Rédaction de l’Oeil
Qui sont les journalistes de la Maison des journalistes ?
Les journalistes de la MDJ sont hébergés et accompagnés lors de leur exil en France, suite à des menaces de mort pour avoir exercé leur métier et appliquer la liberté d’informer.
Elle les aide à chaque étape de leur parcours d’exil et leur donne les moyens de s’exprimer librement via notamment Internet avec ce journal. Darline Cothière, directrice de la Maison des journalistes résume ainsi l’esprit et les objectifs de l’association :
« La MDJ représente une sorte de baromètre de la situation de la presse dans le monde. Dans ce lieu unique au monde se côtoient des hommes et des femmes de nationalités, de cultures et de trajectoires différentes. Au-delà de cette diversité, tous ces journalistes ont en commun l’expérience de l’exil et de la répression. La MDJ les aide à se reconstruire et à continuer leur mobilisation en faveur de la liberté de la presse ».
Un journaliste est une personne dont la profession est de rassembler des informations, de rédiger un article ou mettre en forme un reportage afin de présenter des faits qui contribuent à l’actualité et l’information du public.
Le travail du journaliste consiste principalement à recueillir des informations puis écrire des articles ou publier des reportages (écrits, audio, photo ou vidéo), en consultant les dépêches des agences de presse et la documentation de son entreprise, en interrogeant des spécialistes ou des témoins, à qui il garantit la protection des sources d’information des journalistes.
La Maison des Journalistes au cœur de la lutte contre la désinformation
/dans événement, Journaliste MDJ, Liberté d'informer /par RédactionCe jeudi 26 janvier, la MDJ a reçu la secrétaire d’Etat chargée de l’Europe, Laurence Boone, ainsi que Patrick Penninckx, chef du service « Société de l’Information » au Conseil de l’Europe.
La fin de l’espoir pour les journalistes afghans ?
/dans Journaliste MDJ, Liberté d'informer, Moyen et Proche Orient, Tribune Libre /par RédactionLes journalistes afghans ayant fui au Pakistan espèrent toujours un visa occidental, menacés d’expulsion et de mort par les talibans.
PORTRAIT. Nadiia Ivanova : fuir la guerre pour retrouver Paris, ville de la paix
/dans Europe, Journaliste MDJ, Portraits, Ukraine /par RédactionRéfugiée Ukrainienne à Paris et hébergée à la Maison des Journalistes depuis mars, Nadiia Ivanova a confié son parcours à l’Œil de la MDJ.
Les Assises du journalisme : prouver l’utilité sociale et démocratique des journalistes
/dans Europe, Journaliste MDJ, Liberté de la presse /par RédactionEn 2007, Jérôme Bouvier décide de créer un espace d’échanges de la profession, les Assises du journalisme. Mais en quoi consiste ce rendez-vous annuel et quels sont ses plus grands défis ?
Stage d’immersion dans les rédactions de Ouest-France : Dix jours d’intenses inspirations
/dans Culture, France, Journaliste MDJ, Liberté d'expression, Liberté d'informer, Liberté de la presse, Redaction, Rencontre /par RédactionPar Manar RachwaniTraduction Zouheir Ait Mouhoub Paris.La domination des réseaux et des médias sociaux laissait penser que le journalisme tel que nous le connaissons était voué à disparaître comme le soutiennent de nombreux observateurs. Hélas, pour les plus sceptiques, ce n’est heureusement pas le cas. Grâce au généreux stage d’immersion que le Groupe Sipa-Ouest France […]
MORT À PARIS D’UN EXILÉ CUBAIN : JESÚS ZÚÑIGA
/dans Amérique, Droits de l'Homme, Géopolitique, Journaliste MDJ, Liberté d'expression, Liberté de la presse, Portraits /par Jacobo MachoverJesús Zúñiga était un combattant pour la liberté de la presse et pour la liberté tout court. Mais il était incompris car il avait osé s’attaquer à un régime communiste qui bénéficie encore de la sympathie de nombre de ses collègues journalistes et intellectuels à travers le monde, celui de la Cuba des frères Castro et de leurs épigones.
