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Les journalistes de la MDJ aux assises de Tours et aux prix Bayeux

La Maison des journalistes (MDJ) a pris part à deux événements médiatiques majeurs : les assises du journalisme de Tours et le prix Bayeux. Au cours de ces deux rendez-vous annuels, les journalistes afghans résidents de la MDJ ont été particulièrement honorés.

Assises de Tours (4 et 8-10 octobre)

Darline Cothière, directrice de la MDJ, Najiba Noori, journaliste afghane résidente de la MDJ et Mariam Mana, journaliste afghane ancienne résidente de la MDJ ont participé à la table ronde “Solidarité Afghanistan : les Assises ont donné la parole aux journalistes afghans exilés” animée par Catherine MONET, rédactrice en chef à Reporters sans frontière.

Animé par Catherine MONET, rédactrice en chef à Reporters sans frontières avec Akbar Khan ARYOBWAL, fixeur et interprète des médias français ; Darline COTHIÈRE, directrice de la Maison des journalistes ; Ricardo GUTIERREZ, président de la Fédération européenne des journalistes (FEJ) ; Mariam MANA, journaliste afghane réfugiée ; Najiba NOORI, journaliste afghane réfugiée ; Rateb NOORI, directeur vidéo du bureau de l’AFP à Kaboul ; Solène CHALVON, grand reporter, correspondante en Afghanistan ; Lotfullah NAJAFIZADA, directeur de Tolo News.

Darline Cothière est revenue sur la mission de la Maison des journalistes en rappelant que cette structure, unique au monde, a accueilli plus de 400 journalistes de 70 origines, en danger et arrivant en catastrophe pour fuir la répression.

“La Maison des journalistes est une sorte de baromètre de la répression dans le monde. En 2011, par exemple, nous avons eu un afflux de journalistes syriens. Maintenant nous sommes très sollicités par les journalistes afghans”, a déclaré Darline Cothière. Depuis le 15 août, la Maison des journalistes travaille étroitement avec ses partenaires pour (i) aider les journalistes afghans sur place et (ii) accueillir et installer dans de bonnes conditions ceux qui ont pu fuir. En effet, la MDJ a placé en priorité les journalistes afghans, tout en élargissant son dispositif d’hébergement limité à 14 chambres. “Nous avons besoin de les accueillir. Ils sont utiles à la France et au monde car, sans repères [qu’offrent le journalisme], on ne peut pas comprendre le monde dans lequel on vit”, explique Darline Cothière.

Crédit : Manuela Thonnel /EPJT

Arrivée en France en 2016, Mariam MANA fait partie de ces journalistes afghans ayant fui le pays bien avant la crise actuelle. Accueillie à la Maison des journalistes, elle est aujourd’hui heureuse de son intégration facilitée en grande partie par son passage à la MDJ. “C’est grâce à la MDJ que j’ai pu entrer en contact avec la communauté francophone. Cela m’a beaucoup aidé dans mon intégration en France. Car, il y a deux types d’exil : l’exil physique et l’exil linguistique. Ce dernier est encore plus dur”.

Arrivé en août dernier, Najiba Noori décrit la situation critique dans son pays bien avant la crise. « Avant le 15 août, les assassinats ciblés contre les journalistes ont augmenté, la violence s’est accrue, mais on continuait de travailler. Mais quand les talibans ont défilé devant chez moi, j’ai décidé de partir[1]. » Une décision difficile pour cette journaliste. “Quitter mon pays a été la décision la plus dure de toute ma vie. Tout ce que nous avons construit en tant que femme s’est effondré.” affirme émue Najiba Noori.

A retenir : “​​Il y a beaucoup d’axes d’aide aujourd’hui pour les journalistes afghans. Il faut penser à ceux qui sont arrivés, mais aussi à ceux qui restent. Il faut maintenir la pression sur les chancelleries occidentales et donner des fonds aux organismes qui peuvent aider comme la Maison des journalistes, la Fédération européenne des journalistes ou Reporters sans frontières. Ils ont aussi un besoin de transfert de compétences, d’enseignement ou de matériel.[2]

Lors de deux autres rencontres, cette fois devant des lycéens, les deux journalistes de la MDJ Samad Ait Aicha (Maroc) et Anderson D. Michel (Haïti) sont intervenus dans le cadre des missions de sensibilisation et d’éducation aux médias que mènent la MDJ. Accompagnés d’Albéric De Gouville, président de la MDJ, qui anime ces rencontres, les deux journalistes ont mis en lumière les violations de la liberté de la presse dans leurs pays respectifs en prenant comme exemple leur propre parcours et les raisons qui les ont obligés à fuir et à demander l’asile en France.

Rappelons que la Maison des journalistes effectue cette mission d’éducation aux médias dans des collèges, lycées et centres d’arrêts dans le cadre du programme “Renvoyé spécial”.

Prix Bayeux Calvados-Normandie (29 septembre – 1er octobre)

Accompagnés d’Albéric De Gouville, président de la Maison des journalistes, et de Hicham Mansouri, chargé d’édition de L’Oeil, cinq autres journalistes résidents de la Maison des journalistes ont participé au Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre : le syrien Ahmed Muaddamani, le guinéen  Mamadou Bah et trois journalistes afghans, Asghar Noor Mohammadi, Najiba Noori et Farshad Usyan.

De gauche à droite : les journalistes afghans Najiba Noori, Farshad Usyan et Asghar Noor Mohammadi.

