Articles

Rencontre USA-Afrique : le ministre camerounais refuse les «diktats»

[Par René DASSIE]

Le gouvernement camerounais qui a participé au sommet Etats-Unis-Afrique de la semaine dernière ne semble pas apprécier les leçons de démocratie de Barack Obama, dont le pays souhaite conditionner l’octroi de l’aide aux Africains à la transparence politique et au respect des droits de l’homme.

C’est ce qui ressort d’une conférence de presse donnée à Yaoundé peu après la réunion de Washington, par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary. « Ce que nous n’acceptons pas, c’est des dictées ou des diktats », s’est emporté le ministre, interrogé par un journaliste.

Evoquant l’âge avancé de Paul Biya, qui, officiellement âgé de 81 ans préside aux destinées du Cameroun depuis 32 ans, le ministre a indiqué que l’adversaire de Barack Obama à l’élection de 2008, le républicain John McCain était âgé de 72 ans à l’époque, et qu’il aurait 80 ans aujourd’hui tout en étant au pouvoir, s’il avait été élu.

Cette sortie inopinée de M. Tchiroma qui alterne régulièrement entre opposant farouche et thuriféraire de Paul Biya au gré de ses admissions ou limogeages du gouvernement de Yaoundé traduit le malaise persistant qui règne depuis quelques années entre Washington et Yaoundé, au sujet des droits de l’homme. L’administration américaine a en effet reconnu le statut de prisonniers politiques à des détenus camerounais, suscitant la colère de Yaoundé. C’est le cas de l’ancien ministre de l’Intérieur Marafa Hamidou Yaya, un Peul du nord du pays régulièrement perçu comme l’un des meilleurs successeurs possibles à Paul Biya, qui a été condamné à 25 ans de prison dans une affaire de détournement de fonds publics qui s’est depuis révélée inexistante.

C’est seulement fin juillet également, que Washington a accrédité Michael Stephen Hoza comme nouvel ambassadeur à Yaoundé, près d’un an après le départ Robert Peter Jackson, qui s’était montré très critique envers le système électoral camerounais.

Régulièrement épinglé dans les rapports d’organisations non gouvernementales occidentales au sujet de la violation massive des droits de l’homme, le Cameroun s’est rapproché ces dernières années de la Chine moins regardante. Yaoundé se trouve ainsi submergé de millions de dollars venus de Pékin. D’où sans doute, l’arrogance et le coup de gueule du ministre Tchiroma connu pour son langage peu diplomatique.

Cameroun : la guerre de Boko Haram et l’absence de Paul Biya

Alors que son pays subi la guerre de la secte islamiste et que la psychose gagne les populations, le président camerounais bouge dans tous les sens en occident.

[Par René DASSIE’]

Photos tirés de : smh.com.au et africapresse.com

Photos tirées de : smh.com.au et africapresse.com

Les va-et-vient de Paul Biya en occident laissent perplexe, lorsqu’on sait la situation d’insécurité grandissante, qui menace la stabilité de son pays. C’est comme si au Cameroun, tout était « au mieux dans le meilleur des mondes possibles», pour reprendre la formule Leibniz, célèbre philosophe allemand du 18e siècle, alors que ce pays d’Afrique centrale est officiellement en guerre depuis trois mois contre les islamistes de Boko Haram.

«Nous sommes ici pour déclarer la guerre à Boko Haram. Nous vaincrons cette chose terroriste », avait déclaré le président camerounais lors du mini-sommet anti-Boko Haram convoqué mi-mai à l’Elysée par François Hollande, désormais installé dans son rôle de sapeur-pompier des crises politiques sanglantes du marigot africain. Outre Paul Biya et le nigérian Goodluck Jonathan dont les pays constituent le principal théâtre de la secte islamistes, tous les présidents des pays proches du Nigeria (Bénin, Niger, Tchad, Cameroun), étaient présents à cette réunion stratégique.

Lorsqu’on déclare la guerre, on reste sur place pour élaborer les stratégies, mobiliser les troupes et suivre l’évolution de la situation. On protège et rassure les populations civiles. Et Paul Biya qui est passé par Sciences-Po ne peut pas ignorer cela.

Aucune de ces considérations ne l’a pourtant empêché de se rendre la semaine dernière au sommet Etats-Unis – Afrique organisé par le président Obama, où il savait pourtant d’avance, n’en déplaise à son ministre de la Communication et thuriféraire Issa Tchiroma Bakary, que sa voix de vieux dictateur soudé à son pouvoir serait inaudible au milieu de leaders africains nouveaux comme Ibrahim Boubacar Kéïta du Mali ou encore le ghanéen John Mahama, qui, eux, bénéficient d’une incontestable onction démocratique.

