La liberté de la presse
L’état de la presse diffère selon les pays. Chaque année, des ONG font le point sur la liberté de la presse dans le monde et propose un classement. Au-delà des chiffres, il y a aussi la répression subit par chaque femme et chaque homme qui ont décidé d’exercer leur métier de journaliste sans censure.
La MDJ relaie ce combat et grâce aux journalistes résidents et ex-résidents, nous vous présentons l’état de la presse dans leur pays d’origine ainsi qu’un droit de suivi.
EGYPTE – Episode 3 – La dictature s’attaque aux familles des prisonniers
/dans Afrique, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par RédactionLe complexe pénitentiaire de Tora, de sinistre réputation, continue de broyer des citoyens égyptiens. Enfermés pour un rien, l’enfer des prisons égyptiennes est une série proposée par l’Oeil de la MDJ.
Mardi, Sanaa est arrivée devant le bureau du procureur général vers 14 heures. Des agents de sécurité en civil l’ont arrêtée, elle et son avocat, à la porte de l’immeuble et lui ont demandé sa carte d’identité nationale.
Depuis le 12 mars, tous les prisonniers en Égypte ont vu leur famille et leurs avocats suspendus en raison de restrictions liées aux coronavirus.
Une fois son identité établie, ils ont repoussé son avocat et ont forcé Sanaa à monter dans un microbus banalisé et sont partis, suivis de trois voitures banalisées. Elle est apparue une heure et demie plus tard au parquet, selon son avocat, Khaled Ali. On ne sait toujours pas quelles charges sont retenues.
Sanaa, sa mère Laila Soueif, et sa sœur Mona Seif, s’étaient rendues au bureau du procureur général en compagnie de leurs avocats pour déposer une plainte concernant l’attaque de lundi à l’extérieur de Tora.
Les trois femmes se rendaient à Tora tous les jours depuis plusieurs jours afin de recevoir une lettre d’Alaa que les responsables de la prison avaient promis de leur transmettre.
Depuis le 12 mars, tous les prisonniers en Égypte ont vu leur famille et leurs avocats suspendus en raison de restrictions liées aux coronavirus.
Mais ces dernières semaines, la communication par lettre a été autorisée – mais pas pour Alaa, qui n’a reçu que deux correspondances en trois mois:
Pendant plusieurs jours avant l’agression, les autorités pénitentiaires ont promi qu’une lettre serait livrée. Chaque jour, Laila Soueif revenait aux portes de la prison et aucune lettre n’apparaissait. Samedi, après avoir été retirée de force de la zone d’attente habituelle, Laila a décidé qu’elle ne rentrerait pas chez elle et dormirait devant les portes de la prison.
Dimanche soir, ses filles Mona et Sanaa l’ont rejoint. Elles ont toutes dormi sur le trottoir à l’extérieur de la prison, puis à l’aube ont été attaqués par un groupe de femmes en civil.
Elles les ont battues avec des bâtons, les ont traînées par les cheveux et ont volées leurs affaires à la vue des agents de sécurité se tenant devant la prison. La famille a ensuite publié en ligne des photos montrant de graves ecchymoses sur le corps de Sanaa. Ils surveillaient de près les signes de commotion cérébrale.
“La seule raison pour laquelle Sanaa est venue avec nous aujourd’hui, c’est que les procureurs voient les ecchymoses sur son corps, comme preuve de l’attaque d’hier”, a déclaré Mona.
«Le procureur connaît les menaces et les abus auxquels Alaa et notre famille ont été confrontés… Au lieu de la recevoir en tant que victime de coups et d’agressions perpétrés sous la direction du ministère de l’Intérieur et de la sécurité de l’État, et de documenter ses blessures, le procureur est complice de la remettre aux services responsables des violences dont elle fait l’objet” a déclaré Mona dans un flux en direct environ une heure après l’enlèvement.
«Rappelez-vous, Sanaa a été battue, y compris avec un bâton, traînée par terre, volée et agressée verbalement en plein air, devant les forces de sécurité à la prison de Tora hier. Imaginez le danger dans lequel elle se trouve actuellement”, a déclaré Mona.
“Et imaginez le danger qu’Alaa et les autres prisonniers dont nous ne savons rien se trouvent également. Ma mère et moi ne quitterons pas le bureau du procureur avant que Sanaa ne soit amenée ici.”
Alaa Abd El Fattah est l’un des militants et des penseurs politiques les plus connus d’Égypte, bien qu’il ait été emprisonné pendant la grande majorité des années depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah el Sisi.
Il fait partie des milliers d’Égyptiens actuellement en détention provisoire. Il a été arrêté en septembre 2019, dans le cadre de la «vague d’arrestations de septembre” à la suite de petites manifestations provoquées par le dénonciateur, Mohamed Ali.
Autres articles
Ahmad Muaddamani, journaliste syrien exilé: « Les Misérables » me rappelle ma situation
RENCONTRE. Ignace Dalle, le récit de carrière d’un véteran de l’AFP
EGYPTE – Episode 4 – La peur et la dépression contaminent la société égyptienne
EGYPTE – Episode 3 – La dictature s’attaque aux familles des prisonniers
EGYPTE – Episode 2 – Au-delà des privations de liberté
Egypte – Épisode 1 – D’une simple promenade à la détention
Egypte – Histoires de la plus grande prison pour femmes, Al-Qanatir
“A l’aéroport de Paris, j’ai vu deux hommes s’embrasser. J’ai alors compris ce qu’était la liberté” Témoignage d’un journaliste syrien en exil
Toujours moins de zones “sûres” dans le monde pour les journalistes
Vers l’oubli total des Droits de l’Homme en Egypte ?
Etat de la presse en Egypte : un champion déchu
Pourquoi l’état Égyptien a décidé d’oublier la révolution de 2011 ?
EGYPTE – Episode 2 – Au-delà des privations de liberté
/dans Afrique, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Rédaction“Tout individu a le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne”, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948), Art. 3 déclame.
Ce n’est pas le cas actuellement en Egypte où les mesures renforcées de sécurité ont de plus en plus restreint la vie publique, la liberté et la sûreté des citoyens égyptiens dans les années passées.
La réaction du gouvernement à la vague de protestation le 20 septembre 2019 confirme qu’il y a une politique de répression totale sous la présidence d’Abdel Fattah al-Sisi. Également, les mesures adoptées pour empêcher toute mobilisation populaire à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution égyptienne le 25 janvier 2020, révèlent la normalisation d’un état de peur totale dans le pays.
Un regard plus attentif sur les histoires de vie quotidienne des égyptiens ne peut pas nous laisser indifférents. Plutôt, il signale une oppression préoccupante menant à la détérioration, si non négligence totale, des droits de l’homme sous l’autorité du Directeur Adjoint des politiques dans le cadre du Project sur la Démocratie du Moyen Orient (Project on the Middle East Democracy – POMED) a appelé «le gouvernement le plus répressif dans l’histoire égyptienne moderne».
Parmi les histoires qui peuvent clairement illustrer cette situation, nous choisissons de présenter dans une série d’épisodes l’exemple d’Hossam, qui préfère rester anonyme pour des raisons de sécurité.
Ses vicissitudes depuis septembre 2019 stimulent plusieurs réflexions sur la situation actuelle dans un pays qui donne la priorité à la sécurité nationale mais où les citoyens arrivent difficilement à se sentir en sûreté.
Torture systématique et abus dans les prisons égyptiennes
C’est devenu une pratique commune, celle de réduire au silence l’opposition grâce à la disparition forcée, l’assaut et la détention des gens qui défient le discours officiel de l’Etat.
Sauver des détenus égyptiens
Dans son reportage biannuel sur la détention en Egypte, le Detention Watch Project a compté :
En décembre 2019, l’Institut International de la Presse a comptabilisé 61 journalistes emprisonnés dont 25 arrêtés entre ctobre et décembre.
En plus, les protestations de septembre ont provoqué une intensification ultérieure de répression gouvernementale. La campagne lancée sur Twitter en novembre 2019 avec l’hashtag #SaveEgyptianDetainees confirme une augmentation déplorable des détentions arbitraires.
Comme dans le cas d’Hossam, plusieurs personnes ont été enlevées dans la rue, environ 4321 détenus entre le 20 septembre et le 21 octobre 2019, selon la Commission Égyptienne pour les Droits et les Libertés (The Egyptian Commission for Rights and Freedoms – ECFR).
Pendant celle période, des milliers de citoyens ont fait l’expérience d’une détention.
Après une période exténuante d’attente (peu d’informations et beaucoup d’incertitudes extrêmes), quelques détenus ont été progressivement libérés. Comme une journaliste du Wall Street Journal basée au Caire, Amira el-Fekki, l’a expliqué le 4 décembre 2019: «Pendant que les autorités égyptiennes ont continué à libérer centaines de détenus depuis les événements du 20 septembre, les rétracteurs du gouvernement sont ténus en prison sous des vagues accusations».
La menace de la détention a pris sa forme extrême, menant à une conscience diffusée de la prédominance de «Dhulm», injustice, dans l’actuel Etat égyptien.
La torture systématique dans les prisons égyptiennes. Si «Dhulm» est une pensée récurrente dans la tête de milliers d’égyptiens, le mot «Ta’azib», torture, est également devenu très important dans le vocabulaire égyptien arabe.
En Egypte, la détention ne se limite pas à la privation de la liberté. Depuis les années du Président Gamal Abdel Nasser, les prisons ont été associées avec maltraitements, abuses et, surtout, torture.
Encore, sous la présidence d’Abdel Fattah el-Sisi, les méthodes des forces de sécurité de l’Etat semblent devenir exponentiellement brutales. «C’est juste, mais dépassé. Les prisons aujourd’hui sont beaucoup pire que ça», un activiste égyptien qui vit à l’étranger a exclamé.
Il était à la projection d’un film inspiré par des événements réels sur la torture en Egypte titré «el Hatk» (L’assaut), réalisé par Mohamed el Bahrawi.
Cette perception de l’augmentation de brutalité dans les pratiques adoptées pour silencer l’opposition est confirmée aussi par des études officielles réalisées par des organisations internationales.
En juin 2017, le Comite ONU contre la Torture a affirmé que la situation actuelle mène à «la conclusion incontestable que la torture est une pratique systématique en Egypte».
Les nombreux témoignages des ex prisonniers également envoient un message alarmant. Dans l’article «Thinking with Alaa» apparu dans le journal indépendant en ligne Mada Masr, le célèbre activiste des droits de l’homme Alaa Abdel Fattah a commencé à dénoncer ouvertement les conditions déplorables des prisons depuis sa dernière détention en prison.
Outre la durabilité inévitable de la torture, pendant son emprisonnement on lui a nié tout besoin fondamental y compris l’accès aux matériels de lecture, à la lumière naturelle et à l’eau propre.
Pendant que le gouvernement a récemment tenté de montrer une image positive des prisons égyptiennes en organisant des visites pré-programmées pour des journalistes et des officiers, comme la visite ouverte à la prison de Tora en novembre 2019, une recherche indépendante sur le sujet suggère une réalité complètement différente.
La réaction internationale
Le 14 novembre 2019 Al Monitor reporte que la cofondatrice du mouvement 6 April et journaliste Israa Abdelfattah va commencer une grève de la soif. Elle essayait à ouvrir une enquête officielle sur des plaintes concernant son endurance à la torture en détention provisoire.
