FRANCE – AFRIQUE : LA VALEUR DE LA PAROLE DONNEE

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France.

En quatre jours, du 1er au 4 mars, le président français, Emmanuel Macron a visité le Gabon, l’Angola ; le Congo et la République démocratique du Congo. Véritable marathon en Afrique centrale, où il devait, principalement, tâter le pouls sur son esquisse concernant la « nouvelle politique africaine » de la France. Il l’a exposée quelques jours auparavant, à l’Elysée avant sa tournée.

En général, pour l’opinion de l’Africain qui l’a écouté avec attention il n’y a rien de neuf à retenir : c’est la même rengaine, faite des déclarations d’intention. Depuis le discours de politique africaine fort élaboré, fait par le président Mitterrand en 1990, à Marcoussis, à ceux de l’actuel dirigeant Macron, en passant par le narratif insultant du président Sarkozy, jamais l’acte n’a suivi la parole.

Qu’est-ce qui n’a pas été dit par les successeurs du général de Gaulle, au sujet de la « Françafrique », ce système sans statut juridique, à la tête des relations France-Afrique ? Un système décrié par les Africains. Comme réponse, une riche palette des monts et merveilles sans lendemain. Jusqu’à l’entrée en scène du nouveau président Emmanuel Macron, en 2017. Au cours de la même année, il tient son « célèbre » discours à l’université de Ouagadougou, dans lequel il promet la rupture avec « l’ancienne modèle ». Sur un ton martial. Sans effet.

A ce sujet, le quotidien français Le Figaro s’amuse à poser la question de savoir si ce énième voyage présidentiel marquera-t-il « la fin de la logique prédatrice » ? Le président Macron avait déjà répondu à cette question quand, dans son discours à l’Elysée, il avait témoigné d’un aveu d’impuissance : « Il nous faut être lucides, nous ne sommes aujourd’hui qu’au milieu du gué. C’est une situation très inconfortable ». C’est tout dire.

Pourtant, le discours de Ouagadougou avait quelque chose de particulier : il avait été dit par un président jeune. Le plus jeune de tous les président de la Ve République. De ce fait, un vrai rayon d’espoir avait traversé le continent – très jeune, lui, aussi -, dominé par 60 % des 20-45 ans. Ce sentiment, visiblement, s’était traduit sur les visages de cette tranche d’âge, qui pensait « jeune dirigeant français pour jeunes africains ».

Sept ans d’exercice après, où en est-on, avec la promesse du deus ex machina français ? La Françafrique est toujours là, droit dans ses bottes, puisqu’il s’agit d’un système dans lequel se brassent plusieurs centaines de millions d’euros d’intérêts français. C’est l’épine.

A partir de là, la vrai problématique émerge : ce qui divise la France et l’Afrique, c’est globalement le fait de la parole non tenue. Or, la promesse a valeur de serment. Si le serment est brisé -, et c’est le cas en l’état -, la confiance s’étiole ou s’envole totalement, selon les circonstances.

Ce qu’avec le président Macron, s’est évanoui ce qui restait du capital de confiance envers les dirigeants français. D’où l’explication, en partie, du rejet de la France en Afrique de l’Ouest. Les coups d’Etat qui y ont lieu ne sont pas loin de cette approche. Les jeunes officiers putschistes, qui prennent langue avec Moscou, pensent plus à d’autres horizons qu’à l’Occident. A bien voir les choses, les populations y adhèrent massivement. Le risque de contagion n’est pas à écarter. Il y a des signes évident en Afrique centrale : les drapelets russes y sont de plus en plus visibles.

Ainsi, le soldat Macron est-il parvenu à « convaincre » l’Afrique, fâchée, à tourner casaque ? Pas sûr.

Jean-Jules Lema Landu

EXCLUSIF. La fin de la guerre au Tigré annonce-t-elle le retour de la liberté de la presse ?

Après deux ans de lutte acharnée entre le gouvernement d’Abiy Ahmed et le Front de libération du Tigré (TPLF), le conflit semble être arrivé à son terme. Le nombre exact de victimes ainsi que le déroulé précis des événements restent cependant à déterminer, la région du Tigré étant fermée aux journalistes depuis 2021. Avec la paix, le retour de la presse est-il désormais envisageable dans la région ?

La MDJ a eu l’opportunité de contacter des journalistes et des défenseurs des médias basés en Éthiopie pour s’enquérir de la situation. Si les violences au Tigré ont fini par s’interrompre, les régions voisines d’Afar et Amhara sont le nouveau théâtre de la cruauté humaine. Des massacres sont par ailleurs toujours signalés dans la région meurtrie par la guerre, la population craignant que celle-ci ne connaisse qu’une courte trêve.

Des dizaines de milliers de morts en deux ans

Le conflit débute en novembre 2020, quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed tente d’organiser des élections dans la région du Tigré au nord du pays, dont une partie des habitants réclament l’indépendance. Les autorités régionales défient le pouvoir depuis plusieurs mois déjà et le Premier ministre Ahmed ne compte plus se taire. Accusant le TPLF d’avoir attaqué des bases militaires, le Premier ministre envoie alors l’armée au Tigré. Mais les rebelles armés ne laisseront pas les militaires atteindre la capitale régionale Mekele, les repoussant dès le premier jour.

