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“Once they were here” de Wareth Kwaish: une place d’honneur dans un triptyque sur la dignité

[Par Johanna GALIS]

Dans la salle tamisée du cinéma Luminor, situé dans l’une de ces rues sinueuses du quartier du Marais, le Festival International du Film des Droits de l’Homme s’est déroulé pendant les premiers jours du mois d’avril. Mettant l’accent sur différents types de répression, il a déplacé son objectif sur les quatre coins du globe, avec un but majeur : celui de replacer au centre de l’attention le besoin de dignité de ses personnages.

 

Affiche du Festival International du Film des Droits de l'Homme (FIFDH)

Affiche du Festival International du Film des Droits de l’Homme (FIFDH)

Samedi 9 avril, un triptyque de trois courts métrages était diffusé dans la matinée, avec comme thématique principale l’oppression – quand l’espace en tant que tel, ici la ville, devient cette pieuvre prête à happer ceux qui échappent à une force d’attraction représentée sous forme de diktats. Ces strictes injonctions prennent forme dans différents pays : la Russie, la Chine et l’Irak, et sont véhiculées à travers des mœurs qui s’étendent sur un large spectre spatial.

Victory Day © festival-droitsdelhomme.org

Victory Day © festival-droitsdelhomme.org

Dans le court-métrage Victory Day d’Alina Rudnitskaya, une parade militaire située dans la Russie de Poutine sonne le glas de la peur de plusieurs couples homosexuels, confortablement installés chez eux – un paradoxe à noter ici, tant une certaine harmonie se dégage de ce qu’ils ont pu créer dans leur espace privé, contrairement à l’espace public où les lois répressives contre leur union font rage.

Underground © festival-droitsdelhomme.org

Underground © festival-droitsdelhomme.org

Dans Underground du belge Maxime Bultot, le regard du spectateur parcourt les chemins étriqués de logements souterrains pékinois à la superficie d’environ 4 à 5 mètres carrés, et suit l’obstination d’une jeune chinoise souhaitant devenir actrice, locataire de l’une de ces chambres et fraîchement arrivée dans la ville.

Le  dernier court-métrage Once they were here (Une fois ici-bas), de Wareth Kwaish, commence avec le réalisateur lui-même, muni d’un iPhone qui lui servira de caméra, qui frappe à la porte de l’un de ses amis dans l’espoir qu’il vienne à une manifestation sur l’une des places centrales de Bagdad, en Irak. Il s’agit de faire acte de présence, pour résister contre un système politique structuré par la dictature et par le terrorisme et qui fait souffrir une population qui ne cherche qu’à mener une vie « normale », selon les paroles du réalisateur .

Wareth Kwaish ©loeildelexile.org

Wareth Kwaish ©loeildelexile.org

Le court-métrage symbolise bien la peur que peut éprouver une population face aux mesures mises en place par un Etat répressif qui lutte contre la liberté d’expression. Le spectre du diktat est plus large cette fois-ci, il englobe la peuple d’un état entier qui, peu importe son identité et ses particularités, se doit de se plier à un système oppressif qui menace le confort de vie – dans sa dimension parfois la plus rudimentaire –  de ses habitants. Lors du tournage de la manifestation, M. Kwaish a utilisé un iPhone  « car si l’idée de base est vraiment bonne, c’est l’essentiel – elle compte plus que le matériel utilisé » confiera-t-il.

Extrait de Once they were here ©maisondesjournalistes.org

Extrait de Once they were here ©maisondesjournalistes.org

Les soubresauts d’un téléphone portable posé sur la cuisse pour passer incognito – il était impossible de filmer la manifestation sous peine de subir encore plus de violences de la part de l’armée venue évacuer les gens ;  aucune archive de ce rassemblement illégal ne pouvait être gardée – les  regards furtifs de l’iPhone qui se cache et essaie de saisir toute l’esprit de rébellion et de colère des manifestants, tous ces éléments ont pu clore ce triptyque, où passant du regard d’un individu à celui des manifestants, toute la beauté de l’espoir, de la révolte, et de l’amour qu’un individu peut porter à ses valeurs ont été représentées.

Festival International du Film des Droits de l’Homme : « Une caisse de résonnance de la dignité humaine »

[Par Elyse NGABIRE]

14ème édition du Festival International du Film des Droits de l’Homme (FIFDH) –
Interview exclusive avec Laurent Duarte, secrétaire général du FIFDH.

Ce 5 avril, le FIFDH lançait sa 14 ème édition au cinéma Luminor-Hôtel de Ville sis au 20, rue du Temple, Paris, 4ème arrondissement. Le festival ira jusqu’au 19 avril. Et pour commencer en beauté, le film ‘les 18 fugitives’ a ouvert la série des 32 autres qui seront projetés. L’évènement a vu la participation et le soutien de plusieurs personnalités dont Hélène Bidard, adjoint à la Mairie, en charge de l’égalité femmes/hommes, la lutte contre les discriminations  et les droits de l’homme.

 

Affiche du Festival International du Film des Droits de l'Homme (FIFDH)

Affiche du Festival International du Film des Droits de l’Homme (FIFDH)

 

D’où est venue l’idée de ce festival ?

Il y a 15 ans, François Mercier, fondateur du festival, a pensé à ce projet. A l’époque et même aujourd’hui, il était très attaché à la question des droits de l’homme. Son objectif était de sensibiliser les gens aux droits humains à travers un festival ou un moment de rencontres, et ce à travers la création d’une télévision pour traiter ces questions en faisant passer des documentaires et des débats.

