
Qui a peur des élections… en République Démocratique du Congo ?
“C’est pourquoi on empêche ce Fayulu-là de parler, à travers son porte-voix ? On a peur de lui ou quoi ?“, m’a demandé mon petit-fils, âgé de 7 ans, en regardant la télévision. Devant mon silence, il a pris l’initiative de répondre lui-même à sa question : “C’est Kabila qui a donc peur…“. Vérité limpide d’enfant !
Mais, à cette question, on trouve également plusieurs réponses d’adulte. Les unes réfléchies, les autres autant absurdes que téméraires. Nous avons choisi un échantillon pour chaque catégorie.
Dans la première, l’hebdomadaire Jeune Afrique, devant le succès inattendu de ce candidat surgi des fonts baptismaux de Genève (JA n° 3022, du 9 au 15 décembre), dit ceci : “Martin Fayulu, c’est homme que personne n’a vu venir et qui déjoue tous les pronostics” (nous l’avons déjà dit dans notre article publié sur la Toile, mardi 11 décembre, sous le titre : “RD Congo : le réel et la fin du flou artistique“).
Dans la seconde, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, déclare : “Fayulu a été mis sur orbite par les forces obscures pour empêcher la RD Congo de réaliser le grand objectif d’organiser les élections apaisées, le 23 décembre 2018. Et le gouvernement se fait fort de ne pas donner à Fayulu l’occasion de ne pas faire capoter cette mission” (propos rapportés, le 12 décembre 2018, par Clémentine Pawlotsky, cités dans son site par JA).
C’est là, manifestement, un aveu de banditisme d’Etat et d’assassinat, puisqu il y a eu effusion de sang à Lubumbashi ainsi qu’à Kalemie.
“Un vote plutôt ‘global’”
Ce qui surprend, depuis que cette campagne a débuté, c’est le fait que le candidat Fayulu occupe le haut du pavé. Sans concurrence. Et, de ce fait, il est suivi avec attention par beaucoup de médias. Pour commenter ses succès fulgurants.
Pourquoi ne parle-t-on pas, avec la même intensité, de la tournée du candidat Shadary, dauphin du président Kabila, ou du couple Tshisekedi-Kamerhe, dissidents de l’opposition à Genève ? Les médias se confinant, à leur sujet, à ne donner que de l’information brute. La question et son commentaire sont pertinents.
La réponse est classique. Les communicateurs disent : “Si un chien mord un homme, cela n’intéresse personne. Si, en revanche, un homme mord un chien, cela devient intéressant. Et, la presse s’en empare“. Fayulu est à classer, ici, dans ce deuxième cas de figure. Bousculer, à ce point, tous les pronostics, relève du romanesque. C’est donc intéressant !
L’envolée de Fayulu renverse également, en partie, la logique du politologue Kabamba, professeur des universités, en Belgique, qui établit que le “vote en RD Congo est communautaire“. En cela, l’éminent enseignant n’a pas tenu compte du principe selon lequel les “sociétés évoluent“. A travers les vicissitudes du quotidien troublées du Congolais, des décennies durant, celui-ci a fini par évoluer mentalement. C’est le propre de tous les descendants du Sapiens. Dans la campagne en cours, il se propose de “voter global“.
Le Congolais lui-même, sans doute, se surprend non seulement à ovationner Fayulu, mais surtout à lui faire confiance. A Kalemie, par exemple, contrée entièrement swahiliphone, on a chanté : “Tutamchagua Fayulu“. “On votera pour Fayulu”, en français. Inimaginable, il y a quelques années qu’un homme venu de la lointaine province de Bandundu (sud-ouest) puisse, à ce degré, conquérir le cœur d’un Mutabwa de Kalemie, pêcheur xénophobe sur le lac Tanganika (est).
“Vox populi, vox Dei”
Suffisant pour que la panique s’installe dans le camp présidentiel. Où, apparemment, règne un calme olympien. Dimanche, 9 décembre, le président Kabila s’est même donné le luxe d’accorder une interview ronflante à plusieurs médias anglophones, dans laquelle il affirmait sont intention de se représenter, en 2023 (nous l’avons aussi dit dans l’article mentionné ci-dessus).
Un faux-semblant ! Sinon, on aurait laissé le candidat de la coalition “Lamuka” passer tranquillement son chemin. Après les exploits réalisés, en deux temps trois mouvements, à Beni, Goma, Kisangani et Bunia, le pouvoir a décidé de briser cette “machine à gagner“.
Si l’avion de Fayulu a été empêché d’atterrir à Kindu, province du Maniema et fief du candidat Shadary (pour éviter l’humiliation à ce dernier, avance-t-on), le déplacement à Lubumbashi et Kalemie du “soldat du peuple” (sobriquet de Fyulu) a vu l’interférence des forces de sécurité. Elles ont tiré à balle réelle, tuant au total 5 personnes dans ces deux villes.
Qui a, finalement, peur entre ceux qui refusent la “machine à voter“, sujette à caution, et ceux qui brisent la “machine à gagner“, approuvée publiquement par le peuple ? “Vox populi, vox Dei”, disaient les Romains.
Le gouvernement de Kinshasa ne le comprendra jamais. De fait, si la dictature corrompt, la dictature absolue corrompt absolument. Kabila fait partie de cette race.
EN SAVOIR PLUS SUR CE THÈME
GUINEE CONAKRY – Au lendemain des élections présidentielles, le chaos
/dans Afrique, Droits de l'Homme, Tribune Libre /par Mamadou Bhoye BAHLe 18 octobre 2020, l’élection présidentielle a tourné à la fraude électorale à ciel ouvert. Des preuves vidéos confirment ces soupçons.
Se faire élire par des armes, plutôt que par des urnes
Dans les fiefs du parti au pouvoir, notamment à Kankan, des militants épaulés par les forces de sécurité ont fraudé sans vergogne pour espérer faire gagner l’élection. Une première vidéo montre un agent de sécurité prendre plusieurs bulletins de vote pour les remettre à une seule personne qui part s’isoler pour voter. Tout porte à croire que cet électeur y va pour ajouter illégalement des votes au candidat Président Alpha Condé dans son fief à Kankan.
