Afghanistan : cri d’alarme des femmes journalistes

Le 15 août 2021 semble avoir signé la mort de la presse en Afghanistan avec le retour au pouvoir des Talibans. Abandonné à son sort par l’OTAN et les Etats-Unis, le pays sombre depuis plus d’un an dans un obscurantisme total. Si le régime promettait vouloir respecter les droits de l’Homme, ses nombreuses politiques exclusives et autoritaires n’ont cessé de prouver le contraire. En un an, les médias afghans ont subi tant de répression que plus de 50% d’entre eux ont disparu. Des dizaines de journalistes ont été contraints de fuir le pays pour échapper au régime, sans pour autant renoncer à l’Afghanistan et à leur liberté. Comment s’organisent-ils à l’étranger et en Afghanistan pour faire entendre leurs voix et continuer leur travail sans risquer la prison ?

En septembre 2021, le gouvernement Taliban impose une directive contenant 11 articles pour censurer et contrôler la presse et les journalistes afghans. Ils utilisent les organes de presse pour répandre leurs propres informations, rendant le travail des journalistes très éprouvant. Selon le rapport du SIGAR, l’Inspecteur Général Spéciale pour la Reconstruction de l’Afghanistan, « des lois ont été promulguées pour prohiber la publication ou la diffusion d’informations considèrent contre l’Islam ou le régime. »

Plus de la moitié des médias fermés en Afghanistan

Depuis la prise de pouvoir, au moins 80 journalistes ont été arrêtés et tous subissent la censure. Plus de 51% des organes de presse ont été fermés et 80% des femmes journalistes se sont retrouvées sans emploi en 15 mois. Ainsi, 10 provinces sur 34 d’Afghanistan sont dépourvues de femmes journalistes. Zan et Bano TV, deux médias privés qui étaient dirigés par des femmes, ont dû stopper leurs activités et licencier leurs équipes, majoritairement féminines.

Le cas le plus récent est Kaboul News TV, une des plus grandes chaînes d’information du pays. Elle a été fondée par l’ancien chef de cabinet de l’ancien président Karzai, Karim Khorram. Durant ces dernières années, la chaîne était en opposition avec le gouvernement du président Ghani, mais a été fermée en 2021 sous la pression exercée par les Talibans et de difficultés économiques.

Depuis plusieurs mois, les femmes et filles ont vu leur liberté se réduire comme peau de chagrin. Elles n’ont désormais plus le droit d’aller à l’école ou d’exercer leur profession et les journalistes afghanes encore en place luttent pour garder cette dernière. Nous avons pu échanger avec l’une d’entre elles ainsi que des confrères désormais basés au Pakistan, pays limitrophe, sur leur condition actuelle et leurs moyens de lutte contre la censure et le régime. 

Facteur révélateur de leurs difficultés, les multiples obstacles rencontrés afin d’entrer en communication avec eux : les numéros de téléphones des journalistes réfugiés au Pakistan ne sont joignables que sur une période donnée, avant qu’ils ne soient redistribués à d’autres personnes. 

Deux contacts n’ont ainsi jamais répondu à nos appels, leur visa ayant expiré et leur numéro de téléphone donné à un autre réfugié. D’autres n’ont pas la mainmise sur leur téléphone, leur frère ou des inconnus répondant à leur place.

La double punition de la femme journaliste afghane

Heureusement, certains ont pu répondre à nos appels. Banafsha Binesh est une Afghane vivant toujours à Kaboul et travaillant pour TOLOnews, première chaîne d’information télévisée d’Afghanistan. Il nous faudra attendre le second appel qu’elle soit seule pour l’interviewer et obtenir des réponses sans détour. 

Banafsha Binesh pour TOLOnews

« Nous travaillons dans de très mauvaises conditions », déplore-t-elle au combiné. « La censure est extrêmement stricte et les interdits dans notre travail se multiplient. Par exemple, j’ai couvert il y a quelque temps un événement des Nations-Unies concernant la situation des Afghanes. Des représentants y critiquaient l’agenda et les politiques talibanes et nous avons reçu l’interdiction de diffuser notre reportage car nous n’avons pas le droit de critiquer le régime. » Avec sang-froid et fierté, Banafsha Binesh nous assure ne pas vouloir être anonymisée car elle se bat « déjà contre les Talibans depuis Kaboul. » 

Mais pourquoi continue-t-elle de travailler malgré la censure et le danger ? En-dehors de la nécessité de « faire entendre la voix des femmes et du peuple afghan », la journaliste explique être la seule à supporter financièrement sa famille. Sans elle, personne ne mangerait. TOLOnews n’a pas échappé à la répression et a réduit le nombre de ses employés d’elle-même, mais Banafsha Binesh est parvenue à conserver son poste. 

« Nous devons continuer notre travail et montrer à la communauté internationale que les Afghanes n’ont pas abandonné leur vie. Elles continuent de se battre pour leur liberté, la démocratie et à tenir tête aux talibans. Elles sont toujours vivantes ! », clame-t-elle d’une voix franche. « Si les Talibans ne nous laissent pas travailler, nous nous tiendrons debout et nous refuserons d’être dévalorisées. » 

Avant les Talibans, la jeune femme a expérimenté ce qu’elle qualifie de « vrai journalisme » lors de ses multiples reportages et refuse de s’en détourner.  « Avec [mes] collègues, nous élevons les voix du peuple qui vit sous la menace constante. Nous nous sentons comme des activistes, dans un sens. »

De la prison pour une interview

Mais son courage est quotidiennement menacé. Elle est terrifiée chaque matin à l’idée de se rendre à son bureau, étant à la fois femme et journaliste. « Un jour, alors que j’effectuais avec mon cameraman un reportage sur la terrible situation économique des Afghanes, nous avons été brutalement interrompus. J’interrogeais une vendeuse de crème glacée à Kaboul lorsque le Département des Renseignements du 8ème district de la ville est arrivé pour nous arrêter. Nous avons été emprisonnés pendant quatre heures, menacés et torturés. Ils nous ont interdit de faire des interviews et de donner une image négative du gouvernement. Nous n’avons pu diffuser notre travail. »

Banafsha Binesh et son caméraman.

Il ne s’agissait pas de l’unique intervention des Talibans durant ses heures de travail, loin de là. Binesh témoigne qu’à plusieurs reprises le régime a interrompu et coupé ses interventions en live, notamment lorsqu’elle interviewait des réfugiés ou des étudiants devant les écoles. Ce jour-là, « ils sont venus m’empêcher de parler avec les étudiants et les filles sur place, je n’ai pu que les saluer avant de devoir partir. » Elle ne peut d’ailleurs pas apparaître à l’écran sans son hijab et son masque.

Mais Banafsha Binesh et ses compatriotes ne peuvent remporter cette lutte seuls, martèle-t-elle à de nombreuses occasions. « C’est le rôle de la communauté internationale de mettre la pression sur les Talibans. Elle les rencontre tous les jours à Doha au Qatar, qu’attend-t-elle pour les obliger à respecter les droits des femmes, la liberté d’expression ? Nous ne pouvons plus aller dans les parcs ou au hammam, nous ne pouvons plus nous instruire ou faire des activités culturelles. Nous ne pourrons avancer sans la communauté internationale. Les journalistes du monde entier doivent aussi pouvoir porter l’attention sur l’Afghanistan et la condition des femmes ici, il en va de notre responsabilité. »

Tenter de remettre un pied à l’étrier du journalisme

D’autres journalistes n’ont eu d’autre choix que de s’enfuir loin du régime et de trouver refuge au Pakistan. La situation n’est hélas guère plus brillante pour eux, comme en témoignent les deux Afghans avec qui nous avons pu communiquer et qui ont tenu à rester anonymes. 

