Après la COP 21 : l’Afrique entre deux eaux ?

[Par Jean-Jules LEMA LANDU]

Les lampions se sont éteints au Bourget, en banlieue parisienne. Enfin, la COP 21 a vécu. Après 11 jours d’intenses tractations, du 30 novembre au 12 décembre, sur le drame climatique. Le résultat global, dit-on, semble être à la hauteur des attentes. Est-ce le cas pour le continent africain ?

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Au départ, il faut retenir que l’Afrique est du côté des victimes innocentes de la pollution. Selon les statistiques, elle n’émet dans l’atmosphère que quelque 4 % du CO2, alors qu’elle en subit les retombées autant que les pays fautifs. Sinon plus. En témoigne, à titre d’illustration, la disparition inexorable du lac Tchad.

C’est pourquoi, à Copenhague comme à Paris, elle a usé avec ténacité de son argument massue :« Que les pollueurs paient ». Approuvé, du reste, par le groupe des pays du Sud. Qui entendaient, en bloc, que les pays développés, pollueurs, délient la bourse pour financer leur adaptation à la « transition énergétique ». D’où l’idée d’un « fonds vert » en soutien de cette période qui s’annonce délicate.

Depuis Copenhague, la réponse des pays riches n’a pas varié. Ils ont consenti à mettre en jeu 100 milliards de dollars, par an, à partir de 2020. Un montant considéré comme plancher et non un plafond (appelé à être revu). Les détails sur la distribution de cette cagnotte ne sont pas connus. De son côté, la France a accordé 2 milliards d’euros, à verser spécialement dans la « corbeille africaine ».

Ainsi, le compte a-t-il été réglé ? En partie, car, l’essentiel est de savoir, surtout, si la « transition carbone » en faveur des énergies renouvelables sera bénéfique pour un développement exponentiel de l’Afrique. Jusqu’ici, on a moins évoqué cet aspect du problème.

A ce sujet, un regard sur la situation des pays industrialisés, qui continuent d’utiliser les énergies fossiles, 150 ans après le début de l’ère industrielle, laisse perplexe. La Chine s’y accroche encore, jusqu’à hauteur de 70 %, tandis que l’Afrique du Sud atteint le plafond de 90 %. En extrapolant, la moyenne africaine n’irait sans doute pas en deçà de ce chiffre.

C’est que, de manière générale, le continent tire encore l’essentiel de son énergie du charbon ou des hydrocarbures. Il en usera encore pendant un temps, en attendant que les nouvelles énergies prospèrent. Tout en étant placé devant un véritable paradoxe : d’un côté, tenir au respect des recommandations de la COP 21 et, de l’autre, s’appliquer au devoir de développement.

N’est-ce pas un exercice difficile pour un débutant ? Nombre d’analystes africains, cependant, y opposent l’optimisme. Ils pensent que le continent a encore la chance de faire le choix de solutions appropriées pour son avenir. « Tout est à faire », soutiennent-ils. D’où la possibilité, à leurs yeux, de créer un « stimulant économique », à partir d’un bon dosage entre charbon et éolien, par exemple.

Les Cassandre de l’économie, quant à eux, ne sont pas de cet avis. Ils n’y voient forcément qu’une catastrophe programmée. Pour eux, la notion d’aide, quelle qu’elle soit, est un « cheval de Troie ».