Les rebelles du TPLF ont ensuite gagné tout le Tigré pour le « libérer » du gouvernement d’Abiy Ahmed. De nombreux témoignages dénoncent des centaines d’exactions commises par l’armée et les rebelles, provoquant la mort de dizaines de milliers de personnes, impliquant des milliers de viols et poussant deux millions de Tigréens à l’exil. La famine menace depuis des mois les 13 millions de Tigréens traumatisés par la guerre, tandis que les destructions d’infrastructures conduisent à de graves problèmes d’alimentation en eau pour de nombreuses villes. 

La situation est telle que Médecins Sans Frontières annonce en juillet 2021 stopper ses activités dans la région, à la suite de la mort de trois membres de son personnel le 24 juin. Des centaines d’abus sexuels auraient également traumatisé la population, commis autant par les rebelles indépendantistes que le gouvernement d’Abiy Ahmed, sans pour autant qu’une quelconque couverture médiatique soit assurée. Car si la liberté de la presse était déjà restreinte, les journalistes éthiopiens et étrangers localisés au Tigré sont expulsés à partir de novembre 2021, soit un an depuis le début de la guerre. 

Malgré la paix, la presse toujours muselée

Le gouvernement d’Abiy Ahmed a interdit la couverture des opérations militaires au Tigré, Afar et Amhara et a emprisonné les journalistes durant leur reportage, selon des ONG et plusieurs reporters. Nous avons pu contacter la branche africaine du Comité de Protection des Journalistes, une ONG internationale, qui nous a indiqué « qu’il n’y a aucune assurance sur un retour sécurisé des journalistes au Tigré ou de l’ouverture de possibles enquêtes sur les crimes qu’ils auraient subi. » Ils nous ont également informés de la libération de trois journalistes de la chaîne Tigray TV, « mais deux autres sont toujours en détention », selon Mythoki Mumo, responsable de la branche sub-saharienne du CPJ.

Le traité de paix entre l’autorité fédérale éthiopienne et les rebelles tigréens a été signé le 2 novembre 2022, officialisant le désarmement du TPLF. Les autorités fédérales travaillent désormais au rétablissement du courant électrique, à l’acheminement de l’aide humanitaire dans les zones en proie à la famine, et à la récupération des armes lourdes utilisées par le TPLF. L’armée fédérale et les forces étrangères (Erythrée) sont également invitées à se retirer du pays dans le cadre de l’accord de paix.

Un retour apparent à la normale, car de nombreuses interrogations demeurent en suspens sans le travail des acteurs des médias. Certains hommes et femmes ont néanmoins tenté d’apporter quelques informations aux Éthiopiens et à la communauté internationale.

Parmi ces lanceurs d’alerte, Solomon Weldegerima et Isaac Welday, deux journalistes d’investigation qui ont révélé les noms des prisonniers au grand public, bien que les services de communication au Tigré ne soient que partiellement rétablis. 

Solomon Weldegerima est un journaliste tigréen qui travaillait dans un média régional avant la guerre. Il a fui sa maison lors des assauts répétés non loin de son domicile, étant une cible privilégiée en tant que journaliste. Pour lui, ses collègues et lui-même auront bientôt à nouveau accès au Tigré, dans les zones contrôlées par le gouvernement fédéral et les forces internationales. « Par contre, ils n’accèderont pas aux zones sous le joug du TPLF. » Solomon explique « se battre pour la vérité » et n’avoir peur d’aucun des belligérants. Pour lui, « la paix ne pourra revenir au Tigré tant que le TPLF », qu’il n’hésite pas à qualifier de « groupe terroriste », restera au pouvoir. 

Solomon Weldegerima en pleine conférence.

Solomon ne vit plus au Tigré depuis deux ans, mais à la frontière de la région où il est parvenu durant cette période à obtenir des informations sur la guerre depuis l’intérieur. Le reporter n’a qu’un seul but : montrer les atrocités commises tant par l’armée et le TPLF, ainsi que de combattre la « propagande » des rebelles dans la région. Sa dernière excursion, dont il ne tient pas à communiquer la date exacte, a duré deux jours. Il obtient ses informations de la part de locaux ayant encore une connexion internet, bien que très faible, « principalement de travailleurs pour des ONG ou d’associations humanitaires. J’inclus des personnes soutenant l’action gouvernementale et ceux considérant que le TPLF est à l’origine de la guerre. Quelques combattants anti-TPLF m’ont également parlé. Nombre d’entre eux n’ont pu échanger avec moi qu’avec le rétablissement des services de communication du gouvernement. »

Pas un mot sur les exactions de l’armée du Premier ministre Abiy Ahmed, qui selon de nombreux observateurs extérieurs aurait participé à des raids meurtriers et des campagnes de viols de masse, ainsi que bloqué l’acheminement de l’aide humanitaire. « Le TPLF a été le premier en déclarant la guerre lors d’une attaque-éclair fomentée par le leader Seque Turea. Ils doivent être tenus entièrement responsables de la guerre. Des exactions ont cependant été commises par les deux camps, et tous les individus y ayant participé doivent être arrêtés et jugés. »