Le premier d’entre eux est basé au Pakistan depuis 15 mois et travaillait auparavant pour Itlat-E-Rooz Daily en tant que journaliste d’investigation et de la paix. Wahid Haderi et quatre membres de sa famille ont fui leur pays d’origine en août 2021. Il relate que ces derniers mois, les journalistes réfugiés étaient arrivés par des visas médicaux et de tourisme. « Mais sans un visa de journalistes, nous ne pouvons travailler au Pakistan. Il coûte environ 1000 dollars si on veut passer par un intermédiaire, une somme bien trop importante lorsqu’on a fui avec ce qu’on avait sur le dos et sans travail. » 

Wahid Haderi au travail

« La plupart des journalistes qui ont un visa ne l’ont que pour trois ou six mois et même le mien est arrivé à expiration. Le Pakistan a annoncé fermer les frontières et nos collègues n’ont d’autre choix que de passer la frontière illégalement. A la fin de l’année, ils risqueront trois ans de prison ou la déportation en Afghanistan, mais que peuvent-ils faire ? Beaucoup ont à charge une famille et ils ont plus de chance de répondre à leurs besoins depuis le Pakistan qu’en Afghanistan. »

Risquer la mort sur place ou tenter une maigre chance ailleurs, voilà ce qu’exprime notre intervenant. Il évoque des aides internationales aux conditions d’accès trop spécifiques pour véritablement aider les journalistes afghans. 

« Quelques organisations comme Amnesty International ou le Comité de Protection des Journalistes fournissent des aides financières, mais vous devez prouver que vous êtes en grand danger pour les obtenir. Or, la plupart ont fui sans aucun document légal pour sauver leur peau. Et quand bien même vous parvenez à toucher les aides, elles ne sont jamais suffisantes pour survivre plus de quelques semaines. Il faut par ailleurs que vous ayez été torturé ou emprisonné, pas simplement menacé. Ils sont pourtant tous victimes de problèmes mentaux ou psychologiques parce qu’ils sont traumatisés. Beaucoup n’arrivent toujours pas à évoquer leur vécu et leur fuite. » 

Wahid Haderi en reportage sur la liberté de la presse en Afghanistan

Même son de cloche au micro de notre troisième journaliste. Lui aussi s’est réfugié au Pakistan pour échapper à la mort promise par les Talibans, mais le pays n’est pas sûr pour les journalistes. « Nous nous sentons menacés ici aussi, nous ne pouvons pas non plus critiquer le gouvernement du Pakistan. Des groupes terroristes comme Daesh et les Talibans eux-mêmes ont de l’influence et des soutiens au Pakistan. Nous pouvons toujours être emprisonnés par Islamabad pour nos opinions ou à la suite de l’expiration de notre visa. Nombre de journalistes ne peuvent désormais même plus louer un appartement », se désole-t-il. « C’est une situation cauchemardesque. » Il a beau avoir demandé un visa à la France et l’Allemagne en février dernier, aucune réponse ne lui est parvenue.

Il nous confie attendre simplement de nous « qu’on nous laisse être entendus et de pouvoir travailler sans être menacés de mort ou de torture. » Près de 350 journalistes et acteurs des médias sont actuellement réfugiés au Pakistan et demandent à la communauté internationale de s’occuper de leurs dossiers d’asile.

Il s’agit de leur donner une réponse le plus rapidement possible, afin qu’ils puissent prendre un nouveau départ et avoir une vie normale. Ils doivent également être informés de leurs dossiers et visas qui nécessitent beaucoup de temps pour être examinés afin de les sortir de leur situation désespérée. Leur vie est en jeu.

Ces journalistes doivent être soutenus par la communauté internationale, sur la base d’un mécanisme clair et transparent, afin que leur voix puisse être entendue dans le pays. Les journalistes en danger en Afghanistan doivent également être évacués, et leur dossier d’asile doit être examiné dans un pays approprié.

Après tout, l’Afghanistan n’est pas figé dans l’immobilisme politique. Le fait que le gouvernement taliban ait conservé son bureau politique au Qatar signifie qu’ils veulent négocier dans de nombreux cas, ils ont des réunions régulières avec les représentants du bureau politique de l’Émirat islamique et des sections politiques européennes. Ces visites ont permis de faire comprendre aux talibans que le maintien de leur pouvoir politique dépend de l’acceptation des droits fondamentaux des citoyens.

Les questions de la liberté et des droits de l’homme, en particulier la liberté d’expression, ont été abordées avec les représentants politiques de ce groupe. Et cela a ouvert la voie à une conversation politique, conversation qui a abouti à la création d’un gouvernement global et à la fin de quarante ans de violence.

Maud Baheng Daizey et Noorwali Khpalwak

War in Afghanistan : one year under the Taliban regime

Introduction:

Last year, on August 15th, the Islamic Republic of Afghanistan was fall down on the basis of an international and domestic conspiracy and the Taliban ruled the entire country, they (Taliban) had a golden chance to prove themselves that they can represent this great nation and have the knowledge and art to lead the country towards prosperity and stability, but unfortunately only the war is stopped for a short period of time, it is a temporary positive change in the security situation, but the country has gone in a negative direction in all other areas.

The previous republican government:

The result of the withdrawal of the United States and NATO from Afghanistan was heartbreaking, sad and devastating for many Afghans, although the collapse of the previous republican government led and reason to the return of the Taliban, it was corrupt in different parts, but still it was a united government of America and NATO to fight against Islamist extremist groups in Afghanistan and the region, It celebrated and nurtured democratic values ​​and tried to guarantee these values ​​to Afghans, (Although these values ​​were very difficult to implement so quickly and the country should have a full-fledged liberal democracy).

Certainly, the previous system was more valuable than the current successor.

Islamic Emirate of the Taliban:

The Taliban’s one-year rule, especially their treatment of girls and women, shows that the Taliban intends to turn Afghanistan towards extremism based on a narrow view of Islam، and it seems that they will not able to help the country in economic reconstruction., which had signed at the beginning of the withdrawal of foreign forces, it could not be saved.

Ideological agreement and relations with other extremists groups:

Although the Kabul attack that killed al-Qaeda leader Ayman al-Zawahiri was a major achievement for the intelligence and counter-terrorism communities, the presence of al-Zawahiri in the country’s capital and within a few kilometers of the presidential-place (Arg) shows that Taliban still willing to provide hiding places to international terrorist groups, the country with a population of nearly 40 million and the West has been helping them for the past 20 years is condemned to humiliation and deprivation.

Human Rights:

On the verge of completing one year of the Taliban’s rule in Afghanistan, the Human Rights Watch Foundation has published a report called “A year full of disasters of the Taliban government”.

It is stated in this report that the terrible actions of the Taliban in the field of human rights and the interaction of this group with the international community have led to their isolation.

In the report of the Human Rights Watch Foundation, it is stated (that the Taliban have violated their promises in the field of human rights since taking over Afghanistan).

According to the report of the Human Rights Watch Foundation, the Taliban have imposed severe restrictions on women and the media and have arbitrarily arrested, tortured and executed opponents.

According to this report, since the rule of the Taliban in Afghanistan, 90 percent of the people of this country are suffering from food insecurity and millions of children have suffered from malnutrition.

One year after the rule of the Taliban, the greatest losses have been inflicted on the women of Afghanistan, thousands of women have lost their jobs, millions of girls have been prevented from going to school, and restrictions have been imposed on their presence in society, and they have been suppressed in the political arena.

During the republic government among the 249 members of the Afghan House of Representatives (Wolosi Jirga), 69 of them were women, and among the 102 representatives in the Senate, almost half of them were women.

In the previous republic government, nearly 5,000 women worked in the ranks of the Afghan Defense Forces.

