SÉNÉGAL : UN PAYS AU BORD DU CHAOS

Armés de cailloux et de gourdins, des jeunes gens courent dans tous les sens, d’autres attisent le feu sur les chaussées, des coups de fusils qui tentent de les disperser. Telle est l’atmosphère qui prévaut sous le ciel de Dakar depuis le 10 février dernier. Mais que se passe-t-il exactement au pays de Cheick Anta Diop ?

C’est l’annonce de Macky Sall qui a mis le feu aux poudres. En effet, président sortant, ce dernier a unilatéralement décidé de prolonger son mandat en repoussant la date des élections présidentielles prévues le 25 février 2024. En guise de réponse, la jeunesse sénégalaise a décidé de protester par des marches pacifiques. Mais elle s’est aussitôt vue en train de faire face aux forces de l’ordre qui ont été mobilisées pour empêcher tout débordement.

Contexte

Arrivé au pouvoir en 2012, le président Macky Sall, comme la plupart des dirigeants africains, avait promis monts et merveilles, pendant sa campagne électorale, à la jeunesse sénégalaise en proie à une vie meilleure. Une jeunesse amèrement frappée par la misère et le chômage comme dans tout le continent. Mais après deux mandats à la tête de l’État, aucune de ses promesses ne s’est réalisée.

Comble d’étonnement et de frustration pour la population, les principaux opposants sont plutôt arrêtés et traînés devant les tribunaux avec des motifs le plus souvent imaginaires. Karim Wade, le fils de l’ancien président, Abdoulaye Wade et le maire de Dakar, Khalifa Sall, les deux principaux opposants, sont les premières victimes de cette justice à tête chercheuse. C’est d’ailleurs ce qui avait poussé celui-là même que Macky Sall avait remplacé à la tête de l’État à lancer un boycott général contre toute élection dans le pays après la victoire du camp présidentiel aux élections législatives de 2017 qui avaient été sévèrement contestées par l’opposition.

Mais la population va véritablement se réveiller après la dernière condamnation d’Ousmane Sonko, un jeune opposant adulé par tous. Ce dernier a été condamné en juin dernier pour débauche de mineure. Une condamnation que dénonçait un de ses avocats, Massokhna Kane, comme « une opération de liquidation politique d’un adversaire avec un chronogramme où on compte les jours pour dire que telle personne ne participera pas à l’élection présidentielle », ainsi rapporte TV5 Monde le 5 janvier dernier.

Coup d’État constitutionnel

Pour beaucoup de jeunes sénégalais, l’annonce de la date du 5 février par le président de la République a été perçue comme un coup d’État constitutionnel. C’est ce qui les a d’ailleurs poussé à inonder les rues de la capitale. Ainsi peut-on lire sur France Info dans un article du 5 février 2024 : « J’ai voté pour lui et soit il nous tue, soit il nous emprisonne, regrette un troisième qui l’assure : On reste ici. Il y aura une élection le 25 février ! ». Mais après plusieurs marches qui ont occasionné des dizaines de morts, Macky Sall a saisi l’Assemblée nationale afin de corroborer sa décision de repousser la tenue des élections présidentielles.

Mais le conseil constitutionnel a pris une décision très importante pour empêcher le pays de sombrer dans une guerre civile. Cette haute juridiction a exigé la tenue des élections présidentielles avant la fin de l’expiration du mandat présidentiel prévue le 2 avril prochain. « La fixation de la date du scrutin au-delà de le durée du mandat du président de la République en exercice est contraire à la Constitution », a précisé le conseil constitutionnel comme l’explique le journal Le Monde le 6 mars 2024. Depuis cette annonce, la jeunesse s’est calmée et attend d’aller aux urnes afin d’élire leur président.

Grégoire Blaise Essono

CÔTE D’IVOIRE : FATIGUÉ DE L’EXIL, GUILLAUME SORO TENTE UN DERNIER COUP DE FORCE POUR PÉNÉTRER LE TERRITOIRE.

Ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, l’homme qui avait porté au pouvoir Alassane Dramane Ouattara, l’actuel président, a été contraint à l’exil depuis 2019 après avoir été condamné à 20 ans de prison, à la prison à perpétuité et à verser une amende de près de 8 millions d’euros. 

C’est en majeure partie grâce à Guillaume Soro qu’Alassane Ouattara se trouve aujourd’hui à la tête de l’État ivoirien. Arrivé au pouvoir en 2000 par une élection démocratique, l’ancien président, Laurent Gbagbo, avait été longtemps confronté à plusieurs rébellions qui menaçaient de renverser son pouvoir. Il fut ainsi contraint de reporter les élections pendant plusieurs années afin d’apaiser le pays. 

Mais sous la pression de la communauté internationale, il décide finalement en 2010, d’organiser le fameux scrutin qui allait provoquer une sanglante guerre civile qui l’opposa aux hommes de Ouattara dont le leader, Guillaume Soro, ne ménagea aucun effort pour le détrôner au profit de son mentor. 

Mais comble d’étonnement, après avoir partagé le pouvoir avec ce dernier pendant quelques années, sa tête est mise à prix. Il est ainsi forcé à l’exil. Un exil qui sera plutôt marqué par des traques. Las de cette vie de fugitif, l’homme qui renaît toujours de ses cendres, a décidé, contre toute attente, en novembre dernier, de rentrer dans son pays. Pour mieux comprendre ce feuilleton, un petit tour dans le temps nous est nécessaire.   

L’arrivée d’Alassane Ouattara dans la scène politique ivoirienne 

Fonctionnaire international né en Haut Volta, actuel Burkina Faso, Ouattara avait toujours exercé au compte de ce pays. Mais la donne va changer lorsque la crise économique frappe de plein fouet beaucoup de pays africains au début des années 90. En poste au Fonds Monétaire International (FMI), il est sollicité d’urgence, comme expert, par Félix Houphouët-Boigny, le tout premier président de la Côte d’Ivoire, pour redresser l’économie ivoirienne en souffrance. 

Nommé Premier ministre, il commence aussitôt à nourrir des ambitions présidentielles car la Constitution lui en donne ce droit. Celle-ci stipule qu’en cas de vacance du poste présidentiel, c’est le Premier ministre qui assume l’intérim jusqu’à la fin du mandat. C’est ainsi qu’à la volée, il se crée un village et une appartenance ethnique au nord du pays. C’est d’ailleurs ce qu’explique l’ancien conseiller français de Laurent Gbagbo, Bernard Houdin, dans son livre « Les Ouattara, une imposture ivoirienne ».

