IRAN – Téhéran aspire à la révolte, les mollahs songent à déplacer la capitale

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La base «Khatam», le centre de commandement supérieur des opérations militaires en Iran, a écrit une lettre officielle au président Rohani, lui demandant de transférer de la capitale iranienne. Un membre de la commission de la sécurité nationale du Parlement iranien a déclaré que la demande avait été faite en raison de la crainte de nouvelles protestations populaires et de désobéissances civiles. Il a gardé secret le nom du lieu qui remplacera la capitale.

Cette base «Khatam», chargée de planifier et de coordonner les opérations des forces armées iraniennes (l’armée officielle et les gardiens de la révolution islamique), est le plus haut niveau des opérations militaires en Iran.

Au cours des deux dernières années, l’Iran a été confronté à deux soulèvements populaires majeurs. Les responsables du régime admettent que la raison de cette demande hâtive (à un moment où les caisses de l’Etat sont vides) est la peur de nouvelles émeutes, exacerbées par la mauvaise situation économique du pays.

Abolfazl Torobi, membre de la Commission de la sécurité nationale et de la politique étrangère du Parlement, a déclaré la semaine dernière aux agences de presse officielles iraniennes que le lieu de transfert de la capitale avait été choisi et que la base de ‘Khatam al-Anbia’ (Subdivision économique des Gardiens de la révolution) était prête à concevoir et à construire cette nouvelle capitale administrative et politique, de A à Z.

Selon Torabi, retirer des casernes, des universités, des grandes usines automobiles comme ‘Iran Khodro’ et ‘Saipa’ de Téhéran est l’une des mesures à prendre. Il a explicitement déclaré que la concentration excessive de personnes, de richesses, de connaissances et d’industries à Téhéran est une menace réelle et un risque potentiel d’attaques militaires et de désobéissance civile.

L’antécédent de ce plan

Depuis au moins 30 ans, certains experts ont suggéré de déplacer la capitale pour réduire la migration des petites villes et villages vers Téhéran, la pollution de l’air, le trafic et décentraliser l’administration.

L’emplacement de Téhéran dans une zone sujette aux tremblements de terre était une autre préoccupation des experts qui voulaient déplacer la capitale. Mais c’est la première fois que les institutions militaires se concentrent ouvertement sur cette question de la sécurité du régime.

Selon le dernier recensement du Centre national de statistique en 2016, la population de la capitale était de 13 267 000 personnes et devrait atteindre 20 millions d’ici 2026.

Copyright - Agence de presse ISNA

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Les expériences d’émeutes urbaines à Téhéran

La République islamique n’a pas été confrontée à un soulèvement urbain grave pendant très longtemps après les répressions sanglantes et des années 1980.

Dans les premières années de la fin de la guerre Iran-Irak et au début des années 90, des soulèvements ont eu lieu dans les banlieues de Mashhad (nord-est de l’Iran), Qazvin (80 km à l’ouest de Téhéran) et Islamshahr (une zone ouvrière au sud de Téhéran). Elles ont été rapidement réprimées et n‘ont pas pu se développer.

Le seul soulèvement qui a secoué la capitale iranienne pendant plusieurs jours a eu lieu en juillet 1999, lorsque la police a attaqué un dortoir d’étudiants dans le centre de Téhéran. L’attaque a marqué le début d’un mouvement étudiant à grande échelle qui a provoqué des troubles généralisés à Téhéran et s’est étendu aux universités de villes telles que Tabriz.

Mais l’expérience de ce soulèvement urbain de plusieurs jours et les faiblesses de l’appareil répressif ont incité le gouvernement à décider pour la première fois de retirer les casernes militaires de Téhéran dans un parlement dominé à l’époque par des réformistes pro-Khatami. Les partisans de ce plan se sont souvenus de l’expérience de la révolution en 1979 lorsque le peuple s’est emparé des casernes militaires et a réussi à récupérer les armes qui s’y trouvaient. Ceci a conduit à la chute de la dictature monarchiste.

Aujourd’hui, avec l’expansion incontrôlée et massive de Téhéran, davantage de casernes et de sites militaires sont situés dans la capitale. Selon ce plan, si la capitale devenait hors de contrôle en raison du soulèvement du peuple, la possibilité d’armer la population serait très faible et les forces militaires présentes dans les casernes à l’extérieur de la capitale pourraient reprendre Téhéran plus facilement.

La demande de retrait des casernes de la capitale montre que ce plan n’a pas suffisamment avancé. La deuxième grande agitation qui a longtemps transformé Téhéran en une scène de manifestations généralisées a été la protestation contre les résultats de l’élection présidentielle de 2009.

Ce mouvement, d’abord massif, a souffert de l’incompétence de ses dirigeants pro-Khatami et n’a pas réussi à gagner le soutien des masses, en particulier de la classe ouvrière et des quartiers pauvres de la capitale.

Le soulèvement de décembre 2017-janvier 2018, qui a concerné 140 villes d’Iran et a ébranlé les fondations du gouvernement des mollahs pendant plusieurs jours, a ramené la question de la sécurité de la capitale, en particulier la protection des bâtiments gouvernementaux, des sites militaires et des agences de renseignement.

Plus récemment, lors du soulèvement national de novembre 2019, les mollahs ont été confronté à la plus grande menace depuis trois décennies pour la sécurité du régime. Leur cauchemar de renversement du régime a été réel. Environ 200 villes iraniennes se sont révoltées et selon Reuters, plus de 1500 personnes ont été tuées par les forces de sécurité.

Copyright – Agence de presse ISNA

Dispersion des zones sujettes aux émeutes

Il existe plusieurs «résolutions» approuvées par le gouvernement, le Conseil suprême de sécurité nationale et le ministère des Sciences concernant le transfert des universités et des résidences étudiantes situées à Téhéran.

En effet, l’expérience a montré que les étudiants peuvent être le moteur de ces mouvements. La population étudiante de la capitale est estimée à environ 400 000 personnes. Le départ de grandes usines comme ‘Iran Khodro’ et ‘Saipa’ est également prévu dans le plan de transfert en question, qui semble être à l’ordre du jour en raison de l’intensification des manifestations et des grèves. A eux deux, ces deux grands complexes automobiles rassemblent 110 000 personnes.

