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“La plupart des français ne savent pas ce qu’il se passe au Yemen” – Presse 19 à Turin avec la Maison des journalistes

Deux journalistes yéménites en exil, Ali Al-Muqri et Ameen Al-Safa, ont accompagné la directrice de la Maison des journalistes Darline Cothière à la sixième édition de “Presse 19” – “Voci Scomode” en Italie, pour une table ronde dédiée à la liberté de la presse dans le monde, et plus spécialement au Yemen. Cet événement a eu lieu le mercredi 20 novembre 2019 au Circolo della Stampa de Turin.

A cette occasion, nous avons interviewé Ameen Al-Safa, pour lui poser quelques questions sur le Yemen et la liberté de la presse. 

Mon nom est Ameen Al-Safa, journaliste yemenite, titulaire d’une maitrise en journalisme. J’ai travaillé à l’agence nationale du Yemen Saba. 

J’ai commencé en 2007 à la direction générale pour l’information nationale et internationale. En 2012, j’ai intégré un journal dans lequel j’ai été nommé secrétaire de rédaction en 2015.

J’écrivais sur des sujets politiques et sociaux. Et bien sûr, j’ai couvert la guerre.

J’ai donc observé les rebelles Houthis construirent leur hégémonie, de la prise de la ville de Sa’Dah jusqu’à celle de la capitale. Sanaa est tombé en 2014, ils ont ensuite renversé le gouvernement légitime.”

Comme journaliste, Ameen a donc suivi les différentes prises des rebelles. Aujourd’hui, ces rebelles contrôlent le pays et ont changé de capitale, la ville de Sanaa a perdu son statut au profit d’Aden. 

Ameen, journaliste recherché, a donc dû fuir le pays. Il a depuis consacré beaucoup d’énergie pour permettre à sa femme et sa fille de le rejoindre en France.

Menacé par la guerre, l’angoisse d’Ameen pour sa famille était palpable durant de longs mois quand il habitait à la Maison des journalistes. Mais la MDJ n’est pas qu’un refuge pour journaliste exilé, c’est aussi une association qui promeut la liberté d’informer.

Ainsi, Ameen participe régulièrement à l’opération Renvoyé Spécial organisée conjointement avec le CLEMI, ce qui lui permet de présenter son parcours à des lycéens. Au coeur de son intervention, le Yemen. 

Je regarde de temps en temps les réseaux sociaux et les medias français, c’est plus simple quand ils parlent arabe comme France 24. Mais d’une manière générale, les journaux francais ne donnent pas d’importance à cette guerre.

Lorsque je rencontre des lycéens et des français, la plupart n’ont jamais entendu parler du Yemen. Ils disent “je ne sais rien de ce qui se passe au Yemen”. Ils ajoutent que ce n’est pas de leur faute, les medias français ne traitent pas le sujet du Yemen.”

Certes, les ventes d’armes françaises à l’Arabie Saoudite au profit des rebelles qui s’attaquent au Yemen ont défrayé la chronique. Cependant, le sujet traité n’était pas la guerre au Yemen, mais uniquement la vente d’armes françaises.

Le Yemen, un pays qui a connu l’essor d’une presse libre dans les années 90

Le Yemen a aussi connu un “printemps de la presse” dans les années 90 jusqu’aux années 2000. Ameen nous raconte l’histoire de quelques magazines avec émotion. 

Il y a eu beaucoup de journaux en anglais. Le premier fut publié dès 1960, Aden Chronicile fondé par Mamad Ali Loukman et le second The Recorder a été créé par Mamad Bachar Rail.

En 1991 le docteur Abdelaziz Sakaf, fondateur du journal Yemen Times, premier journal en anglais à paraitre au Yemen, permet aux citoyens de s’informer et de faire connaitre aux anglophones l’actualité du pays. Il publiait deux fois par semaine.

En 1996, Faris Saggaf fonde le journal Other Fa, publié trois fois par semaine.

