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Mortaza Behboudi, reporter franco-afghan : en prison, « on m’a fait avouer des crimes que je n’ai pas commis » 

Emprisonné plus de 280 jours dans de multiples prisons de la capitale afghane, le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi est de retour en France. Innocenté sur les accusations d’espionnage qui le visaient, il a été libéré le 18 octobre 2023 après 10 mois de prison. Ancien journaliste de la MDJ, il a accepté de témoigner pour l’Œil sur ses conditions de détention.

Il était détenu à la prison de Kaboul depuis le 7 janvier 2023. 284 jours plus tard, Mortaza Behboudi retrouve enfin la liberté. Journaliste depuis 2012, Mortaza Behboudi a travaillé pour plusieurs médias en Afghanistan. En France, il a collaboré et collabore avec les plus grands médias nationaux, tels que France Télévisions, Radio France, Libération ou encore TF1. 

Rendre compte de la réalité des talibans

Il avait dû fuir l’Afghanistan en 2015 après une tentative de reportage sur le marché de l’opium dans le sud de l’Afghanistan et sur sa ville natale, dans la province de Wardak. Il a obtenu un visa par l’ambassade de France à Kaboul et il a été accueilli à la Maison des Journalistes fin 2015.

Rien n’arrête cependant le jeune homme, qui retourne régulièrement dans son pays natal pour y témoigner de l’actualité. « En mai 2021, juste avant la chute de Kaboul, je suis resté trois mois. J’y suis retourné le 15 août avec France Télévisions pour aider les grandes chaînes occidentales. J’étais à la fois caméraman et fixeur. Nous avons fait une vingtaine d’aller-retour en Afghanistan depuis la prise de pouvoir, et j’ai travaillé pour une quinzaine de médias : France Télévisions, Radio France, TF1, Arte… Nous avons même reçu le prix Varenne et le prix Bayeux pour notre série de reportages « À travers l’Afghanistan, sous les Talibans » publié sur Mediapart. »

Lorsque le gouvernement chute et que les Etats-Unis ordonnent leur repli militaire en août 2021, Mortaza n’hésite pas une seconde et s’empare de sa caméra. « Je me suis dit que l’on avait cruellement besoin de journalistes locaux pour mieux informer sur la situation afghane », nous explique-t-il d’une voix assurée, soutenant notre regard. « Bien sûr, beaucoup de journalistes occidentaux y sont allés pour leurs reportages, mais ces derniers n’éclairaient pas vraiment la réalité des talibans. » 

Arrêté en plein reportage et accusé d’espionnage

« Il a été arrêté non pas en tant que journaliste, mais parce qu’il a des relations directes avec des opposants à notre régime », avait déclaré Zabihullah Mujahid, le porte-parole des talibans au pouvoir, dans un reportage de France Télévisions diffusé en juillet 2023. Pourtant, il avait été interpellé aux abords de l’université de Kaboul par un agent taliban en civil le 5 janvier, alors qu’il interrogeait de jeunes Afghanes avec son micro et sa caméra. 

Il explique être parti « afin de tourner plusieurs sujets pour Libération, France Télévisions et Radio France. Deux jours après mon arrivée, j’ai été arrêté au moment où je prenais en photo des étudiantes qui souhaitaient passer leur thèse, mais pour qui les études sont dorénavant interdites. » Emmené au bureau des services de renseignements, il sera emprisonné pendant dix mois dans quatre prisons de Kaboul, enfer qu’il relatera sur Mediapart. 

« Là-bas, j’y ai croisé quatre à six journalistes locaux et nationaux, notamment dans la prison de Shash-darak des services de renseignements des talibans où j’ai passé sept mois. Il y avait surtout des journalistes issus de la télévision : présentateurs, têtes d’affiche des chaînes télévisées locales, surtout du nord du pays. La plupart sont emprisonnés depuis des mois sans que leur famille ne soit informée de leur détention. » 

Des journalistes incarcérés aux côtés de membres de Daesh

Mortaza et son équipe en plein reportage.  © Mortaza Behboudi

« A Kaboul, une fois qu’on est incarcérés, personne n’est prévenu : c’est à la famille de faire ses propres recherches et d’envoyer des lettres au ministère de l’Intérieur et au central du renseignement. Il faut ensuite payer des gens pour obtenir une localisation précise. Quelques journalistes m’ont demandé si j’avais croisé certains de leurs proches dans les autres prisons. Ces dernières constituent les pires endroits d’enfermement dans le monde », affirme-t-il en balayant du plat de la main toute objection. L’espace d’un bref instant, Mortaza se plonge dans un souvenir douloureux, sans toutefois perdre le fil de son récit. 

« Nous y sommes torturés, nous ne voyons pas le ciel et n’avons accès à aucun service médical ou à un médecin. Nous sommes régulièrement maltraités et humiliés, surtout dans la prison du renseignement et de sécurité maximale, Shash-darak. » Là-bas, plus de 1 200 prisonniers politiques croupissent dans des cellules exiguës. Tous sont mélangés : politiciens, journalistes, activistes, membres de Daesh… Des bagarres éclatent souvent entre les détenus, faute de véritable surveillance de la part des gardiens.

