La liberté d’informer
Journalistes et lanceurs d’alerte, liberté d’expression et droits de l’Homme… Le combat pour la liberté d’informer est actuel, partout dans le monde et ne cesse d’être menacé. La Maison des journalistes – MDJ – à travers ses nombreuses missions et son journal “l’Oeil de la MDJ” lutte quotidiennement pour que chacun puisse jouir de son droit fondamental : critiquer librement.
Dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, la liberté est le premier des quatre droits de l’Homme. Après la définition de la liberté et le rappel de la primauté de la loi (article 4), c’est le refus de la détention arbitraire (article 7), puis la présomption d’innocence (article 9) et l’affirmation du respect des opinions notamment « religieuses » (article 10). De plus, la « libre communication des pensées et des opinions » apparaît comme la première des libertés (article 11), dont les bornes sont définies par la loi.
La « libre communication des pensées et des opinions » est définie aujourd’hui par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme adoptée par Les Nations Unies en 1948 et ses diverses adaptations dans les lois des pays. Elle est aussi l’objet de réflexions philosophiques, politiques et éthiques quant à la meilleure façon de la pratiquer.
“Je pense que partir, c’est abandonner ce pour quoi je me bats”
/dans Europe, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Justine LenormandJe ne peux pas dire que je me sentais en danger, mais j’étais préparée à ce que quelque chose de ce genre arrive.
Vous avez été arrêtée en août 2018, pouvez-vous nous rappeler ce qu’il s’est passé?
Maryna Zolotova: “Début août 2018, dix personnes sont venues chez moi pour effectuer des recherches. Deux d’entre eux étaient équipés de caméras. Quand je les ai vus, j’ai compris que je serais diffusée à la télévision le soir même.
Après la perquisition, ils m’ont amené au bureau du comité d’enquête pour m’interroger, mais ce jour-là, j’ai décidé de ne pas témoigner. L’affaire a commencé quand les appels de mon téléphone on été mis sur écoute. Personne ne m’expliquait pourquoi et combien de temps cela allait durer.
Puis j’ai été placé en détention. Ce jour-là, la police a perquisitionné de nombreux domiciles de journalistes en Biélorussie. Huit d’entre eux ont été arrêtés dont quatre sont originaires du même média que le mien TUT.BY.
Nous avons été relâchés deux jours plus tard, peut-être parce que la communauté internationale est intervenue ou parce que certaines personnes au sein de nos autorités ont compris que les forces de sécurité avaient commis une erreur.”
Qu’est-ce qu’il vous était reproché?
Dans le cadre de l’affaire Belta, 15 journalistes biélorusses ont été accusés d’avoir eu accès sans autorisation à l’agence d’information nationale (Belta). Mais l’infraction était insuffisante pour persécuter les journalistes de manière aussi brutale.
Quatre mois plus tard, la persécution de tous les journalistes a été stopée, mais ils ont quand même dû payer une amende. J’étais la seule personne encore accusée et j’ai dû comparaître en justice, bien que je n’ai jamais utilisé d’abonnement Belta, mais une autre accusation a été inventée contre moi pour m’inculper. J’étais accusé de négligence et d’inaction, pour ne pas avoir contrôlé le travail de mes journalistes.
Je n’étais pas d’accord avec l’accusation, mais le juge m’a condamné à une amende. C’était une punition assez légère. Il aurait pu y avoir d’autres types de sanctions, telles que l’interdiction d’exercer mon métier ou la détention jusqu’à cinq ans. Les médias d’Etat sur internet n’ont aucun succès. Cette affaire pénale était une bonne occasion d’affaiblir la concurrence. Bien que l’affaire soit terminée, je ne me sens pas libre dans mon métier.
Vous êtes vous sentis en danger avant votre arrestation?
Je ne peux pas dire que je me sentais en danger, mais j’étais préparée à ce que quelque chose de ce genre arrive. Le journalisme est une profession dangereuse en Biélorussie comme dans beaucoup d’autres pays. Mais j’avais l’espoir que ça se passe de cette façon en 2018.
