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Massacres et destructions à Gaza : la France, les U.S.A et le Royaume-Uni entre peur, rétropédalage et jusqu’au-boutiste.

Une tribune de Ghys Fortune BEMBA DOMBE

La France qui interdisait les manifestations palestiniennes le 28 octobre sur son territoire, soutient l’Israël avec les U.S.A et le Royaume Uni. Toutes ces puissances se trouvent désormais devant un dilemme : continuer à soutenir ou condamner Israël.

Les frappes israéliennes mardi 1er et mercredi 2 novembre sur le plus grand camp de réfugiés de la Palestine, Jabaliya, où vivent 159.000 personnes, les bombardements intempestifs des écoles, des civils dans les hôpitaux, des ambulances et partout ailleurs à Gaza ainsi que le blocus de l’enclave pendant des jours s’apparentent à des crimes de guerre. Pour sa part, le président brésilien, Lula da Silva dénonçait fin octobre un « génocide ».

Bien que le Quai d’Orsay se dit « profondément inquiet du très lourd bilan » et réitère « son appel à une trêve humanitaire et à la protection des populations civiles ; une obligation du droit international qui s’impose à tous ». Cependant, l’histoire retiendra que la France de Macron, les U.S.A de Biden et le Royaume Uni de Rishi ont cautionné les velléités d’Israël en déclarant sans limites, « qu’Israël a le droit de se défendre contre le Hamas ». De même, la patronne de l’Union Européenne, Ursula Von der Leyen, en ne condamnant pas Israël au départ, est accusée d’encourager les massacres à Gaza.

Il faut craindre, un embrasement dans le monde avec les discours des leaders Iraniens et Libanais, les missiles lancés par les rebelles Houthis du Yémen par-dessus la Mer Rouge le 31 octobre, les tags qui se généralisent en Occident, les manifestations géantes à Londres et dans les pays arabes.

Pendant ce temps, plus d’une personne interrogée sous anonymat félicite Arnaud Froger qui a mis ouvertement en cause la responsabilité d’Israël dans l’assassinat des journalistes ; Reporters Sans Frontières particulièrement en saisissant la Cour Pénale Internationale pour crimes de guerre le 31 octobre, contrairement aux gouvernants britanniques, français et américains qui semblent faire le médecin après la mort.

Quel jugement porter face au regain de violences au Moyen-Orient ?

Faut-il se taire ou croiser les bras devant les destructions et les pilonnages en Cisjordanie et à Gaza perpétrés par la force disproportionnée de Tsahal qui transforme des quartiers entiers en champ de ruines ? Que dire des Palestiniens qui sont tués régulièrement par les colons israéliens en Cisjordanie ? Les personnes qui défendent leurs droits de terre peuvent- elles être assimilées à des terroristes ? Si c’est le cas, pourquoi alors aider les Ukrainiens à reconquérir la Crimée et d’autres portions de terre de l’Ukraine occupées par la Russie ? Où sont passés les accords d’Oslo de 1993 ? Autant de questions qui devraient faire réfléchir les médiateurs internationaux pour ouvrir des négociations sur la voie des deux États.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, est revenu à Tel-Aviv au vingt-huitième jour de « l’opération Épées de fer » (3 novembre) avec la même tonalité, mais en ajoutant cette fois-ci, une dose humanitaire et d’application des accords : « l’Israël a le droit de se défendre tout en épargnant les civils ; une pause humanitaire s’impose pour acheminer l’aide à Gaza avec projection de deux États ».

37 journalistes tués en deux semaines de conflit à Gaza

De son côté, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, pointe du doigt, « les U.S.A qui bloquent les résolutions des Nations Unies. Ils sont les véritables responsables des massacres de Gaza exécutés par Israël ». Il soutient l’attaque du 7 octobre du Hamas contre les Israéliens. D’après lui, c’est la conséquence logique du blocus de Gaza depuis des décennies, de l’incendie de la mosquée d’al-Aqsa le 5 avril dernier, des tueries de Colons.

Loin de nous l’idée de soutenir le Hamas, la sacralité des faits et de la vie humaine recommande de ne pas passer sous silence le carnage des journalistes, des civils et la destruction sans précédent de Gaza depuis 75 ans. Se taire devant les violations des droits et les actes terroristes, c’est trahir le métier du journalisme et les institutions françaises qui nous encouragent mensuellement à promouvoir les libertés fondamentales, la laïcité et l’éducation aux médias dans les universités, les lycées, les Epides, les centres pénitentiaires, etc. D’ailleurs les autorités françaises conviendraient avec nous en procédant au rétropédalage et en autorisant, le 2 novembre des manifestations palestiniennes et une conférence internationale humanitaire le 9 novembre 2023.

Comme l’enseigne la sagesse populaire : « la violence n’engendre que la violence ». En d’autres termes, continuer à bombarder les Gazaouis pour quelques raisons que ce soit, c’est encourager des milliers des rescapés à se radicaliser et à rejoindre le Hamas.

Crédits photos : Mohammed Ibrahim.

Ghys Fortuné Bemba Dombe