Women’s teams in various fields such as football, basketball and martial arts had impressive activities in all provinces, now these activities have come to zero and their participation in sports is prohibited under the shadow of the Taliban regime.

With the arrival of the Taliban it has been implemented, preventing women from working, closing schools to female students above the sixth grade, covering the faces of female TV presenters, and imposing other restrictions on women have severely limited the public space for women in Afghanistan.

Human Disaster:

The international aid organization (World vision) in its report which is published on August threatened that the development achievements of the people of Afghanistan, which have been achieved with many problems, are in serious danger, (World Vision) has said that the situation of children in Afghanistan is more dangerous than ever, that some call it the worst humanitarian crisis in the world.

The report states that this is challenging the ability of families to survive, rapidly deteriorating the public health system and ultimately endangering the rights and protections of Afghan children. 

The UN’s Humanitarian Aid Coordinator (OCHA) says that around 25 million people in Afghanistan are currently living in poverty, and the organization has reported that 900,000 jobs will be out of the labor market this year.

Freedom of speech:

The Committee to Protect Journalists in New York has published a report calling for the release of journalists imprisoned by the Taliban and violence against the media. In this report, it is said that a large number of journalists left the country due to violence and harassment, and due to the restrictions and bad economic situation, a number of newspapers, radio stations and television stations have been shut down. It is stated in this report that Afghanistan had 547 media outlets before August 15 of last year, but a year later, 219 media outlets stopped their activities and 76.19% of 11,857 journalists lost their jobs.

The Reporters Without Borders organization has published a report saying that after the rule of the Taliban, Afghanistan has lost 39.59% of its media and 59.87% of journalists, especially female journalists, and three quarters of them are now unemployed. According to this organization, all this happened amid the deep economic crisis and suppression of press freedom.

Reporters Without Borders Secretary General Christophe Delor said: “Journalism was destroyed in Afghanistan last year.”

He stated: “The media and journalists are subjected to unfair regulations that limit the freedom of the media and open the way for repression and harassment.

This organization has noted that women journalists were the most affected and in 11 provinces of Afghanistan, where there were 2,756 female journalists and media workers, now only 656 are working.

The report states that accusations of “immorality or behavior contrary to society’s values” are widely used as a pretext for harassing female journalists and sending them home.

Health system:

 Johanniter International Assistance has said that Afghanistan’s health system has returned to the situation 20 years ago due to the cessation of international development aid and economic isolation.

Holger Wagner the head of Janitor’s international aid program, said that 70% of people’s primary health care expenses were financed by the international community in the past years, and if it is cut off, employees’ salaries will no longer be paid, medicine and equipment will not be provided, and it will not be possible to provide health facilities.

 “This poor first aid supply is now facing an unprecedentedly dramatic humanitarian situation, especially for children – if they survive – their development will be stunted, with fatal consequences for the country’s future society,” adds Wagner.

Brain Drain:

 Thousands of Afghans were forced to leave their country, The majority of these Afghans are professionals, scholars of contemporary sciences and technology, and elites of Afghanistan.

According to experts of the migration; this great wave of manpower will have extremely destructive effects on the future of Afghanistan.

Abbas Kamund, the former spokesperson of the American Embassy in Kabul said that in the past 21 years of American investments in the field of human capacity development in Afghanistan, “the investments were comprehensive, extensive and very huge, maybe there is no exact figure yet, but estimates are that in the fields of military, economic, political, state building and infrastructure, the expenditures of the United States of America, including military expenditures, reached about two trillion dollars.

However, as a result of the withdrawal of international forces led by the United States from Afghanistan on August 15, 2021 and the rise of the Taliban group, thousands of educated, professional and experienced Afghans were forced to leave Afghanistan.

Taliban Foreign Relations:

Taliban has relations with several countries such as Pakistan, Iran, Russia, Saudi Arabia, Turkey, Qatar and China. There are many comments about the Taliban’s relationship with the above countries, especially Pakistan, I will not go there, I will only focus on China-Taliban relation.

China is one of the biggest economic powers in the region and has the capacity to help the Taliban through investment, also the Taliban were very hopeful at the beginning to use China’s influence in their international relations. 

China:

A checkpoint near Karkar mine in Baghlan province was under the attack by IS-K forces at night, it’s says; all the fighters of that checkpoint were killed in this attack, but there is a possibility that these dead fighters were Uyghur who were killed by the Taliban because of their commitment to China, the next night Taliban closed the Baghlan-Kundz highway for almost half a day, and no word of that incident was released to the media.

China is worried about Muslim Uyghurs fighters who can cause rebellion in this country through the common border with Afghanistan and Central Asia, therefore it is eager to have a relationship with the Taliban, this relation is based more to watch the Taliban, China want to be make sure that there is no dangerous for them, and they can follow up the Uyghurs fighters, but whether the Taliban have really taken the actions that China wants against the Uyghurs who oppose China, It is a question?

But; in the latest case, the English section of the Voice of America published the opinion of American analysts and said that China and the Taliban are “disappointed” with each other.  American analysts have considered the reason for China’s disappointment with the Taliban to be the failure to suppress Uyghur extremist groups, which the Taliban have not implemented in the past year despite repeated promises, on the contrary, the Taliban wants economic cooperation and international legitimacy from China.

With the killing of Ayman al-Zawahiri in Kabul, the concerns of China, a country that the Taliban had counted on, have increased.

There are many reports that the Turkestan Islamic Movement, whose founders are Uyghur extremists, are based in parts of Baghlan province and are closely cooperating with the Taliban.

The Opium

Terrorism and opium have a synergistic relationship and the main source of financing, equipping and the economic structure of violent groups in the region is this lucrative business.

The Taliban had created a large network of opium trafficking in the region, the Taliban’s opium cultivation, refining and trafficking network starts from the big farmers who are known as the local opium mafia in the regions and reaches the high-ranking military commanders and political-religious leaders of this group.

Opium is considered to be one of the economic sources of financing the war in Afghanistan, which is the main arm of the Taliban’s criminal economy and plays an essential role in political instability.

Past year, Taliban commanders and leaders of this group intensified the process of opium smuggling and production and took it from the hands of local traffickers, before the Taliban’s strategy was that the military commanders cooperated with the help of local traffickers who were not members of the Taliban group, but after the occupation of Afghanistan, the middle-ranking commanders of the Taliban also limited the hands of non-Taliban traffickers and took over the circulation of opium from cultivation to trafficking, a large part of them who were engaged in war are now engaged in the cultivation and trafficking of drugs, which is very profitable.

The New York Times has reported that Molavi Yaqoub, the Minister of Defense of Taliban during his trip to Doha asked the Americans to release Bashir Noorzai, a well-known smuggler and financial supporter of the Taliban.

IS-K

 Amir Khan Motaqi, Taliban’s foreign minister, said at the Tashkent meeting earlier this month that 1,800 IS-K fighters were released from Bagram and Pulcherkhi prisons when the Taliban captured Kabul.

On Thursday, 11 August the news website of the ISIS group (Amaq) claimed responsibility for the killing of Maulvi Rahimullah Haqqani, one of the senior members of the Haqqani network, by publishing a newsletter.

In this newsletter, it is said that the suicide attacker of this group bypassed all the security fortifications, reached Rahimullah Haqqani’s school and detonated his suicide vest.

ISIS has claimed that including this senior member of the Taliban group, several others were also killed in this attack.

Rahimullah Haqqani, a member of the Haqqani network, was active in Pakistan before the Taliban took over Afghanistan and ran a religious school in Peshawar, after the collapse of the Afghan government, he moved his school to Kabul.

Many members of the Taliban, including the commanders and leaders of this group, are students of Sheikh Rahimullah Haqqani School, which was active in Peshawar for the past 20 years.