Plus que la violence, le manque d’informations de l’extérieur ronge le moral des prisonniers. « Si vous voulez voir vos proches, il faut pouvoir payer. Si vous arrivez à obtenir une autorisation, vous aurez droit à une visite de 3 à 4 minutes, une fois par semaine et derrière des vitres blindées, de votre famille. » 

« Malheureusement, il n’y a pas d’organe de jugement ou de tribunal pour ces prisons. On ne connaît même pas les chefs d’inculpation qui ont conduit à notre emprisonnement. Nous ne savons même pas où nous serons transférés ni qui est en charge de notre dossier. »

Si Mortaza n’a pas vu le ciel durant dix mois, les cellules se sont enchaînées sans qu’il ne puisse rien contrôler. Déplacé à plusieurs reprises, il se remémore la confusion qui régnait au sein des prisonniers. « Je suis resté dix jours dans la première prison des renseignements, puis plus d’un mois dans la seconde, sept mois dans la troisième, et le reste du temps dans la quatrième. J’étais tout le temps soumis à des interrogatoires, afin de me faire avouer des crimes que je n’ai pas commis. » 

« Les sept premiers mois, je n’ai eu aucun contact avec l’extérieur. Je n’avais le droit à rien en tant que prisonnier politique, même pas à un stylo et à un morceau de papier. Lorsque j’étais dans la prison des services de renseignements, il n’y avait pas d’accès au téléphone et aucun droit de visite. » 

« Après mon transfert à la prison de sécurité maximale de Pul-e-Charkhi, j’ai pu appeler pour la première fois ma famille sur le téléphone public de la prison. » Pul-e-Charkhi est la plus grande prison du pays, surnommée « le Guantanamo afghan. » 

« J’ai donc contacté ma mère et ma femme pour les prévenir que j’étais vivant. Sur place, nous avons pu avoir des visites d’amis une fois toutes les deux semaines, ce qui reste dangereux : les visiteurs étaient surveillés sur leur trajet et dans leur ville. »

Des négociations difficilement réalisables avec les talibans

Malgré son isolement total, Mortaza n’est pas seul : à l’autre bout du monde, rédactions, associations et proches remuent ciel et terre pour le retrouver. Le journaliste a pu compter sur sa femme Aleksandra, dont les immenses efforts ont fini par payer. « Aleksandra était en contact permanent avec les rédactions françaises. Lorsque je n’ai plus donné signe de vie, elle a appelé tous les médias avec lesquels je travaillais à l’époque, ainsi que RSF. »

Une libération complexe à réaliser, car la France n’est plus présente en Afghanistan depuis la prise de pouvoir des talibans en août 2021. Les tentatives de négociations se sont faites à Doha, au Qatar, mais en vain. Le 6 février 2023, Reporters sans frontières avait indiqué dans un communiqué de presse avoir « épuisé toutes ses ressources » pour libérer Mortaza, bien qu’il ait réussi à « établir un canal de communication » avec les talibans.

« Personne n’a négocié pour mon cas », explique Mortaza. « Tout est passé par un juge taliban qui m’a forcé à avouer des choses pour me faire libérer. Toutes les charges ont été abandonnées, mais il m’a fait dire que mes reportages sur les talibans étaient soi-disant négatifs, ce qui expliquerait selon le juge les dix mois d’emprisonnement. » Une solitude qui impacte durement Mortaza, qui aurait pu rester enfermé de longues années. 

Maud Baheng Daizey

En Afghanistan, les talibans répandent encore et toujours la peur auprès des journalistes

Depuis le retour au pouvoir des talibans en août 2021 en Afghanistan, la liberté de la presse est quasi inexistante. Les médias sont sous l’étroite surveillance et le contrôle permanent de la milice talibane. Entre censure médiatique, persécutions, emprisonnements, tortures et assassinats de journalistes, le gouvernement a mis en place un véritable règne de la terreur qui traque les journalistes et les professionnels des médias pour les réduire au silence. Retour sur l’état de la liberté de la presse en Afghanistan deux ans après le retour au pouvoir des talibans

Le 15 août 2021, les talibans prenaient le contrôle de l’Afghanistan. Apparu pour la première fois en 1994, le mouvement taliban prône un retour à l’islam pur (proche de celui existant au temps du prophète), et s’appuie sur une interprétation extrémiste de la loi divine aussi appelée la charia.

Le 27 septembre 1996, les talibans s’emparent de Kaboul et prennent le contrôle du pays pour la première fois, où ils font régner la peur et imposent des lois strictes. Le théâtre, la musique, le sport et la télévision sont interdits. Les femmes sont privées d’éducation et n’ont plus le droit de travailler. Les exécutions publiques font partie du quotidien.

