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Y a-t-il un problème en France avec les kiosquiers et les unes de journaux ?

[MÉTIER DE L’INFORMATION] Lorsque l’on parle de la liberté de la presse, on pense dans un premier temps aux journalistes, aux dessinateurs de presse, aux reporters. Ceux dont le travail consiste à manier l’information. Néanmoins, il y a ceux qui sont le vecteur de cette information. Dans le domaine de la presse écrite, les kiosquiers font partie des rouages qui permettent aux citoyens d’en savoir plus sur le monde.

Comprendre les enjeux de la loi “Secret des Affaires” pour les journalistes

[SECRET DES AFFAIRES] 61 voix contre 21. Voici le résultat du vote de la proposition de loi “Secret des Affaires” adoptée jeudi 14 juin à l’Assemblée. Si elle n’est pas la première loi controversée de la République En Marche, la directive sur le secret des affaires alarme la sphère journalistique. Mais attention: si les journalistes et lanceurs d’alerte se dressent au nom de la liberté d’informer, ils ne récusent pas la proposition dans son entièreté. A travers une pétition rassemblant 548.690 signataires, les rédactions et ONG demandent simplement la limitation du champ d’application de la loi au domaine concurrentiel.

Cérémonie du “Bâillon d’or”, une offensive contre la loi du secret des affaires

Ce mardi 12 juin se tenait la toute première cérémonie du Bâillon d’or dans les locaux de la Bourse du Travail à Paris. Sous des airs de grandes cérémonies de remise de prix, la soirée – organisée par le SNJ CGT et le journal Fakir – vise à décerner le prix du “Bâillon d’or” au “champion de la censure”. Une nouvelle forme de manifestation visant à indiquer le danger que représente la loi de protection du secret des affaires ayant été définitivement adoptée ce jeudi 14 juin.

Deux jours avant le vote sur l’adoption de la loi sur le secret des affaires à l’Assemblée Nationale, s’est tenue la cérémonie du “Bâillon d’or”. Le texte particulièrement controversé garantissant aux entreprises la protection de leurs données économiques et la lutte contre “l’espionnage économique”, est vivement critiqué par beaucoup de journalistes, lanceurs d’alertes, une partie de la classe politique et autres collectifs d’ONG.

Une loi “secret des affaires” liberticide

C’est à cette occasion que François Ruffin, rédacteur en chef du journal Fakir et le Syndicat National des Journalistes, ont décerné le prix caustique du “Bâillon d’or”. Les nominés pour la prestigieuse récompenses sont les grands patrons de multinationales aimant user de la censure, étant des inconditionnels disciples de l’évasion fiscale et profanateurs du droit du travail. Parmi eux, Vincent Bolloré, Olivier Brandicourt de Sanofi, Lakshmi Mittal de Arcelor Mittal, Xavier Huillard de Vinci…

Plusieurs journalistes, lanceurs d’alertes, syndicalistes et avocats se sont succédés afin d’auréoler les dignitaires du fameux trophée. Tous racontent leurs histoires qui a particulièrement compliqué l’exercice de leur fonction.

Jean-Baptiste Rivoire, journaliste à Canal +, dénonce la censure et le chantage dont il a été victime par la direction de Bolloré. Assa Traoré lutte encore contre le tribunal de Pontoise après un acharnement judiciaire peu scrupuleux sur sa famille. Céline Boussier, lanceuse d’alerte, dévoile les sombres histoires de la maltraitance institutionnelle.

Le lauréat ? Impossible de n’en choisir qu’un. La soirée se termine par l’attribution du prix à tous les nominés.

Jeudi 14 juin, l’Assemblée nationale a définitivement voté après une ultime lecture. Pour 61 voix contre 21, le texte de protection du secret des affaires a été adopté. La gauche, significativement contre la loi depuis sa proposition il y a 18 mois, dénonce un texte “liberticide” et “une arme supplémentaire pour les multinationales”.

Désormais, il est possible pour les entreprises de tenir une information n’étant pas “connue ou aisément accessible”, secrète et de rendre illicite son obtention. Cette nouvelle mesure ébranle encore plus la liberté d’informer, l’un des piliers de la démocratie.

Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron publiée dans Médiacités, une centaine de rédactions, ONG, syndicats, journalistes, producteurs et avocats, ont interpellé le président. Bien que sans suite aucune, la lettre révèle pourtant bien les vérités auxquelles les journalistes seront désormais être confrontés.

Libérez Raif Badawi et les écrivains emprisonnés en Arabie Saoudite!

En Arabie Saoudite, des journalistes et des écrivains sont emprisonnés sur décision arbitraire. C’est le cas pour Raif Badawi. Au nom de la liberté d’informer, il est nécessaire de les soutenir et ne pas les oublier !

Raif Badawi, blogueur saoudien et fondateur du réseau libral sur internet est emprisonné depuis des années pour avoir prétendument insulté la religion islamique. Badawi, éminent critique du discours religieux en Arabie saoudite, est l’une des nombreuses victimes de l’injuste « justice saoudienne » qui l’a jeté en prison il y a bientôt sept ans.  Le système n’offre aucune garantie pour la liberté d’expression en Arabie Saoudite.

Le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman (MBS) était en visite en France pendant trois jours, du dimanche 8 avril au mardi 10 avril. Il a tenté de donner une image positive de son pays. Si cette image était réaliste, si les auteurs détenus étaient libérés et rendus à leurs enfants nous aurions de quoi nous réjouir. Il n’en est rien, la situation de Raif Badawi et d’autres détenus en est la preuve.

Raif Badawi est emprisonné depuis 2012 et condamné à plus de 1000 coups de fouet. Il ne faut pas oublier qu’on lui reproche entre autres d’avoir demandé la suppression de la police religieuse. Or les pouvoirs de cette police ont été révoqués depuis, par MBS lui-même. Son emprisonnement est injustifié.

J’ai moi-même été emprisonné en Arabie Saoudite. Mes amis saoudiens ont pu prendre ma défense et ce en partie via le réseau libral fondé par Badawi.  Il est aujourd’hui nécessaire de le soutenir !

Encart

Le blogueur Raïf Badawi est le lauréat du prix RSF en 2014 dans la catégorie “net citoyen” et du prix Sakharov pour la liberté d’expression décerné en 2015 par le Parlement européen. En dépit de cette reconnaissance internationale, il est toujours derrière les barreaux des prisons saoudiennes. De nombreuses ONG, comme Amnesty International, réclament sa libération. Pour le soutenir, la famille du blogueur a également créé une fondation.