Paul Biya n’avait pourtant qu’à s’inspirer de l’attitude de sagesse de ses paires sierra-léonais et libérien qui, eux, ont ignoré les agapes de la Maison Blanche pour gérer la crise du virus Ebola dans leurs pays respectifs. Certains intellectuels camerounais, d’habitude complaisants à son égard lui ont subrepticement suggéré d’annuler ce voyage, eu égard à la crise sécuritaire que vit son pays. Cependant, il n’a pas résisté à la tentation d’aller faire la photo avec Barack Obama qui doit, sauf erreur avoir l’âge de son premier fils et qui ne devait être encore qu’un jeune étudiant lorsque, par un de ces artifices dont il a le secret, le destin le promut à la tête du Cameroun. On le voit ainsi souriant sur les photos officielles, comme un petit enfant comblé par les attentions d’un grand, ici le Grand Obama qui rendra son tablier dans deux ans, alors que sauf coup du destin, lui sera toujours président.

Les Camerounais qui s’étaient réjouis de le voir revenir au pays comme mût par une soudaine prise de conscience samedi 9 août, c’est-à-dire trois jours seulement après la fin du sommet alors que d’habitude en de pareilles occasions, il poursuit sa villégiature dans quelques pays européens pour y flamber l’argent public de son pays ont rapidement déchanté. Paul Biya n’a sans doute pas défait ses valises, puisqu’il s’est envolé de nouveau mercredi pour Paris, où sa présence est tout sauf indispensable, à la cérémonie de commémoration du centenaire de la fin de la première guerre mondiale de ce vendredi à Toulon.

Etat de guerre

Ces dernières semaines pourtant, les islamistes de Boko Haram, comme en réponse à sa déclaration de guerre, ont multiplié des incursions meurtrières en terre camerounaise. Jeudi, la secte a de nouveau fait parlé d’elle, en attaquant la localité de Bounderie à la frontière du Nigéria, où elle a enlevé plusieurs personnes et procédé à de nombreux pillages. A la fin du mois dernier, seize personnes ont été tués, égorgés pour la plupart, dans la ville de Kolofata (Nord-Cameroun) lors d’une attaque particulièrement violente qui ciblait visiblement le vice-premier ministre Amadou Ali qui devait s’y rendre pour célébrer l’Aïd-el-Kébir en famille. L’épouse de M. Ali ainsi que plusieurs dignitaires de la région ont été enlevés et ont rejoint la liste des otages de la secte qui ne cesse de s’allonger. Cette attaque jugée « inqualifiable » par le gouvernement camerounais constituait le pic d’une série qui a déjà coûté la vie à de nombreux Camerounais, militaires et civils. Jusque-là relativement épargné par Boko Haram, le Nord-Cameroun dont les frontières avec le Nigéria voisin sont aussi poreuses qu’une passoire semble désormais servir de base de repli et de ravitaillement aux islamistes. Ceux-ci s’y comportent d’ailleurs comme en terrain conquis. Ils y recrutent des centaines de jeunes désœuvrés, se servent en matériels militaires directement dans l’arsenal gouvernemental, en prenant d’assaut les positions de l’armée camerounaise.

On pourrait mentionner, à la décharge de Paul Biya à qui le quotidien camerounais Le Messager reproche de ne s’être pas adressé à la nation au moment où la psychose grandit au sein de la population qu’il n’a pas eu à faire face à une vraie menace de conflit, depuis le coup d’Etat qui faillit mettre un terme précoce à son pouvoir en avril 1984, c’est-à-dire à peine deux ans après qu’il fut devenu président.

Il aurait cependant pu s’inspirer de l’exemple de son voisin, le tchadien Idriss Deby avec lequel il était au mini-sommet de Paris et qui a une solide expérience de la guerre, puisque des rebelles ont plusieurs fois été aux portes de son palais. Le président tchadien a décliné l’invitation de François Hollande pour se rendre, toutes affaires cessantes, à Faya-Largeau dans le nord de son pays, où vient de se déclencher un conflit intercommunautaire, sur fond de trafic d’or.

Il aurait pu également s’inspirer du cas de Georges Bush dans le pays duquel il vient de séjourner, et qui s’était emparé d’un mégaphone sur les ruines des tours jumelles en septembre 2001, pour promettre aux islamistes qui venaient de frapper durement son pays, une traque sans merci.

Ce serait sans doute trop lui demander. « Si dans ses discours, Paul Biya, le chef de l’Etat ne manque aucune occasion de promettre solennellement des moments difficiles à la secte islamiste Boko Haram et à tous ceux qui sèment la terreur dans la partie septentrionale du Cameroun, sur le terrain, le chef suprême des armées démontre que ses priorités sont ailleurs », observe avec lucidité le site Nkul Beti, qui déplore aussi la baisse de moral et le malaise qui règnent dans les rangs des forces armées camerounaises.

Les priorités de Paul Biya ont toujours été de prendre du beau temps à travers le monde. Et tant pis si son pays brûle. Le président-voyageur a délégué la gestion militaire du problème Boko Haram à un vieux général du nom de René Claude Meka, qui, à 75 ans dont 54 passées dans l’armée, aurait dû prendre sa retraite il y a fort longtemps et qui somnole souvent lors des cérémonies publiques. Celui-ci est appuyé côté propagande par le ministre de la Communication, qui a déjà confessé l’incapacité du gouvernement camerounais à organiser des renseignements dignes d’un Etat, pour faire face à une menace et a appelé les populations à s’arranger comme elles peuvent, pour renseigner l’administration.

