FRANCE – AFRIQUE : LA VALEUR DE LA PAROLE DONNEE

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France.

En quatre jours, du 1er au 4 mars, le président français, Emmanuel Macron a visité le Gabon, l’Angola ; le Congo et la République démocratique du Congo. Véritable marathon en Afrique centrale, où il devait, principalement, tâter le pouls sur son esquisse concernant la « nouvelle politique africaine » de la France. Il l’a exposée quelques jours auparavant, à l’Elysée avant sa tournée.

En général, pour l’opinion de l’Africain qui l’a écouté avec attention il n’y a rien de neuf à retenir : c’est la même rengaine, faite des déclarations d’intention. Depuis le discours de politique africaine fort élaboré, fait par le président Mitterrand en 1990, à Marcoussis, à ceux de l’actuel dirigeant Macron, en passant par le narratif insultant du président Sarkozy, jamais l’acte n’a suivi la parole.

Qu’est-ce qui n’a pas été dit par les successeurs du général de Gaulle, au sujet de la « Françafrique », ce système sans statut juridique, à la tête des relations France-Afrique ? Un système décrié par les Africains. Comme réponse, une riche palette des monts et merveilles sans lendemain. Jusqu’à l’entrée en scène du nouveau président Emmanuel Macron, en 2017. Au cours de la même année, il tient son « célèbre » discours à l’université de Ouagadougou, dans lequel il promet la rupture avec « l’ancienne modèle ». Sur un ton martial. Sans effet.

A ce sujet, le quotidien français Le Figaro s’amuse à poser la question de savoir si ce énième voyage présidentiel marquera-t-il « la fin de la logique prédatrice » ? Le président Macron avait déjà répondu à cette question quand, dans son discours à l’Elysée, il avait témoigné d’un aveu d’impuissance : « Il nous faut être lucides, nous ne sommes aujourd’hui qu’au milieu du gué. C’est une situation très inconfortable ». C’est tout dire.

Pourtant, le discours de Ouagadougou avait quelque chose de particulier : il avait été dit par un président jeune. Le plus jeune de tous les président de la Ve République. De ce fait, un vrai rayon d’espoir avait traversé le continent – très jeune, lui, aussi -, dominé par 60 % des 20-45 ans. Ce sentiment, visiblement, s’était traduit sur les visages de cette tranche d’âge, qui pensait « jeune dirigeant français pour jeunes africains ».

Sept ans d’exercice après, où en est-on, avec la promesse du deus ex machina français ? La Françafrique est toujours là, droit dans ses bottes, puisqu’il s’agit d’un système dans lequel se brassent plusieurs centaines de millions d’euros d’intérêts français. C’est l’épine.

A partir de là, la vrai problématique émerge : ce qui divise la France et l’Afrique, c’est globalement le fait de la parole non tenue. Or, la promesse a valeur de serment. Si le serment est brisé -, et c’est le cas en l’état -, la confiance s’étiole ou s’envole totalement, selon les circonstances.

Ce qu’avec le président Macron, s’est évanoui ce qui restait du capital de confiance envers les dirigeants français. D’où l’explication, en partie, du rejet de la France en Afrique de l’Ouest. Les coups d’Etat qui y ont lieu ne sont pas loin de cette approche. Les jeunes officiers putschistes, qui prennent langue avec Moscou, pensent plus à d’autres horizons qu’à l’Occident. A bien voir les choses, les populations y adhèrent massivement. Le risque de contagion n’est pas à écarter. Il y a des signes évident en Afrique centrale : les drapelets russes y sont de plus en plus visibles.

Ainsi, le soldat Macron est-il parvenu à « convaincre » l’Afrique, fâchée, à tourner casaque ? Pas sûr.

Jean-Jules Lema Landu