Fête de l’Humanité : « Allez-y à droite, comprenez que c’est à gauche ! »

[Par Larbi GRAÏNE]

Paris a dansé et chanté à gauche ce week-end à l’occasion de la fête de l’Humanité (du 12 au 14 septembre 2014). L’événement tout aussi coloré et grandiose que lors des précédentes éditions a drainé des foules immenses. Le site retenu pour cette manifestation gigantesque, – le Parc départemental Georges Valbon de la Courneuve -, a été aménagé sous forme de village planétaire reflétant à la fois la dimension internationale des mouvements de gauche et l’enracinement dans la société française du PCF (Parti communiste français) et des mouvements qui lui sont proches. En moyenne 200 000 visiteurs par jour s’y sont rendus. Politique et musique, commerce militant et tout le côté théâtral qui va avec, se sont donc mêlées en un étrange accouplement.

DR/Cédric Faimali

DR/Cédric Faimali

Tout l’imaginaire à la Karl Marx et Engels a été convoqué. Sur le fronton des chapiteaux, on pouvait lire des mots d’ordre tels que « Vivre comme un arbre, sauf et libre, vivre en frères comme les arbres d’une foret, ce rêve est le nôtre ». « L’unité des travailleurs, solidarité des peuples », « Non au traité transatlantique », « Liberté pour tous les prisonniers politiques en Iran ». Le cas de la Palestine encore d’une brûlante actualité, a trouvé une large place dans cette manifestation. Idem pour Cuba. Bref beaucoup de partis et de mouvements de libération de part le monde ont été conviés y compris le Polisario. « Un tel événement est important pour nous, car c’est le moment où jamais où il faut raffermir la solidarité internationale, et engager des contacts avec les différentes délégations » affirme Noel Murphy, membre du parti communiste irlandais qui paraît très remonté contre le « pouvoir très réactionnaire » des deux Irlandes. Pour ce représentant palestinien qui a participé à un meeting de soutien au peuple de Gaza « les forces de l’exil nous les avons transformées en compagnons de liberté avec pour seule perspective une Palestine libre ». Et celui-ci de rendre hommage à Fernand Tuil « qui a compris l’importance de ces camps de réfugiés palestiniens lieux de désespoir, transformés par notre volonté en souffle d’espoir pour l’ensemble de notre peuple, comme il a compris l’importance du combat pour les prisonniers palestiniens qui vont nous mener une fois libre vers la libération ». D’après lui « Mandéla était déjà libre dans sa cellule, il fallait juste un peu de temps pour s’en rendre compte ». Et d’asséner « Merouane al-Berghouti est libre dans sa cellule ». De son côté Jacques Milhas, membre de la rédaction de « Cuba Si FRANCE » dénonce « l’omerta des médias » sur le cas des trois Cubains emprisonnés par les États-Unis. « ce sont des gens (les 3 prisonniers, NDLR) qui n’ont jamais fait du mal à personne puisqu’ils n’ont jamais porté une arme, ni une grenade, ni quoi que ce soit. Ils étaient simplement infiltrés dans les commandos anti-castristes en Floride pour prévenir sur les attentats qui se préparaient contre le peuple cubain » soutient-il. Pour le coprésident du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui était apparu sur une tribune dédiée au pays de Fidel Castro, Cuba  « n’a pour elle que la solidarité de son peuple ». Et d’exprimer « notre profonde estime, amitié et solidarité avec Cuba socialiste ».

Jean-Luc Mélenchon, à la Fête de l'Humanité, le 13 septembre 2014. (AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD)

Jean-Luc Mélenchon, à la Fête de l’Humanité, le 13 septembre 2014. (AFP PHOTO / KENZO TRIBOUILLARD)

Pour Mélenchon « l’empire a fait de Cuba non seulement la cible d’une règle inexpugnable qui se poursuit avant même que les condamnations de l’ONU se succède l’une derrière l’autre contre l’embargo qui est fait contre ce petit peuple ». Pourfendeur à souhait des Etats-Unis, le dirigeant du Parti de gauche s’en prend non sans ironie au « droit que s’attribuent les Américains face au monde entier afin de punir les autres peuples comme ils punissent leur propres ressortissants qui ne respectent pas l’embargo ». Concentrant ensuite ses attaques contre le pouvoir français, Mélenchon fustige Hollande en l’accusant de s’être soumis au diktat de l’Oncle Sam. « Il est stupéfiant de voir que le président de la république française, ait capitulé aussi vite lorsque la France a été condamnée par les États-Unis d’Amérique parce qu’elle avait fait des échanges en dollars avec Cuba » a-t-il accusé. Mélenchon est ovationné. Le stress convoqué par les discours politiques est vite absorbé par les diverses distractions. C’est l’atout de ce genre de manifestation. Quand on demande notre chemin pour sortir, on nous conseille de « prendre la droite, puis la gauche, encore la droite » mais il nous est rappelé qu’il faut toujours prendre la gauche », du moment que c’est la fête de l’humanité.