Avez-vous continué à travailler?
Oui mais on fait beaucoup plus attention avec la cyber sécurité. Et bien-sûr, je ne discute plus de choses importantes par téléphone. Mais la façon dont on travaille est définitivement la même.
Comptez-vous rester en Biélorussie pour travailler?
Oui. Je ne veux pas quitter mon pays. Je suis née à Minsk et j’aime cette ville. Laissons les personnes désagréables quitter la Biélorussie. Je pense que partir c’est abandonner ce pour quoi je me bat.
Connaissiez-vous la Maison Des Journalistes? Qu’en pensez vous?
J’avais déjà entendu parlé de la MDJ mais je ne connaissais pas vraiment les détails de votre activité. Lorsque j’ai rencontré un ancien résident de la Maison des journalistes travailler à France 24, je me suis dit que ce travail est important. Accueillir des journalistes exilés et les aider à s’insérer dans la vie française est vraiment admirable. La MDJ donne de l’espoir aux personnes qui ont quitté leur pays et surtout la chance de démarrer une nouvelle vie. Merci pour ça.
Le journaliste Ghys Fortune Bemba Dombé revient sur une potentielle 3ème guerre mondiale et la fragilité des alliances internationales.
Déo Namujimbo, journaliste aux facettes multiples originaire de la RDC, exilé en France, fait partie des lauréats du Prix Victoire Ingabire.
Après deux décennies de succès, les Nations unies s’essoufflent. Les conflits se perpétuent sous l’œil impuissant du Conseil de Sécurité.
En mission à Paris pour le compte du PPA-CI, Ahoua Don Mello n’a pas manqué de tirer à boulet rouge sur l’endettement de l’état ivoirien depuis 2011.
In Bangladesh, women continue to struggle against a sexist society, violence and socio-economic obstacles.
Afrique : le Bénin, la démocratie et le millionnaire
/dans Afrique, Liberté d'informer /par Jean-Jules Lema LanduOn se faisait à l’idée, à tort, que le jour où les gens riches passeraient au pouvoir, on assisterait à la naissance de la démocratie. A la confirmation de nos indépendances creuses. Et à la fin de cet état de pauvreté endémique qui nous accable. Il est vrai que l’expérience, dans ce sens, ne comprend qu’un exemple concret, celui du Malgache Ravalomanana (2002-2009), un millionnaire dans l’agro-alimentaire dont le résultat de la gestion reste mitigé. Pour le reste, il s’agit des gouvernants qui se sont enrichis, en faisant main basse sur le trésor public.
Pour le reste, il s’agit des gouvernants qui se sont enrichis, en faisant main basse sur le trésor public.
Pourtant, des hommes riches irréprochables existent. Des personnes qu’on a vues partir de rien, mais qui, à la force du poignet, sont parvenues à s’asseoir sur des grosses fortunes. Trois d’entre elles sont récemment venues à la politique active, et occupent le sommet de l’Etat, par les urnes: le Malgache Andry Rajoelina, 45 ans, janvier 2019 ; le Sud-Africain Cyril Ramaphosa, 66 ans (ancien syndicaliste), février 2018 ; et le Béninois Patrice Talon, 61 ans, avril 2016.
Des espoirs “talonnés”
La démocratie au Bénin, laquelle, avec quelques autres rares régimes démocratiques ont la côte, en Afrique, est aujourd’hui mise à mal par Patrice Talon. Pour autant, l’actuel chef de l’Etat est un demi-milliardaire. Un homme d’affaires avisé et instruit, qui a fait fortune dans la filière d’intrants agricoles et d’égrenage du coton. Il figure au 15e rang de plus grandes fortunes d’Afrique subsaharienne francophone, avec un patrimoine évalué par la revue Forbes 2015, à plus de 400 millions de dollars.
Or, depuis son arrivée, à la tête de l’Etat, le Bénin s’embrouille dans une dérive autoritaire inquiétante: le président décide seul.
