Chinois, Français, Libanais et le F.M.I dans le cyclone des Africains

La page du Covid-19 sera bientôt tournée. Mais, elle changera les comportements des tiers et de diverses communautés. Elle bouleversera inéluctablement les équilibres géopolitiques et économiques du monde.

Les Chinois par exemple, accusés à tort ou à raison de fabriquer le SRAS-CoV-2, nonobstant des lourds et inégalables investissements dans le monde, sont vus d’un nerf insuffisant par plus d’une personne à travers la planète-terre.

De même, depuis quelques temps, plus d’un Africain et l’Association Survie pointent du doigt des Français, accuser de vouloir maintenir des dictateurs à la tête des anciennes colonies francophones acquis à leur cause, afin de piller les ressources minières et continuer de coloniser les peuples par le biais du franc C.F.A, de plusieurs multinationales et de divers mécanismes.


Si la politique est l’art de gouverner la cité, les opposants des “démocratures ” doivent placer les intérêts du peuple au-dessus, éviter des fake-news et la xénophobie.


Les Libanais quant à eux, qui talonnent les Chinois par leur offensive commerciale en Afrique, sont suspectés constamment d’être en intelligence avec les dictateurs. Conséquences, ils deviennent des sujets à abattre d’une manière ou d’une autre.

Le Fond monétaire international (F.M.I), très convoité par des politiciens et intellectuels, essuie de temps à autre des jugements sévères de ces courtisans qui le taxent d’instrument politique ou déstabilisateur des Etats “pauvres”.

L’Afrique: des richesses et une population convoitée

Le continent africain, avec sa jeune population de 1,3 milliards d’habitants, son hydrographie, sa végétation et ses matières premières, ne cessent d’attirer plus d’une personne: quoi de normal quand on sait que depuis toujours, les intérêts sont au cœur des hommes et des Etats dits puissants. Jules Ferry en 1885 déclarait: “les colonies sont pour les pays riches, un placement de capitaux des plus avantageux“.

Et De Gaulle en 1961 de renchérir: “Notre ligne de conduite, c’est celle qui sauvegarde nos intérêts et qui tient compte des réalités. L’Afrique détient des réserves important du cobalt, de cuivre, de diamant, d’or, de platine, de l’uranium, de gaz. Ajouter à cela, le bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète ainsi que la population qui est un atout majeur des échanges pour les Occidentaux.

Des impacts extérieurs en Afrique

La Chine, avec 1,3 milliard d’habitants logés dans la troisième plus grande superficie mondiale regorge d’un des sous-sols les plus riches. Elle est la deuxième économie mondiale par son P.I.B nominal (14217 milliards de dollars) avec une forte croissance annuelle depuis des années. Elle détient 20% de l’économie mondiale. Dans tous les pays d’Afrique, elle réussit à construire des infrastructures de base là où les Occidentaux ont échoué.


La Chine est en passe de devenir le plus grand donateur et incontournable interlocuteur.


La Chine, par contre, rattrape le retard dans ce continent en investissant à grande échelle et en prêtant des sommes colossales sans tenir compte du respect des droits de l’Homme par le débiteur comme l’exigent les Occidentaux. Avec plusieurs opérations séduction lancées dans le monde par Xi Jinping et la crise du Covid-19 qui ralentit les économies, plusieurs études montrent que, très bientôt, l’Empire du milieu détrônera la place de leader économique mondial des U.S.A.

Présente dans toutes les institutions internationales et entretenant pratiquement des relations avec tous les pays, la Chine est en passe de devenir le plus grand donateur et incontournable interlocuteur.

La France quant à elle, est la 7ème puissance économique mondiale avec un PIB de 2762 milliards de dollars (5,8 % du monde). Malgré un déclin certain au niveau international, mais tant soit peu, elle tente de maintenir sa main dans ses anciennes colonies à travers plusieurs canaux :

  • les multinationales comme Total, Areva, Air France-KLM, les banques (Société générale, Crédit lyonnais, BNP Paris, etc.), Bureau veritas, Bouygues ;
  • la coopération militaire, diplomatique, sanitaire, l’assistance technique et la formation dans divers domaines.

Il sied de dire que :

  • 80 % des leaders des pays francophones sont formés en France et actuellement
  • 45% des étudiants étrangers présents en France sont d’origine africaine (Maroc, Algérie, Tunisie, Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, Gabon et Congo) ;
  • Chaque année, plusieurs milliards d’euros sont déversés en Afrique francophone par le biais de l’Agence Française de Développement (AFD) et d’autres canaux.

A cela s’ajoute des dizaines des milliards d’euros des transferts effectués par la diaspora africaine en Afrique :

  • Plus d’un milliard d’euros décaissé chaque année pour diverses opérations de maintien d’ordre et de sécurité en Afrique dont 700 millions actuellement pour l’opération Barkhan ;
  • L’import et l’export, l’exploitation forestière et portuaire ;
  • Le plaidoyer de la France auprès de l’Union européenne, du G-20 et des bailleurs de fonds.

