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“Rendez-vous européen” avec un journaliste irakien

PORTRAIT.  Journaliste irakien exilé en France, son enquête sur les crimes d’honneur a remporté le prix Nirij (Network of Iraqi Reporters for Investigative Journalism) en 2018. Habillé avec élégance, portant une courte barbe soigneusement taillée, Ahmed Hassan affiche une timidité enfantine qui se dissipe rapidement au fil de notre rencontre. Portrait de ce journaliste, également résident de la Maison des journalistes (MDJ).

Ahmed avait 13 ans lorsque la guerre d’Irak éclata en 2003. D’une voix à peine audible, il raconte cette période dramatique et traumatisante durant laquelle il a perdu plusieurs proches. “J’étais terrorisé de voir les chars et les militaires américains occuper des rues devenues désertes. Avant, il y avait une agitation quotidienne des gens sortant des souks…” Cependant, ces temps de guerre n’évoquent pas que de tristes souvenirs à Ahmed. Il dit avoir vécu une enfance aussi heureuse que celles des autres enfants. “Unis, nous avons pu en tant que famille dépasser tous les obstacles. Mes parents ont bien pris soin de nous. On se réunissait le soir et on discutait. Mon père nous racontait des histoires, dont certaines inventées par lui-même. Il n’y avait ni radio ni télévision, car l’électricité avait été coupée. Tout avait été détruit. On entendait juste les tirs, les cris et les pleurs.

     Ahmed est né à Al-Rusafa, l’un des plus vieux quartiers de Bagdad. Situé au cœur de la ville, ses places publiques abritent de superbes monuments. Dès son adolescence, il participe aux diverses manifestations et aux activités politiques. “J’ignorais complètement leurs objectifs (rires) et mon père me demandait continuellement de faire attention.” Afin d’approfondir ses connaissances, Ahmed intègre en 2008 la faculté de sciences politiques de Bagdad. “C’est là où ma vie a changé”, dit-il dans un demi-sourire. “Ça commence par une histoire d’amour avec une jeune fille chrétienne très cultivée. C’est elle qui m’a encouragé à faire du journalisme. D’ailleurs, mon premier article, je l’ai écrit avec elle. ‘Les jeunes d’Irak ont besoin de la vie’, tel était son titre. Les jeunes souffraient énormément à cette époque. Ils ne pouvaient même pas se promener dans les jardins ou au bord du fleuve Dijla. Ils avaient peur des extrémistes et des milices.” 

 

Cet article a été le début de sa carrière, durant laquelle Ahmed a collaboré avec huit journaux plus ou moins indépendants. Mais il n’était pas au bout de ses peines. “J’ai rencontré des difficultés dans les salles de rédaction. On nous demandait alors de nous plier aux pressions des partis politiques et des financiers. J’ai toujours refusé”, lâche-t-il avec beaucoup de fierté. “Ces institutions diffusaient un discours haineux contre certaines composantes du peuple irakien. Pour elles, le terrorisme était sunnite, et les milices qui tuent et volent étaient chiites… En réalité, sunnites comme chiites souffrent des milices et du terrorisme. Aucun des deux ne représente la volonté du peuple irakien, pas plus que le gouvernement parachuté par les forces américaines. Ici, je ne souhaite exprimer aucune sympathie avec le régime de Saddam Hussein, qui était pire pour le peuple irakien, d’autant qu’à son époque il n’y avait même pas de journalisme.

     C’est cette absence d’un journalisme indépendant et professionnel qui a poussé la nouvelle génération à se lancer dans des aventures professionnelles numériques. C’est le cas d’Al Alam Al Jadid – Le Nouveau Monde –, fondé en 2013 et dirigé par Ahmed Hassan. Le journal espérait contourner l’emprise économique et éditoriale des partis politiques sur les médias. “Depuis 2003, les gouvernements successifs ne cessent de faire l’éloge d’un prétendu paysage médiatique libre et ouvert à une opinion critique. Ceci est un mensonge auquel bien des démocraties ont malheureusement adhéré, probablement pour des raisons économiques.” Pour appuyer ses propos, Ahmed Hassan évoque un rapport de l’association de défense de la liberté de la presse en Irak – dont il est l’un des fondateurs–, qui relate les violations ayant ciblé des journalistes entre 2010 et 2020. En l’espace de dix ans, au moins 90 journalistes ont été assassinés et 350 ont été la cible d’agressions ou de tentatives d’assassinat par des groupes armés affiliés au pouvoir. “Nous n’avons pas vu la justice ou le gouvernement bouger pour punir les responsables de ces crimes. C’est l’impunité totale”, s’indigne Ahmed. 