Mais les attentats du 11 septembre 2001 réveillent la colère des Etats-Unis, marquant le début de la guerre d’Afghanistan. Le 13 novembre 2001, les soldats américains, aidés par l’Alliance du Nord, libèrent Kaboul, la capitale afghane. Le régime taliban s’écroule après cinq ans de terreur.

Le 1er mai 2021, les Etats-Unis annoncent officiellement le retrait de leurs derniers soldats présents sur le sol afghan, et les talibans ne tardent pas à s’emparer du pouvoir pour la deuxième fois. 

À leur retour au pouvoir en août 2021, ils avaient pour objectif de séduire les médias et de faire oublier le souvenir de leur premier régime (1996-2001). Ils se sont ainsi montrés souriant, posant pour des selfies, mangeant des glaces, répondant à une interview télévisée avec une femme journaliste, ou encore faisant des tours d’autos tamponneuses et de manège dans un parc d’attractions à Kaboul.

Alors qu’ils avaient déclaré vouloir faire partie de la communauté internationale, évoqué un « gouvernement inclusif », et promis que « les droits des minorités et de tous les citoyens seront garantis par le système à venir », le gouvernement mène une politique de répression médiatique qui ne laisse aucune chance de survie à la liberté de la presse

Les autorités multiplient les menaces envers les médias, qu’elles considèrent comme des « ennemis » du régime en vigueur. Interdictions de travailler, arrestations, emprisonnements, tortures, et assassinats de journalistes se succèdent en Afghanistan.

Lorsqu’ils accèdent au pouvoir en 2021, les talibans établissent 11 règles à respecter pour les journalistes. Parmi elles, on retrouve l’interdiction de diffuser des sujets contraires à l’islam et celle de critiquer le gouvernement, de près ou de loin.

Être journaliste en Afghanistan, un métier de tous les dangers

En Afghanistan, les journalistes risquant des accusations « d’immoralité ou de conduite contraire aux valeurs de la société ». De nombreux journalistes sont traqués par la milice talibane et sont forcés de se cacher ou de prendre la fuite.

Certains journalistes afghans formulent des demandes d’asile ou de visa, mais ces requêtes peuvent être des procédures longues et incertaines. Des centaines d’entre eux ont fui l’Afghanistan et se sont rendus en Iran et au Pakistan dans l’espoir d’y obtenir un visa pour un pays sûr, comme la France. 

En ce qui concerne les journalistes étrangers, il est difficile de se rendre en Afghanistan, notamment en raison de la difficulté à obtenir un visa.

L’ambassade de France en Afghanistan étant fermée, « le respect des droits fondamentaux et la sécurité des personnes ne sont pas assurés » en cas d’arrestation ou de détention, comme l’indique le site internet du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères. 

Selon les derniers chiffres datant de 2022, plus de 60 % des journalistes ont perdu leur emploi. Près de 40 % des médias afghans ont disparu. La presse écrite est entièrement contrôlée par le gouvernement et c’est environ la moitié des radios qui ont cessé leurs activités.

Les journalistes femmes ont quasiment disparu du paysage médiatique afghan: plus de 80 % d’entre elles n’ont plus de travail. Dans 15 des 34 provinces du pays, il n’y a plus aucune femme journaliste en activité.

L’Afghanistan occupe la 156e place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse de RSF en 2022. Le pays était passé de la 150e place (en 2012) à la 122e place (en 2021). 

Dès les premières semaines qui ont suivi leur prise de pouvoir, les autorités se sont attaquées aux journalistes. L’assassinat de Dawa Khan Menapal, ex-journaliste et ancien porte-parole adjoint du président afghan Ashraf Ghani, marqua le début d’une longue série d’assassinats et de violences envers les journalistes.

Dawa Khan Menapal, figure emblématique des médias à Kaboul, n’hésitait pas à critiquer le gouvernement à travers les réseaux sociaux. Il a été assassiné par la milice talibane lors de la prière du vendredi, le 6 août 2021. Quelques jours avant lui, Fazal Mohammad, un policier qui publiait des vidéos humoristiques sur internet, a également été tué par les talibans suite à ses commentaires en ligne.

En septembre 2021, les journalistes Taqi Daryabi et Nematullah Naqdi ont été tabassés par les autorités. Les deux hommes couvraient une manifestation de femmes pour défendre leurs droits à travailler et étudier à Kaboul. Ils ont été arrêtés puis violemment frappés à coups de bâtons, de câbles, et de tuyaux

Les journalistes Taqi Daryabi et Nematullah Naqdi tabassés et frappés avec des câbles par les talibans le 8 septembre 2021. WAKIL KOHSAR VIA GETTY IMAGES

Le 1er décembre 2022, les talibans avaient annoncé avoir interdit deux grands médias présents dans le pays, The Voice of America et Radio Azadi, la branche afghane de Radio Free Europe/Radio Liberty. Leurs sites internet respectifs avaient été suspendus. 

Depuis le 1er janvier 2023, deux journalistes ont été tués en Afghanistan, et cinq ont été emprisonnés.