Le Front National et le vote immigré

Chronique / L’oeil de l’exilé : Altermondes n° 39 / Septembre 2014

Le Front National et le vote immigré 

Par Larbi GRAINE

La percée du Front National est devenue enfin une réalité palpable et, d’autant plus que, depuis quelques années, des indices annonciateurs d’une recomposition identitaire sont apparus dans ce parti. Cette chapelle politique qu’on avait crue irrémédiablement hermétique à la communauté immigrée d’origine algérienne […]

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Altermondes : Conférence-débat Médias&Citoyens en images

Dans le cadre du lancement de la nouvelle formule d’Altermondes, en kiosque et sur le web, 1ère Scic de presse généraliste (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) David Eloy, rédacteur en chef et les sociétaires d’Altermondes ont organisé la conférence de presse-débat sur le thème Médias & Citoyens : De nouvelles pratiques journalistiques en réponse à la crise, le mardi 16 septembre à la Maison des métallos.
En présence d’Edwy Plenel, président co-fondateur de Médiapart, et également de :
Catherine André, journaliste, ex-rédactrice en chef adjointe de Courrier International
David Eloy, rédacteur en chef d’Altermondes
Erige Sehiri, journaliste de Inkyfada.com
Philippe Merlant, journaliste co-fondateur de Reporter Citoyen

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Altermondes - Médias&Citoyens [Photo crédit :Muzaffar Salman]

Altermondes – Médias&Citoyens [Photo crédit :Muzaffar Salman]

15 septembre, Journée internationale de la Démocratie : Pour l’engagement des jeunes

[Par John CHITAMBO LOBE]

La journée internationale pour la démocratie, invite tous les leaders politiques du monde entier à écouter, à respecter les valeurs et les principes de la démocratie et à répondre avec loyauté aux peuples qu’ils dirigent, soit en s’exprimant directement au peuple soit à leurs représentants élus par le peuple.

L’Assemblée Générale des Nations-Unies,  aujourd’hui, encourage tous les gouvernements du monde entier, à promouvoir les valeurs, les principes et les programmes de la démocratie dans leurs pays.

Personnel électoral lors des élections nationales soudanaises Photo ONU / Mohamed Siddig

Personnel électoral lors des élections nationales soudanaises
Photo ONU / Mohamed Siddig

Elle a décidé que le 15 septembre de chaque année soit la date réservée pour: “la journée internationale de la démocratie” (ou en Anglais: International Day of Democracy). Le thème pour cette année 2014 est : “Engager les jeunes gens dans la démocratie“. Ce thème a été choisi suite aux manquements d’engagement politique des jeunes gens pour la démocratie, ces dernières années et ce, un peu partout dans le monde entier. Alors, il faut mobiliser les jeunes gens démocratiquement et politiquement afin qu’ils soient responsables dans le fonctionnement des affaires de l’Etat et dans leur pays et qu’ils prennent au sérieux les affaires politiques et publiques de leurs pays. Il faut également faire participer les jeunes gens au  développement politique de la démocratie de leur pays et les informer, en tant que jeunes engagés, sur les risques, les profits et opportunités existant dans le processus de la démocratie de leur pays.

L’épanouissement, le progrès et le développement de la démocratie à travers le monde actuel est une réussite significative. A notre époque, presque dans tous les pays du monde, le peuple veut le système de la démocratie, c’est à dire le pouvoir du peuple : « pour le peuple et par le peuple ». Malgré cela, il y a encore beaucoup à faire pour le développement de la démocratie dans de nombreux pays du monde ;  par exemple, là  où la démocratie est plus jeune,  camouflée ou masquée par la dictature et vraiment menacée  par des leaders politiques égoïstes qui ne veulent pas partager le pouvoir démocratiquement mais qui veulent rester au pouvoir, avoir un pouvoir à vie comme des rois et des princes, et cela , surtout dans les pays africains, au proche et moyen orient, dans les pays asiatiques et dans quelques pays d’ Europe et d’ Amérique.

Le monde change, évolue, tout doit changer politiquement, socialement, économiquement culturellement. Les époques de dictature, de coups d’état militaires sont révolues. Tous les Etats du monde et leurs leaders politiques doivent pratiquer les valeurs et les principes de la démocratie dans leur pays et cela au profit du peuple. Ils doivent mettre fin aux rébellions militaires, au terrorisme, aux invasions frontalières, aux combats inter- gouvernementaux entre les différents pays,  ainsi qu’aux discriminations socio-politiques ou religieuses et ce, pour un monde démocratique.