À ce climat d’insécurité pour les journalistes viennent s’ajouter des problèmes hérités de la dictature. “Les autorités continuent à appliquer des lois qui datent de l’époque de Saddam Hussein. Les symboles de l’État – président, président du parlement, Premier ministre, etc. – sont intouchables”, estime Ahmed.

L’exil en France

Ahmed a commencé à réfléchir à l’idée de quitter le pays après l’assassinat de plusieurs amis et collègues journalistes. Mais c’est lorsqu’il a vu son nom figurer sur une liste des prochaines cibles qu’il a pris sa décision. Il n’a alors pas beaucoup hésité sur la destination. “La France est un état laïc; et puis j’aime cet équilibre entre le socialisme et le capitalisme. Je m’intéresse à la sociologie française depuis mes études à l’université et je pense que j’aurai plus de chances de réussir professionnellement dans une ville comme Paris.” Arrivé en France en septembre 2020, Ahmed envisage de reprendre ses études en master puis doctorat de sociologie politique.

Souvenir

     Ahmed hésite un peu avant de nous montrer un objet auquel il est attaché. “Toutes les affaires auxquelles je tenais sont restées à Bagdad. Ma bibliothèque, mon bureau, et bien sûr ma maison”. Il jette un regard sur sa montre numérique et enchaîne : “S’il y a un objet précieux que j’ai apporté avec moi, c’est cette montre. Je l’ai achetée à Bagdad un mois avant de venir en France. Elle contient un agenda qui m’aide beaucoup dans mon travail de journaliste. J’avais un problème avec l’exactitude avant de posséder cette montre. Mes amis ajoutaient toujours deux heures aux rendez-vous qu’ils me donnaient (rires).”  Mais ces retards n’étaient pas le fait seulement de ses oublis : “ Bagdad est connue pour la piètre qualité de ses transports publics, ainsi que ses embouteillages dus à l’état des routes, aux travaux interminables et aux checkpoints. Il est difficile d’honorer plus de deux rendez-vous par jour. Même les étrangers sont conscients de cela, c’est pourquoi ils ne s’installent pas loin de Karrada, où se concentrent les médias. À Bagdad on vous demande souvent de préciser ‘rendez-vous européen ou irakien?’.” Pour l’heure, ses rendez-vous sont parisiens, mais pourra-t-il un jour retourner à Bagdad et y exercer librement son métier ?  

 

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Bangladesh – La liberté d’expression captive du gouvernement

Les journalistes bangladais vivent une période mouvementée. Les atteintes à la liberté de la presse se multiplient. Quels sont alors les leviers utilisés par le gouvernement dirigé par la Première ministre Sheikh Hasina pour museler la presse au Bangladesh ?

Shariful Chowdhury, Shelu Akand, Mostafizur Rahman Suman, la liste d’attaques à l’encontre des journalistes s’amplifie chaque mois. En juin 2020, cinq ONG de défense de la liberté de l’information ont interpellé la Première ministre, Sheikh Hasina à ce sujet.

Fondée en 1994, et membre de la fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), l’organisation Odhikar se charge de protéger les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels bangladais. Elle publie chaque année depuis 2003 un rapport d’activité dans lequel est abordé le thème de la liberté de la presse.

Dans ses deux derniers dossiers, durant la période de janvier à juin, Odhikar a décompté au Bangladesh 39 journalistes blessés au cours de l’exercice de leur métier, 18 agressés, 12 attaqués, 7 menacés, 1 arrêtés et 42 poursuivis en justice. Un total qui atteint déjà 119 actes à l’encontre des journalistes locaux en seulement 6 mois.

Plus généralement, en 2018 et 2019 – depuis l’investiture pour un troisième mandat consécutif de la Première ministre, Sheikh Hasina – 126 et 104 agissements contre les journalistes et médias ont été respectivement recensées par Odhikar.

Les illustrations décrites par la suite représentent et incarnent un aperçu du quotidien vécu par les journalistes exerçant leur métier au Bangladesh.


«La gravité et la recrudescence des violences perpétrées contre des journalistes qui faisaient simplement leur travail atteint un niveau inadmissible»


En termes d’exemple, au cours du scrutin municipal du 1er février 2020 dans les districts nord et sud de Dacca, une dizaine de journalistes qui couvraient l’événement ont été pris d’assaut par des militants de la Ligue Awani (AL) – parti du gouvernement au pouvoir.

Après avoir eu écho d’irrégularités dans le bureau de vote de l’école Nikunja Jan-e-Alam, le correspondant spécial de l’agence Press Bangla (PBA), Zisad Ikbal s’y est rendu pour enquêter. Lorsqu’il tente d’entrer dans le centre pour obtenir des informations, il est attrapé et roué de coups par des militants de l’AL.

Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters Sans Frontières interpelle les autorités locales.

