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Boko Haram : Barack Obama au Cameroun pour contrer l’influence russe et chinoise?

[Par René DASSIE’]

Après la Russie et la Chine, les États-Unis s’engagent à leur tour auprès du Cameroun dans la lutte contre Boko Haram. Un soutien intéressé, estiment certains observateurs.

Barack Obama annonce le déploiement de 300 militaires au Cameroun (source : europe1.fr)

Barack Obama annonce le déploiement de 300 militaires au Cameroun (source : europe1.fr)

Le président américain Barack Obama a décidé d’envoyer trois cents militaires au Cameroun, pour lutter contre Boko Haram. Il ne s’agit toutefois pas de troupes combattantes : d’après leur feuille de mission dévoilée par la Maison Blanche, ces soldats limiteront leurs actions à la surveillance par voie aérienne et au renseignement. Ils ne sont autorisés à faire usage de leurs armes que pour se défendre.

Quatre-vingt-dix d’entre eux se trouvent au Cameroun depuis lundi, comme l’a indiqué Barack Obama dans une correspondance adressée mercredi aux deux chambres du Congrès.

La durée de leur mission est indéterminée. Ils resteront au Cameroun « jusqu’à ce que leur soutien ne soit plus nécessaire », a écrit le président américain.

Trois cents hommes qui ne prennent pas directement part aux combats c’est peu, lorsqu’on sait que Paul Biya, le président camerounais, a plusieurs fois sollicité ces deux dernières années le soutien de la communauté internationale pour faire face aux islamistes de Boko Haram.

Ce n’est pas rien non plus, lorsqu’on considère l’importance stratégique de la surveillance, surtout aérienne, dans une guerre asymétrique comme celle qui oppose plusieurs États d’Afrique centrale au groupe Boko Haram.

Affaiblis notamment depuis l’entrée dans le conflit mi-janvier de l’armée tchadienne, les islamistes évitent désormais les confrontations frontales, n’attaquant que sporadiquement pour se fondre ensuite dans la nature, et recourent massivement aux attentats-suicides.

Les renseignement que fourniraient les militaires américains pourraient donc s’avérer précieux dans ce contexte. Ils permettraient notamment d’observer les mouvements suspects entre le Cameroun et le Nigeria dans le but d’anticiper les attaques. Les soldats africains pourraient aussi plus facilement contrer les mouvements de repli des combattants islamistes, qui s’en prennent régulièrement aux villages isolés et peu protégés.

Des interrogations subsistent cependant, au sujet des motivations de Washington, qui s’est jusqu’ici montrée réticente à entrer dans cette guerre. Pourquoi Barack Obama a-t-il en effet décidé de fournir au Cameroun un appui qu’il a refusé au Nigeria, où Boko Haram est né et fait le plus grand nombre de victimes ? Pourquoi vole-t-il au secours de Paul Biya, que son pays considère pourtant comme un dictateur ayant du sang sur les mains, tout en refusant d’aider Muhammadu Buhari qui, lui, bénéficie d’une incontestable onction démocratique ?

Lors de son séjour aux États-Unis en juillet dernier, le président nigérian n’avait en effet pas caché sa désolation vis-à-vis du refus des Américains de lui fournir des armes pour combattre Boko Haram. Pour M. Buhari, Washington était même coupable, par ce refus, de soutenir indirectement les islamistes qui se sont lourdement équipés en pillant les réserves de l’armée régulière pendant le mandat de l’ancien président Goodluck Jonathan.

Seidik Abba. © RFI/Sébastien Bonijol

Seidik Abba. © RFI/Sébastien Bonijol

Dans une interview accordée à France 24, Seidik Abba, journaliste et écrivain nigérien spécialiste de la région, rappelle les raisons, déjà connues, de la réticence de Washington à livrer des armes à Abuja.

« Les Américains ne sont pas satisfaits de la façon dont l’armée nigériane se comporte et estiment que le Nigeria n’est pas respectueux des droits de l’Homme », déclare-t-il. Une loi dite « Leahy », comme l’explique France 24, empêche en effet l’administration américaine d’aider militairement un pays accusé de violation des droits de l’Homme. Et au Nigeria, les droits de l’Homme sont massivement violés.

Dans son rapport de septembre 2014, l’ONG Amnesty International signalait en effet de nombreuses exactions commises à l’encontre de la population civile par les militaires nigérians, lesquels auraient massivement torturé, violé et tué indistinctement des femmes, des hommes et des mineurs lors de leur traque des islamistes.

« Fin 2014, lorsque les relations entre les deux pays commençaient à se tendre, Washington avait cessé d’entraîner un bataillon de l’armée nigériane, en raison de désaccords sur la gestion de la gouvernance », ajoute Seidik Abba.

Cependant, à l’observation, les griefs du gouvernement américain à l’égard du Nigeria pourraient s’appliquer point par point au Cameroun.

Vu de Washington en effet, le gouvernement camerounais n’est pas non plus exemplaire au sujet du respect des droits de l’Homme. Bien au contraire. Ces dernières années, le Département d’État a régulièrement épinglé Yaoundé sur la question des droits et libertés des citoyens.

Son dernier rapport publié il y a quelques mois décrit d’ailleurs une situation particulièrement alarmante. Les prisons y sont présentées comme de véritables mouroirs atrocement surpeuplés dans lesquels la malnutrition, la promiscuité et l’insalubrité font le lit de toutes sortes de maladies contagieuses qui déciment les prisonniers. Parallèlement, souligne le rapport, depuis le début de la guerre contre Boko Haram, les autorités camerounaises ont procédé à de nombreuses arrestations suivies de détentions arbitraires.

Yaoundé a également limité la liberté de manifester, en promulguant une loi controversée dite anti-terroriste qui punit de la peine de mort toute protestation publique de nature à gêner le fonctionnement des institutions.

Le rapport du Département d’Etat signale enfin des prisonniers politiques, à l’instar de l’ancien ministre de l’Intérieur, Marafa Hamidou Yaya, condamné à 25 ans de prison pour « complicité intellectuelle » dans une affaire d’achat d’avion présidentiel qu’il n’avait pas eu à gérer.

Amnesty International ne dit pas autre chose. L’ONG soutient que l’armée camerounaise s’est rendue coupable de nombreuses exactions à l’égard des civils. Comme l’armée nigériane.

Dans son dernier rapport publié il y a quelques semaines, Amnesty International indique que les militaires déployés par Yaoundé dans l’extrême-nord du pays où sévissent les islamistes ont procédé à des centaines d’arrestations arbitraires et ont massivement recouru à la torture.

Plusieurs dizaines de personnes auraient trouvé la mort dans ces conditions. L’ONG a décrit des cellules surpeuplées dans lesquelles des dizaines de détenus sont morts étouffés. Le gouvernement camerounais a d’ailleurs reconnu qu’il y avait eu des incidents, même s’il a tenté de les minimiser.

Si l’on s’en tenait donc strictement au critère du respect des droits humains, Yaoundé ne serait pas mieux placée qu’Abuja pour recevoir un soutien militaire de Washington.

Alors pourquoi ? Barack Obama est resté silencieux sur les raisons qui l’ont motivé à envoyer des forces au Cameroun.

Sur les réseaux sociaux, son soutien au gouvernement camerounais alimente les conjectures parmi les Camerounais. Certains y voient une réponse à l’appel à l’aide de Paul Biya, ce qui constitue donc une victoire diplomatique pour celui-ci. Cela paraît peu probable, au regard du refroidissement des relations entre Washington et Yaoundé.