Une deuxième vidéo montre un membre du bureau de vote confortablement assis. Il coche plusieurs bulletins de vote désignant Alpha Condé. On entend des personnes autour du fraudeur lui dire de faire vite car un délégué arrive. L’ensemble se passe en langue malinké. Découvrez cette vidéo en cliquant sur ce lien.
Autres méthodes utilisées pour faire gagner le candidat, enregistré un nombre de votant supérieur au nombre d’inscrits dans un bureau de vote, malgré la présence de la Cedeao (Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) et de l’Union Africaine présentes pour surveiller le bon déroulement du scrutin. En lieu et place du terrain, les surveillants des élections préfèrent se prélasser dans le luxueux confort de leur hôtel. Ils dressent leurs oreilles afin d’écouter les déclarations fallacieuses des Présidents en place qui légitiment les dictatures en Afrique au détriment de l’intelligence des peuples africains qui restent dominés par l’illettrisme. Il s’agit de Cellou Dalein Diallo.
Selon le site Tribune Ouest, bien introduit en Guinée, et qui a pu prendre connaissance des premières estimations à la sortie des urnes, Alpha Condé aurait perdu le vote des Malinkés en Haute-Guinée, son fief historique, ainsi que celui des Soussous en Basse-Guinée.
Cedeao et Union africaine: des organisations qui ont pour but de conforter les dictateurs en place grâce aux fraudes lors des élections démocratiques
Pour se maintenir au pouvoir, le Président en place et candidat Alpha Condé n’a d’autre choix que d’utiliser la fraude. Avec ses acolytes de la Cedeao, il sait que la CENI (Commission électorale nationale indépendante) va valider les résultats. En Afrique, les immenses défaites stratégiques peuvent être sans conséquence. Par exemple, c’est bien la Cedeao et l’Union Africaine qui se pavanait au Mali, faisant croire que le Président élu était légitime, qu’il n’y avait pas eu aucune fraude. Quelques jours après ces élections, l’ampleur de la fraude ne faisait aucun doute. Le peuple malien décidant sans aide de renverser l’usurpateur avec l’aide de l’armée.
Ces deux instances sont là pour légitimer aux yeux du monde les élections organisées par des dictatures. Elles permettent la mise en place des basses besognes du pouvoir qui se servent de la démocratie comme d’un jouet. Le mois prochain, ce sera au tour de la Côte d’Ivoire d’aller voter pour leur président.
C’est à nouveau la Cedeo qui encadrera ces élections. Prenant goût aux jeux de pouvoir, ils n’hésitent pas à intervenir dans le processus des élections pour soutenir le dictateur en place ! Non seulement, la Cedeao condamne sans réserve l’opposition ivoirienne à bout de nerf et proche de la désobéissance civile depuis qu’ils ont appelé, ce qui est leur droit, au boycott de l’élection présidentielle. Fait aggravant, l’Union Africaine et la Cedeo ne se sont pas gênées par la violation constitutionnelle qui comme en Guinée Conakry a été transformé pour permettre un troisième mandat au dictateur en place, en l’occurrence Alssane Ouattara.
En Guinée Conakry, on compte les morts
En Guinée Conakry, l’opposant charismatique Cellou Dalein partant de son expérience, s’est auto-déclaré vainqueur de l’élection. Il s’est basé sur les procès-verbaux à la sortie des urnes. La liesse populaire s’est alors emparée de Conakry, les rues se sont remplies et la ferveur était à la hauteur de l’attente d’une fin de règne souhaité par la population. Ces scènes ont également eu lieu en Guinée forestière, en Moyenne et en Basse Guinée.
À Conakry, les forces de sécurité à la botte du pouvoir, ont tué dans la soirée du 19 octobre 2020 trois jeunes élèves selon un communiqué du parti UFDG de Cellou Dalein Diallo. Il s’agit de Thierno Nassirou Sylla, 13 ans, Mamadou Saîdou Diallo, 14 ans et Abdoulaye Diombo Diallo, 18 ans.
Que s’est passera-t-il dans les prochains jours en guinée ? La CENI confirmera-t-elle les résultats des urnes ? Ou cautionnera-t-elle les fraudes en proclamant le candidat du RPG illégal ? Le chaos menace la Guinée Conakry.
D’autres articles
Guinée. Interview avec le député Sébastien Nadot
De Gouville : Le jour où j’ai rencontré Sankara
GUINEE CONAKRY – La liberté de la presse attaquée
GUINEE CONAKRY – Au lendemain des élections présidentielles, le chaos
GUINEE CONAKRY – L’élection présidentielle réveille la haine ethnique
GUINÉE CONAKRY – L’insécurité règne en maître absolu dans certains villages
GUINÉE CONAKRY – Les opposants en prison afin de préparer l’élection présidentielle
GUINÉE CONAKRY – Alpha Condé, «le soleil des incompétences» brille dans le ciel africain
GUINÉE CONAKRY – Création de “Guinée Chek” pour lutter contre les fake news !
GUINÉE CONAKRY – Quand les fêtes religieuses développent le pays…
Guinée Conakry – Quelle éducation quand le taux d’alphabétisme est de 25% ?