Le 14 février 2023, les autorités ont organisé une descente dans les locaux de la chaîne de télévision afghane, Tamadon TV, où le personnel a été violemment agressé.

Reporters sans frontières (RSF) a réagi et leur a demandé de libérer les journalistes et de respecter la liberté d’informer. Ce n’est pas la première fois que les talibans ciblent les chaînes de télévision ou de radio.

En effet, le 12 février 2023, la seule radio pour femmes qui diffusait des programmes éducatifs destinés aux filles, Radio Sahar, a elle aussi reçu l’interdiction d’émettre.

Le 11 mars 2023, une explosion à la bombe a tué un agent de sécurité et fait huit blessés dont cinq journalistes afghans lors d’une cérémonie en l’honneur de la  « Journée nationale des journalistes » à Mazar-I-Sharif, dans le nord de l’Afghanistan. 

Entre 2022 et 2023, plusieurs journalistes ont été arrêtés sur le sol afghan: Mohammad Yaar Majroh, reporter de ToloNews, l’une des principales chaînes de télévision du pays, Khairullah Parhar, de la chaîne de radio et télévision Enikass, ou encore Mortaza Behboudi, reporter franco-afghan dont l’arrestation a été largement médiatisée.


Le 7 janvier dernier, Mortaza Behboudi, âgé de 29 ans, a ainsi été interpellé par une patrouille de combattants avant d’être accusé d’espionnage, puis placé en détention. Sa femme, Reporters sans frontières (RSF) et de nombreux médias français tels que France 2, Mediapart, Libération, Arte, ou encore Radio France (pour lesquels il a travaillé) se sont mobilisés et réclament toujours sa libération de prison à ce jour.

La Maison des Journalistes se tient également aux côtés de Mortaza Behboudi.

Sous les talibans, les journalistes vivent dans la peur, un quotidien synonyme de censure et de persécutions. Certains se cachent, d’autres tentent de trouver refuge ailleurs. Force est de constater que la répression médiatique n’est pas prête de s’arrêter au vu des récents événements.

La fin de l’espoir pour les journalistes afghans ?

Alors que l’actualité en Ukraine et en Iran accapare l’attention des médias, les journalistes afghans ayant fui au Pakistan après la chute de Kaboul espèrent toujours un visa occidental qui les mettrait tout à fait hors de danger. Or d’après un récent règlement pakistanais, certains pourraient être renvoyés aux mains des talibans à partir du 31 décembre.

Le mois d’août 2022 a donné l’occasion à nombre d’organisations de journalistes de faire un bilan pour la presse de la gouvernance talibane. Du fait de la censure et de la fermeture de près de 220 médias sur 547, « 60% des 12000 journalistes exerçant avant août 2021 ont cessé leur activité », précise Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF)… Et des centaines, parce que leur profession est parmi les plus exposées à des représailles, ont fui le pays.

Le journaliste afghan Ramazan réfugié en France continue de recevoir des menaces de la part des talibans sur son téléphone. Il a longtemps documentés les violences talibanes sur la population gazara, et était visé depuis de longues années par les talibans.

Depuis août 2021, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a reçu près de 9000 demandes d’aide. Le groupe de travail « Afghanistan » créé par le Syndicat national des journalistes (SNJ) dès le 15 août 2021 a quant à lui demandé au ministère français des Affaires étrangères l’évacuation urgente de centaines d’entre eux. Et de fait, près de 250 journalistes ont été accueillis en France avec leurs familles.

Mais quid des autres ? Marzia Khodabakhsh, 27 ans, était productrice de l’information à la télévision Ariana News, média aujourd’hui contrôlé par les talibans. « Mon employeur m’avait depuis longtemps fourni une voiture blindée, parce que j’avais reçu des menaces de mort, et il changeait souvent mon
planning pour que les talibans ne repèrent pas mes horaires.
» Elle a fui au Pakistan en février 2022, et a demandé un rendez-vous à l’ambassade de France dès son arrivée. « Je n’ai même pas reçu de réponse à mon mail », témoigne-t-elle, angoissée par le silence des autorités françaises.

Lors d’une rencontre, fin octobre 2022, au ministère français des Affaires étrangères (MAE), Nicola Edge, une militante du SNJ a de fait cru sentir un désengagement des autorités françaises sur le dossier afghan. « Ils nous ont dit “Vous n’êtes pas sans savoir qu’il y a aussi l’Ukraine », raconte-t-elle, dépitée, ajoutant que le SNJ avait évoqué les très longs délais d’attente de rendez-vous auprès des ambassades de France au Pakistan et en Iran. Les journalistes afghans auraient plutôt besoin que les pays qui en août 2021 avaient fait de grandes annonces sur la nécessité de sauver les défenseurs des valeurs démocratiques et la liberté de la presse déploient plus de moyens pour leur venir en aide.

