Articles

RD Congo-Rwanda, à l’heure de vérité biaisée

Une information remplace vite une autre. Si vite. Il n’en sera pas ainsi du désir commun des présidents rwandais Paul Kagame et congolais Félix Tshisekedi de « tourner la page » d’un passé lourd de sang versé, de cris des femmes violées, de vies à jamais détruites. Par dizaines de milliers.

Un passé qui dure près d’un quart de siècle. Au détriment des populations congolaises, humiliées. Un passé qui demeure une vraie plaie à vif dans leur mémoire collective. Un tel passé ne s’efface pas d’un revers de main.

Les deux présidents s’exprimaient ainsi à Gisenyi au Rwanda et à Goma au Congo, respectivement vendredi 25 et samedi 26 juin 2021.

On ne peut commenter avec justesse cette information, sans la ramener, en gros, autant dans son cadre contextuel historique que dans celui des agendas politiques, « cachés », de chacun des deux hommes.

Car, il n’existe pas de vérité politique, toute nue, sans un sens biaisé. Le sociologue Max Weber ne dit pas autre chose, dans son ouvrage « Le savant et le politique », quand il affirme que les « vertus politiques ne sont pas compatibles avec les vertus scientifiques ». C’est que, ici, on peut mentir, là-bas, on cherche la vérité.

Les relations exécrables entre Kigali et Kinshasa commencent, masquées, en 1996. Le président Pasteur Bizimungu, le prédécesseur de Kagame, appelle alors à la convocation d’une deuxième Conférence internationale de Berlin, afin de revoir les frontières de l’Afrique. Allusion faite à l’est de la RD Congo, qui appartiendrait au Rwanda. Il s’agit là d’un irrédentisme manifeste (réclamation d’annexion des territoires), proche de la provocation.

Politique de « petits pas »

En dépit de tout, les présidents rwandais Kagame, l’ougandais Museveni et le rebelle congolais Laurent Kabila se joignent, pour mettre à bas, militairement, le régime dictatorial de Mobutu, visiblement détesté par les Américains. 

En mai 1997, Kinshasa tombe, mais une année après, les violons ne s’accordent plus entre partenaires, dont chacun a un agenda caché. Le Rwandais dans son projet d’extension territoriale, ainsi que la subtilisation des minerais précieux, l’Ougandais plus pour cette deuxième préoccupation et le Congolais pour un règne libéré du joug, surtout, du partenaire rwandais. Pour ce faire, il les congédie tous sans ménagement, en juillet 1998.

La situation fait des vagues, surtout du côté rwandais. A Kigali, où on croyait être en mesure de longtemps manipuler Laurent Kabila, pour mener à bon port leur projet d’annexion par une politique de « petits pas », il leur fallait imaginer une autre stratégie. Ils en vinrent ainsi à l’idée d’allumer le feu dans les deux provinces du Kivu, partie qui les intéresse. Avec l’espoir de parvenir à long terme à l’annexion de ce territoire, par voie référendaire. Le cardinal Ambongo, archevêque catholique de Kinshasa, l’atteste, après y avoir effectué une visite pastorale.

Le président rwandais s’était-il déjà départi de ce projet, pour inaugurer aujourd’hui une ère nouvelle d’harmonie dans les relations entre les deux pays ? Pas si sûr. La posture du président congolais, elle, est des plus simples à analyser. Arrivé au pouvoir par fraude électorale, sous la supervision indirecte de Kagame, c’est l’homme-lige au pouvoir de Kigali. En béni-oui-oui.

« Tournons la page », ont-ils dit. Vérité biaisée ! Car, Tshisekedi possède aussi son agenda caché. Celui de berner son peuple, en attente du vote en 2023. 

Jean-Jules LEMA LANDU

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

D’autres articles 

Kagamé, François Soudan et les « faussaires »

[Par Okito-Okongo OMEDJELA]

Ouvrez Jeune Afrique et lisez ! Si vous y trouvez une information sur le président Kagamé, commentée par François Soudan, dites-vous bien : « En voici encore un autre conte sur l’homme providentiel de l’Afrique ». Ce deus ex machina, qui a trouvé un ange tutélaire à Jeune Afrique, s’appelle aussi, pour son défenseur parisien : « L’homme de fer ». C’est le titre d’un livre laudatif, paru récemment, écrit par François Soudan. Qu’on me permette de discuter ce point de vue.