Quoiqu’il en soit, avec ces propos des hauts responsables de la République islamique, on voit bien que les mollahs s’endorment avec la peur d’un soulèvement populaire incontrôlable et que Téhéran se réveille avec le rêve d’une révolte décisive. Pour ceux qui ne croient pas aux miracles, le temps va trancher entre les peurs et les rêves.

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LIBAN – Guerre et Paix, le symbole de la Beit Beirut

«L’art est le plus court chemin de l’homme à l’homme» – André Malraux


La guerre civile libanaise entre 1975 et 1989 a eu des effets profonds et dévastateurs sur le peuple libanais. Des milliers ont été tués et d’autres sont toujours portés disparus. L’après-guerre n’a jamais pu retrouver le goût d’avant-guerre. Pour réunir les Libanais et permettre de refonder le “vivre ensemble”, l’art a servi de lien. Symbole de ce lien entre libanais, le batiment nommé la Beit Beirut, symbole d’une unité difficile à maintenir et ouverte à tous.

Selon Jean-Pierre Klein, ce type d’œuvre dévoile la quintessence de ce que le culturel peut apporter à une société civile: une «entremise destinée à mettre d’accord, à concilier ou à réconcilier des personnes, des partis, des États».

Connaitre le Liban à travers une œuvre d’art aimé et partagé par tous, c’est prendre l’histoire du Liban sous un angle particulier. Le lieu nommé «Beit Beirut» incarne les étapes du développement urbain et social de la capitale libanaise.

Beith Beirut: un symbole historique de la société multiculturelle libanaise

Beit Beirut est un musée vivant témoin de la guerre civile libanaise. Un témoin de la guerre civile libanaise, un héritage qui peut être partagé par les Libanais afin de tirer les leçons du passé douloureux et sanglant.

Sa forme reflète les caractéristiques sociales, culturelles et politiques de la ville. Édifié en 1924 par l’architecte libanais Youssef Afandi Aftimos, puis surélevé en 1932 de deux étages supplémentaires par l’architecte Fouad Kozah, Beit beruth est surnommée la «maison jaune» à cause de son grès ocre employé pour sa construction.

Détruite, reconstruite, témoin des horreurs de la guerre civile alors que ce lieu était devenu un dépôt pour les armes de guerre et un terrain privilégié pour les snipers. Les plaies du bâtiment sont aujourd’hui le symbole des effets psychologiques de la guerre gravée dans le subconscient du peuple libanais.

Il suffit d’un coup d’œil sur le bâtiment pour comprendre la représentation artistique et culturelle entre ses deux bâtiments qui ne font qu’un.

Maquette finale d’avant-projet d’ingénierie de Beit Beirut.

Le bâtiment jaune a résisté aux nombreuses tentatives de démolition des années 1990 grâce à l’appui de la société civile. Finalement, le bâtiment est devenu la propriété de la municipalité de Beyrouth et la décision de démolition a été annulée. Le projet de réhabilitation a conservé ses caractéristiques anciennes, mêlant les cicatrices du temps à la modernité, pour rester un espace ouvert et interactif documentant l’histoire de Beyrouth ancienne et moderne avec une exposition permanente.

Et plusieurs années plus tard en 2006, un projet de réhabilitation est né. La ville de Paris et la ville de Beyrouth ont uni leurs compétences pour atteindre l’objectif souhaité. Selon une approche intégrant préservation patrimoniale et innovante technologiquement, l’immeuble Barakat (du nom de ses propriétaires) est un lieu qui devait devenir un lieu de mémoire, de débat, d’échanges, de rencontres et d’Histoire, à même de réunir les citoyens en un lieu ouvert au public.

Aujourd’hui, la culture se transmet oralement grâce à la musique diffusée sur place, et dont le but est de transformer les vibrations négatives en vibrations positives, étant donné que chaque coin de la place nous ramène à l’époque de la guerre civile libanaise.

Beit Beirut, sa survie dépend-il des décisions politiques ?

L’aventure de ce lieu est comme la ville de Beyrouth, un combat du présent. Cet édifice souffre d’un manque de soutien financier et moral. Jusqu’à présent, aucun comité culturel n’a été nommé pour s’occuper des affaires de Beyrouth.

Ce n’est pas étonnant dans un pays comme le Liban, pays des contradictions et de la procrastination bien connue des services administratifs de la municipalité de Beyrouth. Conséquence, le lieu n’est ni valorisé, ni respecté. Il n’y a presque pas de promotion, que ce soit lors des événements artistiques ou pour d’autres événements. Et que dire de la page Facebook et du site web qui ne sont pas très actifs ?

Désormais, la Beit Berut est fermée au grand public sauf les jours où il y a des expositions d’art. Certains artistes comme Zeina El Khalil ont notamment utilisé la projection vidéo et la sculpture, quitte à désacraliser le lieu.

Car l’objectif de ces artistes libanais, est de «transformer cette ancienne machine à tuer en une plate-forme pour la guérison, la paix et la réconciliation» (agendaculturel, 2017).

L’art comme témoin d’une époque de transition

L’art devient le seul témoin de la réconciliation et la guérison du passé douloureux. Et indirectement, la société libanaise devient dynamique et innovante. Un processus de transformation de l’énergie négative et des éléments de violence et de destruction en énergie positive qui répand l’amour et la paix.

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#Repost @theslowfactory with @get_repost ・・・ On August 4, 2020 two massive explosions erupted in the port of Beirut, Lebanon, destroying homes, businesses, and full city blocks and injuring thousands. So far, 300,000 people are now homeless, 5,000 have been injured and 135 people have died. As more people are being reported missing and buildings keep collapsing, these numbers will likely keep increasing. A state of emergency has been declared and the army will be taking over the city for two weeks. Beyond loss of life and massive wreckage to the city, this explosion has severe consequences for the livelihood of the entire country. Up to 80 percent of the country's food needs are imported in any given year while the port of Beirut handles 60% of all Lebanon imports. With the destruction of the port, access to food, basic necessities, and medical supplies is now close to none. While we need to rebuild Beirut, the explosions are just one example of the mismanagement and negligence of the Lebanese government. Everyone must play a part by holding the Lebanese government accountable, sharing accurate information, donating wherever you can and demanding your country’s officials put international pressure to investigate this disaster. Swipe for more information on how to help >> Follow & support the below >> Domestic workers aid @egnalegna @alinedeloscampos Food relief aid @lebfoodbank @ahlafawda @atfalouna.leb @kafe_be_kafak @foodblessed General relief aid @lebaneseredcross @offre.joie @beitelbaraka @impact.lebanon @baytna_baytak @daleelthawra @lebanonneeds @rebuild_beirut #lebanon #beirut #beirutlebanon

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Beit Beyrout fait partie de nombreux projets à l’ordre du jour, au même titre que le Musée de l’Histoire de Beyrouth (Place des Martyrs), le Musée Archéologique de Beyrouth et la Maison de Fairouz. La réalité libanaise se transforme en activant le travail de ces lieux.

