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La diplomatie internationale en panne

Après deux décennies de succès diplomatiques, les Nations unies montrent des signes d’essoufflement. Les conflits se perpétuent sous l’œil impuissant du Conseil de Sécurité dont les membres sont préoccupés par des intérêts économiques.

Il n’est de doute pour personne que les conflits qui secouent le monde aujourd’hui participent sans conteste de la conquête des terres. Que l’on prenne la guerre russo-ukrainienne, israélo-palestinienne ou celle qui sévit en République démocratique du Congo entre le Rwanda et ce pays, les pays en belligérance partagent les mêmes frontières. En droit international public, la communauté des frontières informe la question du bon voisinage, principe qui intègre la règle diplomatique.

Il est entendu tout d’abord que le bon voisinage suppose le respect de la souveraineté étrangère, le non recours à la force, le règlement pacifique des conflits et l’esprit de coopération entre les États ; mais la notion comprend plus spécifiquement l’obligation pour chaque État de ne pas utiliser son territoire contre l’État voisin, l’obligation de prendre des mesures efficaces, afin d’éviter de porter préjudice.

C’est aussi l’obligation d’informer ou de consulter le voisin sur les activités qui peuvent l’affecter, et l’obligation de ne pas commettre d’actes de nature à aggraver un état de tension. Il apparaît, en définitive, que le bon voisinage n’est pas autre chose que le respect de certains principes fondamentaux du droit international. Il semble que les pays cités plus haut connaissent tous, d’une façon ou d’une autre, ces principes et ont paraphé des textes y relatifs.

Mais pour des raisons d’hégémonie, certains de ces pays, notamment ceux considérés dans l’imaginaire collectif et même dans la réalité géopolitique comme les agresseurs, foulent aux pieds les principes de bon voisinage. Il est certain que des États membres des Nations Unies sont de connivence avec les pays dits agresseurs, jouant parfois la taupe pour des intérêts financiers. Les agressions sont encouragées, entretenues et soutenues par certaines puissances.

Les U.S.A par exemple, fournissent mensuellement un arsenal militaire important et accordent une aide financière à hauteur de plusieurs milliards de dollars à Israël qui lui permettent d’assiéger la Palestine. La communauté internationale ne prend pas non plus des sanctions contre l’État hébreux qui continue les bombardements et distribue les armes aux colons dans les territoires occupés. Il a fallu attendre 31889 morts pour que les U.S.A pensent à une résolution à l’ONU.

Un « processus de paix » historiquement instable

Comment donc les institutions onusiennes pourraient réussir à ramener la paix dans les foyers de tension ? On constate aisément une panne diplomatique criarde des institutions bilatérales et multilatérales. Disons d’ores et déjà que toutes les négociations et les nombreux pourparlers entrepris sous l’égide de l’ONU sont des coups d’épée dans l’eau. Rappelons quelques faits qui jalonnent l’interminable « processus de paix » semé de beaucoup d’échecs depuis 1993 dans le conflit israélo-palestinien. Le 13 septembre 1993, le président américain Bill Clinton amorce une démarche d’apaisement en recevant à la Maison Blanche le chef de l’OLP Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin qui se serrent la main pour la première fois.

D’aucuns pensaient que l’exploit du président américain devait permettre aux deux ennemis d’enterrer la hache de guerre. Ce geste de mansuétude n’était que pure hypocrisie. Entre la conquête des terres par Israël et la protection de celles qui étaient un patrimoine pour les Palestiniens qui continuent de voir leur espace vital se rétrécir comme une peau de chagrin, le droit et la raison étaient entrés dans une impasse diplomatique. La poignée de mains entre Arafat et Rabin qui aurait pu être décisive dans la résolution du conflit n’a jamais fait des émules.

Trop d’intérêts géostratégiques étaient en jeu ; beaucoup de pays du Moyen-Orient et ceux d’ailleurs, ainsi que les firmes européennes, fabricants d’armes, empêchaient subtilement la “roadmap” de la paix de se dérouler sans heurts. Rien ni personne ne pouvait contenir les violences et les drames humains aboutissant à la tragédie que nous connaissons aujourd’hui.

Octobre noir, comme on peut l’appeler, est le sombre repère du déluge qui va de nouveau s’abattre sur la bande de Gaza. Le 7 octobre 2023, la terre de Gaza s’imbibe de sang qui coule à grands flots rendant impuissantes toutes les initiatives de paix enchevêtrées dans les courants politiques des coulisses complotistes et hypocrites de la diplomatie.

Entre obstinations et postures égotiques, la guerre russo-ukrainienne, déclenchée le 24 février 2022, est dans l’impasse. Les alliances pro-russes d’une part, et pro-ukrainiennes, d’autre part, se livrent une guerre militaro-diplomatique dense. Poutine remue le spectre de l’arme nucléaire, une menace approuvée sans rechigner par les alliés de la Russie qui applaudissent littéralement l’annexion par Poutine des territoires de l’Ukraine. Les Occidentaux font une réplique en soutenant fortement l’armée de Volodymyr Zelensky. La situation s’enlise faute de démarches diplomatiques. Cela illustre bien les égoïsmes et l’irresponsabilité des élites des pays belligérants et de celles des alliés.

Bref, la diplomatie internationale est un marché de dupes, ou tout au moins un moyen de mise en œuvre d’intérêts mercantilistes. On le voit avec la situation à l’Est de la République démocratique du Congo, un pays considéré comme un scandale géologique. C’est justement les riches minerais qui attisent les convoitises. Les puissances occidentales feignent d’intervenir en sachant que leurs intérêts sont également en jeu. Le rôle de la Monusco a souvent été critiqué du fait de son laxisme et parfois de son parti pris. De même, celui de Denis Sassou Nguesso suspecté de vouloir accompagner le Rwanda dans ce conflit par la cession des terres aux rwandais dans le département du Pool frontalier à la RDC.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

QUELLES SONT LES CAUSES PROFONDES DES GUERRES ?

 De la guerre en Ukraine à la seconde guerre mondiale et au génocide des juifs

Par Thierry Brugvin, Sociologue, Auteur de plusieurs ouvrages, dont “Le pouvoir illégal des élites, Ed. Max Milo”

Une grande guerre sévit aux portes de l’Europe, c’est la guerre en Ukraine. Elle n’implique pas autant de pays que la 1ère et la 2e guerre mondiale, mais de nombreux pays occidentaux sont parties prenantes contre la Russie. Afin de tenter de mieux comprendre ce qui poussent les peuples systématiquement à la guerre depuis des générations, revenons de manière synthétique sur les causes de la dernière grande guerre en Europe. Nous chercherons à en tirer les causes structurelles, sans se perdre dans les faits conjoncturels.

Quel était le but véritable de la 2e guerre mondiale ?

Le mobile officiel pour le déclenchement de cette guerre, proféré par Hitler et les nazis consistait à récupérer la corridor de Dantzig, donnant accès à la mer. Or, il fut confisqué au profit de la Pologne à la fin de la 1ère guerre mondiale. Ainsi, l’Allemagne envahit la Pologne le 1er septembre 1939, ce qui déclencha la 2e guerre mondiale. Il s’agissait donc non seulement de récupérer une partie de son territoire, donc de son peuple et de ses richesses. 

D’autre part, il s’agissait de se venger de l’humiliation d’avoir été vaincu durant le 1er guerre mondiale et de l’énorme effort économique pour rembourser les pénalités financières, qui avait appauvrit le peuple allemand. C’était aussi une façon de répondre à la crise financière internationale des années 1930, en pointant en particulier les juifs pour en faire des boucs émissaires. Enfin, il s’agissait à terme de lutter contre le communisme qui se développait en URSS. C’est pourquoi, le pacte germano-soviétique contre la Pologne ne fut qu’une alliance de circonstance, qui n’a tenu que quelques temps.

Mais surtout la 2e guerre mondiale visait à reconquérir le pouvoir économique et politique en Allemagne et dans le monde, en particulier dans les colonies occidentales. Ces dernières permettaient de créer de juteux profits pour les entreprises étrangères. Bien sûr, la quête de purification raciale existait véritablement. Cependant elle restait secondaire par rapport à la satisfaction des besoins politiques, économiques et des besoins psychologiques de pouvoir et de reconnaissance. Ces besoins sont principalement mus par la peur d’être faible et la peur de ne pas s’estimer. Le besoin économique, lorsqu’il est attisé par la peur d’être faible par manque de sécurité, pousse à accumuler pour se sécuriser, ou pour se distinguer dans le cadre d’une consommation ostentatoire, comme l’expliquait Veblen.

A quelles fins, les populations juives ont-elles été persécutées durant la 2e guerre mondiale ?

Officiellement, il s’agissait d’un discours raciste visant à restaurer la grandeur de la race aryenne, c’est-à-dire les blancs aux cheveux blonds et en particulier allemands. Selon les nazis, cela supposait de purifier la race blanche allemande et mondiale, des races inférieures, telle la race juive. C’était une volonté véritable d’eugénisme, mais qui était secondaire par rapport à la volonté d’initier une dynamique de groupe nationaliste autour de boucs émissaires, comme l’expliquait René Girard. De plus, cela eut aussi un intérêt économique, car leurs emprisonnements, puis leurs assassinats ont permis de s’accaparer leur richesse, leurs biens. 

En outre, cela permettait de faire travailler les prisonniers des camps de concentration sans les rémunérer, d’accroître fortement les profits des employeurs, par rapport à des salariés classiques. Il s’agit avec les mobiles des guerres en général, de la dimension économique et capitaliste du fascisme et plus généralement de l’économie de guerre. Le fascisme du national-socialisme relevait plutôt d’un capitalisme autoritaire, avec un discours social sans application conséquente. Le National-socialisme n’était donc pas du tout un socialisme économique à la manière de l’URSS. 