Sommaire-Jeune-Afrique-10-avril-2016Dans l’article intitulé « Kagamé, Obama et la case de l’oncle Sam » ( JA n° 2870, du 10 au 16 janvier 2016), l’ « avocat » du chef de l’Etat rwandais n’en démord pas. Pour prendre à contre-pied la position de l’administration Obama, critiquant la démarche du président Paul Kagamé de vouloir s’éterniser au pouvoir, le directeur de la rédaction de Jeune Afrique (comme faisant office de porte-parole de Kigali) reprend son encensoir d’arguments subjectifs et décoche : « Un chef qui n’a rien fait pour son pays mais qui abandonne son fauteuil à l’heure fixée par la Constitution n’est pas automatiquement un héros, et un chef dont le bilan économique et social est incontesté, et qui, pour le parachever, prolonge son bail avec l’accord de ses concitoyens n’est pas, ipso facto, un vilain ».

Kagamé et Obama

Paul Kagamé et Barack Obama

C’est l’argument massue, déployé par l’auteur dans cette tribune, pour asseoir sa thèse, mais réfutable pour trois raisons principales :

1. Il convient de préciser qu’on ne peut appréhender qu’à tort le clivage ethnique hutu-tutsi (et ce que cela entraîne), à partir des rives de la Seine ou même à travers de nombreux reportages ponctuels effectués sur le terrain. C’est une question de fond délicate sur laquelle nombre d’analyses ont fait fausse route. Si bien qu’il serait imprudent d’affirmer, de la part de François Soudan, s’agissant d’un nouveau mandat du président rwandais, que ce projet avait emporté l’adhésion de la « majorité des Rwandais ». Nous savons tous ce que les votes, en général, valent en Afrique. Et, surtout, dans un pays comme le Rwanda, dont le régime est fondé sur la terreur ;

2. Prétendre que seul Kagamé possède les clefs de la réussite est un terrible déni de la sagesse universelle qui enseigne, a contrario, que « nul dans la vie n’est irremplaçable » ;

3. Les leçons de l’histoire récente de l’Afrique, en ce domaine, ne sont pas sans exemples parlants. C’est le cas de Mandela, en Afrique du Sud, qui a passé la main, après un mandat, alors que sa gouvernance avait brillé de mille feux. Senghor, avant lui, au Sénégal, était parti, après deux mandats et autres Chisano, au Mozambique.

C’est là toute une pléiade de grands hommes, qui auraient pu rester très longtemps au pouvoir s’ils le voulaient, mais comme la vie, en général, est liée aux normes (les Constitutions en sont une), ils n’ont pas défié cette logique. Aussi l’argument de François Soudan ne tient-il pas la route. Ce qui me fera dire, pour le directeur de la rédaction de Jeune Afrique, en ce qui concerne ses articles sur le président Kagamé, qu’il y a en lui quelque chose qui s’apparente à ce que l’écrivain Pascal Boniface appelle « les intellectuels faussaires ». Ceux-ci, relève-t-il, « fabriquent de la fausse monnaie intellectuelle pour assurer leur triomphe sur le marché de la conviction ».

Qui ignore que le « pouvoir use » et que le « pouvoir absolu use absolument » ? Et que Monsieur Kagamé n’est pas un extraterrestre ? Un peu de mesure…

 

 

Burundi : Nuit sanglante au sud de la capitale Bujumbura

[Par Yvette MUREKASABE]

Neuf personnes ont trouvé la mort la nuit de samedi à dimanche dans la commune urbaine de Kanyosha. Le faits se sont produits au cours de l’attaque d’un bar vers 20 heures. Les habitants de cette localité qualifiée de contestataire – pour cause de troisième mandat du président Pierre Nkurunziza – accusent la police d’être responsable de cette attaque.

Un policier burundais à Bujumbura se rend sur le lieu d'une attaque à la grenade, le 21 juillet 2015. (AFP PHOTO / CARL DE SOUZA)

Un policier burundais à Bujumbura se rend sur le lieu d’une attaque à la grenade, le 21 juillet 2015. (AFP PHOTO / CARL DE SOUZA)

«Ils étaient tous en tenue policière et ils nous ont intimé de nous coucher et ont commencé à nous tirer dessus».