En août 2014, le ministre camerounais de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, avait déclaré à Yaoundé, peu après le retour de la délégation camerounaise du sommet États-Unis – Afrique, que « Barack Obama n’a pas à nous dicter la démocratie ». Particulièrement remonté, le ministre répondait à un journaliste qui avait sollicité son avis, lors d’une conférence de presse, sur la décision du gouvernement américain de conditionner l’octroi de l’aide au développement à la transparence politique et au respect des droits de l’Homme. Deux critères que le Cameroun ne remplit assurément pas.

D’autres observateurs pensent que l’appui militaire de Barack Obama n’est pas désintéressé, mais vise en réalité à contrer l’influence sino-russe, qui, via le Cameroun, pourrait s’affirmer dans le golfe de Guinée.

Melvin Akam

Melvin Akam

Ancien rédacteur en chef du quotidien Le Messager basé à Douala, Melvin Akam observe ainsi sur sa page Facebook que « Le Cameroun est peut-être le seul pays au monde qui parvienne à unir les USA, la Russie, la Chine et la France dans un conflit ». Un constat qui semble cadrer avec la réalité.

En janvier, l’ambassadeur russe à Yaoundé, Nikolay Ratsiborinsky, avait déclaré à la radio nationale que son pays allait fournir au Cameroun « quelques armements et systèmes les plus sophistiqués de dernière génération ». Parmi lesquels « l’artillerie, y compris l’artillerie de missile, la protection aérienne, le système anti-aérien de missiles et de canons, le transport de personnel, les camions blindés et les autres équipements et armements. »

D’autre part, peu ou prou boudé par Paris, le gouvernement camerounais s’est tourné vers la Chine pour améliorer ses capacités militaires et acquérir des armements. En juin 2014, des journaux du cru avaient signalé la présence de trois navires de guerre chinois sur la côte atlantique, près de la ville de Douala. Marins chinois et locaux auraient à cette occasion mené des exercices conjoints.

Le 7 août, Paul Biya recevait en audience Wang Lin, dirigeant de deux consortium chinois spécialisés entre autre dans la vente des matériels militaires. C’était au plus fort d’une controverse impliquant l’ancien ministre camerounais délégué à la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, au sujet de l’achat des armes en Chine. M. Mebe Ngo’o qui vient de perdre le portefeuille de la Défense pour celui moins prestigieux des Transports était alors accusé par voie de presse d’avoir acheté en Chine, dans des conditions douteuses, des équipements lourds, notamment des blindés et des hélicoptères Z8 dont certains s’étaient révélés défectueux.

Russes et Américains qui en Syrie soutiennent des camps opposés pourraient-ils s’accorder au sujet de la lutte contre Boko Haram ?

 

 

Cameroun – Boko Haram : Paul Biya, un chef de guerre “nonchalant”

[Par René DASSIE]

Engagés dans une inquiétante escalade, les islamistes ont commis cinq attentats-suicides dans le nord du Cameroun, en deux semaines. Le président Paul Biya ne s’est pas adressé à la nation au moment où la panique s’installe dans les villes. L’absence d’un chef de guerre actif se fait vivement sentir dans le pays.

Paul Biya en juillet 2015 ©voaafrique.com

Paul Biya en juillet 2015 ©voaafrique.com

« Nonchalante ». Voilà le terme utilisé par le Social Democratic Front (SDF), le principal parti de l’opposition camerounaise, pour qualifier l’attitude de Paul Biya, face aux agressions toujours plus violentes des islamistes de Boko Haram.

Le SDF se sent intrigué par « l’approche nonchalante à cette grave menace à la sécurité nationale du commandant en chef de nos forces armées, chef de l’État, qui a obstinément refusé de s’adresser à la nation et de consulter les associations politiques et civiles avant la riposte à ces événements tristes et tragiques ».

Le parti du chairman Ni John Fru Ndi, lui aussi inaudible depuis que le Cameroun fait face aux incursions meurtrières des islamistes venues du Nigeria voisins’exprimait ainsi samedi dernier, à l’issue de la réunion de son comité exécutif à Bamenda son fief, et capitale régionale du Nord-Ouest anglophone. C’est-à-dire trois jours après la visite d’État du président nigérian Muhammadu Buhari, venu voir Paul Biya à Yaoundé, dans l’espoir de sceller avec lui un accord en vue d’ une meilleure coordination de leurs actions contre Boko Haram.

Le point de vue du SDF est largement partagée par l’opinion camerounaise. Il y a une dizaine de jours, le quotidien Le Messager évoquait déjà « l’incroyable complaisance de Paul Biya », au moment où les islamistes frappaient durement le pays.

Attentats-suicides

Coup sur coup, entre le 12 et le 25 juillet, Fotokol, une cité de l’extrême-Nord du Cameroun proche de la frontière avec le Nigeria et souvent visée par les islamistes, et Maroua, une ville symbole, à la fois capitale régionale et centre opérationnel du dispositif militaire national de lutte contre Boko Haram, ont été la cible de cinq attentats-suicides attribués à Boko Haram. Bilan: plus de 40 morts et des dizaines de blessés, civils pour la plupart.

Ces attaques ne sont pas les plus meurtrières commises sur le sol camerounais depuis le début des hostilités, les islamistes ont fait pire à Fotokol en février dernier, en massacrant, selon des sources crédibles, plusieurs centaines de personnes. Elles ont cependant causé un choc inédit dans tout le pays, eu égard au changement radical du mode opératoire des assaillants, qui, pour la première fois, ont fait usage de « bombes humaines »

Voisins du Cameroun, seuls le Nigeria et le Tchad eux-aussi confrontés à la menace terroriste avaient en effet jusque-là connu des attentats-suicides meurtriers.

D’où le choc et la stupeur qui se sont emparés des concitoyens de Paul Biya, lorsqu’on leur a appris que les assaillants de Fotokol et de Maroua étaient pour la plupart des adolescentes, qui portaient le voile islamique intégral, sous lequel on avait dissimulé des charges explosives qu’elles ont déclenché dans des lieux publics, causant leur propre mort et celle de nombreux innocents.

Paul Biya silencieux

« Il s’agit clairement d’une escalade. Et le président Paul Biya déjà l’objet de nombreuses critiques a manqué une occasion de revêtir les habits de chef de guerre », relève un observateur.

Face à la gravité de la situation, le président camerounais aurait dû en effet beaucoup communiqué.

Il aurait dû envahir les écrans de télévision, les ondes des radios et les colonnes des journaux, pour rassurer les populations et atténuer l’effet de panique et de confusion recherché par les islamistes. Comme le fit l’ancien président américain Georges Bush debout, mégaphone en main sur les ruines du Word trade center à New York peu après les attentats du 11 septembre 2001. Ou comme le fit en janvier François Hollande, dont l’image dévalant quatre à quatre les marches de l’Élysée le 7 janvier dernier, pour se rendre au siège du journal satirique Charly Hebdo, victime d’une attaque terroriste, fit le tour du monde.

Le président camerounais a fait le choix de se contenter d’une réaction minimale, froide et distante.

Lundi 13 juillet, au lendemain des deux premiers attentats-suicides commis à Fotokol qui ont fait treize morts dont les deux kamikazes et sept blessés, Paul Biya est resté silencieux. C’est le Secrétaire général de la présidence camerounaise, Ferdinand Ngoh Ngoh, qui a signé un communiqué lu sur les médias d’État, rapportant à la troisième personne des propos attribués au chef d’État camerounais. Lesquels condamnent « avec fermeté ces attentats lâches et odieux ».