This shows that the Taliban has failed to control IS-K attacks that have been carried out several times in the past one year, However, control of such attacks requires a network and advanced information tools, which Taliban do not have both.

In the early days of Taliban rule over Afghanistan, IS-K carried out the deadliest terrorist attack in Kabul airport during the evacuation process, in which more than 200 people, including American forces, were killed and wounded, In another IS-K attack on a mosque in Kunduz, more than 50 Shia worshipers were killed and wounded, a week after the attack on Kunduz, the bloodiest terrorist attack took place in Kandahar, as a result of which about 40 people were killed and more than 70 people were injured, after that, IS-K planned and executed other bloody attacks in Mazar-i-Sharif and west of Kabul, On the 7th and 8th of Muharram, this group killed more than 90 people in Kabul.

Conclusion:

The findings of a new survey about the situation in Afghanistan under the control of the Taliban show that 92 percent of the interviewees are completely dissatisfied with the actions of the Taliban and only 8 percent of the people asked for the continuation of the Taliban’s actions.

This survey was conducted by the Afghanistan Institute of Strategic Research and Studies in 20 provinces of the country, and the questions were answered by 2000 interviewees who were between 18 and 40 years old. 64 percent of the interviewees are men and 36 percent are women.

If the Taliban still can’t wake up from the sleep of neglect and think that they can govern by what they are thinking, then this is a very difficult task. The above shortcomings should be rationally thought about. There is still time to move together with the 20th century.  And the fundamental rights of the people of Afghanistan can be restored. If they want to be recognized by the world, then it is very important that legitimacy should be taken from the nation first. International legitimacy will come automatically, even now from the world and from the opponents at home.  To really open the doors of dialogue and commit to building a system that is representative of all political and ethnic currents and human rights of Afghans can be given.

Warning to the international community:

 Famous American Senator Lindsey Graham said on Tuesday, August 16 (Zamri 25) that there is a possibility of another attack from Afghanistan on America and America’s allies, the source of which would be Afghanistan.

 Mr. Graham added in a statement that America has not ended any war but has started another war because President Biden made a hasty decision.

Graham explained, the conditions in Afghanistan are terrible and all the work that was done in the last 20 years has been displaced because now the training camps that were in that country before September 11th are being rebuilt.

* Availability of American weapons worth billions of dollars with the Taliban:

 The American Ministry of Defense or the Pentagon has said in recent statements that weapons and ammunition worth about 7 billion dollars have been left in this country while leaving Afghanistan.  The source says that these weapons and ammunition also include cars, tanks and airplanes.  American officials say that more than 300,000 guns and other handguns have been left from the former government to the current government. Considering that this is a fragile situation, it is necessary to help the people of Afghanistan on the one hand through human sympathy and on the other hand to take necessary steps to prevent any danger facing the world.  Forty years, nations are tired of fighting and no longer want to present the war as a solution. America and the world can convince the Taliban to guarantee the basic rights of the people of Afghanistan through the countries that support the Taliban and on the basis of soft pressure.  It should be done through legitimate and democratic means.

On the basis of soft pressure, the Taliban have been convinced that the basic rights of the people of Afghanistan are guaranteed and that the coming to power is done through legitimate and democratic means.

Written by Noorwali Khpalwak 21/08/2022, Paris

Afghanistan : un an sous le régime des Talibans

Le 15 août 2021, la république islamique d’Afghanistan est tombée à la suite d’un complot international et national, laissant les Talibans prendre le contrôle du pays. L’occasion pour eux de prouver qu’ils pouvaient représenter cette grande nation, et qu’ils possédaient les outils et les connaissances nécessaires pour mener le pays vers un avenir prometteur. Cependant, le régime des Talibans n’a eu qu’un impact limité et temporaire sur la sécurité en Afghanistan, tandis que tous les autres secteurs du pays ont été impactés négativement. Retour sur les réformes talibanes qui minent le pays.

Une République désormais islamique

Les conséquences du retrait des Etats-Unis et de l’OTAN d’Afghanistan ont été bouleversantes et tristes pour un grand nombre d’Afghans. Certes, l’effondrement du précédent gouvernement républicain a mené au retour des Talibans, mais cette chute a été corrompue de différentes manières. Il est important de souligner que les États-Unis et l’OTAN essayaient d’établir des valeurs démocratiques, bien que ces valeurs aient été difficiles à mettre en œuvre et que le système précédent avait des qualités supérieures au régime actuel. Un an après le début de leur règne sur le pays, et au regard du traitement réservé aux femmes et aux filles, il apparait clair que les Talibans conduisent l’Afghanistan vers un régime extrémiste, basé sur une vision étroite de l’Islam, qui ne permettra pas la reconstruction économique du pays promise au moment du retrait des troupes étrangères. 

Même s’ils tiennent à afficher leurs dissemblances avec les autres groupes terroristes, les Talibans continuent de jouer un double-jeu. L’attaque de Kaboul ayant tué le chef d’al-Qaïda Ayman al-Zawahiri a été une réalisation majeure pour les communautés du renseignement des États-Unis et de la lutte contre le terrorisme, mais la présence d’Al Zawahiri dans la capitale démontre que les Talibans sont toujours disposés à fournir des cachettes aux groupes terroristes internationaux. 

L’opium, nerf afghan de la guerre

Autre terrain d’entente, la drogue. Les Talibans comme les terroristes se financent en bonne partie grâce à la production d’opium en Afghanistan : elle est en effet la principale source de financement et d’équipement des groupes violents de la région, et joue un rôle essentiel dans l’instabilité politique du pays. Les Talibans avaient créé un vaste réseau de trafic d’opium en collaboration avec la mafia locale, les commandants militaires et les chefs politico-religieux. En 2021, les commandants et les dirigeants Talibans ont intensifié le processus de contrebande et de production d’opium, après l’avoir repris des mains des trafiquants locaux. Au début, les commandants militaires travaillaient en collaboration étroite avec des trafiquants non Talibans. Toutefois, avec l’occupation de l’Afghanistan, les Talibans ont limité leurs liens avec les trafiquants non Talibans pour s’approprier le monopole de l’opium. Le New York Times a rapporté que Molavi Yaqoub, le ministre de la Défense des Talibans, avait déposé une demande auprès des Américains lors de son voyage à Doha afin de libérer Bashir Noorzai, un contrebandier bien connu et un soutien financier des Talibans. Amir Khan Motaqi, ministre des Affaires étrangères des Talibans, a déclaré lors de la réunion de Tachkent en août 2022, que 1 800 combattants de l’IS-K (branche de l’ISIS) avaient été libérés des prisons de Bagram et de Pulcherkhi suite à la chute de Kaboul.

Le jeudi 11 août, le site d’information du groupe ISIS (Amaq) a publié une newsletter où ils revendiquaient l’assassinat de Maulvi Rahimullah Haqqani, l’un des principaux membres du réseau Haqqani. En outre, ISIS avait affirmé que plusieurs autres personnes avaient également été tuées dans cette attaque. Rahimullah Haqqani, membre du réseau Haqqani, était directeur d’une école religieuse à Peshawar au Pakistan. Après la chute du gouvernement afghan, il avait déménagé son école à Kaboul. De nombreux membres des Talibans sont des élèves de l’école Sheikh Rahimahullah Haqqani qui était basée à Peshawar pendant 20 ans. Cela montre que les Talibans n’ont pas réussi à contrôler les attaques de l’IS-K qui ont été menées à plusieurs reprises au cours de l’année écoulée. Le contrôle de telles attaques nécessite un réseau et des outils d’information avancés, dont les Talibans ne disposent pas. Pendant les premières semaines du règne des Talibans, l’IS-K a mené une attaque meurtrière à l’aéroport de Kaboul, au cours de laquelle plus de 200 personnes, dont des forces américaines, ont été tuées et blessées. Lors d’une autre attaque de l’IS-K dans une mosquée de Kunduz, plus de 50 chiites ont été tués et blessés. Une semaine après, l’attaque la plus sanglante a eu lieu à Kandahar, faisant environ 40 morts et plus de 70 blessés. Après cela, l’IS-K a planifié et exécuté d’autres attaques sanglantes à Mazar-i-Sharif et à l’ouest de Kaboul, les 7 et 8 Muharram (NDLR : calendrier hégirien, 5 et 6 août 2022), qui ont causé la mort de plus de 90 personnes.