«La gravité et la recrudescence des violences perpétrées contre des journalistes qui faisaient simplement leur travail atteint un niveau inadmissible. Nous appelons l’inspecteur général de la police, Javed Patwary, à tout mettre en œuvre pour que les auteurs de ces attaques systématiques soient traduits en justice. Surtout, compte tenu des liens des assaillants avec le parti au pouvoir, le secrétaire général de la Ligue Awani, Obaidul Quader, doit prendre des mesures immédiates pour exclure de ses rangs les militants qui refusent le rôle d’une presse libre dans le jeu démocratique.»

Cette violence à l’encontre des journalistes s’est ancrée dans leur quotidien. Témoigner, enquêter et investiguer à propos de dirigeants politiques ou de corruption, riment avec menace, agression et risque pour sa propre vie.

Shelu Akand, journalistes pour le quotidien Palli Kantho Protidin, et correspondant du magazine Bangla Bazar Patrika à Jamalpur – nord du Bangladesh – enquêtait au sujet des activités d’Hasanuzzaman Khan, conseiller municipal, et de son fils Rakib, dirigeant local du Bangladesh Chhatra League à Jamalpur – branche étudiante de la ligue Awani.

Il devait également témoigner des brutalités orchestrées par ces deux personnages – notamment le passage à tabac de son confrère Mustafa Monju. Shelu Akand a été de nombreuses fois menacées par la famille Khan. Sans protection, il frôle la mort le 18 décembre 2019 après avoir été tabassé par une dizaine d’individus. Le frère du journaliste a déposé une plainte et Rakib Khan a été arrêté jeudi par la police.

Plus récemment, au 1er avril 2020, un groupe dirigé par l’un des leaders du syndicat Aushkandi Union Parishad Chairman de Nabiganj et de la ligue Awani, Muhibur Rahman Harun, ont attaqué le correspondant du quotidien Pratidiner Sangbad, Shah Sultan Ahmed. Ce dernier avait alors mis en exergue des irrégularités dans la distribution de riz adressée par le gouvernement et destinée aux personnes précaires. Il affirmait que chacun des nécessiteux auraient dû recevoir 10 kg de riz, mais Muhibur Rahman Harun en aurait donné simplement 5 kg.

Un arsenal législatif taillé sur mesure

La répression de la liberté de la presse s’appuie donc sur deux piliers. Outre l’indulgence de l’Etat central et son consentement tacite, les lois en vigueur offrent un contrôle total et légal des médias locaux.

Les condamnations des dissidents du pouvoir se basent sur les lois pénales. Le gouvernement bangladais possède notamment dans son arsenal législatif la «Digital Security Act», loi de 2018 sur la sécurité numérique [DSA].

Cette dernière place en permanence sous pression les journalistes et asphyxie les libertés de la presse et d’expression. Venue remplacer et abroger une majeure partie de la loi sur les informations et les technologies de 2006, en particulier l’article 57 tant décrié, la DSA étend et renforce en réalité la répression.

L’article 21 de cette loi prévoit une peine de 10 ans de prison pour quiconque s’aviserait d’organiser «toute propagande ou campagne contre la cognition de la guerre de libération, le père de la nation, l’hymne national ou le drapeau national.» En cas de récidive, l’individu risque une réclusion à perpétuité.

La cognition de la guerre de libération est définie dans la loi comme: «Les grands idéaux qui ont inspiré notre brave public à se consacrer à la lutte de libération nationale et nos courageux martyrs à déposer leur vie pour la cause de la libération, les idéaux du nationalisme, du socialisme, de la démocratie et laïcité.»

Cette définition large de sens, semble amplifier le champ d’action de cet article afin de permettre au gouvernement d’étouffer les critiques au nom de l’intégrité de la nation.

Une situation semblable pour l’article 25. Certains mots utilisés ne sont pas définis dans la loi et constituent un danger pour la liberté d’expression. Une information à caractère «offensant» pourrait être condamnable, bien que ce terme soit totalement subjectif. «Ternir l’image de la nation» est également utilisé, et pourrait donc permettre de poursuivre quiconque s’aviserait de critiquer le mode de gouvernance du parti au pouvoir.

Une analyse beaucoup plus approfondie est disponible sur le site d’Article 19, une association britannique œuvrant pour la promotion de la liberté d’expression et d’information.

En vertu de ces articles et de cette loi, le caricaturiste Ahmed Kabir Kishore a été arrêté pour avoir «diffusé sur Facebook des rumeurs et de la désinformation sur la situation du coronavirus», et «insulté l’image du père de la nation, l’hymne national ou drapeau national.»

Le caricaturiste avait alors publié une série de caricatures de personnages politiques bangladais intitulée «La vie au temps du corona».

