TÉHÉRAN TABOU FAIT VALSER LA MORALE AU PAYS DES MOLLAHS 

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Film d’animation et premier long métrage du réalisateur germano-iranien, Ali Soozandeh, Téhéran Tabou livre une critique acerbe des faux-semblants de la morale islamique au sein de la société iranienne.  

Une séquence d’ouverture qui donne le ton. Dans une rue bruyante, un chauffeur de taxi en pleine affaire avec une prostituée aperçoit, fou de rage, sa fille sur le trottoir d’en face se promenant avec un jeune homme. Cette première scène plonge frontalement le spectateur au cœur de la dénonciation du climat schizophrénique de la société iranienne.  

 

Sexe, drogues et ayatollahs 

Le film part à la découverte du Téhéran underground, celui que la morale religieuse réprime. La ville est dépeinte en capitale du vice caché où les restrictions islamiques s’effacent peu à peu face à la réalité et aux petits arrangements du quotidien. Prostitution, corruption, avortements clandestins, adultère, consommation de drogues… les interdits juridiques et moraux sont au centre des destins croisés de plusieurs personnages. Tous tentent de survivre à l’oppression religieuse et patriarcale.  

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On y suit le parcours de cette prostituée souhaitant divorcer de son mari prisonnier et toxicomane. Elevant seule son enfant, elle sollicite l’aide du juge du tribunal islamique de la ville qui lui propose alors de devenir sa maîtresse… Une autre femme aspire à travailler mais se heurte au refus de son mari. Il y a aussi cette jeune fille cherchant à se refaire une virginité avant son mariage après avoir passé la nuit avec un jeune musicien. Ce dernier consommant de la drogue à ses heures perdues n’aspire lui qu’à une seule chose : fuir son pays afin de trouver la liberté de vivre.  

Ali Soozandeh signe ici une chronique sombre de son pays natal où le manque de liberté en particulier sur la sexualité pousse les individus à adopter une double morale.  

 

La rotoscopie : une esthétique visuelle au service d’un pamphlet politique  

Le film a été présenté au printemps dernier à la Semaine de la critique du Festival de Cannes. Si le cinéma iranien contemporain nous a habitué depuis plusieurs années à la dénonciation des paradoxes de la société persane, Téhéran Tabou est certainement le premier film du genre à attaquer les faux-semblants de manière aussi directe. Et le choix de l’animation n’y est pas étranger.  

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Ali Soozandeh, né à Shiraz en Iran et exilé en Allemagne depuis 22 ans a choisi de réaliser son film à partir du procédé de la rotoscopie. La méthode, aussi vieille que l’est le cinéma d’animation, consiste à filmer de vrais acteurs sur fond vert puis de les transformer en personnages et de les intégrer à des décors. Cette technique à l’esthétique ultra réaliste permet ici de mettre en scène des situations qui seraient impossibles à tourner dans l’Iran d’aujourd’hui. Une manière de plus pour Ali Soozandeh de porter au plus haut son désir de briser tous les tabous.  

 

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