Dans un câble confidentiel adressé à sa chancellerie, et dévoilé par Wikileaks, l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun Mme Janet E. Garvey, disait déjà il y a plus de quatre ans que Paul Biya semblait peu au fait de ce qui se passait dans son pays. Elle ne savait sans doute pas que certaines années, le président vacancier passe plus de temps en occident qu’au Cameroun. Il y a fort à parier qu’après la France, il fera un petit détour au bord du lac Léman en Suisse, où il a ses habitudes.

Il y a longtemps que cet homme qui est officiellement âgé de 81 ans – rien n’indique qu’il ait résisté à la tentation de se rajeunir sur les papiers comme savent si bien le faire certains footballeurs – a, dans les faits, démissionné de ses fonctions, laissant le pays se gérer tout seul. C’est peut-être ce qui explique sa longévité au pouvoir.

 

 

Affaire Christine Tasin : a-t-on encore le droit de critiquer les religions ?

[Par René DASSIE’]

Christine Tasin la présidente de l’association Résistance républicaine a été condamnée pour avoir déclaré que « l’islam est une saloperie » par le tribunal de Belfort. Une sanction qui semble réintroduire le « délit de blasphème ».

Christine Tasin [Photo tirée de Liberation]

Christine Tasin [Photo tirée de Liberation]

Frapper au portefeuille pour islamophobie. Le tribunal de Belfort a condamné vendredi à 3000 euros d’amende dont 1500 avec sursis Christine Tasin, ex-prof de lettres classiques et fondatrice de Résistance Républicaine, une association anti-islam, pour incitation à la haine raciale.

Cette agrégée de lettres classiques qui collabore également à Riposte Laïque un site dédié à la lutte contre l’islamisation de la France et dirigé par son compagnon, ancien typographe et ex-délégué syndical CGT à la Tribune était poursuivie par des associations musulmanes, pour avoir qualifié l’islam de « saloperie », devant un abattoir mobile installé pour le sacrifice rituel de l’Aïd el-Kébir à Belfort. L’échange avait été filmé et est toujours disponible sur [YouTube].
« Oui je suis islamophobe et alors ? La haine de l’islam, j’en suis fière. L’islam est une saloperie (…), c’est un danger pour la France », déclarait-elle alors face à des membres de la communauté musulmane et de la Coordination contre le Racisme et l’Islamophobie (CRI) lesquels lui répondent que son discours était motivé par la « haine de la religion » et le « racisme ». D’où la plainte de la CRI.
« On peut néanmoins se réjouir que le parquet ait décidé de sanctionner la militante d’extrême-droite, là où d’autres s’en étaient sortis sans problèmes. C’est lors de ces procès qu’il est donné l’occasion de reconnaître publiquement l’islamophobie comme un phénomène réel », se félicite [islamophobie.net].

On peut reprocher à Christine Tasin qui avait organisé l’apéro saucisson-pinard et les «Assises contre l’islamisation de l’Europe», aux côtés du Bloc identitaire, un mouvement d’extrême droite, la violence de ses écrits qui frisent parfois la paranoïa vis-à-vis de la religion de Mahomet. Au quotidien, Mme Tasin et les adhérents de son mouvement ignorent le pacifisme de l’immense majorité des musulmans, et ne rapportent que les méfaits des plus extrémistes d’entre eux, qui constituent une infime minorité. Cependant, l’interprétation juridique des propos qui l’ont conduit devant la barre est, sauf erreur, inédite et ne peut manquer d’étonner, au vu de la jurisprudence récente.

Belfort, le tribunal de grande instance. [Photo tirée de belfortains.fr]

Belfort, le tribunal de grande instance. [Photo tirée de belfortains.fr]