Or, nombre de journalistes au Pakistan n’ont, comme Marzia Khodabakhsh, même pas eu de réponse à une demande de rendez-vous envoyée il y a six à dix mois. Et ceux qui ont eu le précieux rendez-vous attendent aussi leur visa, tandis que leur situation économique se détériore. « Certains sont dans une extrême précarité, sans ressource aucune, témoigne Nicola Edge. Il y a des femmes seules à la rue au Pakistan, si démunies que quelques-unes ont fait des tentatives de suicide. Elles campent dans des parcs et ont vu leurs tentes lacérées par la police pakistanaise. »

Samiullah Jahesh, 33 ans, un autre journaliste d’Ariana News, est arrivé au Pakistan en janvier 2022 avec sa femme et son fils de trois ans. Il a pu déposer sa demande de visa à l’ambassade de France le 28 juin et n’a pas reçu de réponse. « Je suis acculé financièrement, j’ai épuisé toutes les possibilités d’emprunt auprès de ma famille et de mes amis, le loyer, l’électricité coûtent cher, et le Pakistan ne nous permet pas de travailler. » D’autres témoignent qu’ils rationnent le pain sec et ne mangent plus à leur faim.


Des menaces continues

Mais Samiullah Jahesh craint surtout pour sa vie. Depuis qu’il est à Islamabad, il a reçu des menaces de mort via WhatsApp, et a changé trois fois de domicile afin « de ne pas être repéré par des Pachtouns du Pakistan qui pourraient indiquer ma localisation aux talibans ». Ces messages inquiétants sont le quotidien des journalistes. Marzia Khodabakhsh en a reçu aussi. « Dans un message vocal, un taliban me disait “Où que tu sois, on te trouvera et on te découpera en morceaux”. Ma situation psychologique et morale s’est détériorée, j’ai très peur », dit-elle la voix tremblante. Les menaces emploient aussi d’autres canaux.

Mohammad Eivaz Farhang, 33 ans, travaillait pour le quotidien Hasht-e sobh (« Huit heures du matin », en français) publié en ligne depuis l’étranger. Il s’est senti encore plus menacé lorsque les talibans ont fermé le domaine Internet du journal, et que le porte-parole de l’Émirat islamique d’Afghanistan, Mujahid Zabiullah, a tweeté pour dénoncer les « dizaines de nouvelles que nous entendons dans les médias occidentaux, et des journaux comme Hasht-e Sobh », en concluant: « notre peuple connaît les ennemis de cette nation ». Ces menaces directes ou voilées amplifient le sentiment de danger chez les journalistes, qui savent qu’ils ne sont pas les seuls à être désignés comme « ennemis de la nation » : les militants, artistes, politiciens, juges y ont droit aussi.

En attente d’un visa français depuis des mois à Islamabad, les journalistes afghans se réunissent souvent ensemble pour travailler ou faire avancer collectivement leurs dossiers.

Mais les journalistes connaissent le lourd tribut qu’ils ont payé dans l’exercice de leur profession : chacun a eu un ou plusieurs collègues tués par balles ou dans l’explosion de leur voiture, et un grand nombre connaît des troubles de stress post-traumatique… Retourner en Afghanistan n’est donc pas une option, mais rester au Pakistan non plus. « Se retrouver en exil dans un pays dans lequel le régime qu’on est en train de fuir a des correspondants, c’est-à-dire des gens qui peuvent exporter la répression, c’est extrêmement périlleux, et c’est le cas pour le Pakistan s’agissant des journalistes afghans, car on sait les liens étroits entre les talibans et ce pays », alerte Christophe Deloire, de RSF.


Un prochain visa pour l’enfer

Mais si les portes d’un autre exil restaient fermées aux journalistes, l’option « rester au Pakistan » leur sera aussi bientôt interdite. Le ministère pakistanais de l’Intérieur a en effet annoncé le 29 juillet dernier un durcissement de sa politique à l’égard des étrangers, indiquant qu’après le 31 décembre 2022, « des actions seront engagées contre les étrangers en séjour prolongé dépassant plus d’un an », et qu’une peine de trois ans pourra être prononcée pour les étrangers en séjour irrégulier. Ou l’expulsion.

« La durée de mon visa pakistanais est courte, s’alarme Samiullah Jahesh, et si l’ambassade de France ne me donne pas un visa rapidement, le Pakistan me renverra aux mains des talibans. Et vous savez ce que ceux-ci me feront », conclut le journaliste, qui se dit rongé par la tension morale.

D’une manière générale, tous les journalistes ayant dénoncé dans leurs reportages les actes terroristes des talibans sont exposés à des représailles. Et ce n’est pas le récent bilan de la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Unama), qui va pouvoir les rassurer, qui a déclaré le 2 novembre avoir enregistré « plus de 200 violations de droits humains à l’encontre des journalistes depuis août 2021 ». Des chiffres qui incluent « arrestations arbitraires, mauvais traitements, menaces et intimidations ».