« Je ne pouvais pas me déplacer librement, j’étais terrorisé par les rebelles. Ils menacent quiconque ne supportant pas leur version des faits et les considèrent comme des ennemis du Tigré à abattre. » 

Il raconte avoir subi du chantage de la part du TPLF du fait de son statut de journaliste, comprenant la fuite de ses informations personnelles. Cela ne l’arrête pas pour autant : « un proverbe éthiopien dit : hilmi ferihka leydekeska aytihedry, tu ne peux pas dormir sans être effrayé par un rêve. Le mien est d’exposer la vérité. Je sais que le TPLF est dangereux, mais tant que je me bats pour mon peuple, le risque en vaut la peine. »

Le journaliste affirme que quelques journalistes « gouvernementaux et indépendants » pourront bientôt avoir le droit de se rendre à nouveau au Tigré, « notamment dans les régions sous le contrôle de l’ENDF, l’armée éthiopienne : Welkayt, Shre, Adwa, Aksum, Raya demeurent accessibles. »

Il confirme également « les atrocités commises par les rebelles : les viols de masse, les vols et les destructions » sont monnaie courante depuis deux ans au Tigré, « mais également dans les régions voisines d’Afar et Amhara. »

La propagande, ennemi numéro un de la presse

Solomon le répète à plusieurs reprises lors de notre entretien, la propagande intense du TPLF nuit à la compréhension des événements au sein-même de la région, divisant d’autant plus la population. Depuis deux ans, « je lutte contre les rebelles à travers le debunkage de fake news, afin de permettre à mon peuple et à la communauté internationale de faire la pleine lumière sur la guerre. Nous devons réaliser la gravité du danger que représente le TPLF. » Il espère pouvoir bientôt pouvoir retourner librement chez lui. Il a par ailleurs décidé de lancer son média afin de diffuser ses propres informations.

Isaac Welday, autre journaliste indépendant, avait rapporté aux médias l’arrestation de cinq journalistes tigréens en mai et juillet 2022 par les autorités fédérales pour avoir couvert les événements dans la région. Il nous confie avoir travaillé pour le gouvernement d’intérim, peu avant le début de la guerre. 

Il a par la suite quitté son travail pour se consacrer entièrement à sa vocation de journaliste. « Je veux rétablir la vérité, je ne suis dans le camp de personne », assure-t-il au téléphone. « A trois reprises, j’ai été arrêté par le gouvernement fédéral et placé en garde-à-vue. » Pour lui, les rebelles comme le gouvernement « sont des tortionnaires. Ils sont anti-journalistes et contre tous les acteurs de la paix », civils ou non. 

Pour le directeur du bureau Afrique de Reporters sans frontières Sadibou Marong, le discours n’est pas aussi tranché. « L’accord de paix est un bon signe pour l’avenir, notamment pour une meilleure circulation des informations et des journalistes dans le pays. Mais il y a toujours la crainte des représailles, nombre de journalistes préfèrent rester en sécurité à l’étranger. Il appartient aux autorités de travailler sur leur retour et leur donner des garanties. » Le plus grand problème réside selon lui « dans le contrôle du narratif de la guerre, c’est-à-dire la propagande et la désinformation sur les réseaux sociaux qui ont été repris par les médias. »

L’ONG lutte depuis le début de la guerre contre cette propagande, « que l’on retrouve autant au sein du TPLF et du gouvernement fédéral. Les autorités parlaient d’opération de sécurisation mais c’était véritablement une guerre » à dénoncer. « Le TPLF et le pouvoir central sont coupables d’exactions et des détentions arbitraires. Dès lors que la guerre a éclaté nous avons assisté à des assassinats et détentions de journalistes. Certains étaient accusés de faire la promotion du terrorisme et étaient condamnés à la peine de mort. D’autres étaient persécutés par les autorités fédérales et ont dû s’exiler à l’étranger ou demander une assistance. »

La paix est signée entre les parties depuis de 2 novembre 2022 seulement, soulignant sa fragilité. Malgré les violences qui perdurent dans les régions voisines d’Afar et Amhara, les Unions africaine et européenne tentent d’entériner l’accord de paix, à l’instar de la cheffe de la diplomatie étrangère Catherine Colonna les 12 et 13 janvier. Elle était accompagnée de son homologue Annalena Baerbock et du président de la Commission africaine, Moussa Faki. Le bilan total des victimes demeure inconnu, du fait de la faible documentation malgré l’effort des quelques journalistes restés sur place. Le rapatriement des exilés, le comptage et traitement judiciaire des crimes commis durant ces deux années, l’avenir du TPLF et du Tigré restent des problématiques sans solutions, que les multiples parties doivent encore discuter.

Crédits photo : Solomon Weldegerima, Unsplash.

Maud Baheng Daizey

Guerre en Ukraine : l’Afrique prise en étau entre l’Occident et Moscou ?

Par Jean-Jules Lema Landu

Manifestation en soutien à l’Ukraine, Paris, France. © Cédric VT on Unsplash 

” La guerre en Ukraine place l’Afrique dans une position inconfortable.”

Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France

Il y a, d’abord, les anciens pays d’Europe occidentale. Après la séquence historique de colonisation, ils sont restés liés à leurs anciennes colonies. Y avait-il moyen de faire autrement, pour les Africains, que d’accepter cette relation « naturelle », sur fond de rapports de force largement déséquilibrés ? Ainsi, les deux parties, bon an, mal an, devaient-ils coopérer dans quasi tous les domaines, à ce jour. Et ce, depuis 1960, années des indépendances. Il y a donc de cela plus de six décennies avant que la machine se grippe. Le continent réclame justice, l’Europe promet de modifier le tir. On en est là.

Quant aux deux autres dimensions, il y a celle dans laquelle les relations entre l’Afrique et la Russie sont également liées par l’Histoire. Mais sur l’autre versant, comme par osmose, où Moscou parlait « libération », alors que l’Europe colonialiste, se cabrant, durcissait sa position pour ne pas lâcher-prise. Il s’en suivit une bonne saison de guerres de libération. L’Union soviétique, à l’époque, fut aux côtés des Africains, à travers l’Algérie, l’Afrique du Sud et l’Angola, notamment. Sa part dans le domaine de la coopération militaire, surtout, fut des plus appréciables. Elle permit également à plusieurs Africains de fréquenter ses universités et, qui plus est, construit l’université Lumumba, en mémoire du héros de la lutte de libération. Ce n’est pas rien, en termes de symbole. Et, enfin, la mondialisation, cette réalité qui met le monde en synergie, interconnecté. Où s’exprime un véritable effet papillon, image d’un « village planétaire », cher à McLuhan.

Pour qui opter ?

A cet égard, globalement, la guerre en Ukraine place l’Afrique dans une position inconfortable. Pour qui opter ? Il y a là à boire et à manger. La coopération avec l’Europe n’a pas été que négative sur toute la ligne. Les nouveaux venus, la Chine en première ligne, suivie de la Russie et des autres pays dits émergents, n’a rien d’ange tutélaire. La notion de mondialisation ? Elle ne profite qu’aux pays riches. Le vote à l’ l’Onu sur l’Ukraine, le 2 mars, a donné la mesure sur la considération des pays africains, par rapport aux « blocs économiques » qui dirigent le monde. La tendance a traduit une « neutralité » sensible quand sur 154 pays, un seul a voté pour la Russie ; 28 ayant été contre et le reste s’étant abstenu.

En réalité, c’est une des indications que les Africains se réveillent, en ouvrant un œil… responsable. C’est positif. Nombre d’observateurs rapprochent cette image et celle de l’après-Conférence de Bandung (Indonésie), en 1954, ayant prescrit la politique de « non alignement » pour les pays Africains, vis-à-vis des blocs communiste et occidental. A l’époque. A quelque chose, malheur est bon, dit-on. La guerre en Ukraine a permis au continent de se rappeler au bon souvenir des « fondamentaux », préconisés par les pères des indépendances.

Image drapeau ukrainien flottant, © Noah Eleazaron on Unsplash

RD CONGO : LA FEMME, LE SEXE ET LE PRÉSIDENT

Le titre est-il outré ? Rien de scandaleux quand on sait que la plupart des présidents au monde sont des « sex-symbols ». Quand on compare « L’Affaire Denise/Gisèle », les deux femmes du président Tshisekedi entrées en guerre, à d’autres aventures amoureuses que cachent des palais présidentiels, celle-ci n’a rien de plus piquant, en particulier. Ni rien de plus grave, en général.

Le scandale, qui a certainement couvé depuis longtemps auparavant, a éclaté mardi 21, accompagné par des scènes de violence spectaculaires. Depuis, il n’a cessé d’enfler en spéculation. Avec des commentaires à la pelle.

On parle souvent de la « sacralité » de la fonction de chef d’Etat. On n’y voit, souvent, que le haut échelon social auquel ce dernier est parvenu, alors qu’il s’y cache également un petit mystère. En fait, à ce stade de la situation, il semble que tous les chefs d’Etat deviennent beaux, forts, riches, etc. Mais ce qui est pour le moins étrange, ce que les intéressés eux-mêmes se considèrent comme tels.  Sujet d’exploration pour la psychologie.

Quand on se sent beau, fort et riche… et que toutes les femmes vous couvent d’un regard des plus attendrissants, le « sex-symbol » en soi se construit petit à petit, et la tripotée de scandales s’installe très vite. Est-ce le cas du président congolais ?

“Les deux femmes sont belles”

En cela, le cas d’Hitler, le dictateur allemand, est emblématique. Cet homme moustachu, en trois ans de pouvoir, avait reçu 12 000 lettres d’amour, provenant de femmes allemandes de toutes les conditions. Une lettre de l’une d’elles concluait : « Je ne peux plus aimer d’autres personnes plus que vous. Ecrivez-mois s’il vous plaît. » (Femmes de dictateur, édition Perrin 2011).