« Rebelote » une dizaine de jours plus tard. Le 22 juillet, les terroristes récidivent en frappant Maroua. Un double attentat-suicide cible un lieu populaire de la ville, faisant 13 morts et 32 blessés selon le bilan officiel. C’est encore Ferdinand Ngoh Ngoh, qui rapporte aux Camerounais par communiqué, la réaction de Paul Biya.

© rfi.fr

© rfi.fr

Lorsque trois jours plus tard un nouvel attentat-suicide endeuille la même ville, le collaborateur du président ne juge plus nécessaire de rédiger un nouveau communiqué au nom de son patron. Paul Biya n’est même pas alors à Yaoundé. Peu après la visite du président français François Hollande, il s’était retiré à Mvomeka’a, son village natal dans le sud du Cameroun, où il s’était fait bâtir un somptueux palais.

Le quotidien Le Messager qui juge « froids et impersonnels » les communiqués de la présidence camerounaise a fait un parallèle entre l’attitude de Paul Biya et celle du président Idriss Déby, qui lui, se comporte en véritable chef de guerre.

En juin, le président tchadien avait décrété trois jours de deuil national en mémoire des victimes du double attentat terroriste qui avait fait 33 morts à N’Djamena, la capitale. « Les auteurs répondront de leurs actes » avait laissé entendre M. Déby, dès son retour du sommet du 25e sommet de l’Union Africaine de Johannesburg en Afrique du Sud.  

La désinvolture de Paul Biya est telle que les médias officiels habitués à lui tresser des lauriers à la moindre action doivent se livrer à de ridicules contorsions éditoriales, pour lui fabriquer une présence, même fictive, auprès des populations agressées.

Le 24 juillet, Cameroun Tribune, le quotidien d’État, titrait ainsi à sa Une : « Double attaque-suicide de Maroua : Paul Biya réconforte les victimes ». Cependant, la photo illustrant le titre montrait plutôt le ministre de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o debout dans un hôpital de la ville, face à un survivant de l’attentat blessé et alité.

Ce trompe-l’œil n’est pas sans rappeler le photomontage publié sur le site de la présidence camerounaise, et montrant Paul Biya rendant hommage aux soldats tombés dans la guerre contre Boko Haram, qui avait fait scandale début mars dernier. Face au tollé suscité par cette affaire, le gouvernement camerounais avait évoqué sans trop convaincre, la piste de pirates informatiques. En réaction, des médias camerounais avaient ressorti d’autres photomontages situant Paul Biya à des cérémonies auxquelles il n’avait pas participé.

« Nonchalant », absent aux sommets décisifs contre Boko Haram

Les médias privés camerounais le rappellent régulièrement : c’est Paul Biya qui avait déclaré la guerre contre Boko Haram sur le perron de l’Élysée le 17 mai, à l’issue du mini-sommet organisé par François Hollande pour déterminer la stratégie à adopter face au groupe islamiste. Depuis lors, le président qui ne rate jamais une occasion de se rendre en Occident n’a jamais mis les pieds dans le nord du Cameroun, où sévit la secte islamiste.

Et lorsque les dirigeants africains se réunissent pour débattre de Boko Haram et adopter des stratégies, Paul Biya préfère se faire représenter.

C’est son ministre de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o qui était allé voir le tchadien Idriss Déby à N’Djamena, pour négocier les conditions d’entrée en guerre de son pays, aux côtés du Cameroun.

Fin janvier au sommet de l’UA d’Addis-Abeba en Éthiopie  largement consacré à Boko Haram où il avait été décidé de mettre en place une force africaine contre la secte, c’est le même Mebe Ngo’o qui l’avait représenté. Tout comme à la rencontre d’Abuja du 11 juin convoquée deux semaines à peine après son investiture par le président Muhammadu Buhari et où Paul Biya a été le seul dirigeant absent, parmi les cinq chefs d’États du bassin du lac Tchad, engagés contre Boko Haram.

Boko Haram n’est visiblement pas une préoccupation majeure pour le chef d’État camerounais, qui avait déclaré au début des années 90 : « Lorsque Yaoundé respire, le Cameroun vit ». La capitale camerounaise a jusqu’ici été épargnée par les attentats-suicides.

Cameroun : Comment Paul Biya torpille la lutte contre Boko Haram

[Par René DASSIÉ]

Entre ses silences répétés, ses erreurs de langage et son indifférence vis-à-vis des rencontres stratégiques pour lutter contre Boko Haram, l’attitude de Paul Biya dans la gestion du dossier de la secte islamiste laisse perplexe. Il se pose désormais la question de sa capacité à continuer à diriger un Etat désormais en guerre.

Cameroun : Fotokol enterre ses morts (source : 237online.com)

Cameroun : Fotokol enterre ses morts (source : 237online.com)

Une semaine après le massacre de Fotokol, le plus sanglant depuis le début des incursions des hommes de Boko Haram sur le territoire camerounais, les concitoyens de Paul Biya n’attendent plus de leur président qu’il engage un élan de solidarité nationale envers les victimes. Mardi soir, dans son discours à la nation, à l’occasion de la fête nationale de la jeunesse, il n’a même pas effleuré le sujet. M. Biya s’est contenté de mettre les jeunes en garde contre la tentation de s’engager auprès de ceux qui dans « certains pays » créent « la guerre civile », provoquent « les déplacements de population » et « l’anarchie ». Il leur a enfin donné en exemple, « nos jeunes soldats qui veillent à notre sécurité le long de nos frontières ». Pas un mot sur le bain de sang d’il y a sept jours. Pas un mot sur la vingtaine de personnes enlevées par les hommes de Boko Haram lors d’une nouvelle incursion dimanche, c’est-à-dire deux jours avant son discours.
Le drame de Fotokol, c’était dans la nuit de mercredi à jeudi dernier. Dans cette petite ville du nord-ouest Cameroun frontalière du Nigéria, les islamistes qui sont arrivés par petits groupes portant des tenues militaires ont ratissé les quartiers, maison après maison, tuant jusqu’à 400 personnes selon certaines sources citées par des médias crédibles, à l’instar de RFI.
Un dirigeant normal aurait tout de suite condamné fermement ce carnage. Il aurait adressé ses condoléances aux familles des victimes. Il aurait ordonné que les drapeaux soient mis en berne et décrété un jour de deuil national. Il aurait réuni son gouvernement pour élaborer la riposte.

François Hollande et Idriss Déby en exemple

François Hollande (source : lesechos.fr)

François Hollande (source : lesechos.fr)

C’est ce qu’a fait François Hollande en France. Le Président s’est rendu immédiatement au siège de Charlie Hebdo mercredi 7 janvier peu après l’attentat terroriste qui a décimé la rédaction de l’hebdomadaire satirique, alors que les assassins couraient toujours et que rien ne pouvait, dans l’absolu, garantir sa propre sécurité. En chef de guerre d’un pays attaqué, le président français s’était, dans la foulée, adressé à ses concitoyens pour condamner l’attentat et les rassurer, avant d’organiser des réunions ministérielles de crise pour coordonner la riposte à l’attentat le plus sanglant connu par l’Hexagone depuis des décennies. Il avait décrété pour le lendemain un jour de deuil national, et organisé la marche républicaine qui, quatre jours plus tard, devait mobiliser près de quatre millions de personnes dans les rues françaises et à laquelle ont participé une cinquantaine de chefs d’Etats et de gouvernements.

