Zambie-France : Homophobie, une persécution aux divers degrés

[Par John Chitambo Lobe]

Les persécutions contre les homosexuels représentent près des trois-quarts des discriminations sexuelles en Afrique. Selon des chiffres concordants d’organisations non gouvernementales (ONG), plusieurs centaines de lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres sont régulièrement harcelés sur le continent, pour le seul motif de leur orientation sexuelle. À des degrés divers, pouvant aller jusqu’à la mort.

Photo tirée de http://www.osisa.org/

Photo tirée de http://www.osisa.org/

Dans cette ambiance délétère, la Zambie du président Michael Sata élu en 2011 mérite une mention spéciale. Selon l’association LGBT Rights in Zambie, la police de ce pays d’Afrique australe, pas un jour ne se passe sans que la police de ce pays d’Afrique australe interpelle des personnes soupçonnées d’homosexualité. Cette persécution légale s’accompagne d’un rejet social des homosexuels, qui sont considérés par la religion, leurs familles et communautés comme étant des personnes anormales, satanistes ou possédés par des démons. Faire son coming out dans ces conditions revient systématiquement à risquer la prison, l’homosexualité étant considérée comme un crime à la fois contre la loi et contre la nature humaine.
Deux jeunes homosexuels zambiens ont récemment été jetés en prison. Plusieurs autres ont été interpellés par la police et placés en garde à vue par la police. Cette nouvelle salve de la répression qui sévit dans ce pays n’a pas épargné même les activistes des droits de l’homme qui défendaient les droits des homosexuels !

La Zambie est officiellement une nation chrétienne d’après la Constitution de 1996. Plus de 90 % des Zambiens sont chrétiens, catholiques et protestants, pendant qu’une minorité pratique l’Islam et d’autres religions. C’est dans ce contexte d’exaltation religieuse que ce pays d’environ 14 millions d’habitants a acquis la réputation de l’Etat le plus répressif envers les homosexuels dans le monde.
Et même si les responsables religieux, chrétiens et musulmans en l’occurrence rejette chacun sur le culte de l’autre la responsabilité de la dégradation des mœurs, tous s’accordent à placer l’homosexualité en tête des pratiques jugées déviantes.Pour les responsables du culte musulman, les homosexuels sont des chrétiens, parce que leur religion proscrit et punit sévèrement cette pratique. Les chrétiens leur rétorquent, bible en main, que Dieu a interdit l’homosexualité. On est cependant en droit de leur demander que si Dieu, Allah, Jéhovah comme ils le prêchent a créé le monde et tous ce qui y vit comme ils le prêchent, n’est-ce pas lui qui a aussi créé les homosexuels ? Sinon, d’où seraient-ils venus ? Y aurait-il donc un deuxième créateur qui aurait façonné les homosexuels ?

En second lieu, si ces religieux prêchent vraiment l’amour du prochain comme ils le prétendent, les homosexuels ne méritent-ils pas d’être aimés comme nos prochains?
La situation en Zambie est emblématique du sort qui est réservé aux homosexuels dans de nombreux pays africains. Où l’on na même pas besoin d’invoquer la religion pour remettre en cause leur droit d’exister. Au Cameroun où l’homosexualité est punie de cinq ans de prison, Eric Lembembe, un gay militant a été torturé à mort l’année dernière. Son seul crime était d’avoir une orientation sexuelle contraire à une prétendue culture africaine.

Au-delà de l’Afrique et des autres régions du monde où l’on persécute les homosexuels, on pourrait penser que les pays égalitaires, à l’instar des nations européennes, des Etats-Unis ou de l’Afrique du Sud qui protègent leurs droits soient pour eux des havres de paix. Erreur. Même ici, leur situation reste difficile, voire critique, et le chemin à parcourir est encore long, pour qu’ils soient perçus par tous comme des citoyens à part entière. En France par exemple, des homosexuels subissent habituellement des traitements humiliants qui n’ont que peu à envier à ce qui se passe en Zambie.

Dernier exemple en date, la tentative d’intimidation doublée d’humiliation subie le 8 août dernier par un jeune homme homosexuel, dans un bureau de l’association France Terre d’Asile, de la part d’autres réfugiés venus comme lui d’Afrique. Parce qu’il arborait un look féminin, avec chaussure, pantalon, coiffure et boucles d’oreille, marchait en se déhanchant comme une femme, on lui a crié dessus, en lingala, la langue du Congo : « Pédé! Pédé! Pédé! Tu fais la honte de notre culture africaine » « Quelle abomination !» ont poursuivi ceux qui semblaient être des Nigériens. « La honte de l’homme noir ! Si tu étais en Afrique tu serais mort », ont pronostiqué les Ivoiriens! Chacun y est allé de son dialecte : bambara, soninké, etc. Le jeune homme n’a eu d’autres recours que de prendre fuite !
Cet exemple vient s’ajouter aux cas malheureusement trop nombreux des agressions dont sont l’objet les homosexuels en France. Un pays qui est pourtant allé très loin dans la reconnaissance de leur égalité citoyenne, en leur accordant le droit au mariage.

On ne doit donc jamais cesser de marteler que l’homosexualité n’est qu’une orientation sexuelle, qu’elle n’a rien d’anormal ni de diabolique et que parmi les hommes qui ont positivement influencé le monde, figurent de nombreux homosexuels. Les droits de l’homme n’ont pas de nationalité et la mobilisation doit continuer en faveur des homosexuels, quelle que soit leur pays. Dans la rue, par le biais des médias, à l’Onu, ce combat doit continuer. A l’échelle de l’univers. Et dans ce sens, la décision de l’Union européenne d’accorder l’asile politique aux homosexuels persécutés dans leurs pays mérite d’être saluée.