Les droits de l’homme toujours opprimés

Pour le premier anniversaire du retour au pouvoir des Talibans, l’organisation non-gouvernementale Human Rights Watch a publié un rapport intitulé “Une année catastrophique du gouvernement taliban”. Selon ce bilan, les politiques menées par les Talibans visant à restreindre les droits fondamentaux des citoyens afghans et les échanges tendus avec l’étranger ont mené à l’isolement du pays sur la scène internationale. Human Rights Watch précise que, depuis leur retour, le régime a imposé de sévères restrictions aux femmes et aux médias et a arbitrairement arrêté, torturé, et exécuté ses opposants.  En un an, 90% des Afghans ont souffert ou souffrent de l’insécurité alimentaire et des millions d’enfants sont victimes de la malnutrition. Suite aux nombreuses restrictions imposées aux femmes et aux filles leurs droits ont drastiquement régressé, étant interdites d’étudier, d’exercer beaucoup de métiers et de participer à la politique. Des milliers de femmes ont perdu leur travail et ont été ostracisées de la scène politique. Triste exemple, la Chambre des représentants afghane (Wolosi Jirga) se composait de 249 membres dont 69 femmes avant août 2021. Et parmi les 102 représentants au Sénat, près de la moitié étaient des femmes. Près de 5000 femmes travaillaient également dans les rangs des forces de défense et comme les autres travailleuses d’autres domaines, elles ont été renvoyées chez elles. Le sport n’est point épargné avec les équipes féminines en football, basket-ball et dans les arts martiaux, qui ont connu un essor important avant les Talibans mais qui aujourd’hui ont été supprimées. Sous l’ombre du régime, leurs activités ont été complètement suspendues et leur place dans la société sévèrement limitée.

La fuite des cerveaux, conséquence inévitable de la situation afghane

Une véritable paralysie de la société afghane, qui s’enfonce lentement mais sûrement dans une crise sociale et sanitaire sans précédent. Une nouvelle publication en août 2022 de l’organisation d’aide internationale World Vision établit que les minces avancées réalisées pour le développement de la population afghane sont mises en péril par un an de règne autoritaire des Talibans. L’organisation déclare que la situation des enfants en Afghanistan est plus dangereuse que jamais, certains la qualifiant même de pire crise humanitaire au monde. Avec un système de santé publique détérioré et les nombreuses difficultés rencontrées par les familles, des milliers d’enfants seraient en danger. Selon Johanniter International Assistance, le système de santé afghan est revenu 20 ans en arrière en raison de l’isolement économique. En outre, Holger Wagner, le président du programme d’aide internationale de Janitor, a annoncé que la communauté internationale qui finançait 70% des dépenses de santé en Afghanistan ont suspendu leurs services, en laissant les Afghans sans médicaments et matériel médical. Enfin, le coordinateur de l’aide humanitaire de l’ONU (OCHA) affirme qu’environ 25 millions de personnes en Afghanistan vivent actuellement sous le seuil de pauvreté. L’organisation a aussi signalé que 900 000 emplois seraient détruits cette année.

Le Comité pour la protection des journalistes à New York a publié un rapport appelant à la libération des journalistes emprisonnés par les Talibans, stipulant qu’un nombre important de journalistes avaient fui le pays suite aux violences et aux harcèlements qu’ils avaient subi. Les statistiques montrent que l’Afghanistan comptait 547 médias avant le 15 août de l’année dernière. Toutefois, plus de 219 ont suspendu leurs activités et 76.19% des journalistes ont perdu leur poste après le retour des Talibans. Le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Delor, déclare qu’en Afghanistan “le journalisme est réduit à un état misérable. Les médias et les journalistes sont soumis à des réglementations injustes qui limitent la liberté des médias et ouvrent la voie à la répression et au harcèlement”. Les journalistes femmes sont alors les plus touchées par les “règles de journalisme” imposées par les Talibans. Ils indiquent que les accusations “d’immortalité ou de comportements contraire à l’éthique” sont souvent utilisées comme prétexte pour harceler les femmes journalistes. 

Toutes ces données ont également eu une incidence sur les départs des travailleurs du pays. Ne pouvant plus se nourrir ou tout simplement avoir un poste, des milliers d’Afghans ont effectivement été contraints de quitter leur pays, y compris des scientifiques et des professeurs. Selon les experts de la migration, cette effroyable vague d’exode des cerveaux aura des effets extrêmement destructeurs sur l’avenir de l’Afghanistan. Abbas Kamund, l’ancien porte-parole de l’ambassade américaine à Kaboul, a déclaré qu’au cours des 21 dernières années dans le domaine du développement des capacités humaines en Afghanistan, “les investissements américains étaient d’une valeur très importante, il n’y a pas encore de chiffre exact mais nous estimons que dans les domaines militaire, économique, politique, de la construction de l’État et des infrastructures, les dépenses des États-Unis, ont atteint environ deux milliards de dollars.” Cependant, à la suite du retrait des forces internationales américaines et du retour des Talibans, des milliers de professionnels afghans ont été contraints de quitter le pays.

Les Talibans se sont alors tournés vers d’autres partenaires notamment le Pakistan, l’Iran, la Russie, l’Arabie Saoudite, la Turquie, Qatar et la Chine. Au début de leur accord, les Talibans espéraient utiliser l’influence de la Chine dans leurs relations internationales, mais la situation s’est révélée plus complexe.

La Chine, surprenante alliée de l’Afghanistan ?

Une attaque menée par les forces de l’IS-K dans un point de contrôle, près des mines de Karkar dans la province de Baghlan, a causé la mort de plusieurs gardes. Des rumeurs affirmeraient que ses gardes décédés soient des Ouïghours tués par les Talibans en raison de leur engagement envers la Chine, mais cela n’a pas été vérifié pour l’heure. Le jour suivant, les Talibans ont ordonné la fermeture de l’autoroute Baghlan-Kundz pour quelques heures et aucun mot de cet incident n’a été communiqué aux médias. La Chine verrait d’un mauvais œil les gardes musulmans ouïghours, susceptibles de provoquer une rébellion dans leur pays. Rien d’étonnant à ce qu’ils renforcent leurs liens avec les Talibans afin de les surveiller et de s’assurer des activités des Ouïghours. Mais les Talibans ont-ils vraiment pris les mesures que la Chine souhaite imposer aux Ouïghours opposants ? Une question pour l’heure sans réponse.