Il mettait en cause des dirigeants du parti au pouvoir et les accusait de corruption dans le secteur de la santé. Il a été arrêté entre le 4 et le 6 mai par des agents du Bataillon d’action rapide (BAR).

«Journalistes, blogueurs et caricaturistes n’ont rien à faire derrière les barreaux pour avoir émis des opinions alternatives sur la façon dont les autorités gèrent la crise du coronavirus», s’indigne Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF.

Comme Ahmed Kabir Kishore en 2019, 42 personnes ont été arrêtées en vertu de cette loi pour avoir publié sous différentes formes des critiques du gouvernement, ou des personnalités éminentes de l’Awani League. Une pratique qui s’est accrue lors de la récente pandémie du Covid-19. Entre janvier et juin 2020, 96 personnes ont été arrêtées.

Il en résulte directement une auto-censure de plus en plus forte au sein des rédactions pour se protéger. D’autant plus que selon l’article 36 de loi de 2018 sur la sécurité numérique.

«Dans le cas d’une société qui commet une infraction à la présente loi, tous ces propriétaires, directeurs généraux, administrateurs, gérant, secrétaire, actionnaire ou tout autre dirigeant ou employé ou représentant de l’entreprise ayant un lien direct avec l’infraction sera considéré comme le contrevenant à moins qu’il ne puisse prouver l’infraction a eu lieu à son insu ou si il a pris toutes les mesures possibles pour arrêter la commission l’infraction.»

«En tant que responsable-éditorial, je me sens triste de devoir abandonner un papier qui a pris plusieurs jours de travail de la part d’un journaliste. Mais je prends cette décision pour l’unique raison de devoir protéger le journaliste car je sais qu’il y a des risques à le publier», avoue Matiur Rahman Chowdhury, responsable-éditorial du quotidien Manab Zamin au journal The Indian Papers en décembre 2018.

Le Bangladesh a pourtant ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966. L’article 19-2 de ladite loi affirme que “toute personnes à droit à la liberté d’expression ; ce droit comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix.”  L’ayant signé en 2000, le Bangladesh s’est légalement engagé à respecter ce droit fondamental.

L’article 39 de la constitution du Bangladesh garantit de même les libertés d’expression, de pensée et de conscience.

Une situation d’autant plus contradictoire alors que Sheikh Hasina affirmait le 19 décembre 2018, après la ratification de la loi sur la sécurité numérique: «Le gouvernement croit fermement à la liberté de la presse. Personne ne peut dire qu’on n’a jamais réduit quiconque au silence […] nous n’avons jamais fait ça, et nous ne le ferons toujours pas.»

D’autres articles

“Je pense que partir, c’est abandonner ce pour quoi je me bats”

Maryna Zolotova est une journaliste Biélorusse. En 2018, elle a été placée en détention durant deux jours, accusée de négligence et “d’inaction” pour ne pas avoir contrôlé le travail de ses journalistes. Reçue à la Maison Des Journalistes (MDJ) pour échanger avec les résidents, elle a répondu à quelques-unes de nos questions.

Je ne peux pas dire que je me sentais en danger, mais j’étais préparée à ce que quelque chose de ce genre arrive.


Vous avez été arrêtée en août 2018, pouvez-vous nous rappeler ce qu’il s’est passé?

Maryna Zolotova: “Début août 2018, dix personnes sont venues chez moi pour effectuer des recherches. Deux d’entre eux étaient équipés de caméras. Quand je les ai vus, j’ai compris que je serais diffusée à la télévision le soir même.

Après la perquisition, ils m’ont amené au bureau du comité d’enquête pour m’interroger, mais ce jour-là, j’ai décidé de ne pas témoigner. L’affaire a commencé quand les appels de mon téléphone on été mis sur écoute. Personne ne m’expliquait pourquoi et combien de temps cela allait durer.

Puis j’ai été placé en détention. Ce jour-là, la police a perquisitionné de nombreux domiciles de journalistes en Biélorussie. Huit d’entre eux ont été arrêtés dont quatre sont originaires du même média que le mien TUT.BY.

Nous avons été relâchés deux jours plus tard, peut-être parce que la communauté internationale est intervenue ou parce que certaines personnes au sein de nos autorités ont compris que les forces de sécurité avaient commis une erreur.”

Qu’est-ce qu’il vous était reproché?

Dans le cadre de l’affaire Belta, 15 journalistes biélorusses ont été accusés d’avoir eu accès sans autorisation à l’agence d’information nationale (Belta). Mais l’infraction était insuffisante pour persécuter les journalistes de manière aussi brutale.

Quatre mois plus tard, la persécution de tous les journalistes a été stopée, mais ils ont quand même dû payer une amende. J’étais la seule personne encore accusée et j’ai dû comparaître en justice, bien que je n’ai jamais utilisé d’abonnement Belta, mais une autre accusation a été inventée contre moi pour m’inculper. J’étais accusé de négligence et d’inaction, pour ne pas avoir contrôlé le travail de mes journalistes.