Idriss Déby (source : senego.com)

Idriss Déby (source : senego.com)

C’est ce que fait le tchadien Idriss Déby, chaque fois qu’on s’en prend à la sécurité de son pays. Engagé de manière préventive dans la guerre contre Boko Haram, M. Déby s’est exprimé devant son parlement, et a accompagné ses soldats envoyés au Cameroun, jusqu’à la frontière de son pays. C’est ce que font tous les présidents qui n’ont pas oublié qu’ils sont présidents.
Paul Biya était en devoir de s’exprimer pour consoler les victimes et rassurer la nation. Il était en devoir d’expliquer ce qui s’était réellement passé ce jour-là à Fotokol. D’autant plus que de nombreuses questions au sujet de ce massacre sont restées sans réponses. Au moment des faits, où était l’armée camerounaise qui était censée protéger la ville? Les soldats avaient-ils fui devant les islamistes, comme l’a prétendu un journal en ligne tchadien ? Les rumeurs qui parlent de nombreuses défections dans les rangs sont-elles avérées ? Voilà autant d’interrogations auxquelles les Camerounais sont en droit d’avoir des réponses.
Curieusement, ces questions ne semblent pas préoccuper outre mesure Paul Biya, qui semble vivre le conflit avec détachement, comme si les choses se passaient loin, dans un autre pays et qu’il n’en recevrait que de lointains échos. Alors que les islamistes portent de plus en plus la guerre à l’intérieur même du Cameroun.

Visite aux victimes du conflit

Les Camerounais ne rêvent même plus de voir leur président se rendre dans le nord du pays où la Croix Rouge ne cesse d’alerter sur la catastrophe humanitaire que pourrait engendrer le conflit. Il y a six mois, cette ONG indiquait déjà qu’environ 48 000 Nigérians s’y étaient réfugiés, s’ajoutant à 30 000 réfugiés internes.

La Croix Rouge camerounaise (source : ifrc.org)

La Croix Rouge camerounaise (source : ifrc.org)

Le sentiment d’abandon est si présent chez les populations du nord Cameroun, qu’on a les a vu sortir par centaines pour acclamer en libérateurs les soldats tchadiens, lorsque ceux-ci sont entrés au Cameroun, mi-janvier. Les journaux indépendants camerounais relèvent également que Paul Biya n’a jamais rendu hommage aux soldats tués dans la lutte contre les islamistes de Boko Haram, et ne manquent pas de faire le parallèle avec l’attitude des présidents d’autres pays en guerre.
L’absence d’un chef de guerre actif, qui communique, est par ailleurs dévastatrice sur l’opinion camerounaise. Par son silence, Paul Biya a laissé prospérer toutes sortes de rumeurs et d’amalgames, au sujet des belligérants et de leurs motivations réelles.
En septembre dernier, fidèles à la stratégie de division que le président a lui utilisé tout au long de ses 32 ans de pouvoir, certains de ses fidèles, dont un ministre, agitaient la thèse du complot nordiste dans un manifeste public. Ils laissaient croire que derrière Boko Haram se cachaient en réalité des dignitaires de la région où, jusqu’ici, sévit exclusivement la secte, suggérant que ceux-ci auraient fomenté une rébellion. Le manifeste connu sous le nom de « l’appel de la Lékié », du nom d’un petit département proche de Yaoundé, avait obligé certaines personnalités insidieusement mises en cause, à se justifier publiquement.
On aurait attendu d’un président faisant son travail, qu’il s’élève au-dessus de cette mêlée, pour appeler à l’unité nationale face à un ennemi commun, et rejette cette stratégie du bouc-émissaire. Paul Biya est resté silencieux.
Il est tout aussi muet, depuis que des médias douteux accusent l’occident, notamment la France à laquelle il a pourtant demandé une aide contre les islamistes, de financer et d’armer les islamistes de Boko Haram, pour déstabiliser le Cameroun. Cela sans la moindre preuve.
Silencieux, absent. Alors que dans ses rares discours où il évoque le conflit, le président camerounais appelle à « une réponse globale », il montre, dans les faits, un dédain curieux à toutes les initiatives de ses pairs africains, soucieux d’apporter une réponse mutuelle aux assauts des islamistes.
En mai dernier, peu après le sommet élyséen où le président camerounais avait déclaré la guerre contre Boko Haram, Idriss Déby était allé le voir à Yaoundé pour mettre au point avec lui les mesures adoptées à Paris, pour combattre les islamistes. Paul Biya avait trainé des pieds. Plusieurs mois après, en janvier, lorsqu’il doit revenir vers le président tchadien, les hommes de Boko Haram frappant de plus en plus fort, c’est son ministre de la Défense, Edgar Alain Mebe Ngo’o, qu’il envoie à N’Djamena discuter avec M. Déby.

24e sommet de l’Union africaine (source : rfi.fr)

24e sommet de l’Union africaine (source : rfi.fr)

L’absence de Paul Biya à Addis-Abeba, lors du 24e sommet de l’Union africaine a également été remarquée. Réunis dans la capitale éthiopienne le dernier week-end de janvier, les présidents africains ont décidé de constituer une force de frappe de 7500 hommes contre Boko Haram. Cela en l’absence du président camerounais, qui est avec son homologue nigérian Goodluck Jonathan, également absent, principaux concernés par le sujet.

Incohérence

Les Camerounais ont commencé à se faire petit à petit à l’idée que leur président n’est plus cohérent, lorsqu’il s’exprime en dehors des discours préparés d’avance.
Début août, alors qu’il se rend au sommet Etats-Unis-Afrique de Washington, le président se risque à répondre, chose rare, aux questions des journalistes locaux, avant de prendre son avion. Il commet alors une bourde irréparable, en mettant dans le même panier les martyrs de la lutte pour l’émancipation du pays du joug colonial, la guerre contre le Nigeria pour la presqu’île de Bakassi, et les islamistes de Boko Haram. « Je dis que le Cameroun a eu à traverser d’autres épreuves, on a eu à lutter à Bakassi, on a éradiqué les maquis, les mouvements révolutionnaires, on est venu à bout des villes mortes. Ce n’est pas le Boko Haram qui va dépasser le Cameroun », laisse-t-il entendre, à la surprise générale.

Boko Haram et Paul Biya

Boko Haram et Paul Biya

Bien entendu, cet écart avec la réalité plombe la lutte contre Boko Haram. Paul Biya s’étonne de l’inertie au sein de son gouvernement qu’il ne cesse de fustiger, oubliant que ses ministres attendent depuis bientôt deux ans, un remaniement qu’il avait lui-même annoncé, pour rendre l’équipe plus efficace. Dans ce contexte, les ministres prennent peu d’initiatives. La coordination entre différents départements est défaillante, et les renseignements civils et militaires fonctionnent mal. L’année dernière, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary reconnaissait lui-même à demi-mots cette faiblesse, en suggérant aux populations des zones attaquées par les islamistes de Boko Haram, de renseigner le gouvernement sur leurs mouvements.
Sur la scène internationale, Paul Biya est isolé, ignoré, boudé. Définitivement, le vieux président parait hors-jeu. Il est sans doute temps que les Camerounais songent résolument à se doter d’un vrai dirigeant.

 

 

Terrorisme : Boko Haram pris en chasse ?