S’en suit la création d’autres journaux comme Yemen Today et Yemen Post tous deux créés par Akhim Massmari. Tous leurs articles sont en anglais.    

Depuis la guerre, il y a toujours des journaux qui sont publiés, mais dorénavant ils appartiennent tous au Président Hadi.”

Fresque de Murad Subay à Paris pour dénoncer la guerre au Yemen

La guerre a aussi détruit les médias yéménites

Depuis le 21 septembre 2014, le mouvement houthiste controle la capitale Sanaa. Dès cet instant, ils ont commencé à détruire des médias, des chaines d’information et des bureaux de presse. Visés en priorité, les médias qui s’expriment en arabe (et qui sont donc plus accessibles pour la population).

Aujourd’hui, beaucoup de journalistes sont en prison, tout comme les écrivains, les activistes… Il n’y a aucun journal qui publie tous les jours au Yemen, sauf le journal intitulé 14 octobre qui est pro-gouvernemental. Il est uniquement publié dans la nouvelle capitale, Aden. Il glorifie les rebelles et les saoudiens au détriment du gouvernement légitime. 

Je peux donc vous dire que la liberté de la presse est en deuil au Yemen, mais si nous revenons vers un régime plus républicain, les yéménites ont déjà gouté à cette liberté et ils en voudront encore.”

Pour lire le communiqué de presse en italien, cliquez ici.

Merci au journaliste tchadien Adam Mahamat qui nous a permis de traduire de l’arabe yéménite vers le français.

© Stefano LORUSSO

Qui est Ali Al-Muqri ?

Outre Ameen Al-Saffa, Ali Al-Muqri sera aussi présent lors de cette conférence. Ancien résident de la MDJ, son parcours journalistique et d’écrivain lui permettent d’avoir un regard aiguisé sur la liberté de la presse au Yemen. 

Ali Al-Muqri est né dans le nord du Yémen en 1966. Dès la fin des années 80, Il collabore avec de nombreux journaux progressistes yéménites.

En 1997, il devient éditeur d’Al-Hikma, l’organe de presse de l’association des écrivains yéménites. Dix ans plus tard, il est élu directeur de la revue littéraire Ghaiman.

Acquérant la réputation d’homme de lettres engagé, il publie trois romans : « Goût Noir, Odeur Noire », « Le Beau Juif » et « La Femme Interdite »  qui a reçu le prix Littérature arabe en 2015.

Il est également auteur d’un essai sur l’alcool et l’islam, livre qui lui a valu de nombreuses menaces et représailles. En 2015, il est contraint de partir du Yemen et vit depuis en France.

Ci-dessous, une vidéo du “Voci Scomode – Presse 19” en 2018

Ali al-Muqri : « Au milieu des lycéens je me sens en famille »

[Par Bernadette COLSON]

Jeudi 7 avril 2016, le romancier et journaliste yéménite Ali al-Muqri ne cache pas son plaisir de se trouver devant les lycéens du lycée Albert Einstein de Sainte Geneviève des Bois. « Je suis heureux de vous voir car vous avez l’âge de mes enfants que je n’ai pas vus depuis onze mois, dit-il. Alors, ici, je me sens en famille ».

Le 14 octobre dernier, il était l’invité de l’Institut du monde arabe afin d’y recevoir la mention spéciale du prix de la Littérature arabe pour son livre « Femme interdite ». Des amis lui ont conseillé de rester à Paris. La guerre et l’empêchement d’écrire lui ont fait accepter cet exil, explique-t-il aux jeunes avec qui, durant deux heures, il feuillettera son album de photos de famille, en toute confiance, leur livrant ainsi ce qu’est l’âme d’un écrivain qui défend sa liberté d’expression.

(Source : MDJ)

(Source : Lisa Viola Rossi / MDJ)

« La guerre est cruelle ». Le conflit entre les Houthis alliés à l’ancien président Saleh et la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite qui soutient le président Hadi a fait un grand nombre de victimes et jeté des milliers de personnes sur les routes.

