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Congo – gouvernance : les turpitudes infinies du triumvirat Sassou, Collinet, et Mvouba.

Le début du mois d’avril au Congo fait tâche : des sanctions et interpellations discriminatoires des tiers en violation des procédures sont constatées à l’assemblée nationale et à la primature alors qu’à côté, des grands criminels se la coulent douce. Entretemps, le pays stagne.

Décryptage

Entre les études de faisabilité des projets et les approches méthodologiques que le Premier ministre Anatole Collinet Makosso (ACM) aime à prôner, on est perdu dans les dédales de la parole gouvernementale. ACM nous a habitué aux formules sibyllines telles que « le gouvernement y travaille », reprises en chœur et à tue-tête par ses ministres dont le bilan est plus que mitigé. On a l’impression que des grains de sable enrayent la machine de l’Exécutif.

On ne peut pas dire que c’est le fait d’un complot pour nuire à l’action du gouvernement. La machine s’est auto-enrayée par l’incompétence des animateurs des départements ministériels. Qu’il s’agisse d’éradiquer les phénomènes d’insécurité, de corruption, de concussion et de vol ou qu’il s’agisse d’améliorer les conditions de vie des populations, le gouvernement patauge et peine à donner les résultats escomptés. Au contraire, Il laisse se perpétrer et se développer les anti-valeurs.

Des dirigeants d’entreprises nationales dont on sait qu’ils ont amassé des fortunes colossales en détournant les deniers publics ne sont pas inquiétés ou sont, pour quelques-uns, théâtralisés par une fausse présentation devant le procureur et envoyés en petite et courte villégiature à la maison d’arrêt pour en ressortir illico presto comme si aucune charge ne pesait contre eux.

La toute dernière est celle de Ludovic Itoua, directeur général des impôts. ACM a lâché son bâton de commandement. Il ne frappe pas, surtout pas ceux de ses ministres indélicats à la boulimie financière reconnue, ou d’autres responsables tels que le directeur général du centre hospitalier universitaire de Brazzaville (CHUB), Thierry Ngombet ou celui de Energie électrique du Congo (E2C), Adou Danga qui brillent par une gestion peu orthodoxe. Ce sont de trop gros poissons, lourds à prendre au filet.

La sanction est réservée aux petites personnes, à l’instar de Jean Aimé Ndjembo, conseiller – chef du parc de la primature, suspendu de ses fonctions, il y a peu. Il est reproché à ce capitaine retraité depuis 2019, plusieurs fautes lourdes dont la dernière a été la subtilisation de deux véhicules 4×4 de commandement dont il a changé l’immatriculation avant de les prêter à Raoul Tchicaya qui s’en est gaiement servi aux obsèques de sa cousine, pour la frime rien de plus. La suspension de Njembo est l’exemple des petits fretins que l’on s’empresse de sanctionner tandis que les gros poissons continuent de vaquer à leurs activités de lucre. Njembo a été sanctionné et Tchicaya, le conseiller occulte d’ACM qui est à l’origine du problème, se frotte les mains. Une fois encore, la pression ethnique sera si forte que Njembo sera réhabilité sans doute.

ACM est même allé à la rescousse d’Adou Danga pour soutenir « l’incompétence » d’un DG qui ment chaque jour pour justifier le manque de fourniture d’électricité : en décembre 2023, il parlait de révisions des turbines, après ce fut les fortes précipitations qui ont endommagé les turbines, après c’est le manque d’entretien, puis la canicule, etc. Pire, ce dernier n’arrive pas à s’acquitter souvent des factures de la Société nationale d’électricité Snel de la RDC alors que E2C génère mensuellement 5 milliards de FCFA au minimum qui devraient lui permettre d’améliorer les services et régler divers problèmes de ladite société.

Curieusement ACM dédouane tous ces malfrats y compris Denis Christel Sassou Nguesso qui brade les terres arables et des polymétaux au profit des Rwandais sans tirer les conséquences que subissent les voisins de la RDC. On se demande ce que retiendra le citoyen lambda de la gouvernance d’ACM. De même, quid de l’Assemblée nationale où le maillet d’Isidore Mvouba dévie de la trajectoire réglementaire ?

Les manœuvres du président de l’Assemblée, Isidore Mvouba (Isis)

L’article 130 de la constitution congolaise de 2015 et 73 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale interdisent l’interpellation d’un député sans lever son immunité parlementaire. Isis s’est passé desdits articles en laissant les services de sécurité kidnapper le député Hydevert Moigny. Plus grave, pour montrer sa complicité avec les services de renseignements, Isis impose à ses collègues le vote à main levée alors qu’il existe, dans l’hémicycle, le système de vote électronique qui permet dans la discrétion à chaque député d’appuyer juste sur un bouton comme cela se fait au Sénat.

Sassou Nguesso à la manœuvre.

Mais ACM et Isis ont-ils assez de courage politique pour être objectifs et contrarier leur mentor Sassou Nguesso, pourraient se demander les âmes naïves ? Par le passé et même aujourd’hui, le Congo connaît les patriotes qui ont le courage et le sens de l’honneur, comme Gnali Gomez qui avait démissionné de ses fonctions, Clément Mouamba, Marcel Ntsourou et Cie qui ont pu résister aux injonctions de M. Sassou. Mais les gouvernants actuels ne sont aux affaires que pour se remplir les poches et non pour le bien-être et l’avenir harmonieux des congolais.