[Par Jean-Jules LEMA LANDU]

L’Afrique, à travers l’Union africaine (UA), vient de décider de neutraliser la secte islamiste Boko Haram. Né, au nord-est du Nigeria, en 2000, ce monstre a déjà massacré, depuis 2009, plus de 13 000 personnes. Non sans ambitionner, à l’heure qu’il est, d’étendre son influence dans les pays voisins du Nigeria. Et, partant, de propager son idéologie de terreur, à travers les zones sahéliennes et de l’Afrique centrale.

Il s’agit du Cameroun, déjà atteint dans ses provinces de l’extrême nord, par quelques incursions sanglantes début janvier ainsi que du Niger et du Tchad. D’où l’urgence pour les chefs d’Etat des pays africains, réunis fin janvier pour le 24e sommet de l’organisation à Addis Abeba, en Ethiopie, de braver les élans de la secte, mieux, de la décapiter.

Mais, quelque salvatrice soit-elle, la décision de l’UA est arrivée sur le tard, car depuis plusieurs années, Boko Haram n’a eu de cesse d’ameuter le Nigeria et la communauté internationale, en perpétrant massacres, viols collectifs et rapts de masse nauséeux. Souvent sans susciter l’émoi public, à l’aune du crime, ni au Nigeria ni en Afrique !

(Source : bbc.co.uk)

(Source : bbc.co.uk)

C’est devant cette incurie que Boko Haram s’est épanoui, après avoir pris des racines dans les Etats nordiques de Yobe et de Borno, et s’être ravitaillé en hommes, à travers la pauvreté et l’illettrisme, terreau des candidats à la violence. Il convient de signaler que dans ces régions du Nigeria, 60 % des populations vivent avec moins de deux euros par jour, alors que 83 % des jeunes, de 5 ans à 15 ans, sont totalement illettrés.

Pain béni pour Abubakar Shekau, leader actuel du groupe ? En partie, car la secte terroriste qui ne comptait, au départ, que quelques centaines de membres (éparpillés), totalise, pour le moment, quelque 30 000 combattants (sous un commandement unique). De fait, c’est, aujourd’hui, une armée solide, prête à engager des batailles décisives… et à engranger des victoires contre un ennemi sans envergure.

Des hélicoptères tchadiens Mi-8 à Fotokol au Cameroun, le 1er février 2015 après une opération dans les environs de Gamboru, au Nigeria. AFP PHOTO / STEPHANE YAS

D’où la pertinence de quelques questions que soulève l’analyse sur l’engagement militaire des pays africains contre Boko Haram. Nombreux sont ceux qui estiment irréaliste la proposition de l’Union africaine d’engager une force de 7 500 hommes, face à la puissante secte nigériane. Le deuxième couac se rapporte à la « thèse souverainiste » du Nigeria, qui rejette toute idée de « solution internationalisée ». Enfin, l’issue des élections prévues le 14 février…. Si Jonathan Goodluck n’est pas réélu, il faudra attendre de connaître la perception du nouveau président sur le problème posé.

Comme quoi, le projet d’une force africaine contre Boko Haram reste encore à affiner ! Mais, en attendant, peut-être avec l’accord tacite des autorités nigérianes, le Tchad a décidé de faire cavalier seul. Depuis début février, l’aviation tchadienne bombarde les positions de la secte islamiste, qui tentait de s’emparer de la ville de Maiduguri, au nord du Nigeria.

Est-ce le début des solutions africaines aux problèmes africains ? That is the question…comme disent les Anglo-saxons.

11 octobre 2014, Quel avenir pour nos filles ?

[Par John CHITAMBO LOBE]

Cette Journée Internationale est réservée chaque année le 11 octobre, pour promouvoir les droits fondamentaux des jeunes filles dans le monde entier, en mettant en évidence les inégalités de genre ou de sexe qui subsistent entre jeunes filles et jeunes garçons dans beaucoup de pays du monde. Et cela à cause des cultures, des préjugés, des doctrines religieuses, des traditions, des injustices, surtout dans les pays en voie de développement comme dans les pays Africains et Asiatiques.

Source : www.unwomen.org

Source : www.unwomen.org

Il y va alors de la responsabilité de tout le monde, hommes et femmes, de combattre ces différentes formes de discrimination sociale, économique, physique, religieuse, éducative, professionnelle, légale et les abus sexuels et physiques dont souffrent les jeunes filles dans le monde entier en réalisant un des objectifs du Millénaire. L’autonomie des jeunes filles est essentielle pour la croissance économique dans le monde.

De façon plus générale, notre campagne, en tant que défenseurs des droits de l’homme est menée pour la réalisation des objectifs du Millénaire et son développement d’ici à 2015. La définition d’une perspective au-delà de cette date doit tenir compte des préoccupations et du potentiel des filles du monde entier. Elle a pour but de soutenir l’amélioration des perspectives d’avenir laissées aux jeunes filles et de sensibiliser l’opinion aux inégalités dont elles souffrent à travers le monde en raison de leur sexe. Ces inégalités concernent l’accès à l’éducation, la nutrition, les droits juridiques, les soins médicaux, la protection contre la discrimination, la violence et le mariage forcé.

Cette journée consacrée aux jeunes filles est le fruit de la collaboration de filles d’un peu partout dans le monde ; elle a pour but d’améliorer la vie des filles et des jeunes femmes à titre de citoyennes et grandes artisanes de changement au sein de leur famille, de leur collectivité et de leur pays. Comme on dit en Côte d’Ivoire : ” qui ne respecte pas les femmes ne respecte pas Dieu ” pour ceux qui sont croyants. En Zambie on dit traditionnellement que: ” les filles d’aujourd’hui sont les femmes de demain. ”

Il faut investir dans tout le potentiel des filles en les éduquant et en les mettant sur le même pied d’égalité que les garçons. Mais cela n’est pas toujours mis en pratique dans ces mêmes pays. Les jeunes filles et femmes sont abusées et discriminées chaque jour sous prétexte de la religion, de la culture, de la pauvreté et des traditions. Rendre autonomes les jeunes filles, garantir leurs droits fondamentaux et lutter contre toutes formes de discrimination et de violences auxquelles elles sont sujettes, voilà qui est essentiel pour que tous les membres de la famille humaine aillent de l’avant. L’un des meilleurs moyens d’atteindre l’ensemble de ces objectifs est de fournir aux filles l’éducation qu’elles méritent.

Photo by Kiran Reddy / Source : bloomingtonmn.gov

Photo by Kiran Reddy / Source : bloomingtonmn.gov

Dans un trop grand nombre de pays, trop de filles sont toutefois freinées dans leur élan du fait de leur sexe. Celles, dont les mères ont également été privées d’éducation, qui vivent dans une communauté pauvre ou qui sont handicapées, éprouvent encore plus de difficultés. Parmi les filles qui parviennent à fréquenter l’école, nombre d’entre elles doivent faire face à la discrimination et à la violence dans leurs écoles et universités.

Dans les pays en guerre, les jeunes filles n’ont même pas accès aux études et avec leurs mères elles souffrent beaucoup, elles sont violées, abusées sexuellement et physiquement, mariées par force et parfois obligées par la force également de prendre des armes et d’ aller faire la guerre comme c’est le cas en République Démocratique du Congo, au Rwanda et au Burundi, là où les rebelles forcent les enfants, filles ou garçons à être enfants soldats ; dans les groupes rebelles à l’Est de la RDC: Le M23, Le FDLK, Le MayiMayi, Le Bakata au Katanga, dans les groupes islamiques, djihadistes, les jeunes filles et leurs mères sont vraiment abusées. Sans oublier non plus l’enlèvement des jeunes filles dans les écoles au Nigeria par le groupe islamiste Boko Haram pour les obliger à se marier de force.