Laurent Duarte © Elyse NGABIRE

Laurent Duarte © Elyse NGABIRE

C’est un festival qui existe depuis 14 ans. Il a pour but de promouvoir un cinéma engagé d’auteurs et permet d’éclairer sur des sujets en rapport avec les droits humains dans une acceptation plus large. On englobe les droits humains mais également des droits sociaux, environnementaux et économiques.

Pourquoi  votre choix porte-t-il  sur les droits de l’homme et à travers le cinéma?

Parce que avec les fondateurs et associations qui nous soutiennent, nous estimons que le cinéma est un vecteur pour sensibiliser, pour créer une société plus inclusive et égalitaire. C’est un outil de prédilection  pour nourrir le débat non seulement pour les gens avertis mais également pour un public le plus large possible.

Qui sont les intervenants?

Des associatifs, des membres d’associations, des chercheurs, des responsables politiques, des spécialistes des droits humains. Quant au public, il est plus large : des étudiants qui font leurs recherches, personnes associatives, des jeunes, etc.

14 ans après, quel bilan faites-vous de ce festival ?

Ce qui est marquant, c’est que la question des droits humains s’est posée de façon très forte ici en France à travers différents canaux institutionnels, politiques ou extérieurs. C’est quelque chose de nouveau. Généralement, on a tendance à traiter les droits humains comme quelque chose qui est éloigné de nous à part par exemple la question migratoire qui revient régulièrement  et qui a impliqué la France.

Cette année, nous sommes confrontés à différents terrains : politiques, juridiques, etc. Malheureusement, cette année nous avons eu beaucoup de travail avec la crise des migrants notamment la guerre en Syrie, au Soudan, des élections en Afrique, etc.

 Pourquoi avez-vous choisi de lancer cette 14ème édition avec le film ‘ Les 18 fugitives’?

L’originalité du sujet a été le premier critère. Nous avons cherché  des films qui se démarquent, qui ont un parti pris. Le film ‘Les 18 fugitives’ traite de l’Intifada en Palestine. L’angle est très original. Il est capable de parler au plus grand nombre.

Hélène Bidard © Elyse NGABIRE

Hélène Bidard © Elyse NGABIRE

Grâce à l’histoire de 18 vaches achetées par des pacifistes en vue de produire leur propre lait, celles-ci se sont retrouvées dans l’effervescence politique et militaire comme une menace à la sécurité de l’Etat israélien.

C’est une histoire un peu rocambolesque. Comment les vaches peuvent devenir des menaces à l’Etat israélien ? On crée finalement des rapports entre pacifistes et  non pacifistes en Palestine, rapports entre militants palestiniens et israéliens, etc. Et dans le film, il y a un mélange de formats : c’est un documentaire avec des interviews des gens qui ont participé à ce mouvement, des reconstitutions et il a travaillé en animation. Tout cela fait qu’il soit un film très original. C’est un film drôle et  c’est rare de trouver ce genre de sujet.

Qu’attendez-vous à la fin de ce festival ?

Toute l’équipe du FIFDH espère que cette 14ème édition jouera, le mieux possible, le rôle qui est le sien : être une caisse de résonnance pour les acteurs engagés en faveur du respect de la dignité humaine.

En outre, comme dans tout évènement de ce genre, nous nous attendons à la participation maximale de personnes. Nous souhaitons qu’elles repartent  satisfaites, avec l’envie de s’instruire, de continuer à travailler sur ce sujet et qu’elles entrent en contact avec des associations présentes. Notre but, c’est de créer un forum où chacun se sente à l’aise de discuter, de prendre la parole mais aussi de changer les choses. L’idée du festival des droits de l’homme c’est que ceux-ci soient respectés et promus.


Festival International du Film des Droits de l’Homme (FIFDH) : La 12ème édition s’ouvre lundi

[Par Benson SERIKPA]
 
Le Festival International du Film des Droits de l’homme (FIFDH) démarre ce lundi pour s’achever le 18 mars prochain à Paris. Cet événement qui est à sa 12ème édition permettra au public de découvrir une vingtaine de projections inédites.

 

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Vincent Mercier, DG du FIFDH et son équipe annoncent à cette occasion 8 films en compétition officielle, 12 films hors compétition, 2 films en compétition UNHCR et 5 films courts-métrages. Cette initiative de l’association Alliance Ciné, selon lui, vise à promouvoir les meilleurs films-documentaires sur les questions de Droits de l’Homme.
« Il se veut être un lieu où l’art vient nourrir l’engagement militant et réciproque », souligne Vincent Mercier. A cet effet, il est annoncé des débats, des conférences, des tables-rondes, en somme des échanges pour le moins fructueux, à l’issue de chaque projection entre les réalisateurs, le public et la presse.

 

Les organisateurs ont coopté un jury officiel (Grand Prix et Prix spécial), un jury Etudiant (Grand Prix et Prix spécial du jury), un jury Lycéens et Apprentis de Paris Il-de-France pour les Droits de l’Homme (Prix lycéens et apprentis), un jury de la Maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Grand Prix) et un jury UNHCR. Le Prix UNHCR, associé pour la première fois à cet événement cinématographique, décernera un Prix du meilleur documentaire traitant de la question des réfugiés.

 

Les férus du 7ème Art, qui effectueront le déplacement seront respectivement accueillis au Nouveau Latina, au Cinéma du Palais, à l’Espace culturel Emmaüs , au Louvel Tessier, au Centre d’animation Curial et au Ciné 104 de Paris.

 

Le FIFDH en dehors de la France, s’est aussi développé en Afrique notamment, au Togo, en République Centrafricaine, au Cameroun, à Madagascar et en Tunisie.