Bombardements, tirs d’artillerie à l’aveugle sur les zones civiles, attentats d’Al Qaïda dans la péninsule arabique qui reprend de la vigueur sur ce terreau chaotique, la population du Yémen subit cette violence au quotidien, contrainte à une vie précaire sans eau ni électricité depuis plus d’un an. « Le camp militaire à côté de chez nous, à Sanaa, a été bombardé et nous nous sommes retrouvés à la rue, nous avons déménagé à Ta’izz ». Ali Al Muqri ne parvient plus à écrire.
Or, l’écriture est son « obsession personnelle » depuis l’âge de 18 ans. Son premier roman « Black Taste, black Odour » en 2009 parle des Achdam, minorités noires arabisées victimes du racisme et du dégoût qu’inspirait à la société yéménite leur vie de marginaux.

A travers « Le beau juif » dont il situe l’intrigue au XVIIème siècle, il n’hésite pas à dénoncer l’intolérance religieuse, le conflit des religions et les nombreuses vexations subies par la communauté juive. Celle-ci, extrêmement réduite aujourd’hui, lutte encore pour sa survie alors que sa présence est inscrite dans l’histoire du pays.

(Source : Liana Levi)

(Source : Liana Levi)

(Source : Liana Levi)

(Source : Liana Levi)

Le judaïsme a été la première religion monothéiste à pénétrer au Yémen ; ce fut même à la fin du IVème siècle la religion officielle du royaume Himyarite qui gouvernait la région. Avec

« Femme interdite », Ali al-Muqri dénonce une société hypocrite qui enferme les femmes dans une non-existence. Avec de tels sujets, les menaces de représailles se sont accumulées sur l’écrivain. Tous ses livres ont été publiés au Liban par l’éditeur Dar al-Saqui de Beyrouth.
« Le beau juif » et « Femme interdite » ont été traduits en français aux éditions Liana Lévi.
Sa bibliographie reflète une autre obsession d’Ali al-Muqri, celle de la liberté « aussi indispensable que l’air qu’il respire ou que l’eau qui lui donne vie ».

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(Source : Lisa Viola Rossi / MDJ)

 

Pour comprendre d’où lui vient cette soif à épancher, peut être faut il remonter le cours de son enfance et en évoquer quelques épisodes. Celui d’un garçon, né en 1966, qui faisait le trajet à pied de son village jusqu’à l’école, à une heure et demie de marche de sa maison, et parfois s’enfuyait pour aller au cinéma car il y avait trop de punitions en classe. Celui encore du gosse ami avec les Achman car il trouvait qu’ils étaient plus libres que lui. Celui enfin de cet enfant qui, parce qu’il était encore tout jeune, pouvait entrer dans la prison des femmes, à côté du restaurant où il travaillait, leur apporter leur nourriture et les observer. « Cette expérience m’a fait réfléchir. Avec ces femmes là, j’ai pris une leçon sur la liberté ».

Depuis, il lutte contre la dictature de la pensée unique ; dans ses ouvrages, il convoque l’histoire qui a fondé son pays comme pour sortir de l’amnésie ceux qui prêchent une culture dominante et enterrent la diversité des êtres humains.

(Source : MDJ)

(Source : Lisa Viola Rossi / MDJ)

Aux lycéens qui lui font face ce jeudi 7 avril, il n’hésite pas à dire que ses enfants lui manquent et qu’il est toujours inquiet d’apprendre des mauvaises nouvelles. « Celui-là avec ses cheveux longs, dit-il en désignant un jeune assis en face de lui, il m’évoque mon fils qui s’était laissé pousser les cheveux mais a été contraint de les couper. C’est un souvenir qui fait mal ». Non sans fierté, il nous présente la photo de sa fille, prise lors d’une manifestation de rue du « printemps arabe » en 2011, elle arbore à la ceinture la janbiya, le poignard traditionnel réservé aux hommes. On se dit que la graine de la liberté a bien été semée.