Je n’étais pas d’accord avec l’accusation, mais le juge m’a condamné à une amende. C’était une punition assez légère. Il aurait pu y avoir d’autres types de sanctions, telles que l’interdiction d’exercer mon métier ou la détention jusqu’à cinq ans. Les médias d’Etat sur internet n’ont aucun succès. Cette affaire pénale était une bonne occasion d’affaiblir la concurrence. Bien que l’affaire soit terminée, je ne me sens pas libre dans mon métier.

Vous êtes vous sentis en danger avant votre arrestation?

Je ne peux pas dire que je me sentais en danger, mais j’étais préparée à ce que quelque chose de ce genre arrive. Le journalisme est une profession dangereuse en Biélorussie comme dans beaucoup d’autres pays. Mais j’avais l’espoir que ça se passe de cette façon en 2018.

Avez-vous continué à travailler?

Oui mais on fait beaucoup plus attention avec la cyber sécurité. Et bien-sûr, je ne discute plus de choses importantes par téléphone. Mais la façon dont on travaille est définitivement la même.

Comptez-vous rester en Biélorussie pour travailler?

Oui. Je ne veux pas quitter mon pays. Je suis née à Minsk et j’aime cette ville. Laissons les personnes désagréables quitter la Biélorussie. Je pense que partir c’est abandonner ce pour quoi je me bat.

Connaissiez-vous la Maison Des Journalistes? Qu’en pensez vous?

J’avais déjà entendu parlé de la MDJ mais je ne connaissais pas vraiment les détails de votre activité. Lorsque j’ai rencontré un ancien résident de la Maison des journalistes travailler à France 24, je me suis dit que ce travail est important. Accueillir des journalistes exilés et les aider à s’insérer dans la vie française est vraiment admirable. La MDJ donne de l’espoir aux personnes qui ont quitté leur pays et surtout la chance de démarrer une nouvelle vie. Merci pour ça.

“A l’aéroport de Paris, j’ai vu deux hommes s’embrasser. J’ai alors compris ce qu’était la liberté” Témoignage d’un journaliste syrien en exil

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Interview d’Alain Genestar, directeur de Polka : photojournalisme, au coeur d’une révolution

La Maison des journalistes s’associe avec Magnum Photos pour présenter l’exposition D’ici, réalisée à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai. Cette exposition s’affichera du 3 au 31 mai 2019 sur la façade de l’hôtel de ville de Paris et a vocation d’être itinérante. Journalistes exilés et photographes de Magnum Photos se mobilisent pour défendre la liberté de la presse en textes et en photos.

Menacés dans leurs pays pour avoir voulu exercer leur métier librement, ces journalistes, désormais accueillis en France, reprennent le stylo. Ils croisent leurs regards avec celui de photographes qui, eux aussi, s’engagent au quotidien pour documenter la marche du monde. Un journal issu de l’exposition est édité par Ouest France, partenaire de la MDJ.

© Salgado – Polka Magazine

La photographie évolue rapidement: de l’argentique au numérique, en passant par le partage instantané des photos sur internet. Quel a été l’impact d’internet sur le photojournalisme et sur le magazine Polka?

[ALAIN GENESTAR] En positif ! Sans internet on n’aurait pas pu créer Polka magazine.

J’ai connu le monde d’avant et le monde d’après, et sans internet il fallait des correspondants dans le monde entier, des déplacements etc.

Quand nous avons créé Polka Magazine on l’a fait savoir assez facilement. Nous avions besoin de ce support qu’est internet. Surtout dans le monde de l’image, tout le monde est interconnecté.

Cela a mis du temps mais les grandes agences et les grands magazines, après avoir pleurer sur le monde d’avant en pensant qu’il fallait y revenir, se sont mis à la page. Maintenant tout le monde a compris qu’on est dans un monde nouveau.

Le côté négatif touche à l’authenticité et à la vérité. On parle beaucoup de fake news en version texte, mais la fake photographie existe aussi.

Le côté négatif est tellement identifié que c’est à nous de maintenir des filtres naturels pour empêcher ces fausse photos d’être publiées. C’est une chance pour un photographe, même si cela va prendre du temps pour que cette chance soit rémunérée.


Tout le monde prend des photos, mais tout le monde n’est pas photographe.


La crise de la presse est aussi responsable.

Comme tout le monde peut prendre des photos et les diffuser sur les réseaux sociaux, ceci crée une double rigueur pour le photographe: une dans sa qualité de travail et une autre dans l’authenticité.

