Festival de Douarnenez : un représentant de la confédération indigène Tayrona parle

[Par Marie-Angélique INGABIRE]

Arhuaco, Kankuamo, Kogui et Wiwa : voici les quatre tribus autochtones qui vivent au cœur de la Sierra Nevada. Cette région se trouve au nord de la Colombie, c’est la plus haute montagne côtière du monde avec une altitude qui culmine à 5800 mètres. Le mode de vie de ce peuple se base sur une « cosmovision », qui suppose le respect de la biodiversité.

Ricardo Camilio Niño Izquierdo © Marie-Angélique Ingabire

Ricardo Camilio Niño Izquierdo © Marie-Angélique Ingabire

Avant la conquête espagnole, ces populations vivaient de l’agriculture de subsistance. Avec l’arrivée des colons, ces familles se sont vues expropriées au profit des entreprises internationales et des propriétaires privés. Ces derniers  concentrent leurs activités dans des régions basses et, de ce fait, les autochtones sont contraints de s’entasser en haut des montagnes.

Ricardo Camilio Niño Izquierdo, citoyen arhuaco, a été choisi pour représenter la confédération indigène Tayrona au Festival Douarnenez. Cette organisation autochtone à caractère national se bat pour la récupération des terres de ses ancêtres car pour eux, le développement doit se faire selon un autre schéma : le capitalisme ne devrait pas primer sur  l’écosystème.  Ils revendiquent les terres basses auxquelles ils ont de moins en moins accès. Leur objectif  est de faire redescendre des gens vivant dans des hautes altitudes afin de pouvoir récupérer à la fois leurs terres sacrés et conserver la biodiversité.  Le militant arhuaco souligne que la Sierra Nevada est le point zéro des neuf écosystèmes de la biodiversité, dont des systèmes uniques à cette région au monde.

Pour mener à bien leur combat, les indigènes de la Sierra Nevada utilisent deux types de méthodes. La première s’en remet à la spiritualité et  leur culture. « Nous recourons à la spiritualité comme le reste du monde a recours à l’argent. Nous  prenons l’enseignement des mamos, nos guides spirituels, qui ont reçu l’éducation sur la conservation de la biodiversité, comment gérer l’eau et d’autres éléments naturels qui sont indissociables de la vie», précise Ricardo Camilio.

La seconde méthode consiste à porter plainte et obliger des entreprises qui veulent s’implanter de procéder d’abord à des études devant permettre la sauvegarde de la biodiversité.

Certaines organisations non-gouvernementales, dont la mission est la protection de l’environnement aident au rachat des terres pour les rendre aux indigènes afin qu’ils les gèrent de manière écologiquement saine. Le gouvernement colombien développe le bas de la montagne ; la région a vu la croissance accélérée des activités économiques dans des grandes villes comme Santa Martha ainsi que la construction des grandes routes facilitant l’accessibilité. Tout cela a un impact que ces indigènes jugent délétère car le prix des terres a tellement flambé qu’ils ne font plus le poids face aux investisseurs internationaux.

Comme le souligne Ricardo Camilio, le festival constitue pour son peuple une opportunité de faire entendre sa voix, car la portée de la cosmovision est universelle.