Guinée – La liberté de la presse sombre à nouveau
Guinée – Cinéma – “Safiatou”, des vertus de la campagne aux vices de la ville
France – Police et journalisme: “Je fais semblant de m’éxécuter mais j’ai continué de filmer”
Guinée Conakry – Les conseils extraordinaires du président Alpha Condé pour lutter contre le covid19
Guinée Conakry – Récit du referendum chaotique, entre répression et coronavirus
Guinée Conakry – Entre élections et Goulag, interview de Thomas Dietrich, journaliste expulsé qui analyse la situation politique et sociale
Grève – Au cœur d’une “Assemblée Générale” à l’université Paris 8
Cinéma – Le film “Soumaya”, un mélange d’émotions et de revendications
Guinée – Comme à chaque campagne électorale, les journalistes sont menacés
Guinée – Kit de la répression avant les élections, par Alpha Condé
Guinée : malgré la grève et plusieurs morts, le Président s’octroie par décret un 3ème mandat présidentiel
Guinée : Un enfant de 10 ans tué lors d’une manifestation, le pays continue de s’embraser
Guinée : en grève, le pays refuse une nouvelle constitution
Guinée: le troisième mandat présidentiel, un virus contagieux en Afrique
GUINEE CONAKRY – L’élection présidentielle réveille la haine ethnique
/dans Afrique, Tribune Libre /par Mamadou Bhoye BAHEn lice, 12 candidats (dont deux femmes) pour un seul fauteuil. Les projecteurs seront tournés vers le président sortant, candidat à sa propre succession. Candidature illégale puisque la Constitution de 2010 empêche l’exercice du troisième mandat.
C’est dans ces violences que Mamadou Saïdou Diallo, 14 ans, élève en classe de 8ème année, a été tué.
Un challenger est également à surveiller: Cellou Dalen Diallo, ancien premier ministre de Lansana Conté. Le rififi a lieu principalement entre ces deux candidats. Rififi le mot est tendre, car leur chamaillerie tue des guinéens, en traumatisent d’autres et font bruler la flamme de la haine.
Le parti au pouvoir chahuté par la foule
Mardi 29 septembre 2020 vers 15h30, une prétendue attaque attribuée aux militants du principal opposant Cellou Dalen Diallo a peut-être eu lieu après le meeting tenu par Ibrahima Kassory Fofana, premier ministre et directeur de campagne d’Alpha Condé (le Président en exercice).
Cette scène s’est déroulée au stade Elhadj Saîfoulaye à Labé, situé dans le quartier Konkolah. Alors que le premier ministre quittait les lieux, sa délégation a subi une attaque violente par plusieurs individus incontrôlés. Conséquence, sept véhicules ont été caillassés et l’une des voitures s’est encastrée contre un mur en cherchant à éviter les casseurs.
Voici la version officielle du gouvernement de Guinée Conakry: «Mardi, 29 septembre 2020 – C’est avec une grande amertume que le Gouvernement apprend l’attaque dont a été l’objet le cortège de son Excellence Ibrahima Kassory Fofana, Premier Ministre de la République de Guinée et Directeur de campagne du candidat du RPG Arc en ciel».
Cette version a été fortement nuancée par le représentant de l’Etat dans la région, le préfet de Labé, Elhadj Safioulaye Bah. Dans l’émission les GG sur les ondes Espace FM de Guinée Conakry, le préfet s’est très clairement exprimé:
«Le premier ministre n’était nullement ciblé. Depuis le matin, dès 8 heures, la population s’est rassemblée au stade. Une forte animation et beaucoup de personnes y étaient. L’événement s’est très bien passé, jusqu’au départ. C’est là que les jets de pierres ont eu lieu, uniquement à la fin du cortège. Je ne dirai même pas le mot «cortège» car il n’y avait quelques véhicules. Le véhicule de notre premier ministre n’a pas été atteint. A priori, il n’était pas visé. Il faudrait que cela se sache !»
Le préfet ose continuer: «Il y a des personnes qui sont incontrôlées, peut-être qu’ils ont eu des promesses qui n’ont pas été tenues et qu’ils ont réagi en fonction de cela. En tous les cas, s’il s’agissait d’un sabotage, dès le matin, ils auraient saboté cela. Nous avons ouvert une enquête pour essayer de trouver ceux qui sont auteurs des jets de pierres et les raisons qui les ont amenés à faire cela.»
Le parti d’opposition ethniquement pris à partie
Ce dimanche 11 octobre, c’est le cortège de l’opposant, leader de L’UFDG, Cellou Dalein Diallo qui a été attaqué à Kankan, fief du pouvoir traditionnel d’Alpha Condé.
L’accès à la ville a été bloqué dimanche par un groupe de militants «RPG ARC en Ciel». Ces jeunes ont barricadé l’entrée principale de Kankan par des troncs d’arbres entrecoupés et entreposés ça-et-là sur la chaussée.
Le cortège de Cellou Dalein Diallo a décidé finalement de rebrousser chemin pour éviter des affrontements. Mais cette fuite n’a pas suffi et ce qui s’en suit est anormal, surtout si l’on précise que toutes les violences dont nous allons vous parler ont eu lieu alors que le « Ministre de la défense nationale » et le « Ministre de l’administration du territoire et des affaires politiques » sont tous les deux présents à Kankan.
Mais leur présence n’a en rien dissuadé ou gêné les loubards. En effet, les jeunes du RPG ne se sont pas limités à bloquer le cortège du Président de l’UFDG. Ces racailles s’en sont pris (encore !) aux militants massivement mobilisés pour accueillir leur leader.
Beaucoup d’entre eux ont été bastonnés et blessés. Leurs motos ont été volées ou calcinées. Mais pas que. Les boutiques et magasins des commerçants issus de la même communauté ont été pillés et saccagés.
Pourquoi tant de violence ?
Au-delà des luttes de pouvoir, c’est la triste mais logique conséquence des discours à relent ethnique qui fleurissent dans les discours d’hommes politiques guinéens. Qui plus est, des types dangereux car extrémistes bénéficient des largesses du pouvoir. Parmi ces extrémistes, nous devons citer au moins ceux du mouvement RPG (auteur de ces violences) notamment Talibi Dabo de la coordination régionale du RPG, ainsi qu’Oumar Diakité lui-même maire RPG de Kankan, sans oublier Moussa Dian Condé du syndicat des transports. A eux trois, leur haine et leur rage rempliraient tous les fleuves de Guinée Conakry !