Pour l’éditeur, à lui d’installer des filtres pour vérifier cela, surtout pour des sources qui ne sont pas bien établies dans le domaine. Le danger est tellement clair qu’il n’est pas vraiment identifié comme un danger. Le public est à la fois bénéficiaire du contenu gratuit et victime de sa nature parfois détournée.

Il y a une éducation du public à faire. Dans les écoles, apprendre à lire c’est bien. Mais apprendre à lire une image c’est bien aussi.

Juste parce que les gens savent qu’écrire n’a pas tué le métier de l’écrivain. Au contraire, ça met en valeur l’écrivain, car aujourd’hui il doit être capable de raconter une histoire avec ses complexités et faire des raisonnements.

Tout le monde sait écrire mais tout le monde n’a pas le talent de Victor Hugo.

Or tout le monde sait lire, ce qui lui donne un public plus grand. C’est exactement pareil dans le domaine de la photo. Tout le monde prend des photos, mais tout le monde n’est pas photographe.

Le public avec un oeil pour la bonne photographie s’élargit.

© Polka Magazine

Quelle est la donc la responsabilité d’un photojournaliste et, selon vous, quel est le but de son métier?

Premièrement le photojournalisme c’est un travail d’avenir. C’est pour demain mais cela se prépare dès aujourd’hui. Nous sommes dans une phase de préparation qui est difficile, car nous visons une évolution… une révolution.

Et parfois dans les révolutions, il y a des restaurations de l’ordre où l’on revient à l’ancien régime. Mais là il est impossible de revenir à l’ancien regime. C’est fini. Ceux qui gagnent dans les révolutions sont les révolutionnaires. La nouvelle génération de photographes sont ces révolutionnaires. Si on veut être négatif on va dire qu’il y a une énorme pagaille.


La nouvelle génération de photographes sont ces révolutionnaires.


A l’inverse, si l’on veut être positif, on peut dire qu’il y a une énorme émullation créatrice. Aujourd’hui, un photojournaliste ne doit pas seulement avoir du courage mais énormément de talent. Il faut maintenant des écrivains de l’image avec beaucoup de connaissances techniques. Il faut arriver à raconter une grande histoire.

© Polka Magazine

Quelle est la différence entre un photographe et un photojournaliste?

Le photojournalisme est un photographe qui a l’exigence de raconter ce qui se passe dans l’actualité. C’est un journaliste d’image, donc un journaliste qui fait de la photo. Ce métier évolue car la technique évolue mais il existe plus que jamais, surtout avec les fausse images qui circulent.

Par exemple maintenant, le photojournaliste fait souvent de la vidéo.

Comment sélectionnez-vous les images qui apparaissent dans votre magazine?

Pour un média basé sur l’image comme nous, il est nécessaire de connaître les photographes essentiels du monde entier. Donc on choisit des photographes que l’on connait bien.

Depuis la création de Polka on a du employer entre 200 et 300 photographes, que l’on fait retravailler. On cherche aussi des jeunes, des nouveaux.

Notre équipe fait tout les festivals de photographie, et beaucoup d’expositions sans cesse dans la rencontre aussi de nouveau photographes. A Polka, on fait de la production mais nous n’avons pas les moyens de faire que de la production, donc on achète aussi des sujets qui ont été déjà produits par des photographes.

© Polka Magazine

Est-ce que vous auriez commencé Polka Magazine aujourd’hui, dans un moment d’incertitude pour le métier?

Bien sur. L’avenir était incertain il y a dix ans. Nous croyons qu’aujourd’hui, même si c’est très difficile, il est moins risqué de lancer un magazine que de reformer un ancien.

Les magazines d’aujourd’hui, notamment les news magazine, se créent aujourd’hui, se créent avec des équipes qui s’adaptent à une nouvelle réalité.

Toujours moins de zones “sûres” dans le monde pour les journalistes

La liberté de la presse a continué de se dégrader dans de nombreux pays et les zones “sûres” pour les journalistes se raréfient, affirme Reporter sans frontières dans son rapport 2019. Une hostilité croissante à l’égard d’une profession. Selon son rapport 2019 sur la liberté de la presse dans le monde, Reporters sans frontières dresse un bilan accablant: “La haine des journalistes a dégénéré en violence”, prévient l’association, laquelle souligne que les passages à l’acte sont “plus graves et plus fréquents”.

Sur la carte du monde, seulement 24% des 180 pays et territoires étudiés affichent une situation “bonne” ou “plutôt bonne” pour la liberté de la presse, contre 26% en 2018.

L’ONG, qui établit ce classement annuel en relevant les violences commises contre les journalistes et en rassemblant les analyses de journalistes, juristes, et chercheurs du monde entier, constate “un accroissement des dangers et, de ce fait, un niveau de peur inédit dans certains endroits” parmi les journalistes.