La démocratie est une valeur universelle basée sur la libre expression de la volonté du peuple pour déterminer son système politique,  économique, social et culturel et sa participation complète à tous les aspects de sa vie.

Ces valeurs et ces principes forment un pouvoir basé sur la loi et exercé sous le respect des droits humains et de la liberté fondamentale pour tous. La démocratie est donc un gouvernement qui respecte les droits humains et la liberté fondamentale du peuple, qui promeut et accomplit ses promesses afin de permettre à son peuple de vivre dans la dignité.

Le peuple doit prendre part aux décisions qui touchent sa vie. Les femmes sont en partenariat avec les hommes dans le domaine des affaires politiques.

Tout le monde est libre de s’exprimer sur la race, l’ethnie, la classe sociale, le sexe, l’âge, … Les valeurs et les principes que tout le monde doit suivre pour une grande participation sont : l’égalité,  la sécurité et le développement humain.

Des écoliers de l'école de Kamwala, près de Lusaka [Photo tirée du site : rnw.nl]

Des écoliers de l’école de Kamwala, près de Lusaka – Zambie [Photo tirée du site : rnw.nl]

Les jeunes sont l’avenir de ce monde. Dans ma langue maternelle, le Bemba, en Zambie, on dit: “Imiti ikula impanga” qui veut dire tout simplement que ce sont les jeunes qui feront le monde de demain.  La majorité de la population du monde entier est constituée de jeunes âgés de15  à 25 ans. Ils doivent être éduqués, formés et être préparés politiquement et démocratiquement pour être dirigeants ou leaders du monde de demain.  J’ai interviewé quelques jeunes résidents : étudiants, demandeurs d’emploi, jeunes exilés au centre France Terre d’Asile et à la préfecture de police de Paris. Tous ces jeunes proviennent de différents pays du monde, vivent en France ; certains sont à la recherche d’un travail, dans les rues de Paris, dans les fameux quartiers Château Rouge et Château d’Eau ; d’autres  sont étudiants dans différentes universités de Paris, je les ai rencontrés à la bibliothèque national François-Mitterand.  Ils m’ont fait part de leurs différentes opinions sur le manque d’engagement démocratique dans leur pays. Voici ce qu’ils m’ont rapporté : Dans beaucoup de pays en voie de développement dont ils sont issus la politique n’est pas une affaire de jeunes car ils risquent leur vie ; en Afrique, en Asie, au Proche Orient, au Moyen Orient, les jeunes sont souvent sous évalués. La politique n’est pas pour les jeunes, ils ne sont pas assez mûrs ou sages pour être de bons dirigeants. Il y a une vraie  discrimination politique à l’égard des jeunes; ceux qui sont au pouvoir ne leur donnent pas la chance ni de s’exprimer,  ni de prendre part aux affaires et fonctions publiques de leur pays. Ils sont seulement utiles, comme militants de partis politiques lors de manifestations. Pendant les campagnes politiques, lors d’élections,  on leur fait de fausses promesses dans le but de gagner les élections. Après  la victoire, ils sont oubliés, complètement dans la misère,  dans la rue sans travail malgré leurs qualifications, leurs diplômes : licences, masters ou doctorats. C’est le chômage. Souvent ils sont utilisés seulement dans les propagandes pour gagner le pouvoir, dans des rébellions, des guerres civiles; parfois ils sont recrutés  de force au profit de vieux dirigeants au pouvoir qui écartent souvent les jeunes sous prétexte qu’ils manquent de sagesse pour diriger. Les jeunes sont intimidés par les vieux leaders politiques et s’ils  essaient de s’exprimer contre leurs dirigeants ils sont frappés, arrêtés, emprisonnés, envoyés en exil et même tués. C’est pourquoi les jeunes ne s’intéressent plus à la politique ou aux affaires du gouvernement juste parce que la démocratie ne marche pas dans leur pays. Ils ne profitent en rien de la démocratie et la politique met toujours leur vie en danger. Rien ne change,  ils ont peur, sont découragés pour s’intégrer dans les affaires politiques de leur pays. La conséquence de tout cela est qu’une majorité de jeunes gens vivent dans la pauvreté totale et toujours en conflit avec leur gouvernement. Dans beaucoup de pays du monde, l’espoir des jeunes gens dans la politique diminue avec le manque de participation aux élections.

Des Afghans votent lors d'élections historiques. [Fardin Waezi / UNAMA]

Des Afghans votent lors d’élections historiques. [Fardin Waezi / UNAMA]

Au Zimbabwe, le président Robert Mugabe au pouvoir, ne veut pas donner la chance aux autres. Chez moi, en Zambie, dans ma langue maternelle le Bemba:”Insansa ku chinjana” signifie : «  dans la joie, il faut échanger et donner la chance aux autres ». Au Zimbabwe, les soi- disant élections démocratiques menées dans ce pays, ne sont pas crédibles et justes. Elles sont corrompues, truquées.  Les opposants politiques sont arrêtés, mis en prison, frappés, menacés de mort ou parfois même tués. Cela n’est pas la démocratie.

