République Démocratique du Congo : le pouvoir de Kinshasa, un régime indécrottable !

En fin mandat depuis décembre 2016, le pouvoir de Kinshasa semblait être bousculé par une série des manifestations lancées récemment par le Comité laïc de coordination (CLC). En désaccord, les contestataires ne demandaient qu’une seule chose : l’ application intégrale de l’accord politique de «Saint Sylvestre». Une préoccupation dont le régime de Kabila tente d’ ignorer en occultant les perspectives de la tenue prochaine des élections en République démocratique du Congo. Un déni encore étayé par le communiqué tenu ce lundi 12 mars  à Kinshasa par le CLC suspendant momentanément ses marches dites pacifiques.

Ce jour-là, les villes de Kinshasa, Kisangani, Mbandaka et Lubumbashi vibraient au rythme des contestations au pouvoir en place. Banderoles en mains, pancartes arborer et dénonçant le régime de Kabila, on y  voit une foule hostile répartie simultanément dans différents coins du pays.

Nous sommes dimanche le 25 février 2018, cette marche dite «Pacifique» a été initiée à l’appel  du Comité laïc de coordination, un organe ressemblant différents mouvements citoyens en vue de barrer la route au chef de l’état congolais, Joseph Kabila, dans sa volonté de briguer un nouveau mandat.

Aussitôt les forces de l’ordre ont vite dispersé les manifestants à jets de gaz lacrymogènes et tirs des balles à caoutchouc, à en croire les sources policières. En réalité, on pouvait observer les bavures policières ou des hommes en uniformes notamment à Kinshasa, où un jeune activiste et militant, Rossy Tshimanga a été tué.

Un mort de plus qui s’y rajoute à une dizaine des victimes recensées lors des précédentes marches tenues le 31 décembre 2017 et le 21 janvier 2018 sur l’étendue de la République.

Pourquoi une marche “pacifique” ?

Pourquoi tant des morts aussi innocents ? La réponse à cette question exige un flash-black afin de savoir, comment en est-on arrivé là ? Tout débute en décembre 2016, le président Kabila est arrivé à la fin de son second mandat. En fin stratège, il laisse planer un doute quant à son avenir politique. Allait -t-il se représenter ou pas? Il se mue et ne dit rien. Sauf que la Constitution ne l’autorise pas à briguer un nouveau mandat. De quoi aurait-il peur?

Il dirige le pays depuis 2001. Il connaît (pour ne pas dire il maîtrise) le pays. Il connaît les acteurs politiques qui viennent le voir de jour tout comme de nuit. En plus de cela, la main de la bénédiction des puissances extérieures ne l’a pas encore quittée. Il cogite sur la méthode à procéder pour contourner cette restriction constituante. Avec l’appui de la commission nationale électorale indépendante, (CENI), un alibi est vite trouvé. On parle alors des moyens financiers qui font défaut. Quelle insulte !

Pour apaiser les acteurs politiques, cette fois-là, avec le concours de l’Eglise catholique, un accord est signé en date du 31 décembre 2016, ayant comme conditions, la tenue d’élections dans un an, c’est-à-dire en décembre 2017. En outre, une mesure de décrispation en procédant à la libération des prisonniers politiques.

Une opposition corrompue renforce le mouvement catholique

Un an après, nous sommes en décembre dernier, rien ne semble inquiéter Joseph Kabila qui se comporte comme un père fouettard dans l’indifférence générale. En effet, il renforce sa légitimité. Il nomme les premiers ministres, qui à leur tour se prosternent à ses pieds. Les premiers ministres viennent de l’opposition. Une opposition fragilisée et corrompue. De ce fait, ils sont soumis à la volonté du Pouvoir.

Pour sauver le pays, l’Eglise catholique renaît de ses cendres tel un phénix et réalise avoir été enroulé dans la farine en décembre 2016. Une série des manifestations est programmée, à l’instar des marches dites pacifiques, réprimées dans le sang. Les contestataires sont muselés. Les plus chanceux partent en exil, les malheureux tombent sous les balles de la dictature.

Au regard de ce qui précède, et, avec la suspension des marches qui consistaient à mettre la pression sur le régime de Kabila, ce dernier sort vainqueur de la première manche qui l’opposait au triomphe de la volonté du peuple, incarné par le CLC.