Le problème d’ivoirité

Quelque temps avant sa mort, le président Houphouët-Boigny change la Constitution au grand dam du Premier ministre. C’est le président de l’Assemblée nationale qui est dorénavant habilité à assurer, par intérim, les fonctions du chef de l’État en cas d’absence de celui-ci. Le père de l’indépendance ivoirienne meurt finalement en 1993 et Henri Konan Bédié, président de l’Assemblée nationale d’alors, accède au pouvoir et finit le mandat en 1995. 

Lors de l’élection présidentielle de la même année, Ouattara est candidat mais se voit disqualifié par une loi votée uniquement contre sa personne. L’article 11 de la Constitution dispose qu’il faut être né de parents ivoiriens et eux-mêmes nés aussi des parents ivoiriens pour être candidat. On parle alors d’ivoirité. Sans surprise, Konan Bédié remporte les élections. Mais un coup d’État est perpétré contre lui en 1999 par le général Robert Gueï qui crée une transition jusqu’en 2000. Il organise les élections mais maintient toujours le concept d’ivoirité. Ouattara est pour une deuxième fois exclu de la course au pouvoir. Mais à la surprise générale, c’est Laurent Gbagbo, le candidat du Front populaire ivoirien (F.P.I.), le plus ancien parti d’opposition du pays, qui accède au pouvoir.

Tribalisme et religion comme leviers des rébellions

À la suite de ses deux exclusions de la course au pouvoir, Alassane Ouattara est obligé d’user de la fibre tribale et religieuse pour rester en vie sur la scène politique ivoirienne. Il prétend que c’est parce qu’il est musulman et originaire du nord du pays qu’il est souvent recalé. Par ce comportement, il réussit à faire basculer dans son camp la jeunesse musulmane du nord où Guillaume Soro est originaire. Ce dernier fait partie de cette jeunesse universitaire des années 90 et 2000 qui a longtemps bousculé les lignes politiques en Côte d’Ivoire notamment pour la démocratisation du pouvoir politique qui était encore sous le joug du parti unique.  

Guillaume Soro à Paris en octobre 2020

Leader charismatique de la fédération estudiantine et scolaire de la Côte d’Ivoire (F.E.S.C.I.) 1995-1998, il est souvent surnommé le Che en souvenir au révolutionnaire argentin Che Guevara. Suite aux déclarations de Ouattara, il crée les Forces nouvelles (F.N.), un mouvement qui a pour but de combattre le président en place, Laurent Gbagbo. S’en suivent alors plusieurs rébellions qui visent à le renverser. Guillaume Soro dit vouloir changer les choses dans la gouvernance du pays en donnant à tout Ivoirien la possibilité d’émerger à partir de ses propres compétences. 

« Pourquoi je suis devenu rebelle » est le titre du livre dans lequel il justifie son positionnement politique. Mais dans les coulisses et sur certaines vidéos devenues virales sur la toile, c’est Ouattara qui est en arrière-plan de toutes ces rébellions.

Controverse électorale

Après plusieurs négociations, les accords de Marcoussis et de Ouagadougou, Laurent Gbagbo finit par prêter le flanc à Soro en le nommant tour à tour ministre de la Communication, ministre d’État chargé de la reconstruction et de la réinsertion et pour finir Premier ministre. Il supprime la loi sur l’ivoirité. Mais lors des élections de 2010, Ouattara et Gbagbo se retrouvent au second tour. Une controverse naît. La cour constitutionnelle proclame le président sortant comme vainqueur mais la commission électorale indépendante (C.E.I.), l’organe chargé de superviser les élections, déclare Ouattara gagnant. 

En guise de protestation, une nouvelle rébellion commence. Soro démissionne de son poste de Premier ministre et rejoint son mentor qui est soutenu par la communauté internationale. En coulisse, un deal existerait entre lui, Ouattara et Konan Bédié qui est sorti troisième au premier tour et a demandé à ses partisans de voter pour Ouattara qui leur a promis de faire seulement un seul mandat et de leur laisser le pouvoir. 

Ouattara & Soro, un marché de dupe

La rébellion dont Soro occupe la tête réussit finalement à extirper Gbagbo de son palais présidentiel pour y mettre Ouattara. Une fois dans ses fonctions de chef de l’État, il nomme le rebelle en chef comme Premier ministre. Ainsi commence la cohabitation entre les deux hommes. 

Afin de rassurer ses partenaires de leur deal, le nouveau président réorganise le paysage politique ivoirien. Il fait fusionner le rassemblement des ouphouötistes pour la démocratie et la paix (R.H.D.P.), et le parti de Konan Bédié, parti démocratique de Côte d’Ivoire (P.D.C.I.), ceci donne lieu au R.H.D.P.-P.D.C.I. Le but ici est d’avoir le monopole sur la politique ivoirienne. C’est cette nouvelle coalition qui doit toujours porter tous les présidents à la tête de l’État.

Guillaume Soro qui voit le mal venir de loin se fait élire président de l’Assemblée nationale en 2012, poste qu’il va occuper jusqu’en 2019. Mais après son premier mandat, le président est indécis. Il hésite à se prononcer mais finit par se présenter à la présidentielle de 2015 dont il est déclaré vainqueur avec un score à la soviétique. En 2019, Ouattara cherche à briguer un troisième mandat alors que la Constitution le lui interdit. 

Konan Bédié se retire de la coalition et Soro, qui vient de se rendre compte qu’il a été dupé, crée son parti pour la prochaine élection présidentielle, Générations et peuples solidaires (G.P.S.).  

Recherché mort ou vif

En 2019, Guillaume Soro démissionne de son poste de président de l’Assemblée nationale et commence à battre sa campagne pour l’élection présidentielle de 2020. Alors même qu’il est en pleine tournée internationale, un procès s’ouvre contre lui à Abidjan. Il est accusé de détournement de deniers publics et blanchiment de capitaux. Le procès se déroule en son absence et ses avocats boycottent l’audience comme explique le journal Le Monde dans un article publié au mois d’avril 2020. Il est alors condamné à 20 ans de prison et à verser à l’État ivoirien une somme de plus de huit millions d’euros. Un mandat d’arrêt international est aussitôt émis contre lui. Dans un premier temps, Guillaume Soro est traqué en Espagne par des agents d’Interpol. 

Mais ces derniers sont très vite rattrapés par la police espagnole et pointent les autorités d’Abidjan comme en étant les principaux commanditaires. Il débarque en France où quelques temps après, il est sommé de quitter le territoire sans délai lorsqu’il encourage l’armée ivoirienne à mettre fin au régime de Ouattara. 