Cette journée internationale  donne encore une nouvelle opportunité de revoir  le  progrès,  le développement et l’état de la démocratie dans le monde entier ainsi que  de juger le comportement  des différents leaders politiques au pouvoir. Sont-ils démocrates ? Ont- ils respecté les valeurs et les principes de la démocratie pendant leur mandat politique? Allons- nous les réélire prochainement ?  Cela  permettra  de renforcer les principes de la démocratie dans le monde et dans nos pays et de mettre fin  à la tyrannie ou la dictature de certains de nos leaders politiques .

En ce qui concerne l’instauration de la vraie démocratie dans nos différents pays,  c’est un processus qui demande beaucoup d’efforts et de volonté au niveau national et international. C’est seulement avec la participation complète de tout le monde  qu’on pourra changer quelque chose dans nos pays  sans oublier bien sûr le soutien de la communauté  internationale, des gouvernants et des gouvernés, de la société civile et des individus, afin que l’idéal  démocratique se réalise et que tout le monde (jeunes et vieux) se réjouisse.

Des résidents du camp IDP dans le nord du Darfour votent lors des élections soudanaises. Photo ONU/Albert Gonzalez Farran.

Des résidents du camp IDP dans le nord du Darfour votent lors des élections soudanaises. Photo ONU/Albert Gonzalez Farran.

Les liens entre la démocratie et les droits humains sont dans les articles suivants de la déclaration des droits de l’homme: Toute personne a droit à une nationalité (Article 15). Toute personne a droit à la liberté d’opinion et d’expression (Article 19). Toute personne a droit à la liberté de réunion et d’association pacifiques (Article 20(1). Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l’intermédiaire de représentants librement choisis (Article 21 – 1). Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d’égalité, aux fonctions publiques de son pays (Article 21 – 2). La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement au suffrage universel  et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote (Article21(3). Toute personne a le droit d’élire un leader de son choix (Article 25). Toute personne a le droit de voter et de la liberté d’expression (Article 19). La démocratie élimine toutes formes de discriminations sociopolitiques contre les femmes et elle assure une égalité de pouvoir avec les hommes, celle de voter et d’être élues, de participer à la vie publique et de prendre des décisions (Article 7).

En conclusion, dans beaucoup de pays du monde, les femmes et les jeunes gens sont toujours sous représentés en tant  qu’élus, c’est une des raisons pour lesquelles ces pays échouent. Il faut répondre  aux échecs et aux besoins des jeunes et des femmes pour protéger leurs droits.

 

 

37e édition du Festival de Cinema de Douarnenez – Le reportage de nos envoyés spéciaux

37e édition du Festival de Cinema de Douarnenez. Peuples de l’Indonésie et sexualité pour interroger l’identité. [ Par Larbi GRAÏNE, publié le 20 août 2014 ]

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Festival de cinéma de Douarnenez : Focus sur les peuples :

1. Hiandjing Pagou Banehote, sculpteur kanak

2. De l’intersexe avec Ins A Kromminga

3. Les Messagers de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura

[Par Larbi GRAÏNE (redacteur) et Muzaffar SALMAN (photographe), publié le 25 août 2014]

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Douarnenez, troisième jour : les images de Muzaffar Salman

Crédit photo : Muzaffar Salman

Festival de Cinéma de Douarnenez, ce mardi en photos [Par Muzaffar SALMAN, le 26 août 2014]

Crédit photo : Muzaffar Salman

Muzaffar Salman raconte Dourmanez : le 5ème jour du Festival [le 27 août 2014]

Crédit photo : Muzaffar Salman

Crédit photo : Muzaffar Salman

Douarnenez : Quand la réflexion se conjugue avec l’ambiance festive :

1. Film en langue bretonne

2. Métier Traducteur / LSF, une remarquable percée

3. Les bénévoles à l’affût

[Par Larbi GRAÏNE (redacteur) et Muzaffar SALMAN (photographe), publié le 28 août 2014]

Crédit photo : Muzaffar Salman

Douarnenez, images d’un festival entre terre et mer  [Par Muzaffar SALMAN, le 1er septembre 2014]

 

Si Douarnenez m’était conté [Reportage réalisé par Larbi GRAÏNE, photos de Muzaffar SALMAN, le 12 septembre 2014]

Si Douarnenez m’était conté

Reportage réalisé par Larbi GRAÏNE, photos de Muzaffar SALMAN

Quel lien y a-t-il entre les minorités culturelles au sens de l’ethnie et les minorités sexuelles dont les identités gravitent autour du corps ? Le festival de cinéma de Douarnenez du 22 au 30 août 2014 esquisse à sa manière une réponse en faisant venir sur la terre bretonne, peuples et personnes intersexes de l’Indonésie et d’ailleurs.