Est-ce que la suppression des effets psychologiques de la guerre civile commence par la destruction de tout ce qui la symbolise, y compris Beit Beirut ?

Après l’explosion du mois d’aout, les symboles d’unité nationale reste primordiale, et selon moi, Beit Berut est tout en haut de la liste.

Toujours debout, icône de la guerre civile, dédiée aux citoyens et à la mémoire, porteuse des valeurs du vivre ensemble avec le reste de la société, témoin de l’histoire architecturale libanaise, témoin d’une guerre qui a enflammée le pays pendant quinze ans et plus. Beit Berut est plus qu’un simple musée ou un haut lieu culturel, c’est la résistance artistique face à la violence au Liban. 

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IRAN – Le lutteur Navid Afkari exécuté malgré la mobilisation internationale

Le régime iranien a exécuté le samedi 12 septembre 2020 Navid Afkari, champion de lutte âgé de 27 ans, au mépris des appels de la communauté internationale à mettre fin à cette exécution. Navid Afkari, un manifestant, a été arrêté en 2018, avec ses deux frères à Chiraz. Le 2 août 2018 comme plusieurs autres villes d’Iran, Chiraz avait été le théâtre de manifestations hostiles au pouvoir et dénonçant la situation économique et sociale du pays.

Après des mois de tortures horribles et des «aveux télévisés», Navid a été condamné à deux peines d’exécution dans des circonstances louches, pour le meurtre d’un fonctionnaire lors d’une manifestation antigouvernementale.


Ils me battaient avec des bâtons et des matraques, me frappant les bras, les jambes, l’abdomen et le dos.


Ses frères Vahid et Habib ont été condamnés respectivement à 54 et 27 années de prison dans la même affaire. La requête de Navid Afkari demandant un nouveau procès a été rejetée par la Cour suprême du régime.

Dans une lettre qu’il a transmise secrètement de la prison, Navid a écrit: “Pendant environ 50 jours, j’ai dû endurer les plus horribles tortures physiques et psychologiques. Ils me battaient avec des bâtons et des matraques, me frappant les bras, les jambes, l’abdomen et le dos. Ils mettaient un sac en plastique sur ma tête et me torturaient jusqu’à ce que je suffoque au bord de la mort. Ils ont également versé de l’alcool dans mon nez“.

«Trampled Humanity»

Amnesty International a publié un rapport choquant, «Trampled Humanity», le 2 septembre 2020, confirmant le recours par le régime à de graves tortures, en particulier contre les personnes détenues lors de deux manifestations nationales en Iran en 2018 et novembre 2019.

Selon ce rapport, le régime iranien a eu recours à «des tortures généralisées, notamment des passages à tabac, des flagellations, des décharges électriques, des positions de stress, des simulacres d’exécutions, des waterboarding, des violences sexuelles, l’administration forcée de substances chimiques et la privation de soins médicaux» pour faire pression sur des milliers de manifestants arrêtés lors du soulèvement de novembre 2019.

L’organisation de défense des droits humains Amnesty international s’était alarmée dès le vendredi 11 septembre de l’“exécution secrète imminente” de Navid Afkari, affirmant que lui et ses deux frères, condamnés à de lourdes peines de prison dans la même affaire, étaient les “dernières victimes du système judiciaire iranien déficient”.

Désemparée, sa mère a lancé un appel à l’aide.

La mère de trois jeunes manifestants iraniens a fait une déclaration publique pour sauver la vie de ses fils, après que la justice iranienne a prononcé des peines injustes à leur encontre pour avoir participé à des manifestations publiques en 2018 à Kazeroun et Chiraz.

Dans son enregistrement vidéo publié sur Internet le 30 août, Madame Afkari (Bahieh Namjou) a déclaré: “Des agents en civil sont entrés par effraction dans notre maison à 5 heures du matin en septembre 2018, sans montrer de mandat, et ont emmené deux de mes fils, Vahid et Navid. Au bout d’un certain temps, ils sont venus et ont emmené mon mari et mon beau-fils. Au bout de trois mois, ils sont venus et ont arrêté Habib“.

Dans une autre partie de sa vidéo, la mère précise: “Ils ont torturé Habib psychologiquement et physiquement à tel point que trois fois, il s’est suicidé en prison… Plus tard, nous avons appris qu’il avait été torturé pour faire des (faux) aveux contre Navid.”

Décrivant la procédure régulière du régime comme injuste et fausse, Madame Afkari a appelé “le peuple du monde, le peuple d’Iran et toute personne qui peut entendre sa voix” à aider de toutes les manières possibles à sauver la vie de ses trois fils.

L’UFC et même Trump ont demandé de l’épargner

Exécuté ce samedi par les autorités, Navid Afkari avait obtenu le soutien de nombreuses personnalité après la publication d’informations affirmant que ses aveux avaient été extorqués après usage de la torture.

S’il vous plaît l’Iran, épargnez Navid Afkari” a lancé Dana White, le patron de l’UFC dans une vidéo partagé sur les réseaux sociaux.

Le président des Etats-Unis, Donald Trump y est aussi allé de son message de soutien pour appeler de ses voeux à la grâce du champion. 

J’apprends que l’Iran s’apprête à exécuter une grande star de la lutte, Navid Afkari, 27 ans, qui n’a fait que participer à une manifestation antigouvernementale”, a expliqué le dirigeant américain sur Twitter. “Ils protestaient contre l’aggravation de la situation économique du pays et l’inflation.

