Alizée Gau met en vedette “les Porteurs de Paix”

Que font les peuples après la guerre ? La journaliste Alizée Gau s’est interrogée. Rédactrice et photographe, elle s’est rendue sur le terrain pour trouver la réponse. Résultat : une exposition itinérante intitulée “Tales of the afterwar”, des articles et des projections commentées.

Ici même, sur ce site web et à la Maison des journalistes, nous nous focalisons surtout sur les zones de guerre internationales ou civiles. Les pays sous tension, au cœur d’un conflit en cours, suscitent notre intérêt légitime… mais l’histoire s’arrête-t-elle pour autant là ? Non, répond la jeune journaliste Alizée Gau. Lorsque le conflit s’arrête, l’histoire se poursuit.

Dans les Balkans, en Irlande du Nord ou même en Géorgie, Alizée Gau est allée à la rencontre d’une humanité minée par ses drames, ses contradictions et sa mémoire. Elle a pu mesurer la distance qu’il y a entre certaines visions simplistes du monde et la réalité toute crue, si quotidienne parfois qu’on tend à l’oublier.

Tales of the afterwar

De ces périples depuis 2015, la journaliste est revenue avec des images et des témoignages qui ont donné des articles mais aussi et surtout une exposition-photos intitulée “Tales of the afterwar”.

On y voit et on y comprend que la paix n’est jamais qu’un cessez-le-feu, qu’elle ne s’achève parfois qu’en apparence. Dans les esprits elle continue. Le conflit armé se meut en guerre froide. Plus personne ne meurt mais le silence des canons ne signifie pas pour autant que les problèmes de fond sont résolus.

Ceci étant dit, malgré ce scénario aux terribles et possibles rebondissements, des femmes et des hommes agissent pour faire baisser les tensions comme cet homme qui tente de sauver des ouvrages religieux en partie détruits ou brûlés pendant une guerre. Il ne sélectionne pas : il restaure tous les livres de quelque obédience soient-ils. Il y aussi ces gens qui, ailleurs, ont choisi la musique pour s’inventer un nouveau destin commun… Ils et elles ont repris le cours de l’histoire en, main et ne se contentent pas des postures officielles car rien n’est jamais acquis. Les relents nationalistes et autres crises identitaires qui agitent l’Europe, d’élection en élection, abondent dans ce sens.

Forte de ce constat, Alizée Gau s’est engagée en informant après être allée dans chaque camp, en désignant les dégâts passés et les risques à venir mais aussi les initiatives multiples qui ouvrent des horizons lumineux. C’est tout l’objet de son exposition (ou de ses projections commentées mises en place à la demande).

Un parcours personnel qui a du sens

Cette jeune femme qui a passé une partie de son enfance sur le voilier familial, à travers le monde, avec des parents voyageurs a été progressivement sensibilisée à l’humanité telle qu’elle est. Après des études en école de commerce elle s’est lancée dans la branche de l’économie sociale et solidaire, tout en nouant des contacts avec l’univers médiatique.

De fil en aiguille, l’idée lui est venue de son exposition. Son terrain : l’Europe. Son espoir : qu’elle ne dérape plus comme par le passé. Sa démarche : s’intéresser aux “Porteurs de Paix”, magnifique expression définissant les héros discrets mais efficaces qui œuvrent utilement, jour après jour, loin des plateaux de télévision et du monde souvent clos de la politique.

Tales of the afterwar” s’articule autour de trois thèmes : les mécanismes de la reconstruction matérielle, économique et psychologique. Vient ensuite cette question : comment se recréent des ponts entre les communautés ? Enfin : comment s’opèrent le dialogue et la réconciliation entre la société et le monde politique dont les visions et les projets ne sont pas forcément identiques ?

Autour de ces trois pôles, la visite se déroule et le débat s’instaure. L’approche proposée par Alizée Gau intéresse puisque l’exposition commence à se déplacer, de Paris à Bruxelles et ailleurs encore. Cette idée devenue réalité est soutenue par le “Label Paris Europe“, par Cafébabel ainsi que par la fondation Hippocrène. A suivre !