Interview de Muzaffar Salman, photojournaliste syrien

Interview de Muzaffar Salman, photojournaliste syrien
مقابلة مع المصور الصحفي السوري مظفر سلمان

Réalisation : Lisa Viola Rossi
Sous-titrage : Nahed Badawia et Mahmoud El Hajj
© Maison des journalistes, 3 mai 2015
إخراج ليزا فيولا روسي
الترجمة ناهد بدوية- محمود الحاج
بيت الصحفيين ٣ أيار ٢٠١٥

Chaque matin chez l’exilé…

[Par Sintius MALAIKAT]

Chaque matin à travers la fenêtre de ma chambre, sur un cimetière se pose mon regard. Souvent je vois des gens poser des gerbes de fleurs ou nettoyer les tombes des membres de leurs familles ou amis qui y sont enterrés. “Aurai- je un jour l’occasion de le faire pour les miens enterrés au Rwanda?” Exilée, je suis privée du droit de retourner dans ma patrie.
Que le monde est injuste!

Chaque matin j’attends vainement un appel ou un courrier porteur d’une bonne nouvelle. Pourquoi tout ce temps d’attente avant d’avoir le statut de réfugiée? Pourtant, je suis dans un pays de droit! Oui, nombreux sont les dossiers de demande, mais est-il juste d’attendre aussi longtemps? Heureusement dans les couloirs, je croise mes collègues de la Maison des journalistes, qui comme moi ont connu ces moments difficiles, et qui me remontent le moral en me disant “Patience est mère de sûreté”.

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Malheureusement qui sait qu’un maudit matin je serai peut-être obligée de partir, disparaître dans un centre sans collègue pour m’encourager? Un entourage sans affinité est une voie sans issue, une pièce sans sortie, un hôpital sans médecins.
Chaque matin à travers ma fenêtre, j’aperçois des enfants sur leur chemin de l’école. Forcée de vivre tout ce temps d’éloignement, sans lueur au bout du tunnel, je me demande quand mes filles pourront me rejoindre et en fin vivre en sécurité.
Chaque matin est le début d’une journée dure pour tout demandeur d’asile dont la procédure n’avance pas. Sur mon passé amer s’ajoute cet accablement.
Chaque matin…

 

 

 

 

« Je devais faire un dessin » : Interview à Mesli (Le Monde, 31/01/2015)

« Je devais faire un dessin » : Interview à Mesli (Le Monde, 31/01/2015)
LE MONDE CULTURE ET IDEES | Par Frédéric Potet

Dessin Monde MesliSes crayons et ses feutres dormaient dans une armoire de son appartement parisien depuis deux ou trois ans. Ahmed Mesli avait arrêté le dessin et pensait que rien ni personne ne l’inciterait à s’y remettre. Peu de temps après le 7 janvier et son tragique dénouement, l’homme a retaillé ses pointes. « Par honnêteté, explique-t-il. Je me devais de faire au moins un dessin. Mais aussi parce qu’une partie de moi a été assassinée ce jour-là. » Sa mine de plomb a alors croqué un arbre en haut duquel un islamiste scie une branche en forme de crayon sur laquelle il est assis.
Ahmed Mesli ne s’est jamais considéré comme un dessinateur de presse à part entière, activité qu’il a pratiquée un peu par hasard et sur le tard en Algérie, au début des années 2000. Il en a, en revanche, subi les effets indésirables en décidant de quitter son pays il y a douze ans par crainte de faire partie des journalistes qu’on retrouvait a… […]

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Romaric Kenzo : « En Centrafrique, le peuple dort »

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Article paru dans ijsbergmagazine.com, le 11 février 2015
Par Laurène Perrussel-Morin

 

romaric IjsbergRomaric Kenzo était un des journalistes radio les plus connus de Centrafrique. Mais son émission, « À vous la parole », dérangeait. En France depuis deux ans, il conserve un regard engagé sur son pays.