Tous ces actes diaboliques contre les jeunes filles doivent prendre fin partout dans le monde. Il faut donner la chance aux jeunes filles de grandir et d’étudier afin de participer au développement de leur pays et de poursuivre leur développement personnel et de contribuer à un avenir commun.
En soit, l’ONU cherche à promouvoir les droits des filles et à faire prendre conscience aux individus d’horizons différents des réalités vécues par les filles à travers le monde et à combattre la discrimination et les inégalités entre les sexes; l’ONU invite instamment les gouvernements de tous les pays du monde, les familles, les responsables communautaires et religieux (Chrétiens, Musulmans, Hindou,…) à promouvoir les droits des filles pour que celles-ci puissent grandir et étudier et non pas être des épouses avant l’âge.

Pour cette raison, les agences des Nations Unies pour la protection des enfants ont décidé d’un commun accord avec différents Etats de mettre l’accent sur le mariage d’enfants dans le monde ; car cela constitue une violation des droits humains fondamentaux et perturbe tous les aspects de la vie d’une fille. À l’échelle mondiale, plus d’une jeune femme sur trois, âgée de 20 à 24 ans, a été mariée avant ses 18 ans. Un tiers de ces femmes ont été mariées avant leur 15ème anniversaire en Afrique et en Asie.

L’interdiction du mariage d’enfants dans tous les pays protégera les droits des filles et contribuera à réduire le risque qu’elles soient exposées à la violence, à la maternité précoce, à l’infection par le virus HIV, à la mortalité ou à l’invalidité maternelle partout dans le monde. Tout cela expose les filles aux grossesses précoces et aux accouchements non désirés, principales causes de décès chez les jeunes filles de 15 à 19 ans qui cherchent peut- être à avorter dans les pays en voie de développement. En Zambie, par exemple, l’avortement est illégal alors les jeunes filles sont obligées d’accoucher et de devenir fille-mère.
Le mariage d’une enfant est un obstacle à la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) pour tous.

Paul Biya, les « Suissesses »… et la lutte contre Boko Haram

[Par René DASSIE’]

Les camerounaises immigrées en Suisses sont célèbres parce qu’elles rapportent beaucoup d’argent dans leur pays. Paul Biya dépense sans compter l’argent public du Cameroun en Suisse.

La rue camerounaise distingue deux catégories de citoyens suisses qui se connaissent mais ne se côtoient pas. Il y a les « Suissesses », ces Camerounaises installées dans la Confédération helvétique, qui reviennent au pays chaque été et se font remarquer par leur opulente richesse. Elles aiment la Suisse parce que la Confédération où l’argent coule à flot les a adopté sans les juger, et leur a donné l’opportunité de faire fortune. Elles ne sont qu’une poignée, mais ne ménagent pas leurs efforts, pour ne pas passer inaperçues. On les reconnait à leurs belles voitures, 4×4 Rav4 de préférence, leurs tenues onéreuses et sexy, leur accent hybride, entre le parisien et le Yaoundéen. Elles ont les jambes rigoureusement épilées alors qu’au pays, la pilosité féminine fait partie des canons de la beauté.

Pul Biya et son épouse Chantal Vigouroux [Photo tirée de afriqueinside.com]

Paul Biya et son épouse Chantal Vigouroux [Photo tirée de afriqueinside.com]

Mais leur terrain de séduction ne se trouve pas ici.
Celles qui ont ressenti quelque frayeur en voyant l’âge venir paraissent parfois plus neuves qu’au jour où elles ont décidé de s’éloigner de la poussière des villes camerounaises qui vous colle à la peau et vous irritent les yeux. Quelque injections de botox par-ci, quelques poches de silicone implantées par-là, un peu de lifting et de liposuccion et elles retrouvent quasiment l’apparence qu’elles avaient à vingt ans. Au centre de Yaoundé et dans sa périphérie, certaines ont bâti des immeubles à la modernité insolente, qui par contraste souligne la laideur du bidonville environnant. Et pour faire bonne mesure, elles n’oublient jamais de faire graver leurs noms bien en évidence, sur le mur d’entrée. « Immeuble Madame X, Madame Y. » Afin que nul n’en ignore.
Au sein de la population, ces femmes qui sont pour la plupart parties du plus bas de l’échèle sociale suscitent des sentiments contrastés. Elles sont à la fois admirées et jalousées, craintes et respectées. Au pays de la rumeur malveillante, les mauvaises langues prêtent à leur fortune une origine douteuse. On raconte qu’elles sont allées se prostituer en Suisse et ont dû subir toutes sortes de pratiques dégradantes pour s’enrichir en un temps record. On susurre qu’elles ont pigeonné de vieux Blancs riches, mais en manque d’affection. On s’interdit évidemment de penser que certaines d’entre-elles sont de redoutables femmes d’affaires qui tiennent des commerces florissants tout en gérant leurs ménages de façon irréprochable. Au pays de la sorcellerie et de la corruption, la recette du succès est forcément douteuse.
Quoi qu’il en soit, les « Suissesses » en vacance ne font du mal à personne au Cameroun. Bien au contraire, l’argent qu’elles rapportent de Genève et ses environs profite à plusieurs : amis, employés, parents. Elles ne font qu’apporter au pays même si en retour, elles ne bénéficient que peu ou prou de reconnaissance.

Il y a ensuite le « Suisse », Paul Biya, qui fait le chemin inverse. Depuis plusieurs décennies, le président camerounais a succombé au charme de la Confédération, son climat tempéré, ses hôtels lacustres, ses docteurs, le calme égal de ses villes qui le changent de l’agitation de Yaoundé. Certains de ses concitoyens le soupçonnent même d’avoir acquis des parts de l’Intercontinental, un cinq étoile situé sur les bords du lac Léman, où il aura passé une bonne partie de sa vie de président.
Paul Biya n’agite pas de signes évidents de richesse comme ses concitoyennes, les fameuses « Suissesses ». Les longs cortèges et le déploiement massif des forces de sécurité qui paralysent la capitale camerounaise à chacun de ses déplacements s’attachent à sa fonction et non à sa personne. Il faut entrer dans sa confidence pour savoir qu’il n’affectionne pas les moyens modernes de payement comme les cartes bleues, qui laissent trop de traces. Il leur préfère le cash, qu’il fait transporter par grosses liasses dans les mallettes et sacs du village à grande contenance par ses hommes de main. Maitre Alice Nkom une avocate camerounaise très respectée raconte ainsi qu’en 2003 lors d’un voyage officiel en Asie, son client, l’homme d’affaire Yves Michel Fotso aujourd’hui en prison qui faisait partie de la délégation avait sauvé le président d’une humiliante séquestration à l’aéroport de Hong Kong. Il avait dû régler la note de Paul Biya, dix mille dollars, avec sa carte de crédit American Express, le président ne disposant que des liasses de billets, un moyen de payement refusé par les autorités aéroportuaires qui s’appuyaient sur une règlementation liée aux évènements terroristes du 11 Septembre 2001. Lors du même voyage, l’homme d’affaires avait continué à chauffer sa carte bancaire pour éviter au président d’être cloué au sol à Tokyo et à Genève. Des avances chiffrées selon l’avocate en centaines de milliers d’euros que la présidence camerounaise a depuis oublié de rembourser.

Le Suisse Paul Biya

La Baie de la Baule [Photo tirée de chambres-hotes-le-pouliguen.com]

La Baie de la Baule [Photo tirée de chambres-hotes-le-pouliguen.com]

La Suisse et Paul Biya, c’est une histoire d’amour fusionnelle, folle passion dans laquelle tout écart se paye chèrement. Il y a cinq ans, le président avait commis une petite incartade, en organisant une petite virée thalasso de trois semaines avec ses potes à la Baule. On avait raconté à l’époque qu’il avait découvert cette ville balnéaire du nord-ouest de la France grâce à une amie qui y possédait un appartement. Quoi qu’il en soit, il avait jeté son dévolu sur L’Hermitage, un cinq étoile en bord de mer avec ses colombages normands et le Royal, quatre étoiles. Comme le président ne se déplace pas sans sa cour, il avait pris 43 chambres dans les deux établissements. Montant de la facture : près d’un million d’euros. Le maire de la Baule avait honoré le généreux visiteur de la médaille de la ville. Cependant, les Français qui ne sont pas neutres comme les Suisses avaient crié au scandale en apprenant par la presse que le chef d’un Etat pauvre et très endetté, auquel ils octroient l’aide au développement via leurs impôts était ainsi venu flamber l’argent public de son pays sous leur nez. Paul Biya qu’on sait peu bavard n’avait pas failli à sa réputation. Il avait chargé quelques sbires de résoudre le problème par une campagne de communication défendant le droit au repos comme tout un chacun, du président surchargé de travail qu’il est censé être.
Depuis, Paul Biya a retrouvé ses sentiments d’amoureux transi de la Suisse et est revenu se blottir dans les bras tendres et rassurants de Genève. Cette année, même Boko Haram la secte islamiste qui multiplie les incursions meurtrières dans son pays n’a pas réussi à le dissuader d’aller s’y livrer à son rituel estival d’immolation d’argent. Sitôt la Commémoration du 70e anniversaire du débarquement en Provence terminée, il a quitté Toulon pour Genève. Sans même transiter par son pays.
Pour se prémunir contre les islamistes de Boko Haram qui ont récemment visé son vice-Premier ministre mais aussi contre ceux de ses concitoyens de la diaspora qui ont pris l’habitude de manifester bruyamment pour perturber ses séjours récurrents en occident, Paul Biya a fortement renforcé sa garde. Un site a diffusé l’information difficilement vérifiable selon laquelle près de deux cents policiers camerounais en civil ou en tenue, filtreraient l’entrée de l’Intercontinental de Genève, en ciblant particulièrement les Noirs qui s’en approcheraient.

[Photo tirée de http://www.camer.be/]

[Photo tirée de http://www.camer.be/]

Il ne faut évidemment pas compter sur l’opinion publique suisse pour demander des comptes au président flambeur. Neutralité oblige. Un collectif d’associations de Camerounais vivants en Suisse a cependant écrit au Président de la Confédération, Didier Burkhalter, pour attirer son attention sur la présence agressive des policiers camerounais autour de l’hôtel de Paul Biya. Après lui avoir rappelé l’extrême pauvreté dans laquelle vit plus de la moitié de la population camerounaise pendant que leur président prend du beau temps à l’étranger avec l’argent public, le collectif lui a suggéré de « demander à Paul Biya de partir, afin que les concitoyens du président sachent que « vous ne contribuez pas à la ruine du Cameroun et à la clochardisation du peuple camerounais.»
« Que dirait le Peuple Suisse, votre Peuple, si vous passiez plus des trois-quarts de l’année installée dans un hôtel de Yaoundé, entourée par un bataillon de courtisans qui vous donnent l’illusion de grandeur, en pillant sans vergogne votre pays ? Que dirait votre Peuple si vous installiez votre famille au Cameroun, et vos enfants dans des écoles camerounaises, loin de la Suisse dont la destinée vous a été confiée ? La réponse à ces questions parait évidente : Vous seriez destitué, arrêté, jugé et envoyé en prison », écrit le collectif. Pas de quoi ébranler l’hôte de Paul Biya.

Les populations doivent se cotiser pour financer la lutte contre Boko Haram

Pendant ce temps au Cameroun, les moyens manquent pour lutter contre Boko Haram et on se débrouille comme on peut. Un commissaire de police a expliqué à l’AFP que les islamistes réussissent à s’approvisionner en arme grâce à des trafiquants qui les planquent dans des sacs d’arachides et autres denrées, les forces de sécurité ne disposant pas de scanners aux postes-frontière pour détecter des armes dissimulées entre les marchandises. Il est évidemment inutile de suggérer au président vieillissant de refreiner son désir de parcourir l’occident, pour acheter ce matériel indispensable à la sécurité aux frontières de son pays avec l’argent économisé. Dans le nord du Cameroun où sévit la secte islamiste, l’administration a interdit l’usage des motos, moyen de transport privilégié des assaillants. Les populations qui se déplacent surtout avec les deux-roues dans cette région où les voitures comme les bonnes routes sont rares trinquent. Pire, elles doivent désormais financer leur sécurité. Un sous-préfet a en effet demandé aux familles et aux commerçants de sa localité de se cotiser, pour payer et équiper les « comités de vigilance villageois », sorte de milices locales chargées de détecter les islamistes.

Boko Haram eu Camerour [Photo tirée de www.france24.com]

Boko Haram eu Camerour [Photo tirée de www.france24.com]

« C’est juste un effort de guerre que nous demandons aux populations. Il faut reconnaître que les comités de vigilance sont très importants. Ce sont eux qui donnent l’alerte aux forces de défense lorsqu’il y a des mouvements suspects dans les villages», a expliqué le haut fonctionnaire, en précisant que l’initiative n’est pas de lui, mais des chefs traditionnels dont les villages subissent les agressions de Boko Haram. Il espère réunir suffisamment d’argent pour acheter machettes, torches, bottes, flèches et bicyclettes pour équiper les comités de vigilance.
C’est sûr, si cette information touche les « Suissesses » qui terminent leurs vacances au pays, certaines pourront s’en émouvoir et mettre la main à la poche. C’est sûr, Paul Biya qui ne craint pas pour sa sécurité ne se sentira pas concerné.

 

 

Cameroun : la guerre de Boko Haram et l’absence de Paul Biya

Alors que son pays subi la guerre de la secte islamiste et que la psychose gagne les populations, le président camerounais bouge dans tous les sens en occident.

[Par René DASSIE’]

Photos tirés de : smh.com.au et africapresse.com

Photos tirées de : smh.com.au et africapresse.com

Les va-et-vient de Paul Biya en occident laissent perplexe, lorsqu’on sait la situation d’insécurité grandissante, qui menace la stabilité de son pays. C’est comme si au Cameroun, tout était « au mieux dans le meilleur des mondes possibles», pour reprendre la formule Leibniz, célèbre philosophe allemand du 18e siècle, alors que ce pays d’Afrique centrale est officiellement en guerre depuis trois mois contre les islamistes de Boko Haram.

«Nous sommes ici pour déclarer la guerre à Boko Haram. Nous vaincrons cette chose terroriste », avait déclaré le président camerounais lors du mini-sommet anti-Boko Haram convoqué mi-mai à l’Elysée par François Hollande, désormais installé dans son rôle de sapeur-pompier des crises politiques sanglantes du marigot africain. Outre Paul Biya et le nigérian Goodluck Jonathan dont les pays constituent le principal théâtre de la secte islamistes, tous les présidents des pays proches du Nigeria (Bénin, Niger, Tchad, Cameroun), étaient présents à cette réunion stratégique.