Dans un Etat où les appels à une application équitable et transparente de la loi sont vains, les gens ont été laissés sans d’autres moyens sauf des gestes extrêmes pour faire entendre leur cause. C’est donc naturel de se demander quelle est la réaction internationale à un pays qui a manifestement violé les droits fondamentaux de l’homme universellement protégés par des conventions internationales.
En février 2020, six ONG en défense des droits de l’homme ont demandé dans une lettre collective au Conseil Européen «une révision complète des relations de l’Union Européenne avec l’Egypte» en raison de la répression continue des droits de l’homme dans le pays.
Tandis que nombreuses organisations internationales comme Amnesty International, Human Rights Watch, Reporters without Borders, Committee to Protect Journalists et d’autres dénoncent la réalité alarmante dans l’Egypte actuel, les Etats ont souvent fermé les yeux sur la question.
Même devant des cas importants qui ont reçu une grande couverture médiatique et sont directement reliés avec d’autres pays, les gouvernements ont réagi très peu ou pas du tout.
Le cas le plus récent de l’égyptien Patrick Zaki George, étudiant en Italie arrêté lors de son arrivée à l’Aéroport du Caire le 7 février 2020, a provoqué une indignation générale accompagnée par des affirmations de politiciens comme le président du Parlement Européen David Sassoli.
Cependant, nous ne pouvons pas observer aucune mesure qui effectivement rédiscute les relations diplomatiques et économiques avec l’Egypte. Entre outres, les affaires commerciales entre l’Italie et l’Egypte ont même augmenté.
Le journal panarabe al-Araby al-Jadid a reporté quelques jours après la possibilité d’un accord imminent sur l’armement de 9 billiards d’euros entre le Caire et Rome.
Les cas où les victimes du système répressif égyptien ne sont pas seulement des citoyens égyptiens sont récurrents, de la disparition mystérieuse, torture et meurtre de l’étudiant italien Giulio Regeni en 2016 à la mort en prison de l’américain-égyptien Mustafa Kassem le 13 janvier 2020.
La question est si la communauté internationale aura jamais l’’intention d’entendre activement et pas seulement prétendre d’entendre les voix de milliers de personnes qui souffrent des injustices en Egypte.
Celles voix qui crient fort l’inhumanité des prisons en Egypte, comme exprimé dans la chanson puissante de Ramy Essam «Fe segn bel Alwan» (Prison colorée). «Oh état de gens tristes, honte sur vos idées. Gloire aux prisonniers tant que vous êtes des hypocrites».
Autres articles
Ahmad Muaddamani, journaliste syrien exilé: « Les Misérables » me rappelle ma situation
RENCONTRE. Ignace Dalle, le récit de carrière d’un véteran de l’AFP
EGYPTE – Episode 4 – La peur et la dépression contaminent la société égyptienne
EGYPTE – Episode 3 – La dictature s’attaque aux familles des prisonniers
EGYPTE – Episode 2 – Au-delà des privations de liberté
Egypte – Épisode 1 – D’une simple promenade à la détention
Egypte – Histoires de la plus grande prison pour femmes, Al-Qanatir
“A l’aéroport de Paris, j’ai vu deux hommes s’embrasser. J’ai alors compris ce qu’était la liberté” Témoignage d’un journaliste syrien en exil
Toujours moins de zones “sûres” dans le monde pour les journalistes
Vers l’oubli total des Droits de l’Homme en Egypte ?
Etat de la presse en Egypte : un champion déchu
Pourquoi l’état Égyptien a décidé d’oublier la révolution de 2011 ?
Egypte – Épisode 1 – D’une simple promenade à la détention
/dans Afrique, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Rédaction“Tout individu a le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne”, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (1948), Art. 3 déclame.
Ce n’est pas le cas actuellement en Egypte où les mesures renforcées de sécurité ont de plus en plus restreint la vie publique, la liberté et la sûreté des citoyens égyptiens dans les années passées.
La réaction du gouvernement à la vague de protestation le 20 septembre 2019 confirme qu’il y a une politique de répression totale sous la présidence d’Abdel Fattah al-Sisi. Également, les mesures adoptées pour empêcher toute mobilisation populaire à l’occasion de l’anniversaire de la Révolution égyptienne le 25 janvier 2020, révèlent la normalisation d’un état de peur totale dans le pays.
Un regard plus attentif sur les histoires de vie quotidienne des égyptiens ne peut pas nous laisser indifférents. Plutôt, il signale une oppression préoccupante menant à la détérioration, si non négligence totale, des droits de l’homme sous l’autorité du Directeur Adjoint des politiques dans le cadre du Project sur la Démocratie du Moyen Orient (Project on the Middle East Democracy – POMED) a appelé «le gouvernement le plus répressif dans l’histoire égyptienne moderne».
Parmi les histoires qui peuvent clairement illustrer cette situation, nous choisissons de présenter dans une série d’épisodes l’exemple d’Hossam, qui préfère rester anonyme pour des raisons de sécurité.
Ses vicissitudes depuis septembre 2019 stimulent plusieurs réflexions sur la situation actuelle dans un pays qui donne la priorité à la sécurité nationale mais où les citoyens arrivent difficilement à se sentir en sûreté.
Episode 1 – D’une simple promenade à la détention
Samedi 21 septembre 2019, Hossam se promène dans la rue près de Tahrir Square. Il arpente l’avenue du 6 octobre pour déposer la nourriture fait-maison que sa mère de 53 ans avait préparée pour un ami étranger résident au Caire.
Juste après ce bref rendez-vous, il devait être de retour chez lui. Sa mère l’attend à la maison… Mais le fils ne rentre pas. Son frère ainé qui vit à l’étranger tente de le contacter, en vain. Il a pourtant deux téléphones, mais les deux sont mystérieusement injoignables !
La majorité des arrestations en Egypte commence de cette manière
Plus tard, la famille découvre qu’il a été kidnappé près de Mohamed Mahmoud Street, un des centres de la révolution de 2011. A cette époque, les murs du quartier étaient encore couverts de graffitis. Depuis, ils ont disparu.
Pour Hossam, c’est le Service de Sécurité Nationale qui l’a brutalement enlevé dans la rue avant de le conduire à la station de police puis en prison.
En quelques heures, Hossam passe du statut d’homme libre se promenant dans la rue à celui de criminel potentiel confiné en détention.
Et pendant ce temps, sa famille n’a aucune information officielle sur les raisons de sa détention.
Le centre du Caire se transforme en État policier
Cet épisode n’est pas étonnant pour quelqu’un qui a vécu au Caire récemment. “Wust el-Balad”, le centre et ses alentours, sont devenus des points sensibles et donc soumis à d’intenses contrôles de sécurité. Policiers en civil, voitures de police et soldats déploient leur force autour des rues, places et ponts principaux, comme si l’Etat était en guerre ou prêt à en mener une.
Dans un tweet daté 27 septembre 2019, le correspondent arabe de la BBC en Egypte et Moyen Orient, Sally Nabil décrit un déploiement sans précédent des forces de sécurité dans la capitale égyptienne et conclut: «Tahir Square parait plutôt une station militaire!».
As I was living in Cairo at the time, I could myself witness a reality where “Egyptians are treated as criminals simply for peacefully expressing their opinions” in Naja Bounaim’s, Amnesty International North Africa Campaign Director, words.
Not only did people get used to be extremely cautious when speaking, but they equally feel vulnerable while simply walking or even staying in their own homes. In addition to “spot checks” of peoples’ phones, looking for content that might deem political, visits of people’s apartments from the “Mabaheth”, State Security Service Investigations, increased in frequency and degree of intrusion.
On a Sunday morning, I opened the door of my apartment in Mounira neighbourhood and I found myself in front of two people with civilian clothes accompanied by the “Bawab”, the doorman. After asking for the contract of the apartment, they did not hesitate to enter the rooms of my two flatmates and I. After a thorough search through our books, laptops and phones accompanied by precise questions on our identity, they proceeded to the nearby apartment.
Quand je vivais au Caire, j’ai vu une société où «les Égyptiens sont traités comme des criminels pour la simple raison qu’ils souhaitent exprimer leurs opinions pacifiquement», pour paraphraser Naja Bounaim, Directrice de la Mission d’Amnesty International en Afrique du Nord.
Les égyptiens sont devenus très prudents en exprimant leur opinion, ils se sentent vulnérables tout le temps, y compris quand ils se promènent ou qu’ils rentrent chez eux.
Outre les contrôles inopinés des téléphones portables pour rechercher des contenus qui peuvent être politiquement sensibles, les inspections du «Mabaheth», le Service d’Investigation pour la Sécurité de l’État, dans les appartements des égyptiens sont augmentés en fréquence et dégrée d’intrusion.
Un dimanche matin, j’ai ouvert la porte de mon appartement dans le quartier Mounira et je me suis retrouvée devant deux personnes en civil accompagnées par le «Bawab», le gardien du bâtiment. Après avoir demandé le contrat de logement, ils n’ont pas hésité à rentrer dans ma chambre ainsi que celles de mes colocataires.
Après une recherche approfondie dans nos livres, ordinateurs et téléphones, accompagnée par des questions précises sur notre identité, ils ont poursuivi dans l’appartement suivant.
Au-delà des mesures urgentes de sécurité: la normalisation de l’intrusion dans la vie privée des gens
C’est à cause d’une série de vidéos d’un ex-contractuel égyptien dans l’Armée que les protestations de septembre ont commencées. Il s’agit de Mohamed Ali qui de l’Espagne dénonçait la corruption du gouvernement. Dès lors, le régime a décidé d’agir en urgence.
Les mesures adoptées sont alors conçues comme une partie de la «bataille contre le terrorisme», priorité du programme d’Al-Sisi depuis sa prise de pouvoir en 2013.
Les mots publiés par le compte officiel d’Al-Sisi sur Twitter le 27 septembre souligne la nécessité de combattre le terrorisme en tant que Nation, une bataille qui, il a déclaré, «n’est pas encore finie».
Tandis qu’on peut considérer cette répression exponentielle comme une réaction temporaire à la vague de protestations du 20 septembre 2019, l’observation du Caire dans la période suivante nous dit quelque chose de diffèrent.
Ces derniers mois, les mesures renforcées susmentionnées pour préserver la stabilité du pays ont été renforcées sans interruption, avec des différences d’intensité qui change de semaine en semaine.
Comme l’activiste égyptienne pour les droits humains Mona Seif l’explique dans un tweet daté 13 octobre 2019: «Chaque semaine un nouvel activiste est kidnappé dans la rue, chez lui ou au travail».
En Janvier 2020, la même atmosphère du septembre passé, caractérisée par un contrôle total sur les mouvements, les mots et la vie des gens, réapparait dans la capitale.
Lors de l’anniversaire de la révolution du 25 janvier – au présent appelée la célébration traditionnelle d’«Aid al Shurta», «La Journée de la Police», dans la rhétorique officielle du gouvernement, le centre de la ville était fermé. Cela ne constitue pas une surprise.
La correspondante au Caire du Wall Street Journal, Amira el-Fekki, à ce jour-là rapporté sur Twitter: «Dans ce qui est en train de devenir un assaut normalisé à la vie privée des égyptiens, la police inspecte les téléphones des gens autour du centre du #Cairo, #Tahir. Certains restaurants ne font pas de consignes dans cette partie de la ville aujourd’hui, pour éviter que leurs livreurs soient harcelés par la police».