Pour en revenir au président congolais, sachez que Gisèle est la mère de ses deux enfants. Elle est belge à travers naturalisation, donc, congolaise par essence. A voir son visage sur photo, elle est belle. La Première dame, Denise, ne l’est pas moins. Donc, toutes les deux femmes sont belles. Y a-t-il une troisième et quatrième cachées ? Va savoir.

Quid ? On en est à une longue liste de questions, sans réponse. Dont celle principale : « Gisèle commençait-elle à avoir plus d’emprise sur le cœur du mari-polygame, au point d’effaroucher l’autre camp ? » En tout cas, le feu de la colère avec lequel Denise s’est fondu sur sa rivale reste inexplicable. Malmenée par la police en civil, accompagnée par ses deux enfants, Gisèle a été fort humiliée, avant d’être expulsée manu militari du pays. Motif : validité du passeport expirée.

Pour tout dire, on sent qu’il y a eu un sérieux télescopage entre les deux femmes, pour chercher à posséder le cœur de leur homme devenu « sex-symbol », par la force des choses. Et, à partir de là, bénéficier du « ruissellement » de la richesse qu’il engrange.

Sous l’ombre du baobab

Quant à notre constat, celui-ci est simple : une affaire privée, qui a pris à outrance le caractère public. Si la plupart des présidents sont des « sex-symbols » et que leurs aventures, par mégarde, ont atteint le degré à faire jaser, il faut avouer que « L’Affaire Denise/Gisèle » a eu le tort d’avoir donné en spectacle ce qui devait être réglé autrement. En douce, sur le mode de la palabre africaine, sous l’ombre réconciliatrice du baobab.  L’Afrique ne manque pas d’énergie langagière.

N’empêche. Les condamnations continuent de se multiplier. Les unes accusant la Première dame. D’autres pointant du doigt Gisèle. Une troisième catégorie fustigeant la « Maison civile » – chargée des affaires privées du président -, et surtout, le prince charmant en personne, en l’occurrence le président de la République. Qui a raison, qui a tort ?  Secret d’alcôve !

Pendant ce temps – et c’est là le drame -, les réseaux sociaux n’en démordent pas. Leur imagination sarcastique va jusqu’à vouloir embarquer faussement l’hebdomadaire « Jeune Afrique » dans cette « scène de ménage » burlesque, en vue de corser la sauce toxique, préparée malheureusement dans la propre cuisine du président.

Jean-Jules LEMA LANDU

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

D’autres articles 

ALGÉRIE. Djamel Bensmaïl ou le Alain de Monéys algérien

Au XIXe, un village de France a connu un événement similaire à celui que vient de secouer la localité kabyle de Larbâa Nath Irathen en Algérie. A 150 ans d’intervalle, Alain De Monéys et Djamel Bensmail ont en commun d’avoir été lynchés à mort par des foules. Et d’être innocents. Mise en perspective.

En cette journée du 16 août 1870, beaucoup de monde est venu assister à la foire annuelle aux bestiaux du paisible village de Hautefaye en Dordogne. L’atmosphère chaude et lourde pèse sur les esprits. Un mois plus tôt la France avait déclaré la guerre à la Prusse, ce qui lui avait valu des pertes humaines non négligeables.  Alors que la foule grouillait dans la foire comme une fourmilière, soudain un cri se fit entendre : « Attrapez-le, c’est un Prussien ! » Le doigt accusateur pointe le jeune Alain de Monéys, noble et grand propriétaire terrien, venu comme tout le monde faire son marché. Le jeune homme proteste et affronte les insultes. Mais, très rapidement, les premiers coups pleuvent. Les chroniqueurs rapportent en détail comment le persécuté tombe à terre avant de se relever et de chanceler puis de tenter de fuir. Le désir ardent de la foule de participer à ce châtiment collectif et la crainte de voir sa proie lui échapper, exacerbent sa férocité et son hostilité jusqu’au paroxysme. Reconnu comme Prussien,  Alain de Monéys représente aux yeux des gens présents l’homme porteur de menaces pour la sécurité de la France. Il doit périr de la manière la plus abjecte comme le clame ouvertement un de ces quidams qui prend une part active  à cette kermesse punitive qui, plus est, suivie par le reste de la population. 