Ce samedi 12 septembre, le Comité international olympique (CIO) s’est dit “choqué” par l’exécution du lutteur, comme l’instance basée à Lausanne l’a expliqué dans un communiqué. “Il est profondément regrettable que les appels des athlètes du monde entier, et tout le travail en coulisses du CIO, avec le Comité national olympique iranien, la Fédération internationale de lutte et la Fédération iranienne de lutte, n’aient pas atteint leur objectif”, a regretté le CIO, dont les “pensées vont à la famille et aux amis” de Navid Afkari.

Les conséquences et l’issue pour le régime

Pour contrôler la société iranienne, en particulier après le soulèvement de novembre 2019 qui a ébranlé les fondations du régime, les mollahs ont multiplié les exécutions.

L’exécution de Navid Afkari, et avant lui Mostafa Salehi, qui a également été arrêté lors des manifestations nationales en Iran en 2018, vise donc à contrecarrer un autre soulèvement et à intimider le public. Ces exécutions sont la continuation de la répression brutale par le régime des deux soulèvements de 2018 et de novembre 2019, ce dernier à une échelle beaucoup plus grande avec plus de 1500 martyrs.

Ces exécutions et l’oppression des deux soulèvements sont conformes à la frénésie meurtrière du régime des années 80, qui a atteint son apogée à l’été 1988 lorsque plus de 30.000 prisonniers politiques ont été exécutés en quelques mois.

L’échec de la communauté internationale à tenir le régime responsable de ses violations des droits de l’homme, principalement le massacre de 1988, a conduit le régime à jouir d’une impunité de longue date, poursuivant ainsi sa brutalité et ses violations des droits de l’homme.

Pourtant, il y a une différence entre l’oppression du régime aujourd’hui et dans les années 80. Dans les années 80, le régime a exécuté et torturé des personnes à l’échelle de milliers, mais le monde est resté silencieux. Mais maintenant, l’exécution de Navid a été suivie d’une énorme réaction internationale. C’est principalement à cause des deux récents soulèvements glorieux du peuple iranien et des quatre décennies de résistance iranienne à dénoncer les violations des droits de l’homme du régime.

L’exécution de Navid Afkari, avec ses condamnations internationales et nationales croissantes, augmentera la haine du public en Iran envers le régime et l’isolement des mollahs sur la scène internationale.

Au sujet du résultat de cette exécution criminelle et du devoir de la communauté internationale, Madame Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), a déclaré:

La jeunesse courageuse d’Iran se lèvera en solidarité avec le peuple héroïque de la province du Fars et pour protester contre l’exécution indue de Navid Afkari. L’Iran pleure Navid et partage le chagrin de la famille Afkari alors que le monde est choqué par Khamenei et la barbarie du régime clérical. Le fascisme religieux au pouvoir en Iran ne peut pas survivre un jour sans exécution, torture et répression domestique. En versant le sang de jeunes comme Navid Afkari, les mollahs cherchent à maintenir leur emprise sur le pouvoir face aux manifestations iraniennes. L’exécution de Navid Afkari, cependant, ne fera qu’alimenter les flammes du soulèvement du peuple iranien et enverra le régime des mollahs à la poubelle de l’histoire.

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LIBAN – A nouveau sur la carte internationale, mais sous conditions

Le Liban fait face à une nouvelle réalité après la deuxième visite de Macron. Une visite qui vise, selon le président français, à accélérer la formation d’un gouvernement pour mettre en œuvre les réformes et faire le point sur les développements concernant l’aide d’urgence au Liban. Il réaffirme le soutien de la France au peuple libanais.

Pour la deuxième fois en un mois depuis l’explosion du port, le président français Emmanuel Macron s’est rendu à Beyrouth lundi soir 31 août 2020, à la veille du premier centenaire de la renaissance du Liban.

Cette visite intervient quelques heures après la nomination de l’ancien ambassadeur du Liban en Allemagne, Mustafa Adib en tant que président chargé de former un nouveau gouvernement.

Lors de son arrivé à Beyrouth, Macron s’est déplacé de l’aéroport jusqu’au domicile de l’artiste libanaise Fairouz, décrit comme un symbole de l’unité du Liban. Le président français a décerné à Fairouz la plus haute médaille française: la Légion d’honneur du Commandeur. En retour, Fairouz l’a remercié et lui a présenté à son tour un souvenir, un tableau selon The National News Agency (site officiel libanais).

La première chanteuse libanaise, Fairouz, est considérée comme un symbole national. Elle est l’une des chanteuses les plus célèbres du monde arabe. Sa voix est considérée comme une bande originale du Liban malgré toutes les épreuves que le pays a traversé.

Danser sur les airs de Fayrouz

Revenant à la politique, le président français Macron voulait peut-être faire danser la politique intérieure libanaise sur l’air de la voix de Fairuz.


L’aide financière serait refusée au pays et que des sanctions lui seraient imposées si la corruption constituait un obstacle aux réformes.


Il a donné aux dirigeants libanais jusqu’à fin octobre pour commencer à mettre en œuvre des réformes, affirmant que l’aide financière serait refusée au pays et que des sanctions lui seraient imposées si la corruption constituait un obstacle aux réformes.

Il fait ainsi pression pour prendre des mesures et faire face à une crise financière décuplée par la corruption et la mauvaise gestion. Le chef d’Etat français a souligné qu’aucun chèque en blanc ne serait remis au Liban sans réformes.

Il a également rappelé que des sanctions ciblées peuvent être imposées en cas de corruption avérée et qu’une coordination sera établie avec l’Union européenne à cet égard.

Lors de sa première visite le 6 août, soit deux jours après l’explosion de Beyrouth, Macron a appelé les responsables à approuver une nouvelle charte politique, à effectuer des réformes urgentes et a promis de revenir pour évaluer les progrès qui ont été accomplis. Ce qui s’est produit lors de cette deuxième visite au Liban.

Macron, qui a tenu une réunion avec son homologue libanais Michel Aoun et le président du Parlement Nabih Berri, au palais présidentiel, où un déjeuner officiel a eu lieu en son honneur. En présence de hauts fonctionnaires, de chefs de blocs parlementaires et d’ambassadeurs, Macron a pris des positions de premier plan. Notamment en ce qui concerne la formation d’un gouvernement avec une mission spécifique dans les plus brefs délais.

Nommer un nouveau Premier ministre est le premier signe de changement

La désignation d’Adib résulte d’un consensus politique entre les forces les plus importantes du pays: en particulier le chef du Mouvement du futur, Saad Hariri, Aoun et le Hezbollah.