De plus, sans trop le formuler ainsi, les fascistes s’appuyaient sur une forme de lutte des classes populaires contre ce qu’ils considéraient être la classe des riches juifs, des banquiers juifs. De l’étranger juif cosmopolite, ce qui attisent encore plus le discours xénophobe. Comme si tous les juifs étaient riches et banquiers… Le génocide juif s’appuyait aussi sur le fait qu’historiquement les juifs disposaient du droit de prêter de l’argent avec intérêts, à la différence des chrétiens et des musulmans lequel ceci était mal considéré par leurs valeurs religieuses.
Le génocide visait donc aussi à stopper cette fonction traditionnelle d’usuriers (consistant à s’enrichir par des prêts d’argents avec intérêts). Or, une minorité des juifs était concernée et le capitalisme financier s’avère aussi chrétien et musulman, etc. Il s’agit en fait d’arguments antisémites, qui relèvent de la rhétorique classique des extrêmes droites. 

Un autre raison qui a permis de fédérer le peuple allemand et les non juifs, c’est l’antijudaïsme, puis l’antisémitisme millénaire des chrétiens et des musulmans. Les fascistes se sont appuyés sur des conflits idéologiques entre religions et d’une concurrence pour la domination religieuse. Mais à nouveau le prétexte véritable des guerres de religion relève de la conquête du pouvoir économique et politique.

Les méthodes de propagande fasciste usaient de plus sur des grands rassemblement spectaculaires visant à glorifier la puissance, la grandeur, la gloire et l’orgueil nationaliste, le culte du grand homme sauveur, le « marketing », des symboles, tels l’aigle, la croix celtique, croix gammée…), la quête de la reconnaissance par l’accès à des statuts valorisants comme les élites SS ou le parti fasciste, etc. 

Ils s’inspiraient en cela des méthodes de marketing de l’industrie des relations publiques, qui furent mises en œuvre en particulier par Edward Bernays, le neveu de Freud. Ce marketing capitaliste visait à manipuler les désirs subconscients des populations afin d’orienter leur consommation en faveur des grandes entreprises, mais aussi de faire élire certains partis dans les gouvernements dits démocratiques.

La projection sur l’étranger (pays, individu…) de ses peurs subconscientes vise à les refouler. Castoriadis nous rappelle que la haine de l’autre est finalement une haine de soi. En effet, la peur de l’étranger, relève de la peur de ce qui est étranger en nous même, de ce qui est différent, de ce que nous ne maîtrisons pas. Pour un homme, ce pourra être sa partie féminine, sa dimension homosexuelle, ses désirs, ses fantasmes, sa peur de la fragilité… 

La psychose paranoïaque consiste aussi à projeter sur l’extérieur, ses propres angoisses refoulées, à refuser d’accepter que ses peurs viennent de soi-même, à chercher à contrôler l’autre et toutes les sources génératrices d’angoisse, jusqu’à l’obsession. C’est ce qu’a montré, Freud en mettant en lumière la puissance de notre subconscient sur nos actions quotidiennes. 

Tous ces éléments refoulés et inconscients ressurgissent et sont projetés sur autrui, sur l’étranger, sur celui que nous ne connaissons pas nous explique CG. Jung, à la suite de Freud. C’est ce « mécanisme de projection » psychologique, qui vient renforcer nos croyances sociales erronées ou manipulées. C’est donc une technique fort utilisée par nos dirigeants. 

Elle consiste à agiter le chiffon rouge, faire monter les passions et entraîner le peuple en guerre, contre l’ennemi extérieur, source de tous nos maux. La « guerre froide » entre l’occident capitaliste et l’URSS sous la dictature communiste stalinienne, fut ainsi renforcée et prolongée entre les deux camps de cette manière notamment.

Certains dirigeants politiques, tel Staline, soumis à des complots et à des attentats réels, finissent par pratiquer des meurtres de masses afin de se protéger de leurs angoisses paranoïaques et pour maîtriser leur environnement proche et lointain. 

Nombre de dirigeants politiques ou économiques disposent de traits de caractères névrotiques paranoïaques (et non d’une structure psychotique, qui relève de la « folie »). C’est pourquoi leurs comportements sont alors fondés sur un besoin de contrôle extrême, notamment par l’exercice de la violence verbale ou physique, de la terreur et de la manipulation des membres de leurs groupes ou de la population.

Le besoin de sécurité et de maîtrise, lié au complexe d’infériorité (Adler, 1918), ou aux névroses paranoïaques, vient renforcer le besoin de se surarmer. Ce qui satisfait notamment les intérêts militaro-industriels, car plus les pays se battent entre eux, plus la nécessité de se fournir en armes augmente et plus leurs profits s’accroissent. L’industrie des relations publiques, les agences de marketing, au service des marchands d’armes connaissent ces mécanismes psychologiques et en jouent auprès du public et de la classe des élites des pouvoirs publics et militaires, afin de stimuler leurs ventes à travers la course aux armements. 

Photo de Museums Victoria.

La violence n’est finalement que l’expression de son besoin de pouvoir et de sécurisation personnelle et collective. Or, pour cesser ce cercle infernal, René Girard, dans son livre « la violence et le sacré », explique qu’il faut casser le cercle vicieux de la « violence mimétique. » 

Lorsqu’un individu est agressé, généralement il a peur, donc pour se défendre, se protéger et se sécuriser, il a tendance à agresser en retour. L’agresseur agressé va frapper plus fortement encore durant cette « crise mimétique. » Cette violence en miroir où chacun accuse l’autre d’être le responsable, peut être observé fréquemment. C’est par exemple cas dans l’interminable conflit israélo-palestinien.

Certaines personnes, impliquées dans des violences individuelles ou nationales, cherchent au contraire à « désamorcer » les germes du conflit, afin que cesse cette violence mimétique. Cela suppose d’avoir le courage de ne pas répondre à sa peur par la violence, d’assumer le risque de paraître peureux face à l’agresseur et au regard des spectateurs. 

Ce qui implique donc une force intérieure suffisante, une hauteur de vue et une certaine sagesse. Pour cela, il s’agit d’être capable de regarder en face ses véritables peurs personnelles puis de les affronter. Sinon la personne qui les nie, les projettera sur autrui et lui attribuera la seule responsabilité du conflit et de la violence.

De plus, explique Jean Ziegler, lorsqu’une agression s’exerce contre une personne, un groupe d’individu, ou une nation, émerge alors un mécanisme de « résurgence mémorielle ». Il s’agit du retour des blessures nationales refoulées des générations passées, par exemple celle de l’esclavage et du colonialisme. Lorsque cette souffrance refoulée resurgit, alors, cela tend à provoquer des affrontements (mouvements sociaux, terrorisme, guerre…). 

Cela se rapproche des processus relevant de la psychogénéalogie, qui viennent expliquer que les histoires des générations précédentes influent sur les descendants, même s’ils n’en sont pas conscients et particulièrement lorsqu’il y a des « secrets de famille. » Chacun des membres d’une famille peut ainsi chercher de génération en génération, à parvenir consciemment ou non, à répondre au besoin de reconnaissance social inassouvi d’un de leurs ancêtres. 

Finalement, que peut-on en conclure ?

Que malgré son ampleur, la seconde guerre mondiale répond aux mêmes mécanismes que la plupart des autres grandes guerres. Une volonté de conquête économique est masquée par des motifs secondaires, telles les guerres contre un groupe religieux, ethnique, une ethnie ou une population dissidente. 

Mais il y a une cause plus profonde encore, le besoin de dominer à cause de la peur subconsciente d’être faible, le besoin de reconnaissance par l’obtention de distinctions notamment militaires et le besoin de se sécuriser par l’accumulation de richesses. Le génocide des juifs a permis de créer des boucs émissaires pour entrainer et fédérer le peuple allemand, puis d’autres peuples dans la guerre, en maquillant une volonté de pouvoir national et de puissance économique derrière une quête de la pureté raciale. 

De même, cette dernière visait la peur de ne pas s’estimer soi même. Pour dépasser les guerres sans fin qui sont aussi vieilles que l’humanité, il s’agit donc pour les humains de parvenir à prendre conscience des causes profondes économiques et psychologiques, qui les poussent à se battre et à tuer. Puis, d’apprendre à coopérer entre individus et nations, plutôt qu’à dominer militairement ou économiquement, par la liberté du plus fort et la compétition commerciale. Ensuite, l’humanité doit parvenir à lâcher prise par rapport à ces actes violents et compulsifs générés par les quatre peurs les plus fondamentales, la peur d’être faible, de ne pas être aimé, de ne pas être estimé et la peur de mourir.

Nous observons des mécanismes comparables dans la guerre entre l’Ukraine et la Russie.

Le mobile officiel pour les deux camps en conflit consiste à protéger la souveraineté du Donbass et ses frontières. Mais plus profondément, il s’agit de contrôler le Donbass. Il s’agit donc de causes communes à quasiment toutes les guerres, la volonté de conserver ou de contrôler un territoire pour des raisons de pouvoirs économique et politique, mais aussi à cause de facteurs psychologiques de domination et de sécurisation. 