Or, depuis son arrivée, à la tête de l’Etat, le Bénin s’embrouille dans une dérive autoritaire inquiétante: le président décide seul. Ainsi élabore-t-il des propositions de loi scélérates, rejetées en bloc par le Parlement, à l’origine d’un climat constant de tensions et d’affrontements mortels.
Enfin, il concocte une nouvelle charte des partis politiques, qui exclut les formations de l’opposition d’élections législatives, en avril. Sauf deux formations à sa solde. C’est le bouquet ! S’ensuivent protestations et répressions dans le sang … jusqu’à imposer manu militari interdiction à l’ancien président Boni Yayi (2006-2016) de sortir de chez lui pendant 50 jours.
C’est le triomphe de la dictature, puisqu’en dépit de toutes les désapprobations émises par les instances africaines, le Parlement monocolore de Talon continue de fonctionner. Au vu et au su de tout le monde.
Talon a “talonné” les espoirs des Béninois qui l’on voté, en croyant que la toute-puissance de l’argent avait forcément une influence positive sur l’homme. Espoirs douchés également pour toute l’Afrique, médusée, se demandant à quel saint se vouer pour le salut.
En tout cas, qu’ils soient incultes, bien formés en France (c’est le cas de l’Afrique de l’Ouest) et aujourd’hui millionnaires, ils sont tous pareils nos chefs d’Etat. Et, les diplômés – le Guinéen Alpha Condé en est un – pires que les bruts!
Le journaliste Ghys Fortune Bemba Dombé revient sur une potentielle 3ème guerre mondiale et la fragilité des alliances internationales.
Déo Namujimbo, journaliste aux facettes multiples originaire de la RDC, exilé en France, fait partie des lauréats du Prix Victoire Ingabire.
Après deux décennies de succès, les Nations unies s’essoufflent. Les conflits se perpétuent sous l’œil impuissant du Conseil de Sécurité.
En mission à Paris pour le compte du PPA-CI, Ahoua Don Mello n’a pas manqué de tirer à boulet rouge sur l’endettement de l’état ivoirien depuis 2011.
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Centrafrique : 2 journalistes violemment interpellés dans le cadre de leur activité professionnelle
/dans Afrique, Liberté d'informer /par Justine Lenormand“Avec Florent, nous tentons de partir (…). L’OCRB nous voit et semble furieux qu’on ait filmé la scène, ils foncent sur nous” a confié Charles Bouessel selon l’AFP. Flavien Mbata, ministre de la justice en Centrafrique a affirmé que les journalistes “ont été interpellés par la police, car ils étaient présents sur les lieux d’une manifestation interdite par la police“.
Retenus plus de six heures Ils ont déclaré, selon l’AFP, avoir été auditionnés trois fois et retenus plus de six heures par des membres de l’Office centrafricain de répression du banditisme (OCRB).
Ils [les journalistes de l’AFP] ont à leur tour tenté de partir lorsqu’ils ont “entendu des tirs à balles réelles”. L’OCRB a alors foncé sur eux car ils ont vu qu’ils filmaient la scène.
Récit de l’arrestation de ces deux journalistes
Charles Bouessel, confirmant la version de Florent Vergnes, a affirmé que tout se déroulait bien : les CRS (leur équivalent en Centrafrique) les laissaient filmer jusqu’à ce que les manifestants se dispersent. Ils ont à leur tour tenté de partir lorsqu’ils ont “entendu des tirs à balles réelles”. Mais l’OCRB a foncé sur eux lorsqu’ils ont vu qu’ils filmaient la scène.
“l’un d’eux attrape ma caméra et la fracasse par terre.” raconte Charles Bouessel. Il ajoute ” je met les mains en l’air mais je me prend une première claque dans la tête. mon sac à dos où il y a mes papiers, passeport, carte bleue, accréditation presse, est arraché et jeté par terre. je demande à le prendre, ainsi que les débris de mon appareil mais je reçoit seulement des coups”.