Macron a déclaré qu’il fallait donner au gouvernement nouvellement élu tous les moyens de réussir, après avoir confirmé quelques instants plus tôt que cette decision ne lui appartenaitpas.

Cependant, il considère que cette nomination rapide, soit trois semaines après la démission du gouvernement d’Hassan Diab, au lieu de six mois, représente le premier signe d’un changement plus rapide lié à la pression populaire sur la classe politique.

Lors d’un dialogue avec des représentants de la société civile et des Nations Unies à bord du porte-hélicoptère “Tonnier” dans le port de Beyrouth, le président français a indiqué la nécessité de se concentrer au cours des six prochains mois sur l’état d’urgence. Il souhaite continuer à mobiliser la communauté internationale, ajoutant qu’il est prêt à organiser, peut-être entre mi et fin octobre octobre, a-t-il dit, une conférence internationale de soutien avec les Nations Unies.

La présidence française a annoncé que Macron prévoyait une troisième visite à Beyrouth en décembre.

Disparité entre les parties françaises et américaines, le Hezbollah au coeur des tensions

À l’international, il est vrai que Macron s’est entretenu avec les responsables accusés de corruption, dans le cadre de son initiative. Mais il a utilisé des stratégies différentes lors de ses deux visites.

Que ce soit lorsqu’il s’est mêlé au peuple, s’engageant à traiter exclusivement avec des organisations non gouvernementales, ou lors de ses rencontres exceptionnelles, qui ont abouti à sa rencontre historique avec Madame Fairouz.

Cependant, le côté opposé était présent en marge de la visite du secrétaire d’État adjoint américain David Schenker.

L’élément (peut-être) le plus important de la visite de ce dernier était l’absence de tout rendez-vous officiel avec un haut fonctionnaire.

De sorte, les réunions diplomatiques traditionnelles étaient absentes.

Le responsable américain n’a pas rencontré le président de la République, le chef du gouvernement intérimaire, Pas même le Président du Parlement qui l’attendait, comme certains le disent, pour terminer la discussion avec le dossier délimitant les frontières, après que l’ambassadeur David Hale lui en ait parlé lors de sa dernière visite il y a quelques jours.

Beaucoup estiment que cette question indique un message de négligence envers la classe politique que l’administration américaine a voulu délivrer.

Bien que Washington ait confirmé la coordination avec Paris sur la ligne de sa dernière initiative, il s’agit d’un test pour les dirigeants libanais. La distinction est claire, notamment au niveau de l’approche du rôle du Hezbollah.

Schenker a affirmé que le parti devrait être exclu de la vie politique, car il est classé comme une organisation terroriste. En opposition de la volonté de Macron d’inclure le Hezbollah dans ses réunions car il fait parti intégrante de la société libanaise, et fait la différence entre ses ailes politiques et militaires, selon Macron.

Dans ce contexte tendu, le papier d’un célèbre journaliste français George Malbrunot, ancien otage en Irak et correspondant pour le journal Le Monde, a éclaircit les zones obscurs de ce dossier.

Georges Malbrunot avait justement écrit sur le Hezbollah et des rendez-vous officieux avec entre représentant français et ceux du mouvement chiite. Dans Le Parisien, Georges Malbrunot confirme ses dires: “Sur la forme, c’est inacceptable d’être attaqué comme ça. Sur le fond, j’ai dit au président que mes sources étaient sûres. Il m’a reproché d’avoir gêné son action, moi je fais mon métier de journaliste.

La France se fait-elle dépasser par les Etats-Unis au Liban ? 

Dans les milieux politiques locaux, on s’accorde presque à dire que le règlement français est intérimaire.

C’est-à-dire que sa mission est censée prendre fin après les élections présidentielles américaines prévues en novembre prochain. Ou au maximum jusqu’à ce que le prochain président américain arrange ses dossiers, c’est-à-dire quand le nouveau président américain élu aura constitué son identité politique et son administration. Il faudra donc attendre 4 ans pour ouvrir le débat sur les politiques américaines dans le monde et au Moyen-Orient en particulier.

La détermination par Macron de trouver dans son agenda une date pour sa troisième visite au Liban en décembre prochain n’est pas venue de nulle part. Sa première visite est intervenue immédiatement après l’explosion du port pour empêcher une nouvelle détérioration de la situation. La seconde avant l’entrée officielle des États-Unis dans la course présidentielle pour pousser vers un accord sur le nom du Premier ministre désigné.

Alors que sa troisième visite quand il saura l’identité du prochain président américain, ce qui confirme que le président français mise également sur ce pari dans l’élaboration de sa politique à l’égard du Liban.

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IRAN – Une vague d’exécutions pour maintenir le régime des Mollahs

Ces derniers jours, le régime iranien a condamné au tribunal de la prison d’Evine plusieurs partisans de l’OMPI pour “guerre contre Dieu”, les mettant ainsi face au risque d’une exécution. Afin de créer un climat de terreur et pour empêcher la montée des soulèvements populaires, et par crainte de l’accueil réservé par l’ensemble de la jeunesse aux Moudjahidine du peuple d’Iran, (OMPI/MEK) le régime iranien a lancé une vague d’exécutions en Iran.

Le 10 septembre, pour la troisième fois, la 38e branche de la Cour suprême des mollahs a confirmé la condamnation à mort de sept prisonniers politiques sunnites détenus dans le quartier 7 de la prison de Gohardacht à Karaj, à l’ouest de Téhéran.

Farhad Salimi, Qassem Absteh, Davoud Abdollahi, Ayoub Karimi, Anwar Khezri, Khosrow Besharat, et Kamran Sheikha, incarcérés dans les prisons d’Oroumieh, Evine et Gohardasht depuis 11 ans, avaient été précédemment condamnés à mort par les 41e et 42e branche de la Cour suprême.

Le 6 aout 2020, la 27e chambre de la cour suprême des mollahs a confirmé la peine de mort inhumaine contre le prisonnier politique Heydar Ghorbani, originaire de Kamiyaran, en Iran.

Son dossier a été envoyé à l’application des peines de Sanandaj, en vue de son exécution. Au même moment, hier, le chef de l’appareil judiciaire du régime, Ebrahim Raïssi, a réagi au tollé international soulevé par l’exécution criminelle de Navid Afkari.

