Attentats de Nice : Daesh est-il plus fort que les bombes ?

[Par Jean-Jules LEMA LANDU]

Par ses séides, Daesh a encore frappé. Il vient de récidiver, alors que les plaies causées par ses œuvres meurtrières à Paris, l’année dernière, peinent à se cicatriser. Tant elles ont été béantes que profondes. Récidive à travers  une mue qui a pris tout le monde au pied levé : en désertant Paris pour Nice, en province ; en utilisant un véhicule (poids lourd), en lieu et place de kalachnikov, et en manipulant un pantin, une recrue de la dernière heure, loin des soupçons de la police.

   

(Source : Valery Hache / AFP)

(Source : Valery Hache / AFP)

Combinaison qui a parfaitement fonctionné. Sur sa trajectoire, la machine infernale a accompli sa mission, celle de faucher le plus grand nombre possible de vies humaines et de tacher l’éclat des symboles de la République. Organiser un tel carnage, un 14 Juillet, c’est non seulement porter atteinte à l’âme même de la nation française, mais, surtout, dire au monde que c’est, désormais, à Racca, en Syrie, siège de Daesh, que se joue le destin de l’humanité. Une nouvelle humanité, dont la première valeur, ô contradiction suprême, est de supprimer la vie humaine !

     En résumé, c’est à travers cette vision que repose tout le fondement de l’idéologie du groupe “État Islamique”. Dénomination que lui conteste par ailleurs Christiane Taubira, qu’elle qualifie de « hold-up sémantique », dans son dernier ouvrage « Murmure à la jeunesse ». Sinon, pour l’auteure,  ce serait  attribuer à ce faux État « un pouvoir de haute valeur symbolique ». Mais, au-delà, c’est aussi là toute la raison d’être de l’opposition entre les islamistes radicaux et le monde libre, à l’origine de la guerre en cours. 

(Source : AFP)

(Source : AFP)

      Quand des responsables politiques et tous ceux qui réfléchissent sur ce cas parlent de guerre imposée à la France, en particulier, et au monde libre, en général,  ils n’ont pas tort. Il s’agit bien d’une guerre idéologique à connotation religieuse, semblable à la « guerre froide », passée, axée sur des concepts socio-économiques entre la notion de communisme et celle de libre entreprise. Avec ceci de différent que la guerre actuelle est «tangible », mettant les antagonistes face à face, qui cherchent à s’éliminer physiquement.

       Peut-on imaginer, un seul instant, que la France, l’Allemagne, la Russie et les États-Unis, puissent accepter d’intégrer, dans leur mode de vie, les valeurs professées par  Daesh ? La réponse est  « non ».
Et, elle ne date pas d’hier. Elle remonte à la première guerre d’Afghanistan (1979-1989), où Moscou a croisé le fer, le premier, contre cette mouvance naissante, autrement dit islamisme radical. Ben Laden, Al-Qaïda et les talibans firent leur apparition, en antithèse aux valeurs occidentales.

(Source : AFP)

(Source : AFP)

      Le résultat est connu. L’ex-URSS, à l’époque deuxième puissance affirmée du monde, n’y a mieux fait que de laisser ses plumes et de détaler à toutes jambes. Les États-Unis qui y ont pris la relève continuent, à ce jour, de s’embourber. Tout comme c’est le cas en Irak, post-Saddam, où, de fil en aiguille, est né un monstre,  nommé Daesh, de l’échec des bombes contre une idéologie. Car, l’Irak, et aujourd’hui, la Syrie, c’est le corollaire de l’échec afghan.

      Qu’en conclure ?  Après Paris et Bruxelles, hier, c’est, aujourd’hui, le cas de Nice. Debout dans ses bottes, Daesh va continuer à frapper, car c’est une idéologie qu’il faut vaincre, à travers le combat d’un autre genre. Napoléon ne disait-il pas que « l’esprit finit toujours par triompher de l’épée » ? Alors utilisons notre esprit pour vaincre l’ennemi.