Le journaliste est “ceinturé à la gorge”
Florent Vergnes affirme, toujours selon l’AFP, avoir “été ceinturé à la gorge” et s’être “pris des beignes, des coups de crosse de Kalachnikov dans le dos”.
Il ajoute “ils m’ont arraché mon sac, mon appareil photo et mon téléphone”.
Ils ont été arrêtés aux alentours de 15H00 (14H00 GMT) et ont été libérés à 20H48 sans papiers, argent, ni téléphone.
Dimanche matin, Florent Vergnes a consulté un médecin à Bangui pour faire constater les blessures dues à son interpellation. Selon le certificat médical, “ce jour, il présente un volumineux hématome temporal droit, un hématome sur l’omoplate droite, un hématome sur la base du nez et une douleur sur l’articulation temporo-mandibulaire gauche et un trouble de l’articulé dentaire”.
Reporters sans frontières (RSF) n’a pas attendu pour condamner cette agression. L’ONG a notamment réagit sur Twitter en affirmant que “ces mauvais traitements ne doivent pas rester impunis “.
Ces agressions s’ajoutent au triple assassinat de journalistes Russes en juillet dernier et à l’assassinat de Camille Lepage journaliste française tué en 2014, prouvant l’insécurité journalistique qui règne en Centrafrique depuis quelques années maintenant.
Situation en Centrafrique
Le Centrafrique n’arrive pas à sortir de la guerre civile et des violences qui en découlent.
Les attaques contre les médias, les destructions de radios sont permanentes. La situation des journalistes est donc précaire selon Reporters sans frontières (RSF). L’Etat ne contrôle plus la majorité du territoire et les autorité tolèrent de moins en moins la critique par la presse. La censure s’exerce notamment en presse écrite.
Camille Lepage, journaliste Française de 26 ans avait été tué en République centrafricaine le 12 mai 2014.
L’an dernier, au mois de juillet, 3 journalistes avaient été retrouvés tués.
L’insécurité pour les journalistes n’est pas récente. Il y a 5 ans, la Maison des journalistes accueillait un journaliste centrafricain victime de la répression : “Certains ont détruit ma maison et ont arrête mon petit frère afin d’obtenir des renseignements me concernant. Nous n’avons toujours pas de nouvelles de mon frère à l’heure qu’il est.“
Il faut noter que la République Centrafricaine a perdu 33 places au classement mondial de la liberté de la presse en 2019 et se positionne au 145 ème rang mondial sur 180.
Le journaliste Ghys Fortune Bemba Dombé revient sur une potentielle 3ème guerre mondiale et la fragilité des alliances internationales.
Déo Namujimbo, journaliste aux facettes multiples originaire de la RDC, exilé en France, fait partie des lauréats du Prix Victoire Ingabire.
Après deux décennies de succès, les Nations unies s’essoufflent. Les conflits se perpétuent sous l’œil impuissant du Conseil de Sécurité.
En mission à Paris pour le compte du PPA-CI, Ahoua Don Mello n’a pas manqué de tirer à boulet rouge sur l’endettement de l’état ivoirien depuis 2011.
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La suppression des caricatures du New York Times suscitent l’inquiétude
/dans Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Celia OprandiUn seul coup de crayon a suffi à déclencher une polémique mondiale.
La raison ? Il faut aller la chercher du côté de l’édition du 27 avril. On y trouve un dessin représentant le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, sous la forme d’un chien, une étoile de David autour du cou. Derrière lui, le président américain Donald Trump aveugle tient le “chien” en laisse, une kippa sur la tête.
Suite au tollé qu’a provoqué la caricature, le New York Times s’est excusé dans une lettre, parlant d’une “erreur de jugement”. Une justification qui n’a convaincu ni les médias américains, ni Israël.
Son ambassadeur aux Etats-Unis s’est dressé contre le journal. “Le New York Times fait aujourd’hui de ses pages un espace rêvé pour ceux qui haïssent l’état hébreu” a-t-il déclaré à Washington le 29 avril.