« Du fait de cette date butoir pakistanaise, l’attente du SNJ lors de la dernière réunion au ministère français des Affaires étrangères était la délivrance en urgence de visas par la France, raconte Nicola Edge. Mais nos interlocuteurs ne semblaient pas vouloir prendre de mesure particulière. »


Sortir de l’impasse

Le 20 novembre, une vingtaine de journalistes afghans a donc envoyé une lettre au ministre français de l’Intérieur, Gérard Darmanin, lui demandant « d’accélérer le processus de délivrance de visas ». L’un d’eux, Tariq Peyman, qui a fui la ville d’Hérat avec sa femme également journaliste, n’a cependant qu’un maigre espoir que le président français « conformément à ses engagements, sauvera la vie des journalistes afghans en danger. »

« C’est pourtant la responsabilité des démocraties que de défendre ceux qui représentent la démocratie », déclare Christophe Deloire. Mais il invite aussi le Pakistan à exercer ses propres responsabilités. « Quels que soient ses liens avec le régime des talibans, ce pays se déshonorerait à renvoyer des journalistes dans un pays qu’ils ont fui parce qu’ils étaient en danger. »

Du côté du groupe Afghanistan du SNJ, on sent que la tension monte chez les journalistes. « Certains nous écrivent tous les jours, ils n’en peuvent plus », témoigne Nicola Edge. Elle rappelle que notre pays a évacué environ 4000 Afghans depuis la chute de Kaboul, tandis que l’Allemagne en accueillait 15000 et que ce même pays vient de lancer un programme qui prévoit 1000 évacuations par mois pendant trois ans. « On aurait aimé que la France engage un programme de ce genre », regrette pour sa part Patrick Kamenka, du SNJ-CGT.

« Si on n’aide pas les journalistes afghans, une génération complète disparaît avec les compétences qu’elle a développées depuis vingt ans », relève Elyaas Ehsas, un reporter afghan en exil en France. « L’avenir du journalisme en Afghanistan, ironise-t-il, est-ce un groupe de talibans paradant sur un plateau télé ? » Il ajoute: « Toutes ces puissances qui ont occupé l’Afghanistan pour, selon leurs dires, y instaurer la démocratie, pour aider la société civile à s’organiser, vont-elles abandonner à leur sort ceux qui ont fait vivre ces valeurs pendant vingt ans, ceux qui portent la voix d’un peuple entier, privé pour l’heure de presse libre ? » Marzia Khodabakhsh, Samiullah Jahesh et leurs collègues attendent désespérément à Islamabad une réponse à ces questions.

Frédérique Le Brun, avec Elyaas Ehsas.

Afghanistan : cri d’alarme des femmes journalistes

Le 15 août 2021 semble avoir signé la mort de la presse en Afghanistan avec le retour au pouvoir des Talibans. Abandonné à son sort par l’OTAN et les Etats-Unis, le pays sombre depuis plus d’un an dans un obscurantisme total. Si le régime promettait vouloir respecter les droits de l’Homme, ses nombreuses politiques exclusives et autoritaires n’ont cessé de prouver le contraire. En un an, les médias afghans ont subi tant de répression que plus de 50% d’entre eux ont disparu. Des dizaines de journalistes ont été contraints de fuir le pays pour échapper au régime, sans pour autant renoncer à l’Afghanistan et à leur liberté. Comment s’organisent-ils à l’étranger et en Afghanistan pour faire entendre leurs voix et continuer leur travail sans risquer la prison ?

En septembre 2021, le gouvernement Taliban impose une directive contenant 11 articles pour censurer et contrôler la presse et les journalistes afghans. Ils utilisent les organes de presse pour répandre leurs propres informations, rendant le travail des journalistes très éprouvant. Selon le rapport du SIGAR, l’Inspecteur Général Spéciale pour la Reconstruction de l’Afghanistan, « des lois ont été promulguées pour prohiber la publication ou la diffusion d’informations considèrent contre l’Islam ou le régime. »

Plus de la moitié des médias fermés en Afghanistan

Depuis la prise de pouvoir, au moins 80 journalistes ont été arrêtés et tous subissent la censure. Plus de 51% des organes de presse ont été fermés et 80% des femmes journalistes se sont retrouvées sans emploi en 15 mois. Ainsi, 10 provinces sur 34 d’Afghanistan sont dépourvues de femmes journalistes. Zan et Bano TV, deux médias privés qui étaient dirigés par des femmes, ont dû stopper leurs activités et licencier leurs équipes, majoritairement féminines.

Le cas le plus récent est Kaboul News TV, une des plus grandes chaînes d’information du pays. Elle a été fondée par l’ancien chef de cabinet de l’ancien président Karzai, Karim Khorram. Durant ces dernières années, la chaîne était en opposition avec le gouvernement du président Ghani, mais a été fermée en 2021 sous la pression exercée par les Talibans et de difficultés économiques.

Depuis plusieurs mois, les femmes et filles ont vu leur liberté se réduire comme peau de chagrin. Elles n’ont désormais plus le droit d’aller à l’école ou d’exercer leur profession et les journalistes afghanes encore en place luttent pour garder cette dernière. Nous avons pu échanger avec l’une d’entre elles ainsi que des confrères désormais basés au Pakistan, pays limitrophe, sur leur condition actuelle et leurs moyens de lutte contre la censure et le régime. 