Il a déclaré: «Les juges en quête de justice qui doivent répondre à Dieu rendent des verdicts basés sur la loi et la charia. L’agitation ne doivent pas et ne peuvent pas influencer l’opinion d’un juge

Ali Bagheri, adjoint aux affaires internationales du pouvoir judiciaire, a évoqué les nombreuses manifestations contre la pendaison de Navid Afkari par des Iraniens à l’étranger et a déclaré: “Ceux dont les mains sont tachées du sang de la nation iranienne sont censés crier dans les capitales européennes: meurtrier, nous poursuivrons ton chemin”. Il a effrontément attaqué les pays européens pour avoir permis aux Iraniens d’exprimer leur indignation face à l’exécution barbare d’Afkari, en affirmant qu’ils “soutiennent le meurtre sous le couvert des droits de l’homme“.

Il a également fait référence à un tweet de l’ambassadeur allemand en Iran concernant l’exécution d’Afkari: “S’ils n’ont aucune idée de la justice et de la droiture, ils devraient au moins respecter les normes diplomatiques et ne pas devenir un porte-parole pour répandre des mensonges comme un groupe d’opposition“.

Soulignant ainsi que le régime iranien redoute au plus haut point son renversement et se livre à l’exécution des manifestants arrêtés pour l’éviter. La Résistance iranienne appelle le Conseil de sécurité de l’ONU, le Secrétaire général, le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme et le conseil des droits de l’homme de l’ONU, le HCR, l’UE à prendre des mesures immédiates pour sauver la vie de prisonniers condamnés à mort à Evine et dans d’autres prisons.

Elle réaffirme également la nécessité d’envoyer une délégation internationale de visiter les prisons iraniennes et de rencontrer les prisonniers insurgés pour empêcher de nouvelles exécutions.

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IRAN – La machine d’exécution ne s’arrête pas

Au matin du 5 août 2020, Mostafa Salehi, un homme de 30 ans qui avait été arrêté lors des manifestations de “décembre 2017 / janvier 2018” en Iran, a été pendu dans la prison d’Ispahan. L’agence de presse Fars (affiliée aux services de renseignements iraniens) a confirmé l’exécution du jeune homme et a écrit qu’il était l’un des principaux auteurs des manifestations qui s’étaient déroulées de Kahrizsang à Nadjafabad. Il a été condamné à mort pour avoir tué un membre des pasdaran (Gardiens de la Révolution). Une accusation qu’il a toujours rejetée.

Selon le ministre de l’intérieur de la République islamique, au moins 100 petites et grandes villes à travers l’Iran étaient alors devenues le théâtre des manifestations et de soulèvements contre la dictature des mollahs.

Mostafa faisait partie des Iraniens protestataires qui sont descendus dans la rue dans Kahrizsang, petite ville d’une population d’environ 10.000 habitants.


C’est pourquoi Mustafa a été pendu sans aucun préavis et de manière lâche, sans même que sa famille ou son avocat en soient informés, et les organisations de défense des droits de l’homme ont pris connaissance de l’imminence de son exécution quelques heures seulement avant et n’ont pas eu le temps suffisant pour réagir.


Des dizaines de manifestants non armés ont été abattus par les gardiens de la révolution et les Bassiji (milice lié aux Pasdaran) lors des manifestations tandis que de nombreux autres manifestants ont été arrêtés puis tués dans les prisons du régime, le plus souvent agonisant sous la torture. Ces meurtres ont été déguisés en suicide.

Mustafa était l’une des 5.000 personnes arrêtées, torturées et maltraitées. Comme beaucoup de ses compatriotes détenus, il a été privé du droit à un procès juste et équitable.

Le système judiciaire répressif et sous le contrôle de l’Etat a porté de graves accusations contre lui, notamment le meurtre d’un des pasdaran. L’accusation, qu’il a toujours rejetée même sous la torture la plus atroce.

Les Mollahs ont-ils peur de l’opinion publique ?

Le mois dernier, la justice du régime des mollahs a confirmé les condamnations à mort de trois manifestants du soulèvement de novembre 2019. Aussitôt, une campagne en ligne a été lancée dans le cyberespace, et l’Hashtag “Ne les exécutez pas” sur Twitter est devenu la tendance mondiale principale [Trending Topic] pendant plusieurs heures, retweeté par des millions de personnes. Un événement que de nombreux observateurs et militants actifs sur les médias sociaux ont décrit comme «une alliance unique et exceptionnelle» ou «la plus grande marche virtuelle d’Iraniens».

Une vague d’opposition à l’exécution de ces jeunes condamnés s’est répandue dans tout le pays avant de s’étendre dans le monde entier.

Des artistes, des athlètes et des célébrités à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Iran l’ont rejoint.

Diverses organisations de défense des droits de l’homme dans le monde, des personnalités politiques et même les ministères des Affaires étrangères de certains pays ont exprimé leur inquiétude. Finalement, le régime a été contraint de céder et de suspendre ces exécutions.

La pendaison de Mostafa Salehi executée en toute hâte

Mais ce retrait pourrait envoyer un message dangereux pour le régime à savoir que celui-ci est dans une grave crise de légitimité et dans une position de faiblesse. Et si une pression suffisante est exercée, il est susceptible de donner des concessions.

Ce message de faiblesse, d’une part, a conduit à une baisse du moral des partisans de la dictature et, d’autre part, a renforcé le courage des personnes qui ont survécu aux conditions explosives de la société iranienne. Une population qui a connu deux soulèvements majeurs au cours des deux dernières années.


L’exécution de Mustafa montre une fois de plus que le fascisme religieux en Iran sait qu’il n’est pas possible de vivre sans répandre l’atmosphère d’oppression créée par l’emprisonnement, la torture, l’exécution et autres punitions médiévale.


En novembre dernier, en seulement trois jours, 1.500 manifestants sont morts, selon Reuters, lors de manifestations pacifiques.

C’est pourquoi Mustafa a été pendu sans aucun préavis et de manière lâche, sans même que sa famille ou son avocat en soient informés, et les organisations de défense des droits de l’homme n’ont pris connaissance de l’imminence de son exécution que quelques heures seulement avant et n’ont pas eu le temps suffisant pour réagir.