Une information qui nous est révélée par le magazine Presse Côte d’Ivoire. En 2021, un autre procès s’ouvre contre lui à Abidjan : il est accusé, cette fois-ci, d’atteinte à l’autorité de l’État, de complot et de diffusion de fausses informations tendant à jeter le discrédit sur les institutions et le moral des populations. Il est condamné à la prison à perpétuité, y compris ses principaux collaborateurs qui sont directement emprisonnés dont certains commencent à trouver la mort mystérieusement.

Fin de l’exil

C’est en Turquie que Guillaume Soro avait finalement trouvé refuge après sa débâcle de l’Europe. Mais les autorités d’Abidjan n’avaient toujours pas dit leurs derniers mots. Elles étaient encore à sa suite lorsqu’il proclame haut et fort dans un post devenu viral sur la toile que « j’ai décidé de rentrer dans mon pays pour vivre auprès de ma femme et de mes enfants. »

Alors que la police ivoirienne, à la tête de laquelle se trouvait madame la procureure générale de la cour d’Abidjan, Nayé Henriette épouse Sori, s’apprêtait à le saisir à l’aéroport d’Istanbul, le 03 novembre dernier, il leur échappe de justesse mais quelques jours plus tard, il apparaît dans une vidéo aux portes de la Côte d’Ivoire, reçu en grandes pompes par le nouveau  président du Niger,  monsieur Abdourahamane Tchiani et quelques jours plus tard encore par le président du Burkina Faso, Ibrahim Traoré. Ce geste n’a pas laissé indemnes les autorités d’Abidjan qui redoutent une quelconque attaque de cet ancien putschiste qui maîtrise bien les frontières, où lui et ses commandos, étaient passés pour renverser l’ancien président Laurent Gbagbo.

Grégoire Blaise Essono

R.D. CONGO. Des millions de morts, des centaines de milliers de femmes violées. S’achemine-t-on vers un génocide ?

En ébullition depuis 1997, année de départ du pouvoir de Mobutou Sese Seko, ancien président ayant dirigé le pays d’une main de fer pendant 32 ans, le Congo a, tour à tour, connu plusieurs guerres causées par des groupes rebelles qui sévissent dans l’est du territoire notamment dans la région du Kivu. D’après le journaliste et politologue Charles Onana qui parle d’holocauste, ces guerres ont causé déjà plus de 10 millions de morts et plus de 500 000 femmes violées.

Très déçu de la situation chaotique de leur pays vers la fin du règne de Mobutou, Laurent Désiré Kabila avait suscité beaucoup d’espoir chez les Congolais. Vieux routier de la rébellion et de l’agitation politique, il était arrivé à la tête de l’État porté par une coalition de groupes rebelles en provenance des pays voisins : Rwanda et Ouganda. Mais après quatre années de pouvoir secouées par d’intenses massacres dans l’est du pays, causés par ses propres groupes rebelles qui s’y étaient recroquevillés, il mourrait assassiné par un de ses aides de camp. Son fils, Joseph Kabila, général d’armée, lui succédait automatiquement.

Mais après 17 ans de règne, pendant lesquels il avait réussi à briguer au forceps deux mandats politiques de cinq ans, il était toujours incapable de mettre fin aux massacres des populations dans l’est du territoire. Ainsi fut-t-il contraint, par une sorte de compromis électoral avec les partis politiques, notamment avec l’Union pour la Démocratie et le progrès Social (UDS), de rendre le pouvoir aux civils après une élection qui portait au sommet de l’État Félix Tshisekedi. Malgré l’arrivée de ce dernier aux Affaires en 2018, les Congolais n’ont toujours pas fini de compter, en masse, leurs morts au Kivu.

Installation des groupes rebelles dans l’est du pays

Situé au cœur du continent, le Zaïre avait souvent été l’objet d’attaques extérieures par des groupes rebelles lumumbistes taxés de communistes. Ces groupes avaient trouvé refuge dans la frontière est du pays. Car ils avaient la possibilité de s’y ravitailler en armes et en munitions grâce au pillage des ressources minières, très prisées pour les grandes compagnies industrielles, qui regorgent dans cette zone. Mobutou réussissait toujours à les repousser avec l’aide des mercenaires venus de l’Occident.

Mais lâché par ses paires à la fin de la bipolarisation du monde, son armée s’était affaiblie en un temps record rendant ainsi les frontières du pays poreuses. C’était donc presque sans effusion de sang que le lumumbiste Laurent Désiré Kabila avait réussi à s’emparer du pouvoir. « La chute du maréchal Mobutu a lieu le 16 mai 1997. Ce jour-là, le Zaïre tourne la page du « Léopard ». Le lendemain, le 17, les troupes de l’AFDL entrent victorieuses dans Kinshasa, sans aucune résistance des Forces armées zaïroises. ».

Ainsi peut-on lire sur le site de Rfi dans un article paru en 2017 au sujet de l’ancien président zaïrois. Une fois à la tête de l’État, le nouvel homme fort rebaptisait le territoire République Démocratique du Congo, ancien nom du pays lors de son accession à l’indépendance en 1960.

Mais l’affection que lui vouaient les anciens zaïrois étaient retombée lorsque ses rebelles, faisant dorénavant partie de l’armée nationale, pour la plupart des non Congolais, avaient commencé des exactions de tout genre sur le peuple. C’est ainsi qu’il fut obligé de se séparer d’eux pour ne pas perdre la confiance et le soutien de ses concitoyens. Très mécontents de cette décision de leur ancien acolyte, les rebelles avaient replié dans l’est du pays, où ils allaient tenter plusieurs assauts afin de le renverser.

Notons que si les rebelles ont toujours choisi cette zone, outre ses richesses, c’est parce qu’elle est très difficile à contrôler, sans aides extérieures, par un État du tiers monde. On se souvient très bien que c’est à partir de cette même zone que Laurent Désiré Kabila, toujours porté par une coalition de groupes rebelles, dirigée par l’illustre Che Guevara, avait envahi, en 1967, les 3/4 du Zaïre avant d’être repoussé par Mobutou.

Des massacres à grande échelle

Première guerre du Congo

Depuis 1996, le Congo a connu trois grandes guerres. La première, encore appelée « guerre de libération », est celle qui emmène Laurent Désiré Kabila au pouvoir. Elle se déroule de fin 1996 à mai 1997. Elle fut, on peut dire, pacifique car l’armée de l’ancien président, étant déjà défectueuse, les militaires avaient préféré de se rendre plutôt que de résister et se faire saigner inutilement.