De gauche à droite : Vincent Guillot et Mami Yulli

De gauche à droite : Vincent Guillot et Mami Yulli

Les lèvres peintes de rouge fluorescent, une longue chevelure noire de jais qui lui retombe sur le côté droit de son visage, Mami Yulli, 52 ans, forme le V de la victoire. Mami est une waria. En langue indonésienne, ce mot désigne la personne transsexuelle (dit péjorativement travestie). Ce terme de waria, est en fait, un néologisme formé à partir de la contraction de wanita (femme) et de pria (homme).

Pour Mami Yulli, « une waria est une femme dans un corps d’homme». Elle a la conviction de mener une guerre éminemment politique contre l’injustice. Elle voit en le festival de cinéma de Douarnenez une belle tribune pour dénoncer l’exclusive dont sont frappés les warias dans son pays « Oui je crois que l’internationalisation de la question des warias va servir notre cause ». Attablée sous le chapiteau, Mami Yulli tourne vers nous un visage vigoureux aux traits viriles. Mais elle a des gestes graciles et la silhouette languide.
Elle a été contactée par Vincent Guillot, le transsexuel du cru, chargé par la direction du festival de prospecter à travers le monde la planète transgenre. Yulli a passé une jeunesse troublée et malheureuse. Renvoyée par sa famille, elle a dû vivre dans la rue et s’adonner à la prostitution durant 17 ans. Après une longue traversée du désert, elle entame des études en droit à l’université qui lui ont permis de devenir la première waria à être admise comme étudiante en licence puis en master. A l’université, elle va se distinguer par le port d’habits féminins singuliers censés refléter sa véritable personnalité. Devenue un modèle pour les autres warias, elle s’impose comme leur cheffe de file. Aujourd’hui, mère de 3 enfants, Mami Yulli, dirige en Indonésie ( le plus grand pays musulman du monde de par sa population), une association de warias qui revendique 7 millions de transsexuels sur une population de 240 millions de personnes.
Contrairement à ce qu’on peut penser, les warias ne se font pas une haute idée de la civilisation occidentale. « La religion musulmane certes pèse mais l’Indonésie n’est pas un Etat islamique, il y règne une forme de démocratie » fait -elle observer. Et d’analyser « le nombre important de warias, a permis à celles-ci de s’organiser au sein des communautés, et faire ce qu’elles veulent en privé ».
Tout ce que la culture locale a de mauvais en elle dans ses rapports avec les transgenres, Yulli l’impute à « l’influence néfaste » de l’Occident. « Chez nous, les gens sont tolérants et sont capables de pardon » explique-t-elle. Transsexuel venu d’Allemagne, Ins A. Kromminga, 44 ans, a été lui aussi invité par le festival. A travers une exposition de dessins, il dénonce la médecine qu’il présente comme une cure « tendance » bon chic bon genre, une sorte de science normée qui reçoit ses ordres de la société dans laquelle elle s’insère. Il décrit comme d’infamantes mutilations les opérations pratiquées sur les organes génitaux. La cinquantaine bien sonnée, hermaphrodite, les cheveux longs peints en rouge, les ongles en bleu indigo, Vincent Guillot, dont on a déjà parlé plus haut, approuve. Un tantinet porté sur le comique, ce natif de Landeleau en région Bretagne, sait se composer un visage grave et sérieux quand il le faut. Pour lui la langue bretonne est « une langue qui ne veut pas mourir ». A ses dires elle serait la langue vernaculaire dans la foire à chevaux (qui a lieu dans la région) car les paysans en l’utilisant cachent les défauts des bêtes afin de trouver preneurs. Ouvrier agricole, s’il se dit père de 4 enfants, il reconnaît néanmoins ne pas en être le géniteur. « Je ne comprends pas pourquoi on n’admet pas qu’un transsexuel puisse devenir le père d’enfants qu’il n’a pas conçus alors qu’on trouve la chose tout à fait normale quand il s’agit de personnes dont la sexualité est ordinaire ». Ses enfants sont-ils comment sur le plan sexuel ? Pour Vincent, la sexualité n’est pas héréditaire. La médecine, il n’en a cure et son cas est suffisamment éloquent. Vincent parle avec fierté de ses « quatre enfants épanouis qui ont tous fait des études ».Ses enfants sont hétérosexuels et leur personnalité est bien construite. Je pense à une question, et celle-ci est partie trop vite. Trop tard pour faire marche arrière : comment lui, hermaphrodite dominé peut-être par des tendances féminines peut-il incarner une présence masculine dont les enfants ont grandement besoin ? C’est la première fois au cours de cette conversation à bâtons rompus que je vois Vincent s’emporter. Il bondit de sa chaise et part aussitôt dans une diatribe contre la psychanalyse. Ma question l’a d’autant plus heurté qu’il connaissait mon origine nord-africaine. Je devais comprendre que « la culture orientale a été malheureusement pourrie par la psychanalyse, et qu’elle a fini par assimiler le discours colonialiste ». L’islam m’explique-t-il a toujours toléré l’hermaphrodisme alors que l’Occident confond souvent hermaphrodisme et pédérastie. Pour la psychanalyse, fulmine-t-il, nous sommes de la m…(les transsexuels, NDLR)