Dans l’article, «Your guide to surviving downtown during the revolution anniversary crackdown» (« Votre guide pour survivre dans le centre-ville pendant la répression de l’anniversaire de la révolution »), publié par le journal indépendant en ligne Mada Masr le 21 janvier, les témoignages des gens qui décrivent leurs expériences d’arrestation arbitraire, raid et inspection aléatoire suggèrent un scénario répété de contrôle total auquel tout égyptien peut être sujet.
Entre passé et présent Ces mesures de sécurité ont été appliquées à de nombreuses villes en Egypte. Le scénario du centre du Caire où Hossam a été kidnappé en septembre passé, illustre la politique actuelle du gouvernement de contrôle total sur l’espace publique et privé.
Paradoxalement, ce centre de la capitale égyptienne est historiquement associé au développement intellectuel, l’échange culturel et à la créativité artistique, est devenu le décor d’un état policier.
Les principes de «Aysh, Hurriya, wa Adala Ijtimaiya» – «Pain, Liberté et Justice Sociale», qui circulait dans le même quartier en 2011, a été rapidement substitué par une atmosphère de peur constante, où toute activité, mouvement et mot, est contrôlé.
Une question demeure: quand cette place symbole de la liberté et du peuple renouera-t-elle avec son glorieux passé de symbole de la liberté ?
Pour l’instant, les égyptiens observent en silence les changements de l’environnement et de la société qui animent la région. Un processus de transformation où le concept de «the square», comme formulé dans la révolution égyptienne, est devenu «mémoire»… Ce serait presque le souvenir d’un rêve alors que le présent est cauchemar.
«Une histoire à raconter à travers des narrations», comme le rock band égyptienne Cairokee qui a mis en garde le pouvoir dans sa fameuse chanson révolutionnaire «al Midan», la «Square».
O you the square, where were you long ago? […] sometimes I am afraid that we become just a memory we get away from you then the idea dies and fades away and we go back to forget what happened and you become a story to tell in narrations.
Photo by New York Times in Egypt
Other articles
SYRIA. The difficult integration of citizens-journalists in the media industry
Afghanistan: women’s journalists cry of alarm
War in Afghanistan : one year under the Taliban regime
IRAQ. Abduction and disappearance: Powerful weapons to intimidate protests activists
Everything France has given me
Exile and Journalism in a Global Pandemic: Voices from the MDJ
Chronicles from Egypt 3/4 – Searching for Justice
Chronicles from Egypt 2/4 – “Systematic torture and abuses in Egyptian prisons”
Chronicles from Egypt 1/4 – “Not only afraid to talk… Total state of fear un today Egypt”
New balance from collapse of a weakened Iran
10 journalists and media workers killed in 2019 in Afghanistan
Facebook’s political censorship
Eight whistleblowers prosecuted under the Obama administration: Where are they now?
“I need to rebuild myself. But I need to continue my work for Syria.”
“I would like you to mention it in the portrait as the “syrian revolution”, it was not a “civil war” or a “movement”, we have to call it as what it was: a revolution.”
Afghanistan: another deadly Year for Journalists in 2019
“A good journalist is someone who serves his community”
The New York Time’s Cartoon Suppression Sparks Worry
Impacts and Revelations from Disclose’s Investigative Journalists Regarding the Sale of French Arms to Saudi Arabia
The State of the Press in Egypt: a Fallen Champion
The state of the press in Afghanistan: the country where journalists die the most
Constitutional amendments: A decisive step towards the total oblivion of human rights in Egypt?
Afrique – L’Observatoire 19, informer librement sur la crise sanitaire du COVID-19
/dans Afrique, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Inès LericollaisAlors que le virus a placé l’Europe en quarantaine depuis mi-mars, l’épidémie semble se propager plus lentement sur le continent africain. Réalité ou censure de l’information ? Les journalistes restent sceptiques face à des gouvernements qui limitent la diffusion de chiffres et de données concernant la crise sanitaire.
Reporters sans Frontières, organisation internationale qui lutte pour la défense de la liberté de la presse et la protection des sources des journalistes, a mis en place depuis le 1er avril, l’Observatoire 19.
Décrit dans le communiqué officiel comme «un outil de suivi adapté à une crise globale inédite», l’Observatoire 19 est dénommé ainsi «en référence au Covid-19, mais aussi à l’article 19 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme.»
Cet article 19 est d’une grande importance pour le milieu journaliste. La Maison des journalistes organise depuis plusieurs années un événement nommé “Presse 19”, projet socioéducatif qui s’inscrit dans le domaine de l’éducation aux médias, la sensibilisation aux valeurs fondamentales, la communication interculturelle. Il est réalisé en collaboration avec des institutions européennes.
“Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.”
Article 19 des Droits de l’Homme
Le projet Observatoire 19 reprend cette thélatique universelle et précise son objectif : “évaluer les impacts de la pandémie sur le journalisme. Il documente la censure étatique, la désinformation délibérée et leurs effets sur le droit à l’information fiable.”
A l’origine de ce projet, la conviction, selon RSF, que le gouvernement chinois aurait pu limiter la propagation et sauver de nombreuses vies si ce dernier n’avait pas censuré ses médias et avait informé bien plus tôt sa population de la gravité de l’épidémie.
«La censure, tout comme le coronavirus, ne connaît pas de frontières et peut causer des ravages considérables» indique RSF.
En Afrique, le travail des journalistes en pleine crise sanitaire est inévitablement lié au contexte politique de corruption, à la situation socio-économique et au manque d’accès à des soins médicaux.
Mamadou Bah, journaliste guinéen à la Maison Des Journalistes, dénonce le monopole de l’État sur les chiffres officiels. En Guinée, «les journalistes ne peuvent relayer que les chiffres donnés par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire. L’information est contrôlée, surveillée. Cela interroge donc sur la fiabilité de l’information mais aussi sur la confiance que l’on porte à l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire.»
Mamadou B. qualifie les centres de soins de «boucheries médicales», au sein desquels les patients, après avoir été testés positifs au virus, sont traités pendant deux jours seulement. A la suite de leur hospitalisation, ils reçoivent un message de l’ANSS indiquant qu’ils ne sont plus positifs au virus.
«Ces méthodes interrogent fortement, et il n’y a pas de moyen de les vérifier puisque les accès sont fermés aux journalistes », ajoute Mamadou B. Sur le site de l’ANSS, les chiffres officiels sont les suivants : 319 cas confirmés, 17 guéris et 0 morts. Face à ces chiffres, Mamadou B réagit « Pour qu’il n’y ait aucun mort, soit le gouvernement guinéen a un traitement miracle, soit on nous ment.»
La population guinéenne, contrainte de travailler la journée, s’est vu imposée un couvre-feu de 21h à 5h dans le but de limiter la propagation.
Alpha Condé, le président de Guinée Conakry, s’est exprimé dans les rues de Kaloum ce 9 avril 2020. Après avoir alerté la population sur la dangerosité du virus et sur la situation en Italie, il a donné ses propres conseils pour lutter contre le virus:
«C’est une vaste plaisanterie», commente Mamadou B. «tout comme le fait qu’il ait diffusé un faux projet social qui vise à rendre les transports, l’eau, et l’électricité gratuits dans la capitale, Conakry, alors qu’il n’y a déjà pas de transports et très peu d’eau et d’électricité».
De nombreux sites d’informations et de réseaux sociaux ayant été bloqués par les gouvernements africains pour lutter contre les «fake news», les ONG comme Reporters sans Frontières ou Comittee to Protect Journalists (CPJ) demandent une clarification de leur part sur les raisons de ces censures.
Lutter contre la mal-information mais pour une information libre, c’est l’objectif de l’Observatoire 19 en pleine crise sanitaire mondiale.
Attaques verbales, détentions arbitraires, retraits d’accréditation, Reporters Sans Frontières met à disposition une boîte mail covidrsf@rsf.org afin de recenser au mieux les entraves à l’exercice du journalisme.
Inès Lericollais
D’autres articles
EXCLUSIF. La fin de la guerre au Tigré annonce-t-elle le retour de la liberté de la presse ?
GUINEE. La presse au front contre la junte militaire
La fin de l’espoir pour les journalistes afghans ?
SYRIE. La difficile intégration des citoyens-journalistes dans l’industrie des médias
SYRIA. The difficult integration of citizens-journalists in the media industry
En Russie, parler de la vie quotidienne pour obtenir plus de justice
Iran : les femmes, « l’avant-garde de la révolution » nationale
En Iran, la “Révolution Jina” pour combattre toutes les oppressions
Afghanistan : cri d’alarme des femmes journalistes
Les Assises du journalisme : prouver l’utilité sociale et démocratique des journalistes
ELYAAS EHSAS : COUVRIR LA GUERRE LORSQU’ON Y EST NÉ
Ahmad Muaddamani, journaliste syrien exilé: « Les Misérables » me rappelle ma situation
RENCONTRE. Ignace Dalle, le récit de carrière d’un véteran de l’AFP
PORTRAIT. Avec Anas, photojournaliste syrien, «dans sa maison»
PORTRAIT. Meiirbek, journaliste kazakh exilé : «Continuer à écrire, c’est les protéger»
L’Oeil de la MDJ se dote d’une nouvelle stratégie
Bangladesh – La liberté d’expression captive du gouvernement
Soudan – La transition vers la démocratie bénéficie à la presse
Guinée – La liberté de la presse sombre à nouveau
France – Police et journalisme: “Je fais semblant de m’éxécuter mais j’ai continué de filmer”
Afrique – L’Observatoire 19, informer librement sur la crise sanitaire du COVID-19
Hong Kong: comprendre la crise par la liberté de sa presse
Makaila Nguebla: un journaliste tchadien devant la justice française
Liban, un lieu de transit pour les journalistes en exil?
Recrudescence des attaques contre les journalistes en RD Congo
Corée du Nord & AFP: enquête sur le journalisme sous dictature
Le code de bonne conduite des médias en cas d’attentat: à chaque raté, sa mesure du CSA
“Les plus gros vont foncer et les petits n’auront rien” L’écosystème de la presse est-il menacé?
Adapter le droit voisin aux éditeurs de presse: un combat incertain
Le droit voisin et son extension à la presse
Protection et accès à l’information, les nouveaux enjeux du journalisme
Coup d’envoi du Réseau des Médias en France pour la Paix, des solutions concrètes en vue!
Forum des médias pour la paix à Paris: un plaidoyer pour un réseau et un Prix des journalistes de paix
Médias indépendants : le nouveau combat des Gilets Jaunes
6 gardes à vue après l’agression d’un agent de sécurité protégeant des journalistes !
Interview d’Abnousse Shalmani – Marraine de la promo 2018 de la Maison des journalistes
Solidarité avec les journalistes et syndicalistes turcs
“Le journalisme est un combat” : réflexions sur un journalisme engagé
Le journalisme d’enquête n’est pas un délit
La protection des données personnelles : des lanceurs d’alerte et des journalistes pour l’accès à nos informations
L’impunité des crimes commis contre des journalistes
Informer dans le monde arabe, à quel prix ? – Débat à l’Institut du Monde Arabe
Le prix Bayeux 2018 des correspondants de guerre
Genèse et risques journalistiques, avant l’odyssée vers l’exil
Témoignage de trois journalistes syriens : la guerre passe aussi par l’information
Syrie – Liberté d’information : Peut-on s’informer sur la situation ?