Alain de Monéys qui sait qu’il va mourir demande aux gens qui l’assaillent de le fusiller. Mais il essuie un refus catégorique. Accéder à cette doléance équivaudrait à abréger les souffrances du supplicié et à empêcher ceux qui se prennent pour des justiciers d’assouvir leur vengeance contre la Prusse qui a tué beaucoup de Français. Ce serait également priver les gens du plaisir qu’ils éprouvent (l’espace d’un instant) à exercer le pouvoir absolu des maîtres ayant droit de vie ou de mort sur leurs sujets. Aussi, use-t-on fièrement de coups de poings, d’aiguillons et de pieux pour l’élimination du « Prussien ». Ces personnes qui ne savent pas encore qu’elles sont des assassins, ressentent une joie jubilatoire à l’idée de défendre la France et son Empereur. Piétiné, Monéys qui traîne une « tête comme un globe de sang » succombe sous les coups de ses assassins.  Alors qu’il gît inerte, la foule continue de le battre. Le « Prussien » est certes mort, mais il faut maintenant détruire son corps pour que l’anéantissement soit total et pour qu’il ne puisse jamais reposer en paix. Un ennemi  ne mérite pas de vivre, encore moins d’avoir une sépulture. Le cadavre est tantôt traîné sur le dos, tantôt  face contre le sol, la tête ricochant sur le chemin.  La mort physique est ainsi redoublée d’une mort symbolique dont la cristallisation induit la destruction intégrale ou partielle du corps. Aucun souvenir de l’être exécré ne devrait subsister parmi les vivants. La dévastation des traits de la victime, les offenses et les supplices qu’on lui fait subir, valent déchéance de son humanité. Ainsi, on jette le cadavre sur les pierres comme s’il s’agissait d’une bête inanimée n’inspirant plus aucune compassion. Aussi, une dizaine de personnes déclenchent-elles le massacre ultime. Après avoir amassé du papier et de la paille, elles en font un bûcher sur lequel elles placent la dépouille de Monéys. On se presse alors pour attiser le feu. Nombreux sont les gens qui prennent plaisir à remuer les restes carbonisés de la victime. Certains même s’amusent à en extraire des tisons pour allumer leur cigarette. On se gausse du reste « d’avoir fait griller un fameux cochon ». Ce crime commis par ceux qui pensent agir en justiciers, est conçu comme un juste châtiment. Les meurtriers agissant en toute conscience, pensant bien faire. Exultant de joie, ils sont persuadés de leur bonne action en faveur de la France et de l’Empereur en danger. Cette mise à mort publique, bien assumée, est mue en réalité, principalement par des ressorts politiques et non pas psychologiques ou pathologiques, comme on aurait tendance à le croire.  A peine quelques heures après ce forfait, les gendarmes arrivent pour mener l’enquête.  Quand il fut établi qu’Alain de Monéys était un Français et qu’il n’avait aucun lien avec la Prusse, on arrêta les meurtriers qui furent, après leur emprisonnement, condamnés à la peine capitale et guillotinés. 

Le lecteur averti saura que l’histoire dont je viens de rappeler les péripéties vient d’être revécue en Kabylie, presque dans les mêmes termes. Le crime de Hautefaye entre en résonance avec celui de Larbaâ Nath Irathen survenu le 11 août 2021. Cela soit dit en passant, le hasard a voulu que les deux forfaits, séparés par un siècle et demi d’intervalle, se fussent déroulés au mois d’août. Au-delà de la différence de culture et d’époque qui eût pu constituer une barrière, ces crimes survenus respectivement en Dordogne et en Kabylie, présentent des traits communs.  Les spécialistes de la foule ont, du reste déterminé des lois régissant les comportements collectifs. Gustave Le Bon,  cerne bien la question lorsqu’il affirme que la foule criminelle se forme généralement sur la base d’une suggestion puissante. Les personnes qui se mettent à tuer sont convaincues, explique-t-il, qu’elles ont obéi à un devoir, c’est tout le contraire du criminel ordinaire qui agit de son propre gré.   

En Kabylie, en proie à de gigantesques incendies, tous les éléments concouraient pour accréditer l’idée que les feux ont été causés par des actes volontaires. La communication du gouvernement, fort anxiogène, avait du reste distillé l’information selon laquelle les incendies sont d’origine criminelle. De ce fait, conditionnée, la population n’attendait que de lyncher les pyromanes au cas où elle parviendrait à mettre la main dessus.  La puissante suggestion dont parle Le Bon est donc actée. Elle est même accentuée par le comportement de la police qui embarque à bord de l’un de ses fourgons un jeune homme originaire de Meliana, ville située hors de la Kabylie. Si la police l’a arrêté, c’est qu’il a été pris en flagrant délit. En tous les cas, la nouvelle se propage comme une traînée de poudre, « on a attrapé un pyromane !»  La personne qui va incarner le rôle de Monéys est désormais Djamel Bensmaïl, un hirakiste, de surcroît artiste, qui s’était porté volontaire pour aider à éteindre les feux.  Certes, comparaison n’est pas raison, mais il est intéressant de retrouver dans l’événement récent ce que le passé lui a déjà réservé. Mon propos n’est pas d’affirmer que l’histoire est répétitive, mais d’en souligner les écarts. Ce qui différencie le crime de Larbâa Nath Irathen de celui de Hautefaye, réside dans son caractère préfabriqué : Djamel Bensmaïl fut livré à la foule par la police. Ce dernier se serait, d’après des sources policières, mis sous la protection d’une patrouille de police après qu’il a été accusé par certains villageois de pyromanie. Embarqué, Djamel est emmené au commissariat de police dont le siège jouxte la place où s’est amassée une foule nombreuse, qui plus est, chauffée à blanc par  la chaleur des incendies et les informations que font circuler les autorités à ce sujet.  Au lieu d’éviter tout ce qui peut nuire à la sécurité de leur protégé, les policiers garent leur véhicule au milieu de l’attroupement. Ils ne s’avisent pas d’user au préalable de leurs talkies-walkies pour s’enquérir de l’unité de police la plus susceptible d’accueillir Djamel dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, sitôt le véhicule immobilisé parmi la multitude, il est pris d’assaut par des gens déchaînés. C’est à ce niveau qu’interviennent les smartphones inconnus du temps de Monéys. Car les vidéos postées sur les réseaux sociaux fournissent les détails de la molestation.  Après que les agents de police ont cédé, Djamel est frappé et battu jusque même à l’intérieur du véhicule de police. La victime est ensuite poussée vers la sortie où elle est rouée de coups répétés et nourris. Ballotté entre de nombreuses mains, son corps meurtri est traîné sur la place avant d’être brûlé. 