Une cité hantée par la mer

Julien

Julien

Les cheveux ébouriffés, Julien a l’allure d’un chanteur anglais de rock, pourtant il n’est qu’un marin pour le plaisir. Il a appris sur le tas après un stage de 3 mois auprès d’un ami, à conduire son bateau à moteur qui lui sert également de logis. Nous sommes trois journalistes du kezako, (un bulletin d’information papier sur le festival de cinéma) à s’être embarqués pour une petite incursion maritime dans la baie de Douarnenez. Un vent frais souffle. Toutes voiles déployées, la petite embarcation glisse sur les flots. Quand j’ai revu Julien, la soirée même, je l’ai trouvé au chapiteau dressé sur la place du festival en train de danser sur le rythme endiablé de la fanfare Reuz Bonbon. Julien ne dansait pas, plutôt il tanguait comme tout à l’heure à bord de son yacht. On le voyait comme un beau diable, tantôt rembobiner, tantôt débobiner les cordes, tantôt passer d’un côté à un autre au grès des changements de cap. Les Douarnenistes sont un peu comme Julien. La mer les habite, les imprègne même si elle ne les nourrit plus comme jadis. Douarnenez a, du reste associé son nom à son port de pêche renommé pour ses sardines à tel point que ses habitants sont appelés parfois « Penn sardin », (Tête de sardine) allusion aux ouvrières des conserveries à qui revient, entre autres, la tâche de couper la tête de ces poissons.

Mille et une légendes

La mémoire collective fourmille en outre de mille et une légendes qu’on ne cesse de conter depuis les temps les plus reculés. Quand on ne comprend pas la langue locale, on a tendance à rechercher dans le toponyme incompréhensible qu’est Douarnenez, le segment phonétique qui serait la trace du français. C’est ainsi qu’on repère la déclinaison en « nez », laquelle désignerait l’organe nasal. Or en réalité, il n’en est rien. Douarnenez veut dire en breton la terre de l’île (Douar an enez). Car l’île en question existe bel et bien. Elle s’appelle Tristan, et s’étale sur 6 hectares environ. Située à 50 mètres environ de la berge, on y accède à pied en temps de marée basse. Non seulement il y a l’île mais celle-ci n’est pas n’importe laquelle. Elle a naguère abrité les célèbres amours de Tristan et Iseut, les héros de l’œuvre de Béroul qui fait écho à un mythe breton très ancien. Tristan est appelée parfois localement l’île des brigands, preuve s’il en est, que l’histoire peut voisiner avec la pure légende. Cette île fut en en effet à la fin du XVIe siècle la base arrière du bandit Guy Éder de La Fontenelle dit en breton « Ar Bleiz » (Le Loup). On rapporte encore aujourd’hui sa fin tragique puisqu’il mourut supplicié sur la place de grève à Paris. Difficile de garder son calme à bord du yacht de Julien. Les vagues sont assez fortes pour le faire chavirer. Avant notre montée à bord, on nous a fait le récit de la ville d’Ys, qui aurait été engloutie par l’océan. Encore une légende bien douarneniste puisque la cité disparue avait été édifiée au large de Douarnenez. La ville d’Ys est liée à l’histoire de Dahut, fille du roi Gradlon, qui menant mauvaise vie, a provoqué le châtiment divin qu’elle méritait. Le roi Gradlon réussit seul à s’échapper des flots. Depuis cette époque dit la légende, la ville de Quimper, (distante de 25 km de Douarnenez) devint sa nouvelle capitale.