L’homme politique haïtien Jerry Tardieu visite la Maison des journalistes
/dans Amérique, Géopolitique, Journaliste MDJ /par Anderson D. MichelPendant sa tournée pour sensibiliser les médias et différentes institutions européennes sur la crise actuelle d’Haïti, l’ancien député et leader du mouvement politique En Avant, Jerry Tardieu, a accepté d’accorder un entretien au journal en ligne de la Maison des journalistes. Par Anderson D. Michel Jerry Tardieu, âgé de 54 ans, est un homme politique, […]
Les journalistes de la MDJ aux assises de Tours et aux prix Bayeux
/dans Europe, Journaliste MDJ /par RédactionLa Maison des journalistes (MDJ) a pris part à deux événements médiatiques majeurs : les assises du journalisme de Tours et le prix Bayeux. Au cours de ces deux rendez-vous annuels, les journalistes afghans résidents de la MDJ ont été particulièrement honorés. Assises de Tours (4 et 8-10 octobre) Darline Cothière, directrice de la MDJ, […]
FRANCE-MAROC. Hicham Mansouri de la Maison des journalistes parmi les cibles du logiciel espion Pegasus
/dans Droits de l'Homme, France, Journaliste MDJ, Liberté d'expression, Liberté de la presse /par RédactionChargé d’édition au sein de la Maison des journalistes, Hicham Mansouri est parmi les cibles des autorités marocaines via le logiciel espion israélien Pegasus. Réfugié en France depuis 2016 et ancien résident de la Maison des journalistes, Mansouri n’est pas totalement à l’abri d’un pouvoir de plus en plus répressif (lire son témoignage “Maroc. « Comment j’ai été tracé à Vienne par Pegasus » publié dans Orient XXI dont il est membre de rédaction). “Le téléphone d’Hicham Mansouri a été infecté à une vingtaine de reprises via le logiciel espion Pegasus, entre février et avril 2021” selon l’analyse technique réalisée par Security Lab d’Amnesty International, en partenariat avec le consortium Forbidden Stories. Voici le reportage de Forbidden Stories réalisé par Phineas Rueckert (traduit de l’anglais par Clément Le Merlus) sur son cas.
Loin des yeux, mais pas hors d’atteinte
Les murs de son bureau à la Maison des Journalistes sont couverts d’affiches de Reporters Sans Frontières et d’autres organisations de défense de la liberté de la presse. Hicham Mansouri vivait auparavant dans le bâtiment, qui sert à la fois de lieu d’exposition et de résidence pour les journalistes réfugiés. Il a depuis déménagé mais partage toujours un petit bureau au rez-de-chaussé où il se rend trois fois par semaine.
Avant de discuter avec Forbidden Stories, le journaliste marocain éteint le portable qu’il a emprunté et le plonge au fond de son sac à dos. Une analyse scientifique de son téléphone précédent, réalisée par le Security Lab d’Amnesty International, a montré qu’il a été infecté par Pegasus plus de vingt fois sur une période de trois mois, de février à avril 2021.
Journaliste d’investigation indépendant et co-fondateur de l’Association Marocaines des Journalistes d’Investigation (AMJI), Hicham Mansouri rédige actuellement un livre sur le trafic de drogue illégal dans les prisons marocaines, lui qui a fui son pays en 2016 en raison des nombreuses menaces physiques et judiciaires à son encontre.
En 2014, il est roué de coups par deux agresseurs anonymes alors qu’il quitte un rendez-vous avec d’autres défenseurs des droits humains, dont Maati Monjib, qui a plus tard, lui aussi, été ciblé par Pegasus. Un an après, des agents du renseignement armés perquisitionnent sa maison dès 9h et le trouvent dans sa chambre en compagnie d’une amie. Ils l’ont alors entièrement déshabillé et arrêté pour « adultère », ce qui est un crime au Maroc. Hicham Mansouri passe dix mois dans la prison de Rabat. Sa cellule est celle réservée aux criminels les plus dangereux et les autres détenus le surnomment « La Poubelle ». Au lendemain de sa libération, il saute dans un avion pour la France où il demande et obtient l’asile. En juin 2016, Hicham Mansouri et six autres journalistes et activistes de ce projet sont accusés de « menacer la sécurité intérieure de l’Etat » en ayant organisé ce programme [condamné à une année de prison ferme par accoutumance].