De plus, la justice de la province d’Ispahan a également annoncé les condamnations à mort de cinq autres manifestants du soulèvement de “décembre 2017 / janvier 2018” dans cette province. Les défenseurs des droits de l’homme sont désormais de plus en plus préoccupés par la possibilité de l’exécution secrète de ces cinq condamnés à Ispahan.

L’exécution de Mustafa montre une fois de plus que le fascisme religieux en Iran sait qu’il n’est pas possible de vivre sans répandre l’atmosphère d’oppression créée par l’emprisonnement, la torture, l’exécution et autres punitions médiévales.

En conséquence, toute sorte de concession qui permettrait au peuple d’exprimer son opposition, même de la manière la plus pacifique possible, et tout facteur qui réduirait le coût de l’opposition à la dictature, même la libre expression d’opinion, conduirait à son effondrement.

Il semble donc que le régime des mollahs poursuivra sa politique de répression maximale jusqu’au dernier souffle, qui ne pourra pas durer longtemps.

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IRAN – Massoumeh Raouf: «Le régime n’a plus aucune base populaire»

À la fin du mois de juillet 1988, des dizaines de milliers de prisonniers politiques sont exécutés en Iran. À l’occasion du trente-deuxième anniversaire de ce massacre, Massoumeh Raouf, ancienne prisonnière politique, auteure de la bande-dessinée «un petit prince au pays des mollahs» et membre du Conseil nationale de la résistance iranienne décrit les évolutions du régime et de la société de son pays depuis 1988.

Dans votre livre «un petit prince au pays des mollahs», vous rendez hommage à votre frère, exécuté lors des massacres de 1988. Pouvez-vous nous raconter comment un tel événement a pu se produire une dizaine d’années seulement après la révolution de 1979?

Durant plusieurs décennies, le Chah a régné en Iran. Les révolutions de 1979 l’ont détrôné. Rouhollah Khomeini est arrivé au pouvoir cette année-là et jouissait d’un grand soutien populaire.

Cependant, son discours a changé lorsqu’il a pris la tête de l’Iran et qu’il a établi une République théocratique islamique. Il a imposé sa parole et sa pensée à tout le pays. Il ne fallait en aucun cas le critiquer sous peine de subir de lourdes répercussions.


Après la révolution, 120 000 jeunes ont été exécutés, dont 30 000 opposants politiques, tués en 1988 sous les ordres du Guide Suprême Khomeini. Mon frère Ahmad Raouf Basharidoust a subi le même sort.


D’un autre côté, l’Organisation des Moudjahidines du peuple avait une vision beaucoup plus moderne et progressiste vis-à-vis de l’islam.

Nous avons rejoint ce mouvement avec mon petit frère Ahmad. Nous étions des fervents défenseurs du parti. Nous voulions changer le cours de l’histoire. Mais, les choses ne se sont vraiment pas passé comme prévu.

Khomeini a commencé à réprimer toute forme d’opposition qu’il ne supportait pas. Il justifiait ses actes en prônant l’argument de l’islam et la charia.

Après la guerre Iran-Irak, toute la population s’attendait à une ouverture du régime. Ce ne fut pas le cas.

Après la révolution, 120 000 jeunes ont été exécutés, dont 30 000 opposants politiques, tués en 1988 sous les ordres du Guide Suprême Khomeini. Mon frère Ahmad Raouf Basharidoust a subi le même sort.

Massoumeh RAOUF portant la photo de son frère assassiné en 1988 par le régime iranien.

Rouhollah Khomeini meurt un an après ces événements. Le mode de gouvernance du régime s’est-il modifié depuis 1988?

Il n’y a eu aucune évolution du régime des mollahs. Le principe reste le même: le guide suprême dirige le pays et les institutions… Officiellement, des élections au suffrage universel ont lieu pour élire le Président et les députés du Majlis [Parlement monocamérale].


Les femmes ne détiennent aucun droit. Il suffit d’enlever son hijab pour être envoyée en prison. Aucun média d’opposition et indépendant ne couvre l’actualité dans le pays.


En réalité les élections ne sont que des pièces de théâtre puisque le Conseil des Gardiens les contrôle fermement. Il est composé de six clercs désignés par le guide suprême et six juristes nommés par le chef de la justice. Ce conseil vérifie et valide la candidature des personnes qui se présentent.

Nos libertés et nos droits continuent d’être bafoués année après année. Le régime ne supporte aucune liberté individuelle. Les femmes ne détiennent aucun droit. Il suffit d’enlever son hijab pour être envoyée en prison. Aucun média d’opposition et indépendant ne couvre l’actualité dans le pays. Les articles de presse ne doivent pas contrarier le régime, sinon une vague de censure risque de se produire.

Un journaliste a par exemple consacré un article pour commémorer les 10 ans du grand massacre de 1988. C’était son dernier article en Iran.

De gigantesques manifestations se sont déroulées dès novembre 2019. Quelle est la portée de leurs revendications?

Des millions d’Iraniens sont descendus dans les rues pour manifester leur mécontentement face à ce régime inchangé depuis plusieurs décennies. Quarante ans auparavant, les citoyens croyaient au régime iranien. Mais ils ont subi tant d’abus et crimes qu’aujourd’hui ils n’acceptent plus cette situation et souhaitent renverser ce régime. 


Le gouvernement [iranien] a recommencé à exécuter les opposants politiques comme il l’a fait en 1988.


Dans ce contexte, le gouvernement a recommencé à exécuter les opposants politiques comme il l’a fait en 1988. Ils ont tout d’abord étouffé les manifestations, durant lesquelles près de 1500 personnes ont péri et 12 000 ont été arrêtées – le régime décompte quant à lui 300 morts. Récemment, des prisonniers politiques emprisonnés lors des manifestations sont également liquidés.

Malgré la forte répression, le régime n’arrive plus à contrôler et censurer la population. Je crois sincèrement que le mouvement enclenché en novembre 2019 a beaucoup de chance de le renverser. La population continue de se rebeller malgré cette répression. Ils ne peuvent plus nous tromper avec leurs slogans d’antan.


Aujourd’hui le désir populaire est de renverser le régime. Il tombera, c’est inévitable. Je ne sais pas quand cela se déroulera mais il faut garder la flamme de l’espoir. Si on perd cette flamme, c’est fini pour nous.


Le régime trompait les gens en opposant les deux factions pour donner une illusion démocratique aux élections – les modérés et les conservateurs. Nous étions totalement au courant de cette tromperie. En novembre 2019, les manifestants iraniens scandaient «nous ne voulons ni modéré, ni conservateur».  Le régime n’a d’ailleurs plus aucune base populaire.

Ils ont tenté d’afficher le contraire lors des manifestations en l’honneur du général Gassem Soleimani – numéro deux et bras armé du guide Suprême. Ils ont en réalité fermé tous les commerces et administrations et ont obligé les gens à participé à cette mise en scène. Je crois que c’est la fin de l’histoire des mollahs.

Au sein de ce pays privé de liberté, comment s’organise l’opposition au régime des mollahs?

L’opposition s’ordonne à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Dans un contexte de privation total de liberté, le Conseil national de la résistance iranienne est fondé en 1981 à l’initiative de Massoud Radjavi – dirigeant de la Résistance iranienne. Il regroupe différents partis politiques du pays: Organisation des moudjahidines du peuple iranien, Kurdes, Marxistes…

Je siège au sein du CNRI, composé de 540 membres. Nous avons adopté un programme pour préparer le pays à l’après-régime des Mollahs. Le CNRI dirigera l’Iran pendant six mois. Il organisera des élections libres sous l’égide de l’ONU et instaura la démocratie.

Le peuple iranien doit pouvoir exprimer librement ses choix. Aujourd’hui le désir populaire est de renverser le régime. Il tombera, c’est inévitable. Je ne sais pas quand cela se déroulera mais il faut garder la flamme de l’espoir. Si on perd cette flamme, c’est fini pour nous.

Dans la préface de votre livre, Ingrid Betancourt écrit que vous aviez «besoin de nous ramener [votre] frère vivant». Pouvez-vous nous en dire plus sur la volonté d’engagement de ce jeune frère ?

Pour moi Ahmad est toujours vivant. Il vit chaque instant à mes côtés. Je ne pouvais pas raconter son histoire autrement. 

Dans mon livre, c’est Ahmad qui raconte son histoire. Personnellement en tant que sœur c’est douloureux de parler des atrocités qu’il a subi. Pire, c’est voir l’indifférence de monde devant ce régime sanguinaire.

Ahmad est un exemple de la génération de la révolution qui a été écrasée par les mollahs. Elle a grandi si vite et si brillamment. Cette même génération qui a dit «non» à Khomeini et à ses bourreaux malgré les terribles conditions de détention. Une génération avec un rêve de liberté et de démocratie pour l’Iran.  

Après la révolution plus de 120.000 jeunes ont été exécutés par le régime des mollahs dont 30.000 en 1988 ont été exécuté en quelque mois. La majorité était membre ou sympathisant actif des Moudjahidine du peuple d’Iran, l’opposition démocratique aux mollahs.

Un dernier mot?

La lutte pour la liberté en Iran continu. En 1988, Khomeini, ce criminel impitoyable, a cherché à éliminer la résistance pour préserver son pouvoir. En vain ! Car la Résistance Iranien a survécu à tous les problèmes et obstacles et le mouvement pour la justice prend de l’ampleur en Iran et ne lâchera pas les mollahs.

Les générations qui sont nées après mon frère Ahmad sont aujourd’hui en quête de vérité et de justice pour les victimes du «plus grand crime commis sous la République islamique» comme l’a dit le 15 août 1988 l’ayatollah Montazeri, alors successeur de Khomeini.

Je vous assure que, le peuple iranien et sa Résistance ne connaitront pas de répit tant que les responsables du massacre des prisonniers politiques ne seront pas jugés. Nous continuerons à défendre la mémoire et les valeurs pour lesquelles Ahmad et ces milliers de héros ont donné leur vie.

L’organisation des moudjahidines du peuple iranien

L’organisation des moudjahidines du peuple iranien est un mouvement de résistance au Chah puis au régime des Mollahs. Allié de taille de Khomeini durant la révolution islamique, lors de son accession au pouvoir, le Guide Suprême réprime puis contraint à l’exil l’OMPI. Il représente le principal parti d’opposition et se caractérise de musulman progressiste.

L’OMPI croit en la lutte armée. Elle a été placée pendant quelques années sur la liste des organisations terroristes par les Etats-Unis et par le Conseil de l’Union européenne avant d’être retirée. Le 11 mai 2011, le juge français Marc Trévidic rend «une ordonnance de non-lieu des chefs de l’OMPI de tous les faits terroristes.»

Devenue effective en France et en Europe, l’ordonnance considère l’OMPI comme une organisation de résistance et non terroriste.

«Le régime s’en est pris violemment aux vastes rassemblements de l’OMPI, qui en retour a mené des actes de violence mortelle contre les mollahs au pouvoir», explique dans un rapport d’évaluation indépendant, l’ambassadeur Lincoln Bloomfield Jr en 2011.

Le régime des mollahs a souvent cherché à associer l’OMPI à des actions hautement préjudiciables à son image, tout particulièrement en Iran, en Europe et aux États-Unis. Par exemple, ils ont mis sur le dos de l’OMPI l’attentat du 28 juin 1981 durant lesquel 74 membres du Parti de la République islamique ont été tués. L’OMPI dément avoir orchestré cet acte.

«Ceci ne signifie pas que toutes ces assertions potentiellement préjudiciables à l’OMPI soient fausses, mais [ce document] vise seulement à signaler que le gouvernement iranien, à plusieurs reprises, a dévoilé son jeu, livrant ces informations sans citer de sources aux média étrangers» note Lincoln Bloomfield Jr.

Il notifie également ce qui suit :

  • «L’OMPI, durant environ vingt ans après la révolution de 1979 en Iran, a commis des actes de violence ciblés contre les forces, les biens et les responsables du gouvernement révolutionnaire iranien, sans pour autant commettre aucun acte de violence aveugle contre des civils innocents.»

Avant 2002, des unités de résistance des moudjahiddines du peuple d’Iran ont par exemple tué Assadollah Lajevardi, procureur des tribunaux de la révolution islamique de Téhéran, surnommé « Le Boucher » de la sinistre prison d’Evine.

  • «Il n’existe apparemment aucune trace d’actes de violence perpétrés par l’OMPI depuis 2001 ou 2002.»

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