Attaque en Afghanistan où 4 journalistes ont été tués.

Le harcèlement, les menaces de mort, les arrestations arbitraires, font de plus en plus partie des “risques du métier”.

En Afrique, la République Démocratique du Congo ne montre pas l’exemple

La liberté de la presse à l’heure des grands changements en Afrique Subsaharienne.

L’Afrique subsaharienne n’échappe pas à la nouvelle dégradation mondiale de la liberté de la presse. La haine des journalistes, les attaques contre les reporters d’investigation, la censure, notamment sur internet et les réseaux sociaux, les pressions économiques et judiciaires contribuent à affaiblir la production d’une information libre, indépendante et de qualité sur un continent où la liberté de la presse a connu d’importantes en 2018 mais plutôt pas le cas pour la RDC.

En République Démocratique du Congo (154ème au monde comme l’année dernière 2018), un climat toujours plus hostile, véhiculé par l’actuelle gouvernement dirigé par le président Félix Antoine Tshisekedi s’est installé.

“Jamais les journalistes congolais n’avaient fait l’objet d’autant de menaces de mort”, et jamais non plus ils n’avaient “autant sollicité d’entreprises privées pour assurer leur sécurité” souligne RSF, alors que il y a eu alternance dans ce pays il y a pas longtemps.

Il y a deux semaines, plus de 80 journalistes et 4 employées d’une chaîne de télévision privée émettant à partir de Kinshasa (capital de la RDC) ont été violemment agressés et arrêtés pour avoir exigé de meilleures conditions de vie et dénoncé les entraves qu’ils subissent lors de leurs reportages sur terrain par des hommes en uniforme : la police, l’armée, les gardes républicaine communément appelé Bana Mura etc… Sans oublier les autorités politico-administratives.

Ces 80 journalistes et 4 employées ont tous été arrêtés et embarqués dans le jeep pendant leur seeting dans la capitale. Or il y a pas longtemps lors de la visite officielle du nouveau chef de l’État Félix Tshisekedi aux États-Unis d’Amérique, lors d’une conférence ouverte, il avait lui-même déclaré clairement qu’il va “déboulonner le système dictatorial installé dans le pays pendant plusieurs années… Et respecter la presse comme le 4ème pouvoir au monde!”

Mais ce que nous vivons c’est bien d’ autres que la continuité du système et l’impunité de droit de l’homme ; affirme Pierre Bordney assistant manager Desk- Afrique RSF.

La plus part des médias y sont contrôlés par le service de l’ANR (Agence Nationale de Renseignements), les derniers correspondant clandestins en exile sont “pourchassés sans relâche” condamne RSF.

Les journalistes africains sont soumis à des nombreuses formes d’intimidation et de pressions, et à un harcèlement judiciaire croissant. Si l’Europe demeure le continent qui garantit le mieux la liberté de la presse, les journalistes d’investigation y sont, plus que jamais, entravés dans leur travail.

Vers l’oubli total des Droits de l’Homme en Egypte ?

Amendements constitutionnels : un pas décisif vers l’oubli total des droits de l’homme en Egypte ?

Le 3 février 2019, le parlement égyptien a proposé une série d’amendements constitutionnels qui implique une extension du mandat de la présidence, une extension du rôle de l’armée dans l’État et une nouvelle diminution de l’indépendance du pouvoir judiciaire. Après deux mois de travail sur la version finale de ces amendements constitutionnels, les deux dernières étapes s’approchent : le vote final du Parlement et le référendum populaire. C’est dans ce contexte que surgissent des débats autour des implications de ce changement potentiel et, surtout, de son impact concret sur les déjà fortement négligés Droits de l’Homme en Egypte.

Dans une déclaration publique le 8 avril, Amnesty International a exhorté le Parlement égyptien à rejeter les amendements constitutionnels proposés, en raison de leurs “conséquences dévastatrices pour les droits humains”.

Les amendements proposés à la Constitution représentent sans aucun doute une étape cruciale de l’histoire de l’Égypte à plusieurs niveaux.

Le tournant historique de l’Egypte n’aura pas lieu

Naturellement, de nombreuses questions se posent concernant l’avenir des Droits de l’Homme, telles que la liberté d’expression à une époque où, plus que jamais, elles sont déjà outrageusement négligées. Classée au 161ème rang dans World Press Freedom Index 2018 de Reporters Sans Frontières, l’Égypte sous l’actuel président Abdel Fattah el-Sisi souffre d’une répression déplorable de la liberté d’expression qui prend une multiplicité de formes.

Outre les arrestations arbitraires de militants, de journalistes, de blogueurs, d’artistes, d’écrivains, de chercheurs, l’État exerce un contrôle draconien qui laisse peu ou pas de place aux voix divergentes.