Syrie – Liberté d’information : “On peut encore informer, c’est une certitude”
Des journalistes turcs oubliés dans les prisons d’Erdogan crient à l’aide !
“Un bon journaliste est quelqu’un qui sert la communauté” – Témoignage d’un journaliste mauritanien
“Je suis toujours resté fidèle à mes idéaux” Témoignage d’un journaliste pakistanais
Guinée Conakry – Récit du referendum chaotique, entre répression et coronavirus
/dans Afrique, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Mamadou Bhoye BAHDe sources médicales, on dénombre 6 morts.
Du coté de pouvoir, après avoir voté, Alpha Condé minimise la présence du covid19 en Guinée car selon lui il n’y a que deux cas signalés. A cette occasion, il avait ajouté espérer que les élections se déroulent dans la paix et la tranquillité. Pari risqué ; Pari raté. Le déroulement catastrophique de la journée à Conakry s’est étalé de l’ouverture des bureaux de vote jusqu’au dépouillement : plusieurs urnes ont été saccagées, des bureaux de vote et leur contenu calcinés par les anti 3ème mandat. Pour éviter un chaos généralisé, le bureau de vote du quartier de Gbessia-port avait fermé dès 16h30 au lieu de 18h comme prévu par le code électoral. Cette fermeture illégale a été constatée sur tout le territoire national.
La presse n’a pas le droit d’assister au dépouillement des votes dans la commune de Matam où tout le matériel électoral à été acheminé sous escorte par l’armée.
Le dépouillement ne se fait plus dans les lieux de vote selon l’URTELGUI Union des radios et télévisions guinéenne sous synergie FM guinée 2020, les urnes sont envoyées sous escorte militaire dans les différentes communes de Conakry. Malgré la pandémie du coronavirus, cette élection s’est déroulée sans kit sanitaire pour le lavage des mains, ni respect des consignes de distance de sécurité de minimum 1 mètre. Les bureaux de vote ont souvent utilisé des écoles primaires, comme à Matam. La presse n’a pas le droit d’assister au dépouillement des votes dans la commune de Matam où tout le matériel électoral à été acheminé sous escorte par l’armée. À l’intérieur du pays, le dépouillement s’est fait dans les préfectures et les sous-préfectures des régions.
Dans certains bureaux de vote, c’est seulement les bulletins “oui” au referendum qui sont imprimés.
Selon Abdoul Gadidé membre de l’OGDH (l’organisation guinéenne de droit de l’homme les droits humains), “les droits humains ont été violés“. Il déplore 9 morts dans la zone de Conakry. Sur le déroulement du vote, il indique que des mineurs ont voté à Kankan. De plus, dans certains bureaux de vote du pays, seulement les bulletins du “oui” ont été imprimés. Il déplore également la tenue du double scrutin en cette période de covid19 avec 400 cas de contacts actuellement en Guinée (sans citer sa source d’information). Pour monsieur Diallo, l’Etat est entrain de camouflé les informations concernant la propagation du virus en Guinée. En plus de deux cas de covid19 avant les élections, deux nouveaux cas de coronavirus viennent d’être testés positifs. Il s’agit d’un des conseillers du ministre du budget et de sa compagne. Le ministre du budget, monsieur Dioubaté, est très proche de son conseiller, il pourrait donc être malade à son tour. Si le ministre du budget est contaminé alors qu’il a fait la campagne en première ligne, en serrant des mains à tout va au milieu de foules, on imagine les risques de propagation. Pour le moment, le ministre du budget nie les contacts directs avec son conseiller, mais on a peine à y croire. Ce cas montre la suffisance et la cupidité de l’Etat vis a vis du danger sanitaire. L’Etat d’Alpha Condé risque de tuer fortement la population guinéenne par incompétence. Qui aujourd’hui par le biais du refrendum a mis en danger la santé du peuple guinéen? Sachant que les structures sanitaire n’existent presque pas en Guinée. La porosité du service sanitaire et l’incapacité de l’État qui ne compte pas sur les aides des institutions pour faire face au covid19 en Guinnée, risque fort de tuer plus qu’EBOLA. Dans ce sinistre contexte, la Guinée risque fort d’être isolé par le reste du monde. En plus du non respect des règles démocratiques s’ajoute la violation continue des droits humains. Selon Mamadou Kaaly de Baînette, en dehors des 9 morts de la capitale Conakry, il y a un mort à Mamou. Ce qui rejoint la déclaration du FNDC qui évoquait 10 morts par balle, dont une femme. Il déplore également la présence des militaires qui terrorisent la population guinéenne.
“C’est de la comédie, Alpha [Condé – le président] dispose déjà des chiffres qu’il va balancer, mais les guinéens ne sont pas dupes, ni la communauté internationale.”
Selon docteur Faya Millimono d’un autre groupe politique, le BL bloc libéral, ce double scrutin est tout sauf une élection : “C’est de la comédie, Alpha dispose déjà des chiffres qu’il va balancer, mais les guinéens ne sont pas dupes, ni la communauté internationale. La Guinée sort diminuée de cet exercice et la paix ne sera pas sauvée.” Dans la suite logique de leur démarche, le FNDC (front national pour la défense de la constitution) appelle à intensifier les manifestations les 23 et 24 mars avec pour objectif ultime le départ du dictateur Alpha Condé devenu illégitime. Le FNDC invite les citoyens à se mobiliser massivement dans les carrefours et ronds-points de leurs quartiers d’où partiront les manifestations. Pour rappel, durant toute la journée électorale, l’accès a l’internet fut réduit, le pays coupé des réseaux sociaux, que ce soit Facebook, Twitter…
Après les élections, les violences continuent
Particulièrement à N’zerekoré où on a dénombré au moins 4 morts et 5 églises incendiées ! Information confirmée par Tamba Zahari Milimono de la radio Espace FM. Et ce décomptage sanglant dérape parfois en conflit ethnique aux conséquences futures imprévisibles selon un membre du FNDC. L’ethnie des Konianké et les ethnies de la forêt s’entendent bien. A l’inverse des Koniagui qui sont pro gouvernement.Les Konianké disent à leur tour, qu’il faut venger les ethnies de la forêt.
Qu’est ce qui a provoqué et comment s’est déroulé ce conflit ethnique sanglant ? Les Koniagui n’étaient pas contents du fait que les ethnies de la forêt aient refusé de participer à la mascarade électorale en accomplissant le vote, ils les ont donc attaqué: “nous allons brûler tout vos biens parce que vous avez refusé de voter“. Du coup, les Konianké disent à leur tour, qu’il faut venger les ethnies de la forêt. C’est après deux jours d’affrontement que les forces gouvernementales sont intervenues en instaurant un couvre feu à N’zerekore. A Labé, deuxième ville de Guinée, lors de la nuit du 22 au 23 mars, les esprits s’enflamment autour de la mosquée de Tata qui a payé les frais de ces conflits internes. Les fidèles ont été empêchés d’accomplir leur devoir religieux. Des policiers sont venus gazer des fidèles musulmans en pleine prière. Puis ils ont mis le feu aux motos des musulmans stationnées devant la mosquée selon le média Guinéenews. Dans la journée du 23 mars selon la radio Espace Foutah, un jeune a subi un tir dans la commune urbaine de la ville, il a été admis à l’hôpital régional de Labé et se trouve dans un état très critique. Oui le double referendum a eu lieu. Mais à quel prix ? Est-ce la démocratie ou le tour de passe-passe d’un dictateur ? Est-ce qu’un changement de Constitution par les urnes dans un climat de terreur signifie démocratie ? Et que dire du coronavirus en Guinée… L’inquiétude règne.
D’autres articles sur l’Afrique
EXCLUSIF. La fin de la guerre au Tigré annonce-t-elle le retour de la liberté de la presse ?
Guerre en Ukraine : l’Afrique prise en étau entre l’Occident et Moscou ?
RD CONGO : LA FEMME, LE SEXE ET LE PRÉSIDENT
MONTPELLIER. UN SOMMET FRANCE-AFRIQUE AVEC LES JEUNES. UNE PREMIÈRE.
LA RD CONGO ET LES MARCHANDS DE RÊVES
RD CONGO. DE MOÏSE TSHOMBE À MOÏSE KATUMBI ?
La France en passe de lâcher le gouvernement de Brazzaville ?
RD CONGO. TSHISEKEDI EST-IL FICHU ?
RD Congo-Rwanda, à l’heure de vérité biaisée
Le Séparatisme en France et en Afrique
Les non-dits sur la messe françafrique du 17-18 et l’énigme Sassou
Annuler la dette de l’Afrique. Et après ?
De Gouville : Le jour où j’ai rencontré Sankara
Covid-19 : l’Afrique en passe de lâcher prise?
Guinée – Comme à chaque campagne électorale, les journalistes sont menacés
Guinée – Kit de la répression avant les élections, par Alpha Condé
Afrique – Les dictateurs Sassou, Condé, Gnassingbé, Biya, Sissi… interpellés par le Coronavirus qui les menace
Afrique – Kenya et Malawi annulent le résultat des présidentielles
RD Congo – En cas de guerre, le Rwanda va nous broyer
Guinée: le troisième mandat présidentiel, un virus contagieux en Afrique
RD Congo: notre maison brûle, Kabila et Tshisekedi s’en moquent
Le «troisième mandat» des présidents, un effet de mode en Afrique ?
Afrique du Sud : les pires émeutes xénophobes depuis une décennie
Arafat DJ: l’hallucinante vie du roi du coupé-décalé
Cote d’Ivoire – Célestine Olibe Tazere: l’indomptable qui veut la primature
Afrique : le Bénin, la démocratie et le millionnaire
Hommage à Bernard Dadié, le “Victor Hugo d’Afrique”, lors du 12ème prix Ivoire
RD Congo : l’histoire risque-t-elle de bégayer ?
Parjure ou tactique pour rester au pouvoir en Mauritanie
Mauritanie : les militaires et l’épreuve du brevet
France-Afrique : Macron a gagné. Et, après ?
Trump s’occupera-t-il de l’Afrique ?
Quand les cultures de la Maison des Journalistes dialoguent avec celles du musée du Quai Branly
Afrique : l’heure de la justice a-t-elle sonné ?
Tchad : élection présidentielle sur fond de répression généralisée de la société civile
Afrique du Sud : la vision de Mandela trahie
Affaire de l’avion présidentiel au Cameroun : la condamnation d’Atangana Mebara innocente Marafa
2000-2015 : quels résultats du programme de l’Onu pour le progrès de l’Afrique ?
Electrification : Sunna Design et Lendosphère veulent électrifier 600 millions d’africains
Burundi: Tant qu’il y aura le tout puissant président Nkurunziza !
Guinée – Comme à chaque campagne électorale, les journalistes sont menacés
/dans Afrique, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Mamadou Bhoye BAHC’est en plein automne, en octobre 2017, que le seul cas d’exaction dénoncé vis-à-vis d’un journaliste guinéen par RSF a eu lieu. Il s’agit d’Abdoubacar Camara, directeur de radio et télévision. Le week-end précédent, sa radio avait diffusé une musique funèbre suite au décès d’un de ses journalistes, crime imputé au président de la République Alpha Condé.