Dès qu’il sort dans la rue, Romaric Kenzo voit la tour Eiffel. Pourtant, ce journaliste radio ne rêve que d’une chose : repartir en République Centrafricaine (RCA). À 35 ans, il s’exprime avec calme, d’une voix presque trop douce pour faire de la radio. « J’ai besoin de fouler du pied mon pays. Mais je suis tellement connu que je sais que dès que j’arriverai à l’aéroport de Bangui, je serai cueilli par la police. » Romaric Kenzo n’est pas un criminel, mais il dérange.

 

« À vous la parole »

Grand et mince, Romaric Kenzo cache derrière un aspect fragile des convictions pour lesquelles il a pris des risques. Ce défenseur de la liberté d’expression est accueilli depuis trois mois par la Maison des journalistes, qui aide des journalistes réfugiés à prendre leurs marques en France. Cela fait déjà plus de deux ans qu’il a quitté Bangui pour Paris. Il raconte sans pathos son périple, qui a commencé par 70 km de marche à pied pour traverser la frontière. « Travesti, rasé, je ne voyageais que la nuit. Je suis passé par le Cameroun, mais j’ai failli me faire arrêter par la douane. » […]

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Exil : Un journaliste centrafricain perd tout en prenant la fuite

Interview à Marciano Romaric KENZO CHEMBO
parue dans Global Journalist (version originale en anglais)
Par Laura Welfringer, le 10 Décembre 2014

“Certains ont détruit ma maison et ont arrête mon petit frère afin d’obtenir des renseignements me concernant. Nous n’avons toujours pas de nouvelles de mon frère à l’heure qu’il est.”

Marciano Romaric KENZO CHEMBO (photo Muzaffar Salman)

Marciano Romaric KENZO CHEMBO (photo Muzaffar Salman)

Fut un moment Marciano Romaric Kenzo Chembo n’aurait pas pu imaginer que son dévouement au journalisme démolirait sa famille et le forcerait à fuir son pays natal, la République Centrafricaine.
Avant la prise de pouvoir de François Bozizé en 2003 des journalistes étaient parfois censurés et suspendus, mais il était possible de parler des violations de la liberté de la presse. Depuis l’arrivée de Bozizé au pouvoir les menaces sont devenues plus sérieuses.
Il a fallu plusieurs années avant que Kenzo Chembo réalise l’importance de cette hostilité envers les journalistes. Au fil des années, il est devenu journaliste, producteur et présentateur de la station de radio Ndeke Luka. La station appartient à la Fondation Hirondelle, une organisation suisse spécialisée dans la création de médias indépendants en zones de crise.
Kenzo était responsable du programme journalier «A vous la parole », dans les rues de la capitale, Bangui, afin de recenser les opinions des gens ordinaires concernant l’actualité. « Je passais en revue toutes sortes de questions ; sociales, économiques, militaires ou religieuses » dit-il.
Les autorités locales considéraient que le franc-parler de Kenzo était subversif et proféraient des menaces et des intimidations continuelles envers lui et sa famille. Ces menaces devenaient de plus en plus fortes après un reportage de Kenzo sur une tentative supposée de Teddy, fils de Bozizé, d’enterrer vivant deux de ses amis qu’il soupçonnait d’une liaison avec sa femme. A cette époque, Chembo a réalisé qu’il n’était plus en sécurité.
Il est parti de RCA pour venir en France en 2012 au moment même ou le pouvoir de Bozizé était mis en question par une offensive des militants Seleka, de prédominance musulmane. Bozizé et sa famille ont été eux-mêmes obligés de s’exiler en mars 2013, alors que le pays entrait dans une guerre civile entre les Seleka et les militants anti-Balaka, à prédominance chrétienne.

Kenzo, 34 ans a parlé avec LW de Global Journaliste concernant ses actions contre la censure, des difficultés de son exile et de son adaptation à sa nouvelle vie :
Global Journalist : Comment étiez-vous touché par les pressions sur l’information ?
Kenzo Chembo : Mon programme à la radio était la bête noire des autorités politiques de la RCA. On m’accusait d’être trop curieux et subversif. Plusieurs fois des ministres sont arrivés au studio proférant des menaces. J’ai également reçu des menaces sur mon téléphone fixe et j’ai dû changer de numéro plusieurs fois. J’étais obligé de fuir ma maison et me réfugier où je pouvais. Les menaces sont devenues plus intenses entre 2011 et 2012. Je ne pouvais même pas sortir en voiture le soir. Le directeur de la station m’a demandé de cesser le programme. J’ai été agressé deux fois. La première fois j’ai été battu par deux inconnus en quittant le studio vers 19 h. Deux mois plus tard j’étais agressé près de chez moi.

Central African Republic’s then president Francois Bozizé, pictured at a 2011 conference in Equatorial Guinea (AP Photo/Rebecca Blackwell).

Central African Republic’s then president Francois Bozizé, pictured at a 2011 conference in Equatorial Guinea (AP Photo/Rebecca Blackwell).

GJ : Quel incident précis a provoqué votre fuite ?
Kenzo Chembo :  Le jour où j’ai parlé de l’incident concernant le fils de Bozizé qui a failli enterrer vivant deux de ses amis, celui-ci m’a appellé sur mon téléphone et a envoyé des gens chez moi. Il jurait de me tuer tôt ou tard. La pression augmentait sur moi et sur ma famille. Mon père a quitté le domicile et ma mère a perdu son travail. Le fils de Bozizé et ses amis avaient des contacts au tribunal de grande instance de Bangui et il m’ont incité fortement à quitter le pays si je voulais échapper à la mort. Quand je me suis rendu compte que ces menaces étaient sérieuses, j’ai décidé de partir.
GJ : Comment étiez-vous affecté par le conflit entre les milices de la Seleka et les anti-Balaka ?
Kenzo Chembo : Je suis parti avant l’arrivée au pouvoir de la Seleka en me disant que j’allais revenir à la chute de Bozizé. Malheureusement trois jours après la chute de Bozizé quand les milices de la Seleka ont pris le pouvoir en mars 2013, ils ont découvert que j’avais produit une émission les dénonçant. Certains ont détruit ma maison et ont arrêté mon petit frère afin d’obtenir des renseignements me concernant. Nous n’avons toujours pas de nouvelles de mon frère à l’heure qu’il est.
GJ : Est-ce que votre famille vous a suivi en exil ?
Kenzo Chembo : Non, avant que je ne parte pour la France ma compagne m’a quitté, avec nos enfants car elle pensait qu’ils étaient en danger. Aujourd’hui la seule connexion que j’ai avec la RCA est ma mère car elle dit qu’elle ne quittera jamais le pays. Elle est toujours dans le camp des déplacés à l’aéroport de Bangui.

Seleka Muslim militias drive through Bangui, Central African Republic Jan. 27, 2014. (AP Photo/Jerome Delay)

Seleka Muslim militias drive through Bangui, Central African Republic Jan. 27, 2014. (AP Photo/Jerome Delay)

GJ : Comment avez-vous quitté Bangui ?
Kenzo Chembo : Je voyageais la nuit. J’ai rasé ma tête et je me suis habillé comme un travailleur. Je ne portais rien avec moi sauf un petit sac de mendiant, et il a fallu que je voyage avec un véhicule de marchandise. Avant ça j’ai dû faire 75 kilomètres à pied afin de quitter la capitale et éviter tous les contrôles de police. J’ai pris une fausse identité jusqu’à mon arrivée à la frontière.
GJ : Comment est votre vie maintenant ?
Kenzo Chembo : Ça a été très difficile. Quand soudainement on est obligé de vivre loin de chez nous, en laissant derrière nous notre famille, notre travail, toute la vie que nous avons construite, nous avons le cœur brisé, même si nous avons pu nous trouver un l’abri dans un autre pays. Il faut tout recommencer, ce qui est encore plus difficile quand on est africain car les gens ont des préjugés. Quand je suis arrivé en France j’ai été accueilli par un compatriote. J’y suis resté deux mois avant devenir un sans-abri. Ensuite je suis tombé malade et j’ai dû passer six mois à l’hôpital. A ma sortie de l’hôpital j’ai entendu parler de la MDJ où l’on a pu m’héberger et me laisser continuer mon travail de journaliste. J’écris bénévolement pour le journal « L’œil de l’exilé » et je continue à collaborer à quelques journaux de la RCA.
GJ : Pensez-vous retourner chez vous ?
Kenzo Chembo : Mon pays me manque mais les conditions ne sont pas encore réunies pour que je puisse y retourner. D’abord parce que le pays est otage des milices Seleka et anti-Balaka. De plus il n’y a aucune sécurité dans le pays. Cette année quatre journalistes y sont morts dont une française, Camille Lepage. Ceci montre clairement la dangerosité ambiante et le manque de liberté de la presse.

 

Mon exil, ma dépression et mon combat

[Par Sékou Chérif DIALLO]

« Tu as l’air triste ! » me dit-on souvent. Je réponds « Ça va je vais bien ! ». Avec un sourire de tristesse pour paraître normal, rongé par l’incertitude et le doute, depuis un certain temps j’incarne un personnage différent. Toute ma fierté d’autrefois est remise en question mais pas forcément mon âme et mes convictions. J’essaye de survivre sans exigence particulière, je me contente du minimum mais je regarde l’avenir.

(Source : carrerond.be )

(Source : carrerond.be )

Fataliste résigné ? Non ! Réaliste obstiné. Oui ! J’essaye d’avancer, loin de subir, je résiste. Avec un cœur meurtri mais plein d’espoir, j’appréhende la réalité avec une certaine lucidité et sans prétention aucune. Ce combat est le mien, c’est un choix conscient que certains appelleront idéaliste mais j’y crois. Sociologue, j’ai cherché à comprendre l’Homme, ses actions et ses motivations. Journaliste, j’ai opté pour le partage et la liberté d’opinions.
Influer positivement sur les mentalités, ma démarche est avant tout pédagogique. J’apporte une modeste pierre à l’édifice. Je viens d’un pays “célèbre” je voulais dire “tristement célèbre” par l’image qu’il véhicule dans la presse internationale (26 ans de régime dictatorial de Sékou Touré avec son cortège macabre, 24 ans de régime militaire de Lansana Conté, une parenthèse d’une année de Moussa Dadis Camara avec le massacre du 28 septembre 2009 et 4 années de désillusion avec Alpha Condé et comme couronnement malheureux, l’épidémie d’Ebola). Avec un tel diagnostic, les raisons de ce combat sont évidentes : Il faut agir et sortir de cette fatalité ambiante. Se poser les bonnes questions en privilégiant l’essentiel. Toutes les sociétés à un moment donné de leur histoire ont interrogé leur intellect sur le “pourquoi” et le “comment”.

Démocratie moutonnière vue par Salah Elayoubi. (Source : musique.arabe.over-blog.com)

Démocratie moutonnière vue par Salah Elayoubi. (Source : musique.arabe.over-blog.com)

« Tu n’es pas un patriote toi ! » me reprochent certains esprits étroits qui ne perçoivent que la superficialité des choses. Le patriotisme, un terme profondément galvaudé dans mon pays. Toutes les idées ou positions contraires à la “pensée unique” celle du pouvoir, sont perçues comme ce que Sékou Touré appelait dans les années 70 contraire à « la classe peuple ». Alpha Condé, l’actuel président de la Guinée n’est ni socialiste, ni communiste, ni libéral, il est simplement un « improvisionniste », autrement dit, un président sans aucune visibilité sur un quelconque programme de développement. Dans un environnement politico-médiatique où les faits divers ont plus d’échos que les programmes d’éducation ou de santé, il va s’en dire qu’Alpha Condé tire son épingle du jeu. Quelle alternative alors ? Avec une opposition piégée dans ses compartiments ethnico-régionalistes, elle est plutôt une chance pour le pouvoir qu’un obstacle car elle contribue et alimente les débats qui sont en déphasage avec les préoccupations des guinéens. L’armée ? Jamais je ne miserais sur elle. Tout coup d’Etat militaire est un recul démocratique. La jeunesse ? Quelle jeunesse ? Celle qui se laisse manipulée par des politiques à coup de billets de banque ? Les potentialités démagogiques de ce pays sont consternantes. Sur qui compter alors ? Point de réponse et c’est inquiétant. La lecture faite par la fameuse communauté internationale est malheureusement biaisée ou sciemment orientée. Mais, je ne ramène pas ici ce traditionnel discours réactionnaire truffé de clichés sur la coopération Nord-Sud. Aujourd’hui l’enjeu est d’offrir à nos populations des conditions de vie décente et pour ce faire le leadership politique doit être repensé. Reprendre l’initiative, le peuple burkinabé vient de donner l’exemple.

Irak : Des journalistes sur le chemin de la mort

[Par Karwan Tayib BAZYAN]

03 septembre 2014, les frontières  entre Daesh et les forces irakiennes à Slemanbag, nord de Bagdad, Irak. Hawre Khalid, Photojournaliste. Photo par Nwenar Fatih

03 septembre 2014, les frontières entre Daesh et les forces irakiennes à Slemanbag, nord de Bagdad, Irak. Hawre Khalid, Photojournaliste. Photo par Nwenar Fatih

Les correspondants de guerre en Irak racontent leur vécu et ses menaces au long de la guerre contre le groupe djihadiste de L’Etat Islamique.
Comment décrivent-ils Daesh ?

Ayant vécu aux Pays-Bas pendant 3 ans, Hawre Khalid, 27 ans, photojournaliste et documentariste kurde irakien avait décidé de travailler dans ce pays. «En fait, je veux bien rester tranquille, mais j’aime travailler dans mon pays malgré les difficultés et le risque,» a-t- dit.
Selon les journalistes concernés : « Daesh (acronyme de L’Etat Islamique en arabe) est un groupe d’ultra barbarie. Pourtant il tue tout le monde : l’enfant, le journaliste, l’homme et la femme. De plus, ce groupe n’accepte pas les autres. Il revendique la suppression de toute les civilisations et de tous ceux qui refusent de s’aligner sur lui. « Daesh est un groupe suicidaire. Il a une culture très différente. Il est une force mortelle ».
Pour les journalistes, la situation est difficile car ils sont spécialement ciblés par ce groupe. « L’Etat Islamique a une mentalité religieuse très agressive et extrémiste. Il n’accepte ni négociation ni dialogue,» estime Aram Jamal, 31 ans, correspondant de la chaîne de télévision de KNN.

12 juin 2014, Talward, Kirkouk. Hawar Star, cameraman de NRT. Il tourne les combattants kurdes pendant la guerre contre Daesh en Irak. Photo par Hawre Khalid

12 juin 2014, Talward, Kirkouk. Hawar Star, cameraman de NRT. Il tourne les combattants kurdes pendant la guerre contre Daesh en Irak. Photo par Hawre Khalid

Daesh et les médias
Une question qui se pose : est-ce que les correspondants travaillent dans les zones sous contrôle de Daesh ?
Selon Hawar Star, 24 ans, qui est cameraman pour la chaîne de télévision de NRT: «Il n’y a pas de journalistes qui travaillent dans les régions contrôlées par Daesh. Les journalistes étrangers travaillent quelquefois sur les événements loin des champs de bataille. Il y a des journalistes qui ont utilisé des moyens techniques comme le zoom pour arriver à travailler à distance». Dans le même temps, l’organisation islamiste maîtrise sa communication en direct : « Daesh utilise les réseaux sociaux pour annoncer ces activités,» soulignent les journalistes.
« Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai vu qu’une seule fois la chaîne de télévision « Vice News » diffuser un reportage sur la région qui est sous le contrôle de Daesh. Ce groupe est très dangereux notamment pour les journalistes kurdes. Pour cette les journalistes ne peuvent pas du tout travailler au contact de ce groupe qui les tuerait » explique Hawar Star et Hardy Muhammad, 27 ans, correspondant de la chaîne de télévision de GK.

15 novembre 2014, Hawija, Kirkouk. Hardy Muhammad, correspondant de GK, il interviewe avec les combattants kurdes dans un champs de bataille pendant la guerre contre Daesh en Irak

15 novembre 2014, Hawija, Kirkouk. Hardy Muhammad, correspondant de GK, il interviewe avec les combattants kurdes dans un champs de bataille pendant la guerre contre Daesh en Irak

« Daesh refuse tous les critères du travail médiatique. Il n’accepte aucune pratique du journalisme au point que l’on a vu des journalistes étrangers décapités par Daesh » a rappelé Aram Jamal.
Mais que doivent faire les correspondants de guerre avant de commencer à couvrir les événements ? « Il faut que les journalistes effectuent un stage de journalisme de guerre,» a affirmé Hawre Khalid. Le journaliste doit évaluer la situation avant de se lancer sur le terrain. « Dans tous les cas, quand on travaille dans les zones de guerre, on rencontre toujours la mort ». Concernant les journalistes étrangers il affirme qu’ils « ne courent pas les mêmes dangers que nous. Pour notre part, nous avons bien compris la nature de notre région».
Hardy Muhammad critique, au passage, les étrangers qui viennent en Irak en tant que journalistes alors qu’ils ne le sont pas. « ce sont parfois des espions. »

12 juin 2014, Kirkouk. Hawkar Mustafa, Correspondant de Kirkuk  TV et  Kamaran Najim, photojournaliste, deax heurs avent de blesser de Najim, pendant la guerre contre Daesh en Irak

12 juin 2014, Kirkouk. Hawkar Mustafa, Correspondant de Kirkuk TV et Kamaran Najim, photojournaliste, deax heurs avent de blesser de Najim, pendant la guerre contre Daesh en Irak

Les risques du métier
« Depuis que la guerre a commencé entre les forces Irakiennes et l’Etat Islamique, je continue à travailler comme un photojournaliste dans les fronts, bien sûr que j’ai rencontré la mort plusieurs fois. Malheureusement, j’ai perdu un ami qui était photojournaliste comme moi, Kamaran Najim. Ce n’est pas fini, les risques sont encore là » a dit Hawre Khalid.
« J’ai rencontré la mort plusieurs fois, Nous sommes journalistes, C’est notre destin» confirme Aram Jamal.
Pour Hawkar Mustafa, Correspondant de la chaîne de télévision de Kirkuk TV, la situation est toujours dangereuse: « j’ai risqué ma vie plusieurs fois, de plus j’ai rencontré la mort quatre fois. » a-t-il indiqué Hawkar Mustafa. Autre risque : l’exil, dit, de son côté, Hawar Star « je risque toujours d’être mis à la porte, telle la réalité de mon pays.»
Selon les correspondants cités ici : « Si quelqu’un décide de devenir correspondant de guerre, il faut qu’il se prépare bien avant de le devenir. Le journaliste doit effectivement disposer d’ informations sur la guerre et sur ce que se passe sur le terrain. Le journaliste de guerre doit, une fois qu’il décidé de partir, porter dans son sac de quoi assurer les premier secours. »

30 septembre 2014, Dans un champs de bataille à Daquq. Aram Jamal, correspondant de KNN, avec les combattants kurdes pendant la guerre contre Daesh en Irak

30 septembre 2014, Dans un champs de bataille à Daquq. Aram Jamal, correspondant de KNN, avec les combattants kurdes pendant la guerre contre Daesh en Irak

Le Peshmarga protège les journalistes
Les correspondants de guerre déclarent que « le Peshmarga (le combattant kurde) protège bien les journalistes. Il les soutient beaucoup. C’est la raison pour laquelle on peut dire que le Peshmarga se sacrifie pour la protection de la vie des journalistes dans les champs de bataille. Il nous guide ou conseille bien.»

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Kamaran Najim (source : Twitter)

Kamaran Najim (source : Twitter)

Le cas de Kamaran Najim
Tous les correspondants parlent de Kamaran Najim. Le plus connu des photojournalistes Kurde d’Irak, Kamaran Najim a été blessé en mission professionnelle dans une bataille entre les combattants kurdes (Peshmarga) et le groupe djihadiste de Daesh, le 12 juin 2014. Après avoir été blessé, il a été enlevé par Daesh puis il a disparu jusqu’à aujourd’hui. Kamaran était responsable d’une agence de photographie de Metrography. Il a publié ses photos dans les plus connus des journaux internationaux comme : Times of London, Monocle Magazine, Financial Times Magazine, Vanity Fair, Washington Post, Getty Images, Al Sharq Al Awsat Newspaper…