Selon le journaliste François Soudan, le général Mahelé, alors chef d’état-major du Zaïre, aurait donné le plan des positions des militaires zaïrois aux rebelles lors de la bataille de Kenge, dernier bastion de la résistance avant d’entrer dans la capitale politique Kinshasa. Cet affrontement avait fait 250 morts entre militaires et rebelles. C’était d’ailleurs le deuxième affrontement entre les deux camps après la bataille de Lemara qui avait, des mois plutôt, causé 39 morts toujours entre militaires et rebelles.

Au total, les pertes en vies humaines, lors de la première guerre du Congo, peuvent être estimées à 289 morts. Mais selon certains rapports des missions de l’ONU au Congo, encore non officiel, plus de 200.000 réfugiés hutus auraient disparu lors des attaques des rebelles à l’est du pays. Ceci est d’ailleurs soutenu par les écrivains Marc Le Pape et Jean-Hervé Bradol dans leur livre « Les disparus du Congo-Zaïre 1996-1997 ». La question des massacres de réfugiés rwandais hutus en République démocratique du Congo. Charles Onana en parle aussi sans oublier l’article de l’écrivain belge David Van Reybrouck, « Congo, une histoire ».

Deuxième guerre du Congo

Le 02 août 1998, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), soutenu par le Rwanda et l’Ouganda, lançait les attaques à l’est du pays. Très rapidement, ce mouvement mettait la main sur les ressources minières et s’installait à Goma. Après avoir pris le contrôle des villes de Bukavu et Uvira, ces rebelles prenaient la direction de Kinshasa. Quelques semaines leur avaient suffi pour se retrouver aux portes de la cité capitale. Malgré le soutien des milices Maï-Maï et des forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), mouvement rebelle hutu, hostile aux gouvernements rwandais et burundais, Laurent Désiré Kabila ne parvint pas à contrer les rebelles du RCD. C’est ainsi qu’il fut obligé de lancer un appel de détresse international.

Les premiers à répondre furent les membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe en abrégé SADC en anglais. La Namibie, le Zimbabwe et l’Angola vinrent donc soutenir les armées de la RDC. Plus tard, ils furent rejoints par le Soudan, le Tchad et la Libye. Nous sommes donc de plain-pied dans la deuxième guerre du Congo encore appelée « la grande guerre africaine » ou la « première guerre mondiale africaine ». Après d’âpres affrontements sur plusieurs années, entre les alliés et les groupes rebelles qui en faisaient déjà une trentaine, particulièrement soutenus par le Rwanda et l’Ouganda, un cessez-le-feu fut signé sous la supervision de l’ONU le 31 décembre à Gbadolite.

Le 30 juin 2003, un gouvernement de transition, entérinant officiellement la fin de la deuxième guerre du Congo, est formé. Cette guerre, selon le rapport de l’International Rescue Committee, aurait causé plus de 4,5 millions de morts avec des millions de déplacés et de réfugiés.

La guerre du Kivu

Après la formation du gouvernement de transition en 2003, l’armée congolaise fut reformée et rebaptisée sous le nom de Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).

Plusieurs leaders des différents groupes rebelles y furent intégrés. Parmi eux, se trouvait Laurent Nkunda, le leader du Congrès nationale pour la défense du peuple (CNDP). Il intégrait la nouvelle armée comme colonel. Quelques mois plus tard, il devint général. En 2004, alors que les FARDC menaient des offensives contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ce dernier décida de démissionner de l’armée pour entrer au maquis. En mai 2004, il lançait les hostilités contre les FARDC avec pour prétexte de prévenir un génocide. C’est le début de la guerre du Kivu qui ne connaîtra jamais un terme. Ce sera plutôt un conflit entrecoupé d’intermèdes qui se déroule jusqu’à ce jour dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri. Si Wikipédia parle de 11 873 morts, notons qu’aucune source n’a encore donné le chiffre exact des dommages humains causés par cette interminable guerre.

Des viols systématiques

Le viol est une autre arme de guerre que les groupes rebelles utilisent pendant leurs multiples attaques. Depuis plus de 20 ans que l’est de la République démocratique du Congo est en ébullition, la journaliste Anne Guion, dans son article « Guerre du Kivu : des chrétiens au chevet des femmes violées », publié le 27 novembre 2012 dans l’hebdomadaire La vie, parle de plus de 500.000 femmes violées. Outre les stigmatisations que sont victimes les enfants issus de ces viols, l’autre conséquence de cette barbarie réside dans les mutilations génitales que les rebelles pratiquent sur la plupart des femmes violées. Surnommé « l’homme qui répare les femmes », le gynécologue Denis Mukwege, qui vit au quotidien ces horreurs, a décidé depuis 2012 de les faire connaître à la communauté internationale. Cet engagement lui a d’ailleurs valu la distinction du prix Nobel de la paix en 2018.

Un génocide en prélude à la création de la République des volcans

Pour le journaliste et politologue Charles Onana, derrière ces massacres, ces viols et ces mutilations génitales, se cache un projet fortement mûri depuis des années. Spécialiste de la région des grands lacs, il explique, au micro d’André Bercoff sur Sud Radio, qu’il s’agit de la théorie du grand remplacement. Exterminer les populations de cette partie du Congo pour les remplacer par des Tutsis afin de créer un État dénommé la République des volcans est l’objectif que poursuivent les présidents Rwandais, Burundais et Ougandais car ce sont eux qui soutiennent les différents groupes rebelles qui y sèment la terreur. Une thèse de génocide soutenue par l’Organisation des Nations unies dans le Projet Mapping qui avait documenté les différents massacres qui s’étaient déroulés entre 1993 et 2003. Ceci avait alors suscité les colères des présidents mis en cause qui continuent de réfuter, avec la dernière goutte d’énergie, ce rapport.

Grégoire Blaise Essono

Congo : Scandales à la présidence, au palais de justice, dans les écoles et…

La République se délite. La semaine qui vient de s’achever révèle un grand nombre de dysfonctionnements dans l’appareil administratif, sécuritaire, éducatif, judiciaire, religieux et diplomatique. Les antivaleurs et les scandales de tout ordre ont phagocyté les bonnes mœurs au point de penser à un malaise généralisé.

Décryptage

Le président de la République du Congo, a eu une intense activité et beaucoup voyagé en 187 heures. Il s’est d’abord rendu en Italie. Après, il est revenu à Brazzaville où il a été très mobile avant de s’envoler pour Boundji via Olombo-Oyo. 39 heures après, il a rejoint Brazzaville. Aussitôt rentré, il s’est mis à réviser le discours qu’il devait prononcer le 5 février 2024 à la réunion du haut sommet sur la Libye à Kintélé. Dans le hall de la salle de réunion, il a trébuché.