Face au désordre observé dans diverses administrations et à la violation permanente des libertés fondamentales et des droits humains, les Congolais patriotes doivent prendre des vraies résolutions pour faire bouger les lignes et réfléchir sur les contrats léonins notamment ceux liées à la cession des terres.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

DÉO NAMUJIMBO LAURÉAT DE L’ÉDITION 2024 DU PRIX VICTOIRE INGABIRE UMUHOZA : INTERVIEW

Déo Namujimbo, journaliste aux facettes multiples originaire de République Démocratique du Congo, exilé en France, fait partie des lauréats du Prix Victoire Ingabire. Décerné par le Réseau International des Femmes pour la Démocratie et la Paix en hommage à Victoire Ingabire Umuhoza, éminente militante rwandaise pour la démocratie et la paix, ce prix met en lumière le courage et les initiatives exemplaires de Deo Namujimbo ainsi que de ses compagnons lauréats.

À cette occasion, l’écrivain nous accorde une interview exclusive pour revenir sur son engagement et l’obtention de son prix. Il partage avec nous ses réflexions.

Félicitations pour ce Prix Victoire Ingabire, pouvez-vous nous dire ce que cela représente pour vous ?

J’ai remporté plusieurs prix nationaux et internationaux tout au long de ma vie, mais je n’ai aucune difficulté à dire que le prix Victoire Ingabire Umuhoza est pour moi plus important que tous les autres réunis, en ce sens qu’il symbolise ce que j’appelle « mon combat », qui est aussi celui de cette noble dame que personnellement je surnomme la Aung San Suu Kyi de l’Afrique des Grands lacs. Le combat pour la paix, la justice, et le respect de la vie humaine et de la démocratie en Afrique centrale, principalement au Rwanda et en République pseudo démocratique du Congo.

En recevant le Prix Victoire Ingabire, votre engagement pour la liberté de la presse et la défense des droits de l’homme est consacré. Comment envisagez-vous de le poursuivre dans ce domaine ?

Jusqu’à mon dernier jour je poursuivrai mon combat en respectant à la lettre ma devise qui me convainc à continuer ma lutte au péril de ma vie : « Je me bats sans bombes ni fusils. Mes seules armes sont la loi et la justice, la plume et le papier ». Tant que j’aurai de l’encre dans mon stylo je continuerai à écrire, je participerai à tous les débats concernant les malheurs des peuples de mon pays d’origine la RDC et le silence – j’allais dire l’omerta institutionnalisée – qui frappe quiconque, journaliste, écrivain, activiste, qui ose dénoncer la férule subie par ces millions d’êtres humains de la part d’un régime dictatorial et sanguinaire installé et encouragé par les « dirigeants » de ce monde. Mais les Congolais et les réfugiés rwandais sont-ils encore considérés comme des êtres humains, combien pèsent-ils devant les intérêts des États et des multinationales ?

Y a-t-il des projets ou des initiatives futures auxquels vous participez ou que vous envisagez de mettre en œuvre pour soutenir la liberté de la presse et les droits de l’homme ?

Pour le moment je me limite, faute de moyens, à dénoncer à travers mes livres et les conférences-débats auxquelles je suis invité de temps en temps. Je dois ici crier mon découragement et mon désarroi en constatant que la France – et aussi la Belgique – n’est pas le pays de la liberté de presse que je m’étais toujours imaginé. Je ne vous en cite que quelques exemples : lors de la parution de mon livre intitulé La Grande manipulation de Paul Kagame aux éditions Arcane 17 en mai 2023, mon éditrice et moi-même avons pris grand soin d’en envoyer un exemplaire à pratiquement toutes les grandes rédactions régionales et nationales de la presse écrite et de la télévision. Aujourd’hui, près d’une année après, force est de constater que pas une seule ligne n’en a jamais été écrite ou publiée, pas un mot n’en a été dit à la télévision. De même que bien d’autres livres écrits et publiés par des journalistes et écrivains de talent comme les Américains Stephen Smith, et Reed Brody, la Canadienne Judi Rever ou encore la Britannique Michela Wrong et les prêtres belges Serge Desouter et Guy Theunis. Encore moins le professeur Filip Reyntjens… Même pas dans l’Humanité, journal communiste par excellence pour lequel ma co-autrice Françoise Germain Robin a été journaliste et grand reporter pendant 35 ans. Où est donc la liberté de presse quand on a vu il y a deux ans Mme Natacha Polony, directrice de rédaction du magazine Marianne, trainée devant la justice française pour avoir simplement dit dans une émission de radio, je la cite : « Pendant le génocide rwandais, il y avait des salauds dans les deux camps ». En résumé, je me battrai aussi longtemps qu’il le faudra pour rétablir la vérité sur ce sujet et tant qu’on voudra faire croire aux Français et au reste du monde que l’homme qui martyrise des millions de personnes en Afrique centrale est un saint et une victime, alors qu’en vérité c’est le pire meurtrier que le monde ait connu depuis un certain Adolf Hitler.

GERMAIN-ROBIN, Françoise, NAMUJIMBO, Déo. La grande manipulation de Paul Kagame, ed. Arcane 17, 2024.

En quoi ce prix raisonne-t-il particulièrement avec la situation actuelle en RDC selon vous ?