Car, pour requérir sa condamnation, le parquet de Belfort a estimé que ses propos étaient de « nature à susciter le rejet des musulmans en les désignant comme un danger pour la France ». Une confusion évidente entre la critique d’un livre religieux et la stigmatisation de ceux qui adhèrent à son contenu. Or, il y a une douzaine d’année, le tribunal correctionnel de Paris avait interprété de manière totalement opposée des propos similaires tenus par l’écrivain Michel Houellebecq. Dans une interview publiée dans la revue Lire peu après la parution de Plateforme, son roman qui traite à la fois du tourisme sexuel et de l’Islam, l’auteur avait déclaré que «La religion la plus con, c’est quand même l’islam», ajoutant qu’il avait été «effondré» à la lecture du Coran. Alors que des associations du culte musulman demandaient sa condamnation, le procureur de la République, avait estimé que les propos de Michel Houellebecq visaient l’islam et non les musulmans. Une position sur laquelle s’était alignée la 17e chambre correctionnelle de Paris, présidée par Nicolas Bonnal, laquelle avait statué qu’«Ecrire que ‘l’islam est la religion la plus con’ ne revient nullement à affirmer ni à sous-entendre que tous les musulmans devraient être ainsi qualifiés». L’écrivain avait été relaxé.
Cinq ans plus tard, en 2007, le journal satirique Charlie Hebdo avait pareillement été déclaré non coupable, à l’issue de son procès dans l’affaire des caricatures de Mahomet. «Dans une société laïque et pluraliste, le respect de toutes les croyances va de pair avec la liberté de critiquer les religions, quelles qu’elles soient», avaient expliqué les juges, tout en rappelant que le blasphème n’est plus réprimé en France.
Si la loi sanctionne en effet lourdement les injures envers les personnes « à titre de leur appartenance, ou non appartenance religieuse », la liberté d’expression et la laïcité autorisent à l’opposée tout un chacun à critiquer ce que d’aucuns considèrent comme sacré, c’est-à-dire la religion. Car celles-ci sont « des idéologies comme d’autres, et injurier une idéologie, un système de pensée, n’est pas insulter les personnes qui y adhèrent », comme l’expliquait il y a quatre ans dans une interview accordée à [Metro news] Jean Boulègue, ancien professeur de Paris I et spécialiste de l’histoire africaine.
Le « délit de blasphème », en vigueur dans certains pays musulmans comme le Pakistan, a en effet été aboli en France en 1791. Seul le code pénal de l’Alsace et la Moselle sanctionne encore deux délits de cette nature, dont celui de « blasphème publique contre Dieu » en vertu d’un héritage de l’annexion entre 1871 et 1918 par l’Empire d’Allemagne. Toutefois, la dernière application par la justice y remonte à 1957.
Pour autant, du procès de Jacques Richard pour l’affiche de son film « Ave Maria » à celui de Christine Tasin, plus de vingt procès ont été intentés depuis 1984 contre les injures envers une religion. C’est l’intégrisme et l’épiscopat catholiques qui ont initié ce mouvement auquel se sont jointes les associations musulmanes. « La stratégie des partisans du rétablissement du délit de blasphème a été de tenter de faire confondre par les tribunaux l’injure envers une religion et l’injure envers les personnes qui y adhèrent. Ceci rétablirait, de fait, le délit de blasphème », analysait Jean Boulègue.
Jusqu’à l’affaire Tasin, la position de la justice française avait presque invariablement été de rejeter toute action assimilable au délit de blasphème. C’est pour cela que la condamnation dont elle a été l’objet constitue une régression et pourrait créer un dangereux précédent.

 

 

Focus sur l’Ukraine, un reportage collectif

[Par Marta Fallani,  John Chitambo Lobe et Behzad Qayomzada, René Dassié]

Une image de la guerre civile à Donietsk  (Juillet 2014)

Une image de la guerre civile à Donietsk
(Juillet 2014)

Ukraine, les images d’une guerre oubliée :

L’article de Marta Fallani

Mardi 5 août, la Rédaction de la Maison des journalistes a reçu Marina Bodrichenko, porte-parole du Collectif citoyen pour la paix en Ukraine (http://frudialogue.wordpress.com/), venue apporter son témoignage sur la guerre civile dans le Sud-Est de l’Ukraine.

Activiste russe d’origine ukrainienne, Marina Bodrichenko vit en France depuis sept ans.
Le Collectif citoyen pour la paix en Ukraine dans lequel elle milite s’est donné pour mot d’ordre d’ “appeler les médias européens, russes et ukrainiens à une couverture plus objective et suivie de la crise ukrainienne”.

Marina arrive à la Maison des journalistes avec un grand sac en papier. Elle en sort des grands panneaux sur lesquels sont collées des dizaines de photos. Maisons détruites, personnes qui tentent de s’en échapper, une vielle dame assise dans son salon désormais dévasté. Et puis, des enterrements, des mères qui pleurent devant des cercueils blancs, des hommes qui serrent dans leurs bras les corps sans vie d’enfants.

Ce sont des images de la guerre. Les photos arrivent de Donetsk, la région du sud-est de l’Ukraine, où habite une minorité de Russes, parmi lesquels les « rebelles » qui s’opposent au gouvernement qui a pris le pouvoir à Kiev. Ces images sont très récentes. Les dernières photos datent le 27 juillet 2014. Cependant, on ne les voit pas dans les journaux occidentaux. « Internet est plein de vidéos d’amateurs, de photos prises par les gens du lieu. Moi-même je traduis souvent les vidéo du russe, mais je n’en trouve aucune trace dans la presse occidental », s’étonne Marina Bodrichenko.

Samedi 2 août, le collectif, des activistes des ONG humanitaires, des citoyens ukrainiens, russes et français, ont manifesté à Paris pour demander un “cessez-le-feu immédiat”. Cette date a été choisie exprès, pour rappeler le « massacre d’Odessa » du 2 mai 2014. Ce jour-là, 38 « rebelles » pro-russes avaient été tués, lors d’une guérilla organisée par des groupes d’extrême droite qui soutiennent le gouvernement de Kiev.