De plus, il y a derrière l’implication des grandes puissances, des États-Unis, de l’OTAN, dont la France, une lutte pour le contrôle du monde et un rapport de force entre grandes puissances (Chine, Russie…), pour des raisons économiques. Ces mobiles les plus profonds sont masqués par des discours dont les objectifs s’avèrent en réalité plus secondaires, telles la défense de l’intégrité territoriale, la souveraineté, la protection des peuples opprimés, la lutte pour la démocratie, contre les régimes autoritaires…

PORTRAIT. Nadiia Ivanova : fuir la guerre pour retrouver Paris, ville de la paix

Nadiia Ivanova, Ukrainienne au carré long et impeccable, possède un sourire empreint de gentillesse. Née en avril 1981 en Crimée, Nadiia Ivanova est une femme pugnace et souriante, détentrice de trois masters : l’un en économie après un cursus à l’Université des ressources naturelles de Crimée, le second en journalisme et le troisième en marketing. Réfugiée à Paris et accompagnée par la Maison des Journalistes depuis mars, la brune a confié son parcours à l’Œil de la MDJ. Portrait d’une voix ukrainienne inépuisable.

Tout commence en 1998 pour Nadiia Ivanova, lorsqu’elle prend les commandes d’une radio de divertissement en Crimée, en tant que rédactrice cheffe de la rubrique informations. La femme grimpera les échelons au fil des années en même temps qu’elle obtiendra ses diplômes, avant de se rendre à Kiev pour poursuivre sa carrière et travailler pour une radio locale, en tant que cheffe de la rubrique musicale.

En 2015, Nadiia entre au service de Lux FM en tant que journaliste info, un tournant significatif pour sa carrière. Dès 2018, la journaliste radio devient une professeure des arts oratoires de l’école de Journalisme Radio à Kiev, un métier qui la passionne encore aujourd’hui.

Véritable voix des Ukrainiens, Nadiia incarne deux ans plus tard la voix officielle de l’application mobile des services publics Diia.gov.ua, utilisée par la population pour envoyer, signer et remplir des documents administratifs. La quarantenaire a conduit plus de 500 interviews en live et possède une solide carrière de 20 ans en radio.

Une carrière interrompue par les bombardements

Mais en février 2022, Nadiia assiste impuissante aux premiers jours de la guerre, alors qu’elle représente l’une des journalistes radios les plus en vue de Lux FM. Celle-ci est obligée de fermer dès les premières heures des hostilités, coupant court à ses aspirations professionnelles.

Le sourire de Nadiia s’efface un peu à l’évocation des bombes, tandis que ses yeux roulent pour fouiller dans sa mémoire. Le second jour de la guerre l’a terriblement marquée : alors que Kiev est bombardée par la Russie, son appartement situé à l’ouest de la capitale échappe de peu à un obus, qui tombera sur le bâtiment à côté.

« C’était effrayant et très compliqué », assure-t-elle en déviant le regard. « Je dormais chez moi, le 24 février, lorsque les premières bombes sont tombées à cinq heures du matin. C’était la première fois que j’entendais ce son qui m’a fait réaliser que la guerre avait véritablement commencé. »

Nadiia Ivanova à son bureau

Depuis début février 2021, les Ukrainiens étaient prêts à la guerre, qu’on « pouvait sentir dans l’air. » Ils avaient préparé pour la majorité des sacs de secours en cas de fuite. « Lorsqu’un bombardement est annoncé à travers les sirènes de la ville, vous avez une quinzaine de minutes pour fuir », relate Nadiia sans attarder son regard trop longtemps. « Votre sac doit déjà être prêt avec quelques vêtements, de la nourriture, une trousse de secours et de l’eau. » Nadiia ne partira pas seule : un ami la rejoindra à son appartement, plus proche de la frontière que partagent la Pologne et l’Ukraine, pour qu’ils puissent se rendre en France ensemble.

Un véritable parcours du combattant. Les deux amis établissent leurs pénates d’abord dans un petit village à l’ouest du pays pour quelques jours, village qui fait face comme le reste du pays à des problèmes d’électricité, gaz et eau courante. « J’ai dû porter les mêmes habits pendant douze jours environ », affirme-t-elle de sa voix douce avec un demi-sourire gêné. « Nous étions tellement stressés avec les alertes à la bombe qu’on ne pouvait plus dormir ou manger correctement, nous ne pensions pas à nous changer au cas où il faudrait s’enfuir au plus vite. »

Vingt minutes d’antenne par jour pour Lux FM

Ils passent quelques jours en Allemagne avant de rejoindre la capitale française, que Nadiia a toujours portée dans son cœur et où d’autres amis vivent. Le traumatisme la suit jusqu’à Paris, où elle a eu les premiers mois l’impression d’entendre le sifflement mortel des bombes. Aujourd’hui encore, il est difficile pour elle de se dire qu’elle est finalement saine et sauve et que la guerre ne la poursuivra pas.

De son appartement, Nadiia n’a quasiment rien emporté : les vêtements qu’elle porte à Paris les premiers mois sont ceux de ses amis. Toujours en location, l’appartement est aujourd’hui utilisé par une de ses connaissances après son départ, qui lui a attesté du vol de plusieurs de ses affaires. « Je me suis énervée au début, avant de relativiser. En temps de guerre, ce vol est beaucoup plus compréhensible. »

Quant à la radio Lux FM, elle peut à nouveau émettre des émissions. Problème, la couverture électrique est terriblement chamboulée par les bombardements. De nombreux blackouts minent les journées des Ukrainiens, avec quelques minutes d’électricité par jour dans tout le pays. « Les drones iraniens ont détruits nos centrales électriques, les habitants doivent pouvoir cuisiner, se laver et laver leurs vêtements en l’espace d’une vingtaine de minutes seulement. A Lux FM, seulement deux journalistes sont revenus travailler et ne bénéficient que d’un temps d’antenne quotidien très court », explique-t-elle d’une voix ferme.

Paris, ville des Lumières et de la paix

Nadiia évoque la libération de la ville de Kherson comme « un jour marquant, comme si on entrait dans une période de vacances très spéciales. » Elle ne compte cependant pas retourner à Kiev et Lux FM car elle ne veut plus vivre seule comme auparavant dans son appartement. « J’ai trop sacrifié pour faire le chemin inverse, la guerre m’a trop effrayée. Je veux vivre à Paris, la ville des Lumières et en temps de paix. J’ai toujours été fascinée par la langue française et Paris. La capitale est comme mon amante, je comprends cette ville et ses habitants, je m’y retrouve bien. Je ne veux pas perdre ma gentillesse et vivre dans la haine », confie la journaliste avec un franc sourire.

Nadiia participera bientôt aux activités de la MDJ, notamment l’édition 2022 de Renvoyé Spécial, le programme de sensibilisation à la liberté d’expression et de la presse. Elle étudie aujourd’hui le français et les arts à la Sorbonne et ne compte pas retravailler dans l’économie, mais “devenir une personne utile à la société française” et lui rendre tout ce que le pays a su lui donner. « J’ai suivi un parcours économique pour faire plaisir à mes parents, mais je suis une personne artistique et là est ma voie. J’ai des projets que je veux développer en France concernant la culture artistique du pays, des projets avec l’Unesco » explique-t-elle, enveloppée dans un manteau à carreaux marron. « Cette ville m’a sauvé », conclut-elle en accrochant son regard dans le nôtre. Pour le prouver, son compte Instagram intitulé « elle murmure. »

Lorsqu’on lui demande pourquoi, Nadiia n’hésite pas à rire à l’évocation de ce bon souvenir. « Il y a 12 ou 15 ans, mon Instagram était mon blog, mon journal intime. Mon copain de l’époque parlait un peu français, et je trouvais la prononciation des mots « elle murmure » très élégante. Ce n’est qu’au bout de plusieurs années que j’ai appris la signification réelle de ces termes. En tant que journaliste radio et professeure de journalisme, tu « murmures » au micro lorsque tu prends ta voix de radio. C’est mon petit jeu de mots. » Un jeu de mots qu’elle partage avec Paris, à qui elle murmure ses projets et aspirations. Elle n’attend plus que la ville lui prête oreille.

Maud Baheng Daizey

War in Afghanistan : one year under the Taliban regime

Introduction:

Last year, on August 15th, the Islamic Republic of Afghanistan was fall down on the basis of an international and domestic conspiracy and the Taliban ruled the entire country, they (Taliban) had a golden chance to prove themselves that they can represent this great nation and have the knowledge and art to lead the country towards prosperity and stability, but unfortunately only the war is stopped for a short period of time, it is a temporary positive change in the security situation, but the country has gone in a negative direction in all other areas.

The previous republican government:

The result of the withdrawal of the United States and NATO from Afghanistan was heartbreaking, sad and devastating for many Afghans, although the collapse of the previous republican government led and reason to the return of the Taliban, it was corrupt in different parts, but still it was a united government of America and NATO to fight against Islamist extremist groups in Afghanistan and the region, It celebrated and nurtured democratic values ​​and tried to guarantee these values ​​to Afghans, (Although these values ​​were very difficult to implement so quickly and the country should have a full-fledged liberal democracy).

Certainly, the previous system was more valuable than the current successor.

Islamic Emirate of the Taliban:

The Taliban’s one-year rule, especially their treatment of girls and women, shows that the Taliban intends to turn Afghanistan towards extremism based on a narrow view of Islam، and it seems that they will not able to help the country in economic reconstruction., which had signed at the beginning of the withdrawal of foreign forces, it could not be saved.

Ideological agreement and relations with other extremists groups:

Although the Kabul attack that killed al-Qaeda leader Ayman al-Zawahiri was a major achievement for the intelligence and counter-terrorism communities, the presence of al-Zawahiri in the country’s capital and within a few kilometers of the presidential-place (Arg) shows that Taliban still willing to provide hiding places to international terrorist groups, the country with a population of nearly 40 million and the West has been helping them for the past 20 years is condemned to humiliation and deprivation.

