Ahoua Don Mélo : « À quoi ont servi les 25 milles milliards de Francs CFA ? »

CÔTE D’IVOIRE – En mission à Paris pour le compte du PPA-CI depuis le début du mois de mars, le vice-président de l’internationale des BRICS n’a pas manqué de tirer à boulet rouge sur l’endettement astronomique de l’État ivoirien depuis 2011, année d’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, actuel président de la République.

Après dix années d’exil, c’est l’histoire d’un retour sur sa terre natale. Celui de Ahoua Don Mélo, ancien ministre de l’infrastructure et de l’assainissement et ancien porte-parole du gouvernement pendant les derniers mois du règne du président Laurent Gbagbo, il est aujourd’hui membre exécutif du Parti des peuples d’Afrique section Cote d’Ivoire (PPA-CI), parti du même Laurent Gbagbo, nouvellement créé pour donner un nouveau souffle à la scène politique ivoirienne, après l’éclatement du Front populaire ivoirien (FPI), son ancien parti politique.

Ancien ministre de l’infrastructure et de l’assainissement et ancien porte-parole du gouvernement pendant les derniers mois du règne du président Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mélo, après dix années d’exil, de retour sur sa terre natale, est aujourd’hui membre exécutif du Parti des peuples d’Afrique section Cote d’Ivoire (PPA-CI), parti de Laurent Gbagbo, nouvellement crée pour donner un nouveau souffle à la scène politique ivoirienne, après l’éclatement du Front populaire ivoirien (FPI), son ancien parti politique.

Une scène politique ivoirienne, faut-il le rappeler ici, qui est pris par l’étau d’une dictature farouche, savamment installée par le président Ouattara en poste, où règnent désormais corruption, pistonnage, parrainage, cooptation, détournement de deniers publics, népotisme, despotisme et clanisme à en croire le nombre vertigineux de prisonniers politiques, d’exilés, sans y inclure le nombre d’assassinats non élucidé ou encore de meurtres mystérieux.

Un endettement contradictoire aux dépenses publiques

Ahoua Don Mélo s’appuie sur la déclaration de l’actuel ministre ivoirien des infrastructures. En effet, ce dernier reconnaît lui-même que seuls 3 milles milliards de francs CFA soitenviron 457 milliards d’euros ou encore 15 % de la dette ont servi à la construction de quelques routes et de quelques ponts seulement. Le reste de cette pharaonique somme d’argent empruntée aux bailleurs de fonds internationaux est introuvable.

C’est ce qui a d’ailleurs poussé cet ancien porte-parole du gouvernement ivoirien à taxer un tel investissement de mauvais : « Lorsque vous empruntez de l’argent et que celui-ci ne permet pas de rembourser la dette contractée, cela signifie que vous avez fait un mauvais investissement. Et en Côte d’Ivoire, on peut parler de mauvais investissement. », a-t-il déclaré devant une jeunesse ivoirienne qui n’a pas manqué de montrer sa déception à en croire les cris ahurissants qui ont inondé la salle où s’est tenue cette conférence.

Mais n’allons pas croire qu’une telle critique fustige toute idée d’emprunt. Tout au contraire, Ahoua Don Mélo est allé plus loin en expliquant qu’« aucun peuple ne peut se développer sans dette. Cela est certain. Mais la meilleure dette c’est celle qui permet de générer des revenus pour rembourser cette dette-là. ». Une leçon d’économie qui lui a valu les applaudissements de la salle.

Un endettement vicieux

Dans sa critique, l’homme de main de Laurent Gbagbo a aussi souligné un point très important. Un point qui a paru comme rocambolesque à son auditoire. Il a en effet expliqué que cet endettement a aussi plongé le pays dans un cercle vicieux. Pour autant que les investissements n’ont pas pu générer des revenus qui devaient aider à rembourser la dette, l’État est donc dorénavant obligé d’emprunter encore pour rembourser sa dette et ainsi de suite. Une quadrature de cercle qui n’est pas du tout facile à briser pour le gouvernement qui n’a plus d’autre solution.

D’après monsieur Soumaïla Bredoumy, porte-parole du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), lors de sa conférence de presse à Abidjan, il y a de cela deux semaines, cette situation a contraint le Fonds Monétaire International (FMI) à mettre le pays sous ajustement structurel. Ce dernier n’a pas manqué de faire le ratio entre le nombre de citoyens et la somme d’argent à rembourser par chacun d’entre eux : « Une telle situation laisse planer sur la tête de chaque citoyen une dette d’un million de francs CFA soit près de 1600 € à rembourser », a-t-il affirmé.

Les dérives d’un État totalitaire

Si la situation économique du pays est désastreuse, cela est dû à la forme politique de l’État. La démocratie, sensée encouragée l’initiative privée et l’échange d’opinions pour faire avancer une nation, est désormais, en Côte d’Ivoire, une simple vue de l’esprit.

Tous les pouvoirs sont concentrés entre les mains d’un seul groupe d’individus souvent incompétents et qui ne manquent pas de traquer partout ceux qui veulent bien faire avancer les choses, ainsi pense Ahoua Don Mélo : « Il n’y a pas de débat démocratique. Tout le combat mené par le FPI durant de longues années pour la démocratisation du pays a été vain. Les libertés démocratiques, on connaît leur sort. La justice sociale, on connaît son sort. Et nous sommes arrivés vraiment au stade inférieur de la démocratie et au stade le plus caricatural de la démocratie. Nous sommes dans un gouvernement du RHDP (le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix), par le RHDP et pour le RHDP à l’exclusion de tous les autres citoyens. ».

Grégoire Blaise Essono