Depuis cet épisode, les arrestations arbitraires et les menaces de l’Etat se multiplient à l‘encontre des journalistes. En d’autres termes, la loi L002/22/ 06/2010, qui encadre la presse guinéenne et l’exercice du métier de journaliste en Guinée, est souillée sans scrupule.
Un premier journaliste sous la menace de l’Etat
Remontons au samedi 15 juin 2019. Ce jour-là, Elhadj Madifing Diané, ancien ministre de la sécurité et actuel gouverneur de la région administrative de Labé, a menacé de faire arrêter et emprisonner le correspondant de Guineematin.com et de l’Agence guinéenne de presse (AGP) à Labé. Il s’agit du journaliste Idrissa Sampiring Diallo.
Suite au meurtre de l’étudiant Amadou Boukariou Baldé, bastonné à mort par des agents de la sécurité, eux-mêmes envoyés à l’université de Labé sur ordre du gouverneur, le 31 mai 2019. L’étudiant est mort à l’hôpital régional de Labé.
Se contredisent alors la version des journalistes et celle du pouvoir. Les autorités locales ont fait croire que le jeune Amadou Boukariou Baldé a cessé de respirer au cours de son évacuation vers Conakry… à cause des manifestations qui auraient empêchées l’ambulance de circuler. Sans manifestant, il ne serait donc pas mort. Or, les médias locaux ont prouvé que le jeune est bien mort à l’hôpital et non dans l’ambulance.
Conséquence, malgré une loi adoptée en 2010 qui dépénalise les délits de presse, le journaliste a été entendu par le juge de Dixinn. En attente de son jugement, il pointe tous les mercredis et vendredis à 10 heures au TPI de Dixinn.
Fin 2019, répression contre des journalistes pour des motifs très futiles
Jeudi 31 octobre, une foule se rassemble pour accueillir le président Alpha Condé à Conakry. Mais le président ne s’arrête pas pour les saluer. Ce simple fait, évoqué par la presse, a provoqué une onde de choc répressive.
Le directeur général de la radio Lynx FM, Aboubakr Diallo a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour « diffusion de données de nature à troubler la sécurité publique par le biais d’un système informatique ». Il avait juste diffusé cette information sur sa radio.
3 jours plus tard, c’est le chef des reporters de l’influent Guinée Matin, Ibrahima Sory Diallo, qui est agressé au siège du parti au pouvoir, le RPG, situé au quartier Aviation de Conakry. Parti couvrir l’assemblée générale ordinaire du parti comme plusieurs autres journalistes, il a été violemment pris à partie par des militants, avant d’être bousculé et traîné dehors manu militari par les agents de sécurité.
Mohamed Mara, agressé par la police puis menacé de mort depuis plusieurs mois
Depuis mi-décembre 2019, notre confrère Mohamed Mara, animateur de l’émission Les Grandes Gueules fait l’objet de menace de mort. Mohamed Mara avait été violemment agressé le 16 novembre 2019 par des policiers de la CMIS, Compagnie Mobile d’Intervention et de Sécurité à Conakry dans le quartier Cosa, dans la commune de Ratoma. Malgré une bataille qu’il a menée pour que justice soit rendue, les policiers identifiés comme auteurs de l’agression ont toujours bénéficié d’une impunité totale. Ils sont protégés par leur hiérarchie, plus exactement par le commandant Ansoumane Bafoé.
En 2020, des gens anonymes l’appellent pour le mettre en garde. «Il y a une sorte de contrat sur ta tête» avait lancé un inconnu. «Il y a une petite liste noire dans laquelle tu figures» martèle un autre.
Des appels et des messages téléphoniques se multiplient, des individus tapis dans l’ombre jurent de mettre fin à la vie de Mara, jugé trop critique sur les sujets concernant la violation des droits humain.
On pouvait lire dans le message que le journaliste a reçu le 30 Janvier 2020 notamment celui-ci: «Tu dois savoir que tu n’es pas le seul journaliste du pays, ou tu la fermes, ou on te la ferme pour toujours!».
Même les journalistes des médias français ne sont pas épargnés
Mercredi 12 février 2020, au marché de Coyah, Thomas Dietrich, journaliste presse pour «Le Media» s’est vu retirer son accréditation par un officier militaire, alors qu’il filmait des manifestations de rue.
Joint par mosaiqueguinee.com, à propos de la confiscation de son accréditation, le journaliste français Thomas Dietrich est revenu sur les faits.
« J’ai une accréditation en bonne et due forme, je travaille pour l’entreprise de presse française «Le Média ». Je filmais les manifestations à Coyah ce matin, et finalement un officier militaire est venu me dire que c’est interdit de filmer. Il m’a dit que c’est un lieu stratégique. Je lui ai répondu que je suis en train de travailler dans un quartier, ce n’est donc pas un camp militaire. L’officier militaire a voulu retirer les images que j’ai prises, j’ai refusé. Ensuite il a pris mon accréditation, en exigeant que je lui donne mes images. Il a donc confisqué mon accréditation, pour avoir filmé les manifestations. Je ne peux donc plus exercer mon travail»
2020, à l’approche des élections, la répression contre les journalistes s’intensifient
Mercredi 22 janvier 2020, à Kankan, le journaliste correspondant de la radio lynx FM, Abdoulaye N’Koya Sylla, a été mis aux arrêts par la police, détenu puis libéré au terme d’une audition. Joint par mosaiqueguinee.com quelques heures après sa libération, celui-ci est revenu sur les circonstances de son arrestation.
«Le matin, j’étais avec un confrère, on est venu pour couvrir une manifestation des élèves-maîtres de l’ENI, qui avaient érigé des barricades devant l’inspection régionale de l’enseignement technique et professionnel. C’était à 9 heures. Les agents de la CMIS ont investi les lieux pour disperser les manifestants. Les agents m’ont arrêté, puis ils m’ont embarqué avec certains élèves. J’avais mon badge et mes équipements. On m’a détenu au CMIS pendant 3 heures. J’ai été auditionné pour trouble à l’ordre public. Grâce à l’intervention de mes confrères, j’ai été libéré» a-t-il relaté à mosaiqueguinee.com. «Je suis déçu de la CMIS de Kankan, leur premier responsable m’a insulté père et mère».
Le 2 février 2020, le journaliste de la radio nostalgie FM Aunée, Thierno Madjou Bah, l’animateur d’Africa 2015, l’émission politique phare de la radio Nostalgie, est menacé d’arrestation. Selon le journaliste, on lui reprocherait d’avoir tenu des propos malveillants et incitatifs à la violence dans son émission. En décembre 2018, la Haute Autorité de la Communication avait déjà suspendu Thierno Madjou et deux ses collègues pour une période d’un mois.
Cette menace d’arrestation a été lancée suite à une plainte du ministre de la communication Amara Somparé.
Même les enquêtes déconnectées des élections sont sujet à répression
Vendredi 21 février 2020, c’est au tour de Mamadou Aliou BM Diallo, journaliste reporter d’images arrêté par les services de la police routière d’Enco5. Selon nos informations, le journaliste était en train de filmer un scénario de corruption entre un policier et un conducteur de taxi.
«Nous avons vu un policier retirer de l’argent des mains d’un chauffeur de taxi et le journaliste s’est mis à filmer la scène. C’est ainsi qu’un autre policier est venu lui demander ce qu’il est en train de faire. Il a demandé à visionner le film et la discussion a commencé. Ils l’ont ensuite emmené au commissariat. Tout cela parce que les policiers rackettent les conducteurs de véhicules ou de motos. Et ils n’aiment pas que ces actes soient mis au grand jour» explique un témoin de la scène sous couvert d’anonymat.
Le matériel de travail du journaliste y compris son téléphone a été retiré. Le journaliste a été détenu au sein du commissariat d’Enco5 pendant 2 jours avant d’être libéré.
Le lendemain, samedi 22 février 2020, Alpha Ousmane Bah, journaliste reporter du site d’information Africaguinée.com et à la radio Espace Foutah et son collègue Mamadou Kossa Sow, ont été arrêté à Koundara. Foutah est une ville située à la frontière entre la Guinée et le Sénégal.
« Nos confrères étaient partis en reportage dans cette préfecture, sur la fermeture de la frontière aux camions transportant des marchandises dans des pays voisins. » déclare un journaliste de cette rédaction.
Ces quelques exemples ont été vérifiées par plusieurs sources mais ne reflètent que partiellement la dure répression que vit la liberté de la presse en Guinée. Notre journaliste, contraint à l’exil et dont voici l’histoire cf portrait, aurait pu étayer cet article par d’autres exemples. Mettre en lumière tous les journalistes guinéens menacés de mort pour avoir exercés leur métier de journaliste semble un travail titanesque. Bien qu’une aprtie de la répression soit liée à la campagne électorale et référendum qui aura lieu le 1er mars 2020, la liberté d’informer en Guinée est régulièrement et gravement remis en cause, y compris hors période électorale.
D’autres articles sur l’Afrique
EXCLUSIF. La fin de la guerre au Tigré annonce-t-elle le retour de la liberté de la presse ?
Guerre en Ukraine : l’Afrique prise en étau entre l’Occident et Moscou ?
RD CONGO : LA FEMME, LE SEXE ET LE PRÉSIDENT
ALGÉRIE. Djamel Bensmaïl ou le Alain de Monéys algérien
MONTPELLIER. UN SOMMET FRANCE-AFRIQUE AVEC LES JEUNES. UNE PREMIÈRE.
LA RD CONGO ET LES MARCHANDS DE RÊVES
GUINÉE. Mamadou Bah : “Alpha Condé est tombé dans ses propres pièges”
RD CONGO. DE MOÏSE TSHOMBE À MOÏSE KATUMBI ?
TUNISIE. Les plaies de la liberté de la presse ravivées par le président Kaïs Saïed
TOGO. La presse sous l’oppression incessante du pouvoir
Maroc. La surveillance des journalistes n’a pas attendu Pegasus (ENQUÊTE)
La France en passe de lâcher le gouvernement de Brazzaville ?
RD CONGO. TSHISEKEDI EST-IL FICHU ?
MAGHREB. Élan putschiste tunisien et islamisme
Mamadou Bah en France : de la rue à la Maison des Journalistes (PORTRAIT 2/2)
Mamadou Bhoye Bah en Guinée: une lutte contre la corruption (PORTRAIT 1/2)
Législatives en Algérie : Abdelkader et le degré zéro de la politique
RD Congo-Rwanda, à l’heure de vérité biaisée
Le Séparatisme en France et en Afrique
De l’usage de la politique dégénérative en Algérie
Les non-dits sur la messe françafrique du 17-18 et l’énigme Sassou
Annuler la dette de l’Afrique. Et après ?
Congo. Ombres et lumières sur le gouvernement Collinet
Congo-France. Ombre et lumière sur l’élection présidentielle et la mort de Parfait Kolelas
RD Congo : un nouveau gouvernement sans issue
Algérie. Le Hirak aux prises avec la police politique
Tchad. La France de Macron à l’épreuve des réalités ?
Congo. « Marius chez vous », fin d’une émission populaire
Les islamistes, une marque déposée en Algérie
Guinée. Interview avec le député Sébastien Nadot
Algérie. Des présidents agonisants
Afrique de l’Ouest : ces élections qui tuent l’espoir
De Gouville : Le jour où j’ai rencontré Sankara
GUINEE CONAKRY – La liberté de la presse attaquée
GUINEE CONAKRY – Au lendemain des élections présidentielles, le chaos
GUINEE CONAKRY – L’élection présidentielle réveille la haine ethnique
MADAGASCAR – Etat de la presse, les journalistes en danger
CONGO – Démocrature et “Club de Brazzaville” sous fond de corruption
CENTRAFRIQUE – Comment la Russie influence les médias ?