Le directeur de la publication du journal, A.G. Sulzberger, lance une procédure disciplinaire contre le responsable d’édition qui avait choisi ce dessin, et décide de ne plus utiliser de caricatures venant d’une société extérieure, d’où provenait l’image jugée antisémite.
Du côté de la Maison Blanche, le président Donald Trump s’est offusqué de ne pas être cité dans la lettre d’excuse du quotidien. Finalement, le New York Times a cédé à la pression des réseaux sociaux et a annoncé la fin de ses pages caricatures.
La liberté d’opinion est-elle menacée ?
La totalité des caricatures ne seront pas supprimées des pages de l’édition internationale du New York Times. Seule la rubrique Opinion en sera désormais dépourvue.
Les caricatures de presse sont achetées, parfois dans une banque d’image comme pour le dessin d’Antonio Moreira Antunes qui a créé la polémique. Patrick Chappatte dessinateur phare du New York Times a exprimé sa déception sur son blog à la suite de cette annonce.
“Ces dernières années, certains des meilleurs dessinateurs de presse aux Etats-Unis (…) ont perdu leur travail parce que leurs éditeurs les trouvaient trop critiques envers (Donald) Trump […] Peut-être devrions-nous commencer à nous inquiéter. Et nous révolter. Les dessinateurs de presse sont nés avec la démocratie et lorsque les libertés sont menacées, ils le sont aussi” a-t-il condamné sur son blog.
Interrogé par France Inter, Plantu a déclaré être “inquiet pour l’avenir de nos démocraties et de la liberté d’opinion”. Le dessinateur du Monde s’indigne de voir un journal si prestigieux comme le New York Times se soumettre face à la pression des réseaux sociaux. “S’ils s’aplatissent tous, la liberté des dessinateurs va se réduire (mais ça c’est secondaire), mais c’est la liberté des journalistes, la liberté des citoyens, la liberté d’opinion qui va être mise en pièces.”
Pour Terry Anderson, illustrateur et directeur général de Cartoonist Rights Network International, “il est indéniable que la décision de l’équipe de New York Times s’inscrit dans une tendance mondiale et continue à réduire l’espace public pour les caricaturistes […] C’est pourquoi nous la condamnons de tout cœur.”
Antonio Moreira Antunes
La liberté d’expression a déjà été attaquée par le passé.
Antonio Moreira Antunes, auteur de la caricature controversée publie régulièrement dans les journaux et magazines portugais depuis 1975. Le dessinateur n’en est pas à sa première polémique. En 1992, il publie dans Expresso une caricature devenue célèbre et hautement contestée : Jean-Paul II représenté avec un préservatif sur le nez. Ce dessin avait entrainé une pétition signée par 15 000 portugais réclamant la censure du caricaturiste.
Charlie Hebdo
Connu pour ses unes provocatrices et son humour décalé et satirique, Charlie Hebdo a provoqué de nombreuses controverses nationales sur la liberté de la presse et de l’opinion. En 2006, Charlie Hebdo publie les caricatures danoises (du journal Jyllands-Posten) du prophète Mahomet. L’Union des organisations islamiques de France et la Grande Mosquée de Paris engagent une procédure pénale contre Charlie Hebdo pour “injure publique à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur religion”. Cible de nombreuses menaces des islamistes par la suite, la rédaction est ciblée le 7 janvier 2015 par un attentat faisant 12 morts, dont ses plus célèbres dessinateurs : Cabu, Charb, Wolinsky et Tignous.
Alex
Plus récemment, le dessinateur de presse Alex a été victime de menaces de mort suite à la publication d’une caricature le 4 janvier dans Le Courrier Picard. Le dessin moque Éric Drouet, figure controversée des gilets jaunes, caricaturé en petit oiseau jaune chassé à la glu par Jean-Luc Mélenchon. “Il y a des gens, des journalistes mais d’autres aussi qui se font frapper, démolir“, rappelle Alex, inquiet du climat actuel en France et de la haine anti-médias qui prolifère.