A la Maison des journalistes où il est réfugié, Ali al-Muqri se sent aussi « en famille » et il a recommencé à écrire. Un livre sur un dictateur, un autre sur Rimbaud à Aden, et puis peut être évoquera-t-il un jour ce petit garçon de la prison des femmes.

 

 

Le beau Juif de Ali Al-Muqri: un hymne à l’amour et à la laïcité, entre passé et présent

[Par Lisa Viola ROSSI]

« Et puis l’an mille cinquante-quatre du calendrier musulman est arrivé… C’est cette année-là, après que le vent du siècle m’ait bousculé et que la mort m’ait envahi, que j’ai décidé de narrer la chronique de Fatima, depuis le jour où je l’ai rencontrée jusqu’au moment où j’ai enfin fait corps avec mon rêve – union qui devait donner naissance à deux jumeaux : l’espoir et la tragédie ». Ainsi commence Le beau Juif de Ali Al-Muqri (Liana Levi, 2011), sélectionné en 2011 pour le Prix International du roman arabe. Écrivain et journaliste yéménite, Ali Al-Muqri est aujourd’hui en exil dans la Maison des Journalistes de Paris pour s’échapper à la guerre et aux fatwas des fondamentalistes islamiques qui criaient au scandale la veille de sa publication.

alialmuqriParce que Le beau Juif raconte une histoire d’amour interdite. Une histoire qui fleurit en 1644 au Yémen, à Rayda, ville à une soixantaine de kilomètres au nord de la capitale, entre Fatima, jeune et instruite musulmane, fille du Mufti du lieu, et Salem, le beau juif fils analphabète de l’artisan du marché citoyen.
« Là, nous nous sommes installés face à face, et elle a commencé à écrire au tableau : « Sîn … … alif…. lâm… mîm… Salem ». J’ai aimé mon nom tel qu’elle l’articulait de ses lèvres, comme si grâce à elle, je découvrais pour la première fois que j’avais un prénom et une place dans l’existence ».
Le beau Juif est l’histoire de deux amants forcés de reconnaître l’évidence de leurs propres sentiments (sentiments qui dérangent, à craindre, abhorrés par l’entourage familial et social), grâce aux lectures des classiques de la littérature arabe:
« Nous avons passé deux jours sans nous parler, jusqu’à ce que je l’aie terminé ma lecture (du Collier de la colombe, ndr), et découvert ce qu’elle avait en tête en me donnant ce livre : vraisemblablement un passage de quatre lignes et demies, qu’elle tenait absolument à ce que je lise. Elle ne l’a pas dit explicitement, ni même par allusion, mais je l’ai compris par moi-même. Je l’ai considéré comme le premier secret entre nous, un secret que je n’ai jamais divulgué par la suite, jusqu’à aujourd’hui. Ce livre et les autres que je l’avais lus auparavant m’avaient transformé en un être diffèrent ou, plus exactement, en un être doué de sensibilité ».
Le beau Juif est l’histoire d’un amour qui doit faire face au refus, sans possibilité d’appel, de leurs communautés respectives, musulmane d’une coté, juive de l’autre côté, qui se rassemble dans le partage de l’à priori: « Les agissements de Fatima semblaient avoir allumé un véritable incendie. Et pourtant elle n’avait rien fait, si ce n’est m’apprendre à lire et à écrire ». Un amour impossible, sans issue, qui ne trouvera pas la paix, même après la disparition de ses protagonistes, Fatima et Salem.