Selon certaines indiscrétions, il aurait fait un malaise à sa résidence et aurait divagué à la manière de Joe Biden. Les réseaux sociaux se sont délectés des faits en allant dans tous les sens. L’incertitude s’est muée en inquiétude. La santé du chef de l’État est glosée dans tous les milieux. Simple rumeur ou vérité. Les communicateurs de la République sont silencieux comme des carpes.

Les populations ont besoin d’être rassurées pour tordre le cou à tous les quolibets qui alimentent la toile. Peut-on se permettre de dire que dans « cent grammes de rumeur, il y a au moins dix grammes de vérité » ? Cela semble se vérifier car, quelques heures plus tard, Brazzaville a été plongée dans le noir jusqu’au départ de Denis Sassou Nguesso comme à l’époque où il partait se faire soigner en Espagne.

M. Sassou qui prend le temps de se reposer, se faire masser et se doper des médicaments après une intense activité, s’est curieusement envolé pour Dubaï le 7 février 2024 d’où il rentre bredouille – sans avoir signé d’accord ni ramené des fonds – dans sa gibecière. Pourquoi l’a-t-on donc mis précipitamment dans l’avion ?

Au même moment, le Congo s’est agité : les élèves du lycée 5 février ont tenté une révolution, le ministre d’Edgard Nguesso, Léon Juste Ibombo a enfoncé le clou en semant la zizanie auprès du peuple. De son côté, le général Ndenguet a conféré avec les évêques du Congo. Au palais de justice, on est passé à un pas d’un affrontement entre gendarmes et policiers, entre les soutiens de JDO et ceux de Christel Denis Sassou Nguesso

La rencontre du général Ndenguet et les Évêques et différents scandales

La retrouvaille des évêques du Congo à la résidence privée d’Obouya du général Ndenguet située à 620 kilomètres de Brazzaville et sur son invitation, participe, sans nul doute, du fervent désir de demander l’intercession des hommes d’église pour M. Sassou, la paix du Congo et bien sûr pour ledit général.

La santé et la paix n’ont pas de prix, dira-t-on ; il faut faire feu de tout bois. La énième remise du Congo aux mains de Dieu s’affiche sur le catalogue de toutes les demandes formulées à ce jour auprès du Tout-Puissant. Les gouvernants ont-ils seulement compris la valeur du pardon et de la rémission des péchés ? Revenons sur le droit chemin pour mériter le pardon de l’Immanence.

Le congolais reproche aux évêques de l’Eglise catholique du Congo de ne pas décliner l’invitation d’un officier-général, directeur général de la Police depuis 27 ans cité dans plusieurs assassinats. L’Église devient-elle complice de la dictature ou corrompue ? 

Mais entre-temps, le général Ndenguet, n’a pas vu venir l’humiliation que devait connaître son rejeton, madame Sarah Pereira, qui, respectueuse des textes réglementant la procédure de radiation et de déclaration d’une entreprise, s’est vue confrontée à l’arbitraire et à l’abus de pouvoir, du greffier Endzena Okali Gédéon Perphyte qui serait influencé par le colonel – président du tribunal de commerce de Brazzaville (TCB) Bossouba. Mme Pereira et sa collaboratrice, depuis trois semaines, se sont rendues plusieurs fois au TCB dans l’espoir de récupérer les documents leur permettant d’engager les activités commerciales.

Malgré qu’elle s’est acquittée des droits y afférant et mouillé aussi la barbe pour obtenir ce précieux sésame, le TCB l’a menée en bateau jusqu’à la date du 8 février 2024 où, lasse d’attendre, a fait vertement valoir ses droits, ce qui a abouti à une dispute. Sur instruction du colonel-président qui demandait de stopper le vacarme au sein du Palais de justice, le greffier à son tour a transmis le message aux gendarmes qui ont brutalisé et soulevé madame Sarah Pereira jusqu’à la placer en garde à vue au poste de gendarmerie du palais de justice de Brazzaville.

Après des coups de fil auprès du colonel-major Olangué de la gendarmerie et à la direction de la police, des dizaines de gendarmes et des policiers ont débarqué au palais pour libérer Sarah Pereira et cueillir les gendarmes qui avaient placé la dame. A son tour, le procureur de la République adjoint (PRA) Mbongo, ordonne la libération de Sarah Pereira et refuse de livrer les gendarmes. Fâché, le capitaine de l’escadron insulte le PRA.

Par solidarité, les magistrats et les greffiers qui ont assisté à la scène, veulent partir en grève si ce capitaine n’est pas sanctionné. Le ver est dans le fruit. Selon certaines indiscrétions, cette affaire n’est qu’une guerre larvée des clans nordistes dont Sarah Pereira ne serait qu’une victime collatérale et devait être le dindon de la farce d’un noyau Mbochi pressé de succéder à Denis Sassou Nguesso. Un scandale de plus dans l’espace judiciaire où le greffier, malgré le serment de confidentialité, s’est permis de filmer et poster une vidéo sur les réseaux sociaux. 

De même, il est triste pour ce capitaine de désobéir aux ordres du PRA sous prétexte, qu’au cours du réveillon d’armes, le commandant en chef aurait demandé de ne « serrer » les fesses que devant leur chef hiérarchique. Bref, tous ses problèmes ne seraient pas arrivés si le dossier avait été traité dans les délais.

À peine M. Sassou s’est ouvert aux jeunes dans son adresse à la nation que ceux-ci ont vite fait de s’abreuver à la mare de l’incivisme. L’école congolaise est véritablement au creux de la vague. Les symboles sacrés de la République viennent d’être profanés dans l’espace éducatif. Sacrilège ! Le drapeau, incarnation de l’identité, la fierté et la dignité de la nation, a été souillé par ceux-là même que le pouvoir a fabriqués et mis dans la rue pour tuer, violer et agresser les paisibles populations. Les bébés noirs ont été recrutés et continuent de l’être parmi les jeunes, scolarisés et rebuts du système éducatif. Ils ont l’onction de leurs parrains dont le désir de traumatiser les citoyens est organique.

Le premier ministre Anatole Collinet Makosso a convoqué une réunion le 9 février en rapport avec la situation qui s’est produite au Lycée du 5 février, mais il n’a pas, à tort, cru utile d’associer les gestionnaires des forces de sécurité. Cela est-il révélateur du malaise et de l’impuissance du Premier ministre à faire des injonctions à ceux qui doivent assurer l’ordre et la discipline ?