Human Rights:

On the verge of completing one year of the Taliban’s rule in Afghanistan, the Human Rights Watch Foundation has published a report called “A year full of disasters of the Taliban government”.

It is stated in this report that the terrible actions of the Taliban in the field of human rights and the interaction of this group with the international community have led to their isolation.

In the report of the Human Rights Watch Foundation, it is stated (that the Taliban have violated their promises in the field of human rights since taking over Afghanistan).

According to the report of the Human Rights Watch Foundation, the Taliban have imposed severe restrictions on women and the media and have arbitrarily arrested, tortured and executed opponents.

According to this report, since the rule of the Taliban in Afghanistan, 90 percent of the people of this country are suffering from food insecurity and millions of children have suffered from malnutrition.

One year after the rule of the Taliban, the greatest losses have been inflicted on the women of Afghanistan, thousands of women have lost their jobs, millions of girls have been prevented from going to school, and restrictions have been imposed on their presence in society, and they have been suppressed in the political arena.

During the republic government among the 249 members of the Afghan House of Representatives (Wolosi Jirga), 69 of them were women, and among the 102 representatives in the Senate, almost half of them were women.

In the previous republic government, nearly 5,000 women worked in the ranks of the Afghan Defense Forces.

Women’s teams in various fields such as football, basketball and martial arts had impressive activities in all provinces, now these activities have come to zero and their participation in sports is prohibited under the shadow of the Taliban regime.

With the arrival of the Taliban it has been implemented, preventing women from working, closing schools to female students above the sixth grade, covering the faces of female TV presenters, and imposing other restrictions on women have severely limited the public space for women in Afghanistan.

Human Disaster:

The international aid organization (World vision) in its report which is published on August threatened that the development achievements of the people of Afghanistan, which have been achieved with many problems, are in serious danger, (World Vision) has said that the situation of children in Afghanistan is more dangerous than ever, that some call it the worst humanitarian crisis in the world.

The report states that this is challenging the ability of families to survive, rapidly deteriorating the public health system and ultimately endangering the rights and protections of Afghan children. 

The UN’s Humanitarian Aid Coordinator (OCHA) says that around 25 million people in Afghanistan are currently living in poverty, and the organization has reported that 900,000 jobs will be out of the labor market this year.

Freedom of speech:

The Committee to Protect Journalists in New York has published a report calling for the release of journalists imprisoned by the Taliban and violence against the media. In this report, it is said that a large number of journalists left the country due to violence and harassment, and due to the restrictions and bad economic situation, a number of newspapers, radio stations and television stations have been shut down. It is stated in this report that Afghanistan had 547 media outlets before August 15 of last year, but a year later, 219 media outlets stopped their activities and 76.19% of 11,857 journalists lost their jobs.

The Reporters Without Borders organization has published a report saying that after the rule of the Taliban, Afghanistan has lost 39.59% of its media and 59.87% of journalists, especially female journalists, and three quarters of them are now unemployed. According to this organization, all this happened amid the deep economic crisis and suppression of press freedom.

Reporters Without Borders Secretary General Christophe Delor said: “Journalism was destroyed in Afghanistan last year.”

He stated: “The media and journalists are subjected to unfair regulations that limit the freedom of the media and open the way for repression and harassment.

This organization has noted that women journalists were the most affected and in 11 provinces of Afghanistan, where there were 2,756 female journalists and media workers, now only 656 are working.

The report states that accusations of “immorality or behavior contrary to society’s values” are widely used as a pretext for harassing female journalists and sending them home.

Health system:

 Johanniter International Assistance has said that Afghanistan’s health system has returned to the situation 20 years ago due to the cessation of international development aid and economic isolation.

Holger Wagner the head of Janitor’s international aid program, said that 70% of people’s primary health care expenses were financed by the international community in the past years, and if it is cut off, employees’ salaries will no longer be paid, medicine and equipment will not be provided, and it will not be possible to provide health facilities.

 “This poor first aid supply is now facing an unprecedentedly dramatic humanitarian situation, especially for children – if they survive – their development will be stunted, with fatal consequences for the country’s future society,” adds Wagner.

Brain Drain:

 Thousands of Afghans were forced to leave their country, The majority of these Afghans are professionals, scholars of contemporary sciences and technology, and elites of Afghanistan.

According to experts of the migration; this great wave of manpower will have extremely destructive effects on the future of Afghanistan.

Abbas Kamund, the former spokesperson of the American Embassy in Kabul said that in the past 21 years of American investments in the field of human capacity development in Afghanistan, “the investments were comprehensive, extensive and very huge, maybe there is no exact figure yet, but estimates are that in the fields of military, economic, political, state building and infrastructure, the expenditures of the United States of America, including military expenditures, reached about two trillion dollars.

However, as a result of the withdrawal of international forces led by the United States from Afghanistan on August 15, 2021 and the rise of the Taliban group, thousands of educated, professional and experienced Afghans were forced to leave Afghanistan.

Taliban Foreign Relations:

Taliban has relations with several countries such as Pakistan, Iran, Russia, Saudi Arabia, Turkey, Qatar and China. There are many comments about the Taliban’s relationship with the above countries, especially Pakistan, I will not go there, I will only focus on China-Taliban relation.

China is one of the biggest economic powers in the region and has the capacity to help the Taliban through investment, also the Taliban were very hopeful at the beginning to use China’s influence in their international relations. 

China:

A checkpoint near Karkar mine in Baghlan province was under the attack by IS-K forces at night, it’s says; all the fighters of that checkpoint were killed in this attack, but there is a possibility that these dead fighters were Uyghur who were killed by the Taliban because of their commitment to China, the next night Taliban closed the Baghlan-Kundz highway for almost half a day, and no word of that incident was released to the media.

China is worried about Muslim Uyghurs fighters who can cause rebellion in this country through the common border with Afghanistan and Central Asia, therefore it is eager to have a relationship with the Taliban, this relation is based more to watch the Taliban, China want to be make sure that there is no dangerous for them, and they can follow up the Uyghurs fighters, but whether the Taliban have really taken the actions that China wants against the Uyghurs who oppose China, It is a question?

But; in the latest case, the English section of the Voice of America published the opinion of American analysts and said that China and the Taliban are “disappointed” with each other.  American analysts have considered the reason for China’s disappointment with the Taliban to be the failure to suppress Uyghur extremist groups, which the Taliban have not implemented in the past year despite repeated promises, on the contrary, the Taliban wants economic cooperation and international legitimacy from China.

With the killing of Ayman al-Zawahiri in Kabul, the concerns of China, a country that the Taliban had counted on, have increased.

There are many reports that the Turkestan Islamic Movement, whose founders are Uyghur extremists, are based in parts of Baghlan province and are closely cooperating with the Taliban.

The Opium

Terrorism and opium have a synergistic relationship and the main source of financing, equipping and the economic structure of violent groups in the region is this lucrative business.

The Taliban had created a large network of opium trafficking in the region, the Taliban’s opium cultivation, refining and trafficking network starts from the big farmers who are known as the local opium mafia in the regions and reaches the high-ranking military commanders and political-religious leaders of this group.

Opium is considered to be one of the economic sources of financing the war in Afghanistan, which is the main arm of the Taliban’s criminal economy and plays an essential role in political instability.

Past year, Taliban commanders and leaders of this group intensified the process of opium smuggling and production and took it from the hands of local traffickers, before the Taliban’s strategy was that the military commanders cooperated with the help of local traffickers who were not members of the Taliban group, but after the occupation of Afghanistan, the middle-ranking commanders of the Taliban also limited the hands of non-Taliban traffickers and took over the circulation of opium from cultivation to trafficking, a large part of them who were engaged in war are now engaged in the cultivation and trafficking of drugs, which is very profitable.

The New York Times has reported that Molavi Yaqoub, the Minister of Defense of Taliban during his trip to Doha asked the Americans to release Bashir Noorzai, a well-known smuggler and financial supporter of the Taliban.

IS-K

 Amir Khan Motaqi, Taliban’s foreign minister, said at the Tashkent meeting earlier this month that 1,800 IS-K fighters were released from Bagram and Pulcherkhi prisons when the Taliban captured Kabul.

On Thursday, 11 August the news website of the ISIS group (Amaq) claimed responsibility for the killing of Maulvi Rahimullah Haqqani, one of the senior members of the Haqqani network, by publishing a newsletter.

In this newsletter, it is said that the suicide attacker of this group bypassed all the security fortifications, reached Rahimullah Haqqani’s school and detonated his suicide vest.

ISIS has claimed that including this senior member of the Taliban group, several others were also killed in this attack.

Rahimullah Haqqani, a member of the Haqqani network, was active in Pakistan before the Taliban took over Afghanistan and ran a religious school in Peshawar, after the collapse of the Afghan government, he moved his school to Kabul.

Many members of the Taliban, including the commanders and leaders of this group, are students of Sheikh Rahimullah Haqqani School, which was active in Peshawar for the past 20 years.

This shows that the Taliban has failed to control IS-K attacks that have been carried out several times in the past one year, However, control of such attacks requires a network and advanced information tools, which Taliban do not have both.