Pour moi, ce prix est la reconnaissance qu’il y a encore des personnes qui luttent et risquent leurs vies au quotidien non seulement pour les habitants de la RDC et du Rwanda, mais en général pour l’Afrique et le monde en général. Je résumerai simplement en citant l’exemple du correspondant en RDC de Radio France International, Stanys Bujakera Tshiamala, qui vient d’être libéré de prison après six mois passés à l’ombre pratiquement sans jugement et sans motif sérieux, simplement pour avoir fait son travail d’informer sur l’assassinat du porte-parole d’un opposant au chef de l’Etat…

Pouvez-vous nous faire un bref point de la situation du journalisme en RDC ? Quels sont les principaux moyens de censure des journalistes en RDC ?

Au risque de vous décevoir, je ne crois plus au journalisme en RDC. N’importe qui s’improvise journaliste pour peu qu’il sache écrire et publier quelques lignes pou raconter des blablas sur les réseaux sociaux. Lorsque tous les journaux, les radios et les maisons de télévision appartiennent à des hommes d’affaires, des partis politiques ou des églises vous comprendrez aisément que le journaliste ne peut que répercuter la voix de son maître. Depuis une trentaine d’années tous les bons journalistes sont morts, ont changé de métier ou sont partis vivre en exil.

Les journalistes s’autocensurent-ils ou pourrait-on parler d’un système de journalistes de “garde” qui défendent le gouvernement plutôt que de fournir une information véritable ?

Tout le monde sait exactement ce qui se passe mais n’ose pas en parler, surtout pas les journalistes qui ont intérêt à la fermer de peur de perdre leur boulot, de se retrouver en prison ou au cimetière. Ceux qui tiennent à leur honneur ou à faire du bon travail objectif et professionnel prennent le chemin de l’exil.

Vous soulignez que l’un des plus grands défis pour la République démocratique du Congo est la concentration considérable de richesses, notamment des minerais, sur son territoire. Dans ce contexte, pensez-vous que le pays est toujours en proie à un système de désordre organisé orchestré par des puissances extérieures, ou est-ce que l’arrivée de nouvelles puissances telles que la Russie ou la Chine a modifié cette dynamique ?

En toute honnêteté je ne suis plus au quotidien les réalités économiques de mon pays d’origine. Je ne connais donc pas avec précision l’ampleur de la mainmise de la Chine ou de la Russie par exemple dans l’économie de la RDC. Mais ce que je peux dire sans hésiter et sans peur d’être contredit, c’est que l’Occident a une grande part de responsabilités dans la situation dramatique que traverse cette partie du monde depuis plus d’un quart de siècle. Sinon comment pouvez-vous expliquer que la France, comme elle ne peut plus envoyer des mercenaires en Afrique comme du temps de Bob Denard, utilise aujourd’hui l’armée du Rwanda pour protéger les mines de gaz de Total Energies au Mozambique ? Qui pourrait me dire à quel jeu joue l’Union européenne en offrant régulièrement des dizaines de millions d’euros à l’armée rwandaise tout en condamnant cette même armée de soutenir la rébellion du M23 qui endeuille des millions de familles à l’est du Congo et cause des déplacements de millions d’autres personnes déplacées de leurs maisons et de leurs villages ?

Un seul exemple : il y a 18 mois environ l’on a découvert d’importants gisements de lithium dans les environs du village de Kishishe d’où les rebelles du M23 se sont empressés de faire fuir les habitants. Quelques mois plus tard l’Union européenne signe un contrat avec le Rwanda pour l’exploitation du lithium, en sachant pertinemment que ce pays ne décèle pas un seul gramme de ce minerai dans son sous-sol. Si vous y comprenez quelque chose, je vous envie.

Hormis ce que l’on vient d’évoquer, y a-t-il d’autres obstacles à la démocratie et au respect des droits de l’homme en RDC, et quelles solutions pourraient être envisagées pour les surmonter ?

Il existe en RDC toute une litanie d’obstacles à la démocratie et au respect des droits de l’homme mais ces obstacles sont dus à l’incompétence et à l’avidité des tenants du pouvoir à Kinshasa et dans les provinces. Les autorités politiques, militaires et administratives ne s’occupent que de piller le pays pour leurs propres intérêts, ne s’occupant pas un seul instant des millions d’enfants qui dorment dans la rue, des centaines de milliers d’autres qui n’ont pas les moyens d’aller à l’école.

Au point qu’un adage courant dit que tous les fonctionnaires congolais souffrent du SIDA : le Salaire Impayé Depuis des Années, pendant que le président de la République, les ministres, les officiers supérieurs, les députés et en général tous les « représentants » du peuple sont millionnaires, certains milliardaires, et se prélassent dans les plus luxueux palaces du monde. Comme on ne peut pas construire assez de prisons, la seule solution serait de construire un grand mur autour de la présidence de la République, du Sénat, de l’Assemblée nationale et de l’Etat-Major général de l’armée. Mais qui pour les remplacer ? C’est là la grande question. Je vous remercie.

Par Valentin Koprowski

RD CONGO : LA FEMME, LE SEXE ET LE PRÉSIDENT

Le titre est-il outré ? Rien de scandaleux quand on sait que la plupart des présidents au monde sont des « sex-symbols ». Quand on compare « L’Affaire Denise/Gisèle », les deux femmes du président Tshisekedi entrées en guerre, à d’autres aventures amoureuses que cachent des palais présidentiels, celle-ci n’a rien de plus piquant, en particulier. Ni rien de plus grave, en général.

Le scandale, qui a certainement couvé depuis longtemps auparavant, a éclaté mardi 21, accompagné par des scènes de violence spectaculaires. Depuis, il n’a cessé d’enfler en spéculation. Avec des commentaires à la pelle.

On parle souvent de la « sacralité » de la fonction de chef d’Etat. On n’y voit, souvent, que le haut échelon social auquel ce dernier est parvenu, alors qu’il s’y cache également un petit mystère. En fait, à ce stade de la situation, il semble que tous les chefs d’Etat deviennent beaux, forts, riches, etc. Mais ce qui est pour le moins étrange, ce que les intéressés eux-mêmes se considèrent comme tels.  Sujet d’exploration pour la psychologie.

Quand on se sent beau, fort et riche… et que toutes les femmes vous couvent d’un regard des plus attendrissants, le « sex-symbol » en soi se construit petit à petit, et la tripotée de scandales s’installe très vite. Est-ce le cas du président congolais ?

“Les deux femmes sont belles”

En cela, le cas d’Hitler, le dictateur allemand, est emblématique. Cet homme moustachu, en trois ans de pouvoir, avait reçu 12 000 lettres d’amour, provenant de femmes allemandes de toutes les conditions. Une lettre de l’une d’elles concluait : « Je ne peux plus aimer d’autres personnes plus que vous. Ecrivez-mois s’il vous plaît. » (Femmes de dictateur, édition Perrin 2011).

Pour en revenir au président congolais, sachez que Gisèle est la mère de ses deux enfants. Elle est belge à travers naturalisation, donc, congolaise par essence. A voir son visage sur photo, elle est belle. La Première dame, Denise, ne l’est pas moins. Donc, toutes les deux femmes sont belles. Y a-t-il une troisième et quatrième cachées ? Va savoir.

Quid ? On en est à une longue liste de questions, sans réponse. Dont celle principale : « Gisèle commençait-elle à avoir plus d’emprise sur le cœur du mari-polygame, au point d’effaroucher l’autre camp ? » En tout cas, le feu de la colère avec lequel Denise s’est fondu sur sa rivale reste inexplicable. Malmenée par la police en civil, accompagnée par ses deux enfants, Gisèle a été fort humiliée, avant d’être expulsée manu militari du pays. Motif : validité du passeport expirée.

Pour tout dire, on sent qu’il y a eu un sérieux télescopage entre les deux femmes, pour chercher à posséder le cœur de leur homme devenu « sex-symbol », par la force des choses. Et, à partir de là, bénéficier du « ruissellement » de la richesse qu’il engrange.

Sous l’ombre du baobab

Quant à notre constat, celui-ci est simple : une affaire privée, qui a pris à outrance le caractère public. Si la plupart des présidents sont des « sex-symbols » et que leurs aventures, par mégarde, ont atteint le degré à faire jaser, il faut avouer que « L’Affaire Denise/Gisèle » a eu le tort d’avoir donné en spectacle ce qui devait être réglé autrement. En douce, sur le mode de la palabre africaine, sous l’ombre réconciliatrice du baobab.  L’Afrique ne manque pas d’énergie langagière.

N’empêche. Les condamnations continuent de se multiplier. Les unes accusant la Première dame. D’autres pointant du doigt Gisèle. Une troisième catégorie fustigeant la « Maison civile » – chargée des affaires privées du président -, et surtout, le prince charmant en personne, en l’occurrence le président de la République. Qui a raison, qui a tort ?  Secret d’alcôve !

Pendant ce temps – et c’est là le drame -, les réseaux sociaux n’en démordent pas. Leur imagination sarcastique va jusqu’à vouloir embarquer faussement l’hebdomadaire « Jeune Afrique » dans cette « scène de ménage » burlesque, en vue de corser la sauce toxique, préparée malheureusement dans la propre cuisine du président.

Jean-Jules LEMA LANDU

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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MONTPELLIER. UN SOMMET FRANCE-AFRIQUE AVEC LES JEUNES. UNE PREMIÈRE.

L’information diffusée sur l’antenne de RFI mardi 14 septembre, au sujet de la tenue du sommet France-Afrique à Montpellier, le 9 octobre prochain, a laissé la plupart des Africains perplexes. Et pour cause. La rencontre ne mettra face au président français que les sociétés civiles, les jeunes. C’est une première. Exit donc les vieux présidents, frustrés !

L’idée a été discutée, en amont, entre l’Elysée et quelques élites intellectuelles africaines, dont le politologue et historien camerounais, Achille Mbembe. Celui-ci est également auteur de plusieurs ouvrages appelant au combat pour le développement du continent, tels « De la post-colonie » ou « Critique de la raison nègre », etc. Qui plus est, a accepté, dans le cadre du sommet de Montpellier, de piloter les dialogues France-Afrique : soixante-six ateliers dans 12 pays différents, quatre mois durant. Face aux jeunes.

Qu’à cela ne tienne, l’information paraissait avoir l’air de déjà-vu, à prendre en compte les opinions exprimées à travers les réseaux sociaux. De fait, les Africains pensent que tous les prédécesseurs du général de Gaulle ont eu chacun, en cette matière, leur propre antienne. Si celle-ci changeait de forme, son contenu ne variait pas d’un seul iota : « l’Afrique doit continuer de demeurer la chasse-gardée de la France », fredonnait-elle. Selon le vieux concept de « pré carré » médiéval.

Mais qu’en dit Benoît Verdeaux, fonctionnaire de l’Elysée et secrétaire général du Sommet de Montpellier, en contre-pied à cette conception quasi-générale des Africains ? Verdeaux est celui qui a accordé à Christophe Boisbouvier de RFI l’interview diffusée mardi, à l’origine de l’information qui fait question sur des réseaux sociaux. Surtout.

Volonté sans force

Visiblement fort en thème, Verdeaux s’est employé, en résumé, à démontrer que le temps était venu de mettre en valeur un autre type de relation entre la France et l’Afrique. « La vocation du sommet de Montpellier, c’est de réfléchir à réinventer et à redynamiser cette nouvelle relation », a-t-il souligné, tout en précisant que « les sommets de chefs d’Etat sont fondamentaux, très importants et utiles ».

C’est le grand plan dans lequel se côtoient les sujets habituels ayant trait au développement, à la démocratie, aux droits de l’Homme, etc. Mais, le sommet de Montpellier – une rencontre avec les jeunes -, ne manquera pas de jeter un coup d’œil sur les sujets additionnels d’actualité qui importent : les coups d’Etat successifs en Afrique de l’Ouest et l’avancée de la Russie en Afrique centrale et au Sahel.

Pour la France, la situation du Tchad est dérangeante. La position du chef d’Etat français est diversement appréciée, avec plus de condamnations. On pense généralement qu’il y a soutenu le coup d’Etat fomenté par le fils d’Idriss Déby, tué. Macron s’en expliquera, sans filtre, a prévenu le fonctionnaire de l’Elysée, Verdeaux.

Quid de ce sommet aux allures martiales ? N’assisterons-nous pas aux mêmes éléments de langage affectionnés par tous les successeurs du général de Gaulle ? Macron est-il « libre » d’engager cette « réforme » libératrice pour les pays africains ? Car, dans cette histoire de Françafrique – différente du concept classique France-Afrique -, se trouvent plusieurs centres d’intérêt, prêts à ne rien lâcher. Jean-Jacques Rousseau ne pensait-il pas, à juste titre, que « la volonté sans force est peine perdue » ?

Jean-Jules LEMA LANDU

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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LA RD CONGO ET LES MARCHANDS DE RÊVES

Parole d’or ? On ne se gratte pas l’occiput, pour en connaître le sens. Celui-ci coule de source : c’est une parole de sagesse (cependant, différente de celle que donne la Bible, pour les chrétiens) ; elle est éclatante comme si elle était faite d’or. Or, l’or a de la valeur, laquelle, une fois prêtée à la parole, celle-ci se transforme vite en « vérité » ; en « vertu » ; en « bien » …

Le contraire, heureusement, ne fait pas dans l’explication longue, comme c’est le cas de son antonyme, épinglé ci-haut. Tissé en périphrase. Non, non. Le contraire, en peu de mots, veut dire : mensonge. Tout simplement.

Ce mot, qu’il soit dit, écrit ou pensé en français, en lingala, en kiswahili ou en chinois, il est hideux. Nous, Congolais, en connaissons le sens profond que n’importe quel autre peuple au monde. Pour en être victime, des décennies durant. Le mensonge, en RD Congo, n’est pas le fait du peuple, c’est plutôt celui de ses dirigeants ringards. Ils en raffolent, à la vie, à la mort.

Tenez, depuis Mobutu, ils nous ont roulés dans la farine, jusqu’à nous faire rêver d’îlots aux frontières du Paradis. En pure fabulation. Voyons voir maintenant un mensonge, un seul, par individu :

Joseph Mobutu, qu’a-t-il dit ? Il fut plus mégalomane qu’un distributeur de rêves. Il créa plutôt une légende bien ficelée – et bien gobée par une bonne partie de Congolais -, selon laquelle il avait tué (à 17 ans) un léopard, à mains nues. Était-ce pour cela que sa toque en peau de léopard faisait-elle peur aux Congolais ? Du vrai machiavélisme à la congolaise ;

Laurent Kabila, un menteur invétéré. Dès sa prise du pouvoir en mai 1997, il dit au peuple congolais, enthousiasmé devant ce deus ex machina, qui a fait fuir le dictateur Mobutu : « Je vais vous construire une ‘autoroute’ de l’ouest à l’extrême sud-est.», au sud-ouest. Soit près de 2000 km, à travers forêts, montagnes et escarpés. Ahurissant ! Même les Belges ne l’ont pas fait. Ils ne pouvaient même pas imaginer un projet aussi loufoque ;

Joseph Kabila, le taiseux. Ah, malgré tout, il a touché à un lourd mensonge ! Il a promis la réalisation de « Cinq Chantiers », comprenant le développement intégral du Congolais. Il semble que l’homme était (il l’est encore ?) un chrétien protestant zélé. Et qu’il voulait faire de la RD Congo un pays de prière. En lieu et place, c’est du macabre, comme leg : fosses communes, corps surgelés dans la résidence d’un général à sa dévotion … dans une chapelle ardente animée par des cantiques diaboliques d’une classe politique médiocre ;

Enfin, Félix Antoine Tshisekedi, dit Fatshi-Béton,  ou celui qui commence à construire l’avenir de la RD Congo en béton. Pourtant, avec lui, c’est le bouquet.