Arrivée le 19 août en France, Najiba Noori a particulièrement attiré l’attention lors de la cérémonie de clôture en témoignant sur la liberté de la presse en Afghanistan et plus particulièrement celle des femmes.

Aux côtés de deux autres jeunes journalistes syriens, anciens résidents de la Maison des journalistes, Ahmed Muaddamani a pris la parole lors de la conférence “Syrie, la guerre est-elle finie ?”. Les témoignages émouvants, issus du vécu de la guerre, des trois journalistes ont recueilli des applaudissements chaleureux du public. “Les femmes, les femmes journalistes notamment, ne peuvent plus travailler ni même sortir dans la rue. Les talibans les privent des plus basiques de leurs droits” a affirmé Najiba Noori devant une audience déjà acquise à la cause.

Ahmed Muaddamani a participé à une seconde conférence, animée cette fois par Albéric de Gouville, avec Mamadou Bah et Hicham Mansouri. 

De gauche à droite : Hicham Mansouri, Ahmad Muaddamani, Mamadou Bah et Albéric De Gouville au prix Bayeux.

Devant des élèves et des enseignants de l’Académie de Normandie, les trois intervenants ont à tour de rôle analysé la situation de la liberté de la presse et d’expression dans leurs pays.

Quatre autres journalistes de la Maison des journalistes sont également intervenus auprès de collégiens et de lycéens : Makaila Nguebla (Tchad), Anderson D. Michel (Haiti), Samad Ait Aicha (Maroc) et Ghys Fortuné (Congo Brazaville).

[1]   https://assises-journalisme.epjt.fr/

[2]  https://assises-journalisme.epjt.fr/

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Camille Laurens et Pascal Bruckner rejoignent l’Académie Goncourt

Comme convenu, les jurés du plus prestigieux prix littéraire du monde francophone, ont accueilli ce mardi 11 février 2020, les deux successeurs de Bernard Pivot et de Virginie Despentes à l’Académie Goncourt.

Les 10 jurés du Goncourt n’étaient plus que 8 après le désistement de 2 de ses membres. Plusieurs candidats étaient en lice dont Yann Moix et Daniel Pennac.

Camille Laurens est élu au sixième couvert de cette institution, en remplacement de Virginie Despentes, quant à l’essayiste Pascal Bruckner, il conquit le premier couvert, qui, il y a quelques mois seulement, appartenait encore à Bernard Pivot.

Une enseignante à Science Po membre du jury Goncourt

Camille LAURENS, pas très connu du commun des mortels, est écrivaine et romancière française, née le 6 novembre 1957 à Dijon. Cette femme de 62 ans fait partie du jury du prix Femina depuis 2007.

Après une traversée de désert qui a duré 12 ans au Maroc, où elle était enseignante, elle revient en France et publie plusieurs romans, dont Tissé par mille (2008) chez Gallimard et Celle que vous croyez (2016), oeuvre adaptée au cinéma.

Elle est, depuis 2011, enseignante à Sciences Po Paris.

11 ans avant, elle gagne simultanément le Femina et le prix Renaudot des lycéens, pour son livre Dans ce bras-là (éditions P.O.L.). Un roman traduit à plus de 25 langues. Un succès planétaire, nous dit-on.

Un philosophe controversé remplace Bernard Pivot

Quant à Pascal Bruckner, il est beaucoup plus connu comme essayiste et philosophe, parfois controversé, que comme romancier.

Agé de 71 ans, il a passé son enfance entre l’Autriche, la Suisse et la France. Lauréat du prix Renaudot en 1997 pour son livre Les voleurs de beauté (éd. Grasset) et, bien d’autres distinctions.

Outre ses activités d’écrivain, il collabore au Nouvel Obs et au journal Le Monde. Il est également éditeur chez Grasset et enseignant à l’université de New York ainsi qu’à Sciences Po.

Militant convaincu, il dénonce, dans un livre qu’il publie en 2017, Un bon fils, le passé antisémite de son père. Il évoque l’extrême violence physique exercée par son père à l’encontre de sa mère et de lui-même.

Il a aussi écrit: Le nouveau Désordre amoureux (1977) avec Alain Finkielkraut au éditions du Seuil,  Le Sanglot de l’homme blanc : Tiers-Monde, culpabilité, haine de soi en 1983, toujours au Seuil.

Chez l’éditeur Grasset, il a publié 3 livres: L’Amour du prochain en 2007, La Maison des anges, et Un an et un jour en 2018.

Interviewé par France Inter, son dernier livre “Une brève éternité – Philosophie de la longévité” est paru chez Grasset en 2019, il répond dans la vidéo ci-dessous aux questions de Lea Salamé et Nicolas Demorand.  

Le jury du prochain Goncourt est officiellement connu

Le jury des Goncourt est désormais au complet, avec 3 femmes et 7 hommes à bord.

A savoir: Françoise CHANDERNAGOR, Paule CONSTANT, Camille LAURENS, Didier DECOIN, Tahar BEN JELLOUN, Patrick RAMBAUD, Philippe CLAUDEL, Eric-Emmanuel SCHMIDT, Pascal BRUCKER et Pierre ASSOULINE.

La prochaine réunion, en présence des deux nouveaux membres aura lieu le mardi 3 mars au restaurant Drouant, siège de l’Académie Goncourt depuis 1914.

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