Cette haine basée sur l’ethnie est grave. Il faut être sérieux. Tant d’exemples nous montrent à quel point des personnes partageant un même territoire et une même langue, sont capables de rentrer dans une logique de génocide. Nous n’en sommes pas là. Mais la situation ne se limite pas à ces exemples dans les fiefs de chacun, elle s’étend à l’ensemble du territoire de Guinée Conakry.
Par exemple, à Conakry, la capitale guinéenne a été la scène de violents affrontements ce jeudi 8 octobre 2020 faisant un mort. Idem deux jorus plus tard, cette fois à Yattaya Fossidet, dans la commune de Ratoma.
Des accrochages ont éclaté entre des partisans du RPG Arc-en-ciel et de l’UFDG, entraînant un mort et des dégâts matériels, selon nos confrères de Guineematin.com. Plusieurs partisans de l’UFDG quittaient la T6 pour se rendre à Sonfonia, via Yattaya. A l’arrivée de leur cortège à cet endroit, où des partisans du RPG Arc-en-ciel battaient campagne, les choses ont très mal tournées.
Suite aux échanges peu amicaux, les deux camps se sont affrontés à l’aide de jets de pierre. Les opposants du président en place ont pris le dessus sur leurs adversaires. Ils ont saccagé le stand du RPG Arc-en-ciel, installé au niveau de ce rond-point, incendiant le groupe électrogène et les matériaux de sonorisation qui étaient sur les lieux. Après leur passage, certains militants du parti au pouvoir ont mené des représailles, en s’attaquant à des commerces situés dans les alentours et appartenant aux partisans de l’UFDG.
C’est dans ces violences que Mamadou Saïdou Diallo, 14 ans, élève en classe de 8ème année, a été tué.
Élections mis à part, ces violences sont avant tout une tragédie pour toute la Guinée Conakry. Chacun peut penser comme il veut pour analyser le présent, mais quelles seront les suites ? Qu’est-ce qu’il y a après ? Les responsables politiques ne semblent pas se rendre compte ni admettre leur responsabilité dans ce déferlement de haine. Dimanche, l’élection présidentielle aura lieu. En espérant qu’aucun guinéen, qu’il est 14 ans ou plus, ne sera à son tour victime des démons politiques guinéens.
D’autres articles
Guinée. Interview avec le député Sébastien Nadot
De Gouville : Le jour où j’ai rencontré Sankara
GUINEE CONAKRY – La liberté de la presse attaquée
GUINEE CONAKRY – Au lendemain des élections présidentielles, le chaos
GUINEE CONAKRY – L’élection présidentielle réveille la haine ethnique
GUINÉE CONAKRY – L’insécurité règne en maître absolu dans certains villages
GUINÉE CONAKRY – Les opposants en prison afin de préparer l’élection présidentielle
GUINÉE CONAKRY – Alpha Condé, «le soleil des incompétences» brille dans le ciel africain
GUINÉE CONAKRY – Création de “Guinée Chek” pour lutter contre les fake news !
GUINÉE CONAKRY – Quand les fêtes religieuses développent le pays…
Guinée Conakry – Quelle éducation quand le taux d’alphabétisme est de 25% ?
Guinée – La liberté de la presse sombre à nouveau
Guinée – Cinéma – “Safiatou”, des vertus de la campagne aux vices de la ville
France – Police et journalisme: “Je fais semblant de m’éxécuter mais j’ai continué de filmer”
Guinée Conakry – Les conseils extraordinaires du président Alpha Condé pour lutter contre le covid19
Guinée Conakry – Récit du referendum chaotique, entre répression et coronavirus
Guinée Conakry – Entre élections et Goulag, interview de Thomas Dietrich, journaliste expulsé qui analyse la situation politique et sociale
Grève – Au cœur d’une “Assemblée Générale” à l’université Paris 8
Cinéma – Le film “Soumaya”, un mélange d’émotions et de revendications
Guinée – Comme à chaque campagne électorale, les journalistes sont menacés
Guinée – Kit de la répression avant les élections, par Alpha Condé
Guinée : malgré la grève et plusieurs morts, le Président s’octroie par décret un 3ème mandat présidentiel
Guinée : Un enfant de 10 ans tué lors d’une manifestation, le pays continue de s’embraser
Guinée : en grève, le pays refuse une nouvelle constitution
Guinée: le troisième mandat présidentiel, un virus contagieux en Afrique
Afrique – Kenya et Malawi annulent le résultat des présidentielles
/dans Afrique, Tribune Libre /par Jean-Jules Lema LanduComme à l’accoutumée, c’est le président sortant, Peter Mutharika, qui l’a emporté avec 38% des suffrages devant son principal opposant Lazaru Chakwera.
L’annulation de l’élection présidentielle au Kenya
Victoire biaisée, a aussitôt crié l’opposition, qui a protesté et manifesté sans relâche dans les rues de la capitale, Lilongwe. Et à travers elle, les provinces du pays.
Obligée de revoir sa copie, et placée devant certaines évidences sur la fraude, la Cour constitutionnelle a simplement annulé le scrutin. Elle en a requis un nouveau dans 150 jours. Poser des tels actes judiciaires, en Afrique, où la dictature se cache derrière les démocraties tordues, n’est pas du tout anodin.
A titre d’exemple, c’est dans une auto blindée que les juges se sont rendus au siège de l’institution, à Lilongwe. Aidés en cela par une partie de l’armée malawite, dite «progressiste».
Est-ce là des signes donnés pour briser la glace ? Devra-t-on s’attendre à une réaction en chaîne ? Questions pertienentes, la réponse sera au cas par cas.
