Rencontre avec Ali al-Muqri au lycée Einstein : la littérature comme combat

[Par Johanna GALIS]

Le journaliste et écrivain yéménite Ali al-Muqri avait rendez-vous jeudi 7 avril 2016 au lycée Albert Einstein de la ville de Sainte-Geneviève-des-Bois, en banlieue parisienne, pour témoigner de son parcours de dissident devant deux classes de Seconde.

De par ses propres mots, d’entrée de jeu, et par un regard affuté sur la condition des peuples aux voix minorées de son pays natal, le Yémen, il déclarera avoir trouvé sa vocation d’écrivain « dans l’espoir d’amener plus de démocratie dans son pays ». Un combat qui donnera jour à des livres de fiction sur fond de trame historique pour donner une voix à l’oppression : c’est en évoquant ses écrits qu’Ali al-Muqri dressera un panorama plus large, ponctué de multiples photos diffusées sur un tableau blanc, des coutumes de son pays et de son expérience personnelle du Yémen.

Source : MDJ)

Source : Lisa Viola Rossi / MDJ

A l’intérieur de la salle de conférence du lycée, plusieurs affiches de couleur attestent du travail en amont des élèves: elles portent par exemple sur le parcours de M. al-Muqri, sur ce qu’est la Maison des journalistes ainsi que sur son pays natal. Elles témoignent de certaines connaissances acquises préliminaires à la rencontre. Un groupe de jeunes-filles accueille Ali al-Muqri en le remerciant chaleureusement, sourires ouverts ponctués d’un regard timide et respectueux, tandis qu’une bénévole de la Maison des journalistes, Wafaa Abdelrahman Ibrahim, prend en charge la traduction des propos de l’écrivain, de l’arabe yéménite au français.

Ali al-Muqri n’hésite pas à parler de ses enfants quand il voit ces élèves ; ils ont le même âge que lui. Il n’hésitera pas non plus à les présenter parmi ses photos.

Lors de cet échange, qui s’organise d’abord autour d’une présentation du Yémen tel qu’Ali le voit, l’écrivain dresse la trame historique de son pays natal, grâce à des œuvres d’art ou des photos plus intimes, en faisant toujours le lien avec ces gens à qui il a voulu donner la voix dans ses livres, les Noirs, les Juifs, les femmes – des individualités qui sont au cœur de la construction du pays mais qui ne peuvent pas s’exprimer.

Source : MDJ

Source : Lisa Viola Rossi / MDJ

Au travers de certains objets, le couteau porté par les hommes sur le côté de la taille, dont la lame effilée forme un « J », ou bien le voile noir quasi-intégral porté par les femmes dès la puberté, l’homme de lettres décrit un monde qui aspirerait à plus de démocratie et à plus d’empathie, où les rôles des uns et des autres seraient moins prédéfinis, un monde où ceux qui rêvent pourraient se permettre de croire à du changement, et ce malgré les barrières qui leur sont imposées. Un monde où la voix donnée à ses personnages leur permettrait de tracer leur propre voie.

Puis, les lycéens interagissent avec Ali al-Muqri en lui posant des questions. Elles porteront sur sa vie, sur son combat ainsi que sur ses opinions politiques. La rencontre se termine par des citations sur la liberté, qui illustreront de manière symbolique ce qu’Ali al-Muqri aura représenté pour ces jeunes : un vent de liberté devant un quotidien à réinventer, un combat pour obtenir la liberté d’être.