L’avenir de la pêche en question

Bruno Claquin

Bruno Claquin

La pêche à Douarnenez accuse un recul depuis la fin des années 1980 à cause de l’absence de relève dans une profession qui se transmettait jusque-là de père en fils. Arrivés à la retraite les propriétaires des gros chalutiers ont préféré larguer définitivement les amarres que de perpétuer le métier. Bruno Claquin, 51 ans, est l’exception qui confirme la règle. On n’a pas eu de difficulté à repérer son « Saint-Anne II » qui était amarré en rade. Ce marin-pêcheur qui a débuté sa carrière à 16 ans s’apprête après 23 années de pêche au large à transmettre le témoin à l’un de ses trois enfants qui a suivi un bac professionnel en pêche. Bruno Claquin est très sollicité, il cumule d’ailleurs les fonctions de vice-président du comité départemental des pêches du Finistère et de président de la Société nationale de sauvetage en mer de Douarnenez. « L’Europe a donné à partir des années 80 des subventions pour la construction de bateaux neufs mais personne n’a voulu investir, tous les patrons ont préféré vendre et aucun n’a renouvelé sa flotte» regrette-t-il. Il évoque avec nostalgie « l’époque des 6 hauturiers qui partaient pour 15 jours de mer jusqu’en Mauritanie pour pêcher la langouste ou jusqu’en Irlande et en Islande pour pêcher le lieu-noir ». A présent dans tout Douarnenez il ne reste qu’un seul sardinier immatriculé en ce port. C’est la région voisine, le pays Bigouden ( Ar Vro Vigoudenn, en breton, au sud-ouest de Douarnenez) qui a pris le relais. Les bateaux de gros tonnage appartiennent aux marins pêcheurs de Saint-Guénolé, du Guilvinec ou de Loctudy. Le port de Douarnenez est devenu un port de débarquement puisqu’on y débarque le poisson frais avant son acheminement par voie routière vers les ports de Concarneau ou de Saint-Guénolé. « La raison tient au fait que les ports du pays Bigouden sont des ports à marais qui ne peuvent recevoir de gros bateaux. Le port de Douarnenez offre l’avantage d’être un port à eau profonde, il y a au moins 15 mètres, c’est pourquoi il est devenu un port relais » précise Claquin.
Le port de Douarnenez paraît calme et peu actif. Pour Claquin « ce n’est qu’une impression, en réalité l’activité y est très intense, on ne la remarque pas, car les bateaux aussitôt qu’ils débarquent leur marchandise, repartent en haute mer »

Kezako bretonnant

Des membres de l'équipe du Kezako

Des membres de l’équipe du Kezako

La langue bretonne s’est taillée au festival de Douarnenez une bonne place même si elle n’a pas égalé celle du lion. Elle serait parlée en Bretagne par environ 200 000 personnes croit savoir Joubin Maelan, 30 ans, bretonnant et employé à l’Office public de la langue bretonne. Maelan a assuré les pages en breton du kezako. Il appartient au cercle privilégié des bretonnants en ce sens qu’il a appris le breton auprès de ses parents avant d’en consolider les acquis à l’école. Beaucoup de bretonnants aujourd’hui n’ont pas eu cette chance, ayant appris cette langue uniquement sur les bancs de l’école.On dit bretonnant pour désigner le locuteur du breton. Étrange vocable que ce mot dès lors que tous les locuteurs des autres langues sont déclarés, germanophones, anglophones ou berbérophones, c’est selon. « Bien que le mot existe, on ne dit pas brittophone, parce que le qualificatif de « bretonnant » est consacré par l’usage depuis le moyen-âge, il est d’ailleurs dérivé du verbe « bretonner », qui a préexisté aux vocables ayant le suffixe en -phone et qui, à la base ne sont pas des verbes mais des substantifs » nous explique cette dame cinéaste qui paraît être bien documentée sur la question. Une littérature en breton existe. Dans son magasin de bouquiniste sur le front de mer, impressionnant par sa surface, Jean-Pierre originaire de Paris, y tient un rayon dédié à cette langue. Y figurent entre autres des textes religieux, des poèmes anciens, des romans et des dictionnaires. « Il y a beaucoup de curieux qui viennent fouiller dans ce coin, même des non locuteurs du breton ont acheté des dictionnaires français-breton, ou anglais-breton » soutient-il. Paradoxalement une certaine rupture s’est opérée entre l’ancienne génération des bretonnants et celle qui a bénéficié de l’enseignement. « Les personnes âgées éprouvent un complexe à parler en breton avec les jeunes gens l’ayant appris à l’école, ils se sentent comme pris en défaut de parler une langue fautive, pensant qu’ils ont en face d’eux des locuteurs d’un breton académique» fait observer Patrick, un jeune homme bretonnant rencontré au festival. Cheville ouvrière de la cinémathèque du festival, l’anthropologue Claude Le Gouill, a trouvé aussi le temps pour alimenter de ses écrits les colonnes du kezako. Entre deux présentations de films, le voilà discourant sur les prochaines représentations. Il n’a jamais appris le breton, il se souvient que ses « grands-parents n’en voulaient pas ». Il ne cache pas le fait que cela l’ait amené à s’interroger sur sa propre identité. Un questionnement qui n’est pas du reste étranger aux recherches qu’il mène depuis des années sur les Amérindiens de Bolivie. « On a dit qu’il va disparaître dans les années 90, mais il n’a pas disparu, mais je pense qu’il y a un problème sur le plan numérique, l’avenir du breton est compromis si les choses reste en l’état » pense Jean-Arnault Derens, journaliste, spécialiste des Balkans qui a rempli les fonctions de directeur de la rédaction du kezako. Valérie Caillaud, présidente du festival ne croit pas que le breton puisse devenir vernaculaire dans sa région, même si elle souligne « l’atout que représente le soutien de l’Union européenne aux langues régionales ». D’après elle « le breton en tant que territoire – culturel et historique – et identité peut être renforcé si la Loire-Atlantique est rattachée à la Bretagne ».