En voici un fait plus que parlant : c’était tout récemment en Allemagne, devant la chancelière Angela Merkel : « Madame, je vais faire de la RD Congo, l’Allemagne d’Afrique », avait-il déclamé.  Comment un chef d’Etat Africain, par-dessus tout, quémandeur professionnel, sébile à la main, peut-il se gonfler à ce point… plus que la grenouille de La Fontaine ? Or, nous connaissons le triste sort de cette grenouille-là …

Mensonge, qui, en Allemagne, a fait remuer dans leurs tombes Goethe, Kant et Martin Luther. En RD Congo, pour la première fois, Lumumba (sans tombe, mais bienheureux au Ciel) s’en est vraiment offusqué, couvert de honte. Devant la multitude d’autres saints.

Mentez, mentez, chers présidents-marchands de rêves, il en restera toujours quelque chose. Puisque les souvenirs de mauvais rêves, surtout, ont la peau dure. Le peuple vous en tiendra éternellement rigueur.

Jean-Jules LEMA LANDU

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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RD CONGO. DE MOÏSE TSHOMBE À MOÏSE KATUMBI ?

Qu’on le veuille ou non, on est déjà en face du bégaiement de l’Histoire. Certes, à des nuances près. De Moïse Tshombe à Moïse Katumbi – 59 ans après -, il ne reste plus qu’un petit pas à sauter par ce dernier, pour se voir placé sur la ligne de départ de la présidentielle, en 2023. Et tenter ainsi d’accéder au pouvoir. Sera-ce, encore une fois, au mépris de la paix ?

La chose est dans le viseur de l’ex-gouverneur de la province du Katanga, Moise Katumbi. Y arrivera-t-il, compte tenu de l’obstacle majeur, publiquement dressé sur son chemin ? Il s’agit de la proposition de « loi Tshiani », qui préconise l’exercice des hautes fonctions du pays être uniquement le fait des sujets nés « de père et de mère » congolais. Or, Katumbi est de père grec.

Il faut avouer que cette attaque est foudroyante, en dépit de tout ce qu’elle peut avoir d’accent démocratique. Vient-elle, en sourdine, de la présidence de la République, le président Félix Tshisekedi s’étant déjà déclaré partant pour la course, et Katumbi étant son challenger potentiellement dangereux ?

Quoi qu’il soit, on a vite oublié que Katumbi a été le premier à s’opposer publiquement à la toute-puissance du précédent président Joseph Kabila. C’est un va-t’en guerre, un baroudeur et homme à ne pas se laisser marcher sur ses bisées, sans réactions, de sa part. S’il ne l’a pas toléré sous le régime de plomb de Kabila, le ferait-il sous celui de Tshisekedi, dont les bases de la dictature sont encore flottantes ?

La ligne rouge

Sa réponse, dans cet ordre d’idée, à la question lui posée dernièrement par l’hebdomadaire Jeune Afrique (n° 3104, septembre), révèle le degré de sa pugnacité :

— Jeune Afrique : Quitteriez-vous l’Union sacrée (la majorité parlementaire créée par Tshisekedi) si cette loi venait à être adoptée  

— Moïse Katumbi : Oui, il s’agit d’une ligne rouge. Si elle venait à être ne serait-ce que programmée pour être débattue au Parlement, nous quitterons la majorité.

Moïse Katumbi

Les dés sont-ils jetés ? C’est là une sorte de « Alea jacta est » de Jules César. Un défi direct qu’il lance au pouvoir en place (dont il fait partie). Mais au-delà de cette contradiction apparente, Katumbi n’a jamais été du même bord que Tshisekedi. Il ne pouvait en être autrement quand on sait qu’il nourrissait des ambitions présidentielles, depuis 2015, après avoir rompu brutalement avec Kabila.

Partant, il est peu de dire que les deux protagonistes évoluaient, depuis, dans une atmosphère de guerre larvée, faite d’hypocrisie, dont chacun prévoyait une fin du moins inamicale. Ils savaient tous deux que cette histoire de l’Union sacrée ne les servirait qu’un temps, pour masquer leur différence. Et, sans doute, les préparer avant de monter sur l’arène.

Et donc, c’est en termes de « guerre » qu’il faut analyser les propos de l’ancien gouverneur de province. « Quitter l’Union sacrée », pour Katumbi – et pour nous tous, par ailleurs -, ne signifie pas moins briser la majorité parlementaire actuelle et amener ainsi le chef de l’État à un autre mode de gouvernement pour se maintenir au pouvoir. Katumbi sait ce qu’il dit. Il sait qu’il suffit de provoquer une fissure sur cet assemblage – fait de bric et broc -, pour que l’édifice s’écroule de toute sa laideur politique. Tsisekedi le sais aussi pertinemment bien.

Voilà pour la riposte de l’ancien gouverneur du Katanga ! Ce n’est pas tout. Il garde encore une flèche supplémentaire dans son carquois : il est en capacité, à tout moment, de mener une rébellion sécessionniste du Katanga. On sait qu’ils s’y tassent des « cellules dormantes », disciples d’un « Katanga indépendant », qui n’attendent que la présence d’un leadership puissant et organisé. L’ex-gouverneur de province bouderait-il le plaisir, à travers une telle occasion, de faire pièce à son rival ?