De nombreuses organisations de défense des Droits de l’Homme dénoncent sans cesse le scénario actuel en rendant compte des innombrables pratiques des États qui menacent les Droits de l’Homme. Entre autres, un rapport de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR) révèle qu’au cours des onze premiers mois de 2018, au moins 32 personnes ont été exécutées et 581 condamnées à mort.

Dans de telles circonstances, on pourrait considérer ces amendements constitutionnels comme une simple réaffirmation de la politique actuelle de l’État qui ne respecte pas les Droits de l’Homme.

Cependant, la portée de ces amendements constitutionnels est considérable et ses implications sont profondes.

Changements juridiques visant à renforcer le pouvoir de l’État

Parmi les principales modifications proposées, l’article 140 amendé prolongerait le mandat présidentiel de quatre à six ans. Grâce à un mécanisme stratégique qui “remet à zéro” l’horloge du mandat du président en exercice, al-Sisi sera ainsi autorisé à rester légalement au pouvoir jusqu’en 2034.

L’exécutif exercera également un contrôle croissant sur le pouvoir judiciaire, portant atteinte à son indépendance.

En outre, le rôle politique des militaires sera élargi en vertu de l’article 2000 modifié, qui responsabilise les forces armées pour “maintenir la constitution et la démocratie, préserver les éléments fondamentaux de l’État et sa nature civile, en plus des réalisations de la population et des droits et libertés individuels”.

Manifestement, le langage des amendements proposés suggère une consolidation du pouvoir présidentiel et militaire, supprimant définitivement les dernières traces libérales de la Constitution de 2014.

De nombreuses organisations de défense des Droits de l’Homme ont exprimé leurs préoccupations quant à l’avenir du pays si ces modifications devaient être approuvées.

Distinctement, le Projet pour la démocratie au Moyen-Orient (POMED) met en garde contre un mouvement alarmant “vers une dictature personnaliste sous le contrôle d’al-Sisi“. “Pire que Moubarak“: vers un contrôle total et incontestable de l’Etat !

Cette déclaration publique émane de Magdalena Mughrabi, directrice adjointe du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à Amnesty International, soulignant que ces amendements “donneraient à Abdel Fattah al-Sisi et aux forces de sécurité toute latitude pour continuer à abuser de leurs pouvoirs et à réprimer la dissidence pacifique pour les années à venir“, cela aide à comprendre les enjeux de cette proposition.

Tout en perpétuant le contrôle étouffant qui caractérise l’Égypte d’aujourd’hui, la possibilité de contester politiquement ou juridiquement le pouvoir indiscutable du gouvernement disparaîtra avec la constitution modifiée.

Comme l’a souligné Baudouin Long, chercheur associé au CEDEJ (Centre d’études économiques et de documentation économiques, juridiques et sociales) du Caire, lors d’une conférence publique tenue à Paris le 3 avril, l’idée d’un changement substantiel et d’une consolidation du pouvoir grâce à des instruments juridiques tels que la Constitution était déjà conçue à l’époque de Moubarak.

Maintenant, al-Sisi se révèle concrètement déterminé à s’engager dans cette voie, ce qui a amené certains analystes à considérer le gouvernement d’al-Sisi comme le régime le plus répressif de l’histoire égyptienne moderne.

Dans un article pour Foreign Policy intitulé “Worse than Mubarak”, la directrice adjointe de la recherche de POMED, Amy Hawthorne, et le directeur adjoint de la politique, Andrew Miller, comparent les deux régimes et suggèrent que, grâce à l’institutionnalisation de son système politique, “al-Sisi apporte une nouvelle forme de totalitarisme en Egypte”.

Les voix de l’opposition égyptienne ne cèdent pas

Alors que les rues égyptiennes commencent à s’emplir de banderoles “Vote yes” en préparation du référendum hautement probable prévu du 19 au 24 avril selon le journal basé à Al Akhbar, des voix de dissidence s’élèvent.

Outre l’opposition remarquablement exprimée par le parti démocrate socialiste égyptien, le parti Karama, le parti conservateur, le parti de Tagammu et le parti de la réforme et du développement, des personnalités égyptiennes telles que les acteurs primés Amr Waked et Khaled Abol Naga condamnent les amendements proposés.

En dépit de l’état de répression actuel –et qui dégénérera probablement dans un avenir imminent- tous les Égyptiens ne sont pas prêts à cesser de s’exprimer librement et d’exercer le droit primordial de permettre aux individus de faire entendre leur voix et leurs opinions, ce pour quoi ils se sont battus pendant la Révolution 2011.

Les graffitis sur les murs du quartier de Zamalek capturés par la journaliste Francesca Cicardi, basée au Caire, sont un exemple de cette résistance acharnée au nom de la liberté d’expression et du respect des droits de l’homme.