GUINÉE CONAKRY – L’insécurité règne en maître absolu dans certains villages
CONGO-BRAZZAVILLE – Paradoxes et démagogie
GUINÉE CONAKRY – Les opposants en prison afin de préparer l’élection présidentielle
GUINÉE CONAKRY – Alpha Condé, «le soleil des incompétences» brille dans le ciel africain
GUINÉE CONAKRY – Création de “Guinée Chek” pour lutter contre les fake news !
CONGO BRAZZAVILLE – Des milliards destinés à la santé et à l’enseignement
MALI – Après le coup d’État, quelles conséquences pour la liberté de la presse ?
Congo Brazzaville – Les ex-présidents Lissouba et Yhombi inhumés en France
GUINÉE CONAKRY – Quand les fêtes religieuses développent le pays…
Guinée Conakry – Quelle éducation quand le taux d’alphabétisme est de 25% ?
EGYPTE – Episode 4 – La peur et la dépression contaminent la société égyptienne
RD Congo: une radio attaquée et fermée par la police
/dans Afrique, Liberté d'informer, Liberté de la presse, Tribune Libre /par Christian NascimentoSelon nos informations, la “Radio Liberté Buta” dans la province de Bas-Uele située dans le nord de la République Démocratique du Congo, une station proche du Mouvement de Libération du Congo MLC de Jean-Pierre Bemba, un des leaders de l’opposition, a été attaquée, la nuit du jeudi 28 novembre 2019 vers 22 heures.
Actualisation du 11/12/2019 – Message de RSF sur la situation du journaliste Junior Supa
Une intervention disproportionnée de la police congolaise
Selon nos éléments, il s’agit du Groupe Mobile d’intervention de la Police Nationale Congolaise dont le but était de procéder à l’arrestation de M. Gilbert Monkoto, Vice-Président de l’Assemblée provinciale du Bas- Uele.
M. Gilbert Monkoto intervenait dans une émission consacrée, notamment à la gestion de l’Assemblée provinciale du Bas- Uele.
Ne l’ayant pas trouvé dans les locaux de ce média, la police a intimé l’ordre à Junior Supa, journaliste-technicien, trouvé sur les lieux, d’interrompre cette émission qui était diffusée en différé.
L’arrestation et l’emprisonnement illégitime d’un journaliste
Ensuite, ils ont emporté tous le matériel de diffusion et ont procédé à l’arrestation de Junior Supa. Conduit au quartier général de la police où il a passé la nuit, le journaliste a été transféré dès le matin à la prison centrale du Bas-Uele où il est encore détenu en toute illégalité.
Le lendemain, vendredi 29 novembre, le parquet général du Bas-Uele a mis sous scellée la radio Liberté de Buta.
Dans la foulée, un mandat de comparution a été émis contre M. Jules Kasikila, directeur de ce média. Par peur des représailles et craignant pour sa sécurité, Jules Kasikila est contraint de vivre dans la clandestinité.
Une fermeture de média abusive
Sans entrer dans le fond de l’affaire, le JED trouve absurde toutes les poursuites engagées contre les journalistes de ce média qui n’ont commis aucune infraction en diffusant cette émission.
Le JED exige, par conséquent, la libération sans condition du journaliste détenu, la cessation des poursuites judiciaires contre le directeur de cette station de radio ainsi que la reprise, sans délais, des activités de la Radio Liberté Buta.
Les autorités de la République Démocratique du Congo devraient prendre des mesures immédiates pour garantir aux citoyens l’accès aux diffusions des médias alors que le pays attend avec ferveur et inquiétude les élections.
Après deux ans de guerre entre le gouvernement éthiopien et le TPLF, le retour de la presse est-il envisageable dans la région du Tigré ?
Par Jean-Jules Lema Landu ” La guerre en Ukraine place l’Afrique dans une position inconfortable.”
Le titre est-il outré ? Rien de scandaleux quand on sait que la plupart des
Au XIXe, un village de France a connu un événement similaire à celui que vient
L’information diffusée sur l’antenne de RFI mardi 14 septembre, au sujet de la tenue du
Parole d’or ? On ne se gratte pas l’occiput, pour en connaître le sens. Celui-ci
Journaliste guinéen réfugié en France, Mamadou Bah décrypte pour “L’oeil” la situation politique dans son
Qu’on le veuille ou non, on est déjà en face du bégaiement de l’Histoire. Certes,
L’expulsion des journalistes d’Al Jazeera Tunis, le 26 juillet 2021, a soulevé de multiples questions en Tunisie après la prise des pleins pouvoirs du président Kaïs Saïed. Un mois après ces évènements, les acteurs de la société civile s’inquiètent pour la liberté de la presse.
Au Togo, les journalistes font face à une répression quotidienne malgré un semblant d’ouverture du
L’enquête de Forbidden Stories a mis au jour en juillet 2021 l’usage intensif du logiciel israélien Pegasus pour venir à bout de la presse indépendante au Maroc. Mais depuis des décennies, des journalistes marocains subissent surveillance et harcèlement, grâce notamment à des logiciels fournis par des sociétés italiennes et françaises.
Anatole Collinet Makosso Une forte délégation gouvernementale du Congo-Brazzaville, conduite par son premier ministre, Anatole
L’Eglise Catholique est montée au créneau, début août, souhaitant voir une « alternance » en
Le président tunisien, Kaïs Saïed, semble avoir usé de procédés algériens, quand il dut annoncer, au soir du 25 juillet passé, le gel des activités de l’Assemblée des représentants du peuple durant 30 jours, la levée de l’immunité de tous les députés et le limogeage du chef du Gouvernement, Hichem Mechichi.
« Même les journalistes français ont du mal à trouver du travail, alors les journalistes étrangers, même francophones, je ne vous en parle pas ».
Enfant calme et studieux, Mamadou débute dans le journalisme dès le lycée, au début des années 2000. L’un de ses professeurs travaille dans une radio de la capitale guinéenne. Fasciné, Mamadou tente très vite de lui démontrer son intérêt pour le domaine, ce qui lui vaut un droit d’accès en tant qu’observateur plusieurs fois par mois dans les locaux de la radio.
Les lendemains de la débâcle électorale du 12 juin passé sont cruels pour les généraux
Une information remplace vite une autre. Si vite. Il n’en sera pas ainsi du désir
La loi contre le «Séparatisme» continue à soulever une kyrielle de polémiques en France et
Le président Abdelmadjid Tebboune s’est révélé une version améliorée d’Abdelaziz Bouteflika. Tout comme son prédécesseur,
«Ni le Congo du Sud, ni du Nord, mais le Congo du cœur» – Présentation du livre de Ghys Fortuné Bemba Dombe, résident à la MDJ
/dans Afrique, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Guillaume LuerEn guise d’introduction, le rôle essentiel de la liberté d’informer pour exercer la liberté de voter. Sans les bonnes informations, comment peut-on savoir pour qui on vote?
Contextualiser le rôle de chacun est essentiel, mais c’est bien le parcours de Ghys Fortuné qui intéresse les invités. Par exemple, sa volonté inébranlable de ne pas céder malgré les pressions subies: 18 mois de prison, 19 kilos en moins.
Or, il suffisait d’avouer la non véracité des articles, reconnaitre la calomnie (alors que toutes les informations avaient été scrupuleusement vérifié par lui-même) ; si il avouait, il sortait.
Ghys Fortuné a donc pris la parole, énumérant les violences subies comme autant d’anecdotes trahissant le calvaire des prisonniers au Congo. Tandis que certains prisonniers entrent et sortent selon les bons vouloirs de la République, Ghys Fortuné croupit dans une cellule où les conditions sanitaires sont déplorables.
«Les Congolais continuent de payer un lourd tribut pour les manipulations tribalistes et les querelles manigancées par les politiciens pour leurs intérêts personnels. Quelques exemples :
Dans cet élan Talassa, notre organe de presse, a pris une part active à cette démarche. À partir de ce moment nous étions devenus une cible pour le pouvoir. Les hommes du système nous ont intenté procès sur procès depuis la création du journal Talassa en 2001. J’ai été victime d’intimidations, d’harcèlements, de tentatives d’enlèvement et d’assassinat et de plusieurs arrestations avant la dernière, en janvier 2017, qui a duré 18 mois.»
En prison, les rumeurs courent. Dehors, il y aurait tel ou tel événement qui s’attaque au moral des prisonniers politiques.
En prison, les sévices s’attaquent aussi bien à l’esprit qu’au corps
La nourriture est-elle empoisonnée? Peu importe, il faut la nettoyer avant consommation, elle est si rare: seulement trois repas par semaine. Les sévices physiques ne suffisent pas à briser un esprit combattif, l’humiliation est donc de mise.
L’Etat congolais lui confisque ses biens, ses comptes en banque, les autorités ratissent larges: même les cadeaux apportés par sa famille en prison disparaissent.
Ghys Fortuné sort de la prison pour des interrogatoires qui ne mènent à rien, à peine a-t-il la possibilité de faire des allers-retours à l’hôpital malgré une condition physique qui se dégrade chaque jour.
«Mon incarcération a été un véritable enfer. Je suis sortie de là avec plusieurs pathologies. Mêmes à mes pires ennemis je ne souhaite pas qu’ils vivent ce que j’ai subi au cours des 18 mois d’incarcération:
Et à force d’insister, la folie, la paranoïa, la solitude et la crainte pour ses proches sont devenus ses compagnons de cellule. En revanche, le désespoir n’a jamais été la bienvenue.
L’Etat congolais lui confisque ses biens, ses comptes en banque, les autorités congolaises ratissent larges: même les cadeaux apportés par sa famille en prison disparaissent. On y découvre un système où chaque chef fait ce qu’il veut sur son territoire de compétence, c’est du harcèlement quotidien.
L’objectif? Faire craquer Ghys Fortuné. S’il ne craque pas physiquement, les autorités visent le mental. Et à force d’insister, la folie, la paranoïa, la solitude et la crainte pour ses proches sont devenus ses compagnons de cellule. En revanche, le désespoir n’a jamais été la bienvenue.
Soutien à Ghys Fortuné via Mediapart
«Pour sortir le Congo d’une situation économique délabrée et d’une situation politique qui fait craindre l’éclatement du pays, il faut un sursaut citoyen, surtout de la part des « intellectuels ».
Toutefois, les personnes qui ont connu la torture, le harcèlement, l’emprisonnement, les violences sexuelles, les familles qui ont perdu leurs biens gagnés à la sueur, ceux qui ont perdu des parents… portent dans leur chair et dans leur esprit des stigmates profonds indicibles.
Ces personnes sont souvent amenées à croiser les responsables de cette violence institutionnelle, leurs bourreaux, qui, en raison de l’impunité qui les protège, continuent à les narguer, à les intimider voire à les menacer afin qu’elles se taisent.
Leur peur l’emporte ainsi sur la rage. Alors, ce sursaut, la réconciliation et la paix sont-elles possibles dans un pays qui porte autant de blessures, autant d’injustice, autant d’impunités…?
Comment faire pour préserver réellement l’unité nationale dans un tel environnement et dans ces conditions?