Cinq ans plus tard, Hicham Mansouri découvre qu’il est toujours une cible du gouvernement marocain. « Tous les régimes autoritaires voient le danger partout », dénonce-t-il auprès de Forbidden Stories. « On ne se considère pas dangereux parce qu’on fait ce que l’on pense être légitime. On sait que l’on est dans notre droit. Mais pour eux nous sommes dangereux. Ils ont peur des étincelles parce qu’ils savent qu’elles peuvent mettre le feu. »
Au moins 35 journalistes basés dans 4 pays ont été sélectionnés comme cibles par le Maroc, selon l’enquête publiée aujourd’hui. Nombre des journalistes marocains sélectionnés comme cibles ont été à un moment donné arrêtés, diffamés ou ciblés d’une certaine manière par les services de renseignement. D’autres, en particulier les rédacteurs en chef Taoufik Bouachrine et Souleimane Raissouni, sont actuellement en prison pour des accusations que les organisations de défense des droits humains prétendent être instrumentalisées avec pour objectif d’écraser le journalisme indépendant au Maroc.
Dans une déclaration à l’attention de Forbidden Stories et ses partenaires, les autorités marocaines ont écrit qu’ils « ne comprennent pas le contexte de la saisine par le Consortium International de Journalistes » et que les autorités sont toujours « dans l’attente de preuves matérielles » pour « prouver une quelconque relation entre le Maroc et la compagnie israélienne précitée. »
Réponse des autorités marocaines
Les autorités marocaines ont répondu à Forbidden Stories qu’il n’existait pas de preuve qu’elles étaient clientes de l’entreprise NSO. L’entreprise NSO n’a pas répondu aux questions de Forbidden Stories concernant des attaques spécifiques mais a déclaré qu’elle « continuerait à enquêter sur toutes les allégations crédibles d’utilisation abusive et prendrait les mesures appropriées en fonction des résultats de ces enquêtes ».
D’autres articles
Woman, Life, Freedom : a misunderstood concept ?
Iran : les femmes, « l’avant-garde de la révolution » nationale
IN IRAN, THE “JINA REVOLUTION” TO COMBAT ALL OPPRESSIONS
En Iran, la “Révolution Jina” pour combattre toutes les oppressions
IRAN. Élection présidentielle : Aggravation de la crise hégémonique et du contrôle politique
Dara (dessinateur iranien) : “Des jeunes vivent la liberté sans en avoir conscience”
IRAK/IRAN- Les illusions de la levée du blocus et de l’accord sur le nucléaire (3/3)
IRAK-IRAN. Les illusions de la levée du blocus et de l’accord sur le nucléaire (2/3)
IRAK-IRAN. Les illusions de la levée du blocus et de l’accord sur le nucléaire (1/3)
Une “étrange” sécurité règne au Kurdistan d’Iraq
Gökkuş : “Je fais passer des sentiments et non des messages”
IRAN – Mort de Mohammad-Reza Shajarian, chanteur légendaire militant et engagé
IRAN – “Le tsnunami” du Covid19 continue ses ravages
IRAN – Téhéran aspire à la révolte, les mollahs songent à déplacer la capitale
IRAN – Le lutteur Navid Afkari exécuté malgré la mobilisation internationale
IRAN – Une vague d’exécutions pour maintenir le régime des Mollahs
IRAN – La machine d’exécution ne s’arrête pas
IRAN – Massoumeh Raouf: «Le régime n’a plus aucune base populaire»
IRAN – 32e anniversaire du massacre des prisonniers politiques de l’été 1988
Covid19 – Iran – Rohani confirme: “25 millions de personnes ont été infectées et 35 millions le seront”
Covid19 – IRAN – “18 millions d’iraniens ont contracté la maladie”
COVID19 – IRAN – “50 % des Iraniens sont sur le point de contracter le coronavirus”
Iran – Le pouvoir judiciaire reconnaît l’arrestation d’étudiants d’élite
Iran – Un général des pasdaran nommé président du parlement
Iran – Coronavirus, la réalité des chiffres
Iran – Histoire de la résistance des femmes sous le régime des mollahs
Iran – 1000 morts liés au coronavirus et des journalistes interdits d’en parler
Iran – Les élections législatives ont été massivement boycottées
Iran – «Je vote le changement de régime» aux élections législatives
Iran – 40 ans de lutte contre la communauté internationale, 40 ans de terrorisme
Guinée : malgré la grève et plusieurs morts, le Président s’octroie par décret un 3ème mandat présidentiel
New balance from collapse of a weakened Iran
Nouveau rapport de force face à un Iran affaibli
Crash du Boeing: le peuple iranien révolté contre le régime
40 ans de tyrannie en Iran, Khamenei et le cauchemar de l’échec
Iran : la mort de Qassem Soleimani, un coup irréparable au régime des mollahs
Liban, un lieu de transit pour les journalistes en exil?