Freddy Mbonimpa

Freddy Mbonimpa

Le maire de la ville de Bujumbura, Freddy Mbonimpa reconnaît la mort de sept personnes et parle d’un groupe d’assaillants portant des habits de policiers qui auraient donc commis ces tueries.

Ces tueries ont eu lieu quelques heures avant l’expiration de l’ultimatum du chef de l’État Pierre Nkurunziza, lancé le 2 novembre. Il appelait les jeunes des quartiers contestataires à déposer les armes, menacés subir des représailles de grande ampleur. Pierre Nkurunziza,le président du Sénat burundais et le premier vice-président ont abondé dans la même direction : «Lancer une action dans les quartiers qui contestent le troisième mandat président Pierre Nkurunziza pour mettre fin à la rébellion».

Certains quartiers de la capitale Bujumbura se sont vidés avant l’expiration de cet ultimatum. Les habitants se sont déplacés vers les communes de la ville et ce dimanche les forces de l’ordre ont commencé à effectuer des fouilles.

(Source : Jeune Afrique)

(Source : Jeune Afrique)

Le délai de l’ultimatum passé,la tension est très tendue dans la capitale. La population craint le pire. Au cours de la semaine dernière seulement, le bilan des victimes s’est accru. Un homme a été abattu par un policier le 6 novembre dans le quartier de Mutakura.
Un défenseur des droits humains a échappé de justesse à la mort dans à une attaque chez lui à Bujumbura, il y a deux mois.

Paul Kagame (source : conakryplanete.info)

Paul Kagame (source : conakryplanete.info)

Le président rwandais Paul Kagame se dit inquiet de la situation sécuritaire chez son voisin burundais. C’était vendredi soir, à 24 heures de la fin de l’ultimatum de son homologue burundais aux « insurgés » qui contestent sa réélection. Lors de ce discours, Paul Kagame s’est indigné des agissements des dirigeants burundais qui « massacrent leur population du matin au soir ».
Le Conseil de Sécurité des Nations-Unies s’est réuni le lundi 9 novembre sur la situation du Burundi. La France a exhorté la communauté internationale à mettre fin aux violences qui secoue ce pays depuis avril dernier.
onu

La France a pris l’initiative de la résolution sur le Burundi qui sera débattue au cours de cette semaine. Cette résolution condamne les violences et leurs auteurs et propose des sanctions contre ces derniers. L’ambassadeur adjoint de la France auprès des Nations-Unies, Alexis Lamek, a jugé «particulièrement inquiétantes» les violences et les discours de haine dans cette région d’Afrique centrale. Il est temps que le Conseil de Sécurité « prenne ses responsabilités », « il faut agir », a lancé l’ambassadeur adjoint de la France auprès de l’ONU, Alexis Lamek. « Nous nous souvenons de ce qui s’est passé dans le Rwanda voisin, il y a 21 ans », a rappelé son homologue britannique. « Nous ne devons pas laisser l’histoire se répéter », a insisté Mattyhew Rycroft.

 

 

France-Rwanda : déclassification des documents relatifs au génocide

[Par Marie-Angélique INGABIRE]

La France a finalement signé la décision de déclassifier des archives de la présidence française sur le génocide de 1994. L’annonce de cette décision a coïncidé avec le premier jour de la semaine de la 21e  commémoration du génocide des Tutsi, le 7 Avril 2015.  La majorité de ces pièces sont des notes et des télégrammes diplomatiques.

Victimes du génocide rwandais au Mémorial du Génocide à Kigali. (©REUTERS/Noor Khamis)

Victimes du génocide rwandais au Mémorial du Génocide à Kigali. (©REUTERS/Noor Khamis)

Après une série de déclarations des autorités rwandaises qui accusent la France d’avoir participé au génocide via le soutien politique et militaire, le Rwanda  accuse également la France d’une participation directe au crime commis contre les Tutsis pendant le Génocide. Dans un entretien à Libération, le président rwandais, Paul Kagame avait déjà affirmé en Avril 2014 que « la France comme la Belgique ont joué un rôle néfaste dans l’histoire de son pays et ont contribué à l’émergence d’une idéologie génocidaire ». Ces accusations se concentrent surtout sur l’opération turquoise menée par l’armée française pendant le génocide.