Kenya: rivalité ethnique et enrichissement personnel
La réponse à celles-ci est d’autant plus difficile que la dictature, en Afrique, est multiforme. Au Kenya, elle est principalement assise sur la rivalité ethnique entre les Luo et les Kikuyu, dont leurs deux leaders respectifs (Odinga pour les Luo et Kenyatta pour les Kikuyu) se servent de la politique pour assurer leur puissance économique. De fait, ils sont les deux Kényans les plus riches, pour leur gloire personnelle, mais également pour le bien-être de leur communauté. On a donc assisté à un «arrangement à l’amiable», en sourdine, entre les deux leaders, pour leurs intérêts bien compris, lesquels auraient été mis à mal à travers une confortation ethnique menée de front.
Par conséquent, Odinga a «boycotté» la deuxième manche d’élections, organisées plus tard.
Malawi: un équilibre pour la paix sociale
Tel n’est pas le cas au Malawi, où c’est une partie de l’armée qui mène la barque pro-démocratique. L’armée, selon toute vraisemblance, serait divisée et l’arrêt de la Cour constitutionnelle, après le scrutin prévu dans 150 jours, ne donne aucune assurance qu’il sera accepté de bonne grâce par tous. Surtout par la partie recalée de Mutharika. Quel serait le rôle que pourrait éventuellement jouer l’autre fraction de l’armée restée silencieuse ? Est-elle pour la démocratie ou pour la survie de l’ancien régime ? Difficile à prévoir !
https://twitter.com/mgettoh_254/status/1224317178939351040
Qu’on se souvienne de la Gambie de l’ex-dictateur Yahya Jammeh, en 2017. Il aura fallu l’intervention des militaires de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest pour le résoudre à quitter le pouvoir.
Quoi qu’il en soit, la justice dans ces deux pays est sortie du bois. Elle a donné la mesure des problèmes qui vont surgir et la nature des solutions qui y seraient apportées. Elles sont largement différentes, selon chaque pays. C’est au cas par cas. Ce qui fait dire que l’instauration de la démocratie, d’une manière ou d’autre, avancera à pas de tortue, voire d’escargot.
Par Jean-Jules Lema Landu, journaliste congolais, réfugié en France
D’autres articles sur l’Afrique
EXCLUSIF. La fin de la guerre au Tigré annonce-t-elle le retour de la liberté de la presse ?
Guerre en Ukraine : l’Afrique prise en étau entre l’Occident et Moscou ?
RD CONGO : LA FEMME, LE SEXE ET LE PRÉSIDENT
ALGÉRIE. Djamel Bensmaïl ou le Alain de Monéys algérien
MONTPELLIER. UN SOMMET FRANCE-AFRIQUE AVEC LES JEUNES. UNE PREMIÈRE.
LA RD CONGO ET LES MARCHANDS DE RÊVES
GUINÉE. Mamadou Bah : “Alpha Condé est tombé dans ses propres pièges”
RD CONGO. DE MOÏSE TSHOMBE À MOÏSE KATUMBI ?
TUNISIE. Les plaies de la liberté de la presse ravivées par le président Kaïs Saïed
TOGO. La presse sous l’oppression incessante du pouvoir
Maroc. La surveillance des journalistes n’a pas attendu Pegasus (ENQUÊTE)
La France en passe de lâcher le gouvernement de Brazzaville ?
RD CONGO. TSHISEKEDI EST-IL FICHU ?
MAGHREB. Élan putschiste tunisien et islamisme
Mamadou Bah en France : de la rue à la Maison des Journalistes (PORTRAIT 2/2)
Mamadou Bhoye Bah en Guinée: une lutte contre la corruption (PORTRAIT 1/2)
Législatives en Algérie : Abdelkader et le degré zéro de la politique
RD Congo-Rwanda, à l’heure de vérité biaisée
Le Séparatisme en France et en Afrique
De l’usage de la politique dégénérative en Algérie
Les non-dits sur la messe françafrique du 17-18 et l’énigme Sassou
Annuler la dette de l’Afrique. Et après ?
Congo. Ombres et lumières sur le gouvernement Collinet
Congo-France. Ombre et lumière sur l’élection présidentielle et la mort de Parfait Kolelas
RD Congo : un nouveau gouvernement sans issue
Algérie. Le Hirak aux prises avec la police politique
Tchad. La France de Macron à l’épreuve des réalités ?
Congo. « Marius chez vous », fin d’une émission populaire
Les islamistes, une marque déposée en Algérie
Guinée. Interview avec le député Sébastien Nadot
Algérie. Des présidents agonisants
Afrique de l’Ouest : ces élections qui tuent l’espoir
De Gouville : Le jour où j’ai rencontré Sankara
GUINEE CONAKRY – La liberté de la presse attaquée
GUINEE CONAKRY – Au lendemain des élections présidentielles, le chaos
GUINEE CONAKRY – L’élection présidentielle réveille la haine ethnique
MADAGASCAR – Etat de la presse, les journalistes en danger
CONGO – Démocrature et “Club de Brazzaville” sous fond de corruption
CENTRAFRIQUE – Comment la Russie influence les médias ?
GUINÉE CONAKRY – L’insécurité règne en maître absolu dans certains villages
CONGO-BRAZZAVILLE – Paradoxes et démagogie
GUINÉE CONAKRY – Les opposants en prison afin de préparer l’élection présidentielle
GUINÉE CONAKRY – Alpha Condé, «le soleil des incompétences» brille dans le ciel africain
GUINÉE CONAKRY – Création de “Guinée Chek” pour lutter contre les fake news !
CONGO BRAZZAVILLE – Des milliards destinés à la santé et à l’enseignement
MALI – Après le coup d’État, quelles conséquences pour la liberté de la presse ?
Congo Brazzaville – Les ex-présidents Lissouba et Yhombi inhumés en France
GUINÉE CONAKRY – Quand les fêtes religieuses développent le pays…
Guinée Conakry – Quelle éducation quand le taux d’alphabétisme est de 25% ?
EGYPTE – Episode 4 – La peur et la dépression contaminent la société égyptienne
Le «troisième mandat» des présidents, un effet de mode en Afrique ?
