Articles

« EMIGRATION », UN DESSIN D’ALI JAMSHIDIFAR

« Emigration », un dessin d’Ali JAMSHIDIFAR

Dessin d’Ali Jamshidifar, 14 septembre 2015

Camps de migrants à Paris : un drame humain

[Par Mortaza BEHBOUDI]

Traduit de l’anglais au français par Yassin Jarmouni. 

A quelques mètres de la porte de la Chapelle, des centaines de tentes et de matelas sont éparpillés. C’est dans cet endroit qu’habitent des réfugiés. 

Crédits: Mortaza Behboudi

Crédits : Mortaza Behboudi

Dans les dernières semaines, presque 500 réfugiés qui ont pu atteindre le territoire français à bord de bateaux qui traversent la Méditerranée se sont installés dans des camps qui se trouvent dans deux endroits au cœur de Paris. Malgré cela un grand nombre d’entre eux assure aux riverains qu’ils n’ont pas l’intention de s’installer dans la capitale française.

Crédits: Mortaza Behboudi

Crédits : Mortaza Behboudi

Bien sûr, quand on entend parler de camps d’immigrants on pense tout de suite à ceux qui qui se trouvent aux alentours de Calais mais récemment ce sont bien deux camps qui ont vu le jour dans le centre de Paris également. Ces sites sont habités par environ 500 immigrants, la plupart vient d’Erythrée, du Soudan et d’Afghanistan. L’un de ces deux camps se trouve près de la Gare d’Austerlitz à côté des quais de la Seine, l’autre se situe sous les rails du métro dans un coin de la Gare du Nord et le terminal de l’Eurostar. Le camp qui est partiellement couvert par les rails accueille à peu près de 250 migrants qui passent les nuits et la plupart de leur journée entassés dans 80 tentes fournies par des associations caritatives.

À quoi ressemblent ces camps?

Le coin de la Gare d’Austerlitz est un ancien dépôt utilisé pour stocker du matériel pendant les travaux du tunnel sous la Manche. Ce lieu ressemble à celui qui a été mis en place à Calais par la chambre du commerce et de l’industrie locale. Grand comme un terrain de foot, il aurait pu accueillir jusqu’à 1500 personnes. Mais pendant trois ans 2 000 migrants ont vécu dans dans ce type de camp. C’était un endroit inhumain… pendant l’hiver on ne pouvait pas se chauffer et l’été, c’était un four.

Crédits: Mortaza Behboudi

Crédits : Mortaza Behboudi

Quelles étaient les conditions de vie ?

Les migrants n’avaient pas d’intimité. Ils vivaient dans des camions abritant chacun huit matelas. C’était un centre d’urgence dans un bâtiment qui avait été conçu pour stocker des machines. Imaginez le bruit dans cet endroit. En outre vous deviez faire la queue pour tout : pour l’infirmerie, pour les repas… à long terme, c’est intenable. Les gens devenaient fous, certains montraient une grande anxiété et la proximité constante avec les autres ne les aidait pas. Il y a eu aussi des bagarres entre les contrebandiers qui vivaient dans le camp.

Je souhaite évoquer aussi, dans ce contexte, l’histoire de réfugiés afghans à Paris. Ces jeunes hommes, comme leurs camarades plus âgés, font face à une souffrance énorme. Sans domicile et en manque de nourriture et d’argent, ils passent leurs journées dans des parcs publics ou en se promenant dans la ville à la recherche d’un endroit chaud pour dormir.

Crédits : Mortaza Behboudi

Crédits : Mortaza Behboudi

Pendant la semaine, quelques-uns reçoivent un repas fourni par des organisations de réfugiés ou de charité. Durant les week-ends et les vacances scolaires ils sont laissés à l’abandon. La persécution policière est constante. (Selon un rapport de l’UNCHR de 2015, l’Afghanistan émet le plus grand nombre de réfugiés –un total de 3 millions répartis dans 75 pays. Le même rapport a conclu, néanmoins, qu’il y a beaucoup de réfugiés afghans en France. En d’autres termes, les réfugiés interviewés à Paris pour cette présentation n’existent même pas dans les statistiques).

Ali, l’un des réfugiés afghans témoigne

Crédits : Mortaza Behboud

Crédits : Mortaza Behboud

Ali nous a confié ce qui suit : « Il n’y a pas de place d’hébergement pour moi et mes amis la nuit, on a essayé d’appeler le 115 (numéro des SDF) mais on nous a dit qu’il n’y avait plus de place pour nous ; aussi ils ont rajouté qu’il y a environ 250 réfugiés afghans à la Porte de la Chapelle, des familles et des jeunes aussi. Ils nous ont dit que l’une des associations caritatives qui fournit de l’aide et des provisions était JRS France, chargée par la Mairie de Paris de coordonner les divers efforts de toutes les associations humanitaires. La situation du camp à La Porte de la Chapelle est pratique pour les migrants qui ne sont à Paris que pour un arrêt avant d’atteindre leur destination définitive, que ça soit le Royaume-Uni ou la Norvège ».