Jusqu’à présent, aucune investigation internationale n’a été ouverte pour identifier les auteurs de ce massacre. « Ce qui se passe dans le Sud-Est de l’Ukraine est une véritable guerre civile », analyse Mme Bodrichenko, qui dénonce par ailleurs la « manipulation des informations par l’occident », désireux de « garder l’équilibre politique actuel » au détriment des civils. Selon les données publiées par les autorités russes et considérées comme fiables par l’OTAN, 730.000 Ukrainiens auraient fui le conflit pour se réfugier en Russie.

Crèdit photo L: isa Viola Rossi

Crédit photo L: isa Viola Rossi

L’interview à Marina Bodrichenko :

Propos recueillis par John Chitambo Lobe et Behzad Qayomzada

Vous avez crée le premier collectif de citoyens russes et ukrainiens à Paris. Pourquoi ?

Manifester, dans quel but ?

Par rapport à votre prochaine manifestation publique, où, quand et comment aura-t-elle lieu?

Qu’est-ce que vous pensez de l’opinion publique française ?  

En ce qui concerne les enjeux de ce conflict, quel est votre avis ?

Le rêve d’empire soviétique de Vladimir Poutine : 

L’opinion de René Dassié

Nostalgique de la puissance soviétique, Vladimir Poutine avait qualifié l’effondrement de l’URSS de « plus grande catastrophe géopolitique du XXe siècle ». Et même s’il avait tempéré en ajoutant que « Ceux qui ne regrettent pas la disparition de l’URSS n’ont pas de cœur, mais ceux qui voudraient la refaire n’ont pas de tête », le maître des destinées de la Russie depuis quatorze ans n’a jamais caché son ambition de refaire de son pays une puissance internationale.
Exit donc la résurrection du Grand Empire, eu égard à l’impossibilité de remettre en cause la souveraineté de la plupart des Etats qui s’en sont détachés il y a un peu plus de deux décennies.
Vladimir Poutine qui sait pouvoir compter sur une forte majorité de l’opinion publique russe qui désormais approuve sa politique diplomatique dans la construction de l’Union eurasienne, sorte d’URSS light capable de faire face à l’Union européenne, à la Chine et aux Etats-Unis. Il s’agit en somme d’un bloc géopolitique autour de son pays, rassemblant la Russie et la plupart des républiques issues de l’URSS. Avec l’économie libérale, mais pas la démocratie et les droits de l’homme.
L’acte de naissance de ce bloc à caractère économique, bâti sur le modèle de l’Union européenne a pris la forme d’un traité signé le 29 mai dernier par trois Etats fondateurs, la Russie, le Kazakhstan et la Biélorussie. D’autres États qui ont fait partie de l’Union soviétique ont aussi exprimé leur désir de rejoindre ce projet qui doit entrer en vigueur le 1er janvier 2015. Il s’agit notamment de l’Arménie, du Kirghizistan et du Tadjikistan.
Dans la stratégie de M. Poutine, les accords diplomatiques ne constituent pas le seul ticket d’entrée dans ce nouveau club. Le président russe veut pouvoir compter sur les pressions, y compris militaires, pour parvenir à ses fins.
Il y a eu ainsi l’invasion de la Crimée, venant après celle de l’Ossétie du Sud en 2008 sous le prétexte officiel de défendre les Russes ethniques ou porteurs d’un passeport russe, dans ces anciennes Républiques soviétiques.
Il y a maintenant l’Ukraine, qui goûtait au pluralisme démocratique depuis la Révolution orange de 2004 et dont une partie du territoire a sombré depuis quelques mois dans un conflit meurtrier, entre l’armée régulière et des séparatistes pro-Russes. Vladimir Poutine que les Occidentaux accusent d’attiser ce conflit verrait dans l’Ukraine, eu égard à sa population, ses infrastructures industrielles et son agriculture, un des piliers du nouvel édifice régional qu’il entend bâtir.
« A l’époque soviétique, il était tout simplement impossible d’imaginer que l’Ukraine et la Russie puissent être des Etats différents (…). Mais cela est arrivé. Et quand la Crimée s’est soudainement retrouvée dans un autre Etat, la Russie a senti qu’on l’a non seulement volé, mais carrément pillé. Et qu’est-ce qu’a fait la Russie ? Elle a baissé la tête », déclarait-il dans un discours d’une heure devant des parlementaires des deux chambres réunies, et en présence de nombreuses personnalités russes, lorsqu’il signait, le 18 mars dernier, le traité d’intégration de la Crimée à la Russie.
En Occident, les visées hégémonistes de Vladimir Poutine passent mal. Les Etats-Unis ont clairement exprimé leur opposition à la création d’une Union eurasienne pilotée par Moscou. « Cela ne portera pas le nom d’URSS. Cela portera le nom d’union douanière, d’Union eurasiatique etc., mais ne nous y trompons pas. Nous en connaissons les buts et nous essayons de trouver le meilleur moyen de le ralentir ou de l’empêcher», laissait déjà entendre fin 2012 l’ex Secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton.
Réagissant au conflit dans l’est de l’Ukraine dans lequel ils voient la main cachée de Vladimir Poutine, l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis ont pris de nombreuses sanctions économiques contre la Russie. Notamment le gel des avoirs et une interdiction de voyager concernant des proches de Vladimir Poutine. L’UE a aussi décidé d’interdire de nouveaux investissements dans l’exploitation du pétrole, du gaz et des minerais en Crimée et à Sébastopol ainsi que dans les infrastructures des projets de transports et de télécommunications de la région. Des sanctions que le président américain, Barack Obama, a promis d’accroitre.
Pour de nombreux analystes, ces sanctions non seulement ne suffiraient pas à faire fléchir le président russe, mais pourraient s’avérer contre-productives. M. Poutine a répliqué, en sortant sa vieille arme de l’embargo sur les produits agroalimentaires en provenance des pays condamnant sa position. Son premier ministre, Dimitri Medvedev a de son côté menacé d’interdire le survol du territoire russe pour les compagnies aériennes effectuant des liaisons entre l’Europe et l’Asie via la Sibérie, la route la plus courte.