/dans Afrique, Tribune Libre /par Jean-Jules Lema LanduA y voir les choses avec un œil comique, on a l’impression d’assister aux vicissitudes envoûtantes de la mode vestimentaire: il suffit qu’un rien de nouveau se pratique quelque part, pour que des pans entiers de la société, un peu partout, saisissent le mouvement au vol. Et qu’aussitôt la chose devienne tendance. Il en fut ainsi des coups d’Etat et tout ce qui s’en était suivi, jusqu’aux réalités aujourd’hui de «troisième mandat».
Le troisième mandat présidentiel, à la mode africaine ?
A propos des coups d’Etat, selon deux politologues américains, Jonathan Powell et Clayton Tyne de l’université Kentucky (Etats-Unis), il y a eu depuis 1960 à ce jour en Afrique, plus de 400 coup d’Etat (réussis ou non).
Trois «fils à papa» ont été hissés à la magistrature suprême: en RD Congo (Kabila fils), au Togo (Eyadema fils) et au Gabon (Bongo fils). Un quatrième dauphin, Gamal (héritier très contesté du président Moubarak), échouait au seuil des lambris du palais égyptien, quand advinrent les Printemps arabes, en 2010. Pour raviver la tradition, le président ougandais Museveni prépare son fils Muhoozi pour lui succéder. Si cela n’est pas officiel, c’est du moins dans tous les esprits.
En Afrique, tout serait-il donc mauvaise imitation, au niveau de la gouvernance? La rage avec laquelle agit le président guinéen peut fouler aux pieds la Constitution, qui ne lui accorde que l’exercice de deux mandats, ne fait pas dans la nuance.
Elle montre qu’Alpha Condé, comme s’il s’agissait d’un effet de mode, est irrésistiblement attiré par l’exemple de ses paires qui ont tenté et réussi le coup: modifier la Constitution. Citons, dans ce palmarès, le Burundais Nkurunziza, l’Ougandais Museveni, le Rwandais Kagamé et l’Egyptien Fattah al-Sissi.
«Esprit de chefferie»
Qu’un Alpha Condé, cet opposant insubmersible contre les régimes rétrogrades de son pays, puisse en venir à se rabaisser à ce point à la fin de sa carrière, à 81 ans d’âge, est déconcertant pour la jeunesse africaine.
Peut-on imaginer cette figure de la lutte pour la démocratie faire emprisonner et, pire, faire tuer ceux qui manifestent pour le respect des règles démocratiques?
Comment le lustre du pouvoir a-t-il pu diluer la sagesse autant que l’intelligence de ce professeur d’université, blanchi sous le harnais de l’opposition, s’étonne-t-on?
L’étonnement s’arrête, net, quand on se souvient que des velléités allant dans le même sens ont affleuré, un moment, la pensée du président malien, Ibrahim Boubakar Keita.
Et, surtout, lorsque on se rend compte que le président Sénégalais, Macky Sall, ne s’en cache même pas. Pour preuve, il vient de limoger un haut fonctionnaire, Sory Kaba, qui a eu l’outrecuidance de déclarer à haute voix que «la Constitution du Sénégal interdit un troisième mandat». Que dire de la Côte d’Ivoire où le président Ouattara évite avec tact ce sujet?
En dernière minute, ce mardi 3 décembre, à Dakar, un coin du voile a été levé, à ce propos. Au cours du «Débat africain», organisé par Alain Foka de RFI, qui planchait sur le thème «L’Afrique est-elle trop endettée ?», les présidents Ouattara et Sall ont botté en touche, en ce qui concerne la question se rapportant au «troisième mandat». Des réponses vagues !
Comme quoi l’Afrique «soumise à l’esprit de chefferie», selon l’expression du penseur camerounais Achille Mbembe, est encore loin de la démocratie classique.
D’autres articles de Jean-Jules LEMA LANDU
RD CONGO : LA FEMME, LE SEXE ET LE PRÉSIDENT
MONTPELLIER. UN SOMMET FRANCE-AFRIQUE AVEC LES JEUNES. UNE PREMIÈRE.
LA RD CONGO ET LES MARCHANDS DE RÊVES
RD CONGO. DE MOÏSE TSHOMBE À MOÏSE KATUMBI ?
RD CONGO. TSHISEKEDI EST-IL FICHU ?
RD Congo-Rwanda, à l’heure de vérité biaisée
Annuler la dette de l’Afrique. Et après ?
RD Congo : un nouveau gouvernement sans issue
Tchad. La France de Macron à l’épreuve des réalités ?
Congo. « Marius chez vous », fin d’une émission populaire
Afrique de l’Ouest : ces élections qui tuent l’espoir
Covid-19 : l’Afrique en passe de lâcher prise?
Afrique – Kenya et Malawi annulent le résultat des présidentielles
RD Congo: “Un homme très intelligent, mais sans conscience.”
RD Congo – En cas de guerre, le Rwanda va nous broyer
RD Congo: notre maison brûle, Kabila et Tshisekedi s’en moquent
Le «troisième mandat» des présidents, un effet de mode en Afrique ?
RD Congo: Kabila est-il le dindon de la farce ?
RD Congo: le cardinal, le Nobel et le peuple
Afrique : la guerre de l’eau sur le fleuve Nil
RD Congo : à l’heure de la révolte populaire?
RD Congo : un criminel au perchoir du Sénat
Afrique : le Bénin, la démocratie et le millionnaire
La “dépouille mortuaire-épouvantail” d’Étienne Tshisekedi
Confusion artistique au sommet de l’Etat congolais : tous masqués et perdants !
Kabila “Père de la démocratie congolaise” et l’esclave congolais
Algérie – Soudan : les “Gilets jaunes africains” à la manœuvre
Algérie : la rue, Bouteflika et la victoire du peuple
Dans la tête du peuple congolais
Afrique 2018 : chapeau bas à l’Ethiopie !