Facteur révélateur de leurs difficultés, les multiples obstacles rencontrés afin d’entrer en communication avec eux : les numéros de téléphones des journalistes réfugiés au Pakistan ne sont joignables que sur une période donnée, avant qu’ils ne soient redistribués à d’autres personnes. 

Deux contacts n’ont ainsi jamais répondu à nos appels, leur visa ayant expiré et leur numéro de téléphone donné à un autre réfugié. D’autres n’ont pas la mainmise sur leur téléphone, leur frère ou des inconnus répondant à leur place.

La double punition de la femme journaliste afghane

Heureusement, certains ont pu répondre à nos appels. Banafsha Binesh est une Afghane vivant toujours à Kaboul et travaillant pour TOLOnews, première chaîne d’information télévisée d’Afghanistan. Il nous faudra attendre le second appel qu’elle soit seule pour l’interviewer et obtenir des réponses sans détour. 

Banafsha Binesh pour TOLOnews

« Nous travaillons dans de très mauvaises conditions », déplore-t-elle au combiné. « La censure est extrêmement stricte et les interdits dans notre travail se multiplient. Par exemple, j’ai couvert il y a quelque temps un événement des Nations-Unies concernant la situation des Afghanes. Des représentants y critiquaient l’agenda et les politiques talibanes et nous avons reçu l’interdiction de diffuser notre reportage car nous n’avons pas le droit de critiquer le régime. » Avec sang-froid et fierté, Banafsha Binesh nous assure ne pas vouloir être anonymisée car elle se bat « déjà contre les Talibans depuis Kaboul. » 

Mais pourquoi continue-t-elle de travailler malgré la censure et le danger ? En-dehors de la nécessité de « faire entendre la voix des femmes et du peuple afghan », la journaliste explique être la seule à supporter financièrement sa famille. Sans elle, personne ne mangerait. TOLOnews n’a pas échappé à la répression et a réduit le nombre de ses employés d’elle-même, mais Banafsha Binesh est parvenue à conserver son poste. 

« Nous devons continuer notre travail et montrer à la communauté internationale que les Afghanes n’ont pas abandonné leur vie. Elles continuent de se battre pour leur liberté, la démocratie et à tenir tête aux talibans. Elles sont toujours vivantes ! », clame-t-elle d’une voix franche. « Si les Talibans ne nous laissent pas travailler, nous nous tiendrons debout et nous refuserons d’être dévalorisées. » 

Avant les Talibans, la jeune femme a expérimenté ce qu’elle qualifie de « vrai journalisme » lors de ses multiples reportages et refuse de s’en détourner.  « Avec [mes] collègues, nous élevons les voix du peuple qui vit sous la menace constante. Nous nous sentons comme des activistes, dans un sens. »

De la prison pour une interview

Mais son courage est quotidiennement menacé. Elle est terrifiée chaque matin à l’idée de se rendre à son bureau, étant à la fois femme et journaliste. « Un jour, alors que j’effectuais avec mon cameraman un reportage sur la terrible situation économique des Afghanes, nous avons été brutalement interrompus. J’interrogeais une vendeuse de crème glacée à Kaboul lorsque le Département des Renseignements du 8ème district de la ville est arrivé pour nous arrêter. Nous avons été emprisonnés pendant quatre heures, menacés et torturés. Ils nous ont interdit de faire des interviews et de donner une image négative du gouvernement. Nous n’avons pu diffuser notre travail. »

Banafsha Binesh et son caméraman.

Il ne s’agissait pas de l’unique intervention des Talibans durant ses heures de travail, loin de là. Binesh témoigne qu’à plusieurs reprises le régime a interrompu et coupé ses interventions en live, notamment lorsqu’elle interviewait des réfugiés ou des étudiants devant les écoles. Ce jour-là, « ils sont venus m’empêcher de parler avec les étudiants et les filles sur place, je n’ai pu que les saluer avant de devoir partir. » Elle ne peut d’ailleurs pas apparaître à l’écran sans son hijab et son masque.

Mais Banafsha Binesh et ses compatriotes ne peuvent remporter cette lutte seuls, martèle-t-elle à de nombreuses occasions. « C’est le rôle de la communauté internationale de mettre la pression sur les Talibans. Elle les rencontre tous les jours à Doha au Qatar, qu’attend-t-elle pour les obliger à respecter les droits des femmes, la liberté d’expression ? Nous ne pouvons plus aller dans les parcs ou au hammam, nous ne pouvons plus nous instruire ou faire des activités culturelles. Nous ne pourrons avancer sans la communauté internationale. Les journalistes du monde entier doivent aussi pouvoir porter l’attention sur l’Afghanistan et la condition des femmes ici, il en va de notre responsabilité. »

Tenter de remettre un pied à l’étrier du journalisme

D’autres journalistes n’ont eu d’autre choix que de s’enfuir loin du régime et de trouver refuge au Pakistan. La situation n’est hélas guère plus brillante pour eux, comme en témoignent les deux Afghans avec qui nous avons pu communiquer et qui ont tenu à rester anonymes. 

