Iran. Femmes, résistance, liberté : Un combat pour l’égalité et la justice

L’Iran est aujourd’hui le symbole d’une lutte acharnée pour la liberté et l’égalité, portée avec courage par ses femmes. Depuis le soulèvement de septembre 2022, déclenché par la mort tragique de Mahsa Amini, le monde entier a été témoin de la détermination inébranlable des Iraniennes. Leur cri de ralliement, « Femmes, Résistance, Liberté », transcende les frontières et incarne une quête profonde de justice et d’émancipation. Ce combat dépasse la seule question du port du voile : il s’agit d’une lutte pour l’égalité des sexes, la dignité et la justice sociale. 

[par Massoumeh Raouf, publié le 12/03/2025]

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Le soulèvement de 2022 n’est pas un événement isolé. Il s’inscrit dans une histoire de quarante-quatre ans de lutte contre un régime théocratique qui a institutionnalisé la discrimination sexuelle et la misogynie. Depuis l’arrivée des mollahs au pouvoir en 1979, un système oppressif s’est imposé, visant à contrôler la société en asservissant les femmes. 

Dès le départ, les femmes, en particulier celles engagées au sein de l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran (OMPI), ont refusé de se soumettre aux principes patriarcaux du régime. Elles en ont payé le prix fort : des milliers d’entre elles ont été emprisonnées, torturées et exécutées. Mais leur combat n’a jamais cessé, et la nouvelle génération d’insurgées continue de porter haut l’étendard de la résistance. 

Un régime fondé sur la discrimination

Dans la constitution du régime iranienne, les femmes sont juridiquement inférieures aux hommes. Leur témoignage en justice, leur héritage, et même leurs droits fondamentaux, tels que le logement, le divorce, la nationalité, l’éducation ou les voyages, sont soumis à l’approbation masculine. Le voile obligatoire, imposé sous peine de lourdes sanctions, n’est qu’un des nombreux outils de répression. 

En septembre 2024, le Parlement iranien a adopté une nouvelle loi renforçant l’obligation du port du hijab, avec des sanctions drastiques : des amendes allant jusqu’à 4 000 euros, des peines de prison pouvant atteindre 15 ans, et, dans certains cas, la peine de mort sous le prétexte de « corruption sur terre ». Face à la réaction massive de la population, le gouvernement a suspendu sa promulgation, mais l’oppression demeure. 

Malgré la répression brutale, la flamme de la résistance ne faiblit pas. Le peuple iranien refuse toute forme de dictature, qu’elle soit celle du Chah ou des mollahs. Aujourd’hui, le régime est plus affaibli que jamais. La faillite économique, la corruption généralisée, et l’isolement international accentuent sa perte de légitimité. 

Les unités de résistance et les réseaux clandestins d’opposants organisés, multiplient les actions courageuses contre les symboles du régime. Ils diffusent des images de prisonniers politiques, organisent des rassemblements secrets et bravent les lois pour afficher leur rejet de la tyrannie. Les prisons elles-mêmes sont devenues le cœur battant de la contestation, avec des prisonniers politiques organisant des grèves de la faim pour dénoncer les exécutions de masse.

Une alternative démocratique portée par les femmes

La transition vers la démocratie est plus proche que jamais. Le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI), dirigé par Mme Maryam Radjavi, incarne cette alternative. Composé à plus de 50 % de femmes, ce mouvement propose un programme en dix points fondé sur des principes fondamentaux : des élections libres, l’égalité des sexes, l’abolition de la peine de mort, et la séparation de la religion et de l’État. 

Les femmes iraniennes refusent toute imposition religieuse, vestimentaire ou politique. Leur message est clair : « Ni religion obligatoire, ni voile obligatoire, ni gouvernement obligatoire ! » Ce cri de ralliement est un appel à la liberté, non seulement pour elles, mais pour toute la société iranienne. 

Aujourd’hui, nous assistons à un moment charnière de l’histoire de l’Iran. La dictature des mollahs vacille, et l’émergence d’une société libre et égalitaire est à portée de main. Avec les femmes en première ligne, soutenues par la jeunesse et le peuple iranien, nous proclamons avec force : 

« Femmes, Résistance, Liberté – Un combat pour l’égalité et la justice »

A lire également : Iran. La loi controversée sur le hijab obligatoire suspendue sous la pression sociale

Massoumeh RAOUF

Massoumeh Raouf est iranienne, ancienne prisonnière politique du régime des mollahs.

En 1988, son frère de 16 ans est exécuté lors du massacre des 30.000 prisonniers politiques iraniens. Pour lui rendre hommage, Massoumeh Raouf a écrit la bande-dessinée "Un petit prince au pays des mollahs".

Engagée dans la «Campagne du mouvement pour la justice en faveur des victimes du massacre de 1988», Massoumeh Raouf se bat aujourd'hui pour faire traduire en justice les auteurs de ce «crime contre l'humanité resté impuni».

Comme pour tous les journalistes réfugiés politiques, l'Oeil de la Maison des journalistes garantit une Tribune Libre de liberté d'expression.

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