Sadio Kanté, tabassée par la police le 16 décembre 2013 à Brazzaville [Photo tirée de francaisdeletranger.org]

Congo Brazzaville : la journaliste Sadio Kanté « sans papiers » dans son pays ?

[Par Jean MATI]

Devenir « Sans papiers » dans son propre pays peut paraître comme un fait quasi impossible. Mais l’affaire « Sadio Kanté » semble être une illustration parfaite d’une théâtralisation dramatique que Brazzaville tente de donner à cet événement.

Sadio Kanté, tabassée par la police le 16 décembre 2013 à Brazzaville [Photo tirée de francaisdeletranger.org]

Sadio Kanté, tabassée par la police le 16 décembre 2013 à Brazzaville
[Photo tirée de francaisdeletranger.org]

Expulsée dans la nuit de lundi 22 à mardi 23 vers le Mali, Sadio Kanté-Morel signe et persiste : « Je suis congolaise. Ils veulent me régler mon compte parce que je dérange. Je reviendrai chez moi, je n’ai pas besoin de visa », pouvait-on lire jeudi dernier sur le blog de la journaliste.

La semaine dernière, les autorités de Brazzaville ont décidé d’expulser Sadio Kanté-Morel vers le Mali parce qu’elle n’a pas de titre de séjour, à en croire le communiqué de la Direction générale de la Police nationale congolaise publié mercredi. « Sadio Kanté est de nationalité malienne, née à Brazzaville en 1968 », précise-t-il.

Pour sa part, Sadio Kanté-Morel ne cesse d’affirmer sa congolité en se basant surtout sur le droit du sol. Née d’un père sénégalais et d’une mère malienne, la journaliste SKM a longtemps vécu au Congo Brazzaville. Elle se sent bien un « Mwana Mboka » – (Fils ou fille du pays ), comme les Congolais de Kinshasa le disent.

Sur la forme, cette histoire n’a ni queue, ni tête. Par contre sur le fond, l’opinion y voit quand même une main basse du gouvernement congolais sur cette affaire. Selon les sources concordantes, la journaliste Sadio Kanté bavarde un peu trop. Elle dérange beaucoup. Qui ? Le gouvernement certainement. Elle a même eu plusieurs antécédents avec le régime en place. Notamment avec ce récit triste qui a eu lieu le 16 septembre 2013 au palais de justice de Brazzaville où SKM, alors correspondante de Reuters, a été battue et ridiculisée par les gendarmes devant la foule. Mais le péché qui lui a valu vraiment l’expulsion, c’est l’article qu’elle a publié récemment sur l’agression du journaliste camerounais Elie Smith par des personnes inconnues.

Obstinément, Sadio Kanté-Morel n’a rien perdu d’elle. Sa promesse de revenir à Brazzaville n’est pas enterrée. Par ailleurs, pensons aussi que SKM doit éviter d’être un peu comme la chèvre de Monsieur Séguin au milieu des loups. La chèvre a fini par se faire manger…