Gaza-Mali : l’indignation sélective de l’extrême gauche française

[Par René DASSIE’]

L’extrême gauche française qui manifeste en faveur des populations de la bande de Gaza s’était montrée indifférente l’année dernière aux souffrances infligées par les islamistes aux populations du Nord-Mali.

Photo tirée de www.africapresse.com

Photo tirée de www.africapresse.com

Depuis le déclenchement début juillet dans la bande de Gaza de l’offensive militaire israélienne contre le Hamas et le Jihad islamique palestinien en réponse aux tirs de roquette sur plusieurs grandes villes de l’Etat hébreux, l’extrême gauche française mène la charge à Paris, contre Tel-Aviv.
Au menu, multiplication des sorties médiatiques d’indignation face aux bavures de l’opération « Bordure protectrice », haro sur le gouvernement Hollande taxé de complicité avec Israël, mais surtout, défi des interdictions administratives de manifester. Ainsi, alors que le Hamas désormais sûr de sa victoire médiatique eu égard au déséquilibre des forces et de victimes de part et d’autre rejette toute proposition de cessez-le-feu qui accorderait un répit aux populations gazaouites, le Parti de Gauche de l’outrecuidant Jean-Luc Mélenchon ne voit dans ce conflit qu’une « monstrueuse punition collective infligée à la population, enfermée dans Gaza par ses bourreaux ».
Evidemment, pas un mot n’a été prononcé de ce côté-ci contre les débordements antisémites qui ont ponctué les manifestations à Paris et en banlieue, plongeant la communauté juive de France dans une profonde inquiétude.

L’année dernière, la même extrême gauche s’insurgeait contre l’opération « Serval », un secours militaire apporté par la France au Mali, un pays d’Afrique de l’Ouest considéré comme une démocratie exemplaire, dont la stabilité était fortement compromise par une invasion djihadiste partie du Sahel.
Alors que les Maliens assistaient impuissants à l’instauration dans le nord de leur pays d’un Etat religieux basé sur la charia par les islamistes du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et leurs affidés d’Ansar Dine, Jean-Luc Mélenchon jugeait « condamnable » l’initiative française soutenue par la communauté internationale. Dans la même lancée, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) d’Olivier Besancenot traitait « Serval » d’ « intervention néocoloniale sous leadership français ».
Même les prémisses de la vie selon la charia, les mains et pieds de voleurs coupés sur la place publique à Gao dans le nord du Mali par les justiciers islamistes, la suppression des droits des femmes soumises à un code vestimentaire contraignant ou sommées de rester cloîtrées chez elles n’avaient pas ébranlé les certitudes d’Olivier Besancenot et ses amis qui, pourtant, lors de leurs manifestations anti-guerre à Paris claironnaient « l’humain d’abord ».
On sait qu’en France, les formations de l’extrême, NPA qui avait présenté une candidate voilée aux élections régionales en tête, ambitionnent de devenir des partis de masse et manœuvrent pour séduire les banlieues à majorité musulmane. Ceci explique peut-être cela.

Cameroun : Affaire Marafa, l’ex ministre en danger

[Par René DASSIE’]

L’état de santé de l’ancien ministre camerounais de l’Administration territorial, Marafa Hamidou Yaya (cliquez ici pour lire l’article Affaire Marafa Hamidou Yaya : les sorciers noirs sortent de l’ombre, par René Dassié), condamné à 25 ans de prison pour détournement de fonds et considéré par la communauté internationale comme un prisonnier politique suscite de grandes inquiétudes, obligeant pour la première fois les autorités de Yaoundé à envisager son évacuation sanitaire vers l’occident.