Les particularités encourageantes du mouvement populaire en Iran
Iran : une jeune femme kurde enceinte dans le couloir de la mort
UNESCO : préserver l’héritage culturel de l’artiste afghan Rumi
Le massacre des Koulbars, encore un secret honteux de l’Iran
Rebin Rahmani, la voix des Kurdes d’Iran
Iran : Grève de la faim de 27 prisonniers politiques kurdes à Orumieh
L’oeil de Reza Jafarian
Liberté : Le fruit défendu des iraniens
Situation de la liberté de presse en Iran : Discours de Rasoul Asghari, journaliste iranien
Tous les chemins mènent à la prison !
PORTRAIT. Meiirbek, journaliste kazakh exilé : «Continuer à écrire, c’est les protéger»
/dans Asie Centrale et du Nord, Journaliste MDJ, Portraits /par RédactionLorsque Meiirbek comprend que ses proches disparus sont déportés en camp de concentration, il décide de s’engager dans la lutte pour révéler les agissements des autorités chinoises . Il rejoint donc une association pour la défense des droits humains au Kazakhstan : Atajurt Kazakh Human Rights. En son sein, il a participé à faire connaître des victimes, mais aussi des familles de victimes sans nouvelles d’un de leurs proches.
En 2019, le responsable de l’association est arrêté. « Le gouvernement kazakhe a des relations très proches avec le gouvernement chinois ». Allant encore plus loin dans la répression, les forces de l’ordre kazakhes ferment les bureaux de l’association et prennent tous les ordinateurs. Pour continuer à se faire entendre, tout en essayant d’éviter de se faire emprisonné comme son responsable, Meiirbek décide de créer un compte sur plusieurs réseaux sociaux sous une fausse identité. « J’ai créé un compte qui s’appelait Erkin Azat, Erkin, en turc ça veut dire liberté, et Azat, en persança veut aussi dire liberté ». Même les collègues de Meiirbek ne sont pas dans la confidence : « Je n’aime pas le dire aux autres. Si je le fais, peut-être que le gouvernement kazakhe le saura, et après ils me chercheront. On ne sait jamais qui travaille pour qui. »
Ce compte lui a été plus qu’utile. « Au sein de l’association, après avoir interviewé des victimes, on a contacté des médias, notamment au Kazakhstan. Mais ils n’en voulaient pas, ils ne veulent pas se mêler de ce qui touche à la Chine. Le gouvernement contrôle les médias au Kazakhstan. Toutes les infos que nous recevons ont été triées. » Des médias ont commencé à s’intéresser aux histoires qu’il racontait, aux témoignages qu’il relayait. « C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à recevoir des menaces, aussi bien par le gouvernement Kazakhe que par le gouvernement chinois. J’ai reçu des messages sur Messenger qui disaient « Votre responsable a été arrêté, le prochain sur la liste, c’est vous. Attention » ».
Le responsable de Meiirbek est finalement libéré au bout de quelques mois, après la pression importante d’Amnesty International par le biais d’une pétition. Se sentant encore en danger, ce dernier émigre aux États-Unis. De son côté, Meiirbek continue sa lutte au Kazakhstan.
Afin de mieux comprendre le contexte de persécution des minorités ethnique au Xinjiang, Meiirbek nous explique la situation. « Xi Jinping est élu en 2012. C’est un dictateur. Lors de sa deuxième année de mandat, il commence à arrêter ses opposants politiques. C’est là que des camps ont commencé à être créés, en 2016 donc. À partir de septembre 2018, il a commencé à arrêter non seulement les opposants politiques, mais également plusieurs minorités présentes en Chine telles que les Ouïghours ou les Kazakhs. Pourquoi ? Pour créer une unité chinoise, une population totalement homogène, sans différence. Dans ces camps il faut parler chinois, aucune autre langue n’est acceptée. Comme excuse à ces arrestations, Xi Jinping évoque le terrorisme. Mais tous ceux que je connais qui ont été enfermés dans ces camps n’étaient pas des terroristes, le problème c’est leur appartenance ethnique.»