 

 

Médiapart c’est l’Afrique à part

[Par Armand IRE]

Au 8, passage Brulon du 12e arrondissement de Paris trônent des bâtiments en métal à l’architecture contestable. C’est à partir de ces lieux déjà historiques que « sévit » le journal en ligne l’un des plus indépendants de France et même d’Europe. Sans doute un immense privilège pour nous, journalistes exilés, de partager un moment l’espace de travail de ces confrères qui chamboulent volontiers le paysage politico-économique français. Un constat cependant : Médiapart est bien loin de l’Afrique noire. Compte-rendu de la visite.

Visite à Mediapart [Crédit Photo  Muzaffar Salman]

Visite à Mediapart [Crédit Photo Muzaffar Salman]

Les scandales révélés par ce quotidien numérique financièrement bien installé (du fait de ses 96.400 abonnés) sont nombreux et ont un impact important en France. Un exemple : l’affaire « Karachi » et la vente d’armes et de sous-marins au Pakistan avec, à la clé, d’astronomiques rétrocommissions (alors qu’Edouard Balladur était encore Premier ministre et candidat à la présidentielle française). Autre exemple: l’affaire Cahuzac du nom de l’ancien ministre délégué au Budget de François Hollande (qui, après avoir nié durant des semaines, jusque devant les députés a fini par reconnaitre qu’il possédait des comptes non déclarés en Suisse et à Singapour). Tombé à la suite des révélations de Médiapart, il est aujourd’hui mis en examen pour blanchiment d’argent et fraude fiscale. Ce serait un sacrilège que d’oublier dans l’énumération des « trophées » de Médiapart, la fameuse affaire Bettencourt du nom de la femme la plus riche de France : un scandale politico-financier qui a éclaboussé la Droite française (au Pouvoir au moment des faits) et surtout le chef de l’état d’alors Nicolas Sarkozy à qui cet organe n’a jamais « donné le lait ». Cet article à lui seul ne permet pas d’énumérer toutes les affaires avec effets « tsunami » mis au grand jour par Médiapart.

Visite à Mediapart : Intervention de François Bonnet [Crédit Photo  Muzaffar Salman]

Visite à Mediapart : Intervention de François Bonnet [Crédit Photo Muzaffar Salman]

L’Afrique noire méconnue
Comment se déroule une conférence de rédaction dirigée magistralement par François Bonnet, un ancien du journal Le Monde, tout comme d’ailleurs bon nombre de journalistes de cet organe ? Réponse : 20 minutes maximum où les enquêtes en cours et des sujets divers sont évoqués puis des rôles distribués. Même la situation financière de l’entreprise est évoquée au cours de cette rencontre quotidienne. Ici on va à l’essentiel. On est bien loin de la conférence de rédaction de « L’œil de l’exilé », le journal en ligne de la maison des journalistes où la pluralité des langues et nos nombreux « hors-sujets » nous éloignent de l’efficacité.
Seule ombre au tableau de cette visite inoubliable : le net constat de l’ignorance de l’Afrique noire par Médiapart. Si les guerres françaises au Mali, en Centrafrique mais aussi en Libye ont été condamnées par la rédaction, il n’en demeure pas moins qu’il n’existe, sauf erreur, aucun « spécialiste » de l’Afrique noire au sein de la rédaction.
Ceci étant dit, parmi les aspects réellement positifs qui apparaissent ici, il y a cette volonté : Edwy Plénel, le fondateur de Médiapart et ses associés ont procédé à un savant dosage entre générations. Les plus âgés côtoient les plus jeunes. C’est là une équipe dont l’efficacité fait le bonheur des abonnés qui atteindront très bientôt la barre des 100 000. Pour 9 euros par mois ils reçoivent chaque matin, dans leur boîte mail, une info en prise directe avec les réalités. Une rédaction comme tout bon journaliste en rêve.

Visite à Mediapart [Crédit Photo  Muzaffar Salman]

Visite à Mediapart [Crédit Photo Muzaffar Salman]