L’assassinat de Djamel Bensmaïl marque ainsi le passage de la foule intelligente à la foule meurtrière. Tout se passe comme si le crime de Larbâa Nath Irathen survenait pour gommer d’un trait les foules intelligentes et pacifiques du Hirak qui n’avaient eu de cesse, depuis maintenant presque trois ans ,d’ébranler les assises du régime. En outre, sur un registre plus sécuritaire, les services algériens chargés de l’ordre public semblent ignorer les enjeux criminologiques dès lors qu’ils se permettent de faire l’économie d’une anticipation des conséquences qui découleraient du fait de livrer en pâture à la foule une personne qu’ils sont censés protéger.  Pourtant, l’histoire de Monéys, et il en existe probablement d’autres, fait partie d’un corpus de criminologie devenu classique. N’empêche, si l’on veut voir par une sorte de grossissement comment prend fin l’histoire de Djamel en comparaison à celle de Monéys, le moins que l’on puisse dire est qu’elle s’achève en queue de poisson. Les assassins de Djamel dit la version officielle ne seraient pas les véritables assassins. La main qui les a armés, serait celle du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), lequel aurait été appuyé par le Maroc et Israël ! Ainsi, même la guerre avec l’ennemi trahit-elle un aspect fictif puisque le Maroc et Israël réunis ne font pas la Prusse. Il est évident qu’au moment des faits, l’Algérie ne faisait pas la guerre au Maroc, pas plus que le MAK ne prenait les armes contre lui-même.     

Larbi Graïne https://i0.wp.com/www.oeil-maisondesjournalistes.fr/wp-content/uploads/2021/02/logo-rond-twitter.png?resize=36%2C36&ssl=1

Journaliste algérien établi en France

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MONTPELLIER. UN SOMMET FRANCE-AFRIQUE AVEC LES JEUNES. UNE PREMIÈRE.

L’information diffusée sur l’antenne de RFI mardi 14 septembre, au sujet de la tenue du sommet France-Afrique à Montpellier, le 9 octobre prochain, a laissé la plupart des Africains perplexes. Et pour cause. La rencontre ne mettra face au président français que les sociétés civiles, les jeunes. C’est une première. Exit donc les vieux présidents, frustrés !

L’idée a été discutée, en amont, entre l’Elysée et quelques élites intellectuelles africaines, dont le politologue et historien camerounais, Achille Mbembe. Celui-ci est également auteur de plusieurs ouvrages appelant au combat pour le développement du continent, tels « De la post-colonie » ou « Critique de la raison nègre », etc. Qui plus est, a accepté, dans le cadre du sommet de Montpellier, de piloter les dialogues France-Afrique : soixante-six ateliers dans 12 pays différents, quatre mois durant. Face aux jeunes.

Qu’à cela ne tienne, l’information paraissait avoir l’air de déjà-vu, à prendre en compte les opinions exprimées à travers les réseaux sociaux. De fait, les Africains pensent que tous les prédécesseurs du général de Gaulle ont eu chacun, en cette matière, leur propre antienne. Si celle-ci changeait de forme, son contenu ne variait pas d’un seul iota : « l’Afrique doit continuer de demeurer la chasse-gardée de la France », fredonnait-elle. Selon le vieux concept de « pré carré » médiéval.

Mais qu’en dit Benoît Verdeaux, fonctionnaire de l’Elysée et secrétaire général du Sommet de Montpellier, en contre-pied à cette conception quasi-générale des Africains ? Verdeaux est celui qui a accordé à Christophe Boisbouvier de RFI l’interview diffusée mardi, à l’origine de l’information qui fait question sur des réseaux sociaux. Surtout.

Volonté sans force

Visiblement fort en thème, Verdeaux s’est employé, en résumé, à démontrer que le temps était venu de mettre en valeur un autre type de relation entre la France et l’Afrique. « La vocation du sommet de Montpellier, c’est de réfléchir à réinventer et à redynamiser cette nouvelle relation », a-t-il souligné, tout en précisant que « les sommets de chefs d’Etat sont fondamentaux, très importants et utiles ».

C’est le grand plan dans lequel se côtoient les sujets habituels ayant trait au développement, à la démocratie, aux droits de l’Homme, etc. Mais, le sommet de Montpellier – une rencontre avec les jeunes -, ne manquera pas de jeter un coup d’œil sur les sujets additionnels d’actualité qui importent : les coups d’Etat successifs en Afrique de l’Ouest et l’avancée de la Russie en Afrique centrale et au Sahel.