Pire, il n’a pas pu rappeler à l’ordre Léon Juste Ibombo qui confond les missions du régulateur avec celles du ministre jusqu’à semer la confusion. Comment un ministre peut-il publier la note n°0212/MPTE-CAB/24 de baisse des tarifs internet et des communications alors qu’aucun tarif n’a été modifié jusqu’à ce jour ?

Ibombo voulait-il pousser subtilement des gens au soulèvement ou régler simplement des comptes au directeur général Louis Marc Sakala de l’Agence des Régulations des Postes et Communications Électroniques ? Autant de questions que nous développerons dans nos prochaines livraisons.

La situation est très confuse et volatile au Congo. Il n’est pas exclu qu’avec le malaise généralisé que le pays implose demain.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

Nobel laureate Dr. Muhammad Yunus’s six-month prison sentence, concerns the international community

The Bangladeshi court sentenced four people including Muhammad Yunus to six months imprisonment and each of them has been fined 30 thousand takas. Judge Begum Sheikh Marina Sultana of the Third Labor Court of Dhaka gave this judgment on Monday afternoon, January 1, 2024. All four including Yunus were present in the court for the verdict.

After the announcement of the verdict, Dr. on the condition of appeal to the high court. The same court granted one-month interim bail to all four including Yunus. After getting bail out of the court Dr. Muhammad Yunus told reporters, “I was punished for a crime I didn’t commit.” This sadness remained in my mind.

The case was filed against four people including Yunus. The case was filed on June 6 last year. Testimony began on 22 August, ending on 9 November. Arguments ended on December 24.

It was alleged in the case that according to the Labor Act 2006 and Labor Rules 2015, the employment of the workers or employees of Grameen Telecom was not made permanent even after completing the apprenticeship period. Annual leave, encashment of leave and cash against leave was not given to workers or employees working in the organization. In Grameen Telecom, Labor Participation Fund and Welfare Fund have not been constituted and the amount equivalent to 5 percent of the dividend has not been deposited in the Fund constituted under the Labor Welfare Foundation Act.

“Unprecedented Judgment”

Muhammad Yunus’s lawyer Abdullah Al Mamun told reporters that this verdict is unprecedented. The judgment will be appealed to the High Court within the stipulated time.

Lawyer Abdullah Al Mamun also said the labor law states that if the worker’s annual salary is not paid, it will be added to his basic salary later. It is not a crime. If 5 percent of the dividend is not paid to the workers, the authorities will fix the time of payment as per the labor law. Penalties will be imposed after the deadline. There are still many steps. But without taking these steps or procedures, civil criminal cases have been filed.

Irene Khan, UN Special Rapporteur on Freedom of Expression and former Secretary General of Amnesty International, human rights activist Farida Akhtar, photographer Shahidul Alam, Professor Rehnuma Ahmed, Sharmin Murshid, Professor Asif Nazrul, lawyer Sara Hossain and others were present in the courtroom during the verdict announcement.

Dr. Irene Khan expressed surprise at Yunus’s sentence. He told reporters, “There are many violators of labor laws in this country. How workers are fighting for fair dues. The labor leader is being shot dead. But the law made a weapon. A Nobel laureate like Yunus was punished. It is politicization of justice system.”

We want the world to respect us. But whom the world honors, we dishonor

Who is this Dr. Yunus, who was convicted of violating labor laws and sentenced to six months imprisonment and a fine of taka 30,000 ? Those whose names are pronounced as the most respected and recognized around the world, Dr. Yunus is one of them. He is the originator of an idea that has taken the developed world by storm, helping to lift millions of people out of poverty in many countries, even in the richest and most advanced countries.

It is the giving of loans to the poor in small form, called ‘micro-credit’. The banking system, the pillar of the modern capitalist economy, excludes the poor from banking facilities by terming them ‘unbankable’, as they have no collateral to guarantee against loans. The concept of “microcredit” challenges this view by lending to the resourceless poor.

His idea opens up a new world of credit to billions of people around the world who could not take up business ventures even on a small scale due to lack of capital. He wants to say that it is the right of people to get “loans“. His approach to women-centered microfinance, the fight against poverty with “helpless women”, broke numerous social restrictions and age-old superstitions.

By repaying 97-99 percent of cases, the women have challenged the fear of bank failure and default rates that even the world’s best banks face. Not to mention the banking sector of our country which is plagued with financial scams, frauds and defaults.

His thinking was not limited to giving loans to the poor, but also included teaching them how to start a business, manage it, keep accounts, run a business. Through this, the poor population has become a productive class from the burden of the society. Government policy has a lot to do with the productivity revolution we are witnessing in our villages today.

But this “microcredit” has played at least an equal role if not more than this, which has acted as a key regulator for the poor people in our villages to become skilled entrepreneurs. Simply put, it weaves together two types of social change – one economic and the other social. First, to help the poor and second, to extend a helping hand to women, the most deprived section of the poor.

When the world recognizes and honors his contributions, we send him to prison

Professor Yunus has received 61 honorary degrees from different universities in 24 countries around the world. He has received 136 honors from 33 countries, including state honors from 10 countries. Received royal honors of European countries.

He received the Les Justes D’or Award of the Year of France (1998), and the Medal of the Painter Oswald Guayasmin Award France (2003). 

Fortune magazine named him “One of the Greatest Entrepreneurs of All Time” in 2012. He has been featured on the covers of Time, Newsweek and Forbes magazines. He is one of only seven people in history to receive the Nobel Peace Prize, the United States Presidential Medal of Freedom, and the United States Congressional Gold Medal.

107 universities in 39 countries around the world have social business-focused departments, centers or academic programs, collectively known as Yunus Social Business Centers. The International Olympic Committee awarded him the “Olympic Laurel” at the Tokyo Olympics.

He was recently given the Lifetime Achievement Award at the World Football Summit held in Saudi Arabia. In addition, he has served at an advisory level to almost all multilateral organizations, including the United Nations and non-governmental global foundations. Apart from this, he has received royal honors from several European countries.

The news of Dr. Yunus’ imprisonment has been published by the international media

According to the report of the AFP news agency, Dr. Yunus is admired worldwide, but has a strong influence in Bangladesh.

According to Reuters report, Dr. Yunus and his Grameen Bank won the Nobel Peace Prize in 2006 for lifting millions of people out of poverty by providing microloans of less than $100 to the rural poor of Bangladesh. His program, now known as microfinance, is now a pioneer of the global movement. However, Prime Minister Sheikh Hasina accused him of “sucking the blood of the poor”.

The Guardian published a report titled “Nobel laureate Muhammad Yunus found guilty of violating Bangladesh’s labor laws”. It is said that in 2006 Nobel Peace Prize winner Sheikh Hasina has made several adverse comments about Dr. Yunus. It also mentions that Yunus was once seen as a political rival.