In the early days of Taliban rule over Afghanistan, IS-K carried out the deadliest terrorist attack in Kabul airport during the evacuation process, in which more than 200 people, including American forces, were killed and wounded, In another IS-K attack on a mosque in Kunduz, more than 50 Shia worshipers were killed and wounded, a week after the attack on Kunduz, the bloodiest terrorist attack took place in Kandahar, as a result of which about 40 people were killed and more than 70 people were injured, after that, IS-K planned and executed other bloody attacks in Mazar-i-Sharif and west of Kabul, On the 7th and 8th of Muharram, this group killed more than 90 people in Kabul.

Conclusion:

The findings of a new survey about the situation in Afghanistan under the control of the Taliban show that 92 percent of the interviewees are completely dissatisfied with the actions of the Taliban and only 8 percent of the people asked for the continuation of the Taliban’s actions.

This survey was conducted by the Afghanistan Institute of Strategic Research and Studies in 20 provinces of the country, and the questions were answered by 2000 interviewees who were between 18 and 40 years old. 64 percent of the interviewees are men and 36 percent are women.

If the Taliban still can’t wake up from the sleep of neglect and think that they can govern by what they are thinking, then this is a very difficult task. The above shortcomings should be rationally thought about. There is still time to move together with the 20th century.  And the fundamental rights of the people of Afghanistan can be restored. If they want to be recognized by the world, then it is very important that legitimacy should be taken from the nation first. International legitimacy will come automatically, even now from the world and from the opponents at home.  To really open the doors of dialogue and commit to building a system that is representative of all political and ethnic currents and human rights of Afghans can be given.

Warning to the international community:

 Famous American Senator Lindsey Graham said on Tuesday, August 16 (Zamri 25) that there is a possibility of another attack from Afghanistan on America and America’s allies, the source of which would be Afghanistan.

 Mr. Graham added in a statement that America has not ended any war but has started another war because President Biden made a hasty decision.

Graham explained, the conditions in Afghanistan are terrible and all the work that was done in the last 20 years has been displaced because now the training camps that were in that country before September 11th are being rebuilt.

* Availability of American weapons worth billions of dollars with the Taliban:

 The American Ministry of Defense or the Pentagon has said in recent statements that weapons and ammunition worth about 7 billion dollars have been left in this country while leaving Afghanistan.  The source says that these weapons and ammunition also include cars, tanks and airplanes.  American officials say that more than 300,000 guns and other handguns have been left from the former government to the current government. Considering that this is a fragile situation, it is necessary to help the people of Afghanistan on the one hand through human sympathy and on the other hand to take necessary steps to prevent any danger facing the world.  Forty years, nations are tired of fighting and no longer want to present the war as a solution. America and the world can convince the Taliban to guarantee the basic rights of the people of Afghanistan through the countries that support the Taliban and on the basis of soft pressure.  It should be done through legitimate and democratic means.

On the basis of soft pressure, the Taliban have been convinced that the basic rights of the people of Afghanistan are guaranteed and that the coming to power is done through legitimate and democratic means.

Written by Noorwali Khpalwak 21/08/2022, Paris

Afghanistan : un an sous le régime des Talibans

Le 15 août 2021, la république islamique d’Afghanistan est tombée à la suite d’un complot international et national, laissant les Talibans prendre le contrôle du pays. L’occasion pour eux de prouver qu’ils pouvaient représenter cette grande nation, et qu’ils possédaient les outils et les connaissances nécessaires pour mener le pays vers un avenir prometteur. Cependant, le régime des Talibans n’a eu qu’un impact limité et temporaire sur la sécurité en Afghanistan, tandis que tous les autres secteurs du pays ont été impactés négativement. Retour sur les réformes talibanes qui minent le pays.

Une République désormais islamique

Les conséquences du retrait des Etats-Unis et de l’OTAN d’Afghanistan ont été bouleversantes et tristes pour un grand nombre d’Afghans. Certes, l’effondrement du précédent gouvernement républicain a mené au retour des Talibans, mais cette chute a été corrompue de différentes manières. Il est important de souligner que les États-Unis et l’OTAN essayaient d’établir des valeurs démocratiques, bien que ces valeurs aient été difficiles à mettre en œuvre et que le système précédent avait des qualités supérieures au régime actuel. Un an après le début de leur règne sur le pays, et au regard du traitement réservé aux femmes et aux filles, il apparait clair que les Talibans conduisent l’Afghanistan vers un régime extrémiste, basé sur une vision étroite de l’Islam, qui ne permettra pas la reconstruction économique du pays promise au moment du retrait des troupes étrangères. 

Même s’ils tiennent à afficher leurs dissemblances avec les autres groupes terroristes, les Talibans continuent de jouer un double-jeu. L’attaque de Kaboul ayant tué le chef d’al-Qaïda Ayman al-Zawahiri a été une réalisation majeure pour les communautés du renseignement des États-Unis et de la lutte contre le terrorisme, mais la présence d’Al Zawahiri dans la capitale démontre que les Talibans sont toujours disposés à fournir des cachettes aux groupes terroristes internationaux. 

L’opium, nerf afghan de la guerre

Autre terrain d’entente, la drogue. Les Talibans comme les terroristes se financent en bonne partie grâce à la production d’opium en Afghanistan : elle est en effet la principale source de financement et d’équipement des groupes violents de la région, et joue un rôle essentiel dans l’instabilité politique du pays. Les Talibans avaient créé un vaste réseau de trafic d’opium en collaboration avec la mafia locale, les commandants militaires et les chefs politico-religieux. En 2021, les commandants et les dirigeants Talibans ont intensifié le processus de contrebande et de production d’opium, après l’avoir repris des mains des trafiquants locaux. Au début, les commandants militaires travaillaient en collaboration étroite avec des trafiquants non Talibans. Toutefois, avec l’occupation de l’Afghanistan, les Talibans ont limité leurs liens avec les trafiquants non Talibans pour s’approprier le monopole de l’opium. Le New York Times a rapporté que Molavi Yaqoub, le ministre de la Défense des Talibans, avait déposé une demande auprès des Américains lors de son voyage à Doha afin de libérer Bashir Noorzai, un contrebandier bien connu et un soutien financier des Talibans. Amir Khan Motaqi, ministre des Affaires étrangères des Talibans, a déclaré lors de la réunion de Tachkent en août 2022, que 1 800 combattants de l’IS-K (branche de l’ISIS) avaient été libérés des prisons de Bagram et de Pulcherkhi suite à la chute de Kaboul.

Le jeudi 11 août, le site d’information du groupe ISIS (Amaq) a publié une newsletter où ils revendiquaient l’assassinat de Maulvi Rahimullah Haqqani, l’un des principaux membres du réseau Haqqani. En outre, ISIS avait affirmé que plusieurs autres personnes avaient également été tuées dans cette attaque. Rahimullah Haqqani, membre du réseau Haqqani, était directeur d’une école religieuse à Peshawar au Pakistan. Après la chute du gouvernement afghan, il avait déménagé son école à Kaboul. De nombreux membres des Talibans sont des élèves de l’école Sheikh Rahimahullah Haqqani qui était basée à Peshawar pendant 20 ans. Cela montre que les Talibans n’ont pas réussi à contrôler les attaques de l’IS-K qui ont été menées à plusieurs reprises au cours de l’année écoulée. Le contrôle de telles attaques nécessite un réseau et des outils d’information avancés, dont les Talibans ne disposent pas. Pendant les premières semaines du règne des Talibans, l’IS-K a mené une attaque meurtrière à l’aéroport de Kaboul, au cours de laquelle plus de 200 personnes, dont des forces américaines, ont été tuées et blessées. Lors d’une autre attaque de l’IS-K dans une mosquée de Kunduz, plus de 50 chiites ont été tués et blessés. Une semaine après, l’attaque la plus sanglante a eu lieu à Kandahar, faisant environ 40 morts et plus de 70 blessés. Après cela, l’IS-K a planifié et exécuté d’autres attaques sanglantes à Mazar-i-Sharif et à l’ouest de Kaboul, les 7 et 8 Muharram (NDLR : calendrier hégirien, 5 et 6 août 2022), qui ont causé la mort de plus de 90 personnes.

Les droits de l’homme toujours opprimés

Pour le premier anniversaire du retour au pouvoir des Talibans, l’organisation non-gouvernementale Human Rights Watch a publié un rapport intitulé “Une année catastrophique du gouvernement taliban”. Selon ce bilan, les politiques menées par les Talibans visant à restreindre les droits fondamentaux des citoyens afghans et les échanges tendus avec l’étranger ont mené à l’isolement du pays sur la scène internationale. Human Rights Watch précise que, depuis leur retour, le régime a imposé de sévères restrictions aux femmes et aux médias et a arbitrairement arrêté, torturé, et exécuté ses opposants.  En un an, 90% des Afghans ont souffert ou souffrent de l’insécurité alimentaire et des millions d’enfants sont victimes de la malnutrition. Suite aux nombreuses restrictions imposées aux femmes et aux filles leurs droits ont drastiquement régressé, étant interdites d’étudier, d’exercer beaucoup de métiers et de participer à la politique. Des milliers de femmes ont perdu leur travail et ont été ostracisées de la scène politique. Triste exemple, la Chambre des représentants afghane (Wolosi Jirga) se composait de 249 membres dont 69 femmes avant août 2021. Et parmi les 102 représentants au Sénat, près de la moitié étaient des femmes. Près de 5000 femmes travaillaient également dans les rangs des forces de défense et comme les autres travailleuses d’autres domaines, elles ont été renvoyées chez elles. Le sport n’est point épargné avec les équipes féminines en football, basket-ball et dans les arts martiaux, qui ont connu un essor important avant les Talibans mais qui aujourd’hui ont été supprimées. Sous l’ombre du régime, leurs activités ont été complètement suspendues et leur place dans la société sévèrement limitée.

La fuite des cerveaux, conséquence inévitable de la situation afghane

Une véritable paralysie de la société afghane, qui s’enfonce lentement mais sûrement dans une crise sociale et sanitaire sans précédent. Une nouvelle publication en août 2022 de l’organisation d’aide internationale World Vision établit que les minces avancées réalisées pour le développement de la population afghane sont mises en péril par un an de règne autoritaire des Talibans. L’organisation déclare que la situation des enfants en Afghanistan est plus dangereuse que jamais, certains la qualifiant même de pire crise humanitaire au monde. Avec un système de santé publique détérioré et les nombreuses difficultés rencontrées par les familles, des milliers d’enfants seraient en danger. Selon Johanniter International Assistance, le système de santé afghan est revenu 20 ans en arrière en raison de l’isolement économique. En outre, Holger Wagner, le président du programme d’aide internationale de Janitor, a annoncé que la communauté internationale qui finançait 70% des dépenses de santé en Afghanistan ont suspendu leurs services, en laissant les Afghans sans médicaments et matériel médical. Enfin, le coordinateur de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA) affirme qu’environ 25 millions de personnes en Afghanistan vivent actuellement sous le seuil de pauvreté. L’organisation a aussi signalé que 900 000 emplois seraient détruits cette année.

Le Comité pour la protection des journalistes à New York a publié un rapport appelant à la libération des journalistes emprisonnés par les Talibans, stipulant qu’un nombre important de journalistes avaient fui le pays suite aux violences et aux harcèlements qu’ils avaient subi. Les statistiques montrent que l’Afghanistan comptait 547 médias avant le 15 août de l’année dernière. Toutefois, plus de 219 ont suspendu leurs activités et 76.19% des journalistes ont perdu leur poste après le retour des Talibans. Le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Delor, déclare qu’en Afghanistan “le journalisme est réduit à un état misérable. Les médias et les journalistes sont soumis à des réglementations injustes qui limitent la liberté des médias et ouvrent la voie à la répression et au harcèlement”. Les journalistes femmes sont alors les plus touchées par les “règles de journalisme” imposées par les Talibans. Ils indiquent que les accusations “d’immortalité ou de comportements contraire à l’éthique” sont souvent utilisées comme prétexte pour harceler les femmes journalistes. 

Toutes ces données ont également eu une incidence sur les départs des travailleurs du pays. Ne pouvant plus se nourrir ou tout simplement avoir un poste, des milliers d’Afghans ont effectivement été contraints de quitter leur pays, y compris des scientifiques et des professeurs. Selon les experts de la migration, cette effroyable vague d’exode des cerveaux aura des effets extrêmement destructeurs sur l’avenir de l’Afghanistan. Abbas Kamund, l’ancien porte-parole de l’ambassade américaine à Kaboul, a déclaré qu’au cours des 21 dernières années dans le domaine du développement des capacités humaines en Afghanistan, “les investissements américains étaient d’une valeur très importante, il n’y a pas encore de chiffre exact mais nous estimons que dans les domaines militaire, économique, politique, de la construction de l’État et des infrastructures, les dépenses des États-Unis, ont atteint environ deux milliards de dollars.” Cependant, à la suite du retrait des forces internationales américaines et du retour des Talibans, des milliers de professionnels afghans ont été contraints de quitter le pays.

Les Talibans se sont alors tournés vers d’autres partenaires notamment le Pakistan, l’Iran, la Russie, l’Arabie Saoudite, la Turquie, Qatar et la Chine. Au début de leur accord, les Talibans espéraient utiliser l’influence de la Chine dans leurs relations internationales, mais la situation s’est révélée plus complexe.

La Chine, surprenante alliée de l’Afghanistan ?

Une attaque menée par les forces de l’IS-K dans un point de contrôle, près des mines de Karkar dans la province de Baghlan, a causé la mort de plusieurs gardes. Des rumeurs affirmeraient que ses gardes décédés soient des Ouïghours tués par les Talibans en raison de leur engagement envers la Chine, mais cela n’a pas été vérifié pour l’heure. Le jour suivant, les Talibans ont ordonné la fermeture de l’autoroute Baghlan-Kundz pour quelques heures et aucun mot de cet incident n’a été communiqué aux médias. La Chine verrait d’un mauvais œil les gardes musulmans ouïghours, susceptibles de provoquer une rébellion dans leur pays. Rien d’étonnant à ce qu’ils renforcent leurs liens avec les Talibans afin de les surveiller et de s’assurer des activités des Ouïghours. Mais les Talibans ont-ils vraiment pris les mesures que la Chine souhaite imposer aux Ouïghours opposants ? Une question pour l’heure sans réponse.

Cependant, The Voice of America  a déclaré que la Chine et les Talibans étaient “déçus” l’un de l’autre. Les analystes américains considèrent que la raison derrière la déception de la Chine à l’égard des Talibans était leur incapacité à contrôler les groupes extrémistes Ouïghours. D’autre part, les Talibans demandent toujours une coopération économique et une légitimité internationale à la Chine. Avec l’assassinat d’Ayman al-Zawahiri à Kaboul, les inquiétudes de la Chine se sont accrues. De nombreux rapports indiquent que le Mouvement islamique du Turkestan, dont les fondateurs sont des extrémistes ouïghours, est basé dans certaines régions de la province de Baghlan et coopère étroitement avec les Talibans.
Mais qu’en pense le peuple afghan ? Les résultats d’une nouvelle enquête sur la situation en Afghanistan sous le contrôle des Talibans démontrent que 92 % des personnes interrogées sont totalement insatisfaites par le régime taliban. Cette enquête a été menée par l’Institut afghan de recherche et d’études stratégiques dans 20 provinces du pays qui en possèdent 34. Environ 2000 personnes âgées de 18 à 40 ans ont été interrogées, dont 64 % des hommes et 36 % des femmes. Les Talibans demeurent dans le déni total s’ ils continuent à croire que leurs lois strictes leur permettront de gouverner une population entière. Côté international, la sénatrice américaine Lindsey Graham a déclaré mardi 16 août (Zamri 25) qu’il existait une possibilité d’une autre attaque depuis l’Afghanistan contre l’Amérique. Lindsey Graham a ajouté que l’Amérique n’a mis fin à aucune guerre mais qu’ils en ont au contraire commencé une autre face aux décisions hâtives du président Biden. La sénatrice a expliqué que les conditions en Afghanistan sont terribles et que les progrès qui ont été accomplis ces 20 dernières années ont tous été anéantis. Pour preuve, les camps d’entraînement qui se trouvaient dans le pays avant le 11 septembre sont pratiquement tous en cours de reconstruction.

Pis encore, le ministère américain de la Défense a déclaré que les Talibans possèdent des armes et des munitions américaines d’une valeur totale d’environ 7 milliards de dollars. La source indique que ces équipements comprennent également des voitures, des chars et des avions. Les responsables américains affirment que plus de 300 000 armes à feu et autres armes de poing ont été abandonnées par l’ancien gouvernement et reprises par le successeur actuel.

Après 40 ans de guerre, le peuple afghan n’a plus d’énergie pour se battre. Les Etats-Unis et le reste du monde ont le pouvoir et les moyens nécessaires pour convaincre les Talibans de garantir les droits fondamentaux des Afghans. Avec un peu de pression, les Talibans peuvent être convaincus que les droits fondamentaux du peuple afghan doivent être garantis, et que l’arrivée au pouvoir doit se faire par des moyens légitimes et démocratiques.

Article écrit par Noorwali Khpalwak et traduit par Rim Benomar, mis en forme par Maud Baheng Daizey.

Karzan Hameed, journaliste Kurde exilé, “ Il a toujours son nom : Irak, mais le pays n’existe plus” (#Portrait)

Journaliste depuis 20 ans, Karzan, 42 ans, est né au Kurdistan Irakien, région autonome rattachée à l’Irak. Pour s’être intéressé de trop près au clan Barzani dirigeant le Kurdistan Irakien, il a dû fuir le pays où sa vie était menacée. Résident en France, Karzan est aujourd’hui un des 14 résidents de la Maison des journalistes (MDJ). Portrait.
  •  Ange Fabre, étudiant en droit et science politique, stagiaire à L’oeil de la  Maison des journalistes. 

“Les Kurdes sont un peuple différent des turcs, des arabes et des perses. C’est une autre ethnie, différente.” explique Karzan à propos des Kurdes. “Nous avons deux dialectes, le kurmandji, parlé par les Kurdes syriens et turcs. En Irak et Iran, les Kurdes parlent soranî”, ajoute-il. Il explique que les Kurdes sont éparpillés sur quatre États : la Syrie, la Turquie, l’Irak et l’Iran. Selon lui, la population kurde compte environ trente millions de personnes, chiffre inférieur aux 44 millions officiels. Au moment de présenter les villes du Kurdistan Irakien telles Erbil, la capitale et Souleimaniye une autre grande ville, il s’arrête sur Halabja et n’oublie pas d’évoquer un douloureux épisode historique. Halabja, a été bombardée chimiquement parle gouvernement irakien en 1988, ce fût un génocide pour nous, comme un second Hiroshima.”

Karzan entame sa carrière de journaliste en 2000, en tant que reporter-photographe à Erbil, capitale du Kurdistan, puis à Bagdad de 2003 à 2005 où il est témoin de la guerre en Irak, puis de la violence d’Al-Qaïda. De 2005 à 2007 il est envoyé à Kirkouk, au nord de l’Irak. Sa maîtrise des dialectes kurdes et arabe lui est un atout précieux.