Dans ces conditions: Comment vivre avec l’horreur? Nul ne doit empêcher le recouvrement de la mémoire, surtout pas les bourreaux. Ensuite l’oubli ne se fera qu’à certaines conditions…
Cependant, quelles que soient les souffrances subies et les difficultés il faut toujours positiver ; en effet, les congolais ont à vivre ensemble, ont à reconstruire un pays détruit par l’égoïsme, la bêtise et la folie des Hommes.
Il faut donc pardonner et aimer même les traitres et les bourreaux comme le firent Jésusde Nazareth pendant qu’on le clouait sur le poteau et, par la suite, ceux qui ont véhiculé son message de pardon, de réconciliation et de paix comme Paul de Tarse et, plus près de nous, Mahatma Ghandi, Martin Luther King, Nelson Mandela….
La force du pardon est le véritable antidote à la tristesse provoquée par la rancune et la vengeance. La réconciliation et la paix sont-elles possibles dans un pays qui porte autant de blessures ? Comment faire pour préserver réellement l’unité nationale dans un tel environnement et dans ces conditions?
Les Congolais peuvent-ils prendre exemple sur l’Allemagne et la France qui se sont fait des guerres atroces, mais qui ont pourtant trouvé la voie pour se réconcilier et se donner un avenir partagé. Les Congolais peuvent-ils prendre exemple sur le Rwanda et sur l’Afrique du Sud? »
Les questions du public
Le public est varié: des confrères prennent la parole pour apporter leur soutien, louer le courage et s’interroger sur l’avenir du Congo Brazzaville.
La réponse de Ghys est toujours la même. Il leur parle d’amour. «Il faut s’aimer et ainsi se respecter».
Quand un homme d’une cinquante d’années à qui on a gelé les comptes et fermer tous les titres de presse et les entreprises qu’il a créé, l’expression «nouvelle vie» n’est pas heureuse.
Au problème politique s’ajoute les problèmes ethniques, les congolais du nord et du sud ne se réconcilient pas, pire le cycle des vengeances continue. Face à cette dramatique situation qui perdure, Ghys Fortuné ose prendre cet exemple personnel.
Ses parents (sous-entendu des personnes de son ethnie) ont violé une femme et sa fille il y a des années. Pourtant, lorsque l’Etat congolais a gelé ses comptes et que ses meilleurs soutiens ne pouvaient plus rien pour lui, la fillette violée (devenue femme) a pris la décision de payer les frais scolaires des enfants de Ghys Fortuné. Au-delà de la somme, le risque social pris état conséquent (aider un paria politique). Elle a su pardonner. Elle a su mettre en place l’amour qui crée plus qu’un simple pont entre ceux du Nord et ceux du Sud, elle réunit les enfants du Congo.
Cette anecdote, comme beaucoup d‘autres, donne de l’espoir aux personnes venus assister à l’événement.
Démonstratif, Ghys Fortuné continue sur cette ligne lorsque le représentant officiel pour l’Europe du parti politique au pouvoir (qui l’a donc mis en prison) prend la parole. Ils évoquent leur constat respectif et mettent en valeur les points de convergence plutôt que de divergence.
Combattif, Ghys Fortuné peut enfin savourer ce moment qui représente pour lui la transition entre l’horreur qu’il a vécu et cette nouvelle vie qui s’offre à lui. Nouvelle vie? Quand un homme d’une cinquante d’années à qui on a gelé les comptes et fermer tous les titres de presse et les entreprises qu’il a créé, l’expression «nouvelle vie» n’est pas heureuse.
Mais il a de quoi être fier. Et c’est sans l’once du moindre doute qu’il affirme: «Je vous le dis chers amis, un jour je retournerai au Congo!»
D’autres articles sur le Congo
Congo-France. Ombre et lumière sur l’élection présidentielle et la mort de Parfait Kolelas
Lire plus »Arte dresse le portrait du journaliste Ibrahim Cheaib
Lire plus »CONGO – Démocrature et “Club de Brazzaville” sous fond de corruption
Lire plus »CONGO-BRAZZAVILLE – Paradoxes et démagogie
Lire plus »CONGO BRAZZAVILLE – Des milliards destinés à la santé et à l’enseignement
Lire plus »Congo Brazzaville – Les ex-présidents Lissouba et Yhombi inhumés en France
Lire plus »Congo – Covid-19 – L’insuffisance des soins tend-il vers un crime de masse ?
Lire plus »Les Chrétiens et la politique
Lire plus »Chinois, Français, Libanais et le F.M.I dans le cyclone des Africains
Lire plus »Congo Brazzaville – Le coronavirus attaque, les politiques réagissent
Lire plus »La photo comme témoignage: entre action et réactions
/dans Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Manon DENIEUILSelon Zaher, photojournaliste syrien de 23 ans qui a dû fuir son pays le métier de photojournaliste consiste à rendre compte de la réalité. “Je pense que je fais ce que je peux pour atteindre la vérité et la transmettre”.
Il ajoute: “Ce que je fais n’est pas politique, je ne suis pas dans un parti, je ne fais que raconter la vérité.”
Pour d’autres, ce qui compte c’est de comprendre pleinement une situation. “Je veux comprendre pourquoi” explique un autre journaliste syrien Abdul Eassa. “Je ne veux pas seulement prendre une photo, je veux surtout comprendre pourquoi”. Il poursuit en expliquant que les manifestations des Gilets Jaunes au cours de cette année lui ont appris beaucoup de choses sur la France elle-même.
Le photojournalisme est également vu comme un moyen de créer du lien social, s’intéresser à des situations particulières, à des individus. C’est le constat que fait Zaher quand il dit “j’ai choisi la photo car chaque photo a une histoire, elle représente un moment (précis)”.
Pour d’autres encore le photojournaliste a pour mission d’interpeller le public, de toucher au moins une personne. C’est ce que confirme Abdul Eassa “le point essentiel [du photojournalisme] est d’avoir un impact sur les gens et sur l’humanité en général. Afin de stopper quelque chose, en particulier les crimes. Et aussi informer -prevent- sur les choses inconnues du public – that no one care.”
C’est d’autant plus vrai en cas de guerre, comme en Syrie, car il s’agit ici de rendre compte d’une situation dans sa globalité, de la violence sous toutes ses formes peu importe les acteurs impliqués et le positionnement politique. C’est d’ailleurs souvent cette violence qui pousse les photographes à vouloir des actions concrètes, au-delà de simples réactions. Surtout lorsqu’on est impliqué soi-même dans le conflit.
Voir leurs photographies partagées sur les réseaux sociaux puis reprises par les grands médias à la Une peut sembler avoir un effet sur la politique.
© Julia Le Duc – La Jornada de Matamoros
La photo du migrant salvadorien et de sa fille retrouvée noyés en essayant de traverser le Rio Grande en est un parfait exemple. Cette autre photo de migrants cherchant à atteindre les États-Unis en traversant la frontière a fait le tour de la planète et a engendré une vague d’émotion collective.
Un présentateur de CNN n’a d’ailleurs pas pu contenir ses larmes face à la violence qui s’en dégage. Mais pour le photographe de l’AFP, Abdul Eassa ce n’est pas l’image qui est choquante mais l’histoire qui se cache derrière.
D’autant plus que dans un monde saturé d’images, un cliché chasse l’autre, ce qui montre la limite d’une photo malgré l’émotion qu’elle suscite. Pourtant, cette image n’a pas fait dévier de son cap le président des États-Unis Donald Trump face à sa stricte politique migratoire.
Et au-delà du foisonnement d’images, l’apparition des fake-news est venue rendre les choses encore moins lisibles. Le lecteur se sent perdu et impuissant face à un flot d’images permanent et à cette concurrence de l’information. Cette inertie face à la diffusion de ces photos peut être très difficile pour les photojournalistes.
Pour Zaher Al Zaher témoigner est presque vital, c’est pourquoi il peine à comprendre l’absence d’actions. D’après lui, la situation en Syrie relève de la crise humanitaire. Lorsqu’il était en Syrie, il voulait travailler avec des journaux étrangers afin que la communauté internationale soit alertée et s’empare du problème. Cette frustration est toujours présente aujourd’hui et elle est commune à de nombreux photographes ayant fait face à ce genre de situations.
Ces reporters peuvent finir frustrés voire déçu du manque de réactions. En effet ils ont été sur le terrain pendant des mois et ont mis leur vie en danger, afin de livrer un récit fidèle de ce qu’ils ont vu et de témoigner de choses inconnues du grand public. Frustrés de ne pas avoir eu l’impact attendu et d’observer que la situation ne change pas.
Malgré tout, certaines photos deviennent iconiques, comme celle de Nick Ut représentant une petite fille brulée au Napalm en 1972 lors de la guerre d’Indochine.
Cette photo a fait le tour du monde et est devenu un symbole des violences subies par les civils lors de la guerre d’Indochine. Malgré son succès (on en fait même aujourd’hui des sacs), cette photo n’a pas fait basculer le cours de la guerre. Elle n’a fait que confirmer ce que pensait l’opinion publique américaine, lassée par ces huit années de conflits.
Au-delà même de la violence qu’elle dégage, cette photo est efficace car elle est simple et sobre, mettant en valeur la souffrance vécue par la petite fille et les enfants qui l’entourent. Elle montre une réalité violente et inconnue du grand public. Encore aujourd’hui cette photo est mondialement connue et elle illustre même les manuels d’histoire français.
Zaher Al Zaher
“Je me rends compte sur le coup que la photo est puissante et plus tard je me rends compte qu’elle représente l’Histoire”.
Né à Alep en Syrie, Zaher Al Zaher, 23 ans, commence à travailler en tant que photographe pour des journaux internationaux à partir de 2013. Il couvre l’évolution de la guerre civile syrienne, principalement à Alep.
À cause de son engagement politique, il est enlevé et torturé par les forces gouvernementales syriennes.
Il réussit à fuir en Turquie puis arrive en France à la Maison des Journalistes en 2017. Depuis il fait partie de la Society of Professional Journalist et suit principalement les manifestations, comme celles des Gilets Jaunes.
Abdulmonam Eassa
“Il y a pleins d’images, mais peu {de photojournalistes} prennent en compte l’histoire qu’il y a derrière”
Abdulmonam Eassa est un jeune photojournaliste syrien de 24 ans qui a commencé à travailler en tant qu’autodidacte lors de la guerre civile syrienne en particulier à Damas à partir de 2013.
Depuis plus de cinq ans il travaille en free-lance avec l’AFP d’abord en Syrie et depuis octobre 2018 en France. Avant d’arriver à la Maison des Journalistes il est resté un an en Turquie afin d’obtenir un visa pour la France.
Depuis il couvre principalement les manifestations, notamment celles des Gilets Jaunes à Paris. Il a reçu le Visa d’Or pour ses photos sur l’action des ONG en Syrie.
Après deux ans de guerre entre le gouvernement éthiopien et le TPLF, le retour de la presse est-il envisageable dans la région du Tigré ?
Journaliste, animateur TV et réalisateur de documentaires, Alhussein Sano nous évoque l’affaiblissement de la liberté de la presse en Guinée.
Les journalistes afghans ayant fui au Pakistan espèrent toujours un visa occidental, menacés d’expulsion et de mort par les talibans.
Yurii I., jeune journaliste Russe de 26 ans, a fait ses armes à Moscou et en Sibérie. Aujourd’hui hébergé à la MDJ, il revient sur la censure et l’oppression de la presse russe.