Al Jazeera reports, “Prime Minister Sheikh Hasina has accused micro-lenders of ‘bloodsucking’ the poor. But her supporters say the charges are politically motivated.”

Professor Muhammad Yunus is internationally recognized for his contribution to poverty alleviation and women’s empowerment,” reports the Indian media Hindustan Times.

Some other top international media including BBC. The report on Yunus’ sentence has been published.

The Washington Post reports on Dr. Yunus’s prison sentence. The report also mentions the letter of 170 world personalities, including more than 100 Nobel laureates, demanding the withdrawal of all cases filed against Dr. Yunus.

Jamil Ahmed

Congo-Brazzaville : les vraies raisons de l’empressement de M. Sassou et Cie de voter nuitamment une loi

La nuit du 24 janvier 2024 a été épouvantable pour des députés congolais, sommés de se présenter au parlement le 25 janvier 2024 à 9h00 pour une réunion extraordinaire curieusement, sans ordre du jour. Tous étaient en vacances quand ils ont été joints par téléphones entre 18 et 22 heures. Nombreux ont cru au guet-apens. Connaissant les pratiques tordues du président Sassou et sa bande de véreux, plusieurs députés ont eu des insomnies jusqu’à l’arrivée au parlement.

A l’Assemblée nationale, les députés ont reçu les documents du projet de loi portant modification de la loi n°39-2023 du 29 décembre 2023 portant la loi de finances pour l’année 2024. L’exposé des motifs dudit projet demandait aux députés de corriger ou réécrire l’article trente sixième, en intégrant « l’émission de bons et d’obligations sur le marché régional ». Cette mention avait été oubliée dans la première version de ladite loi.

Une telle omission avait l’inconvénient de paralyser le ministre des finances dans les négociations des « termes de la dette en vue d’obtenir les différents aménagements possibles (annulation, rééchelonnements, refinancements, reprofilage, etc.) et les appuis budgétaires et tout don, legs et fonds de concours ». Il faut être naïf de croire que le gouvernement et le Parlement puissent commettre une erreur de ce genre car, une démarche similaire a été adoptée dans le bradage de 12 000 hectares aux Rwandais. Admettons que cela soit une erreur, y avait-il péril en la demeure au point de tenir une session extraordinaire avec 2/3 des députés pour analyser les documents et tout valider en une journée ?

Les raisons profondes de ce travail à la hâte

Il y a quelques temps, nous avons alerté que le Congo était sous les projecteurs et ses montages financiers en Europe via la Deutsche Bank, Rothschild et autres devraient échouer parce que suspecté de blanchiment. Malheureusement, peu de gouvernants ont pris ces révélations au sérieux. Pourtant, les interventions des lobbyistes et autorités congolaises à coup de millions d’euros auprès des institutions bancaires européennes, pour l’émission obligataire depuis bientôt une année se sont soldées largement par un échec.

Selon nos informations, la République du Congo espérait obtenir un milliard et demi à trois milliards et demi d’euros d’émission obligataire après les deux dernières revues positives du FMI et nonobstant l’élévation par Standard & Poor’s de la note de B- à B sur le court terme et de CCC+ à C sur le long terme, avec une perspective stable sur la base d’une amélioration notable de sa production pétrolière, le Congo n’a pu obtenir gain de cause sur l’émission obligataire.

Déboutés en Europe et pris de cours par la date butoir de mars pour changer les anciens billets, les mafieux sont obligés de se tourner vers la sous-région où règne l’opacité couplé à la crainte des saisies des avoirs par Hojeij et autres créanciers douteux; d’où la convocation en urgence des députés.

La République du Congo retardait le remplacement intégrale des billets de FCFA dans la CEMAC du fait d’un important stock de billets entre les mains des autorités mafieuses; il s’agirait d’un montant de 750 milliards de FCFA injustifiables. L’émission aurait eu pour but également de blanchir ce stock de vieux billets dans les banques locales : les actuels possesseurs, en les échangeant contre des titres, deviendraient des créanciers officiels et rémunérés de la République du Congo. Ces titres pourraient également être cédés, échangés ou revendus dès lors qu’ils seront côtés dans les bourses internationales…

Dernier intérêt de cette opération, l’argent recueilli devrait permettre une énième restructuration de la dette congolaise. Les créanciers du Congo après décote, échelonnement des règlements, percevront une infime partie de ce qu’il leur est dû ; d’autres créanciers « bidon » de la République seront à 100% gagnants dans cette opération.

Voilà la vraie raison qui taraude les esprits des gouvernants mafieux et incompétents du Congo qui ont peur d’être rattrapés. S’il est vrai que le président de l’assemblée, Isidore Mvouba encourageait la thésaurisation des fonds en reconnaissant à l’époque, « qu’ils cachaient l’argent » mais il sied de dire haut et fort, que les parlementaires qui accompagnent les mafieux sont indirectement complices des malheurs des congolais et de la politique de la terre brûlée que M. Sassou et son gouvernement perpétuent depuis des lustres. Le bilan positif de la gouvernance de certains leaders africains est légion. Même celui des putschistes comme Brice Oligui Nguema révèle qu’on peut mieux faire sans s’endetter.

Les gouvernants doivent savoir qu’ils ne peuvent pas mentir tous les jours à leur peuple. Démosthène, penseur grec du IVe siècle l’avait déjà prévu : « il n’est rien qui vous fasse plus grand tort qu’un homme qui ment. Car, ceux dont la constitution réside dans les paroles, comment peuvent-ils, si les paroles sont mensongères, conduire une politique en toute sûreté ? ».

Jusqu’à quand les Congolais continueront-ils de rester dans une prison à ciel ouvert ou vivre dans la précarité quotidiennement alors que le sous-sol de leur pays est très riche ? Accepteront-ils d’être dirigés par des méchants gouvernants et inconscients et sans cœur ?

En tout cas, l’opprimé ne doit pas s’attendre qu’on l’affranchisse, il doit arracher sa liberté et lutter par tous les moyens pour la conserver. Les ministres de cultes, les jeunes, les enseignants, les professionnels des médias, bref les intellectuels sont appelés à la rescousse de la population.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

Salaam, Shalom, l’impasse d’une pax dei sur la bande de Gaza

Une tribune libre du journaliste congolais Ghys Fortune Bemba Dombé, et ancien membre de la MDJ.