Pourtant rien ne le destinait à devenir journaliste. “C’est bizarre (rire). Avant d’être journaliste,  ce que j’aimais beaucoup c’étaient les livres. A 20 ans j’ai suivi une formation de six mois pour devenir chercheur en économie, sociologie, science politique.  À la fin de cette formation, un étudiant, Hendren Ahmed, qui travaillait dans un journal, m’a contacté et proposé de venir travailler avec lui. Je ne connaissais rien au journalisme et avais un problème avec l’écriture.  Il m’a dit “c’est facile on va t’aider.” Cet ami et collègue, Hendren Ahmed, journaliste réputé, est secrétaire du Conseil du Syndicat de la Presse du Kurdistan. “ Tout le monde l’appelait “boss”, mais il disait “ Je ne suis pas votre boss, je suis votre collègue !”, on l’appelait comme ça quand même”. La vocation de Karzan a débuté par cette amitié. Il affectionne alors particulièrement le métier de reporter, entre l’Irak et la province du Kurdistan.  “Après trois ans, ils voulaient mon aide au bureau. Mais je préférais être reporter. De plus, j’avais acquis de bonnes connexions avec des hommes politiques.”

“Une main avec le diable et une autre avec Dieu”

Karzan est au Kurdistan lorsqu’éclate la deuxième guerre du golfe en 2003. Il ne peut aller en Irak alors que la coalition menée par les Etats-Unis envahit le pays. Lorsque le régime de Saddam Hussein tombe, en mai 2003, Karzan rejoint l’Irak et parcourt le pays. Il assiste alors à la violence des affrontements entre les forces américaines et les groupes armés irakiens et terroristes. “J’ai travaillé à Bagdad, un jour je suivais l’armée américaine, l’autre je suivais l’Armée du Mahdi, milice islamiste chiite combattant l’occupation américaine. Quand tu fais ce métier tu as une main avec le diable et l’autre avec Dieu.” Il a également assisté à la violence des attentats d’Al-Qaïda à Bagdad. “ J’ai encore des photos, je peux vous les montrer mais attention, elles peuvent être choquantes.” prévient-il au moment de nous les montrer.  Sur l’une d’elles, on voit des blessés ensanglantés  être évacués en urgence à l’arrière d’une voiture . “Cette photo date de mai 2005 après l’explosion d’une voiture piégée, près du ministère de la défense. C’était après la deuxième guerre du golfe, lors des attaques d’Al Qaïda contre le nouveau gouvernement et les américains.” Il vend certaines de ses images aux agences de presse internationales et les autres sont envoyées à un média Kurde d’opposition pour lequel il travaille alors.

Karzan évoque ensuite ses ennuis avec les autorités en Irak. Il est arrêté une première fois en 2005. Alors qu’il a rendez-vous à Bagdad, une explosion se produit, il prend des photos de l’évènement.  “Retenu trois heures, ils m’ont demandé comment il se faisait que juste après l’explosion je sois là à prendre des photos.” Ce jour-là, Karzan devait interviewer un professeur d’université. “Ils ne comprenaient pas, pensant que j’étais en lien avec les terroristes, qui m’auraient appelé, ils ont voulu voir mon téléphone. Heureusement, mon numéro uniquement adapté au réseau du Kurdistan, ne fonctionnait pas en Irak”, ils finirent par le relâcher.  “L’officier pensait que je mentais. Moi je n’en savais rien, en tant que journaliste, j’ai juste eu de la chance d’être au ‘bon endroit au bon moment’ !”

Mais Karzan a aussi eu de nombreux ennuis avec la police du Kurdistan. “ La police au Kurdistan, ils t’arrêtent trois fois. La quatrième fois tu meurs. J’ai été arrêté deux fois, avant la troisième j’ai quitté mon pays. Ce n’est pas possible de parler de certaines choses, si tu parles de la famille Barzani tu es fini.” En 2007, lors d’une manifestation à Erbil, il est arrêté alors qu’il prend des photos sur lesquelles figurent des policiers. Il parvient à effacer les clichés de son appareil mais les policiers le gardent une semaine. “Ils ne te disent rien, ils te mettent juste en prison. Tu ne sais pas pourquoi. C’est comme une guerre psychologique.” Quelques jours plus tard, il est à nouveau arrêté lors d’une nouvelle manifestation au même endroit. Cette fois, les policiers retrouvent les photos et le gardent à nouveau une semaine. Ils lui ordonnent de ne plus prendre de photos de policiers sans leur accord. Il parvient à récupérer son matériel et s’en sort sans conséquence grâce à une relation du ministère de la défense. “Ils m’ont dit : ‘Très bien, tu peux sortir mais on te connaît, ton jour viendra.’”

Karzan intègre ensuite la rédaction de la chaîne de télévision Rudaw basée au Kurdistan irakien, de 2012 en 2016. Après 2016, il s’oriente vers l’aide humanitaire, “Je travaillais avec les réfugiés, syriens, irakiens, arabes, qui fuyaient Daesh. Je travaillais entre le Kurdistan et l’Irak, à Mossoul. On les aidait dans leur démarche, on écoutait leurs histoires, on leur apportait des soins.”

De la corruption à la répression pour faire taire les journalistes

Il explique qu’en 2018, alors qu’il travaille au Kurdistan, beaucoup de choses changent pour lui en tant que journaliste. Le nouveau premier ministre est Masrour Barzani, la famille Arzani tenant les rênes du Kurdistan irakien depuis plusieurs décennies. C’est là que les vrais problèmes commencent pour Karzan et ses confrères journalistes. “Le nouveau premier ministre vient des services secrets. Fils de l’ex-président, il n’aime pas la démocratie. Il règne d’une main de fer. Il ne croit pas au dialogue, ni à la liberté de la presse.” Il explique alors, qu’exercer librement son métier devient impossible, sept de ses amis et collègues journalistes sont arrêtés pour “espionnage” et “collusion avec des puissances étrangères”. “Après 20 ans que fais-tu ? Tu quittes ton travail ? Non c’est ton travail, c’est ta vie. Te battre ? Tu ne peux pas te battre, ils ont les militaires, ils ont le pouvoir. Tu es seul. De plus, tu as une famille. Et ils peuvent s’en prendre à eux, ils se fichent que ce soient des enfants ou des femmes…”

Pour autant, il explique qu’avant 2018, “il n’y avait pas de liberté, on ne peut pas dire qu’avant on avait la liberté et qu’on l’a perdue, c’est différent.” Avant la violence, c’était plutôt la corruption. “Lors du mandat du précédent premier ministre il y avait un peu de liberté. Il y avait des médias indépendants, radios, télévisions… Si tu parlais de politique, il venait, et il t’achetait, maintenant il n’y a plus ce type de business, seulement le silence.”

En 2019, face à l’impossibilité d’exercer librement son métier de journaliste, Karzan fait une demande de visa au consulat français à Erbil. En mai de la même année, il obtient son visa et arrive en France en juin 2019. “C’était rapide” commente-t-il. Il vit à Paris chez des connaissances puis à Orléans pendant plusieurs mois. A Paris, il rencontre quelqu’un de la Fédération internationale des journalistes qui lui parle de la Maison des journalistes (MDJ), il fait donc sa demande et trois mois plus tard il intègre la résidence.

Aujourd’hui, Karzan suit des cours de français auprès de la Croix Rouge mais aussi de l’association France terre d’asile et de la professeure de français bénévole de la Maison des journalistes. Il écrit toujours et fait des traductions de l’arabe vers le kurde pour un média en ligne Kurde, AVA today.  Son projet désormais est d’aller vivre dans le Sud-Ouest avec sa famille, composée de sa femme, sa fille de dix ans et son fils de cinq ans, restée à Erbil. “J’ai fait un dossier pour les faire venir. Je l’ai envoyé au consulat, j’ai passé des entretiens et je dois attendre peut-être quatre ou cinq mois. Mes enfants et ma femme pourront venir.”. Contrairement à lui, Karzan estime que sa famille n’est pas menacée, et espère pouvoir bientôt la faire venir en France.  Sa fille lui demande régulièrement quand ils pourront enfin se rejoindre. “Ma fille lit en français. Je l’aide, je lui apprends les nombres, les semaines, à se présenter, à dire son âge, je lui dis “je t’aime”, “ tu me manques”… On communique via Whatsapp ou Telegram.”

Karzan n’a pas l’intention de retourner dans son pays. “Non, honnêtement non. Je peux dire que l’Irak et le Kurdistan c’est fini.” Un constat pessimiste au premier regard “ Le Premier ministre a détruit la politique, l’économie, il veut installer une dictature.  Cela ferme toutes les fenêtres de liberté, peu à peu il détruit le pays.” Karzan explique que les Barzani, puissante famille d’Erbil descendant de Mustafa Barzani[1], règnent de manière quasi-monarchique sur le Kurdistan, au-delà les institutions officielles. “ C’est la famille du premier ministre, son père, son grand-père… Ils dirigent tout au Kurdistan. Ils ont des affaires en Irak, en France et ailleurs dans le monde, la fortune de la famille Barzani se compte en milliards de dollars !”