Massoumeh Raouf revient sur les causes de la révolution iranienne et de l’importance du rôle des femmes et des journalistes dans le pays.
Journaliste kurde iranien, Adnan Hassanpour revient sur les origines et les possibles aboutissements des protestations historiques en Iran.
La MDJ a accueilli la conférence de presse contre le génocide ouïghour avec Dilnur Reyhan, Raphaël Glucksmann, Yannick Jadot et Valérie Rabault.
Les Talibans semblent avoir signé la mort de la presse en Afghanistan depuis août 2021. Comment les journalistes afghans résistent-ils ?
En 2007, Jérôme Bouvier décide de créer un espace d’échanges de la profession, les Assises du journalisme. Mais en quoi consiste ce rendez-vous annuel et quels sont ses plus grands défis ?
Traduction Rim Benomar Invitée à La Maison des journalistes à l’occasion de son exposition photo « Portrait(s) d’une Résistance », Justyna Mielnikiewicz, photographe polonaise installée
Par Manar RachwaniTraduction Zouheir Ait Mouhoub Paris.La domination des réseaux et des médias sociaux laissait penser que le journalisme tel que nous le connaissons était
Par Emma Rieux-Laucat « C’est une guerre géopolitique mais c’est aussi une guerre de l’information avec tout ce qui va avec : les fakes news,
Par Jean-Jules Lema Landu ” La guerre en Ukraine place l’Afrique dans une position inconfortable.” Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France Il y
Jesús Zúñiga était un combattant pour la liberté de la presse et pour la liberté tout court. Mais il était incompris car il avait osé s’attaquer à un régime communiste qui bénéficie encore de la sympathie de nombre de ses collègues journalistes et intellectuels à travers le monde, celui de la Cuba des frères Castro et de leurs épigones.
Au Togo, les journalistes font face à une répression quotidienne malgré un semblant d’ouverture du Président Faure Gnassingbé. Pegasus constitue le dernier outil de surveillance
L’enquête de Forbidden Stories a mis au jour en juillet 2021 l’usage intensif du logiciel israélien Pegasus pour venir à bout de la presse indépendante au Maroc. Mais depuis des décennies, des journalistes marocains subissent surveillance et harcèlement, grâce notamment à des logiciels fournis par des sociétés italiennes et françaises.
“Le téléphone d’Hicham Mansouri a été infecté à une vingtaine de reprises via le logiciel espion Pegasus, entre février et avril 2021” selon l’analyse technique
Des centaines de journalistes à travers le monde surveillés par leurs téléphones, des liens obscurs avec les meurtres des journalistes Jamal Khashoggi et Javier Valdez,
La disparition du président tchadien Idriss Deby va-t-elle influencer la politique de la France envers ce pays?
Dimanche, 28 mars, Marius Muhunga, annonçait avec une réelle émotion, la fin des émissions TV « Marius chez vous » sur les réseaux sociaux. Il en était, à la fois, le boss et l’animateur vedette. Ce média congolais émettait depuis Washington DC, capitale des Etats-Unis. Pour justifier cette cessation, le journaliste évoquait son embauche à « La Voix de l’Amérique ». Bonne affaire !
Le dessin de presse aux portes du marché de l’art
/dans Liberté d'expression, Liberté d'informer, Liberté de la presse /par Guillaume LuerLe public est impatient, percutant et chamailleur, il n’hésite pas à poser des questions et rend cette conférence aussi intéressante que dynamique.
L’histoire du dessin de presse
La caricature a commencé par l’humour. “L’humour dans l’image existe depuis toujours” rappelle Martine Mauvieux.
Pour que le dessin de presse soit pris au sérieux au sein du milieu culturel et artistique, il a fallu attendre certaines donations pour qu’en 2007 le Ministère de la Culture ouvre le premier poste de conservateur à la BNF dédié au Dessin de Presse.
Le dessin de presse est aux portes du marché de l’art
Ce marché de l’art est encore balbutiant. Certes, de grandes maisons d’enchères comme Sothebys ou Drouot ont déjà proposé des dessins de presse lors de leurs ventes aux enchères, mais ils sont rares et n’ont jamais eu droit à une cession consacrée.
Sans la reconnaissance des plus grandes maisons de ventes aux enchères, il est difficile pour le dessin de presse de créer ou stabiliser un marché de l’art. De plus, certains vendeurs mettent aux enchères des fonds entiers. La profusion impacte les prix. Lorsque des centaines de dessins sont mis en vente d’un seul coup, cela fait baisser le prix de chaque dessin de presse. Malgré un potentiel important, le marché balbutie.
L’autre handicap du dessin de presse est le traitement du sujet. Un dessin du général De Gaulle a toute sa place chez le particulier ou dans un musée. En revanche, la caricature d’un “simple ministre” ou d’un événement oublié perd de la valeur, ou parfois n’en a aucune.
La caricature est un art populaire. “Vous pouvez acheter pour 30 euros jusqu’à 80 dessins” se scandalise un spectateur ! En même temps, ceux qui achètent ne sont pas les plus fortunés.
Malgré cela, l’avenir pourrait s’avérer radieux pour le dessin de presse. A titre comparatif, le marché de la Bande Dessinée a explosé en quelques années. La BD avait si peu de valeur que de nombreuses planches originales ont été détruites. Puis au fil des ans, l’essor des ventes aux enchères en a fait un style à part entière qui génère maintenant d’importants profits.
Cependant, comme pour un dessin de presse, la conservation reste un enjeu primordial.
L’enjeu crucial de la conservation
“Je suis un dessinateur compulsif, j’écris n’importe où, n’importe quand, y compris sur un coin de table par exemple...”
Devant cet aveu, la conservatrice sourit poliment tout en haussant légèrement les épaules. Comment conserver ces dessins ? Elle qui nous a patiemment énuméré comment la texture du papier (bien plus solide avant 1850) et la qualité de l’encre sont les conditions sine qua non d’une bonne conservation. Vient ensuite l’environnement du dessin, la température, l’éclairage, l’humidité… Garder un dessin de presse en l’état se révèle un travail méticuleux.
Mais face à la qualité d’une nappe papier de restaurant, la conservatrice ne peut rien conseiller, à part photographier le dessin.
Bien sûr, la question se pose moins quand le dessinateur utilise directement un support digital.
Et en ces temps où le dessin de presse n’a pas toute la place qu’il mérite, la digitalisation est une bonne option de conservation. C’est ainsi que le caricaturiste Triambak Sharma nous a montré un musée entièrement digital dont la passionnante visite nourrit l’imagination.
Le dessin de presse est présent partout dans le monde et il deviendra peut-être un art majeur. Comprendre une époque par ces dessins de presse est une approche originale du quotidien par l’information.
Nous ne pouvons nous empêcher de conclure cet article par un dessin de Bilal Daggezen, présent à cette conférence et ancien journaliste de la MDJ. Il a du fuir la Turquie à cause de ses dessins.
Les Talibans semblent avoir signé la mort de la presse en Afghanistan depuis août 2021. Comment les journalistes afghans résistent-ils ?
Il y a plus d’un an, les Talibans ont pris le contrôle de l’Afghanistan. Mais leur régime a ruiné le pays et brisé les droits de l’Homme.
Par Emma Rieux-Laucat « C’est une guerre géopolitique mais c’est aussi une guerre de l’information avec tout ce qui va avec : les fakes news,
Jesús Zúñiga était un combattant pour la liberté de la presse et pour la liberté tout court. Mais il était incompris car il avait osé s’attaquer à un régime communiste qui bénéficie encore de la sympathie de nombre de ses collègues journalistes et intellectuels à travers le monde, celui de la Cuba des frères Castro et de leurs épigones.
Poète ouïghour réfugié en France, Merdan Eheteli vient du Xinjiang où se déroulent actuellement des violences inouïes à l’encontre des Ouïghours qui peuplent la région. Résident de la Maison des journalistes, engagé dans la lutte pour l’indépendance du Turkestan Oriental, il explique en quoi les violences qui s’y déroulent ne sont pas le fruit de l’oppression d’une minorité ethnique mais de la volonté de Pékin d’achever le processus de colonisation d’un peuple et d’un territoire à l’identité bien distincte de la Chine.
“Le téléphone d’Hicham Mansouri a été infecté à une vingtaine de reprises via le logiciel espion Pegasus, entre février et avril 2021” selon l’analyse technique
Des centaines de journalistes à travers le monde surveillés par leurs téléphones, des liens obscurs avec les meurtres des journalistes Jamal Khashoggi et Javier Valdez,
Le regard du dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés (20
Il est environ dix heures, ce mercredi, lorsque Jean-Luc ROMERO-MICHEL fait son entrée à la Maison des Journalistes. L’adjoint à la Maire de Paris, également chargé des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations, est accompagné de son directeur de cabinet, Michel GELLY-PERBELLINI ainsi que de deux stagiaires.
Le dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) rend hommage aux lycéennes tuées à Kaboul (Afganistan) suite à un attentat à la bombe. Bilan : plus de 50 morts.
A l’occasion de la Journée internationale des travailleurs, le dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) nous livre son
Réélu à la tête de la Guinée pour un troisième mandat (après avoir modifié la constitution, qui limitait le pouvoir à deux mandats), le président Alpha Condé accentue la répression à l’encontre de ses opposants. Bilan : plus de 200 personnes ont été tuées par les Forces de défense et de sécurité (FDS) depuis 2010. Sébastien Nadot, député de la Haute Garonne et membre de la commission des affaires étrangères à l’assemblée nationale française, suit de près la situation en Guinée. Il a accepté notre invitation et a répondu aux questions de Mamadou Bah.
Nous avons l’habitude, dans les pays de la région, de voir des rues et des places publiques porter les noms de martyres, de guerres et même parfois d’occupants. Mais l’un de ceux choisis au Kurdistan d’Irak peut surprendre : celui de Danielle Mitterrand. Qui est donc cette farouche défenseuse des droits des opprimés et pourquoi est-elle adulée par les Kurdes?
A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le dessinateur de presse iranien Ali Jamshidifar (ancien résident de la Maison des journalistes) nous
Malgré la transformation démocratique qu’a connue l’Irak, depuis 2003, avec l’adoption d’un système parlementaire après la période douloureuse de dictature sous Saddam Hussein, et malgré
© TAKAT 2018, à l’arrivée dans l’aéroport d’un pays arabe [que je préfère ne pas citer]. En consultant mon passeport français, l’officier me demande de
Ils avaient 13, 14 et 18 ans. Tués par balle alors qu’il fêtait la supposée victoire de leur candidat à la présidentielle, l’armée n’a pas
Il y a 32 ans s’ouvrait l’un des chapitres les plus douloureux et crucial de l’histoire iranienne. C’est un anniversaire triste pour des milliers familles endeuillés
«Je ne peux pas dormir, je ne peux plus penser, je me sens détruite» m’écrit la mère d’Hossam tard dans la nuit. La famille d’Hossam attend. Que se passe-t-il pour lui ? Le manque d’information dévore de l’intérieur. Certains jours, sa mère est pleine d’espoir. Quelques temps plus tard, elle désespère. Ce rythme s’impose au quotidien.
La nomination du général des pasdaran Mohammad Baqer Qalibaf à la tête du pouvoir législatif iranien est une nouvelle étape vers une plus grande fermeture