Velléités de séparatisme 

En politique, point d’amitié. Sauf des intérêts, dit-on. Rien d’étonnant donc que les deux hommes, les « deux frères », en arrivent aujourd’hui à se regarder en chiens de faïence, aussi discrètement soit-il. Dans son célèbre ouvrage intitulé « Le savant et le politique », Max Weber affirme que « la politique est, par essence, conflit entre les nations, entre les partis, entre les individus ».

Que faut-il en penser, globalement ? À partir de ce point, le spectre des années soixante commence à reprendre chair : situation politique trouble ; acteurs sur scène ne sachant pas ce qu’ils y font ; tribalisme à outrance et velléité de séparatisme, à l’image de Moïse Tshombe, pour la province du Katanga ; Albert Kalonji, pour la province du Kasaï, et même, dans une faible mesure, de Kasavubu, pour la province du Bas-Congo.

De toutes les rébellions, la sécession du Katanga, emmenée par Moïse Tshombe et épaulée ouvertement par la Belgique, fut la plus dure. Elle fut, à partir de 1962, un projet des Congolais, sur la base des ambitions déçues, les Belges n’y ayant occupé que la place du troisième larron, pour piller. La preuve en fut administrée, lorsque sous l’égide de l’ONU, Tshombe accepta de bonne grâce le poste de Premier ministre (1964-1965), sous Mobutu.

Les éléments de similitude entre les deux époques sont du moins frappants, sinon inquiétants. On en prendra quelques-uns pour l’illustration : hier, ce furent les Belges, en position de troisième larron, pour piller, aujourd’hui, ce sont le Rwanda et l’Uganda, se livrant à la même besogne, pour soutenir un régime illégal ; la scène politique brouillée, avec des acteurs jouant le théâtre des ombres ; le retour avec force du tribalisme… et, enfin, les deux « Moïse », avec des ambitions présidentielles en obsession. L’un alla, pour ce faire, jusqu’à monter une sécession.

Histoire des chaumières

Dans la perspective des élections prochaines et de toutes les combinaisons qu’elles impliquent pour donner la victoire aux plus méritants (choisis par le peuple), quelle est la « pensée » du nouveau Moïse ? Va-t-on passer de Moïse Tshombe à Moïse Katumbi, avec élégance, sans recourir à la sécession comme arme ultime, quelles qu’en soient les raisons ? Il faut empêcher l’Histoire de bégayer !           

Mais qu’en pense également le président Tshisekedi ? Qu’importe le projet de « loi Tshiani », pour le moment ? Quelle est son urgence, par rapport aux problèmes cruciaux qui accablent le peuple ? Qu’importe le personnage de M. Kadima pour le siège de président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ? Une multitude de Congolais ne peuvent-ils pas assumer ces fonctions avec brio ? Somme toute, des questions solubles. Très solubles.

Devant toutes ces questions de la Cité, il appartient au président Tshisekedi d’apporter des solutions idoines. Et de faire ainsi, tous les jours, le choix entre la place de grands hommes dans l’Histoire et le prestige fugitif, propre à satisfaire les esprits obtus… à loger dans des chaumières.

Jean-Jules LEMA LANDU

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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La France en passe de lâcher le gouvernement de Brazzaville ?

Anatole Collinet Makosso

Une forte délégation gouvernementale du Congo-Brazzaville, conduite par son premier ministre, Anatole Collinet Makosso, arrive à Paris le 23 août pour faire la manche. Mais selon des observateurs avertis de la vie politique franco-congolaise, des nuages épais qui planeraient sur les deux pays, et d’autre part la crise socio-économique et sanitaire que traverse l’Occident, ne militent pas en faveur de cette délégation qui risque de percevoir au cours de son aumône moins de dividende que ce qu’elle espérait récolter.

Nonobstant leur hold-up électoral perpétré le 22 mars 2021 et les relations diplomatiques entretenues entre le Congo avec la Russie, la Chine, la Turquie, mais aussi les dons et legs reçus çà et là, M. Sassou et ses lieutenants n’arrivent toujours pas à sortir le Congo du gouffre. Ce pays traverse une période de récession sans pareil. Tous les indicateurs financiers sont au rouge. L’arrivée de la mission gouvernementale congolaise à Paris en France va-t-elle permettre de débloquer certains accords financiers remis aux calendes grecques depuis belle lurette ?

Pour « déblayer » le terrain, quelques lobbies et autorités politico-administratives congolais et des ministres Antoine Nicéphore Fylla Saint-Eudes et Thierry Lezin Moungalla, sont déjà à Paris. La tâche est difficile car, selon certaines indiscrétions, ces deux mousquetaires et autres sont en France non pas seulement pour prendre des contacts préliminaires avec les autorités françaises concernées par la mission du premier ministre congolais, mais aussi pour des soins médicaux. Si cette dernière thèse est vérifiée, il est normal que ces deux hommes politiques congolais s’y rendent, car, le Congo-Brazzaville est dépourvu des plateaux techniques médicaux complets.