RD Congo : les carottes sont cuites
RD Congo : éloge d’un hold-up électoral
Elections au Congo : Kabila, Tshisekedi et la mascarade
Élections en République Démocratique du Congo et banditisme d’Etat
Elections présidentielles en RD Congo : Victoire autoproclamée, votes impossibles, machines à voler…
RD Congo : le génie est sorti de la bouteille
Qui a peur des élections… en République Démocratique du Congo ?
RD Congo : le réel et la fin du flou artistique en politique à quelques jours des élections
RD Congo : l’histoire risque-t-elle de bégayer ?
République Démocratique du Congo : une opposition versatile
République Démocratique du Congo : élections, sondages contradictoires, incertitudes
“Un Prix Nobel congolais” est-ce un signe des temps ?
République Démocratique du Congo : trois présidents, trois vampires et le “hasard”
La Chine, le “ponce-pilatisme” et l’Afrique
RD Congo : Kabila n’est pas Poutine
République Démocratique du Congo: Kabila gagnant sur tous les tableaux ?
A quand, en Afrique, l’avènement d’une véritable démocratie, apaisée ?
République Du Congo : le jeune Kabila a-t-il franchi le Rubicon ?
La Coupe de cette «équipe belle et unie»
L’Afrique, le migrant et l’Europe
“Au Tchad, être journaliste c’est être sans cesse sous surveillance” – Portrait du journaliste Mahamat
/dans Afrique, Journaliste MDJ, Liberté de la presse /par Liso CAMPANAÉté 2011, Mahamat est officiellement bachelier. Il s’inscrit à un concours pour intégrer une école de journalisme basée au Soudan. Mahamat est admis. Le gouvernement lui octroie alors une bourse pour ses études. Le jeune homme fait pour la première fois ses valises, et quitte son pays natal, le Tchad.
“Une fois ma formation terminée, j’ai dû rentrer pour travailler au service du gouvernement”.
2014, Mahamat a 22 ans, et fait ses premiers pas de journaliste à la rédaction arabe de Télé Tchad, l’une des plus grandes chaînes télévisées du pays. Là bas, il réalise des reportages, et travaille au desk.
Mais au Tchad, être journaliste rime avec censure et surveillance acharnée. Les recherches, qu’elles soient personnelles ou professionnelles, sont constamment contrôlées. “La rédaction nous a à l’œil, et tout ce que l’on fait est centralisé au gouvernement”.
Un contrôle également présent à plus petite échelle : “les journalistes se surveillent même entre eux”.
Pour Mahamat, la réalité du métier de journaliste dans son pays est désolante: “Au Tchad, être journaliste c’est être sans cesse sous surveillance”.
Le mois d’avril 2016 s’ouvre sur l’élection présidentielle. Idriss Deby, le candidat sortant, brigue un cinquième mandat. Pour les tchadiens, l’heure est à la contestation: ils demandent le départ du dictateur, au pouvoir depuis 26 ans.
“Ils me reprochaient de ne pas dire la vérité, alors qu’aucun journaliste n’a de liberté d’expression”.
A Télé Tchad, on se prépare à couvrir l’événement. Mahamat est désigné “envoyé spécial” pour les régions de Dar Sila et de Ouaddaï, à l’est du pays. Arrivé sur place, la couverture médiatique est difficile et inédite pour le jeune homme : “Pendant un mois, je suis au coeur des tensions et des violences”.
Mahamat est marqué par la brutalité humaine qu’entraine ces élections.
Lors d’un meeting du PLD (Parti pour les Libertés et le Développement) un parti d’opposition au régime, Mahamat est à son tour pris pour cible. Des militants l’attaquent physiquement. “Ils me reprochaient de ne pas dire la vérité, alors qu’aucun journaliste n’a de liberté d’expression”.
Sa liberté d’expression, Mahamat la retrouve le temps d’un instant, lorsqu’il discute des questions des droits de l’homme dans l’émission “choc des idées” sur FM Liberté : une radio privée, non tolérée par le pouvoir.
Dire la vérité. A tout prix. C’est pourtant ce qui anime Mahamat et deux autres journalistes tchadiens.
Le 26 novembre 2016, un massacre a lieu à Ngueli, au nord du pays: : une bagarre entre deux familles fait cinq morts et plusieurs blessés. Quelles sont les réelles circonstances du drame ? Qui sont les vrais responsables ? Les trois journalistes décident de mener leur propre enquête.
Mais très vite, leur investigation est interrompue. Le 10 décembre 2016, Mahamat et ses deux confrères sont arrêtés à leurs domiciles respectifs et sont amenés à la police judiciaire. “Pendant deux jours, on a été interrogés et torturés”. Une signature sur un papier promettant l’arrêt des recherches permet finalement aux trois journalistes d’être relâchés.
Quelques semaines plus tard, Mahamat apprend que l’un de ses deux collègues a été tué. Accident ? Vengeance personnelle ? Coup du gouvernement ? Mahamat l’ignore, encore aujourd’hui. La mauvaise nouvelle n’arrête pourtant pas les deux journalistes.
Le 1er novembre 2018, c’est l’enquête de trop… “Je me souviens exactement de l’heure, il était 21h30 précisément”.
Deux ans plus tard, ils lancent une autre enquête : divers bombardements ont lieu à Miski dans le Tibesti, un massif montagneux du Sahara central, zone frontalière de la Libye.
Le 1er novembre 2018, c’est l’enquête de trop… “Je me souviens exactement de l’heure, il était 21h30 précisément”. Mahamat et son confrère sont en train de recouper leurs sources, quand ils sont soudainement interrompus. Des hommes de l’Agence Nationale de Sécurité (service des renseignements tchadiens) se tiennent derrière eux. Tout va très vite. Les deux journalistes sont menottés, embarqués. Leur téléphone et leur ordinateur sont saisis. Leur enquête, effacée…
La sanction est plus lourde que lors de leur première arrestation. Cette fois, Mahamat et son confrère ne seront pas relâchés. Ils sont placés en cellule d’isolement, et torturés quotidiennement…
Un matin de novembre, une bonne étoile vient mettre fin aux vingt-cinq jours de calvaire de Mahamat. “On me dit que je vais être transféré“. Le jeune homme est sorti de sa cellule, et laissé de côté. Quelques minutes plus tard, sa bonne étoile apparait devant lui. “Je suis relâché, cagoulé, et emmené dans une ferme, à une douzaine de kilomètre de la capitale”.