Cependant, The Voice of America  a déclaré que la Chine et les Talibans étaient “déçus” l’un de l’autre. Les analystes américains considèrent que la raison derrière la déception de la Chine à l’égard des Talibans était leur incapacité à contrôler les groupes extrémistes Ouïghours. D’autre part, les Talibans demandent toujours une coopération économique et une légitimité internationale à la Chine. Avec l’assassinat d’Ayman al-Zawahiri à Kaboul, les inquiétudes de la Chine se sont accrues. De nombreux rapports indiquent que le Mouvement islamique du Turkestan, dont les fondateurs sont des extrémistes ouïghours, est basé dans certaines régions de la province de Baghlan et coopère étroitement avec les Talibans.
Mais qu’en pense le peuple afghan ? Les résultats d’une nouvelle enquête sur la situation en Afghanistan sous le contrôle des Talibans démontrent que 92 % des personnes interrogées sont totalement insatisfaites par le régime taliban. Cette enquête a été menée par l’Institut afghan de recherche et d’études stratégiques dans 20 provinces du pays qui en possèdent 34. Environ 2000 personnes âgées de 18 à 40 ans ont été interrogées, dont 64 % des hommes et 36 % des femmes. Les Talibans demeurent dans le déni total s’ ils continuent à croire que leurs lois strictes leur permettront de gouverner une population entière. Côté international, la sénatrice américaine Lindsey Graham a déclaré mardi 16 août (Zamri 25) qu’il existait une possibilité d’une autre attaque depuis l’Afghanistan contre l’Amérique. Lindsey Graham a ajouté que l’Amérique n’a mis fin à aucune guerre mais qu’ils en ont au contraire commencé une autre face aux décisions hâtives du président Biden. La sénatrice a expliqué que les conditions en Afghanistan sont terribles et que les progrès qui ont été accomplis ces 20 dernières années ont tous été anéantis. Pour preuve, les camps d’entraînement qui se trouvaient dans le pays avant le 11 septembre sont pratiquement tous en cours de reconstruction.

Pis encore, le ministère américain de la Défense a déclaré que les Talibans possèdent des armes et des munitions américaines d’une valeur totale d’environ 7 milliards de dollars. La source indique que ces équipements comprennent également des voitures, des chars et des avions. Les responsables américains affirment que plus de 300 000 armes à feu et autres armes de poing ont été abandonnées par l’ancien gouvernement et reprises par le successeur actuel.

Après 40 ans de guerre, le peuple afghan n’a plus d’énergie pour se battre. Les Etats-Unis et le reste du monde ont le pouvoir et les moyens nécessaires pour convaincre les Talibans de garantir les droits fondamentaux des Afghans. Avec un peu de pression, les Talibans peuvent être convaincus que les droits fondamentaux du peuple afghan doivent être garantis, et que l’arrivée au pouvoir doit se faire par des moyens légitimes et démocratiques.

Article écrit par Noorwali Khpalwak et traduit par Rim Benomar, mis en forme par Maud Baheng Daizey.

« Portrait(s) d’une Résistance » La MDJ reçoit la photographe Justyna Mielnikiewicz.    INTERVIEW

Traduction Rim Benomar

Invitée à La Maison des journalistes à l’occasion de son exposition photo « Portrait(s) d’une Résistance », Justyna Mielnikiewicz, photographe polonaise installée à Tbilissi (Géorgie) a été interviewée par Manar Rachwani, Journaliste syrien actuellement résident de La MDJ.

M.R : Généralement, les gens admirent les photos, mais s’intéressent peu à la personne derrière l’objectif. Selon vous, quelle est la différence entre un photojournaliste et un journaliste, et comment pourriez-vous décrire votre expérience en tant que photographe de guerre ? 

J.M : La photographie est un outil de communication dont disposent les journalistes, à travers lequel ils peuvent transmettre au monde des fragments de nos réalités. J’ai capturé ces cinq dernières années l’évolution de l’invasion russe et ses conséquences sur la vie quotidienne du peuple ukrainien. C’était important pour moi de dévoiler la réalité d’une vie en guerre et de raconter l’histoire d’une résistance qui dure depuis 2014. J’ai vécu sous l’ombre de l’invasion russe en Géorgie et notamment en Ukraine. Ma motivation pour documenter la guerre est surtout personnelle avant d’être professionnelle. Je raconte tout simplement les difficultés des deux pays qui m’ont accueillie. Je considère que la technologie permet de faciliter la communication dans le monde, ma mission est de donner une voix à l’Ukraine et la Géorgie. Ces deux pays manquent de moyens nécessaires pour transmettre leurs propres messages. Depuis le début de l’invasion russe, de nombreuses fausses informations sur l’Ukraine ont été diffusées sur internet. La Russie a le pouvoir d’orchestrer de diverses campagnes de désinformation sur la guerre en Ukraine. En tant que photographe, je désire partager la vérité.

M.R : On parle souvent de l’objectivité et surtout de l’obligation de neutralité en journalisme. Selon vous, est-ce que chaque journaliste doit disposer d’un message particulier à transmettre ?

J.M : En tant que journalistes, l’objectivité est un outil que nous devons appliquer et respecter dans nos recherches. Il faut partager l’information sans faire intervenir des préférences personnelles. C’est à nous de restaurer la crédibilité des médias, et dévoiler les vérités. Toutefois, il est difficile d’atteindre l’objectivité dans certaines situations, surtout face à des événements monstrueux. 

M.R : Que représente pour vous cette exposition de vos portraits à la Maison des journalistes ?

J.M : Voir mes portraits tirés en grand format et exposés sur la façade de la MDJ me fait très plaisir, cela les rend beaucoup plus accessibles, en effet, les passants s’arrêtent et peuvent découvrir les photographies directement, contrairement aux galeries. De plus, j’admire beaucoup le travail de cette structure qui défend les journalistes menacés. La France se mobilise beaucoup plus que la Géorgie et l’Ukraine pour les journalistes.  

Quelques pages du livre “Ukraine Runs Through it (2019)” de Justyna Mielnikiewicz

M.R : Les photos affichées sur la façade de la MDJ ne sont qu’une petite partie des portraits que vous avez pris lors de votre déplacement en Ukraine. Quelle est la particularité de ces photos et est-ce qu’elles montrent les différents aspects de la guerre ? 

J.M : La guerre n’est qu’une partie de la vie parmi tant d’autres, et elle n’empêche pas les habitants du pays de pratiquer leurs activités et d’assurer les responsabilités quotidiennes : faire les courses, emmener les enfants à l’école, etc.. Ces aspects de la vie, certes, impactés par la guerre, continuent d’exister.

Le but de ces photographies est de montrer que la vie de ces femmes et ces hommes continue malgré la pression du conflit, afin que chacun puisse s’identifier dans leur quotidien et de se retrouver dans leur histoire.

Dans mon travail, j’essaye de mettre en avant la résistance de tous ces gens ordinaires face à cette guerre qu’ils sont en train de subir, et essentiellement les femmes, afin de déconstruire les idées reçues et démontrer que la guerre n’est pas qu’une affaire d’hommes.

M.R : En tant que photographe qui documente la vie en Ukraine depuis 2014, est-ce que vous étiez surprise par la résistance Ukrainienne, ou vous vous y attendiez ? 

J.M : En 2014, un grand nombre d’Ukrainiens s’est porté volontaire dans l’armée et l’État ne pouvait pas fournir l’équipement à tout le monde. Donc les Ukrainiens ont organisé plusieurs campagnes de collecte de fonds afin de se procurer des armes, des gilets de sauvetage et des médicaments. C’est en restant unis qu’ils ont réussi à résister face à l’invasion russe. Actuellement, l’armée de l’Ukraine est mieux équipée et mieux gérée, mais  les Ukrainiens continuent à faire des dons et d’aider de toutes les manières possibles. Par exemple, une de mes amies a perdu son compagnon durant le conflit de 2014. Suite à ce drame, elle a décidé de travailler dans le bureau des personnes disparues à Dnipro en tant que bénévole en parallèle de son travail à l’Université. Quand la guerre a éclaté en 2022, elle a commencé à récolter les dons pour les réfugiés et à préparer les médicaments pour les soldats. Les gens qui sont bien informés sur la situation de l’Ukraine, savent très bien que les Ukrainiens ont toujours résisté face à l’occupant russe. 

M.R : Est-ce que vous avez peur que le monde commence à oublier la guerre en Ukraine et à négliger la souffrance du peuple ukrainien ? 

