Appel contre la visite en France de Raúl Castro

[Par Jesus ZUNIGA, en collaboration avec Jacobo MACHOVER et Laurent MULLER]

Le dictateur cubain Raúl Castro, invité par François Hollande, sera en visite officielle à Paris à partir du 1er février 2016. Président du Conseil d’Etat, du Conseil des ministres et premier secrétaire du Parti communiste, Général d’armée (quelques-unes de ses fonctions officielles), le frère cadet de Fidel Castro est un tyran de la pire espèce, qui exerce le pouvoir depuis 57 ans, bien plus d’un demi-siècle.

Raul Castro (source : globalresearch.ca)

Raul Castro (source : globalresearch.ca)

Raúl Castro est celui qui, dès la prise du pouvoir, en janvier 1959, fait, le premier, fusiller des dizaines de prisonniers en une seule nuit à Santiago de Cuba après un « procès » inique de moins d’une demi-heure. Tout au long de son mandat à la tête des Forces armées et de la répression interne, il fait exécuter, emprisonner, et pousse à l’exil des dizaines de milliers d’opposants, d’accord avec son frère et Che Guevara, par le biais des tristement célèbres « Tribunaux révolutionnaires » et autres juridictions militaires, toujours en activité. Il en est ainsi lorsque le gouvernement décide de se débarrasser de potentiels rivaux, comme lors du « procès Ochoa » en 1989, lorsque des officiers supérieurs sont passés par les armes, ou quand des jeunes voulant abandonner le pays sont condamnés à mort en 2003, lors du « printemps noir », après une parodie de procès. Il est aussi l’homme qui fait abattre, en 1996, des avions de tourisme pilotés par des exilés, dont la mission était de porter secours aux innombrables fugitifs en mer, les balseros, qui tentent de quitter Cuba au péril de leur vie.

Oswaldo Payá (source : nytimes.com)

Oswaldo Payá (source : nytimes.com)

En 2012, Raúl Castro étant alors chef de l’État, l’un des dirigeants de l’opposition, Oswaldo Payá, prix Sakharov pour les droits de l’homme, et le militant Harold Cepero, sont victimes d’un « accident » de la route -sans doute l’œuvre des sbires du pouvoir- qui provoque leur mort. Toute opposition continue à être harcelée et réprimée. Pas un jour ne passe sans son lot d’intimidations, de passages à tabac, de détentions arbitraires, d’humiliations et de condamnations contre tous ceux qui sortent de la ligne officielle.
Pourtant, malgré ce bilan des plus obscurs, l’administration américaine du Président Barack Obama a initié, en décembre 2014, un rapprochement qui a conduit au rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays et à de multiples gestes d’amitié dans le but de convaincre le Congrès, à majorité républicaine, de voter la levée de l’embargo. En échange, Raúl Castro, malgré quelques mesures visant à une libéralisation en trompe-l’œil de l’économie de Cuba, n’a fait que renforcer la répression.

Hollande et Castro à l'Havana, 2015 (source:  dailymail.co.uk)

Hollande et Castro à l’Havana, 2015 (source: dailymail.co.uk)

François Hollande s’est engouffré dans la brèche, allant même au-delà en rencontrant à La Havane, en avril 2015, un Fidel Castro réduit à l’état de vieillard gâteux. Il oubliait, ce faisant, ses déclarations passées condamnant sans ambages, en 2003, « un pouvoir personnel, voire dynastique, refus d’élections libres, censure, répression policière, enfermement des dissidents, camps de travail, peine de mort, bref, l’arsenal complet d’une dictature ». Celle-ci est toujours en place. Son but est de se perpétuer à l’infini en portant aux postes-clés du pouvoir les héritiers de la famille Castro qui ne se cachent même pas lorsqu’ils profitent des plaisirs « capitalistes » à l’étranger (vacances méditerranéennes sur des yachts de luxe, par exemple), affichant leur indifférence totale au sort d’un peuple soumis au rationnement et à la répression.
Les plus cyniques ou naïfs continuent à justifier la perpétuation de ce régime par des avancées dans les domaines de la santé et de l’éducation, des mesures prises il y a plus de 50 ans et dont la réalité est bien éloignée de la propagande et des résultats de pays pauvres qui ont obtenu les mêmes avancées sans ruiner l’économie et supprimer les libertés. D’autres justifient le rapprochement par des perspectives économiques, occultant la réalité d’un pays sans justice et sans aucune volonté de se développer. C’est pourquoi la dette de Cuba auprès du Club de Paris, dont la plus grande partie envers la France, a été tout simplement annulée.
Des milliers de Cubains continuent à fuir la terreur et leurs déplorables conditions de vie en traversant le détroit de la Floride ou bien -ce qui est encore plus dangereux- en s’aventurant vers d’innombrables pays d’Amérique latine, avant d’être bloqués en Amérique centrale sur leur route vers les États-Unis.
L’accueil de Raúl Castro en France n’entraînera que le renforcement de son pouvoir. C’est pourquoi nous appelons tous les démocrates à dénoncer cette invitation. Rien ne justifie ce séjour, qui est une insulte à l’idée même des droits de l’homme à Cuba et une lourde faute morale du gouvernement et du Président de la République, insensibles aux souffrances du peuple cubain et à ses aspirations à la liberté.