Vivre ensemble dans un monde en pleine mutation

Chaque pays africain ayant de disparités et de spécificités, il est difficile de les mentionner tous. Cependant, il serait malhonnête de ne pas reconnaître que les étrangers ont élevé le niveau de vie des Africains. Nombre d’entre eux investissent massivement dans l’agro-industrie, les transports, les télécommunications, l’énergie, l’industrie, l’exploitation forestière et minière.

Nous pouvons citer: les Burkinabés, les Français et Libanais en Côte d’ivoire et au Sénégal; les Français, les Allemands, les Canadiens et les Anglais au Cameroun; les français au Tchad; les Belges et les Français en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda; les Français, Libanais et les Orientaux au Gabon, Bénin, Togo ; le Congo ou personne ne peut nier l’influence française et chinoise et ignorer le rôle que joue la colonie libanaise dans l’économie asphyxiée par la mauvaise gestion.

Malgré le fait que de nombreuses entreprises ont jeté la clé sous le paillasson, les Libanais animent les secteurs hôteliers, des transports, des BTP, etc. De toutes ces sociétés qui emploient des milliers de personnes nonobstant des créances qui leurs sont dues par l’Etat depuis des années mais continuent les préfinancements, il y a la compagnie aérienne Trans Air Congo, Burotop, Batipro, MBTP, GHS, la Française Plasco…


A l’inverse, les opposants continueront à voir la main noire de la France derrière les dictateurs comme Sassou, Biya, Condé, Deby, etc.


Difficile de conclure sans revenir sur la Chine qui est très active présentement dans tous les pays et notamment ceux d’Afrique. Bien qu’elle soit le pays le plus avancé du monde en découverte des coronavirus mais, il est imprudent d’affirmer qu’elle a fabriqué le Covid-19 avec tous les fake-news qui polluent les réseaux sociaux et le manque d’esprit critique des tiers de percevoir la guerre que se livrent des supers puissances.

De même, rien ne justifie que tous les Libanais soient dans la magouille avec les dignitaires des systèmes africains. Oui ! Les intérêts sont au cœur des Hommes.

La preuve, des Français et Congolais ne cessent de sillonner les couloirs du F.M.I pour sanctionner M. Sassou Nguesso alors que cette institution a pour rôle d’assurer la stabilité du système monétaire international et la gestion des crises monétaires et financières.

Bonne démarche, cependant il faut se demander si ce genre d’actions impactent M. Sassou Nguesso ou la population. Pire, à qui profitent ces batailles entre les Français pros et anti-Sassou ? Si la politique est l’art de gouverner la cité, les opposants des “démocratures ” doivent placer les intérêts du peuple au-dessus, éviter des fake-news et la xénophobie.

A l’inverse, les opposants continueront à voir la main noire de la France derrière les dictateurs comme Sassou, Biya, Condé, Deby, etc.

Une des leçons infligée par le Covid-19 et Emmanuel Macron, du Franc CFA à l’ECO

Les discours dominants d’une certaine élite africaine deviennent de plus en plus ségrégationnistes. Pourtant, à la place des discours xénophobes qui conduisent souvent aux conséquences néfastes, il n’est pas impossible de bâtir des stratégies de cohabitation, de développement et de coopération.

Tenez, Emmanuel Macron le 21 décembre 2019 à Abidjan signait un accord de coopération monétaire avec les gouvernements des Etats de l’Union économique monétaire ouest-africaine (UEMOA) sous l’impulsion du présdent Alassane Dramane Ouattara. Cet accord devrait ouvrir une nouvelle page historique selon les propos du président français.

Le 20 mai 2020, le gouvernement d’Edouard Philippe venait d’entériner la fin du franc C.F.A. en Afrique de l’Ouest. Le franc CFA sera remplacé par l’Eco tout en conservant la parité fixe avec l’euro.

Les réserves de change des Etats d’Afrique de l’Ouest ne seront plus centralisées au Trésor français. Mais bien avant le président ivoirien, l’ancien président du Congo Pascal Lissouba, refusant les contrats léonins signés par son prédécesseur, avait exigé à ELF si elle voulait continuer à exploiter le pétrole congolais, à doubler les redevances des extractions pétrolières du Congo.


Les Africains devraient donc se débarrasser de la xénophobie mais plutôt cultiver le patriotisme et l’amour entre différents peuples. Car personne ne peut prétendre se développer sans le concours des autres.


Ce qui fut fait par la suite. Dans le même ordre d’idées, l’association Survie qui lutte contre la corruption, les détournements des deniers publics et les paradis fiscaux, pense que les pays devraient être sur le même piédestal. Le contraire, c’est confirmer le manque de transparence et le soutien des régimes autoritaires par la France.

Le Covid-19 vient de briser les frontières tel que nous l’avons vu avec des Américains se huer en Chine rechercher les masques, les Cubains débarquer en Italie secourir des malades. Elle a infligé la leçon d’humilité et d’égalité aux humains qui sont tous vulnérables.

Les Africains devraient donc se débarrasser de la xénophobie mais plutôt cultiver le patriotisme et l’amour entre différents peuples. Car personne ne peut prétendre se développer sans le concours des autres. Il faut par ailleurs chercher à copier ce qui est bien chez l’autre pour le bien- être et l’avenir harmonieux de tous.

Ghys Fortune BEMBA – DOMBE

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