J.M : Je pense que c’est un souci qui vient avec chaque guerre. Les guerres en Syrie et Afghanistan ont été oubliées au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine. J’espère que le monde n’oubliera pas l’Ukraine et que le peuple ukrainien continuera à écrire son histoire. 

Justyna Mielnikiewicz avec Darline Cothière, directrice de la MDJ, et Alberic De Gouville, président de la MDJ

 « Portrait(s) d’une Résistance – Ukraine 2004-2022 » est une exposition de photographies de la photographe-documentaire Justyna Mielnikiewitcz, mise en place par la Maison des journalistes en partenariat avec L’Institut polonais de Paris, le Centre Culturel Ukrainine et la communauté des bellaruss à paris 

Justyna Mielnikiewicz, photographe polonaise, vit à Tbilissi, en Géorgie, depuis 2003. Ses travaux ont été publiés dans le monde entier entre autres par le New York Times, Newsweek, Le Monde, Stern et National Geographic. Elle a été lauréate du World Press Photo, de la Bourse Canon de la Femme Photojournaliste , du prix du jeune photographe du Caucase de la Fondation Magnum, de l’Aftermath Project Grant et du Eugene Smith Fund. La plus grande partie de son travail est consacrée à des projets personnels de long terme, publiés sous forme de livres: Woman with a MonkeyCaucasus in Short Notes and Photographs (2014), Ukraine Runs Through it (2019). Ce dernier a été présélectionné parmi les 20 meilleurs livres par Paris Photo et Aperture. Justyna Mielnikiewicz est représentée par l’agence MAPS

© Elyaas Ehsas


Revue de presse

« Photographie : la résistance ukrainienne dans l’objectif de Justyna Mielnikiewicz », La Croix

« Exposition « Portrait(S) D’une Résistance – Ukraine 2004-2022 » À Paris XV », Carnets de Week-end

« L’Ukraine dans le viseur de Justyna Mielnikiewicz : « Portrait(s) d’une résistance ». Maison des Journalistes, Paris », Blog de Philippe Rochot

« UKRAINE : UNE EXPO PHOTO À LA MAISON DES JOURNALISTES », Sgen-CFDT 

« Portrait(s) d’une ukrainienne sur les grilles de l’Hôtel de Ville », Mairie de Paris

« Portrait(s) d’une résistance ukrainienne sur les grilles de l’Hôtel de Ville », Sortir à Paris

« Journée internationale de la liberté de la presse : mise à l’honneur de la résistance ukrainienne par la Maison des journalistes », L’Oeil de la Maison des journalistes 

« Une exposition pour rendre hommage aux reporters de guerre en Ukraine », France 24, reportage 

« Portrait(s) d’une résistance en Ukraine », TV5 monde

Guerre en Ukraine : l’Afrique prise en étau entre l’Occident et Moscou ?

Par Jean-Jules Lema Landu

Manifestation en soutien à l’Ukraine, Paris, France. © Cédric VT on Unsplash 

” La guerre en Ukraine place l’Afrique dans une position inconfortable.”

Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France

Il y a, d’abord, les anciens pays d’Europe occidentale. Après la séquence historique de colonisation, ils sont restés liés à leurs anciennes colonies. Y avait-il moyen de faire autrement, pour les Africains, que d’accepter cette relation « naturelle », sur fond de rapports de force largement déséquilibrés ? Ainsi, les deux parties, bon an, mal an, devaient-ils coopérer dans quasi tous les domaines, à ce jour. Et ce, depuis 1960, années des indépendances. Il y a donc de cela plus de six décennies avant que la machine se grippe. Le continent réclame justice, l’Europe promet de modifier le tir. On en est là.

Quant aux deux autres dimensions, il y a celle dans laquelle les relations entre l’Afrique et la Russie sont également liées par l’Histoire. Mais sur l’autre versant, comme par osmose, où Moscou parlait « libération », alors que l’Europe colonialiste, se cabrant, durcissait sa position pour ne pas lâcher-prise. Il s’en suivit une bonne saison de guerres de libération. L’Union soviétique, à l’époque, fut aux côtés des Africains, à travers l’Algérie, l’Afrique du Sud et l’Angola, notamment. Sa part dans le domaine de la coopération militaire, surtout, fut des plus appréciables. Elle permit également à plusieurs Africains de fréquenter ses universités et, qui plus est, construit l’université Lumumba, en mémoire du héros de la lutte de libération. Ce n’est pas rien, en termes de symbole. Et, enfin, la mondialisation, cette réalité qui met le monde en synergie, interconnecté. Où s’exprime un véritable effet papillon, image d’un « village planétaire », cher à McLuhan.

Pour qui opter ?

A cet égard, globalement, la guerre en Ukraine place l’Afrique dans une position inconfortable. Pour qui opter ? Il y a là à boire et à manger. La coopération avec l’Europe n’a pas été que négative sur toute la ligne. Les nouveaux venus, la Chine en première ligne, suivie de la Russie et des autres pays dits émergents, n’a rien d’ange tutélaire. La notion de mondialisation ? Elle ne profite qu’aux pays riches. Le vote à l’ l’Onu sur l’Ukraine, le 2 mars, a donné la mesure sur la considération des pays africains, par rapport aux « blocs économiques » qui dirigent le monde. La tendance a traduit une « neutralité » sensible quand sur 154 pays, un seul a voté pour la Russie ; 28 ayant été contre et le reste s’étant abstenu.

En réalité, c’est une des indications que les Africains se réveillent, en ouvrant un œil… responsable. C’est positif. Nombre d’observateurs rapprochent cette image et celle de l’après-Conférence de Bandung (Indonésie), en 1954, ayant prescrit la politique de « non alignement » pour les pays Africains, vis-à-vis des blocs communiste et occidental. A l’époque. A quelque chose, malheur est bon, dit-on. La guerre en Ukraine a permis au continent de se rappeler au bon souvenir des « fondamentaux », préconisés par les pères des indépendances.

Image drapeau ukrainien flottant, © Noah Eleazaron on Unsplash

MORT À PARIS D’UN EXILÉ CUBAIN : JESÚS ZÚÑIGA

Par Jacobo Machover

Jesús Zúñiga à la Maison des journalistes. © Lisa Viola Rossi

Jesús Zúñiga était un combattant pour la liberté de la presse et pour la liberté tout court. Mais il était incompris car il avait osé s’attaquer à un régime communiste qui bénéficie encore de la sympathie de nombre de ses collègues journalistes et intellectuels à travers le monde, celui de la Cuba des frères Castro et de leurs épigones. 

Il y avait pourtant vécu l’enfer. Journaliste indépendant, c’est-à-dire en dehors de la presse officielle, entièrement inféodée au Parti communiste (unique) depuis le début des années 1990, il avait été harcelé par la police politique, la Seguridad del Estado, et détenu pendant plusieurs semaines dans ses locaux, que tous les Cubains craignent particulièrement. La raison ? Il racontait, pour les journaux et les radios de l’exil, principalement installés aux États-Unis et diffusant à l’intérieur de l’île, la réalité quotidienne, celle de la corruption (secret d’État !) et de la prostitution (comment ? cela ne pouvait exister dans un pays socialiste !). Il avait même été cité dans un discours par Fidel Castro en personne, pas de manière élogieuse, évidemment. Bien qu’il en fît un titre de gloire, montrant à qui voulait l’entendre l’exemplaire de Granma, le quotidien officiel, qui reproduisait l’interminable discours en question,cela pouvait lui valoir une longue peine de prison. Ce fut le cas, durant la primavera negra (le « printemps noir ») de 2003, pour 75 dissidents et journalistes indépendants, condamnés, en moyenne, à vingt ans (ils purgèrent pour la plupart sept ans, avant d’être envoyés loin de Cuba, en Espagne. Jesús Zúñiga échappa à cette rafle mais, dès lors, il savait qu’il était à la merci de n’importe quelle vague répressive qui pouvait avoir lieu par la suite et ce, jusqu’à nos jours.  

Sa collaboration avec moi, écrivain exilé, par la rédaction d’un chapitre d’un de mes livres, Cuba, totalitarisme tropical, ou par la participation à des revues, le condamnait à la répression à court ou à moyen terme. Il en fut averti lors d’une convocation -une de plus- au siège de la Seguridad. Dès lors, il fallait organiser son départ à l’étranger. Cela devait se faire avec  sa femme, Margarita, et sa fille, Amelia, mais pour des raisons tenant au désintérêt, à l’inconscience et l’irresponsabilité de diverses personnalités françaises de tous bords, cela n’a pu se faire. Jesús est donc arrivé en France en juin 2006, seul. Peu après, il a été accueilli à bras ouverts à la Maison des journalistes, qui est devenue, comme il ne cessait de le répéter, sa « maison ». Il convient d’en remercier ici Philippe, Manu, Darline, Viola, qui ont été ses protecteurs et ses plus proches amis, ainsi que nombre de ses collègues, auxquels il s’évertuait à rappeler avec conviction le sens de son combat. 

Cependant, personne n’a pu faire pièce à l’absence de sa famille. Il portait sur lui une éternelle tristesse, à laquelle personne ne pouvait pallier. Au départ, juste après l’éloignement du pouvoir de Fidel Castro, suite à sa maladie, à partir de juillet 2006, nous avons cru que son exil n’allait pas durer, bien que Raúl Castro lui ait succédé. Il s’est prolongé jusqu’à sa mort.

Pendant ces quinze ans, Jesús est devenu une personnalité de l’exil. Il intervenait régulièrement dans les médias français, se désespérant toujours du manque de réactions aux injustices commises dans notre pays. Il organisait des débats et des réunions autour de la situation à Cuba, qui reste désespérément la même depuis des décennies. Il participait aux manifestations hebdomadaires devant l’ambassade castriste à Paris pour réclamer la libération des prisonniers politiques, dont bon nombre étaient ses amis. Par là, il a contribué grandement à la liberté qui vient, comme l’annoncent les manifestations spontanées contre le régime du 11 juillet 2021, qu’il a suivies avec enthousiasme et espoir.

J’ai malheureusement l’habitude d’apprendre à intervalles réguliers la mort de mes frères d’exil, dispersés aux quatre coins du monde. Mais celle de Jesús m’a particulièrement touché : c’est celle d’un frère de cœur, qui avait fait de la France, malgré toutes ses souffrances, sa terre d’asile. Il nous reste à perpétuer une solidarité toujours vivante envers sa mémoire et sa détermination à voir un jour, de là où il est, sa terre natale, qui est aussi la mienne, enfin libre de la tyrannie, qu’il a combattue de toutes ses forces.   

L’homme politique haïtien Jerry Tardieu visite la Maison des journalistes

Pendant sa tournée pour sensibiliser les médias et différentes institutions européennes sur la crise actuelle d’Haïti, l’ancien député et leader du mouvement politique En Avant, Jerry Tardieu, a accepté d’accorder un entretien au journal en ligne de la Maison des journalistes.

Par Anderson D. Michel

Jerry Tardieu, âgé de 54 ans, est un homme politique, un ancien député de la 50ème législature en Haïti (2016-2020). Il a lancé en octobre 2021 son mouvement politique En Avant. Selon lui, En Avant part d’une volonté d’hommes et de femmes de se mettre ensemble pour fournir à Haïti une offre politique différente de ce qui est à l’œuvre dans le pays. Un mouvement politique qui est constitué surtout de jeunes leaders en vue du renouvellement de la classe politique actuelle.

Axée sur trois piliers, la jeunesse, la femme et la diaspora, ce mouvement politique à travers son leader entend porter un souffle de changement à Haïti.

Jerry Tardieu : « Haïti est un pays en danger »

Le point sur la situation actuelle d’Haïti

Depuis plusieurs années, Haïti traverse une période très chaotique, tant au niveau des catastrophes naturelles que politiques. Le phénomène d’insécurité n’arrête pas de s’accroître sur l’île. Et les derniers rapports de l’ONU et d’autres institutions habilitées, font état d’une augmentation de 200% des cas d’insécurité dans le pays. Le leader de En Avant nous explique que le pays fait face à une crise multidimensionnelle, une crise institutionnelle, politique, économique et sécuritaire. Selon lui, les autorités expriment clairement leur impuissance par rapport au phénomène de gangs armés sur territoire haïtien qui, depuis plusieurs années, tuent, pillent, violent en toute impunité.

Jerry Tardieu affirme que le premier objectif de En Avant est de restaurer l’autorité de l’Etat et la sécurité en Haïti : « Il faut que les Haïtiens puissent vaquer librement à leur activité, quelle que soit leur condition sociale et les villes dans lesquelles ils vivent. Pour cela, la création au sein de la Police nationale d’une nouvelle structure anti-terroriste avec un équipement adéquat permettra de lutter contre les milices armées qui gangrènent le pays ».

L’ancien député revient sur son expérience au parlement haïtien.

 « Mon expérience à la chambre des députés a été une expérience enrichissante. Le parlement vous aide à mieux comprendre les rouages de l’administration publique, du système politique. Cela permet aussi de comprendre le mécanisme de cette grande corruption qui existe dans le pays », explique Jerry Tardieu. Se qualifiant d’ancien député de la minorité, il regrette de ne pas avoir eu la possibilité de tout faire à cause de la dictature du nombre qui règne au parlement haïtien. L’homme politique revient sur les différentes propositions de lois qu’il a présentées durant son mandat, notamment celles sur la Police nationale, la double nationalité, l’introduction du crédit bailleur comme outil financier. Il rappelle que certaines de ces propositions de lois ont été adoptées par décret et ont eu un impact considérable sur la société haïtienne.

Les priorités de En Avant

Donner à la police nationale d’Haïti la capacité de protéger et servir est la première préoccupation du mouvement politique En Avant, insiste Jerry Tardieu. Il parle aussi de l’emploi en faisant remarquer qu’il y a dans le pays beaucoup de jeunes diplômés et talentueux qui, malheureusement, ne peuvent pas trouver de travail. « Notre responsabilité est d’assurer les conditions aptes à garantir l’investissement privé, local ou étranger qui peuvent faciliter la création de millions d’emplois dont le pays a besoin », souligne l’ancien député. Il parle de d’éducation en soulignant, qu’en Haïti, il y a 4 000 000 d’enfants pour budget de 200 000 000 de dollars affectés à l’éducation. Ce qui représente un investissement de 50 dollars par année pour chaque enfant. Une situation que le député juge anormale en la comparant à celle de la République Dominicaine, le pays voisin d’Haïti, qui consacre 1000 dollars par année pour l’éducation de chaque enfant.

Des élections en 2022 ?

Pour Jerry Tardieu, les conditions ne sont pas réunies
Pour organiser les élections en Haïti, en raison de l’instabilité politique et la situation d’insécurité. « Quand est-ce que les conditions seront réunies ? On ne le sait pas. Mais elles devraient l’être tôt ou tard, parce que la démocratie passe par les élections », conclut-il.

Jerry Tardieu avec Darline Cothière, directrice de la Maison des journalistes

Jerry Tardieu interviewé par le journaliste haïtien Anderson D. Michel, résident de la Maison des journalistes.

Crédit photo : Ahmad Muaddamani, Karzan Hameed
Vidéo et montage : Ahmad Muaddamani