Le premier d’entre eux est basé au Pakistan depuis 15 mois et travaillait auparavant pour Itlat-E-Rooz Daily en tant que journaliste d’investigation et de la paix. Wahid Haderi et quatre membres de sa famille ont fui leur pays d’origine en août 2021. Il relate que ces derniers mois, les journalistes réfugiés étaient arrivés par des visas médicaux et de tourisme. « Mais sans un visa de journalistes, nous ne pouvons travailler au Pakistan. Il coûte environ 1000 dollars si on veut passer par un intermédiaire, une somme bien trop importante lorsqu’on a fui avec ce qu’on avait sur le dos et sans travail. » 

Wahid Haderi au travail

« La plupart des journalistes qui ont un visa ne l’ont que pour trois ou six mois et même le mien est arrivé à expiration. Le Pakistan a annoncé fermer les frontières et nos collègues n’ont d’autre choix que de passer la frontière illégalement. A la fin de l’année, ils risqueront trois ans de prison ou la déportation en Afghanistan, mais que peuvent-ils faire ? Beaucoup ont à charge une famille et ils ont plus de chance de répondre à leurs besoins depuis le Pakistan qu’en Afghanistan. »

Risquer la mort sur place ou tenter une maigre chance ailleurs, voilà ce qu’exprime notre intervenant. Il évoque des aides internationales aux conditions d’accès trop spécifiques pour véritablement aider les journalistes afghans. 

« Quelques organisations comme Amnesty International ou le Comité de Protection des Journalistes fournissent des aides financières, mais vous devez prouver que vous êtes en grand danger pour les obtenir. Or, la plupart ont fui sans aucun document légal pour sauver leur peau. Et quand bien même vous parvenez à toucher les aides, elles ne sont jamais suffisantes pour survivre plus de quelques semaines. Il faut par ailleurs que vous ayez été torturé ou emprisonné, pas simplement menacé. Ils sont pourtant tous victimes de problèmes mentaux ou psychologiques parce qu’ils sont traumatisés. Beaucoup n’arrivent toujours pas à évoquer leur vécu et leur fuite. » 

Wahid Haderi en reportage sur la liberté de la presse en Afghanistan

Même son de cloche au micro de notre troisième journaliste. Lui aussi s’est réfugié au Pakistan pour échapper à la mort promise par les Talibans, mais le pays n’est pas sûr pour les journalistes. « Nous nous sentons menacés ici aussi, nous ne pouvons pas non plus critiquer le gouvernement du Pakistan. Des groupes terroristes comme Daesh et les Talibans eux-mêmes ont de l’influence et des soutiens au Pakistan. Nous pouvons toujours être emprisonnés par Islamabad pour nos opinions ou à la suite de l’expiration de notre visa. Nombre de journalistes ne peuvent désormais même plus louer un appartement », se désole-t-il. « C’est une situation cauchemardesque. » Il a beau avoir demandé un visa à la France et l’Allemagne en février dernier, aucune réponse ne lui est parvenue.

Il nous confie attendre simplement de nous « qu’on nous laisse être entendus et de pouvoir travailler sans être menacés de mort ou de torture. » Près de 350 journalistes et acteurs des médias sont actuellement réfugiés au Pakistan et demandent à la communauté internationale de s’occuper de leurs dossiers d’asile.

Il s’agit de leur donner une réponse le plus rapidement possible, afin qu’ils puissent prendre un nouveau départ et avoir une vie normale. Ils doivent également être informés de leurs dossiers et visas qui nécessitent beaucoup de temps pour être examinés afin de les sortir de leur situation désespérée. Leur vie est en jeu.

Ces journalistes doivent être soutenus par la communauté internationale, sur la base d’un mécanisme clair et transparent, afin que leur voix puisse être entendue dans le pays. Les journalistes en danger en Afghanistan doivent également être évacués, et leur dossier d’asile doit être examiné dans un pays approprié.

Après tout, l’Afghanistan n’est pas figé dans l’immobilisme politique. Le fait que le gouvernement taliban ait conservé son bureau politique au Qatar signifie qu’ils veulent négocier dans de nombreux cas, ils ont des réunions régulières avec les représentants du bureau politique de l’Émirat islamique et des sections politiques européennes. Ces visites ont permis de faire comprendre aux talibans que le maintien de leur pouvoir politique dépend de l’acceptation des droits fondamentaux des citoyens.

Les questions de la liberté et des droits de l’homme, en particulier la liberté d’expression, ont été abordées avec les représentants politiques de ce groupe. Et cela a ouvert la voie à une conversation politique, conversation qui a abouti à la création d’un gouvernement global et à la fin de quarante ans de violence.

Maud Baheng Daizey et Noorwali Khpalwak