Le journaliste Ghys Fortune Bemba Dombé revient sur une potentielle 3ème guerre mondiale et la fragilité des alliances internationales.
Déo Namujimbo, journaliste aux facettes multiples originaire de la RDC, exilé en France, fait partie des lauréats du Prix Victoire Ingabire.
Après deux décennies de succès, les Nations unies s’essoufflent. Les conflits se perpétuent sous l’œil impuissant du Conseil de Sécurité.
En mission à Paris pour le compte du PPA-CI, Ahoua Don Mello n’a pas manqué de tirer à boulet rouge sur l’endettement de l’état ivoirien depuis 2011.
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Médias indépendants : le nouveau combat des Gilets Jaunes
/dans France, Liberté d'informer /par Celia Oprandi“Face au mépris des médias dominants, à leur traitement délétère des mouvements sociaux : mobilisons-nous !”
Le jeudi 13 décembre 2018, Acrimed envoie un signal d’alarme. Les gilets jaunes crient à la censure du mouvement par les “médias dominants” qui se rangent du côté du pouvoir politique et des forces de répression.
A l’inverse, certains journalistes tels que Pascal Praud sur CNews estiment que la parole a assez été donné aux gilets jaunes sur les plateaux.
Une parole qui plus est trop peu modérée selon lui puisque le 18 mars 2019, face à Julie Garnier, l’animateur de l’Heure des Pros s’emporte : “J’entends sur les plateaux une forme de légitimité de la violence du samedi [lors des manifestations]. J’entends un certain nombre de mes confrères qui n’interrompent pas ceux qui développent ces thèses-là”.
Et pourtant, que l’information soit lue, écoutée ou regardée, les gilets jaunes ne se sentent pas soutenus.
Que reprochent les Gilets Jaunes aux médias ?
“Forte communication gouvernementale ; sommations à ne pas aller manifester ; surexposition des violences du côté des manifestants ; injonctions à les condamner ; délégitimation des revendications sociales et de certains représentants des mobilisations.”
C’est par ces mots que Pauline Perrenot d’Acrimed introduit le débat “Médias et gilets jaunes, pour une information indépendante !”.
BFMTV, CNews et LCI comptent parmi les chaînes les plus citées et, donc, visées par les intervenants. Des médias qualifiés de “journalisme de préfecture”, “bourgeoisie journalistique” ou encore “journalisme de maintien de l’ordre”.
Une conclusion commune se dégage des différentes interventions : les plateaux de télévision sont similaires à des tribunaux. On y pose des questions orientées, on y désigne “les bons et les mauvais gilets jaunes”, on choisit qui est légitime ou non de parler des revendications.
copyright Dessin-Schwartz pour la SNJ
Un sentiment partagé par l’ensemble des gilets jaunes présents dans la salle mais nuancé par Corinne, militante à Rungis. “Une partie des Gilets Jaunes s’accordent à dire qu’on a quand même besoin des médias de masse pour se faire entendre”.
Une vision que partage Albert Ogien, directeur de recherche au CNRS et membre du Centre d’étude des mouvements sociaux. Il nous a notamment confié que “les médias ont contribué à ce que le mouvement des Gilets Jaunes fonctionne et se développe […] Si une action n’est pas filmée et diffusée sur les grandes chaines comme TF1, c’est comme si elle n’avait pas existée”.
Pour lui, la réappropriation de l’information souhaitée par les manifestants et l’Acrimed est impossible. “Il n’y a pas une seule revendication unique, une seule opinion des Gilets Jaunes, alors quelle tendance choisir pour un média?”
La “réappropriation démocratique des médias”, c’est quoi ?
Cette expression signifie que les moyens de production de l’information, de la culture et des divertissements doivent être contrôlés directement par les salariés des médias (journalistes, pigistes), ainsi que par les citoyens eux-mêmes, réunis au sein d’associations à but non lucratif. En d’autres termes, la réappropriation démocratique, c’est le fait de considérer les médias comme un bien commun et non comme un bien marchand.