S’il est une guerre qui met à rude épreuve la foi religieuse, c’est bien celle qui ravage la bande de Gaza où des communautés, enfants de Yahweh et d’Allah, le Dieu unique, créateur du ciel et de la terre se détruisent mutuellement. La terre de Gaza est imbibée de sang. Sacrilège ! La bestialité qui caractérise les belligérants laisse pantois tout être humain doté de raison et épris de paix.

Si l’homme est fait à l’image de Dieu, pourquoi devrait-on porter outrage à l’Être Immanent en ôtant la vie à sa créature ? On en vient à se demander si Yahweh est différent d’Allah, si les yeux et les mains levés vers le ciel dans une synagogue n’ont pas le même objectif et le même sens que ceux exhibés dans une mosquée. La paix, Salaam, Shalom n’a aucune coloration religieuse; elle est une vertu que doit intégrer et entretenir toute créature de Dieu.

La guerre de Gaza est un conflit irraisonné et irrationnel. La mort et la désolation semées à tout vent ne peuvent conduire à une issue satisfaisante. Malheureusement, celles-ci sont soutenues et entretenues par des hommes politiques véreux et cruels qui tirent profit de cette guerre, une géopolitique de la cruauté et des intérêts mesquins. Tant que les lieux de prière seront construits avec des préjugés raciaux, tant que les instincts hégémoniques ne seront pas anéantis, l’homme demeurera un loup pour l’homme.

Il sied de dire que certaines personnes de bonne volonté avec un humanisme chevillé au corps accomplissent des actions en faveur de la paix et du vivre-ensemble dans le respect des croyances des uns et des autres. C’est ainsi que l’on voit s’élever côte à côte des temples, des mosquées et des synagogues.

Au Congo Brazzaville, sur les terres de Loango, un philanthrope, Alexis Vincent Gomez, a érigé côte à côte dans sa propriété trois majestueux lieux de prière, une mosquée fraternisant avec une synagogue et une église. Belle symbolique pour dire que tous les hommes reconnaissent être crées par Dieu à qui ils s’adressent.

Chrétiens, Musulmans, Juifs, Bouddhistes, tous sont en réalités des frères, des enfants d’un même ancêtre (Abraham) et d’un même Dieu le père, témoins, la pléiade de concordance des textes qui relient la Torah, la Bible et le Coran.

Parlant de la compassion ou d’amour exemple, la loi des Juifs de l’Antiquité stipule : « Ne hais point ton frère en ton cœur: reprends ton prochain, et tu n’assumeras pas de péché à cause de lui. Ne te venge ni ne garde rancune aux enfants de ton peuple, mais aime ton prochain comme toi-même: je suis l’Éternel [Jéhovah]. » (Lévitique 19:17, 18Rabbinat français).

A la Bible mentionne : « Mais je vous le dis, à vous qui écoutez : Continuez d’aimer vos ennemis, de faire du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maltraitent (…) et votre récompense sera grande, et vous serez fils du Très-Haut, car il est bon pour les ingrats et les méchants.» Luc 6 : 27-35. Sous le titre « L’Examinée », le Qurʼān émet un principe similaire (Sourate 60:7, RB): « Peut-être Allah établira-t-Il de l’amitié entre vous et ceux [des Infidèles] que vous traitez en ennemis. Allah est omnipotent. Allah est absoluteur et miséricordieux. » ; le Pentateuque, les cinq premiers livres de la Bible constitue chez les Juifs, la base de Judaïsme, la Torah « doctrine », « Loi ».

De même, on retrouve l’ensemble de ses textes dans le Coran. Ces textes sont presque communs aux trois monothéistes ( Christianisme, Islam et Judaïsme). Vous conviendrez avec nous, que, seul, l’interprétation des extrémistes et des politiciens véreux sèment les graines de désolation.

Les voix de sorties de crise

Au-delà de la foi et des croyances religieuses qui ne sont pas des éléments anodins, la géopolitique, la vraie, doit être convoquée pour permettre de suggérer quelques pistes pouvant contribuer à la paix. Si l’on peut avant tout admettre que les belligérants sont des croyants, il faudra envisager constamment des rencontres des plus hautes autorités religieuses israéliennes et palestiniennes.

La paix sans la foi ressemble à un coup d’épée dans l’eau. Personne ne peut exclure que les conflits au Proche-Orient ont plus ou moins un fondement religieux ou spirituel.

S’il est vrai, qu’une musique ségrégationniste commence à se faire entendre en Europe avec des nouvelles lois sur l’immigration et la monté du panafricanisme, cependant, il sied de reconnaître que, la France et l’Angleterre par des gouvernements successifs composés des ministres d’origine asiatique, africaine, indienne ayant de culture variée, donnent des bons signaux du vivre ensemble que des négociateurs ou les soutiens d’Israël peuvent s’inspirer.

Ensuite, il faut arriver à un cessez-le-feu sous l’égide de l’ONU en mettant en place une force de paix internationale ( force d’interposition) et non Tsahal qui doit contrôler Gaza comme le fait entendre Benyamin Nétanyahou qui s’oppose ces derniers jours à la « souveraineté palestinienne ».

Les parties en conflit doivent jeter du lest en procédant à la libération de tous les otages et prisonniers. On penserait à installer une personnalité reconnue à la tête d’un État palestinien parce qu’il faut bien que les parties comprennent que chaque communauté a besoin d’une entité administrative. La libération de Marwan Barghouti ne serait pas vaine, dans ce cas de figure.

L’État palestinien doit connaître une existence matérielle dans la frontière de 1967 quitte à en confier, le cas échéant, l’autorité à une administration temporaire internationale. Mais qu’en son sein, comme le suggère le professeur Vincent Lemire, “puissent demeurer les colons, qui le souhaitent.” Idem pour les quelques deux millions de Palestiniens vivant en Israël et pour les réfugiés palestiniens qui bénéficieraient d’un droit au retour.

Cette solution, dite (deux États une patrie) repose sur une forme confédérale qui peut sembler un peu baroque, mais l’Europe à montrer après des tragédies terribles qui l’était possible de la mettre en œuvre. Si vous êtes français et que vous vivez à Berlin, vous payez les impôts locaux et vous votez aux élections locales en Allemagne, aux élections présidentielles, en France, et aux élections européennes comme tous les ressortissants de l’Union.

De même, les deux États d’Israël et de Palestine pourraient s’articuler autour d’institutions locales, nationales et transnationales, avec des élections à différents niveaux et un passeport communaux Israéliens et aux Palestiniens comme le passeport européen ».

En définitive, si les rencontres des dirigeants religieuses et les soutiens occidentaux tels que les U.S.A qui fournissent nuit et jour des armes aux Israéliens, encouragent, la laïcité, mettent un peu de la volonté politique, cette guerre va s’arrêter.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE