N’est brume que moi

Un poème de Rana ZEID.
Traduit de l’arabe au français par Dima Abdallah‏.

© Muzaffar Salman‏

© Muzaffar Salman‏

Je suis Ô Dieu une feuille jaune

Et toi cinq saisons,

Et une chatte affamée

Qui s’amuse de mon angoisse avec ses griffes.

Je ne vois pas ce qu’il y a derrière la vitre sale

Je hume seulement l’air printanier,

Les fissures dans les murs aspirent mon âme

Loin,

Les feuilles jaunes

Près de mon cœur

Sont mon cœur.

Tout ce qui est au-dessus des pierres

Dans le puits

Ce qui est au-dessus de moi

Me fait chanter

Pour une ville blanche,

N’est brume que moi

Sur la route vers elle,

Tout ce qui vient de la faiblesse de l’amour

Pour moi seule,

Mes doigts ne sont pas faits pour les paroles rapides

Je fais vite seulement,

Pour que Dieu me jette au paradis.

 

 

 

 

L’oeil de Reza Jafarian

[Crédit photo : Reza JAFARIAN]

Des opposants iraniens le 8 mars 2013: A Paris, il y a beaucoup de groupes d'opposants iraniens qui manifestent lors des journées internationales, comme ici le 8 mars (journée internationale de la femme) avec les Parisiens. [ crédit : Reza Jafarian]

Des opposants iraniens le 8 mars 2013:
A Paris, il y a beaucoup de groupes d’opposants iraniens qui manifestent lors des journées internationales, comme ici le 8 mars (journée internationale de la femme) avec les Parisiens.
[ Crédit photo : Reza Jafarian]

 

L’exposition Omid est mon nom à Francfort : Je suis allé à Francfort pour soutenir deux femmes (Paraste Frohar et Monire Baradaran) qui se sont opposées au gouvernement iranien. Beaucoup de leurs œuvres et de leurs statues ont été exposées. Leur mouvement d’opposition a débuté lors de l’exécution des prisonniers politiques en Iran en 1988. J’ai pris de nombreuses photos de personnes vraiment tristes au cours de l’exposition.

 La Tour Eiffel sur la place du Trocadéro: C'est la photo de la Tour Eiffel que je préfère depuis que je me suis installé à Paris en décembre 2010. [Crédit photo : Reza Jafarian]

La Tour Eiffel sur la place du Trocadéro:
C’est la photo de la Tour Eiffel que je préfère depuis que je me suis installé à Paris en décembre 2010. [Crédit photo : Reza Jafarian]

Quelques lieux touristiques à Paris : J’ai fait des photos de certains lieux touristiques de Paris en 2011 et 2012 pour un livre qui n’a jamais été publié à cause de ma situation. Voici les meilleurs:

Journée internationale : Norouz le 21 mars 2014: Il existe une association internationale qui s’appelle Norooz. Elle célèbre Norouz (nouvel an perse) chaque année le 21 mars en face du palais de Chaillot à Paris.

Manifestation à Paris contre la peine de mort en Iran: Voici une manifestation d’opposants iraniens contre la peine de mort en Iran. Ils ont manifesté le 20 janvier 2010 avec des portraits de personnes que le gouvernement iranien a voulu supprimer.

Le cimetière en face de l'association la Maison des Journalistes: J'ai vécu six mois à la Maison des Journalistes. Voici la première photo que j'ai prise par la fenêtre de ma chambre en mai 2011. [Crédit photo : Reza Jafarian]

Le cimetière en face de l’association la Maison des Journalistes:
J’ai vécu six mois à la Maison des Journalistes. Voici la première photo que j’ai prise par la fenêtre de ma chambre en mai 2011. [Crédit photo : Reza Jafarian]

Le soir de l'élection présidentielle de 2012 sur la place de la Bastille: Je fais de nombreuses photos de manifestations parisiennes. En voici une de la soirée de la première élection présidentielle que j'ai vue à Paris.  [Crédit photo : Reza Jafarian]

Le soir de l’élection présidentielle de 2012 sur la place de la Bastille:
Je fais de nombreuses photos de manifestations parisiennes. En voici une de la soirée de la première élection présidentielle que j’ai vue à Paris.
[Crédit photo : Reza Jafarian]

Une seule rue pas plus

Un poème de Rana ZEID

Traduit de l’arabe au français par Dima Abdallah‏.