Selon Acrimed, cette réappropriation tend à “défendre le droit d’informer et le droit à être informé, tous deux gravement menacés.”
Comment remédier au “mauvais traitement médiatique”?
C’est naturellement sur le web, “seul espace de liberté de la presse” selon Corinne, que gilets jaunes et syndicats de journalistes ont décidé de se réapproprier le traitement médiatique des manifestations.
Associations, organisations de journalistes, médias, syndicats et organisations politiques se sont réunis au mois de février 2019 pour lancer une déclaration commune.
https://twitter.com/acrimed_info/status/1097451644781060096
On peut y lire que les “partis pris ont contribué à disqualifier les grands médias. La défiance à leur égard est profonde et sans précédent. D’autres sources d’information sont plébiscitées, médias indépendants ou réseaux sociaux.”
Et par médias indépendants cités par les Gilets Jaunes, il faut entendre Brut, les reportages de Vincent Lapierre ou encore RT France, média russe dont la neutralité est régulièrement remise en question puisque financée par le gouvernement russe.
Les militants s’accordent à dire qu’ils ne feront désormais confiance qu’aux reportages en direct sur Facebook, “au cœur de l’action et non retouché”.
Pour un grand nombre, la télévision a été mise de côté depuis décembre. “Tant que les chaines d’informations continues diffuseront des mensonges, on ne regardera plus la télé” martèle l’un des Gilets Jaunes durant le débat.
Pour Serge Fauber, journaliste sur Le Média, il faut changer le fonctionnement des grandes chaînes télévisées. “Il ne faut pas accabler BFMTV. Le problème c’est leur manque de temps et la pression financière”.
A la différence des médias “de masse”, les médias indépendants ont le temps de traiter un sujet, de le retravailler plusieurs fois. “Nous n’avons pas le stress du 20 Heures et du format restreint à rendre”.
Selon Benoit Hazard, anthropologue et chargé de recherche au CNRS, le problème ne vient pas des journalistes eux-mêmes. “Les médias ont fait appel à des experts “autorisés” sur les plateaux, des chercheurs qui n’ont pas été étudié le mouvement des Gilets Jaunes sur le terrain” nous a-t-il confié. Pour l’anthropologue, la réappropriation médiatique souhaitée par les Gilets Jaunes répond simplement à un besoin de produire des discours librement “dans un espace public qui est saturé”.
Les journalistes ont été au cœur des critiques lors du mouvement des gilets jaunes, depuis mi-novembre. Selon Franceinfo, les Français sont divisés mais plus de 53% jugent que les médias ont mal couvert le mouvement. Toutefois, une large majorité assure qu’il est “inadmissible de s’en prendre physiquement aux journalistes”, quelles que soient les critiques faites à leur égard.
Qu’est ce que l’ACRIMED ?
Acrimed est l’acronyme d’Action Critique Médias.
Crée en 1996 par Henri Maler, cet observatoire des médias est une association à but non lucrative. Leur site résume son action en 4 points : “informer, contester, proposer, mobiliser”.
Acrimed intervient publiquement, par tous les moyens à sa disposition lorsqu’il s’agit de sujets comme les dérives des journalistes ou la marchandisation de l’information. L’association réunit des journalistes et des salariés des médias, des chercheurs et des universitaires, des acteurs du mouvement social et des “consommateurs” des médias.
Mardi 30 janvier, l’Œil de la MDJ a pu assister en avant-première à la projection du film « Vivants », réalisé par Alix Delaporte.
Depuis quatre mois, journalistes, artistes et activistes du monde se mobilisent pour faire libérer Stanis Bujakera, journaliste congolais.
Emprisonné près de 10 mois à Kaboul, le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi délivre ses conseils aux jeunes reporters de guerre.
Emprisonné plus de 280 jours à Kaboul, le journaliste Mortaza Behboudi a accepté de témoigner pour l’Œil sur ses conditions de détention.
Réalisé par Babak Jalali, “Frémont” est en salle depuis le 6 décembre. Il a accepté de répondre aux questions de la MDJ, partenaire du film.