Grâce aux interviews qu’il a menées, Meiirbek sait que les personnes enfermées dans ces camps sont soumises à du travail forcé entre 10 et 12h par jour. « Surtout de la couture, et il faut aller vite. Il y a un quota de vêtements à produire par jour, et s’il n’est pas atteint, le salaire est réduit. Cette histoire de salaire, c’est pour faire beau sur le papier, mais chaque excuse est bonne pour le réduire : un retard, une couture de travers, un rythme trop lent. Si bien qu’à la fin du mois, le salaire est réduit à néant et ils ne reçoivent rien. »
Outre ces informations sur le travail forcé, Meiirbek a découvert des pratiques impensables visant à limiter le plus possible l’accroissement des minorités. Au fil des interviews, ce qui s’apparentait à de simples vaccins pour éviter les maladies au sein des camps, s’est finalement révélé être une campagne de stérilisation de masse. « C’est vraiment un génocide, on cherche à mettre définitivement fin à une ethnie, une population. Le pire, c’est que si une femme arrive dans le camp alors qu’elle est enceinte, même de sept ou huit mois, ils lui font subir un avortement. »
C’est avec beaucoup de force que Meiirbek nous raconte ces histoires qui font désormais parties de lui. Révolté par ce qui se passait autour de lui, il mène une lutte sans relâche, mettant sa propre liberté en péril. Alors que les menaces deviennent de plus en plus importantes, Meiirbek établit un contact avec plusieurs associations et médias français, ainsi qu’avec l’Ambassade de France au Kazakhstan. Grâce à leur aide précieuse, il a pu se réfugier en France où Amnesty International, France 24 et l’AFP l’ont directement dirigé et mis en contact avec la Maison des Journalistes. Au mois de mai 2019, Meiirbek en devient résident. Le choix de la France est comme une évidence pour lui : « En Belgique, on parle français au sein des enceintes de l’Union Européenne. En Suisse, on parle français au sein des enceintes de l’Organisation des Nations Unies. Donc je pense que le français est important pour moi, pour continuer mon travail, c’est pourquoi j’ai choisi la France. »
Ici, Meiirbek compte bien continuer sa lutte pour les Droits de l’Homme. « Je participe à beaucoup de manifestations, d’ailleurs j’ai encore été menacé en juin 2020 par un individu qui devait être proche du gouvernement chinois, dans la rue, comme ça. Il m’a posé beaucoup de questions. Heureusement, lorsque j’ai reçu ma carte de citoyenneté, la préfecture m’avait donné un numéro où appeler si j’avais un jour besoin d’aide. Je les ai appelés et le préfet de police l’a fait arrêter, mais il a fui. » Cette lutte, il ne la consacre pas seulement aux répressions menées par le gouvernement chinois. Il s’intéresse à toutes sortes de débats. Il explique de manière posée et réfléchie « Au Kazakhstan au début, nous avions pas mal de libertés. On avait Skype, Facebook, mais maintenant c’est devenu plus dur. Petit à petit l’étau se resserre sans qu’on s’en rende compte. Une telle répression, ça ne se fait pas d’un coup. Alors quand j’ai entendu parler de la loi Sécurité Globale en France, je me suis dit qu’il fallait manifester, pour empêcher le développement d’un processus de limitation des libertés. Donc je soutiens les droits de l’Homme pour tout le monde, même français et européens ».
Devant tant de détermination et d’engagement se pose la question des menaces subies par la famille. Les parents de Meiirbek, ainsi que deux de ses frères vivent au Kazakhstan, « Pour eux tout va bien ». Mais un de ses frères et sa sœur, eux, vivent en Chine. « Lorsque le gouvernement chinois a découvert l’identité d’Erkin Azat, c’est-à-dire moi, ils sont allés les voir et les ont menacé. Ils savaient que j’étais hors de portée alors ils leur ont dit que si jamais je continuais de rédiger des articles, c’est eux qui seraient enfermés. Mais je ne céderai pas. Continuer à écrire, c’est les protéger, car ainsi tout le monde est au courant. Si je me taisais, c’est là que ça deviendrait dangereux pour eux, et pour toutes les minorités. C’est ce qu’ils cherchent, étouffer le sujet. »
Lorsqu’on lui demande s’il pense que la situation pourra un jour s’améliorer en Chine, il apparaît mitigé. « Vous savez, la répression est de plus en plus grande. Toute excuse est bonne pour emprisonner quelqu’un : avoir dit As-Salam Aleykoum, être rentré dans une mosquée, avoir posé des questions aux forces de l’ordre lorsqu’on ne comprend pas pourquoi on fait l’objet d’un contrôle… Désormais, même les Han chinois peuvent être emprisonnés. Ils sont pourtant la population majoritaire au Xinjiang, région où les camps se sont développés.». D’un autre côté, il est certain que le fait que le sujet de l’enfermement des Ouïghours se développe au sein de la communauté internationale est une bonne chose. « Moi j’ai encore des contacts en Chine, et ils m’indiquent que la situation s’améliore un peu. Si on continue d’en parler, la pression s’intensifiera pour la Chine et elle sera obligée de ralentir cette politique de répression ».
