Le prince, la métisse et le panda : Les bons contes font les bons comptes !

Moi, Yuan Meng, mangeur de bambou né en exil au zoo de Beauval, je sais maintenant ce qui vous intéresse, vous les gens d’ici et d’ailleurs… même si vous faites mine de nier, vous préférez les contes de fée aux horreurs de vos petits matins pâteux, faits de croissants trop mous et de café réchauffé. Du coup, je crois pouvoir sortir les exilés de leur impasse. Voici comment.

Cela fait un trop long moment que Brigitte Macron, ma marraine présidentielle, n’est pas venue jusqu’à moi, toutes caméras en action et micro branchés, tournés en direction de notre belle aventure commune. C’EST POURQUOI je pense (car le panda pense, ainsi que vous le savez désormais) je pense donc qu’il est urgent de susciter de nouveau de l’intérêt à mon sujet.

Une idée m’est venue en observant simplement le monde : il y a quelques jours (c’était pourtant l’un de ces samedis ensoleillés qui invitent à la promenade) les alentours de mon enclos étaient déserts. Renseignements pris, je découvre alors qu’un prince britannique épousait une starlette américaine et que l’événement avait vidé les rues, les campagnes et les zoos. La planète préférait se faire un plateau-télé plutôt que de venir me voir.

Je suis un métis

Et puis voici qu’on me précise également que la dame qui a décroché le gros lot (gros lot = prince) au loto de l’amour…que la dame, donc, est métisse.

WHAT, WHAT, WHAT ? Par l’effet magique des circonvolutions de mon animal de cerveau, je fais, en une fraction de seconde, le rapprochement avec qui ? Réponse : avec moi, évidemment. Panda noir et blanc, je suis, comme elle, une sorte de métis.

Etant mâle et non femelle – c’est là mon unique différence avec la starlette susnommée – j’ai convoqué la direction du zoo et ordonné ce qui suit : « Trouvez-moi d’urgence une fille de sang royal. Il y en a sûrement ici, au zoo… Ne dit-on pas que le lion est le roi de la jungle ? S’il a procréé, voyez ce que vous pouvez faire ».

Ne te trompe pas de carrosse, camarade !

Contrairement à ce que vous imaginez, la direction du zoo a bien compris le parti à tirer des paillettes et des bons sentiments qui stimulent l’industrie du Kleenex (aux larmes, citoyens !). Elle en a même rajouté à mon argumentation avec des mots choisis : « la starlette dont tu nous causes, notre panda chéri, est en plus une exilée. Elle est forcée de vivre à Londres, si loin d’Hollywood. C’est un peu ton histoire, vois-tu, en gros, en très gros ! Mais en même temps, comme dirait notre Président bien-aimé, notre phare de la pensée disruptive : tout ça c’est un conte de fée… excellent pour nos comptes. Car, pour ce genre d’événement on trouve toujours de l’argent et, bien entendu, on en attire aussi ! »

Morale de l’histoire : l’exil est ta force, camarade… il suffit que tu ne te trompes pas de carrosse… et les financements qui manquent habituellement pour accueillir les exilés comme toi ou moi apparaîtront brusquement, dans un scintillement céleste, COMME PAR MAGIE.

Un conte de fée, te dis-je, nom d’un bambou !

Crédit : Sylvie Howlett

Yuan Meng

(Traduction de Denis PERRIN)