Pour la France, la situation du Tchad est dérangeante. La position du chef d’Etat français est diversement appréciée, avec plus de condamnations. On pense généralement qu’il y a soutenu le coup d’Etat fomenté par le fils d’Idriss Déby, tué. Macron s’en expliquera, sans filtre, a prévenu le fonctionnaire de l’Elysée, Verdeaux.

Quid de ce sommet aux allures martiales ? N’assisterons-nous pas aux mêmes éléments de langage affectionnés par tous les successeurs du général de Gaulle ? Macron est-il « libre » d’engager cette « réforme » libératrice pour les pays africains ? Car, dans cette histoire de Françafrique – différente du concept classique France-Afrique -, se trouvent plusieurs centres d’intérêt, prêts à ne rien lâcher. Jean-Jacques Rousseau ne pensait-il pas, à juste titre, que « la volonté sans force est peine perdue » ?

Jean-Jules LEMA LANDU

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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LA RD CONGO ET LES MARCHANDS DE RÊVES

Parole d’or ? On ne se gratte pas l’occiput, pour en connaître le sens. Celui-ci coule de source : c’est une parole de sagesse (cependant, différente de celle que donne la Bible, pour les chrétiens) ; elle est éclatante comme si elle était faite d’or. Or, l’or a de la valeur, laquelle, une fois prêtée à la parole, celle-ci se transforme vite en « vérité » ; en « vertu » ; en « bien » …

Le contraire, heureusement, ne fait pas dans l’explication longue, comme c’est le cas de son antonyme, épinglé ci-haut. Tissé en périphrase. Non, non. Le contraire, en peu de mots, veut dire : mensonge. Tout simplement.

Ce mot, qu’il soit dit, écrit ou pensé en français, en lingala, en kiswahili ou en chinois, il est hideux. Nous, Congolais, en connaissons le sens profond que n’importe quel autre peuple au monde. Pour en être victime, des décennies durant. Le mensonge, en RD Congo, n’est pas le fait du peuple, c’est plutôt celui de ses dirigeants ringards. Ils en raffolent, à la vie, à la mort.

Tenez, depuis Mobutu, ils nous ont roulés dans la farine, jusqu’à nous faire rêver d’îlots aux frontières du Paradis. En pure fabulation. Voyons voir maintenant un mensonge, un seul, par individu :

Joseph Mobutu, qu’a-t-il dit ? Il fut plus mégalomane qu’un distributeur de rêves. Il créa plutôt une légende bien ficelée – et bien gobée par une bonne partie de Congolais -, selon laquelle il avait tué (à 17 ans) un léopard, à mains nues. Était-ce pour cela que sa toque en peau de léopard faisait-elle peur aux Congolais ? Du vrai machiavélisme à la congolaise ;

Laurent Kabila, un menteur invétéré. Dès sa prise du pouvoir en mai 1997, il dit au peuple congolais, enthousiasmé devant ce deus ex machina, qui a fait fuir le dictateur Mobutu : « Je vais vous construire une ‘autoroute’ de l’ouest à l’extrême sud-est.», au sud-ouest. Soit près de 2000 km, à travers forêts, montagnes et escarpés. Ahurissant ! Même les Belges ne l’ont pas fait. Ils ne pouvaient même pas imaginer un projet aussi loufoque ;

Joseph Kabila, le taiseux. Ah, malgré tout, il a touché à un lourd mensonge ! Il a promis la réalisation de « Cinq Chantiers », comprenant le développement intégral du Congolais. Il semble que l’homme était (il l’est encore ?) un chrétien protestant zélé. Et qu’il voulait faire de la RD Congo un pays de prière. En lieu et place, c’est du macabre, comme leg : fosses communes, corps surgelés dans la résidence d’un général à sa dévotion … dans une chapelle ardente animée par des cantiques diaboliques d’une classe politique médiocre ;

Enfin, Félix Antoine Tshisekedi, dit Fatshi-Béton,  ou celui qui commence à construire l’avenir de la RD Congo en béton. Pourtant, avec lui, c’est le bouquet.

En voici un fait plus que parlant : c’était tout récemment en Allemagne, devant la chancelière Angela Merkel : « Madame, je vais faire de la RD Congo, l’Allemagne d’Afrique », avait-il déclamé.  Comment un chef d’Etat Africain, par-dessus tout, quémandeur professionnel, sébile à la main, peut-il se gonfler à ce point… plus que la grenouille de La Fontaine ? Or, nous connaissons le triste sort de cette grenouille-là …

Mensonge, qui, en Allemagne, a fait remuer dans leurs tombes Goethe, Kant et Martin Luther. En RD Congo, pour la première fois, Lumumba (sans tombe, mais bienheureux au Ciel) s’en est vraiment offusqué, couvert de honte. Devant la multitude d’autres saints.

Mentez, mentez, chers présidents-marchands de rêves, il en restera toujours quelque chose. Puisque les souvenirs de mauvais rêves, surtout, ont la peau dure. Le peuple vous en tiendra éternellement rigueur.

Jean-Jules LEMA LANDU

Par Jean-Jules LEMA LANDU, journaliste congolais, réfugié en France

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