Le beau Juif est aussi un hommage au plaisir de l’apprentissage et de la lecture. « Après avoir pris des cours chez le mufti pendant plus de deux ans, je me suis arrêté. Je continuais cependant à expliquer à Fatima certaines phrases qu’elle avait lues en hébreu dans le Talmud et n’avait pas réussi à comprendre. […] Cette année-là, j’ai entamé une phase nouvelle qu’on aurait pu appeler “la lecture pour le plaisir ».
Entre références et citations littéraires, Le beau Juif, est une invitation au recueillement sur le sens profond de la vie, de la tolérance, de la coexistence pacifique de tous les êtres vivants:
« Quand je repensais à Fatima, j’éprouvais un sentiment d’apaisement, je me remémorais un récit qu’elle m’avait rapporté au sujet de Muhieddine ibn ‘Arabi – le « cheikh al-akbar », comme elle l’appelait. « Sa devise était : ‘Si tu ne veux plus ressentir l’effroi, abstiens-toi d’effrayer les autres. Ainsi tu ne craindras plus rien puisque toi-même tu ne seras plus craint ! »

Ali Al MuqriAli Al-Muqri célèbre la passion pour la culture, pour l’art et pour littérature, véhicules de paix, de liberté et d’espoir pour l’humanité. “Ce que je lui ai appris, s’est-elle justifiée, ce ne sont que des rudiments de langue arabe, pour qu’il puisse lire et écrire. Je sais bien qu’il est juif, vous avez votre religion et nous avons la nôtre, pas de problème. Nous sommes tous les descendants d’Adam, et Adam est issu de la tourbe qui nous est commune à tous. Mais une langue, ce n’est pas que de la religion, c’est aussi de l’histoire, de la poésie, des sciences. Tenez, parole d’honneur, nous avons sur les étagères de notre maison des livres qui, lus par des Musulmans, leur feraient aimer les Juifs, et lus par des Juifs, leur feraient aimer les Musulmans ».

L’auteur donne espace à l’imagination du lecteur, en lui offrant des strophes de la poésie du Moyen-Orient, et partage avec lui, comme un testament, quelques-unes des étapes de l’histoire la plus dramatique et significative, oubliée, des Juifs yéménites.
Grâce à un dispositif narratif réussi, Al-Muqri accomplit un saut temporel de plus de trente ans, ce qui nous amène directement à la cour de l’imam al-Mutawakkil Ismail. Nous y trouvons Salem, à la veille de son 60e anniversaire, qui raconte comment « le temps a filé comme un rêve ». Salem, le beau Juif converti à l’islam après la mort de sa bien-aimée Fatima, et qui, après avoir passé sa vie dans l’armée de l’Imam pour en enregistrer les victoires sur les ennemis de la religion et de l’Etat, nous annonce sa décision d’écrire un texte sur la condition des Juifs yéménites, “Chronique des Juifs yéménites”.

L’histoire d’amour se transforme en un texte de dénonciation historique, plutôt que politique, de certains des épisodes les plus dramatiques et oubliés l’histoire du Yémen. Épisodes qui ont eu lieu dans la seconde moitié du XVIIe siècle et qui ont pour toujours déchiré le tissu social du pays: la dure répression ordonnée par l’Imam al-Mahdi, culminant avec l’expulsion massive des Juifs, leur exil à Mawza en 1679, et la destruction de toutes les synagogues dans le pays. Les Juifs ont été, en fait, considéré comme coupables de la violation des lois sur la protection leur accordée par l’Etat islamique, en raison d’un mouvement messianique qui comprenait la venue du Rédempteur, le renversement de la puissance et de l’entrée à Jérusalem, la Terre Promise, qui prendrait les libéré enfin de leurs oppresseurs.

Par conséquent, le roman Ali Al-Muqri a le mérite d’avoir eu le courage de porter la plume sur des problèmes qui mènent à la réflexion ou bien à une lecture nouvelle et plus complexe de la réalité actuelle.
En fin de compte, Le beau Juif est un hymne à l’amour et à la laïcité, en autres termes à l’urgence de défendre et de promouvoir ces valeurs aujourd’hui, plus que jamais: aujourd’hui, dans un contexte qui s’est par ailleurs maintenu tragiquement identique dans un créneau de quatre siècles.