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Pour les dieux du stade, la Terre est un ballon

Reprenons les événements dans l’ordre : par une belle journée de juillet 2018, l’équipe de France de football a donc décroché le titre mondial à Moscou. Elle pensait avoir le choix entre la gloire et le néant. Les hommes en bleu qui la composaient ont bénéficié de la gloire… tout comme moi.

Depuis mon enclos du zoo de Beauval moi, le panda Yuan Meng, ayant été doté de belles oreilles par la Nature (et n’étant donc pas sourd) j’ai entendu les cris d’un peuple en liesse, toute une nuit et un peu plus longtemps encore, jusqu’aux heures qui ont suivi dans un petit matin aux yeux cernés et une journée de fête populaire.

Du zoo au stade de Moscou

La veille, au stade, plusieurs grands de ce monde, à commencer par le président de la République Française, ont rendu un hommage enthousiaste à l’équipe tricolore. Je sais très bien de quoi il s’agit car je l’ai vécu, ce genre de moment intense. Souvenez-vous, le même Emmanuel Macron, accompagné de Madame, est venu jusqu’à mon zoo il y a quelques mois pour me fêter aussi, de manière quasi identique. Ce fut mon moment de gloire, celui où l’on a cru, un instant, que l’exil était hissé, à travers moi, au rang de statut digne de tous les honneurs.

Made in Olympe

Ce sont des héros, je suis un héros. Les dieux de l’Olympe se sont penchés sur leur sort, les mêmes qui m’avaient pris également sous leur protection l’année dernière… De ce fait, vous allez me demander : «Mais pourquoi ????» Parce que dans leur fabrique de héros, les dieux n’accordent leur label «Made in Olympe» qu’aux vainqueurs en puissance… alors…

Les dieux ont toujours le dernier mot

Et – autre question – pourquoi évoquer brusquement, ici, les dieux antiques de l’Olympe, hein ? «Ce titre mondial dont tu nous causes n’a rien à voir avec d’autres jeux… les Jeux Olympiques» me direz-vous ? Je vous répondrai d’un mot et du tac au tac – «Si» – et j’explique, bande de mécréants : grâce aux dieux (et aux déesses, bien sûr) vous voici mis solennellement en présence des deux seuls passages extratemporels qui s’ouvrent aux peuples avides de marier le songe à la réalité, le rêve aux journées de plomb de la vie quotidienne… Ces deux passages permettant la connivence de l’émotion et des enjeux qui gouvernent au destin de notre société. Les dieux ne l’ignorent point – eux qui ont toujours le dernier mot – et l’ont fait savoir aux dirigeants de la Planète… lesquels ne manquent d’ailleurs pas de les consulter régulièrement, le saviez-vous ?

Le téléphone des dieux

A coup sûr, être un leader c’est avoir les «06» des dieux dans son portable. Être un dieu c’est jouer avec les vanités du monde et ses espoirs, s’en amuser et s’en émouvoir. Être un héros c’est devenir un demi-dieu et, mécaniquement, un dieu du stade à part entière, c’est poser enfin un pied sportif au sommet de l’Olympe, sur le toit du monde… C’est donner aux mortels l’accès à un paradis artificiel (et néanmoins officiel) mais très exceptionnellement, en lui interdisant d’y prendre ses quartiers. N’est pas dieu qui veut, n’est pas leader qui veut, n’est pas héros qui veut.

Alors, puisqu’il ne nous reste que cela à nous, les simples mortels, en toute connaissance de cause prenons notre part de cette joie fugace, de cette jouissance passagère vers laquelle on nous transporte à coups de pieds habiles et de crampons : pour les dieux du stade, la Terre n’est qu’un ballon rond dont ils jouent et se jouent.

Alors, laissez-vous porter en laissant votre lucidité au vestiaire… avant de revenir parmi nous. Rien n’est vain de ce qui existe, pas même l’illusion, notre moteur, notre ultime soupape. C’est là notre anti-douleur le plus efficace, paraît-il. Je crois même (sauf erreur) qu’il est remboursé par la Sécurité Sociale, nom d’un bambou !

Crédit : Sylvie Howlett

Yuan Meng

(Traduction de Denis PERRIN)

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