Quant à l’Irak, “Après 2003, l’Irak c’était fini. Il n’y avait plus de pays irakien, seulement des groupes armés.” Il explique alors longuement les maux dont souffre l’Irak, pays qu’il a sillonné comme reporter durant les périodes les plus violentes. Il affirme que le gouvernement officiel, à part une green zone, une enclave hautement sécurisée dans Bagdad, ne contrôle plus rien. Le pays n’existe plus en lui-même, “Il y a toujours le nom, Irak, mais le pays n’existe plus. Il n’y a que le Hezbollah et les autres milices armées sunnites et chiites.” Il explique alors que les manifestations de 2019 étaient le signe d’un peuple orphelin de sa patrie, partagée entre groupes armés et influences des pays étrangers. “En 2019 lors des manifestations, que demandaient les gens dans la rue ? Juste un mot, ‘Nous avons besoin d’un pays.’ ‘Nous avons besoin d’une terre.’ Où est leur pays ?” Quant à une solution provenant de l’État irakien, cela paraît bien illusoire pour Karzan. “Le premier ministre n’est personne ! Il ne pourrait rien changer, même s’il le voulait, les militaires ne l’accepteront pas. Les groupes armés diront peut-être ‘d’accord on accepte mais on veut tant de millions, on veut du pétrole, on veut ce business, ce marché etc..’. C’est impossible pour l’Irak. Tous les ministères sont soutenus par des groupes militaires”. Il rappelle que la vie pour le peuple irakien est un calvaire quotidien. “Tout est privé, il faut payer pour tout, payer, payer… Tout appartient à des compagnies, des entreprises… Les compagnies tiennent le pétrole, les écoles, les affaires, le commerce, etc.”

Cette situation décrite par Karzan, entraîne l’Irak depuis de nombreuses années dans une crise profonde, des conflits interminables et fratricides dont le pays ne semble pas près de voir la fin. “En 2007 les chiites et les sunnites s’entretuaient, maintenant les chiites se tuent entre eux. Au Kurdistan c’est pareil.” Karzan indique alors du doigt un livre de sa bibliothèque, Léviathan (1651). “Thomas Hobbes a écrit “ la guerre, de tous contre tous[2].” L’Irak n’a plus d’État, le pays est maintenant toujours en guerre, si tu veux voir la guerre, tuer des gens, va en Irak.” L’ancien reporter, ayant vu de ses propres yeux le drame irakien ne se fait pas non plus d’illusions sur la possible aide américaine ou occidentale. “Pour eux, c’est du business. Avant ils devaient négocier avec le pouvoir central Irakien, qui avait le contrôle des richesses. Maintenant ils peuvent le faire avec tous les groupes armés, c’est plus profitable.” La part de responsabilité américaine est selon lui indéniable, le “business” prime sur la reconstruction d’une démocratie en Irak. “Aujourd’hui ils t’aident, demain ils t’achèteront, ils s’en fichent, ils ne se soucient pas des réalités du pays.” Au moment de terminer notre entretien, il clôt la question par un constat clair : “ L’Irak meurt car  déchiré entre les militaires, le Kurdistan meurt car sous le joug d’un seul homme.”

 

[1] Mustafa Barzani est le principal chef du mouvement national kurde d’Irak au XXᵉ siècle. Il est le président-fondateur du Parti démocratique du Kurdistan et un symbole de la cause kurde.

[2] Bellum omnium contra omnes : « la guerre de tous contre tous », est la description que Thomas Hobbes donne à l’existence humaine dans l’expérience de pensée de l’état de nature qui le conduit au Léviathan.

 

 

D’autres articles 

“La plupart des français ne savent pas ce qu’il se passe au Yemen” – Presse 19 à Turin avec la Maison des journalistes

Deux journalistes yéménites en exil, Ali Al-Muqri et Ameen Al-Safa, ont accompagné la directrice de la Maison des journalistes Darline Cothière à la sixième édition de “Presse 19” – “Voci Scomode” en Italie, pour une table ronde dédiée à la liberté de la presse dans le monde, et plus spécialement au Yemen. Cet événement a eu lieu le mercredi 20 novembre 2019 au Circolo della Stampa de Turin.

A cette occasion, nous avons interviewé Ameen Al-Safa, pour lui poser quelques questions sur le Yemen et la liberté de la presse. 

Mon nom est Ameen Al-Safa, journaliste yemenite, titulaire d’une maitrise en journalisme. J’ai travaillé à l’agence nationale du Yemen Saba. 

J’ai commencé en 2007 à la direction générale pour l’information nationale et internationale. En 2012, j’ai intégré un journal dans lequel j’ai été nommé secrétaire de rédaction en 2015.

J’écrivais sur des sujets politiques et sociaux. Et bien sûr, j’ai couvert la guerre.

J’ai donc observé les rebelles Houthis construirent leur hégémonie, de la prise de la ville de Sa’Dah jusqu’à celle de la capitale. Sanaa est tombé en 2014, ils ont ensuite renversé le gouvernement légitime.”

Comme journaliste, Ameen a donc suivi les différentes prises des rebelles. Aujourd’hui, ces rebelles contrôlent le pays et ont changé de capitale, la ville de Sanaa a perdu son statut au profit d’Aden. 

Ameen, journaliste recherché, a donc dû fuir le pays. Il a depuis consacré beaucoup d’énergie pour permettre à sa femme et sa fille de le rejoindre en France.

Menacé par la guerre, l’angoisse d’Ameen pour sa famille était palpable durant de longs mois quand il habitait à la Maison des journalistes. Mais la MDJ n’est pas qu’un refuge pour journaliste exilé, c’est aussi une association qui promeut la liberté d’informer.

Ainsi, Ameen participe régulièrement à l’opération Renvoyé Spécial organisée conjointement avec le CLEMI, ce qui lui permet de présenter son parcours à des lycéens. Au coeur de son intervention, le Yemen. 

Je regarde de temps en temps les réseaux sociaux et les medias français, c’est plus simple quand ils parlent arabe comme France 24. Mais d’une manière générale, les journaux francais ne donnent pas d’importance à cette guerre.

Lorsque je rencontre des lycéens et des français, la plupart n’ont jamais entendu parler du Yemen. Ils disent “je ne sais rien de ce qui se passe au Yemen”. Ils ajoutent que ce n’est pas de leur faute, les medias français ne traitent pas le sujet du Yemen.”

Certes, les ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite au profit des rebelles qui s’attaquent au Yemen ont défrayé la chronique. Cependant, le sujet traité n’était pas la guerre au Yemen, mais uniquement la vente d’armes françaises.

Le Yemen, un pays qui a connu l’essor d’une presse libre dans les années 90

Le Yemen a aussi connu un “printemps de la presse” dans les années 90 jusqu’aux années 2000. Ameen nous raconte l’histoire de quelques magazines avec émotion. 

Il y a eu beaucoup de journaux en anglais. Le premier fut publié dès 1960, Aden Chronicile fondé par Mamad Ali Loukman et le second The Recorder a été créé par Mamad Bachar Rail.

En 1991 le docteur Abdelaziz Sakaf, fondateur du journal Yemen Times, premier journal en anglais à paraitre au Yemen, permet aux citoyens de s’informer et de faire connaitre aux anglophones l’actualité du pays. Il publiait deux fois par semaine.

En 1996, Faris Saggaf fonde le journal Other Fa, publié trois fois par semaine.

S’en suit la création d’autres journaux comme Yemen Today et Yemen Post tous deux créés par Akhim Massmari. Tous leurs articles sont en anglais.    

Depuis la guerre, il y a toujours des journaux qui sont publiés, mais dorénavant ils appartiennent tous au Président Hadi.”

Fresque de Murad Subay à Paris pour dénoncer la guerre au Yemen

La guerre a aussi détruit les médias yéménites

Depuis le 21 septembre 2014, le mouvement houthiste controle la capitale Sanaa. Dès cet instant, ils ont commencé à détruire des médias, des chaines d’information et des bureaux de presse. Visés en priorité, les médias qui s’expriment en arabe (et qui sont donc plus accessibles pour la population).

Aujourd’hui, beaucoup de journalistes sont en prison, tout comme les écrivains, les activistes… Il n’y a aucun journal qui publie tous les jours au Yemen, sauf le journal intitulé 14 octobre qui est pro-gouvernemental. Il est uniquement publié dans la nouvelle capitale, Aden. Il glorifie les rebelles et les saoudiens au détriment du gouvernement légitime. 

Je peux donc vous dire que la liberté de la presse est en deuil au Yemen, mais si nous revenons vers un régime plus républicain, les yéménites ont déjà gouté à cette liberté et ils en voudront encore.”

Pour lire le communiqué de presse en italien, cliquez ici.

Merci au journaliste tchadien Adam Mahamat qui nous a permis de traduire de l’arabe yéménite vers le français.

© Stefano LORUSSO

Qui est Ali Al-Muqri ?

Outre Ameen Al-Saffa, Ali Al-Muqri sera aussi présent lors de cette conférence. Ancien résident de la MDJ, son parcours journalistique et d’écrivain lui permettent d’avoir un regard aiguisé sur la liberté de la presse au Yemen. 

Ali Al-Muqri est né dans le nord du Yémen en 1966. Dès la fin des années 80, Il collabore avec de nombreux journaux progressistes yéménites.

En 1997, il devient éditeur d’Al-Hikma, l’organe de presse de l’association des écrivains yéménites. Dix ans plus tard, il est élu directeur de la revue littéraire Ghaiman.

Acquérant la réputation d’homme de lettres engagé, il publie trois romans : « Goût Noir, Odeur Noire », « Le Beau Juif » et « La Femme Interdite »  qui a reçu le prix Littérature arabe en 2015.

Il est également auteur d’un essai sur l’alcool et l’islam, livre qui lui a valu de nombreuses menaces et représailles. En 2015, il est contraint de partir du Yemen et vit depuis en France.

Ci-dessous, une vidéo du “Voci Scomode – Presse 19” en 2018