Guinée : malgré la grève et plusieurs morts, le Président s’octroie par décret un 3ème mandat présidentiel

Exclu des rangs du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG), Oumar Tounkara a conclu un accord avec l’État guinéen dans la nuit de mardi à mercredi 29 janvier. Ce protocole d’accord signé vise à améliorer les conditions de vie et de travail du personnel enseignant. En parallèle à cette grève, le président Alpha Condé a changé la Constitution par décrèt pour exercer un troisième mandat. 

En Guinée Conakry, les salaires de certains enseignants grévistes restent gelés. 

La grève de l’Éducation Nationale prend des proportions inattendues

Dans ce jeu de ping-pong, il reste à savoir si les enseignants grévistes vont se solidariser avec le principal syndicat, le SLECG et donc continuer la grève ou bien se ranger du côté d’Oumar Tounkara.

Le secrétaire général du syndicat enseignant, monsieur Soumah, a lancé un appel à continuer la gréve car il s’oppose aux accords signés entre Oumar Tounkara et le gouvernement.

GuinéeNews a interviewé Oumar Tounkara pour comprendre pourquoi il brisait la grève et en quoi le gouvernement lui a donné satisfaction. 

Pour savoir de quoi cet accord est fait, Guinéenews a joint Oumar Tounkara, le deuxième Secrétaire général adjoint «exclu» du SLECG (aile Aboubacar Soumah), qui précise: «Il s’agit d’une indemnité d’incitation. L’argent généré par le recensement du personnel enseignant était 14 milliards de francs guinéens (1 million et demi d’euros). Le gouvernement a mis la main à la proche pour ajouter 6 milliards. C’est ce montant qui a été réparti entre les enseignants comme prime d’incitation. Les enseignants de Conakry ont eu 450.000fg comme prime d’incitation alors que ceux des capitales des régions administratives auront 600.000fg.

Pour les enseignants des préfectures, ils ont eu 750.000fg (72 euros) comme prime d’incitation pendant que les enseignants des sous-préfectures ont été bonifiés à hauteur d’un million de nos francs.

Dans les districts et villages, nos camarades enseignants auront 1.300.000 fg (125 euros) comme prime d’incitation

Interrogé sur son état d’âme et sa représentativité à cette signature, Oumar Tounkara répond par cette déclaration:«L’être humain n’est jamais satisfait du point de vue de l’amélioration des conditions de vie et de travail mais, nous saluons l’effort du gouvernement. Je représentais dans la salle de signature du protocole, le Syndicat Libre des Enseignants Chercheurs de Guinée (SLECG) version Aboubacar Soumah.»

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Certains enseignants balayent d’un revers de main l’accord et décident de continuer la gréve.

La région de Mamou est en grève

Toute la Guinée n’est pas en grève. Mais à Pita dans la région administrative de Mamou, la gréve continue.

Une enseignante, sous l’anonymat,  nous a laissé entendre par téléphone, que les directeurs d’écoles, le préfet de Pita et les DPE  (Direction Préfectorale de l’Éducation) leur intimidaient l’ordre de reprendre les cours.

Ils ont bloqué les salaires des certains collègues, nous somme solidaires, donc s’ils ne payent pas nos collègues  d‘ici le 5 février nous mènerons des actions. Nous allons cadenassé la direction préfectorale de l’éducation (DPE).”

À Mamou, la gréve n’est pas totalement suivie car selon madame Binta, enseignante à Mamou centre, la politique à pris le dessus. Elle accuse certains responsables de l’éducation d’être au solde du parti au pouvoir.

“Mon collègue Ismael Camara à été emprisonné quelques jours avant d’être libéré. On lui reproche d’appartenir au FNDC et son salaire a été gélé.”

Plusieurs morts suite à la grève, un troisième mandat présidentiel illégal, le pays est en proie au chaos

Ce mardi 28 janvier 2020, le Front National pour la défense de la Constitution appelle à poursuivre la résistance active contre un éventuel 3ème mandat pour le Président Alpha Condé.

Comme les précédentes journées, celle d’aujourd’hui connait déjá des violences.

Selon nos informations, un jeune de 19 ans a été tué par balle ce matin dans le quartier Cosa, commune de Ratoma. La victime est Mamadou Moussa Bah, forgeron. Selon les images diffusées sur Twitter, il a été éventré.

https://twitter.com/bournombo/status/1222090445892857856

Les témoins incréminent les forces de l’ordre.

Depuis le début de la lutte du FNDC au moins 30 personnes ont été tuées dans des manifestations politiques.

Des morts et une répression qui continue

La journée du 29 janvier marquée par une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux.

Dans la vidéo on voit une femme prise comme bouclier par les forces de securités qui demandent aux jeunes manifestants de venir négocier la liberation de la pauvre maman.

Entre temps, les affrontement entre jet de pierres contre gaz lacrymogènes régnaient entre manifestants et police. Un policier tient la dame par ses cotes et la traîne par terre sur plusieurs mètres.

https://twitter.com/ndirediallo/status/1222670017340329984

Il y a aussi des actions improvisées comme ce blocage d’autoroute qui en rappelle d’autres.

https://twitter.com/sbskalan/status/1224282972368572418

Le Président Alpha Condé aura bien son troisième mandat présidentiel

Dans ce chaos social et politique, le Président Alpha Condé signe son propre décret. Celui qui l’autorise à exercer un troisième mandat présidentielle.

Dans un premier temps, un commissaire de la Commission  Électorale Nationale Indépendante (CENI) avait confirmé la faisabilité technique. Ce conseiller affirme même que ce couplage est rentable économiquement pour la CENI.

C’est donc tout naturellement que ce 5 février 2020, le Président a confirmé cette ratification, par Twitter.

https://twitter.com/President_GN/status/1224798648585932801

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