Lorsqu’on déclare la guerre, on reste sur place pour élaborer les stratégies, mobiliser les troupes et suivre l’évolution de la situation. On protège et rassure les populations civiles. Et Paul Biya qui est passé par Sciences-Po ne peut pas ignorer cela.

Aucune de ces considérations ne l’a pourtant empêché de se rendre la semaine dernière au sommet Etats-Unis – Afrique organisé par le président Obama, où il savait pourtant d’avance, n’en déplaise à son ministre de la Communication et thuriféraire Issa Tchiroma Bakary, que sa voix de vieux dictateur soudé à son pouvoir serait inaudible au milieu de leaders africains nouveaux comme Ibrahim Boubacar Kéïta du Mali ou encore le ghanéen John Mahama, qui, eux, bénéficient d’une incontestable onction démocratique.

Paul Biya n’avait pourtant qu’à s’inspirer de l’attitude de sagesse de ses paires sierra-léonais et libérien qui, eux, ont ignoré les agapes de la Maison Blanche pour gérer la crise du virus Ebola dans leurs pays respectifs. Certains intellectuels camerounais, d’habitude complaisants à son égard lui ont subrepticement suggéré d’annuler ce voyage, eu égard à la crise sécuritaire que vit son pays. Cependant, il n’a pas résisté à la tentation d’aller faire la photo avec Barack Obama qui doit, sauf erreur avoir l’âge de son premier fils et qui ne devait être encore qu’un jeune étudiant lorsque, par un de ces artifices dont il a le secret, le destin le promut à la tête du Cameroun. On le voit ainsi souriant sur les photos officielles, comme un petit enfant comblé par les attentions d’un grand, ici le Grand Obama qui rendra son tablier dans deux ans, alors que sauf coup du destin, lui sera toujours président.

Les Camerounais qui s’étaient réjouis de le voir revenir au pays comme mût par une soudaine prise de conscience samedi 9 août, c’est-à-dire trois jours seulement après la fin du sommet alors que d’habitude en de pareilles occasions, il poursuit sa villégiature dans quelques pays européens pour y flamber l’argent public de son pays ont rapidement déchanté. Paul Biya n’a sans doute pas défait ses valises, puisqu’il s’est envolé de nouveau mercredi pour Paris, où sa présence est tout sauf indispensable, à la cérémonie de commémoration du centenaire de la fin de la première guerre mondiale de ce vendredi à Toulon.

Etat de guerre

Ces dernières semaines pourtant, les islamistes de Boko Haram, comme en réponse à sa déclaration de guerre, ont multiplié des incursions meurtrières en terre camerounaise. Jeudi, la secte a de nouveau fait parlé d’elle, en attaquant la localité de Bounderie à la frontière du Nigéria, où elle a enlevé plusieurs personnes et procédé à de nombreux pillages. A la fin du mois dernier, seize personnes ont été tués, égorgés pour la plupart, dans la ville de Kolofata (Nord-Cameroun) lors d’une attaque particulièrement violente qui ciblait visiblement le vice-premier ministre Amadou Ali qui devait s’y rendre pour célébrer l’Aïd-el-Kébir en famille. L’épouse de M. Ali ainsi que plusieurs dignitaires de la région ont été enlevés et ont rejoint la liste des otages de la secte qui ne cesse de s’allonger. Cette attaque jugée « inqualifiable » par le gouvernement camerounais constituait le pic d’une série qui a déjà coûté la vie à de nombreux Camerounais, militaires et civils. Jusque-là relativement épargné par Boko Haram, le Nord-Cameroun dont les frontières avec le Nigéria voisin sont aussi poreuses qu’une passoire semble désormais servir de base de repli et de ravitaillement aux islamistes. Ceux-ci s’y comportent d’ailleurs comme en terrain conquis. Ils y recrutent des centaines de jeunes désœuvrés, se servent en matériels militaires directement dans l’arsenal gouvernemental, en prenant d’assaut les positions de l’armée camerounaise.

On pourrait mentionner, à la décharge de Paul Biya à qui le quotidien camerounais Le Messager reproche de ne s’être pas adressé à la nation au moment où la psychose grandit au sein de la population qu’il n’a pas eu à faire face à une vraie menace de conflit, depuis le coup d’Etat qui faillit mettre un terme précoce à son pouvoir en avril 1984, c’est-à-dire à peine deux ans après qu’il fut devenu président.

Il aurait cependant pu s’inspirer de l’exemple de son voisin, le tchadien Idriss Deby avec lequel il était au mini-sommet de Paris et qui a une solide expérience de la guerre, puisque des rebelles ont plusieurs fois été aux portes de son palais. Le président tchadien a décliné l’invitation de François Hollande pour se rendre, toutes affaires cessantes, à Faya-Largeau dans le nord de son pays, où vient de se déclencher un conflit intercommunautaire, sur fond de trafic d’or.

Il aurait pu également s’inspirer du cas de Georges Bush dans le pays duquel il vient de séjourner, et qui s’était emparé d’un mégaphone sur les ruines des tours jumelles en septembre 2001, pour promettre aux islamistes qui venaient de frapper durement son pays, une traque sans merci.

Ce serait sans doute trop lui demander. « Si dans ses discours, Paul Biya, le chef de l’Etat ne manque aucune occasion de promettre solennellement des moments difficiles à la secte islamiste Boko Haram et à tous ceux qui sèment la terreur dans la partie septentrionale du Cameroun, sur le terrain, le chef suprême des armées démontre que ses priorités sont ailleurs », observe avec lucidité le site Nkul Beti, qui déplore aussi la baisse de moral et le malaise qui règnent dans les rangs des forces armées camerounaises.

Les priorités de Paul Biya ont toujours été de prendre du beau temps à travers le monde. Et tant pis si son pays brûle. Le président-voyageur a délégué la gestion militaire du problème Boko Haram à un vieux général du nom de René Claude Meka, qui, à 75 ans dont 54 passées dans l’armée, aurait dû prendre sa retraite il y a fort longtemps et qui somnole souvent lors des cérémonies publiques. Celui-ci est appuyé côté propagande par le ministre de la Communication, qui a déjà confessé l’incapacité du gouvernement camerounais à organiser des renseignements dignes d’un Etat, pour faire face à une menace et a appelé les populations à s’arranger comme elles peuvent, pour renseigner l’administration.

Dans un câble confidentiel adressé à sa chancellerie, et dévoilé par Wikileaks, l’ancienne ambassadrice des Etats-Unis au Cameroun Mme Janet E. Garvey, disait déjà il y a plus de quatre ans que Paul Biya semblait peu au fait de ce qui se passait dans son pays. Elle ne savait sans doute pas que certaines années, le président vacancier passe plus de temps en occident qu’au Cameroun. Il y a fort à parier qu’après la France, il fera un petit détour au bord du lac Léman en Suisse, où il a ses habitudes.

Il y a longtemps que cet homme qui est officiellement âgé de 81 ans – rien n’indique qu’il ait résisté à la tentation de se rajeunir sur les papiers comme savent si bien le faire certains footballeurs – a, dans les faits, démissionné de ses fonctions, laissant le pays se gérer tout seul. C’est peut-être ce qui explique sa longévité au pouvoir.