S’adressant aux membres de l’EGAM (European Grassroots Antiracist Movement) en visite au Rwanda au lendemain de cette déclassification, le président Kagame a déclaré qu’il faudra d’abord vérifier si ces archives n’ont pas été fouinées avant de croire en leur authenticité. Quant au ministre rwandais de la justice, Johnston Busingye, il avait déclaré à RFI que « La relation politique, diplomatique et militaire franco-rwandaise pendant la période 1990-1995, a été un domaine bien gardé … Peut-être que ce qui s’est passé à l’époque sera finalement révélé et permettra de faire la lumière sur de nombreuses zones grises ».

Le Rwanda met l’accent sur l’impact de l’Opération Turquoise et sur l’intensité du génocide ; il reste à savoir la réaction du Rwanda étant donné qu’aucune note ne mentionne cette opération d’une façon explicite.

Rwanda : 10 ans de prison pour Kizito Mihigo

[Par Sintius MALAIKAT]

L’artiste Kizito Mihigo a finalement été condamné à 10 ans de prison lors d’un procès durant lequel il plaidé coupable (cliquez ici pour lire l’article publié sur l’affaire Mihigo, le 7/11/2014).

Kizito Mihigo (source: ikazeiwacu.fr/

Kizito Mihigo (source: ikazeiwacu.fr/

Le verdict est tombé le 27 février. Accusé de conspiration contre le gouvernement du président Paul Kagame, de formation d’un groupe criminel, d’entente en vue de commettre un assassinat et de complicité dans un acte terroriste, Kizito Mihigo avait été arrêté en avril dernier.

Kizito Mihigo durant le procès

Kizito Mihigo durant le procès

Kizito Mihigo et les autres accusés

Kizito Mihigo et les autres accusés

Dans un procès qu’il partageait avec 3 autres accusés, Kizito s’est passé définitivement de ses avocats et a plaidé coupable et a demandé pardon au Chef d’Etat et à tous les Rwandais.
Dix ans de prison contre la perpétuité qu’ avait proposée le procureur, tel est le sort de l’artiste reconnu coupable des 2 premières accusations, et dont le juge n’a pas retenu l’accusation de complicité dans un acte terroriste, « faute de preuve ». Ici se pose la question de savoir ce que dit la loi quand une personne plaide coupable d’un crime que la cour jugera qu’il n’a pas commis ! Ceci ne devrait-il pas affecter la véracité des informations que le présumé a données ?

Le journaliste Cassien NTAMUHANGA

Le journaliste Cassien NTAMUHANGA

Jean Paul Dukuzumuremyi, ancien militaire et Cassien Ntamuhanga, journaliste, ont quant à eux été reconnus coupables de toutes les charges, et condamnés respectivement à 30 et 25 ans de prison. A la sortie du tribunal, Cassien n’a pas caché son indignation : « C’est incroyable, c’est une honte, ce n’est pas une justice. » Agnès Niyibizi, la seule femme de ce procès, a été acquittée.
Cette dernière vivait chez l’actuel ambassadeur du Rwanda lequel, au moment des arrestations, était ministre des Sports et Cultures, Protais Mitali.
Agé de 34 ans, l’artiste Kizito a contribué à la composition de l’hymne national. Rescapé du génocide, il est connu pour avoir composé différents chants liturgiques catholiques et plusieurs chansons utilisées pendant la commémoration du génocide, ainsi que des chants visant l’unité et la réconciliation. Avec sa fondation KMP (Kizito Mihigo pour la Paix), il faisait le tour des écoles pour éduquer les jeunes rwandais sur ce programme d’unité et réconciliation. Il visitait également des prisons sensibilisant les détenus à avouer leur rôle pendant le génocide et les appelant à demander pardon. Le gouvernement n’avait jamais cessé de saluer ses activités jusqu’en Mars 2014 quand il composa une chanson dans laquelle il demandait que me toute victime des massacres commis en 1994 soit commémorée, quelle que soit son ethnie ou la cause de sa mort. Cette chanson a été qualifiée par le gouvernement de Kagame de moyen de véhiculer le négationnisme du génocide. Après une semaine au cours de laquelle la police disait à sa famille et aux médias ne pas avoir de ses nouvelles, Kizito Mihio apparaîtra menotté le 14 avril, accusé des 3 crimes cités plus haut.