Photo tirée de la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=6UL4f3HsGto

Photo tirée de la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=6UL4f3HsGto

Selon le quotidien Le Messager paraissant à Douala, en réponse à une demande formulée par un proche de l’ancien proche collaborateur du président Paul Biya, le ministre camerounais de la Justice et Garde des sceaux, Laurent Marie Esso, aurait laissé entendre qu’il ne trouverait « aucun inconvénient » à sa sortie du territoire pour raison de santé, si ses médecins locaux ne « trouvent toujours rien ».
Victime il y a une semaine d’un malaise dans sa cellule de la prison de haute sécurité du secrétariat d’Etat à la Défense de Yaoundé où il détenu depuis plus de deux ans, M. Marafa a été transféré d’urgence au centre hospitalier universitaire de Yaoundé où il est toujours interné.
C’est la deuxième fois en moins d’un mois, qu’il est admis dans cet hôpital. Fin juin, il y avait déjà été interné pour une semaine. La presse locale avait alors rapporté une fatigue générale à laquelle s’ajoutaient des troubles stomatiques et visuels, ainsi qu’un paludisme cérébral. Cependant, face au peu de communication sur sa situation réelle, certains avaient cru déceler dans ses conditions d’hospitalisation, notamment son admission dans l’unité de dialyse de cet établissement, des indices d’affections beaucoup plus graves.
« Je suis inquiète pour deux raisons : la première raison c’est que s’il lui arrivait d’avoir la fièvre au point d’être hospitalisé, cela veut dire que c’est très grave. Or il y a quelques années, Monsieur Marafa (…) a dû être évacué parce qu’il faisait un palu cérébral. La deuxième raison c’est qu’on me dit qu’il aurait des problèmes de reins. Ce qui m’inquiète encore davantage», déclarait le 4 juillet sur RFI, Jeannette son épouse, exilée à Paris.
«J’ai connaissance du diagnostic d’un cardiologue réputé qui fait état de ce que M. Marafa a un problème cardiaque et devrait subir des examens et un traitement qui ne sont pas disponibles au Cameroun et certainement pas dans sa prison», laissait déjà entendre fin mars, le professeur de droit Diva Kofélé Kalé, l’un des avocats du prisonnier.
Or, on sait que les hôpitaux camerounais n’ont ni l’expertise ni les équipements adéquats pour traiter efficacement des problèmes rénaux. De nombreux patients, à l’instar de l’écrivain Charles Atéba Eyéné qui n’avait pas pu réunir à temps l’argent nécessaire à son évacuation, sont morts faute de dialyse.

Paul Biya ne peut pas ignorer la santé fragile de M. Marafa qui l’a côtoyé pendant près de deux décennies et donc les dures conditions de détention, dans une cellule aveugle et humide d’environ 3m² contribuent aujourd’hui à accroitre la détresse physique.
Epuisé par le manque de sommeil –plus de dix jours sans dormir pour rattraper in extremis le fiasco des élections couplées, municipales et législatives de 2002 orchestré par son prédécesseur au ministère camerounais de l’intérieur-, il avait développé un paludisme cérébral et n’avait dû la vie sauve qu’à une évacuation sanitaire en France.
«J’appelle toutes les bonnes volontés à m’aider parce que c’est un homme qu’on est en train de tuer. Il ne faut pas attendre qu’il soit mort pour que tout le monde puisse dire quelque chose. J’en appelle à monsieur Hollande. J’en appelle à monsieur Obama. J’en appelle à monsieur Paul Biya de m’aider à sortir Marafa de là. Il en a les possibilités. Il sait que cette affaire est politique. Marafa est innocent. Il le sait. Qu’il le sorte de là ! Qu’il le sorte de là !», a plaidé en sanglot, son épouse, sur RFI.

Le Président Barack Obama e la Première Dame Michelle Obama posent pour une photo au Metropolitan Museum de New York avec Paul Biya, le Président du Cameroun et sa femme, Chantal Biya, le 23 Septembre 2009 (Photo Officielle de la Maison Blanche par Lawrence Jackson)

Le Président Barack Obama et la Première Dame Michelle Obama avec Paul Biya, le Président du Cameroun et sa femme, Chantal Biya, le 23 Septembre 2009 (Photo Officielle de la Maison Blanche par Lawrence Jackson)

Depuis le déclenchement de l’opération d’assainissement des mœurs publiques au Cameroun, plusieurs personnalités sont décédées en détention. Le 8 mai, Henri Engoulou, 60 ans, ex-ministre délégué aux Finances en charge du Budget, poursuivi dans la même affaire que la franco-camerounaise Lydienne Yen-Eyoum s’est éteint dans le dénuement le plus total dans un hôpital de la capitale camerounaise, après quatre ans d’emprisonnement sans jugement, et n’avait plus de quoi payer ses frais d’avocats.
Un peu moins de deux mois avant lui, c’était l’ancienne secrétaire d’Etat aux Enseignements secondaires, Catherine Abena qui rendait l’âme dans un hôpital de Yaoundé, à la veille de ses soixante ans. Accusée de détournement de deniers publics, elle avait entamé une longue grève de la faim lors de sa détention préventive de plus d’un an. Innocentée et libérée en 2011, elle n’avait jamais pu correctement se rétablir.
La décision d’ordonner ou non l’évacuation de M. Marafa dépend entièrement de Paul Biya, qui doit se rendre au sommet Etats-Unis Afrique qui s’ouvre ce mardi à Washington.