Crédit photo : Muzaffar Salman (2007)

Crédit photo : Muzaffar Salman (2007)

 

Chaque jour je dois jeter du pain aux pigeons,
Et mon cœur aux loups.

Il y a un trou dans mon cœur,
Je le cache sous ma main tremblante,
Et j’ai peur que ma main ne suffise pas.

Chaque aube je me lève et j’écarte
Une balle tombée la veille,
À mes pieds.
Je poursuis la mort jusqu’au cimetière,
Rien dans cette ville
À part des roues de bicyclettes,
J’ignore le nom du cimetière
« C-o-p-e-n-h-a-g-u-e » !

Derrière les rochers
Sur les tombes froides,
Voilà le loup du néant lapant minutieusement les morts
Essuyant le sang sur leurs mains
Comme s’ils étaient des tueurs du passé.

Il y a un seul enfant,
Et un seul cygne,
Et un seul cadre photo,
Dans une seule rue.

Une seule rue, pas plus,
Où je marche chaque jour,
A Copenhague,
Une seule rue, pas plus,
Et un seul cimetière vert et froid,
Où il y a des corbeaux heureux,
Et des chats noirs essayant de gratter la terre gelée,
Leurs griffes s’accrochant aux esprits,
Et moi je traverse les morts chaque jour,
Je meurs chaque jour,
Une fois ou plus,
Et je pense que le tueur à Damas,
Aiguise le couteau sur les dents du tué.

« Cet endroit n’est plus celui des oiseaux désormais,
Il est celui du franc-tireur ».
Ma main sur mon cœur amène chaleur et larmes,
Et les débris de vitres coupants de la fenêtre de ma maison.

Le lys,
Le lys,
N’est pas pour les tueurs.

Morts et les fleurs hivernales, à Copenhague,
Morts et la chaleur des balles à Damas.
Une seule rue, pas plus,
Suffit à l’ordre mondial
À la gomme sur la chaise
À l’enfant paresseux à cause de la guerre
Tous ne savent pas que la guerre est perpétuelle et eux éphémères.

L’empreinte du tueur dans la neige et l’amour et le vin,
Dans ma main, dans mon verre, dans ma nourriture amère,
Et moi je meurs d’une gorgée du poison
Et de la force du crépuscule,
Et de la nuit et d’amour,
Et du canapé froid,
J’entends une chanson qui ne signifie rien que plus de vie,
Vie… vie, et la mort telle une morsure d’enfant,
« Qui tète d’un sein étranger ».

Je veux marcher dans la rue orpheline,
Et écrire une longue liste :
Je veux du pain et un médicament et des pansements et un couteau et une pierre
Et un échiquier
Voilà ma requête,
Et je veux aussi : des pommes et des bananes et du raisin et du vin
Je veux que les misérables reconnaissent les tyrans,
Pour qu’ils meurent,
Les morts reposent en paix, alors qu’ils mangent le sable,
Mon cœur accélère, un bégayement sort alors de ma bouche,
Avec la solitude et l’amour et la mort et la bière,
Et le fil qui dépasse du trou de mon cœur.

Vit le cimetière,
Et meurent les misérables,
C’est ainsi que le tueur a le sentiment de justice

Comment les gens sauraient-ils
Que le tueur ne vole pas les fleurs d’oranger
Parce qu’il est mauvais,
Mais parce qu’il saigne ?
C’est pourquoi, c’est pourquoi,
Il ne peut s’arrêter,
De voler chaque heure une poignée,
Et son pas lent descend l’escalier du jardin.

Là-bas une guerre
Jaune,
Une guerre jaune,
Oui, jaune mon ami,
J’aime que le cadavre soit jaune !
Et si on dansait sur une musique soft rock
Dans cette guerre si douce,
Tel le canon moite et langoureux du tank ?

Il me dit, après avoir écarté de mon épaule une feuille jaune :
Un poème ne te sert à rien,
Ce dont tu as besoin : un homme et une mitrailleuse
J’ai dit : j’ai un homme et il me manque une seule pomme.

Seulement aussitôt une feuille rouge tomba
De la petite plante au-dessus de la table,
Et j’étais à un tel degré de désespoir,
Comme si j’étais la tuée attendant son enterrement,
La tuée qui ne croyait pas que les corbeaux suivent les ruines,
Jusqu’à ce que je la vois, seulement aussitôt,
La fumée noire la tirait avec force par le cou,
À Damas.

Dans la jolie et humble cage,
Se trouve un très long miroir,
De sorte que moi-même et Dieu nous nous regardons l’un l’autre
Dans le même foyer de vision,
Dans une seule rue, pas plus,
A Copenhague.

Franc-tireur

Un poème de Rana ZEID.

Traduit de l’arabe au français par Dima Abdallah‏. 

Alep, Syria, 2012. © Muzaffar Salman‏

Alep, Syria, 2012. © Muzaffar Salman‏

Moi, Dieu et toi,

Deux oiseaux et un franc-tireur.

Le franc-tireur ne se rappelle rien de son passé,

La précipitation lui fait oublier ses plaisirs…

Ses poches sont lourdes de la douleur des balles,

Son doigt attend le départ rapide après le tir.

Vivrai-je assez pour que les feuilles de vigne bourgeonnent sur moi,

Si je ne meurs pas qui serai-je ?

Une danseuse de ballet,

Qui a jeté son cœur au puits,

Tel un récipient métallique

Puis l’a ressorti fissuré,

Que le monstre a trainé au puits

Et elle est devenue monstre comme lui.

Le franc-tireur a t-il oublié

Le sang à découvert sur mon épaule

Et la fraicheur de la paume d’un homme

Contemplant la mer

Dans son autre paume ?!

Moi, Dieu et toi

Deux oiseaux et un franc-tireur

Sans odeur de meurtre,

Il a sa sombre cave

Et le battement lent du cœur

Et pour nous tous les trous des arbres anciens.

 

 

Barbès, manifestation pro-palestinienne interdite : le reportage photo

La manifestation pro-palestinienne prévue dans la capitale, samedi 19 Juillet, à Barbes, malgré l’interdiction de la préfecture de police de Paris, a dégénéré :

le reportage photo de Muzaffar Salman.

© Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman © Muzaffar Salman

Roman Khandoker, sans papiers depuis 5 ans : « Ma vie suspendue»

[ Propos recueillis par Lisa Viola ROSSI]

Roman Khandoker

Un sourire ensoleillé, trahi par un flux continu de mots vibrants, mélange de souffrance et d’espoir. Roman Khandoker, 35 ans, est un photojournaliste bangladais en exil à Paris. Diplômé en sécurité sociale à l’Ecole Kushtia Zilla, dans sa petite ville, Kushtia, dans l’ouest du pays, il a continué ses études en choisissant de se spécialiser en photojournalisme. Depuis 2001, sa passion pour le reportage social l’a amené à travailler dans différents médias.

« La situation sociale et politique était très difficile, tout comme elle l’est encore aujourd’hui. Corruption, terrorisme et islamisme – cite le journaliste – sont parmi les problèmes les plus graves dans mon pays. A cette époque, je faisais des activités sociales de sensibilisation des femmes au contrôle des naissances, étant donné le problème des familles nombreuses et de la surpopulation bangladaise. Mais il faut savoir que le terrorisme touche chaque sphère de la vie tant publique que privée au Bangladesh. Il est étroitement lié à l’intégrisme religieux, en empêchant les femmes de vivre leur vie librement: sortir seules de la maison ainsi que travailler, sont des activités « interdites » aux femmes. Cela signifie une chose : notre pays a le potentiel pour devenir un pays riche, mais il ne peut se développer à cause des interdictions imposées par les islamistes ».

Mais cela n’était pas la seule activité dans laquelle Roman était engagé. Avec deux amis journalistes, en tant que photographe, il s’est occupé de plusieurs sujets sociaux. « Il faut clarifier une question : au Bangladesh il y a deux types de journalistes. D’un côté, il y a le journaliste très corrompu et d’un autre côté il y a le journaliste libre. La différence entre les deux est bien évidente : le premier est très riche, le deuxième n’a rien. Dans le passé, le journalisme était une mission entreprise par des personnes intègres et respectueuses de la loi ; aujourd’hui le journalisme au Bangladesh est vu malheureusement comme un moyen de devenir riche rapidement. »

Parmi les sujets dont Roman s’est occupé, la drogue. « J’ai voulu faire face à la question de l’immense trafic de drogue de l’Afghanistan, de l’Inde, du Pakistan. La drogue est toute à fait disponible partout et accessible aux adolescents les plus jeunes, même de 12-13 ans. Je me suis donc impliqué dans l’activité de sensibilisation aux dangers de la drogue dans la Caritas jusqu’au jour où la police est venue me chercher. J’ai été arrêté et détenu pendant seize jours, puis j’ai obtenu, grâce aux efforts de mes parents, une autorisation d’absence temporaire pour en sortir. Aujourd’hui, je ne connais pas la raison de mon arrestation. Cinq jours après ma sortie, j’ai reçu la notification de ma condamnation à cinq ans de prison. »

Roman se souvient que c’était une période très difficile pas seulement pour lui, mais aussi pour sa famille : il vivait avec son père, sa mère, son frère et sa sœur. Ils avaient donc convenu de quitter tous ensemble le département où il avait grandi, pour déménager à Dacca, la capitale.

Crédit photo : Roman Khandoker

Crédit photo : Roman Khandoker

« A cette période, en 2004, il faut rappeler que le terrorisme d’Etat était en train de se répandre partout : on l’appelle Rab, c’est-à-dire Rapid Action Battalion. Amnesty International a écrit plusieurs choses sur les homicides commis par le RAB. On parle de milliers quille, à Dacca. « J’avais trouvé un travail dans le domaine de l’électronique, dans le secteur agricole. En même temps, je ne pouvais que continuer mes activités de photojournaliste… » Des activités qui ont contraint le père de Roman à lui poser une question fatidique. « Il m’a demandé de partir, si possible, car ma famille continuait à avoir des soucis à cause de mon engagement. Mais moi, je ne savais pas comment partir. C’est comme ça qu’un jour mon père m’a donné environ 2 mille dollars pour le voyage. J’ai dû partir : j’ai quitté mon pays et en 2009, je suis arrivé en France. ».

« La photographie, un langage universel : ma passion ». Aujourd’hui Roman continue à publier ses photos, parfois dans des journaux français, ainsi que dans des magazines étrangers. Mais ce n’est pas un travail, c’est juste du bénévolat : en fait il n’a pas encore ses papiers.

« Beaucoup de personnes m’ont dit : « Ce n’est pas possible, il faut que tu abandonnes l’idée de faire ce métier »… En me citant une raison ou une autre. Je le sais bien, c’est difficile : mais c’est ma passion. »

« La photographie – affirme Roman – est un langage universel, que je considère fondamental dans le journalisme. C’est ça que je veux continuer à faire ».

Donc pour le moment il n’a pas de vrai travail. Autrement dit, il donne un coup de main dans un restaurant d’amis, car il ne veut pas demander les aides de l’Etat.

Crédit photo : Roman Khandoker

Crédit photo : Roman Khandoker

« La langue française est très difficile, j’ai beaucoup d’amis, mais je me sens quand même très seul et je voudrais rentrer au Bangladesh, si le gouvernement changeait. De toute façon, je ne perds pas l’espoir de trouver un travail ici en tant que photojournaliste ».

Mais pour l’instant le problème ce n’est rien moins que son cv : « J’ai des expériences professionnelles importantes, parce que j’ai collaboré avec des magazines comme le National Geographic etc., ainsi que dans la réalisation de vidéo-documentaires, mais… Je ne peux pas proposer mon cv auprès des rédactions. C’est en raison du fait que depuis mon arrivée en France, il y a 5 ans, je n’ai pas reçu mes papiers. Comment ça marche dans les différents processus auprès la CNDA, la Cour nationale du droit d’asile ? Je ne le sais pas : certains ont la chance d’avoir une réponse très rapidement, lorsque d’autres demandeurs d’asile comme moi doivent attendre des années. Je ne sais pas quoi penser. Chaque fois que je reçois une lettre, je suis très inquiet, c’est terrible… Néanmoins j’ai le support de mes amis journalistes, ainsi que celui de la Maison des journalistes. »

Ce que Roman demande, c’est juste de lui donner une chance de montrer ses compétences. « Je suis en train de vivre une partie de ma vie très dure. C’est comme si j’étais bloqué, comme si ma vie était suspendue. Ma situation me rend très triste, maintenant, après cinq ans, sans ma carrière et loin de ma famille. Donc je n’ai pas de plans pour le futur, je ne peux pas les avoir : bien sûr, j’espère arriver à organiser d’autres expositions, avec quelque clichés de mes reportages, mais j’arrive juste à vivre le présent. Heureusement je suis aidé par des amis qui ont un restaurant de cuisine française traditionnelle …Je me dis parfois que, peut être, je vais devenir un photographe culinaire… »

 

Crédit photo : Roman Khandoker

Nue dans sa tombe

Un poème de Rana ZEID.

Traduit de l’arabe au français par Dima Abdallah‏. 

 

Dessin de Mohamad Omran, artiste syrien.

Dessin de Mohamad Omran, artiste syrien.

La fleur sauvage que j’aperçois sur ton visage,

Comment la cueillir de ma bouche

Sans devenir sauvage ?!…

 

J’ai besoin de quelques illusions

Pour que la nuit soit plus courte,

Je frotte ma main pour la millième fois

Avant de l’ouvrir à la pluie,

C’est qu’au matin

Je me préparerai pour mon enterrement

Comme je le voudrais

Et non comme il sera.

 

Une seule feuille est tombée,

Ni plus ni moins,

De l’arbre,

Je la regardais

Comme si elle était tout ce qui fut,

J’ai su que le vent léger,

A décidé son sort,

Qui suis-je alors pour repousser le vent de ma main ?

 

Ici

La silhouette de Tina Modotti,

Et l’ennui, et une eau froide,

Un disque qui t’est laissé,

Et Catherine chante en espagnol,

Alors que Vincent joue bien pour les fantômes passés.

 

Mes mains sont ensanglantées

Des épines,

Mes mains sont ensanglantées,

Et je saigne.

Personne entre moi et l’hémorragie !

 

 

Le faon blessé / mange de mes lèvres

Le faon blessé / met la main dans mes cheveux / et vole,

Et personne pour faire coaguler le sang du bout du doigt.

 

Je dois passer,

Sans le moindre regard

Sur le tombeau derrière moi,

Il est pour celui qui ne m’a pas connue

Et à mes bienaimés aussi.

 

Que le monde prenne ce qu’il veut de moi

Des faibles et des misérables,

Qu’il prenne ma vie pliée

Telle une feuille

Inutile,

Dans la poche

D’un mort humide et raide,

Mais ce n’est pas juste

Il n’est pas juste,

Que le tyran lace

Ses chaussures le matin,

Avec des mains qui ne sont pas les siennes.