[Toutes les photos ont été tirés de www.imirasire.com]

 

France-Rwanda : relations en dents de scie

[Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais]

Le 7 avril de chaque année, date-anniversaire du génocide rwandais, en 1994, le « Kwibuka » (se souvenir, en français) prend les dimensions d’une grande journée historique, où se mêlent sentiments de douleur et volonté de renforcer le processus de catharsis. Lors du 20e anniversaire cette année, le président Kagamé en a profité pour désigner les « complices » de cette tragédie. Parmi les coupables : la France, la Belgique et la communauté internationale.

Le 7 avril 2014, journée officielle de commémoration de Kwibuka20 (se souvenir), au stade Amahoro, où a eu lieu le discours du président Paul Kagame.  [Photo tirée par Pscholastiquemukasonga.net]

Le 7 avril 2014, journée officielle de commémoration de Kwibuka20 (se souvenir), au stade Amahoro, où a eu lieu le discours du président Paul Kagame.
[Photo tirée par Pscholastiquemukasonga.net]


Ce n’est pas la première fois – c’est devenu une rengaine – que la France est pointée du doigt par le Rwanda pour sa collaboration, supposée, avec les génocidaires hutus. Depuis, les relations entre Kigali et Paris se sont brouillées, connaissant des moments de répit et d’autres de tensions extrêmes, jusqu’à dicter, en 2006, la rupture des relations diplomatiques.
Qu’en est-il au juste ? Depuis vingt ans, selon les circonstances, on assiste toujours au même scénario : le Rwanda accuse, la France nie en bloc. De part et d’autre, on s’est même employé à démontrer la « vérité », à travers les commissions d’enquête parlementaire. Apparemment, rien n’y a fait. L’opacité sur des faits majeurs du dossier est restée intacte, tel que l’assassinat du président hutu Habyarimana, dans l’avion détruit par un missile, la veille du génocide, sous le ciel de Kigali. On considère cet acte, auquel on associe aussi la main de la France, comme l’élément déclencheur du génocide.

Paul Kagamé [Photo tirée par yfcrwanda.com]

Paul Kagamé [Photo tirée par yfcrwanda.com]

Dans le livre « La nuit rwandaise. L’implication française dans le dernier génocide du siècle », de Jean-Pierre Gouteux, paru en 2002, l’auteur enfonce le clou : «  Ainsi, les enfants des écoles apprendront que Mitterrand est le président sous le règne duquel la République française a soutenu un Etat génocidaire ».
Toutes ces affirmations (sans preuves) appellent au moins trois questions essentielles : les militaires français étaient-ils présents au Rwanda avant et pendant le génocide ? Comment ont-ils participé au génocide ? Les relations entre le Rwanda et la France finiront-elles par s’apaiser ?
Les militaires français étaient présents à Kigali, dans le cadre de vieux accords de coopération signés, en 1962, entre le premier président rwandais Kayibanda et le général de Gaulle. Ils étaient là à la demande du président Habyarimana pour former l’armée rwandaise, en lutte contre le FPR (Front Populaire Rwandais), aujourd’hui au pouvoir à Kigali. Arrivés au Rwanda alors que le génocide était déjà en cours, les militaires de l’opération « Turquoise » pouvaient-ils opérer au grand jour ? Sur tout cela, le doute plane. Quant aux relations, en dents de scie, entre la France et le Rwanda, les derniers développements du dossier laissent penser que l’on est encore loin de la lune de miel entre les deux protagonistes.
Au fait, quand le président Kagamé, qui a renoncé à apprendre le français, assena dans la langue de Molière, le 7 avril, cette formule : « les faits sont têtus », ce n’était pas pour amuser la galerie. C’était plutôt une façon de dire, avec force, que la France fut complice du génocide rwandais.