Ces hommes politiques qui ont développé, depuis leur entrée au gouvernement, un penchant à se considérer comme le centre du monde, brillent par l’indifférence notoire vis-à-vis des difficultés et des souffrances auxquelles les populations sont confrontées avec beaucoup d’acuité. Ce n’est un secret pour personne. Ces nouveaux riches n’hésitent pas à faire main basse sur les fonds publics pour satisfaire leurs intérêts égoïstes. Pour se requinquer, ils sont admis dans les hôpitaux de renom d’Europe. Et souvent, leurs séjours médicaux répétés sont rendus possibles par l’argent du contribuable congolais.

Par ailleurs, les lobbies maçonniques, mais aussi d’affaires, qui devaient influencer certaines sphères de décisions grâce au congolo-zaïrois, Nick Fylla, sont en déroute depuis le départ du pouvoir de Nicolas Sarkozy, du Vénérable Très Grand Recessime Maitre Jean François Stifani y compris les rivalités fraternelles auxquelles des adeptes des loges sont exposés qui les caractérisent actuellement.

Il en est de même pour Thierry Lézin Moungalla et sa patronne, Claudia Lemboumba Sassou Nguesso, chargée de la communication et des relations publiques à la présidence de la République du Congo. Claudia Sassou-Nguesso et Lézin Moungalla n’ont pas pignon sur rue. Ils peinent à vendre l’image de leur pays, malgré les millions d’euros qu’ils sortent du trésor public congolais, et les manœuvres intempestives et maladroites de propagande qu’ils mettent en place pour redorer le blason terni de Sassou et du Congo à cause de certains problèmes qui fâchent. Ensuite, les deux communicateurs en chef de M.Sassou doivent solder le contentieux qu’ils ont créé, en refusant aux observateurs occidentaux et à certains journalistes, dont Florence Morice de RFI, d’avoir un œil sur déroulement de la présidentielle de mars 2021.

Ce scrutin a été purement et simplement, pour une énième fois, un hold-up électoral. Il a emporté, le même jour, Guy Brice Parfait Kolelas, challenger de Sassou Nguesso. La dépouille mortelle est toujours en dépôt à l’Institut médico-légal de Paris, depuis le 22 mars 2021 pour des recherches approfondies sur les causes de son décès. 

Du coup, les minimes chances de succès de cette délégation gouvernementale reposent désormais sur les épaules des ministres, Denis Christel Sassou NGuesso, soutenu par quelques membres du MEDEF, Roger Rigobert Andely, qui n’est pas trop pointé du doigt dans des scandales. Mais, les business français ont-ils vraiment oublié le scandale de 2010 concernant les détournements de fonds de la Banque des États de l’Afrique centrale et des obligations de la BSCA (Banque sino-congolaise pour l’Afrique), où il a été respectivement, vice-gouverneur et président du Conseil d’administration ?

Une nouvelle chance pour le Congo ?

Oui, la mission est difficile et délicate, mais, rien n’est impossible à celui qui croit. Certains hommes politiques congolais se disent confiants à l’issue heureuse des rencontres qui auront lieu. Un haut responsable du Quai d’Orsay qui s’est confié à nous, a exprimé également son optimisme quant à la réussite de la mission congolaise. Il avoue que la France, stratégiquement, n’a aucun intérêt à perdre le Congo, après les tensions qui ont été récemment observées en Centrafrique, au Mali, etc. En Afrique centrale, le Congo-Brazzaville est, économiquement, le 3ème client de la France avec un solde commercial excédentaire en 2020, estimé à 215 M euros. En sus, le patronat français qui est plus ou moins indépendant devrait donner une nouvelle chance au Congo, par le gouvernement Makosso, s’il s’engage à assainir le climat des affaires et à œuvrer pour la réduction des dépenses de prestige. D’ailleurs, le chef du gouvernement actuel qui est bien connu dans des milieux français, pour ses publications littéraires et scientifiques, mais aussi par ses différentes initiatives en faveur du rétablissement de la paix dans plusieurs pays, bénéficie donc d’une forte admiration.

Les institutions internationales, comme la Banque Mondiale, l’Unicef, l’Unesco, par exemple, qui l’ont accompagné pendant qu’il était ministre de l’Enseignement connaissent bien l’homme. « Pourvu que la lutte contre la corruption et la dilapidation des fonds publics soit une grande priorité pour son gouvernement, y compris l’éradication de la pandémie Covid-19 », a renchéri ce cadre du Quai d’Orsay.

Certes, Anatole Collinet Makosso est un homme de dialogue. Il voyage, constamment, dans des vols commerciaux, entre Pointe-Noire et Brazzaville, une manière pour lui de respecter, tant soit peu, la règle d’orthodoxie financière. Mais, tout homme sorti du moule de Sassou Nguesso est un potentiel danger. La preuve, voyons comment Collinet Makosso opérera sa transmutation. Restera-t-il comme le bois qui ne se transforme pas, même après un long séjour dans l’eau ? Laissons le temps au temps. Ses prédateurs sont en ordre de bataille, parce qu’ils souhaitent son échec. C’est un secret de polichinelle. Selon nos indiscrétions, ils se donnent déjà des tacles et militent pour faire échec à cette mission au MEDEF, auprès de l’État français et à l’union européenne.

Ghys Fortune BEMBA-DOMBE, journaliste congolais, ancien résident de la Maison des journalistes (MDJ). Auteur du livre “De l’Enfer à la Liberté” (2019)

 

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