Once they were here (Une fois ici-bas), de Wareth Kwaish, commence avec le réalisateur lui-même, muni d’un iPhone qui lui servira de caméra, qui frappe à la porte de l’un de ses amis dans l’espoir qu’il vienne à une manifestation sur l’une des places centrales de Bagdad, en Irak. Il s’agit de faire acte de présence, pour résister contre un système politique structuré par la dictature et par le terrorisme et qui fait souffrir une population qui ne cherche qu’à mener une vie « normale », selon les paroles du réalisateur .

Wareth Kwaish ©loeildelexile.org

Wareth Kwaish ©loeildelexile.org

Le court-métrage symbolise bien la peur que peut éprouver une population face aux mesures mises en place par un Etat répressif qui lutte contre la liberté d’expression. Le spectre du diktat est plus large cette fois-ci, il englobe la peuple d’un état entier qui, peu importe son identité et ses particularités, se doit de se plier à un système oppressif qui menace le confort de vie – dans sa dimension parfois la plus rudimentaire –  de ses habitants. Lors du tournage de la manifestation, M. Kwaish a utilisé un iPhone  « car si l’idée de base est vraiment bonne, c’est l’essentiel – elle compte plus que le matériel utilisé » confiera-t-il.

Extrait de Once they were here ©maisondesjournalistes.org

Extrait de Once they were here ©maisondesjournalistes.org

Les soubresauts d’un téléphone portable posé sur la cuisse pour passer incognito – il était impossible de filmer la manifestation sous peine de subir encore plus de violences de la part de l’armée venue évacuer les gens ;  aucune archive de ce rassemblement illégal ne pouvait être gardée – les  regards furtifs de l’iPhone qui se cache et essaie de saisir toute l’esprit de rébellion et de colère des manifestants, tous ces éléments ont pu clore ce triptyque, où passant du regard d’un individu à celui des manifestants, toute la beauté de l’espoir, de la révolte, et de l’amour qu’un individu peut porter à ses valeurs ont été représentées.