Affaire Samuel Eto’o, l’ex-maitresse saisit la justice française

Nathalie Koah, une ex-amante du footballeur Samuel Eto’o (cliquez ici pour lire l’article) qui l’accuse d’avoir publié sur Internet des photos d’elle dénudée, a déposé plainte à Paris.

[ Par René DASSIE ]

Privé de club- il serait actuellement en négociation avec  le londonien West Ham et exigerait un salaire hebdomadaire 126 360 euros- Samuel Eto’o Fils, richissime footballeur camerounais et ex-sociétaire de Chelsea, rebondit devant la justice française.

Le footballeur de 33 ans, sept fois nommé au Ballon d’or et triple vainqueur de la Ligue des champions est en effet l’objet d’une plainte pour «traite de personne, outrage privé à la pudeur, publications obscènes, proxénétisme, menaces sous conditions, chantage et déclarations mensongères» déposée devant le parquet de Paris par son ancienne maitresse, la dénommé  Nathalie Koah, hôtesse de l’air à la compagnie nationale aérienne camerounaise Camair-Co.

Nathalie Koah (Photo tirée de journalducameroun.com) et Samuel Eto'o (Photo tirée de masalamag.us)

Nathalie Koah (Photo tirée de journalducameroun.com) et Samuel Eto’o (Photo tirée de masalamag.us)

Cette jeune femme de 27 ans, qui a été sa maitresse pendant sept, de 2007 à 2013, l’accuse d’être à l’origine de la diffusion fin mai sur Internet, de plusieurs photos hautement suggestives d’elle.

Selon Le Parisien qui a pu consulter la plainte déposée le 8 juillet au commissariat du XVIe de Paris, Nathalie raconte que tout commence en novembre 2013, au moment où son idylle avec le footballeur se brise pour une histoire de jalousie. Samuel Eto’o la soupçonne alors d’entretenir une relation parallèle avec Fally Ipupa, une vedette de la chanson congolaise. Il lui demande en guise de preuve de sa loyauté, de prendre des photos dénudées du chanteur afin de les diffuser sur Internet dans le but de « détruire son image et sa carrière ». Ce qu’elle aurait refusé.

Mécontent, Samuel Eto’o porte plainte à Yaoundé, l’accusant de vouloir diffuser sur Internet des images de leurs ébats. Les gendarmes qui auditionnent Nathalie lui retirent ses portables personnels. Quelques jours plus tard, Samuel Eto’o la contacte sur son téléphone professionnel. « Il s’était visiblement fait envoyer mes portables chez lui, à Londres. Il a dit que, s’il voulait, il pouvait diffuser les messages et les photos qu’ils contenaient et ainsi me nuire ».

Le 29 mai dernier, alors qu’elle rentre d’une virée nocturne avec des copines, Nathalie est interpellée à Yaoundé par des policiers, qui lui apprennent qu’Eto’o a déposé une nouvelle plainte contre elle, pour escroquerie et vol. Le footballeur lui réclamerait une somme d’argent provisoirement arrêtée à quelques 300 000 euros ainsi qu’une montre Rolex qu’il l’accuse d’avoir volée chez lui. Un avocat d’Eto’o explique que son client envoyait régulièrement de l’argent à Nathalie pour alimenter sa fondation à Yaoundé, et que, vérification faite,  pas un sous ne serait parvenu à destination. La mise en cause rétorque qu’elle n’a jamais dirigé cette fondation qui existe depuis 2006, c’est-à-dire un an avant leur rencontre. Elle reconnait cependant avoir bénéficié des largesses du footballeur, qui lui aurait donné entre autre une montre Rolex en guise de cadeau d’anniversaire. Après trois jours de garde à vue, elle est libérée, faute de preuve.

C’est dans ce contexte que ses photos suggestives font leur apparition sur certains réseaux sociaux. Elles sont reprises, à peine brouillées, par des médias camerounais et africains, acquis pour la plupart, à la cause du footballeur. « Un véritable assassinat social », dénonce Me Thibault de Montbrial, l’avocat français Nathalie. Celle-ci  fait un malaise et doit être hospitalisée plusieurs jours. Remise de ses émotions, elle intente une action au Cameroun qu’elle stoppe peu après, au profit d’une procédure en France.

Samuel Eto’o qui avait promis qu’il ferait toute la lumière sur cette affaire après la coupe du monde s’est contenté de dire que Nathalie « cherchait à l’embrouiller ». Ce sont les médias camerounais qui ont régulièrement sonné la charge contre la jeune femme dont ils dénoncent la vénalité et soupçonnent aussi de faire partie d’un complot visant le joueur, orchestré par certains hauts responsables du régime camerounais.

« Nous avons eu droit ces dernières semaines à des textes d’une « Etophilie » quasi militante .Or le sujet aurait dû inviter à la mesure », déplore Ndjama Benjamin, un contributeur du site Camer.be.

La plainte de Nathalie a été transmise au parquet de Paris, qui doit décider des suites à donner dans les prochains jours.