Mahamat reste caché dans cet endroit jour et nuit. Mais il risque à tout moment d’être retrouvé. Sa bonne étoile s’organise, et finit par trouver une solution.
“Même à l’ambassade, au moment de faire mon empreinte digitale, je ne savais toujours pas où je partais.”
Le 19 décembre 2018, pour la deuxième fois dans sa vie, Mahamat doit faire ses valises. Mais ce second voyage n’a rien d’exaltant : Mahamat doit quitter le pays. Pour aller où ? Il l’ignore… Mahamat a rendez-vous en terre inconnue. La peur l’envahit. “Même à l’ambassade, au moment de faire mon empreinte digitale, je ne savais toujours pas où je partais”.
Son escale à Istanbul le mettra sur la voie… Dans la salle d’embarquement, Mahamat observe les visages des individus autour de lui: “Je comprends que je suis en train de voyager vers la France”.
Pour autant, la découverte de la destination ne rassure pas le jeune tchadien, “Tant que je n’avais pas de réelle protection, je n’arrivais pas à me réjouir”.
Arrivé à l’aéroport en France, Mahamat est déboussolé. Il ne connaît “RIEN de la France“… Un taxi lui propose ses services, mais Mahamat refuse. Il se méfie. “Ici aussi, il y des services de sécurités. A tout moment, je pouvais être reconnu et dénoncé aux autorités françaises”.
C’est finalement un ami de la banlieue parisienne qui viendra le récupérer, mettant fin à ses angoisses et ses inquiétudes. Mahamat passera plusieurs mois à la Roche-sur-Yon avant de rejoindre la capitale.
Aujourd’hui, la peur et l’insécurité ont laissé place à un esprit serein. Mahamat est désormais rempli d’espoirs et d’ambitions: “J’aime mon métier de journaliste, et même si je suis loin de mon pays, je veux continuer à clarifier la situation sur ce qu’il s’y passe”.
Souvenir
Mahamat glisse sa main dans la poche de son pantalon, et en sort un papier imprimé, quelque peu froissé.
Un soir, parmi les quelques billets de Francs CFA que son père tenait entre ses mains, un dollar s’était glissé. Mahamat le regardait, ébahi. Son père décida de lui donner ce billet.
Aujourd’hui, le dollar a parcouru plus de 5000 kilomètres et ne quitte jamais la poche du jeune homme.
Découvrir nos articles
Ce jeudi 26 janvier, la MDJ a reçu la secrétaire d’Etat chargée de l’Europe, Laurence Boone, ainsi que Patrick Penninckx, chef du service « Société de l’Information » au Conseil de l’Europe.
Après deux ans de guerre entre le gouvernement éthiopien et le TPLF, le retour de la presse est-il envisageable dans la région du Tigré ?
Journaliste, animateur TV et réalisateur de documentaires, Alhussein Sano nous évoque l’affaiblissement de la liberté de la presse en Guinée.
Les journalistes afghans ayant fui au Pakistan espèrent toujours un visa occidental, menacés d’expulsion et de mort par les talibans.
Yurii I., jeune journaliste Russe de 26 ans, a fait ses armes à Moscou et en Sibérie. Aujourd’hui hébergé à la MDJ, il revient sur la censure et l’oppression de la presse russe.
Massoumeh Raouf revient sur les causes de la révolution iranienne et de l’importance du rôle des femmes et des journalistes dans le pays.
Journaliste kurde iranien, Adnan Hassanpour revient sur les origines et les possibles aboutissements des protestations historiques en Iran.
La MDJ a accueilli la conférence de presse contre le génocide ouïghour avec Dilnur Reyhan, Raphaël Glucksmann, Yannick Jadot et Valérie Rabault.
Les Talibans semblent avoir signé la mort de la presse en Afghanistan depuis août 2021. Comment les journalistes afghans résistent-ils ?
En 2007, Jérôme Bouvier décide de créer un espace d’échanges de la profession, les Assises du journalisme. Mais en quoi consiste ce rendez-vous annuel et quels sont ses plus grands défis ?
Traduction Rim Benomar Invitée à La Maison des journalistes à l’occasion de son exposition photo
Par Manar RachwaniTraduction Zouheir Ait Mouhoub Paris.La domination des réseaux et des médias sociaux laissait
Par Emma Rieux-Laucat « C’est une guerre géopolitique mais c’est aussi une guerre de l’information
Par Jean-Jules Lema Landu ” La guerre en Ukraine place l’Afrique dans une position inconfortable.”
Jesús Zúñiga était un combattant pour la liberté de la presse et pour la liberté tout court. Mais il était incompris car il avait osé s’attaquer à un régime communiste qui bénéficie encore de la sympathie de nombre de ses collègues journalistes et intellectuels à travers le monde, celui de la Cuba des frères Castro et de leurs épigones.
Au Togo, les journalistes font face à une répression quotidienne malgré un semblant d’ouverture du
L’enquête de Forbidden Stories a mis au jour en juillet 2021 l’usage intensif du logiciel israélien Pegasus pour venir à bout de la presse indépendante au Maroc. Mais depuis des décennies, des journalistes marocains subissent surveillance et harcèlement, grâce notamment à des logiciels fournis par des sociétés italiennes et françaises.
“Le téléphone d’Hicham Mansouri a été infecté à une vingtaine de reprises via le logiciel
Des centaines de journalistes à travers le monde surveillés par leurs téléphones, des liens obscurs
La disparition du président tchadien Idriss Deby va-t-elle influencer la politique de la France envers ce pays?