Un appel international depuis Rome pour le changement en Iran

Alors que le régime iranien est confronté à une intensification sans précédent des troubles internes, à une guerre régionale de douze jours et à une flambée d’exécutions, Rome s’est imposée comme le centre d’un élan politique international en faveur de la liberté en Iran. Dans ce contexte, la visite hautement politique de Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), les 30 et 31 juillet 2025, a été marquée par trois événements majeurs, reflétant un soutien croissant en faveur de l’alternative démocratique portée par la Résistance iranienne.

[par Massoumeh RAOUF, publié le 20/08/2025]

rome
© CNRI

Le sommet mondial pour un Iran libre 2025, tenu au Palazzo dei Congressi, a constitué le point d’orgue de ces événements. Dans une atmosphère de gravité et d’espoir, les participants ont désigné le CNRI et l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI) comme la seule alternative démocratique crédible au régime théocratique de Téhéran. Maryam Radjavi a fermement réitéré que « la seule voie vers le changement passe par le peuple iranien et sa résistance organisée ». Elle a présenté son Plan en dix points comme une feuille de route claire vers un Iran libre, démocratique, laïc, sans armes nucléaires ni peine de mort, respectueux des droits des femmes et des minorités.

L’appel puissant de Charles Michel et Matteo Renzi

Parmi les intervenants, Charles Michel, ancien président du Conseil européen, a dénoncé le régime iranien comme « dangereusement brutal malgré sa faiblesse structurelle » et a qualifié la Résistance iranienne de « source d’inspiration » mondiale. Il a salué le plan de Maryam Radjavi, le qualifiant de « feuille de route de la dictature à la démocratie », tout en avertissant que « le silence et l’inaction équivalent à de la complicité ».

Matteo Renzi, ancien Premier ministre italien, a souligné avec émotion que « ceux qui ont été exécutés récemment sont morts pour votre liberté et pour la nôtre ». Il a appelé l’Europe à « cesser ses illusions sur des factions soi-disant modérées du régime » et à soutenir sans équivoque la Résistance.

Un soutien parlementaire italien transpartisan

La visite de Maryam Radjavi a commencé par une conférence parlementaire à la Sala Regina du Parlement italien, présidée par la députée Naike Gruppioni, rassemblant de hauts législateurs de tous bords. Selon l’agence de presse italienne ANSA, cette conférence, organisée par Naike Gruppioni, membre du parti d’extrême droite, Frères d’Italie (Fratelli d’Italia), et vice-présidente de la Fondation Italie-États-Unis, avait pour titre L’avenir de l’Iran entre dialogue et géopolitique, la solution.

Le sénateur Giulio Terzi, président de la commission des affaires européennes, a salué le rôle du CNRI dans l’exposition des activités terroristes et nucléaires du régime. Il a dénoncé les 600 exécutions déjà recensées en 2025 comme la preuve d’un système fondé sur la terreur.

Lucio Malan, chef du groupe Fratelli d’Italia au Sénat, a applaudi la vision moderne et inclusive de la Résistance. Le député Lorenzo Cesa, chef de la délégation italienne à l’OTAN, a décrit le CNRI comme un acteur unificateur dans un Iran pluriel, rejetant toute illusion sur une réforme interne du régime actuel.

L’agence de presse ANSA a également rapporté les propos de Maryam Radjavi lors de l’événement, où elle a déclaré que « le régime est au bord de l’effondrement, et le soutien croissant des jeunes aux Moudjahidines du peuple se traduit par des exécutions. » Elle a ajouté que « l’atmosphère qui règne en Iran est à la révolte et à la rébellion. »

Des avertissements sur les droits humains

Le 31 juillet, Mme Radjavi a été entendue par la Commission extraordinaire du Sénat pour les droits de l’homme, présidée par la sénatrice Stefania Pucciarelli. Elle y a alerté sur l’intensification de la répression, les coupures d’Internet, l’adoption de nouvelles lois liberticides, et surtout la menace d’exécutions imminentes de 14 prisonniers politiques. Elle a également rendu hommage à Mehdi Hassani et Behrouz Ehsani, deux exécutés récemment, saluant leur bravoure.

Elle a souligné la continuité de la violence du régime, du massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988 à l’assassinat du représentant du CNRI, Mohammad Hossein Naghdi, à Rome en 1993. Elle a exhorté les pays européens à conditionner leurs relations avec l’Iran à l’arrêt des exécutions et à la fin des violations systématiques des droits humains.

Outre les figures européennes, le sommet a vu intervenir Rudy Giuliani, ancien maire de New York, James Cleverly, ancien ministre britannique des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, ancienne ministre française, Ingrid Betancourt, ancienne candidate à la présidence de la Colombie, Stephen Rapp, ancien ambassadeur américain pour la justice pénale internationale, Carla Sands, ancienne ambassadrice américaine, Linda Chavez, et Carlo Cottarelli, ancien directeur du FMI.

Tous ont salué la résilience et le courage de la Résistance iranienne. Le Dr Javaid Rehman, ancien rapporteur spécial de l’ONU, a averti qu’un nouveau massacre se préparait, qualifiant déjà celui de 1988 de génocide. La convergence de ces voix, venues d’horizons politiques variés, traduit une évolution notable du regard international sur la question iranienne. Dans ce contexte, la position des démocraties européennes, dont la France, pourrait peser davantage sur le cours des événements à Téhéran.

A lire également : Iran. Deux prisonniers politiques condamnés et exécutés

Massoumeh RAOUF

Massoumeh Raouf est iranienne, ancienne prisonnière politique du régime des mollahs.

En 1988, son frère de 16 ans est exécuté lors du massacre des 30.000 prisonniers politiques iraniens. Pour lui rendre hommage, Massoumeh Raouf a écrit la bande-dessinée "Un petit prince au pays des mollahs".

Engagée dans la «Campagne du mouvement pour la justice en faveur des victimes du massacre de 1988», Massoumeh Raouf se bat aujourd'hui pour faire traduire en justice les auteurs de ce «crime contre l'humanité resté impuni».

Comme pour tous les journalistes réfugiés politiques, l'Oeil de la Maison des journalistes garantit une Tribune Libre de liberté d'expression.

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