Après deux ans de vie à la Maison des Journalistes, Meiirbek a désormais son propre logement en région parisienne. Motivé, il tient à perfectionner son français afin de pouvoir demander la nationalité française, pays qu’il qualifie comme sa “troisième patrie”. A ce sujet, il souhaite nous lire un texte qu’il a rédigé : « Qu’est-ce que la France m’a donné ? », un poème en hommage au pays qui lui a offert l’asile. Une fois la nationalité acquise, il souhaite intégrer une formation de journalisme. « Je suis citoyen-journaliste moi, je n’ai pour l’instant aucun diplôme en la matière. Mais c’est dans cette voie que je veux poursuivre ».
D’autres articles
Woman, Life, Freedom : a misunderstood concept ?
Iran : les femmes, « l’avant-garde de la révolution » nationale
IN IRAN, THE “JINA REVOLUTION” TO COMBAT ALL OPPRESSIONS
En Iran, la “Révolution Jina” pour combattre toutes les oppressions
IRAN. Élection présidentielle : Aggravation de la crise hégémonique et du contrôle politique
Dara (dessinateur iranien) : “Des jeunes vivent la liberté sans en avoir conscience”
IRAK/IRAN- Les illusions de la levée du blocus et de l’accord sur le nucléaire (3/3)
IRAK-IRAN. Les illusions de la levée du blocus et de l’accord sur le nucléaire (2/3)
IRAK-IRAN. Les illusions de la levée du blocus et de l’accord sur le nucléaire (1/3)
Une “étrange” sécurité règne au Kurdistan d’Iraq
Gökkuş : “Je fais passer des sentiments et non des messages”
IRAN – Mort de Mohammad-Reza Shajarian, chanteur légendaire militant et engagé
IRAN – “Le tsnunami” du Covid19 continue ses ravages
IRAN – Téhéran aspire à la révolte, les mollahs songent à déplacer la capitale
IRAN – Le lutteur Navid Afkari exécuté malgré la mobilisation internationale
IRAN – Une vague d’exécutions pour maintenir le régime des Mollahs
IRAN – La machine d’exécution ne s’arrête pas
IRAN – Massoumeh Raouf: «Le régime n’a plus aucune base populaire»
IRAN – 32e anniversaire du massacre des prisonniers politiques de l’été 1988
Covid19 – Iran – Rohani confirme: “25 millions de personnes ont été infectées et 35 millions le seront”
Covid19 – IRAN – “18 millions d’iraniens ont contracté la maladie”
COVID19 – IRAN – “50 % des Iraniens sont sur le point de contracter le coronavirus”
Iran – Le pouvoir judiciaire reconnaît l’arrestation d’étudiants d’élite
Iran – Un général des pasdaran nommé président du parlement
Iran – Coronavirus, la réalité des chiffres
Iran – Histoire de la résistance des femmes sous le régime des mollahs
Iran – 1000 morts liés au coronavirus et des journalistes interdits d’en parler
Iran – Les élections législatives ont été massivement boycottées
Iran – «Je vote le changement de régime» aux élections législatives
Iran – 40 ans de lutte contre la communauté internationale, 40 ans de terrorisme
Guinée : malgré la grève et plusieurs morts, le Président s’octroie par décret un 3ème mandat présidentiel
New balance from collapse of a weakened Iran
Nouveau rapport de force face à un Iran affaibli
Crash du Boeing: le peuple iranien révolté contre le régime
40 ans de tyrannie en Iran, Khamenei et le cauchemar de l’échec
Iran : la mort de Qassem Soleimani, un coup irréparable au régime des mollahs
Liban, un lieu de transit pour les journalistes en exil?
Les particularités encourageantes du mouvement populaire en Iran
Iran : une jeune femme kurde enceinte dans le couloir de la mort
UNESCO : préserver l’héritage culturel de l’artiste afghan Rumi
Le massacre des Koulbars, encore un secret honteux de l’Iran
Rebin Rahmani, la voix des Kurdes d’Iran
Iran : Grève de la faim de 27 prisonniers politiques kurdes à Orumieh
L’oeil de Reza Jafarian
Liberté : Le fruit défendu des iraniens
Situation de la liberté de presse en Iran : Discours de Rasoul Asghari, journaliste iranien
Tous les chemins mènent à la prison !